7670
N°32. (^e Série)
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France... 3f 50 Étranger. 5f »
BULLETIN
DE
L'INSTITUT du PIN
Sous îe contrôle de l'Institut des Recherches agronomiques
BS~.3
et rattaché à la Faculté des Sciences de Bordeaux
■
%r
r S Q A4 M A i R E
V=
I. Articles originaux Pages A I 57 L'Utilisation des
produits résineux,
parMli0 M. H. Barraud
(fin) 169
A i 58 Les
possibilités de la Forêt du Sud-Ouest
par
M. P. Buffault 172
A I 59 Nécessité d'une
collaboration
entre paysproducteurs de produits résineux, par
M. P. Maydieu
179
Pages D î 52 Savon de résine et
poix de brasserie,
parM. P. H. Rosières
183
E I 28 Dosage
des celluloses
a(3 y,
parM. Fayard. 189
II. Petit© Documentation
D 11243-248 Petite
Documentation 192
-J
JVIODB DE
CDKSSIpICMTION DE NOS DOCUMENTS
A. Généralités.
B. Récolle et traitement des résines.
C. Essences de
térébenthine,
terpènes etdérivés.
I). Constituants
solides des
résines et leurs dérivés.
/ Articles
originaux.
—II Documentation.
E. Dérivés chimiques
du bois.
F. Cellulose de bois.
G. Documents divers.
Adresser la
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H° 32
(2e Sériel
Paraissant le 15 dechaquemois. ici Août 1932BULLETIN
' X,,t
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4-,L'INSTITUT DU PIN
Sous le contrôle de l'Institut des Recherches
agronomiques
et rattaché à la
Faculté
des Sciences deBordeaux
Ai
57
L'Utilisation des Produits tteslnaun
Par Mlle Marcelle BARRAUD
Chef detravaux à l'Institut du Pin. à Bordeaux(*) (A")
L'huile de résine,
grâce à
saconsistance
peu va¬riable avec, la
température, est surtout employée
comme
lubrifiant,
soit sous formed'huile
pour ma¬chines, soit
encombinaison
dansles graisses à voi¬
tures. Elle sert
également
commehuile d'ensimage,
comme huile soluble pour
le façonnage des mé¬
taux,
huile soluble
pourdésinfection et insecticide.
Enfin, l'huile
derésine
estsiccative; elle
est em¬ployée
commesuccédané de l'huile de lin et,
comme telle, entre dansla fabrication
des vernis, des lino¬léums,
d'isolants
pourcâbles, etc.
Les huiles de résine sont évidemment très con¬
currencées sur le marché par
les huiles minérales qui sont bien meilleur marché.
Emplois de la colophane dans la préparation
du noir de résine.
Le noir de fumée est la seule couleur fixe ordi¬
naire d'un noir franc. On le
prépare
parla combi¬
naison
incomplète de produits organiques riches
encarbone, de poids moléculaire élevé. La résine,
(*)Voir Bull.n°31,juillet 1932.
l'huile de résine et les déchets de bois résineux sont des matières
premières de premier ordre, meilleu¬
res que
les déchets d'huiles minérales qui donnent
une
proportion trop forte de goudrons.
Le gros
débouché du noir de fumée est l'encre d'imprimerie. Ces
encres nesont autre chose
que despeintures constituées
par unvernis spécial et
du noir de fumée; elles
doivent être épaisses, très homogènes, très siccatives.
Les noirs les
plus
pursservent à fabriquer l'en¬
cre de
Chine, l'agglomérant est alors la
gomme ara¬bique
oula gélatine. On fabrique également,
avec le noir defumée, des
encres et crayonslithographi¬
ques
et autographiques.
La chimie de l'acide
abiétique, constituant de la colophane, est
enplein
essor.La constitution chi¬
mique de la mojécijle d'acide abiétique n'est
pasencore établie
définitivement,
etles dérivés de cet
acide ne sont pastous
connus.Le rétène, qui peut
être obtenu par
dégradation de l'acide abiétique,
estencore d'une
préparation coûteuse et, cependant,
par
le rétène, la colophane
nedéviendra-t-elle
passource de matière colorante ?
L'acide
pyro-abiétique est
unacide
pourlequel
on entrevoit un avenir industriel intéressant; ses dérivés sont encore du domaine du laboratoire.
Aux utilisations nombreuses que nous avons pas¬
sées en revue
s'ajouteront certainement
unjour
d'autres utilisations non moins intéressantes.
Conclusion
De cet
exposé rapide,
surl'utilisation de l'essence
de térébenthine et de la
colophane,
quefaut-il
re¬tenir ?
170
BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN — /V° 32 - Août W32La
production française
enproduits résineux,
essence de térébenthine et
colophane représente
en¬viron 25
% de la production mondiale. Notre
pro¬duction est pour ses
2/3 environ destinée à l'ex¬
portation, donc soumise
pour ses2/3
auxfluctua¬
tions de l'industrie
étrangère. Il importe
queles
Landais satisfassent cette clientèle
étrangère
en ne lui fournissant quedes produits de fabrication et présentation impeccables. C'est le
moyenle plus
sûr de lutter contre la concurrence des essences
étrangères.
On constate avec
regret
queles quelques indus¬
tries landaises de transformation ne tiennent pas la tête du marché
mondial,
loinde là. Or,
nous pos¬sédons les matières
premières les meilleures
:essence de térébenthine
parfaitement homogène, grâce à l'homogénéité de la forêt landaise elle-mê¬
me,
colophane extra-pâle
queles Américains peu¬
vent nous
envier, matières premières qui
nous per¬mettraient, sur
place, d'alimenter des industries de
transformation
prospères.
Nous sommes tributaires de
l'étranger,
outout
au moins nous nous voyons
concurrencés
surle
marché
mondial,
pourles vernis
parl'Angleterre
et
l'Allemagne,
pourle camphre synthétique par l'Allemagne et l'Italie,
pourle terpinéol, les huiles
de résine, par
l'Allemagne. Or, l'Allemagne, l'An¬
gleterre et l'Italie sont importateurs de produits
résineux.
La crise des résineux actuelle serait atténuée considérablement si nous utilisions sur
place notre
essence de térébenthine et notre
colophane.
Les Landais
qui, jusqu'ici, ont été trop indivi¬
dualistes. doivent enfin
comprendre
quesi l'union
est nécessaire en
temps de crise,
pour parer auxdifficultés, el'e le
sera encore pourpré¬
venir une nouvelle crise
quand les affaires
repren¬dront.
Ils
préviendront
ouatténueront
unenouvelle
crise, en assurant, en
France, l'utilisation de leurs produits,
encréant dans leurs landes mêmes, les
industries de
transformation; mais il faut envisa¬
ger
l'organisation,
non pasde petites usines vivo¬
tant en
concurrençant des usines voisines d'aussi
faible
importance et,
parsuite, aussi handicapées qu'elles-mêmes
surle marché, mais quelques
grou¬pes
puissants (je dis quelques et c'est peut-être
même
déjà beaucoup), groupant des fabrications
diverses sous une même direction
technique et
com¬merciale. Les Landais travailleront aussi à conso¬
lider les utilisations actuelles de leurs
produits
:emploi de l'essence de térébenthine
commesolvant,
utilisation de la
colophane
ensavonnerie, etc.
Mais pour
arriver à
cedouble but, ils devront
s'entourer des
compétences nécessaires.
J'ai relevé dans une brochure parue
récem¬
ment
(1),
sur lesproduits résineux, la phrase sui¬
vante :
« Admirablement servis par
des laboratoires qu'ils orientent plutôt
versdes études à but prati¬
que que vers
le développement de la science
pure, lesétrangers utilisent la
gemmeet
sesdérivés plus complètement
que nous. «L'étranger est,
eneffet, beaucoup mieux outillé
que
les Landes, mais il
nefaut
pasoublier
queles
laboratoires
pratiques étrangers dépendent d'usines
extrêmement
importantes (Shering, Schimmel, Kurt
Albert,
etc.)
comme il n'en existe pas unedans les Landes,
et que ceslaboratoires d'usines, admira¬
blement
outillés, largement subventionnés
parl'in¬
dustrie
elle-même, équipés d'armées de chimistes, appliquent
audomaine industriel des découvertes
de science pure
de leurs laboratoires scientifiques
ou des autres laboratoires (comme
l'Institut
duPin
parexemple).
Car la science pure
est à la base de i'industrie
moderne des
résineux, quoi qu'en
pensel'auteur
de la brochure dont
je
vousparlais plus haut. Le camphre synthétique, le bornéol, les éthers résini-
ques,
etc., croyez-le,
nesont obtenus qu'au prix
de grosses
difficultés, et il
nefaut
pas queles Lan¬
dais s'endorment à nouveau, sur
des
promessescomme celles faites récemment par une
société lan¬
daise financière oui réaliserait
trop facilement,
sur l'arbremême, réactions chimiques et préparations
industrielles.
Non,
unepareille révolution n'est
pas encore faite dans le domainequi
nous occupe,mais d'au¬
tres
espoirs sont permis. La chimie
nousl'avons dit,
pourl'essence de térébenthine
comme pourla colophane, et
nousle répétons, n'a certainement
pas
dit
sondernier mot, mais il faut
queles Lan¬
dais
comprennent
queles recherches scientifiques
sont
nécessaires,
et queles résultats pratiques
ne sont obtenusqu'au prix d'un labeur patient,
con¬tinu et malheureusement coûteux. Leur devoir est
(1) Les produits résineux en 1931, par P. J. Lacoste.
7
BULLETIN LE L'INSTITUT BU PIN — N9 32 - Août 1932 171
d'aider
largement
ceuxqui suivent l'évolution
mon¬diale de la chimie des
résineux, travaillent
eux- mêmes à trouver de nouveaux débouchés indus¬triels à l'essence de térébenthine et à la
colophane
(mais
dont les Landais laissent trop souvent profi¬
ter
l'étranger) conseillent
avecbienveillance
ceuxqui ont
recoursà leur science, tout cela dans des
conditions matérielles défectueuses mais avec un
désintéressement dont les Landais ne leur savent pas
toujours suffisamment gré.
L'Institut du Pin existe. Il travaille et
prépare le
terrain à ceux
qui veulent, à l'instar de l'étranger,
appuyerles industries nouvelles de transformation
sur un laboratoire
pratique, et
conserverainsi à la France, la colophane et l'essence de térébenthine
française.
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Leurs dérivés et extraits industriels (1925) ...F 63 » Klar : Distillation du bois (1925) 1° 75.50 Paul Razous : L'organisation-du travail dans les ex¬
ploit. forest. et les scieries méc F 11.25 Dupont : Essences de térébenth. (1926) F 32 » Marcel Le Bouteiller : Exploitations forestières et
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A. Raba : Cubage pour pins sur pied ..F 9 » E. Normand : Tarif cubage des bois en grumes et
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Relié 125 »
Montraudy : Traité de cubage F 6 »
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P.Razous : Aide-mémoire du Commerce et desIndus¬
tries du Bois (1928) Relié f° 26.65
Vanuberghe : Expl. des forêts, 2 vol
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» Ch. Mariller : La Carbonisation des bois, lignites ettourbes (1924)
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172
BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN — /V° 82 - Août 1932 A i 56Les Dessins de le Foret do s.0.
Par Pierre BUFFAULT(*)
Conservateur des Eaux et Forêts à Bordeaux
Le
Congrès de Juin 1932
a pourbut la
sauve¬garde de la forêt du Sud-Ouest et le développement
de sa
production. Il importe donc de savoir tout
d'abord
quelles sont l'étendue, la composition, les possibilités de production de cette forêt.
Celle-ci s'étend des
Pyrénées à la Vendée et est
assise, en somme, sur le revers occidental du Mas¬sif Central et sur le versant Nord des
Pyrénées
Occidentales. Toutefois nous ne
comprendrons
dans le
présent travail
queles boisements de la région du pin maritime, région
surlaquelle porte
ce
Congrès, c'est-à-dire la forêt landaise
et ses alentours immédiats.La forêt landaise est caractérisée par
environ
800.000' hectares d'étendue en
pin maritime dans
les
départements de la Gironde, des Landes
etde Lot-et-Garonne,
et par uneproduction annuelle éva¬
luée à 3 millions de mètres cubes de bois débités et 125 millions de litres de résine. A cet
imposant
massif
s'ajoutent les peuplements de pin maritime
du littoral de la
Charente-Inférieure,
ceux de laDordogne et de la Charente disséminés parmi les
bois de chêne et dechâtaignier, enfin les petites
forêts de chêne
éparses dans la vallée de l'Adour,
d'Aire àBaj'onne, ainsi qu'à l'Est de Mont-de-
Marsan.Tel est l'ensemble des boisements
qui alimentent
l'industrie forestière du Sud-Ouest ou
plus exacte¬
ment du Sud-Ouest landais.
Nous ne connaissons encore que
très imparfai¬
tement l'étendue
réelle,
lacomposition et la
pro¬duction de ces boisements. On
n'a,
sous cerapport,
de chiffres exacts que pour
les forêts gérées
par l'Administration des Eaux et Forêts(forêts
de l'Etat et de certainescommunes).
On ne sait rien deprécis
surles forêts particulières. Celles-ci
ne sont pasaménagées, sauf de très
raresexceptions.
Elles sont
exploitées irrégulièrement, suivant les
circonstanceséconomiques et les besoins des
pro¬(*) Communication fnttp au Congrès de la forêt et de ses indus¬
tries, Bordeaux, juin 1932.
priétaires; et
cesderniers
nepeuvent
pas ou ne veulent pasrenseigner
surle rendement de leurs
bois.Sans doute la
statistique générale agricole cpii
vient d'être
entreprise fournira avant
peudes pré¬
cisions suffisantes sur ces forêts
particulières et renseignera
surl'ensemble de la production fores¬
tière
française.
1. —
Statistique générale,
La forêt landaise
proprement dite, la forêt dont
lespins, auxquels sont accrochés de petits pots,
se
mélangent
parendroits de chênes médiocres
en sous-bois ou enpetites futaies,
occupela région des Landes, c'est-à-dire
le vastetriangle de 1.200.000
hectares
d'étendue, ayant
pourbase la côte de l'Océan,
de la Gironde àl'Adour,
et poursommet
un coude de la Gélise à la hauteur de Nérac.
Mais la forêt ne couvre pas
cette région tout
entière,entre-coupée qu'elle est
parles cultures,
les
prairies, les villages, surtout dans le Maremne
et les Petites Landes et, sur le
littoral,
parles sta¬
tions balnéaires.
Diverses
statistiques attribuent à la forêt lan¬
daise une contenance de 800.000 à un million d'hec¬
tares. En
s'efforçant de
serrer cequi paraît la réa¬
lité d'aussi
près
quepossible,
ontrouve 843:000
hectares en chiffres ronds pour
cette contenance qui
serépartirait
commesuit
:100.000 hectares sur les dunes
qui forment
au bord de l'Océan un bourrelet dont lesplus hauts
sommets
atteignent 89 mètres de hauteur
et dont lalargeur atteint 5 kilomètres;
743.000 hectares
dispersés
surla lande,
en mas¬sifs
plus
oumoins importants.
Ces 743.000 hectares
comprennent d'ailleurs approximativement 676.000 hectares de pins mari¬
times purs
et 67.000 hectares de chênes plus
ou moinsmélangés
auxpins.
Par
département
onpeut compter
:DUNES LANDE
P. M. P M, Chêne
Gironde 52 0C0 ha. 263.800 ha. 39.000 ha.
landes 48.00.) 382 200 22.000
Lot-et-Garonne. » 30 000 5 000
100.000 676.000 67.000
VULLKT1N VU L'INSTITUT DU PIN — N° 32 - Août 1>JS2
173
A noter
qu'une notable partie de cette conte¬
nance est
improductive, comprenant la
zonedes
sables littoraux (environ 7.275 hectares pour
227
kilomètres de
côte)
etqu'il s'y ajoute des marais
et landes rases, celles-ci
parfaitement boisables (en¬
viron 70.000
hectares).
A noter aussi que surbien
des
points la forêt de pin maritime, surtout dans
les dunes, est en voie de diminution
notable,
sous le doublerapport de la surface et de la production,
par
suite de la création
oude l'extension de sta¬
tions balnéaires et
d'agglomérations diverses.
L'Etat
possède 48.773 hectares ainsi répartis
:DUNES LANDE
Gironde 21.414 ha. 845 ha.
Landes 25.902 749
Lot-et-Garonne » 863
16 316 2 457
Tout cet ensemble est
peuplé de pin maritime à
peu
près
pur.Les 2.457 hectares de forêts de iande
sont
d'acquisition récente.
80.000 hectares
(pin maritime) appartiennent
auxcommunes.
Le reste,
714.227 hectares,
estpossédé
parles particuliers qui détiennent ainsi la majeure partie
de la forêt landaise.
Dans le Sud et dans l'Est de
celle-ci,
surtout dans le Marensin et la Maremne d'unepart, et,
d'autre
part, dans la contrée Houeillès-Nérac-Ga- barret, le chêne-liège (chêne occidental)
semêle
aupin maritime, tantôt formant de petits peuplements
purs
(surèdes) qui voisinent
avecles pignadas
comme à
Seignosse et à Capbreton. La surface occupée
parle chêne-liège est évaluée à 12.000 hec¬
tares.
11. —
Origine de la forêt landaise»
Les 843.000 hectares de la forêt landaise sont de création récente.
Un atlas par
département, établi
en1790, montre qu'à cette époque toute la région des landes était
déboisée e.t
qu'il n'existait
que onzeforêts
ou mas¬sifs un peu
importants de pin maritime placés
sui¬des dunes anciennes et presque
tous
aubord d'étangs
oule long des
coursd'eau affluant
vers l'Océan.C'était, d'une part, les deux forêts usagè-
res de La Teste et de Biscarrosse et celle des dunes du Sud entre
Lit-et-Mixe, Soustons, Taller
et Ma- gesq.D'autre part, c'était les massifs suivants
: celui situé au bord du ruisseau venant d'Ychoux et se déversant dansl'étang de Biscarrosse-Parentis,
celui situé le
long du canal de Sainte-Eulalie,
ceux situés au bord des deux ruisseaux de Luc et d'Es-cource affluant à
l'étang d'Aureilhan, celui situé
dans le bassin du ruisseaud'Onesse-Saint-Julien,
le massif s'étendant le
long de la Leyre entre Belin
et
Salles,
celui embrassant les affluents degauche
du Ciron entre
Captieux et Villandraut, enfin celui
de. larégion de Casteljaloux-Houeillès-Ambrus,
tra¬versé par
les deux bras de l'Avance. Ajoutons à
cela
quelques petits pignadars près de Pissos et de Sore, puis quelques bois de chêne à Saint-Laurent- du-Médoc, Cestas, Mios, Salles
et Cabanac-Villa-grains et
nous auronsl'ensemble
relativement bien faible des boisements de larégion landaise
en1790.
Le
surplus du
paysétait à l'état de lande
rase,iplus
oumoins marécageuse et embroussaillée,
par¬courue par
des troupeaux de maigres moutons
quegardaient des pâtres juchés
surde hautes échasses;
et tout le
long de la côte océanique
sedressaient
les
dunes,
collines onduleuses d'un sableblanc, fin
et mobile que
les vents d'Ouest poussaient
vers l'intérieur du payset qui avançaient lentement
mais
irrésistiblement,
ensevelissantcultures, forêts, bâtiments,
recouvrant lebourg et l'église de Soulac,
les
églises de Bias et de Mixe, obligeant plusieurs villages à
sedéplacer
versl'Est.
On sait
qu'après des études
surles
moyensd'ar¬
rêter ces sables
dévastateurs,
faites en 1774 et 1776 parles frères Desbiey et surtout de 1778 à 1781
parl'ingénieur de la Marine Charlevoix
deViïlers, l'ingénieur des Ponts et Chaussées Brémontier
fit de 1788 à 1793 des essais de fixation de sables par¬faitement réussis et
démonstratifs,
au vudesquels
le Gouvernement décida en 1800
d'entreprendre le
boisement des dunes deGascogne, puis des dunes
des autres côtes de France. Cette œuvre énorme et
magnifique fut achevée
en1873 et c'est à elle
que l'on doit la transformation des sables stériles et envahisseurs en une riche forêt seperpétuant
surun sol stabilisé.
La lande, sauf les
quelques bois et massifs signa¬
lés en
1790,
restaitimproductive et malsaine, lors- qu'en 1849
unautre ingénieur des Ponts et Chaus¬
sées, Chambrelent, étudia
lapossibilité de l'assai-
174 BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN — IV° 32 - Août 1932
nissement et du boisement de cette
lande, fit à
ses frais des essais concluants etput enfin voir
pro¬mulguer la loi du 19 juin 1857. Cette loi obligea
les communes à assainir et à boiser les
parties de
leurs landes communales servant au pacage
et les
autorisa à aliéner les
parties pouvant être mises
en culture. Dans la Gironde 41.878 hectares furent assainis et boisés et 65.993 hectares
aliénés; dans
les Landes 60:956 hectares furent assainis et. boisés et 122.758 hectares aliénés. Le mouvement de miseen valeur par
les semis de pin maritime
se propa¬gea
chez les propriétaires particuliers et c'est ainsi qu'est née la vaste forêt
que nousadmirons et dont
nous bénéficions
aujourd'hui.
Brémontier et Chambrelent
promoteurs de cette
merveilleuse transformation ont été les deux
grands
bienfaiteurs du pays.
Nous
nepouvions point
ne pasle rappeler aujourd'hui.
111. — Ensemble de la forêt du Sud-Ouest.
Si l'on considère non
plus seulement la forêt landaise,
la forêt depin maritime du triangle lan¬
dais, mais ses
alentours,
on voit tout d'abord sur ses confins Sud lespetites forêts de chêne de la Chalosse, région contiguë à la lande. Ces forêts,
aux arbres gros,mais courts et branchus,
restesd'un
ancienjardinage défectueux, fournissent surtout
des traverses de chemin de feret des bois de wagon et de menuiserie.Quelques-unes renferment des pins maritimes cà coté des chênes. La plupart de
ces
forêts,
exactement 51 d'entre ellesqui repré¬
sentent 3.979
hectares,
sontpropriétés
communa¬les et soumises au
régime forestier. À côté d'elles,
à l'Est,près de la limite du Gers,
estla petite forêt
domaniale deLaveyron (114 hectares), peuplée de
chênes et de
hêtres,
beaux arbres au fûtdroit, té¬
moins de ce que
l'on peut obtenir de
cesdeux
essences dans le pays.
En sortant de la
région landaise
versl'Est
et leNord,
on trouve lespetits bois de chênes mêlés
dechâtaigniers et aussi de pins maritimes de l'Age- nais,
del'Entre-Deux-Mers, du
Libournais et les landes à chênes etpins du Blayais. Plus loin,
ce sont les massifs depins maritimes et de chênes
de la vallée de laLémance,
et de larégion Ville-
franche du
Périgord-Belvès, puis les bois de chênes
verts et de
pins du Périgord noir, les taillis
de chê¬nes et de
châtaigniers, mêlés de bouquets
oude petits massifs de pins maritimes, du Périgord blanc, qui
sejoignent
auNord
auxtaillis de châ¬
taignier du Limousin; enfin les taillis de chênes
et les massifs de
pin maritime coupés de landes
broussailleuses de la Double
périgourdine et de la
Double charentaise.
Ainsi dans les 6
départements suivants du Sud-
Ouest :
Charente-Inférieure, Charente, Dordogne, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne,
lepin maritime règne, quasi exclusif dans la région landaise, plus
ou moins subordonné au chêne et
plus
oumoins
mêlé au
châtaignier dans les régions environnantes
et, dans la vallée de la Garonne et surquelques points des Landes, à l'accacia.
Les
statistiques actuelles évaluent
commesuit
ces boisements.Mais,
nous l'avons dit au début de cerapport, seuls les chiffres donnés
pourles forêts
domaniales et celles des communes soumises au
régime forestier sont exacts. Les chiffres
concer¬nant les forêts
particulières
ne sontqu'approxi¬
matifs et
présentés
soustoutes réserves. On
man¬que
de données précises
pour cesforêts particuliè¬
res et leur
production.
Département de la Charente-Inférieure.
Contenance,
totale boisée en toutes essences :81.670 hectares.
Surfaces en
pin maritime
: Forêts domaniales(moins
226 h. de sa¬bles littroraux
improductifs) 8.700 ha
Forêts communales soumises aurégime
forestier 268 ha
Bois
particuliers et
communaux non soumis : Arrondissement de Jonzac 6.800 ha \ Arrondissement de Maren-lies 1.145
Arrondissement de Roche-
fort 60 , 8 470
Arrondissement de La Ro-
chelle 160
Arrondissement de Saintes 160 '■Ces 8.470 hectares renferment envi¬
ron 2.500 hectares de vides. —*
Total en
pin maritime
17.438 ha soit 21%
de la contenance boisée.3
BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN — N°32 - Août 1932
175
Autres essences : chêne 69 divers 10 %.
Incultes et vacants 25.500
hectares, dont
envi¬ron 17.000 hectares à boiser en
pin maritime.
Département de la Charente.
Contenance boisée en toutes essences :
85.000 hectares.
Surfaces en
pin maritime
:Bois
particuliers et
communaux nonsoumis
: Arrondissement de Barbezieux 3.000 ha soit3,5 % de la contenance totale boisée.
Autres essences : chêne 80
%, divers 16,5 %.
Incultes à boiser en
pin maritime
:12.000 ha.
Département de la Dordogne.
Contenance boiséeen toutes essences 255.778ha Surfaces en
pin maritime.
Forêts domaniales 450 ha
Forêts communales soumises au
régime
forestier 20
Bois
particuliers
: Arrondissement deBergerac. 7.960 ha \
Arrondissement de Nontron.. 1.580Arrondissement de Sarlat. . . 1.590
\
22 500 Arrondissement dePérigueux 3.200
Arrondissement de Ribérac. . 8.170
Total 22.970 ha
soit 9
%
dela
contenance boisée totale.Autres essences : chêne 60
%, châtaignier 31 %.
Landes et friches à boiser : 90.000
hectares,
dont 60.000 hectares à boiser enpin maritime (?)
Département de la Gironde.
Contenance totale boisée : 461.800 hectares.
Surfeces en
pin maritime
: Forêts domaniales(moins
la zone litto¬rale) 17.643 ha
Forêts communales soumises au
régime
forestier 3.166
Forêts
particulières et communales
non soumises :Arrondissement
de Bazas 82.340 ha ) Arrondissement deBlaye 3.850 ^86.190
A Vf-porter 106 .999
106.999
248.670 Report
Arrondissement de Bor¬
deaux 209.530
Arrondissein.
deLesparre. 38.420
Arrondis, de Libourne 720
Total 355.669 ha
soit 77
%
de la contenance boisée totale.Autres essences : chêne et
divers, 23 %.
Landes à boiser en
pin maritime
:55.060 hecta¬
res
(?)
sur un total de 62.200 hectares d'incultes(?).
Département des Landes.
Contenance boisée totale : 516.600 hectares.
Surfaces en
pin maritime
: Forêts domaniales(moins la
zone litto¬rale)
Forêts communales soumises au
régi¬
me forestier
Forêts
particulières et communales
non soumises :
Arrondissement de Dax 100.200 ha Arrondissem. deSt-Sever. 34.930 Arrond.
Mont-de-Marsan.
289.97022.776 ha
4.333
425.100
Total 452.209
soit
87,5 % de la contenance boisée totale.
Autres essences : chêne
12,5 %.
Landes à boiser en
pin maritime
:40.000 hecta¬
res
(?)
sur environ 60.000 hectares d'incultes(?)
Département de Lot-et-Garonne.
Contenance boisée totale : 81.620 hectares.
Surfaces en
pin maritime
: Forêts domanialesForêts communales soumises au
régime
forestier
Forêts
particulières et communales
nonsoumises :
Arrondissement de Mar-
mande 2.140ha
Arrondissement de Nérac 31.890 Arrondissement dé Vil¬
leneuve-sur-Lot 770
863 ha
201
34.800
Total 35.864 ha
soit 44
% de la contenance boisée totale.
176
BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN — iV° 32 - Août IÛ32Autres essences : chêne et
divers, 56 %.
Landes et vides à boiser : 40.000
ha, dont 27.000
àpeupler
enpin maritime (?)
IV. — Production de la forêt du Sud-Ouest»
On n'a pas
plus,
pourle moment, de chiffres pré¬
cis sur la
production de la forêt du Sud-Ouest,
quesur sa contenance et sa
composition et
pourles
mêmes raisons. L'ordre de
grandeur de la produc¬
tion — d'ailleurs très variable,
irrégulière
—des
forêts
particulières et communales
nonsoumises
au
régime forestier
nepeut être évalué
quetrès approximativement.
La
production annuelle du Sud-Ouest, dont la majeure partie provient de la région landaise et qui constitue à elle seule la moitié de la produc¬
tion de la France en bois
résineux,
a été estiméeen chiffres ronds et en moyenne
à 3.000.000 de mè¬
tres cubes (mètres cubes grume au
réel, d'une den¬
sité moyenne
de 850 kilos à l'état frais),
serépar¬
tissant comme suit :
Bois de
sciage
.1.918.000 m3
Poteaux de mines bruts . . . , 700.000 Poteaux de mine
pelés 73.000
Poteaux
télégraphiques 9.000
Bois de
chauffage 300.000
3.000.000 m3 soit 3 m3 860 par
hectare et
par an(pour 776.000 hectares). L'évaluation
ci-dessus du bois de chauf¬fage paraît
un peufaible, et
entout
cas ne com¬prendrait
pasla consommation domestique, très importante et
nonchiffrable. Les chiffres suivants,
à notre avis,trop forts, la comprendraient,
au con¬traire.
Bois de
sciage 885.000 T.
(dont 400.000 T. de traverse de che¬
min de fer).
Poteaux de mine 800.000
Poteaux
télégraphiques 15.000
Bois de
chauffage 2.500.000
Total 4,200.000 T.
ce
qui ferait 5 m3 41
parhectare et
par an,taux
évidemmentsupérieur à la réalité.
La
statistique faite
en1907-1912
parl'Adminis¬
tration des Eaux et Forêts donnait 3.784.600 m3 pour
les forêts particulières et communales
non soumises aurégime forestier des trois départements
de la
région landaise, chiffre auquel il fallait ajou¬
ter la
production des forêts soumises
aurégime
forestier.
Il faut noter
qu'en outre les rémanents d'exploi¬
tation, les souches, les menus bois
d'éclaircie,
les déchets de scieries mobiles, et autres débris aban¬donnés en forêt
peuvent être évalués à
untotal
voisin de 800.000 T. par an.La
production
moyenneannuelle du liège de tou¬
tes
qualités est d'environ 4.000 à 5.000 quintaux métriques.
La
production
moyenneannuelle
en gemmede la
forêt landaise est évaluée
depuis déjà longtemps
à 125 millions de litres
(dont
70 millions pourle département des Landes), soit 161 litres
parhec¬
tare et par an.
Et
onestimait
quecette production
fournit en moyenne
108.000 tonnes de produits résineux, dont
24.000 tonnes d'essence de térében¬thine et 84.000 tonnes de
produits
secs.Ces chif¬
fres sont actuellement
peut-être faibles.
Le rendement normal est de 170 litres par
hec¬
tare et par an.
De récentes recherches conduiraient à l'évalua¬
tion suivante :
129 millions de cares dans tout le
Sud-Ouest, produisant environ annuellement 190
millions de litres dont, pourles Landes et la Gironde, 100
mil¬lions de cares donnant 160 millions de litres.
Il est certain que
le nombre de
cares en gem- mage abeaucoup augmenté
cesannées dernières,
surtout lors des hauts cours de1925-1926,
et ne s'est réduitqu'en 1931
parsuite de la mévente
desproduits résineux.
Avec les forêts
gérées
parl'Administration fo¬
restière nous avons des chiffres
précis et exacts.
Les forêts domaniales des dunes
(Gironde
et Lan¬des : 40.434 hectares
productifs
sur46.316 hecta¬
res : 5.882 ha sont des sables littoraux
impropres
à la
végétation arborescente),
ontfourni
un rende¬ment en bois
qui
avarié de 68.231 mètres
cubes(grume
auréel)
en1900 à 62.525
m3 en1930,
avec des extrêmes de 12.524 mètres cubes en 1921 et de*207.214 m3 en 1923. La moyenne
annuelle des cinq
années 1926-1930 est de 112.606 mètres
cubes, soit
fi m3 780 parhectare; celle des cinq années 1910-
1914 était de 115.780 m3. En gemme,
elles ont
pro-BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN — N°32 - Août W32 177
(luit de 49.000 H1 en 1900 à 104.922 Hl. en
1929,
avec des extremes de 2.577 Hi en 1918 et de 151.549 Hl en 1921. La moyenne
des cinq années
1926-1930 est de 102.022 Hl, soit
2
Hl 520 par an;celle des
cinq années 1910-1914
aété de 76.176 Hl.
(N'entrent pas en
ligne de compte les trois forets
de landeacquises dernièrement
parl'Etal
etqui
ne sont pas encore en
état de production notable.)
On voit que
dans les forêts de l'Etat
on coupe moins de bois et onproduit beaucoup plus de
gem¬me que
dans l'ensemble des forêts de la région.
Les forêts communales soumises au
régime fo¬
restier dans la
partie landaise de là Gironde, des
Landes et deLot-et-Garonne, 74 forêts
— 11.579hectares, dont
environ 7.690 hectares enpin et
3.889 hectares en chêne — ont fourni un rende¬ment en bois
qui
avarié de 52.696 mètres cubes
en 1900 à 19.779 mètres cubes en
1930,
avec des extrêmes de 10.709 mètres cubes en 1914 et de 64.458 mètres cubes en 1911. La moyenneannuelle
des
cinq années 1926-1930 est de 31.670 mètres
cu¬bes,
dont21.070
depin et 10.600 de chêne. Celle
des
cinq années 1910-1914 était de 33.688 mètres
cubes. En gemme,
les 7.696 hectares ont produit
de 2.524 Hl en 1900 à 10.151 Hl en 1930, avec
des
extrêmes de 5.132 Hl en 1917 et de 16.840 Hl en1920. La moyenne
des cinq années 1923-1930 est
de 11.000
Hl; celle des cinq années 1910-1914 était
de 9.631 Hl. En outre, huit de ces
forêts
commu¬nales ont
produit de 1926 à 1930
une moyenne an¬nuelle de 308
quintaux métriques de liège.
Ces années
dernières,
parrapport
auxannées ayant précédé la
guerre,il
y adonc
eudans l'en¬
semble de toutes ces forêts
légère diminution des exploitations ligneuses et augmentation notable de
la
production résineuse, sauf
en1930, où le
ren¬dement des
pins
en gemme aété relativement fai¬
ble
(1).
Si l'on additionne les rendements moyens
qui précèdent
pourles forêts domaniales des dunes et
pourles forêts communales résineuses gérées
par l'Administrationforestière,
on trouve quele
ren¬dement moyen
annuel de
cesforêts
aété,
pourles cinq années 1926-1930, de 133.676 mètres cubes
de bois depin et de 113.022 hectolitres de
gemme, soit parhectare et
par an2 m3 778 et 2 Hl 35.
L'industrie landaise du
bois, qui
necomptait
en (1) Nous ne tenons pas comnte des rendements en bois et en gemme de l'année 1931, année anormale.io// que
67 scieries
avec700 ouvriers, alimentait
en iboO environ 7&0 scieries
pouvant débiter
7.000 mètres cubes par
jour, occupant environ
iu.uuU ouvriers d usine et scieurs en forêt.
Lindustrie résineuse
occupait approximative¬
ment 18.000 résiniers travaillant environ 70 mil¬
lions 500.000 cares par an.
Actuellement, la
gemme est distillée dans 159 usines (dont 102 dans lesLandes, 47
dans laGironde, 4
enLot-et-Garonne,
3 enDordogne et 3
enCharente-Inférieure).
Les
pineraies charentaises et périgourdines sont généralement
entrès mauvais état, abandonnées à elles-mêmes, offrant
despins de divers âges,
sou¬vent courbés ou
déjetés. Dans la Charente-Inté¬
rieure, on estime que
les pineraies renferment 2/10
de
peuplements exploitables, 4/10 de peuplements
en croissance,
4/10 de clairières
etvides.
Dans le
département de la Dordogne, les peuple¬
ments de
pin maritime offrent les mêmes défectuo¬
sités,
mais à un moindredegré. Ils produisent
en¬viron,
chaque année, 10,000 traverses de chemin
de fer et des
poteaux de mine. Ceux-ci sont pelés
dans le Nontronnais
(30.000 T.)
etbruts
auSud
de
Périgueux (50.000 T.).
Les taillis de chêne de la
Gironde,
deLot-et- Garonne,
de laDordogne, exploités généralement
à des révolutions bien
trop courtes, de 15 à 20
ans,avec le
plus souvent
peud'arbres de réserve,
ne fournissentqu'un rendement très faible, constitué
en très
grande proportion
pardu bois de chauffage
(1 st. 500 par
hectare et
par an,30 st. à la
coupe à 20 ans) d'uneexploitation et d'un écoulement de plus
enplus difficile, faute de main-d'œuvre suffi¬
sante et faute de débouchés suffisants.
Les rares futaies de chêne et les chênes isolés de la
région ont
uneproduction annuelle
assezfaible,
évaluée à 160.000 mètres
cubes, dont
unemoitié
environ est livrée au commerce sous forme de tra¬
verses de chemin de fer
(au nombre de 250.000 approximativement).
Les taillis de
châtaignier sont exploités à 15
ou 20 ans et ont une constitution normale. Leur ren¬dement, qui varie de 60 à 80 stères
parhectare,
serait considérable si leurs
produits, feuillards, échalas, bois de
feupouvaient
encoreêtre écoulés.
Mais la crise actuelle fait que
la plupart des
ex¬ploitations sont suspendues.
Les gros
châtaigniers sont exploités
pourles
fournitures de bois aux usines d'extraits
tanniques.
178 BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN — N° 32 - Août WS2
Mais les
exploitations ont été si intensives
queles châtaigneraies sont actuellement fortement rédui¬
tes,
n'ayant
pasété le plus souvent reconstituées,
et que
les usines courront bientôt le risque de
man¬quer
de bois dans la région. La production totale
du
département de la Dordogne était,
cesderniè¬
res
années,
de 65.000 à 70.000 stères par an(250 st.
à
l'hectare).
Signalons
pourmémoire les taillis d'acacias de
la vallée de la
Garonne, qui donnent
uneproduc¬
tion très
intéressante,
maisd'importance exclusi¬
vement locale.
Y. Les ressources forestières du Sud-Ouest.
Quelle est
au senstechnique du terme la
« pos¬sibilité » de la forêt du Sud-Ouest, c'est-à-dire la
quotité de matière ligneuse et résineuse
correspon¬dant à son accoroissement annuel et
qu'on peut exploiter chaque année
sansl'appauvrir,
sans com¬promettre
saperpétuation et
samise
envaleur ?
Il est bien difficile de le dire, pour
le moment,
en l'absence de données
précises
surles forêts
par¬ticulières et, tant
qu'une statistique faite
avecsoin
et suffisamment détaillée ne nous aura pas
fourni
ces données.
N'envisageons d'abord
quela forêt landaise de pin maritime.
Quelle répartition des âges les peuplements
nous offrent-ils ?Dans les forêts domaniales
(dunes
etlande)
nous le savons exactement et voici laproportion, abs¬
traction faite de la zone littorale
improductive
:1 a20ans 21à 40ans 41 à COans «0ans cl au-desois vides
Gironde 30.6°/n 28,7 °/o 8,7% 41.6 % 0,4 o/o Landes 28.6
%
6.8«/o 0.82%. 62,56% 1,52°/0On voit de suite — ce
qui
sevérifie
surle terrain
— que
dans
cesforêts la proportion des vieux bois
est encore
trop forte et celle des bois
moyenstrès insuffisante,
parce queles
coupesde régénération
se trouvent en retard. Et cette situation est encore
plus marquée dans les forêts des Landes
quedans
celle de la Gironde. On avait affaire à des
peuple¬
ments d'un seul
âge
surde vastes étendues, nés
des semis des ateliers des dunes et tant par pru¬dence excessive, que pour ne pas
exploiter des
ar¬bres encore
jeunes,
on nes'est
pasdécidé
asseztôt
à les entamer par
des
coupes rases.Sous ce
rapport la forêt domaniale d'Hourtin, qui
aété mise
enrégénération la première, dès
1890,
présente
unerépartition des âges bien mieux équilibrée/proche de la normale. Cette répartition
est la suivante :
1à 20ans ilê 40ans 4ta00ans 60anset au-dessus
25,7% 32,15 °/0 10,15%/ 32°/0
Quelle peut être cette répartition des âges
pour l'ensemble des forêts de larégion landaise ? Répon¬
dre à cette
question, c'est
selancer dans l'arbi¬
traire. Hasardons
cependant
uneévaluation,
sons toutes réserves.On pourrait
envisager
:Peuplements Peuplements
en croissance exploitables Vides
î a 30ans 40 ans et au-dessus
Gironde. . 50 % 350/o 15«/o
Landes . . 48°/0 520 /o 50'0
Lot-et-Garonne ... 50°/o 300/0 200/0
Quant à la répartition des âges dans les forêts
du Sud-Ouest autres que
les forêts landaises, elle
est extrêmement confuse et
impossible à traduire
en
chiffres quelconques.
D'une
façon générale, les exploitations ligneuses
faites
jusqu'ici dans la forêt landaise n'ont
pasdé¬
passé la possibilité, même pendant les dernières
années de la guerre
et les années qui ont suivi
immédiatement, où lesexploitations ont été inten¬
sifiées. Cette forêt est donc dans une situation nor¬
male à cet
égard et différente de celle de l'ensem¬
ble des forêts
particulières françaises
pourlesquel¬
les les
exploitations dépassent la possibilité.
Il
n'y
a pastrès longtemps
quel'on
acommencé
dans la lande à abattre les
pins semés de 1858 à
1870 et
beaucoup sont
encore surpied.
(d suivre)
BULLETIN DE L'INSTITUT LU PIN — N° 32 - Août 1932
179
A i59
NÉCESSITE D'UNE COLLABORATtON entre Pays producteurs de Produits résineux
Par M. Pierre M Ali DIEU (*)
Président duSyndicat du Coii.meiceetdel'Industrie des Produits résineux Secrétaire général-membre
de la Fédération desSyndieats de Produits Résineux Français et de Bois de Pin des Landes
A. — Consommation.
Dans les
temps anciens,
on autilisé la Gemme,
ce «
liquide visqueux, brillant et clair
»qui s'écoule
de la blessure ou de l'entaille que
l'on fait
aux arbres d'essence résineuse ou conifères. Sansdoute, l'utilisation fut-elle
audébut
sommaire et très rudimentaire;mais,
peuà
peu,très lentement,
à mesure quela production de la Gemme était
or¬ganisée pratiquement, ordonnée, intensifiée, la
consommation — soit l'utilisation —s'éduquait, perfectionnait
sesméthodes d'emploi et
sedéve¬
loppait.
Il n'est
point exagéré d'affirmer
que,dans le
monde
entier,
onutilise aujourd'hui les dérivés de
la Gemme à des linsindustrielles, chimiques, phar¬
maceutiques, domestiques et même artistiques
dans certains cas.
Chiffrer, même approximativement l'importance
de cette consommationmondiale, c'est chose im¬
possible. On peut néanmoins
avancer, sanshésita¬
tion,
quecette consommation est vouée à
une aug¬mentation certaine et constante. En
effet,
on con¬naît
déjà
unvaste champ d'utilisations et de trans¬
formations des dérivés de la Gemme. Ce
champ prend cependant chaque jour plus d'extension
par suite deconceptions industrielles nouvelles
et de travauxtoujours plus avancés des chimistes.
En¬core faut-il admettre que
toutes les découvertes
ne sont pas
officiellement révélées et
quecertai¬
nes d'entre elles ne
parviennent
quelentement
dans le domaine
public, autant dire dans la prati¬
que.
Enfin, il est de
cesemplois consacrés
par des usageslocaux, qui absorbent
unequantité
(*) Communication faite au Congrès de la forêt et de ses indus¬
tries, Bordeaux, juin 1932.
plus
oumoins considérable
d'uneproduction ré¬
gionale,
sans quel'importance
ensoit
connue et quel'on ignore même complètement
endehors
du rayonoù cette coutume
se manifeste. C'est,ainsi,
parexemple,
quel'emploi
quel'on faisait
en Grèce de la Gemme pour
empêcher les vins
des'aigrir n'a jamais été très relaté
dans les au¬tres pays.
Il n'entrepas
dansle cadre de cette étude, qui doit
êtrerapide, de situer les principaux postes de l'augmentation de consommation
des dérivés de laGemme, augmentation dont
on nesaurait
nier laréalité, appuyée
surdes demandes
pardes
pays nouveauxconsommateurs
et des achats deproduits de catégories différentes
pardes
pays anciens consommateurs. Aussi bien doit-on recon¬naître que
la discussion à fond de cette question exige
uneconnaissance scientifique qui la réserve
à la
phalange des savants spécialisés. Elle n'est
doncenvisagée ici
que sous sonaspect économi¬
que.
Je
mebornerai à souligner à titre purement documentaire, quelques-uns des articles qui
sem¬blent de nature à soulever un intérêt
particulier.
Ea consommation du celluloïd en
augmentation
— à
chaque heure pourrait-on dire
—signifie be¬
soins intensifiés de
camphre. L'aire de production
ducamphre
estrelativement réduite, du moment qu'elle est cantonnée dans quelques îles de la
par¬tie
japonaise de l'Océan Pacifique et plus spéciale¬
ment dans l'île de
Formose, qui représente 75 %
de laproduction du Japon. Les essais d'acclimata¬
tion du
camphrier dans certaines contrées
del'Afrique Occidentale, de l'Australie, de l'Argen¬
tine, des Antilles, voire de la Sicile,
sansavoir net¬
tement
échoué,
nesemblent
paspermettre d'en¬
trevoir des résultats autrement que
modestes et
insuffisants. Laparticipation du camphre synthé¬
tique à l'industrie du celluloïd devrait
donc resterSur des
positions avantageuses
pourl'essence de térébenthine; et si momentanément
ce débouché semble réduitil y atout lieu d'espérer
queles labo¬
ratoires mettront
prochainement
aupoint
uneuti¬
lisation du
camphre synthétique donnant entière
satisfaction aux nécessités actuelles de l'industrie du celluloïd.Les huiles de
résine, dont l'initiale fabrication
est due à EtienneDive, pharmacien à Mont-de-
Marsan en1822, ont donné naissance à
une indus¬trie