Nous croyons, au terme de cette étude, devoir résumer quelques notions relatives au traitement des
dacryocystites
qui nous sont suggérées par l'existence de cesaccidents du
côté de l'orbite. Nous n'avons pas la prétention de reprendre
l'étude thérapeutique et chirurgicales des affections du sac
lacrymal qui donnent tant cle déceptions. La meilleure
des
preuves en estdans la longueurdu traitementque l'on
inflige
aumalade et surtout àla multiplicitédes moyens qui ont été imaginés. Nous tenons cependant à indiquer, étant donné le
rôle parfois malheureux que letraitement a jouédans
l'éclo-sion deces complications orbitaires, qu'il estdes cas où
il
est préférable de s'abstenir.Nousvoulons dire par là quesurtout le
cathétérisme
etles
injections des voies lacrymales devront être laissées de côtéclans certains cas où il ne sera pas possible de le faire
dans
les conditions les plus favorablessoit du côtédu
malade, soit
du côté du chirurgien.
Il nefaut, en effet, pratiquer le cathétérisme qu'avec
d'infi¬
nies précautions sur un sujet ne présentantplus
de
traces d'inflammation aiguë du sac ou de sonvoisinage. Il faut
l'exécuter en tenant compte des susceptibilités diverses
du
patient, carparfoisprendrait-on touteslesprécautions les plus minutieuses,
et le pratiquerait-on suivant lesrègles, si le
sujet se livre à un travail exagéré ou s'expose à un
froid
intense,
ou pour toute autre cause, on peut voirsurvenir
une— 58 —
poussée aiguë qui peut se propagerà
l'orbite.
Nous rappelonsl'observationX, de Badal, où le cathétérisme paraissait avoir
été accompli avec toutes les précautions désirables; le sujet
se livra à un travail excessif dans la journée par un froidtrès rigoureux et présenta un phlegmon de l'orbite.
Lorsque le cathétérisme s'accompagne d'une réaction
inflammatoire même très minime du côté du sac il faut y renoncer. Et d'ailleurs, comme moyen préventif, nous ne saurionsmieux faire que de préconiser la méthode que l'on pratique à la clinique ophtalmologique de Bordeaux. Toutes
les fois qu'il existe une légère inflammation du sac, on
s'abs¬
tient de tout catliéterismeet d'injection. Quand l'empyèmedu
sac est devenu chronique, on fait le traitement combiné
des
injections et du cathétérisme : l'injection ou lelavage précé¬
dant toujours lecathétérisme. Le traitement ne
doit
pasêtre
prolongé outre mesure; si en trois ou quatresemaines
onn'observe pas d'amélioration sensible, il est bon d'yrenoncer
et de penser au traitement chirurgical. Il nous
semble inutile
dans le cas de dilatation du sac avec suppuration
chronique,
d'insister en imposant au sujet l'obsession du
cathétérisme
longtemps répété. On fait perdre un temps
précieux
au malade, on l'expose à des poussées aiguës phlegmoneuseset
enfin aux complications orbitaires que nous venons
d'étudier.
Le traitement chirurgical restera clone la
seule
ressourcedanstous les cas où il existera une clacryocystite avec
dilata¬
tion du sac, sécrétion muco-purulente persistante et
rebelle.
Il mettra le sujet à l'abri de toute complication
du côté de
l'œil et aussi de l'orbite* et c'estpour cela quenous
devons
endire quelques mots.
Le but de cetraitement est la destruction du sac
lacrymal,
et sans vouloir élever un débat sur les conséquences
physio¬
logiques de cettedestruction, nous déclarons
qu'il vaut encore
mieux enleverun sac abeédé, dilaté ét pourainsi
dire incura¬
ble, que de respecter un foyer de suppuration
qui est un
danger permanent pour l'œil et pour l'orbite.
D'ailleurs, les
moyens chirurgicaux qui respectent en apparence
l'intégrité
dusac : ablation partielle, curettage, n'ont jamais donné de
résultats aussi nets que la destruction complète. D'autre part,
lessujets chez lesquels cette destruction a été pratiquée ne se sont jamais plaints même au point de vue du larmoiement,
tandis qu'ils ont pu constaterla disparition de la suppuration
voisine de l'œil.
La destruction du sac comprend à larigueur l'ablationchi¬
rurgicale et la cautérisation. L'ablation chirurgicale a donné
d'excellents résultats, etd'ailleursces deux procédés réalisant
le même but d'une façon complète, les résultats sontentière¬
mentcomparables.
Ala clinique ophtalmologique de Bordeaux, la destruction
se pratique à l'aide du galvano-cautère, et nons avons eu l'occasion de voir M. le Prof. Badal et le Docteur Aubaret pratiquer un grand nombre de fois cetteinterventionqui leur
adonné d'excellents résultats. Nous résumerons la technique
que nous leur avons vu suivre, car elle nous paraît d'une remarquable simplicité.
Etant donnée la rapidité avec laquelle s'exécute l'interven¬
tion, il n'est pas besoin de faire l'anesthésie générale.
On
pratique simplement l'anesthésie par la cocaïne que l'on injectesous lapeau de la région antérieure du sac sur toutel'étendue de l'incision cutanée.
Dans un premier temps : incision de la peau de douze à quinze millimètres, verticale, le sac est rapidementouvert, on le reconnaît trèsfacilement soit aux
fongosités
qu'il renferme,soità l'apparition du pus, soit encore à sa paroi elle-même.
En deux coups de ciseaux sa paroi antérieure est en
partie
enlevée.
Dans un deuxième temps, les lèvres cutanées étant écar¬
tées à l'aide de pinces érignes et on introduit la pointe
du
galvano-cautère. Le docteur Aubareta faitconstruire pour laclinique
ophtalmologique un modèle de pointe galvano-caustique ayant la forme et les dimensions du sac lacrymal.On peut l'introduire à froid dans la cavité du sac et faire
ensuite passer le courant. La cautérisation sera faite
large-ment et d'une manière très rapide. On laissera ensuite dans
le sac une mèche iodoformée. La cavité sera comblée lente¬
ment, on renouvelera la mèche tous les jours. La cicatrisa¬
tion est complète en trois semaines et
quoique la réunion
sefasse par seconde intension,
il n'y
a pasde trace
apparentede l'intervention.
Nous avons donné les figures du