FACULTÉ TE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
iA_ ISTNÉE 1 9 OO- 1 9O 1 .No 44
TRAVAIL DU SERVICE DE M. POUSSON
DU TRAITEMENT
DES CALCULS DE LA VESSIE
CHEZ LE VIEILLARD
(TAILLE HYPOGASTRIQUE
—LITHO TRITIE )
Ars tota in observationibus.
(Bœrhaave).
THESE POUR Eli DOCTORAT .EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquement le 8 Février 1901
par
Marie-Joseph-Paul-Maurice DARGEIN
ancien externe des hôpitaux
Né à Moissac (Tarn-et-Garonne), le 30 mai 1875.
lixaininaleiirsdela Thèse
MM. BOURSIER, professeur... Présidant.
LANELONGUE, professeur...
LAGRANGE, agrégé
^
.lunes.POUSSON, , agrégé
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE Y. CAD OR ET
17 il de poquel.in—moliere 17 (ancienne rue montmejan)
1901
wmggm
FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. de NABIAS
Doyen. | M. PITRES Doyen honoraire.
PROFESSEURS
MM.
MICÉ j
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MOUSSOUS MM.
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PIECHAUD.
BOURSIER.
A.MOUSSOUS
section de chirurgie et accouchements
mm.
chambrelent.
Le-Secrétaire de la Faculté:
LEMAIRE.
Pardélibération du5 août1SI9, la facultéaarrêtéquelesopinions
émises dans les hèses qu>
qui sont présentées doivent être
considérées
connue propresà leurs auteurs, et qu'elle n'enten
leurdonner ni approbation ni improbation.
A
MON PÈRE
ET A MAMÈRE
Je dédiecemodestetravailenlespriant de l'acceptercommeunfaible
témoignage
demaprofonde reconnaissance.
A LA
MÉMOIRE
DE MAGRAND'MÈRE PATERNELLE
A
MA GRAND'MÈRE MATERNELLE
A
MON ONGLE, Le Docteur
P.LAFITTE
A
MES TANTES
En souvenir deleurconstante affection.
A MES
PARENTS, A MES AMIS
A TOUS CEUX
QUI ME SONT CHERS
A
TOUS CEUX QUI M.'ONT PORTÉ QUELQUE INTÉRÊT
A
Monsieur
leDocteur POUSSON
Professeur agrégéà laFaculté de Médecine deBordeaux, Chargédu cours de clinique des maladiesdes voies urinaires,Membrecorrespondantde la Sociétéde Chirurgiede Paris, ChirurgiendesHôpitaux,
Officierde l'Instructionpublique.
Enreconnaissance desabienveillance etde sesbontés.
A MES
MAITRES
DE LAFACULTÉ
PRÉFACE
En écrivant sa
thèse,
on estpénétré de deux sentiments bien
vifs et biensincères.
D'abord une tristessecompréhensible
enabandonnant
ses camarades del'Hôpital
; 011revoit
cesdiscus¬
sions
empreintes de jeunesse, il est vrai, mais aussi du désir
des'instruire
;cet appui bienveillant des anciens
nousapprenant à
faire nospansements,
audébut
;cette
entente entre futurs con¬frères.
Puis,
on est ému de reconnaissance àl'égard de
nosmaîtres
de laFaculté
etdesHôpitaux, auprès desquels
nousavonsappris largement,
sansjamais lasser leur dévouement.
Nous
sommesheureux
depouvoir remercier bien sincèrement MM.
lesprofesseurs Lanelongue, Villar qui ont assisté
à nosdébuts
destagiaire
;plus tard, nommé externe des hôpitaux,
nous avons suivi les
leçons et les exemples de MM. les profes¬
seurs
Lanelongue, Villar, Arnozan, Cassaët, Sabrazès, Pousson, Ghavannaz, Lefour.
Nous devons
une reconnaissanceparticulière à MM. les
pro¬fesseurs Lanelongue et Pousson
;qu'ils
nouspermettent de la
souligner ici.
Nous prions M. le professeur Boursier d'agréer tous
nosremerciements
pourl'honneur qu'il
abien voulu
nousfaire
d'accepter la présidence de
notre thèse.DU
TRAITEMENT
des
CALCULS DE LA VESSIE
CHEZ
LEVIEILLARD
(TAILLE
HYPOGASTRIQUE
—LITHOTRITIE)
Arstota in observationibus.
(Boerhaave).
INTRODUCTION
M.
Pousson
faisaitressortir, clans
linede
sescliniques,
com¬bien
il estdélicat
de sedécider parfois, dans les
casde calculs vésicaux, à pratiquer la taille hypogastrique
oula lithotritie.
Chez
lessujets bien portants et grâce à la pratique chirurgicale moderne, la
tailleprésente
peude dangers, il est vrai
;mais
chez le
vieillard,
queferons-nous ?
Et, d'abord, il faut
bien savoirqui
nousappellerons
unvieil¬
lard. Jeunesse
etvieillesse dépendent moins du nombre d'an¬
nées
vécues
quede l'état général du sujet
;c'est ainsi
que noustrouvons parfois des hommes
de 70 ans etplus
enparfaite santé
et
capables de supporter
uneintervention chirurgicale même
importante. Dans
notretravail, cependant,
nous avonspris
— 16 —
comme
limite l'âge de 70 ans, et nous considérons comme vieil¬
lards tous
les malades ayant atteint ou dépassé cet âge.
Après quelques considérations sur les difficultés que présente
le
diagnostic du calcul chez le vieillard, nous nous sommes
occupé de rechercher les indications de la taille et de la litho-
tritie,
sansoublier les contre-indications de l'une et l'autre inter¬
vention.
Enfin,
nous avonsréuni un certain nombre d'observations de
malades
atteints de calculs de la vessie dans le but de recher¬
cher la
proportion de succès et d'insuccès chez les sujets âgés
de
moins de 70
anset chez les malades ayant dépassé cette
limite
d'âge.
Ce
modeste travail
nous aappris une fois de plus combien le
médecin doit, avant d'intervenir, tenir compte des résultats
obtenus
antérieurement, de l'état général de son malade et de
l'état
local des
organes.CHAPITRE PREMIER
DIAGNOSTIC
Nous
n'insisterons
pas surles signes généraux qui permettent
dediagnostiquer le calcul de la
vessie : troubles de la mictionqui constituent
un dessymptômes rationnels
et se manifestent parla fréquence des besoins
d'uriner et ladouleur pendant la miction.
Lafréquence est plus grande le jour
quela nuit,
en raison desmouvementsque se
donne le calculeux; elle diminue
parle
repos aulit. Toutefois, la coïncidence
du calcul et de lacystite
oul'hypertrophie de la prostate modifie considérable¬
ment ce
symptôme. La douleur
se manifeste toutes les fois quele calcul
vient au contact du col de la vessieet,
parconsé¬
quent, plutôt à la fin
de la miction. Lesiège de cette douleur
est
variable; elle
est ressentie àl'extrémité
dugland,
souvent àl'anus
ou à larégion hypogastrique, surtout chez le vieillard
oùl'on
rencontreplus fréquemment des contractions violentes
de la vessie etdu spasmedu sphincter. Les malades diminuent
par¬fois
leur douleur
entiraillant
leurpénis et produisent à la lon¬
gue un
allongement du prépuce et même de la
verge.La dou¬
leur,
comme lafréquence, s'exagère
parla marche, la fatigue,
les efforts, les
voyagesfaits
envoiture, mais
on nela
retrouve pasd'une façon
constante chez lescalculeux.
La
modification
du caractère des urinespeut quelquefois met¬
tre le
médecin
sur la voie dudiagnostic. Les urines des
calcu¬leux contiennent généralement
dumuco-pus et quelquefois des
stries
sanguinolentes qui constituent l'hématurie.
Cette hématu¬rie,
qui n'est jamais abondante
comme celle desnéoplasmes de
la
vessie, survient principalement lorsque les
mouvementsdu malade
Dargeinontdéterminé
unelocomotion plus
oumoins prolongée
2
— '18 —
de la
pierre; le sang est intimement mêlé à l'urine et le, dernier
jet est aussi coloré que le premier.
Enfin, parmi les symptômes rationnels, il faut aussi ranger
les
interruptions brusques du jet : on admet (Nélaton), quoique
le fait
doive être
assez rare,que le calcul peut boucher l'orifice
du col
vésical à la manière d'une soupape et interrompre ainsi
la
miction. Chez le vieillard, ce phénomène ne peut se produire
que
s'il n'y a pas, chose rare, un relief prostatique et un bas-
fond
vésical dans lequel le calcul séjourne.
Comme
signe de certitude, nous avons l'exploration métho¬
dique de la vessie qui se pratique avec des instruments métalli¬
ques
à petite courbure, après introduction dans la cavité vésicale
d'une
certaine quantité de liquide. En promenant la partie coudée
de
l'explorateur dans toute la cavité de la vessie, on arrive a
percevoir, au contact de la pierre, un frottement et même un
bruit;
cedernier peut être quelquefois perçu à distance et le
malade
peut lui-même faire son diagnostic. On arrive même à
juger de la dureté de la pierre par le bruit que produit le choc
de
l'explorateur; sonore, il correspond à un calcul dur; sourd,
il
indique plutôt une pierre molle. Le volume du calcul peut
être
apprécié, du moins approximativement, par celte explora¬
tion.
Enfin, il est des cas où l'on perçoit un véritable cliquetis qui
indique que l'instrument se meut au milieu de corps étrangers
et l'on
peut diagnostiquer la présence de plusieurs calculs.
Nous tenons
surtout à faire ressortir les difficultés que présente
le
diagnostic chez le vieillard. Et d'abord, la disposition môme
du
canal de l'urèthre
:nous ne parlerons pas du rétrécissement
cicatriciel qui
serencontre aussi chez l'adulte. Mais, chez les
prostatiques, la courbure du canal peut être considérablement
modifiée et
offrir
unobstacle sérieux soit à l'introduction de
l'instrument,
soit à
sonmaniement dans la cavité vésicale.
La
portion prostatique de l'urèthre subit une élongalion qui
peut aller jusqu'au double de la longueur normale; son orifice
interne
est repoussé eu haut et s'ouvre dans la vessie au centre
ousur le
flanc d'un bourrelet faisant saillie et plus ou moins
comparable à un col utérin. Il se forme, au niveau du col, un
relief
médian
oulatéral,
avecrigole urinaire de chaque côté qui
constitueune
barrière transversale,
une sortede valvule(Mercier) s'opposant à la pénétration des instruments.
Deplus, le canal
étantporté
en avant et enhaut, il s'ensuit
uneexagération de
la courbure normale et unedifficulté de plus
pourl'examen.
Enfin, chez le vieillard, il n'est
pas rarede
trouver une véri¬table cavité
située
auniveau
del'urèthre prostatique et
que M.Pousson assimile
àune vessieantérieure.
Cepeut être
une caused'erreur
et il n'est pas rare, enintroduisant
uninstrument explorateur
ou unesonde,
de se croiredans
la vessie alorsqu'on
n'est arrivé
réellement
quedans cette
cavité anormale.Chez
levieillard,
on trouvequelquefois
unehypertrophie de
la
muqueuse du
canalpostérieur
et unépaississement du col
qui peuvent
eux aussiapporter
unobstacle
àl'examen.
Du côté de la
vessie,
nous trouverons desconformations
anormalesfréquentes chez
levieillard.
Aupremier chef, la pré¬
sence d'un
bas-fond
dû àl'hypertrophie de la prostate. Nous
avonsvu
déjà
quel'orifice interne
ducanaldel'urèthre
étaitsitué
sur la
saillie formée
parla prostate;
or,cette saillie
constitueune
segmentation
de la vessie en deuxréservoirs
: lepremier, situé
à lapartie supérieure de la
saillie etqui
sevidera aisé¬
ment
pendant la miction; le second au-dessous
de cette saillie etqui constitue
unbas-fond
oùl'urine stagne
avecdu
puset des débris épithéliaux
et oùpeuvent
secacher aisément
des calculs.La
courbure
desexplorateurs
pourrafacilement explorer l'hé¬
misphère supérieur de
lavessie, mais l'instrument
ne pourraatteindre
quetrès difficilement
uncalcul
situédans
lebas-fond
etmasqué
parla saillie
de laprostate.
De plus, la formation
de cebas-fond
est une causedecystite:
en
effet,
lesurines stagnent
en cepoint et
nepeuventêtre rejetées parla mation d'une miction; des débris épithéliaux provenant de la desqua¬
muqueuse
sans cesseirritée viennent
sedéposer
dans
cebas-fond; des
mucosités et du puss'y trouvent égale¬
ment.
Chez
lesprostatiques surtout qui sont obligés de
se son¬deret ne
pratiquent
pascette opération aseptiquement, le résidu des mictions s'infecte
etpeut même
retentir à lui seul surl'état
- 20 —
général du malade. Or, nous savons que la cystite détermine
des
contractions spasmodiques du col et du corps de la vessie,
très
douloureuses d'abord et donnant naissance à de véritables
orages
vésiçaux (Banzet). Ces accidents sont donc un obstacle
apporté à. notre investigation.
M. Hartmann a
proposé, pour faciliter le diagnostic des tu¬
meurs
abdominales, de faire placer les malades dans la position
gynécologique, de façon à faire mobiliser ces tumeurs dans la
cavité
abdominale.
M. le Dr
Michel
a eul'idée de faire prendre cette position à
nos
vieillards
pourl'exploration de la vessie. En effet, on peut
espérer ainsi faire mobiliser le calcul, le faire sortir de sa
cachette
et,
ensuivant la paroi postérieure de la vessie, remon¬
ter vers
la partie supérieure du corps de cet organe et le rendre
ainsi
accessible à l'explorateur.
M. Pousson
recommande particulièrement et dans le même
but, le malade étant dans le décubitus dorsal, d'imprimer au
bassin des mouvements de latéralité au moyen de petits chocs
répétés sur la crête iliaque. Cette succussion du bassin permet
au
calcul de
sedéplacer dans la cavité vésicale.
Mais la
formation d'un bas-fond vésical ne constitue pas h
elle
seule toute l'étiologie de la cystite des calculeux. Une
pierre, à elle seule, par l'irritation permanente qu'elle déter¬
mine sur
les parois vésicales par son contact et sa mobilité,
suffit à
donner lieu à des phénomènes inflammatoires qui
gênent considérablement l'explorateur.
Nous
n'ignorons pas qu'on peut remédier à la cystite par
plusieurs moyens. Le premier est le traitement de cette cys¬
tite; mais
cetraitement est souvent inefficace, surtout si les
phénomènes inflammatoires proviennent de la présence d'un
calcul dans
la vessie. On s'enfermerait dans un cercle vicieux
en voulant
guérir la cystite. On peut essayer l'aneslhésie locale
par
des injections d'antipyrine dans la vessie ou le rectum, à
raison de 1 gr.
50 pour 60 à 100 d'eau ; mais bien des cystites
sont
trop intenses chez les vieillards et il arrive souvent que
la vessie se
contracte malgré ces injections. Enfin, l'anesthésie
— 21 —
générale peut permettre 1 exploration de la. vessie
5toutefois,
nous ferons remarquer que,
chez les vieillards,
011doit ménager plus
quechez l'adulte les forces des
malades et, deplus,
l'anesthésie
devant êlrepoussée à fond
poursupprimer les
contractions
vésicales, il s'ensuit
que nousdéprimerons considé¬
rablement notre
sujet. Les vieillards
sontfréquemment atteints
de lésions
cardiaques
oupulmonaires et l'anesthésie générale
devra être souvent
repoussée.
Une autre cause
d'erreur, chez les vieillards, est celle
que constitue laprésence de cellules vésicales.
Ontrouve,
eneffet, quelquefois des culs-de-sac
vésicauxsiégeant
surles parois
mêmes de la vessie et constituant une cavité accessoire où peu¬
vent se fixer les
calculs.
Ces cellulespeuvent être situées
surn'importe quel point de la paroi vésicale
;mais celles qui siègent
sur les
parois latérales
et surtout auvoisinage du col présentent
les mêmes
dangers
quele bas-fond des prostatiques. Et cette conformation
anormale desparois
nousamène
àparler des cal¬
culs
enchatonnés.
Ces
calculs, fréquents chez les vieillards, ainsi
que nousle
montrent nos
observations, sont enfouis dans
laparoi même de
la vessie etl'explorateur peut glisser
sureux sansdéterminer
defrottement
ni dechoc,
surtoutsi
la facelibre
du calcul est recouverte de mucosités.C'est
dans ces casplus
quejamais qu'il
estutile
depratiquer
uneexploration minutieuse
etde chercher
â se rendrecompte des dimensions de la pierre et de
sa
mobilité. Quand donc
notreexplorateur n'aura
pas pu con¬tourner le calcul et que
la succussion du
bassin n'aura pasmodifié
saposition,
nous songeronsâ la possibilité d'un calcul enchatonné
: et nous verronsplus loin quelle est l'importance
dece
diagnostic
pourle choix de
notreintervention.
Enfin,
nousciterons
le casrapporté
parle docteur Nicholich (de lrieste), où
un groscalcul faisant
corps avecla paroi vésicale
fut
trouvé
au coursd'une nécropsie. Les deux tiers de
lapierre
étaient
enchatonnés derrière
laprostate
; untiers
seulementfaisait saillie.
Cethomme, âgé de 72
ans,présentait
un genuvalgum qui empêchait d'abaisser suffisamment l'explorateur.
CHAPITRE II
DES INDICATIONS ET
CONTRE-INDICATIONS DE LA TAILLE
On a
beaucoup préconisé la taille d'emblée dans les cas de
calculs de la vessie. En 1893, M. le professeur Poncet (de Lyon),
demande
comment il
sepeut que l'on pratique encore la litho-
tritie.
MM. Bron et Gangolfe formulent les grandes indications
de l'une et
de l'autre intervention.
En
1894, M. le Dr William H. Kingston (de Montréal), dit qu'il
faut
pratiquer la taille d'emblée, chez les vieillards, à cause de
l'hypertrophie de la prostate.
La
taille constitue
uneintervention chirurgicale importante.
Sans
parler des dangers du chloroforme, dont on se passe sou¬
vent dans
la lithotritie,
nousferons remarquer cependant que
l'anesthésie générale fatigue notablement les malades et que
les efforts
qu'elle provoque peuvent désunir une plaie opéra¬
toire
après le réveil de l'opéré. Dans une de nos observations,
c'estau
chloroforme
quel'on rapporte un cas de rupture de la
vessie survenue
entre la lithotritie et la taille à l'occasion d'efforts
violents
faits
parle malade.
De
plus, le chloroforme n'est pas inoffensif chez les vieillards
atteints
d'une maladie des voies respiratoires ou du cœur. Or, à
l'âge de 70 ans, la plupart des opérés présentent l'une ou l'autre
de ces
lésions.
Comme à
la suite de toute intervention chirurgicale, le malade
présente un certain degré de choc, variable suivant la résistance
de
l'individu, c'est
unfait dont nous tiendrons grand compte
chez nos
vieillards et
noustâcherons de ménager leurs forces.
De
plus, il est nécessaire d'immobiliser l'opéré pendant un temps
— 23 —
assez
long dans le décubitus dorsal
: nous savonstous combien
il estdangereux
pourle vieillard de l'immobiliser. Si l'hygiène
est
précieuse
pourl'enfant, elle l'est
aumoins autant
pour l'homme de 70 ans. Généralement un homme de cetAge
a con¬servé
l'habitude
de fairequelque exercice, si
peufatigant soit-il.
Changeons brusquement
seshabitudes et obligeons-le,
commenous le devons
faire, à rester
aulit pendant vingt à trente jours,
il est tout cà craindre que ce
changement brusque de régime
n'amène
des modificationsparfois
gravesdans
sonétat général.
Ces tissus cicatriciels se formentd'autant
plus rapidement
que lesujet est
enbonne santé
et queles fonctions de nutrition s'accomplissent activement. A
cepoint de
vue encore,le vieillard
esten état
d'infériorité
et le ralentissement de la nutritionest,
chezlui, très sensible.
Décubitus
dorsalprolongé, ralentissement de la nutrition donnent
auxvieillards
unetendanceauxhypostases, d'une façon générale, à la dépression morale qui
a unegrande influence
surl'état général.
L'infection elle-même
agrande prise chez les sujets Agés; leur organisme réagit moins. Or,
personnen'est à l'abri, malgré les plus strictes précautions, d'une suppuration prolongée qui épuise
en même
temps qu'elle retarde la cicatrisation et oblige à
pro¬longer le séjour
aulit. Cette infection,
nousla trouvons chez les vieillards parfois même
avantl'intervention
: notre malade a de lafièvre depuis quelque temps quand
nous sommesappelé à
I
examiner Cette particularité constitue
un étatd'infériorité de
l'organisme.
Voyons les indications
de la taille. Elledépendent moins de
létat
général
quede l'état local.
Il est, en
effet, quelquefois difficile,
souspeine de faire beau¬
coup souffrir
notremalade, d'introduire
uninstrument explora¬
teurou
évacuateur
à travers un canal rétréci ou déformé par un reliefprostatique. Dans bien
descas unelithotritiepénible
seraaussi
difficile
àsupporter
parle malade qu'une taille hypogas- hique
avecaneslhésie
et constituera même dans certains cas untraumatisme plus important.
— 24 —
Quand
unevessie est enflammée ou infectée, elle réagit éner-
giquement par des contractions spasmodiques à l'introduction
du lithotriteur. La
taille supprimera ces accidents et par l'emploi
du
chloroforme et
parl'ouverture de la vessie infectée. De plus,
dans les cas
de vessie infectée, il
seraurgent de débarrasser la
vessie de tout son
contenu purulent et d'assurer un drainage
sérieux
après l'intervention. Or, ce n'est guère avec une sonde à
demeure que
l'on peut espérer entretenir une vessie infectée en
bon état.
Dans
unedes observations tirées de la thèse de
M.
Michel,
ontrouvera décrite minutieusement la toilette d'une
vessie chezun
prostatique, après la cystotomie (Obs. 1). Ce muco-
pus
qui stagne dans les bas-fonds des vessies ne peut être enlevé
que par
la taille : un liquide antiseptique injecté avec force ne
peut
quetourbillonner au-dessus de ces dépôts purulents sans
les entraîneravec
lui. Quant
audrainage, il est rationnel de le pratiquer à l'aide de tubes de caoutchouc mis dans la plaie hypo-
gastrique (Guyon-Perrier).
Si nous nous trouvons en
présence d'un calcul volumineux
ou
trop résistant, notre lithotriteur demeurera impuissant; la
taille seule nous
permettra de l'enlever, et cela dans un temps
beaucoup plus court. De plus, M. Albarran affirme que la litho-
tritie
pratiquée sur un calcul dur ou volumineux constitue un
traumatisme
plus considérable que la taille hypogastrique faite
d'emblée. Et ce
fait, ajoute M. Albarran, doit être considéré
surtout
lorsque le malade présente des lésions rénales : en
effet,
unvieillard
ades organes urinaires très délicats, et un
choc
porté
surl'un d'eux retentit énergiquement sur les autres.
Du
reste, dans
ces cas,la taille suivie d'une suture partielle de
la
paroi nous permettra de lutter énergiquement contre l'infec¬
tion locale et
générale
;la sonde à demeure est fréquemment
insuffisante, plus particulièrement dans les cas de fièvre conti¬
nue;
dans
ces cas, eneffet, la sonde à demeure fonctionne mal
et son bec vient
s'oblitérer souvent
surla surface du calcul,
avant
l'intervention,
surles parois recouvertes de mucosités
encore
après l'ouverture de la vessie.
Toutefois,
ondoit tenir grand compte de l'état général du
— 25 —
vieillard et ne pas
exagérer les dangers de la taille lorsque l'on
se trouve en
présence d'un homme
enbonne santé et d'un
tem¬pérament énergique.
Observation I
(inédite).
Due àl'obligeance de M. Pousson.
M.
R..., 80
ans,bonne
santéhabituelle,
sansantécédents calculeux,
nisables, ni coliques néphrétiques,
mefait appeler
pourla première
fois en mars1898,
pourdes troubles
vésicaux consistantenfréquence
des mictions
plutôt diurnes, mais
se faisant aussi sentir la nuit etl'obligeant
àuriner
deux ou trois fois. Ces mictions sont doulou¬reuses, surtout à la
fin,
oùelles
déterminent une sensation trèspénible
derrière lepubis,
avecparfois mais
pastoujours quelques irradiations
dans la verge.Les urines
sontlégèrement troubles
et renferment detemps
entemps
un peude
sangdans les dernières
cuilleréesémises,
maisjamais d'hématurie
abondante. Le canal antérieur estlibre,
maisl'explorateur
àboule parcourt
untrajet
d'environ5 centimètres avant de sedégager dans la vessie
et ne rencontre ensuite laparoi postérieure qu'à 8 centimètres, démon¬
trant ainsi
qu'il
y a un certaindegré de rétention.
En
effet, la
sonde en caoutchouc donne issue àenviron 400 gram¬mes d'urine louclie d'abord et franchement
purulente
àla fin. La
vessielavée etinjectée
avecsoin, je l'explore
sans rencontrerde calcul,
maisje
constate l'existence d'un bas-fond trèsprononcé
etlégèrement
sensibleau contact du bec de l'instrumentetd'une saillie très accentuée de la prostate au niveau de la lèvre inférieure du col.L'urine
évacuée,
le toucher rectal combiné à lapalpa ion hypogas- trique
me montre une prostate très saillante dans le rectum et for¬mantdans la vessie une tumeur
parfaitement perceptible.
Je m'arrête au
diagnostic d'hypertrophie de la
prostate avec rétentionincomplète
etje prescris le
cathétérismerépété
quatre fois dans lesvingt-quatre heures
aveclavages boriqués matin
etsoir
et
lavages
nitrates tous les deuxjours. Salol
à l'intérieur :régime
des
prostatiques.
— 26 —
À la suite de ce traitement,
M. 11..., éprouve
un peude soulage¬
ment : il urine moins souvent et ressent
moins de douleur à la lin
des
mictions;
sesurines deviennent plus claires.
Ce bien-être dure huit' à neuf
mois. Après
celaps de temps, le
maladerecommence,
malgré les sondages, à avoir des envies fréquen¬
tes
d'uriner, particulièrement dans la journée lorsqu'il a marché; il
noteaussi que
parfois, tout à
coup,il éprouve
unedouleur vive du
côté du
pubis et
que,de temps à autre, il
a euun peu de sang dans
les
urines, qui depuis quelque temps sont devenues plus louches et
nettement
purulentes.
M. R..., que
je n'ai
pas vudepuis quelques mois, m'appelle de
nouveau. Au récit
qu'il
mefait de
sessouffrances, je soupçonne la
présence d'un calcul rétroprostalique et je l'explore pour la seconde
fois en
portant toute
monattention
surle bas-fond ou le sinus rétro-
prostatique. Toutes
mesinvestigations restent négatives. Je prescris
des instillations
argentiques et,
enoutre, des lavages et des sonda¬
ges
réguliers. Le malade les accepte pendant quelques jours, puis,
n'en recueillant aucun bénéfice, il
les refuse. Cependant
sonétat va s'aggravant; les besoins d'uriner
sefont sentir toutes les trois heu¬
res ou trois heures et demie,
puis toutes les deux heures et plus
souvent. Lesurinessont
épaisses, purulentes, ammoniacales et ren¬
fermentdu sang
de temps à autre. Les hématuries qui
enrésultent
procèdent
parpériodes irrégulières et revêtent bien le caractère des
hématuries
congestives,
carelles surviennent
sanscause, brusque¬
ment, au repos.
En effet, depuis quelques mois, M. R... ne sort plus
de sa chambre et marche à
peine
pour serendre de
sonlit à son
fauteuil où il passe
toutes
sesjournées tant sont vives ses souffran¬
ces au moindre mouvement.
Le malade
présente
unesituation véritablement lamentable, lors¬
que
je le vois
pourla troisième fois
aucommencement d'octobre 1900.
Il est
pâle et très amaigri. Il
aperdu le sommeil et l'appétit et cepen¬
dant il
digère bien le
peud'aliments qu'il prend et qui consistent en laitage et œufs. Langue fraîche et humide;
pasde constipation ni de
lièvre. 11 souffre àpeu
près continuellement d'une douleur sourde, périnéale, retentissant à l'anus, douleur qui s'exagère au moindre
mouvement,
aussi le malade reste-t-il autant
quepossible immobile.
-r 27 —
Il passe ses
journées assis dans
son fauteuil et,lorsqu'il
veutselever,
ilprend toute espèce de précautions.
Le passage
de la
sondequ'il
estobligé d'introduire
toutes les heures etdemie,
toutes les deux heures p.uplus, est extrêmement pénible.
Les urines sontpurulentes
etrenfermentquelques fdets de
sang.Avant de pratiquer l'examen
avecl'explorateur métallique, j'introduis
unietige
àboule, qui
merévèle,
au niveau ducol,
un contact desplus caractéristiques. Je m'en
tiens à cerenseignement
et, pour ne pas
faire
souffrir lemalade, je
nel'explore
pasà l'ins¬
trument
métallique.
Malgré le grand âge de M. R...
et son mauvais étatgénéral, je
proposela
taille sans dissimuler lagravité de l'opération. Le malade sachant, du
reste,qu'il
a uncalcul, préfère la
mort auxsouffrances,qu'il éprouve.
Le 24
octobre, je pratique très soigneusement le sommeil
cliloro-formique, l'ouverture hypogastrique de la vessie
et trouve un calcul du volume d'unpetit
œuf depoule
quej'ai quelque peine
âextraire
: les lobes de la prostatese sont moulés sur lui et y ontlaissé leur empreinte
sous forme depetites facettes.
Fermeture de la vessie après mise à demeure du tubeGuy
onPerrier. Suites
extrêmementsimples;
en moins de troissemaines, la
cicatrisation de la vessie et de la paroi abdominaleétaitcomplète. Actuellement, deux
mois et demi aprèsl'opération, le malade
ne souffreplus; il
sesonde
toutes lescinq
ousix heures; ses urines sontlimpides.
Observation II
Service de M.Pousson. —Thèse du D1'Michel.
M.
M...,
66 ans;depuis plus de
quatre ans,présente des
troubles vésicaux(douleurs
presque constantes,hématuries profuses), nulle¬
ment outrès
irrégulièrement
influencéesparla marche
etl'exercice
; impossibilité d'uriner sans sonde.L'exploration de la
vessieprati¬
quée à
plusieurs reprises
donna un résultatnégatif.
Lacystoscopie elle-même
ne fit rien connaître. Làprésence d'un calcul
ne fut cons¬tatée que dans les derniers
temps.
— 28 —
En raison d'une hématurie abondante survenue
la veille du jour
où
je devais faire la litliotriLie, je m'engageai à pratiquer la taille
sus-pubienne. Celle-ci fut faite le 10 novembre 1897. La vessie
ouverte, le
calcul fut trouvé
enarrière d'une portion de la prostate
faisantsailliedans lavessie.
Cette
portion était énorme et formait une tumeur lobulée circons¬
crivant enfer à cheval le côté
droit
etla partie inférieure de l'em¬
bouchure de l'urèthre à la
vessie. A l'aide de ciseaux courbes et de
la
pince coupante, j'abrasai
unequantité de tissu qui pesait dans son
ensemble 30 grammes.
Les suites
opératoires furent des plus normales, et en moins de
quatre semaines, le malade était sur pied, ayant eu pour unique
complication
unepoussée eczémateuse de la région hypogastrique et
dela face interne des cuisses, tenant à
la fois à
sonembonpoint et à
son arthritisme.
Actuellement, il
vabien
; sesdouleurs ont disparu, il n'y a plus
d'hématurie, mais il
estobligé de
sesonder et procède à cette petite
opération, devenue très facile, quatre fois dans les 24 heures.
Les nouveaux calculs se sontreformés et,
dans
cesderniers temps,
on a été
obligé de lui faire
uneséance de lithotrilie qui, d'ailleurs, a
été trèsfacile.
Observation III M. Pousson.—Thèse du DrMichel.
M. B..., 77 ans,
présente des troubles dysuriques depuis plus de
quinze
anset
a euà diverses reprises des attaques de cystite intense
et
quelques hématuries très abondantes. Depuis le début de sa
maladie, il
estobligé de
sesonder.
Au commencementde décembre
1897, j'obtiens de lui l'autorisation
d'explorer
savessie, mais
sousle chloroforme. Je perçois un contact
caractéristique de la pierre,
quej'avais soupçonnée depuis deux ou
trois ans. Je peux
m'assurer aussi de l'énorme hypertrophie de la
prostate qui porte la longueur de l'urèthre qui la traverse à plus de
6 centimètres et forme dans la cavité
vésicale
une grossetumeur
très nettement
perceptible
parle toucher bimanuel.
Cystotomie sus-pubienne le 18 décembre 1897. La vessie ouverte,
— 29 —
mon
doigt, introduit dans la vessie,
constate l'existenced'unprolon¬
gement
volumineux
de la prostate,de
formecylindrique,
parcouru suivant son axe parle canal
urétral etsaillant dans la vessie comme ungroscol de l'utérus.
Cette sorte de cloisoncharnue, dirigée
vers lagauche,
renferme deux calculs du volume d'unepetite noix, fixés
pourainsi
dire entre la saillieprostatique
etla paroi du réservoir
: dans le sinusrétro-prostatique
se trouvent trois autres calculs un peuplus volumineux.
En raison del'âge
etde la faiblesse
dumalade,
la résection du lobe ne fut pastentée.
Les
douleurs, depuis, n'ont
pascomplètement disparu. A trois reprises, il
a euaussi, depuis l'opération, des
hématuriesprovoquées
par
la
sonde. Toutefois l'introduction de lasonde,
autrefois difficileet
douloureuse,
estbeaucoup plus facile.
Observation IV
M. Pousson. — Thèse du Dr Michel.
M. de
C...,
56 ans, souffrait de la vessiedepuis 15
ans et avait renduàplusieurs reprises des
calculs.Cystotomie
le 7 mars 1898. La vessie ouverte, on trouve 19 calculs devolume varié. La prostate ne forme pas unesaillie
bien considé¬rable sous la
vessie,
mais le lobe médian constitueunepetite
tumeurarrondie,
du volume d'unecerise,
rattachée au reste del'organe
par unpédicule mince,
mobile etfaisantclapet, de
manière àintercepter
le
passage de
l'urine dans certaines attitudes du malade : circons¬tance
qui explique pourquoi M. de
G. urinequelquefois
maletmêmene peutémettreuneseule goutte
d'urine.
D'un coupde ciseaux, je
franche lepédicule
et enlève lapetite
tumeur.Aujourd'hui, M.
de C... est enparfait état de
santé: il urine bien et danstoutes lespostures.
Observation V
M. Pousson.— Thèse du Dr Michel.
M-
P...,
04 ans, offredepuis plus de 10
ans lessymptômes habi¬
tuels de 1
hypertrophie prostatique
et estobligé de
sesonder,
caril
— 30 —
ne
peut évacuer
aucunegoutte d'urine spontanément. Les urines,
purulentes dès le début de
sonaffection, sont toujours demeurées
telles, et, à
diverses reprises, le malade
a eudes crises de cystite aiguë très intenses.
Appelé
aucommencement de
marsi898, je constate que la vessie
renferme un calcul. En raison de la faiblesse du
malade, de l'état
d'infection de sa vessie et aussi du relief énorme que
fait dans
son intérieur laprostate, je pratique la cystotomie le 17 mars. Je trouve
d'abordun calcul
phospbatique dans la vessie, puis deux petits cal¬
culs en forme de
pépins de melon derrière la prostate et s'appliquant
au-dessous du bas-fond dans
lequel croupit
unegrande quantité de
matières
purulentes, épaisses et glaireuses,
quej'extrais avec le
doigt. Je résèque
celobe prostatique dont les fragments réunis ont
levolume d'une grosse prune.
Un mois
après, le malade reprenait
sesoccupations, ne souffrant
plus, n'ayant plus de fièvre. Les urines sont restées encore puru¬
lentes,
malgré des lavages
au.nitrate d'argent. Continue à se sonder
comme avant
l'opération.
Observation VI M. Pousson.—Thèse du DrMichel.
D. Er...,
66
ans,originaire de Sore (Landes), entre à l'hôpital, le
24
octobre,
parcequ'il souffre de la vessie et qu'il urine du sang.
Cet homme
présente des troubles prostatiques depuis une quin¬
zaine d'années. Il a rendu
également des graviers
:depuis quelque
temps,
il n'a plus constaté de sable dans ses urines.
Les douleurs
qu'il éprouve sont augmentées
parla marche, un
voyage en
voiture,
enchemin de fer. Mais le repos ne les fait pas
cesser
complètement.
Aeu deux crises de rétention.
Depuis deux
ansest obligé de se
sonder. Le
sondage amène souvent l'émission du
sang.Actuellement, présente de fréquentes envies d'uriner, des douleurs
continues,
etperd du
sang en asseznotable quantité. Le passage de
la sonde est un peu
difficile; l'évacuation de la vessie
sefait lente¬
ment, en
bavant.
— 31 -
L'exploration métallique révèle seulement l'existence
d'une grosse saillie intra-vésicale. Au toucherrectal, la
prostate est uniformé¬ment
hypertrophiée. Prostatectomie le
28 octobre. La vessie ouverte,onvoitune énorme tumeur faire issue entre les lèvres de la
plaie
Cettetumeur est
pédiculée
et secontinue
avec une deuxièmemasse,faisant,également relief dans l'intérieur
de la vessie. Cette tumeur est enlevée d'un coupde ciseaux.
Le reste de la masse est abrasé à lapince
coupanteaussi complètement
quepossible. Ce temps
permet dedégager l'orifice
du col.L'exploration digitale révèle alors la pré¬
sence de calculs dans le sinus formé en arrière de la prostate.
On
les enlève. Deslavages boriqués très chauds
arrêtent à peuprès complètement l'hémorrhagie vésicale.
On
place dans
la vessie des tubesGuyon Perrier (ce drainage
estpratiqué
par notre' maître dans tousles cas deprostatectomie)
; on ferme ensuite laplaie
par quatreplans de
suture.Suites normales: pas
de réaction fébrile
notable. Lesurlendemain,
les urines ne sont presqueplus teintées.
Vers le douzième
jour,
onenlève
les tubes et une sonde de Nélatonest
placée
dansle canal. Dèslors, la plaie vésicale
seferme rapide¬
ment. Le 26
novembre, le
malade sort del'hôpital.
Observation VII
Due àl'obligeance deM. Pousson. Société dechirurgie.Paris, 1900.
P.
B...,
78 ans,vieillard vigoureux, souffrant depuis deux
ansde
troublesdysuriques attribués
à unehypertrophie de la
prostate, a présenté danscesderniers moisquelques légères hématuries diurnes provoquées
parle
mouvement, en mêmetemps
quede la pyurie
intermittente etdes douleurspassagères
àl'extrémité du gland. Son
médecinqui l'a exploré dit
avoir senti un contact et me l'adresse dans le courant de mai 1900 aveclediagnostic de calcul vésical.
Je 1 examine àl'explorateur métallique
etaulithotriteur dans
de bon¬nes
conditions, la
vessie étantparfaitement tolérante;
mais toutes nosinvestigations
restentnégatives. Je
constate seulement unesaillie de la prostate soulevant la lèvre inférieure du col et créant un
— 32 —
bas-fond dans
lequel pénètre toutefois librement le bec de l'explora¬
teur. Lesurines sonttrès
légèrement troubles et
cen'est qu'à la fin
dela miction
qu'elles deviennent épaisses et franchement purulentes
Je
prescris des lavages
aunitrate d'argent et, après
unséjour d'une
semaine à
l'hôpital, le malade retourne chez lui.
Trois semaines
après, le 6 juin, P. B... rentre de
nouveaudans le
service. Je
l'explore
pourla seconde fois, et je n'ai
pasde peine à
sentir un contactnon douteux. Etant donnée l'existence du reliefprostatique, derrière lequel
secache
sansdoute
parintermittence le calcul, je
medécide
pourla taille hypogastrique de préférence à la
lithotritie.
La vessie ouverte le 11
juin, je
trouvedans le bas-fond trois petits
calculs
d'apparence phosphatique, sphérique, de volume sensible¬
ment
égal
nedépassant
pascelui d'une petite cerise. Après les avoir extraits, je résèque d'un
coupde pince coupante la saillie prostatique
et
je gratte
avec macurette herse 1a.
muqueusedu bas-fond forte¬
ment
injectée
etlégèrement tomenteuse. L'hémostase faite, à l'aide
d'une
injection boriquée très chaude, je
medisposais à refermer la
vessie, lorsque je vis tout à
coup unflot de
pusépais et grisâtre s'échapper
par unorifice situé
surle côté droit, à
peuprès à deux
centimètres en arrière et au-dessus de l'embouchure de l'uretère
correspondant. J'introduis
sansdifficulté l'extrémité de
monindex
dans cet orifice et
pénètre dans
unepoche du volume d'une noix
verte renfermant une
petite concrétion
grosse comme unpois, que j'extrais d'abord. Introduisant alors
unesonde
en gommeà deux
yeux
dans
sacavité, je la lave
àgrande
eau avecla solution de cya¬
nure de mercure,
puis je gratte
sasurface interne à la curette tran¬
chante avec
prudence, sachant combien est mince la paroi de ces
herniestuniquaires de la vessie. Cela fait, saisissant
avec unelongue pince à disséquer chacune des lèvres du collet, je les avive l'une
après l'autre, largement,
sanscrainte. Mes études antérieures m'ayant
montré combien elles sont
épaisses, je les réunis à l'aide de trois
points séparés de catgut
n°2. Je termine l'opération
enmettant une
sonde de Pezzer dans l'urètre et en fermantcomplètement la vessie
et les
plans hypogastriques sus-jacents.
Les suites furent des
plus simples
:le 8 juillet, moins d'un mois
— 33 -
après l'intervention, le
maladequittait l'hôpital
avecdes
urinesclaires,
ne souffrantplus
eturinant
toutesles trois ouquatre heures.
Le24
juillet, j'ai
pu constater parla cystoscopie
quel'orifice
du collet était oblitéré etqu'à
son niveau la muqueuseétait plissée, blan¬
châtre,
commecicatricielle,
Observation VIII
M. Pousson.—Thèsedu docteur Michel.
P...,
38 ans. clerc denotaire,
est entré àl'Hôpital le 16
novembre1898,
à cause de douleurs vésicules et de lafréquence de la
miction.Àeudes
coliques néphrétiques, il
y a trois ans pourla première fois
et,depuis,
arendu des sables et même despetits calculs
àplusieurs reprises.
Ila delà
fréquence de
lamiction,
surtoutdepuis
un an;la nuit, il
selève dix fois environ;
le jour,
il urine moins souvent. La miction estspontanée,
mais difficile. Le malade ne peut uriner quedans la position accroupie, le jet
estlong avenir; la
miction e»t facilitée par lestiraillements
sur la verge.En
mêmetemps
quela fréquence
aug¬mentait, les
douleurs sont devenuesplus vives
et, pourainsi dire, continues. Exaspérées
parla marche, elles
ne cessentcependant
pasau repos.
Examen
: Jetpetit, perpendiculaire
;urines
louchesmalgré les
lavages
quele
malade exécutait chez lui.Iraversée
uréthrale libre.L'explorateur
notel'existence
d'une saillietrèspetite,
pasde
contact depierre malgré plusieurs
examens.bu côté du
rectum, la
prostate fait unesaillieasseznotable, hyper¬
trophie diffuse.
Prostatectomie sus-pubienne, le
±l novembre. La vessie ouverte,on note
l'existence
d'unepetite saillie,
sorte de valvule située sur lalèvre
ducol;
on l'incise. Outre cettesaillie, ontrouve trois ouquatre
petits calculsovalaires, aplatis,
situés enarrière du col.Mise à
demeure
de tubesGuyon-Perrier
et fermeture par suture à quatreétages.
Le 7
décembre,
on sort les tubes etl'onmet une sonde de Nélaton dansle canal.Guérison rapide.
Dargein
3
— 34 —
IX. Trois observations
Dr P.Bazy,chirurgien des
hôpitaux de Paris, 1893.
a) Homme de 78 ans, grand, maigre, bien portant. On pratique
une
première lithotriLie avec succès. Un an et demi après, récidive :
nouvelle litliotritie
suivie de deux récidives et de deux interventions
semblables.
Ala dernière
lithotiitie, sensation de calcul enchatonné; la taille
est
pratiquée trois jours après et l'on extrait le calcul. Le troisième
jours après l'opération, le malade meurt épuisé.
b) Homme de 58
ans;on décide de pratiquer chez lui la taille qui
pourra
n'être qu'exploratrice étant donnée l'absence de signes
pathognomoniques. On extrait un calcul de 36 grammes. La guéri-
son
complète met
unmois et demi à se produire à cause de compli¬
cations
pulmonaires.
c) Homme de 73
ans;litliotritie à l'Age de 62 ans pour calcul uri que;
11 ans
après, deuxième litliotritie pour calcul phosphatique.
Au bout de six
mois, constatation d'un calcul enchatonné. Taille;
guérison rapide.
Observation X
D'-A. Suarez,deMendoza(Faculté de
Madrid).
M. G...,
75
ans,officier supérieur de la marine espagnole, prosta¬
tique depuis dix
ans,sévit subitement pris d'hématuries abondantes
qui l'immobilisèrent rapidement. L'examen permit de diagnostiquer
un calcul.
Lalitliotritie est
essayée mais
envain, à cause de l'orage vésical
deux fois renouvelé. De
plus, il est impossible de retrouver le
calcul.
Le
lendemain, taille hypogastrique dont les suites furent excellen¬
tes et très
rapides.
Malheureusement,
deux mois après, le malade fut atteint de pleuro-
pneumonie qui l'emporta.
— 35 —
XI. Deux
Observations
Du DrGuelliot(Société médicalede Reims).
a) Femme de 64 ans,
présentant
des accidents d'urémie et uncalcul. On
pratique la
tailled'urgence
et l'on extraituncalcul ovoïde de6 centimètres delongueur,
pesant 75 grammes.Mort dans le coma
urémique.
b) Homme
de 72ans, chezlequel
on apratiqué déjà deux
litho- tritiesqui n'ont
pasamené ladisparition
des douleursetdestroubles vésicaux.La taille permet de retirer deux calculs à noyau
uratique
et enve¬loppement pliospliatique.
Observation
XII Servicede M.Guyon.Homme
de 68 ans; son étatgénéral
est mauvais et ilprésente
de lafièvre
continue;une seule
hématurie.
Troisexplorations précé¬
dentes
ontéténégatives
et trèsdouloureuses.
11entredansle service.D'abord, traitement
de lacystite
parle
nitrated'argent
eninstil¬
lations, puis
examen du malade souschloroforme
: on trouve uncalcul.
Lalithotritie
estpratiquée
sans succès à cause de la dureté du calcul.On sedécide à
pratiquer la
tailleimmédiatement
et l'on retire uncalcul
aplati
de 3centimètres
sur 1 centimètre et deux autrespetits
de lagrosseur d'une cerise. La saillieprostaticpie
avait le volume d'uneorange.
Les suites de
l'opération s'annoncent bien;
mais le malade entrebrusquement
dansle comaurémique
et meurtcinq jours après.
XIII. Deux
Observations
De M. le Dr
Bousquet,
de Glermont.M.le Dr
Bousquet
rapportele
cas de deux hommesde 73 et76 ans
quila
opérés
de la taille pour calculs de la vessie etprésentant
de- 36 —
la
cystite intense. Il
apratiqué la suture partielle de la paroi et a
obtenu deux
guérisons rapides.
Observation XIV
Dr François Hue, Société
médicale de Rouen.
Homme,
57
ans;blessé
en1870
par uneballe qui perfora sa ves¬
sie. En 1897, on
pratique la taille d'emblée, car on supposait que le
calcul trouvé àl'examen
s'était formé autour de la balle. On trouva
effectivement un calcul
pesant 80
grammesdont le noyau était
formé par un
petit fragment de tissu osseux ayant pénétré avec la
balle danslavessie.
Guérison rapide.
XV. Trois Observations De M. le Dr Picard, France médicale, 1892.
a) Homme de 68
ans,chez lequel on pratique la taille pour ex¬
traire un calcul
oxalique de 2 centimètres de diamètre. Guérison.
b) Homme de 72
ans,présentant
uncalcul urique de 7 centimètres
de diamètreretiré par
la taille. Guérison rapide.
c) Homme de 59
ans;la taille permet d'extraire un calcul ayant
déterminé de graves
hématuries profuses. Guérison.
XVI. Trois Observations
De M. leDr Girard (Société du Daupliiné,
1894).
a) Homme de 60
ans;taille pour calcul phosphatique pesant
58 grammes.
Se lève vingt-cinq jours après.
b) Homme de 58
ans;taille pour calcul phosphatique de 140 gram¬
mes. Guérison
rapide.
c)
Homme de 63
ans;taille
pourcalcul phosphatique pesant
125 grammes.
Guérison rapide.
- 37 —
Observation
XVII Dr Milton (1894).Egyptien, 60
ans; rétentiond'urine;
urines alcalinesetprésentant
un
dépôt abondant
et fétide. La taille permetde
retirer un calcul pesant 978grammes : succèsimmédiat-
Deux mois
après, le
malade succombe à des lésions rénales gra¬ves, révélées à
l'autopsie.
Observation
XVIIIDr Gangolfe (Sociétédessciencesmédicales,Lyon, 1893).
Homme
de53ans,
étatgénéral excellent;
onpratique la taille
pour extraire un calcul pesant 66 grammes. Guérisonrapidé.
Observation
XIX Dr Jamin, de Paris (1893).Homme
de 77 ans;robuste, présentant
un calcul. Onpratique
en vain lalithotritie
à la suite delaquelle le
maladesembleépuisé. On
se décide à retirer le calcul par
la
taille « in extremis ».La vessieinfectée renfermait un calculformé par unnoyau
urique
recouvert de
phosphates.
Lesparois de la vessie ne sont pas
entièrement
suturées et lagué¬
rison arrive au bout de
vingt jours.
Observation
XX Dr Rafin, de Lyon (1894).Homme,
71 ans,prostatique,
étatgénéral
bon.Deux
lithotrities qui
confirmentl'existence
d'un calculenchatonné.Lataille permet