fi4' 36. (Se Série)
7670
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Le Numéro.
BULLETIN
DE
France... 3{ 50 Étranger. 5f »
L'INSTITUT DU PIN
Sous le contrôle de l'Institut des Recherches agronomiques
et rattaché à la Faculté des Sciences de Bordeaux
3
S O M M AIRE
I. Articles originaux Bases
A I 57 Congrès de la Forêt et de ses industries.
Discussionsurlerapportde M1'0Barraud 265
A I 62 Le Commerce et l'Industrie du bois des Landes, par M. Paul Duboscq(fin) 271
C I 97 Effet Raman dans les composés terpéni-
ques. — Sur quelques terpènes mono¬
cycliques,parMM. G. Dupont, P. Daure,
J. Lévy (fin) 283
Pages C I 98 L'Essence detérébenthine,parM.Desalbres,
(à suivre) 287
II. Petite Documentation
D II 259-252 Petite Documentation.... 286
IWODE DE CUHSSÏFICRTION DE NOS DOCUMENTS
J
A. Généralités.
B. Récolte et traitement des résines.
C. Essences de térébenthine, terpènes etdérivés.
D. Constituants solides des résines et leurs dérivés.
I Articles originaux. —Il Documentation.
E. Dérivéschimiques dubois.
F. Cellulose de bois.
G. Documentsdivers.
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INSTITUT 1)11 PIN, Faculté ÔC5 ScignCCJ, 20, Cours Pasteur, BORDEAUX
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^BULLETIN
. DE
L'INSTITUT DU PIN
Sous le contrôle de l'Institut des Recherches agronomiques
et rattaché à la Faculté des Sciences de Bordeaux
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A i 57
CONGRÈS
DE LA
Forêt et de
sesIndustries
Discussion sur le rapportde MUe BÀRRAUD
A la suite de la publication dans le «Bulletin de
l'Institut du Pin » n° 31 de juillet 1932, n° 32 d'août 1932, de la communication faite au Congrès de la
Forêt et de ses Industries par MUe Barraud, chef
de travaux à l'Institut du Pin, nous croyons devoir,
à la demande de MM. Cargos et Bellini delle Stelle, publier la discussion suivante qui a suivi la lecture
du rapport de M1]a Barraud.
Discussion.
M. Cargos prend la parole et lit le rapport sui¬
vant :
Le 17 novembre de l'année dernière, à Mont-de- Marsan, à l'issue d'un compte-rendu d'expérimen¬
tation de son nouveau mode de gemmage, M.Bellini
delle Stelle indiquait que non seulement il était pos¬
sible de récolte.r de la gemme liquide et pure dans
un récipient fermé, mais aussi, en variant la com¬
position de la matière réceptrice protectrice, qui
forme l'une des bases essentielles de la nouvelle méthode, de traiter la gemme au fur et à mesure de son écoulement, par suite non altérée, et d'ob¬
tenir ainsi sur l'arbre même ces dérivés tels que
terpine, terpinéol, bornéol ou térébenthinates, déri¬
vés que l'on n'a obtenus jusqu'à l'heure que par le
traitement industriel de l'essence de térébenthine
ou des brais.
A cette indication M110 Barraud, en présence de
son maître M. Vèzes, fondateur de l'Institut du Pin,
a répondu de la manière la plus nette : « C'est anti¬
scientifique. »
Aujourd'hui, en conclusion du rapport qu'elle présente au Congrès de la Forêt, et pour répondre
au grief de M. P.-J. Lacoste, publiciste, que les étrangers utilisent la gemme et ses dérivés plus complètement que nous, parce que leurs labora¬
toires sont orientésplutôt vers des études à but pra¬
tique que vers le développement de la science pure, prenant la défense de l'Institut du Pin, elle publie
« qu'il ne faut pas que les Landais s'endorment à
nouveau sur des promesses comme celles faites ré¬
cemment par une Société landaise financière, qui
réaliserait trop facilement sur l'arbre même, réac¬
tions chimiques et préparations industrielles ».
L'autorité qui s'attache au nom de l'Institut du
Pin et à celui de M1Ie Barraud, son chef de travaux,
ne me permet pas de laisser sans protestations, une telle allusion, susceptible de porter un préjudice
matériel à des intérêts dont j'ai la charge.
J'ai en effet pris la responsabilité de patronner,
dans la région landaise, M. Bellini delle Stelle, et
de représenter lesintérêts landais, dans la « Société
landaise pour l'amélioration du gemamge », Société
anonyme au capital de 1 million 500.000 francs, qui
s'était créée pour exploiter, après adaptation, de
nouveaux procédés de gemmage.
Convaincu de l'imperfection de notre méthode
1
266 BULLETIN LE L'INSTITUT DU PIN — N° 36 - Décembre 1932
actuelle, qui exige un travail de l'homme trop im¬
portant pour récolter un produit trop impur, j'ai participé avec quelques amis, à la constitution de cette Société landaise, mais non sans avoir publi¬
quement déclaré, en annexe au rapport du Com¬
missaire aux comptes, les conditions de cette par¬
ticipation.
M. Bellini est, en effet, ingénieur italien, et il ne nous a pas appartenu d'intervenir dans la forme même donnée à l'expérimentation ou à l'exploita¬
tion de ses brevets.
Nous avons simplement « entendu contribuer par
une subvention à l'expérimentation et à la mise au
point d'un nouveau procédé de gemmage », suscep¬
tible de résoudre la crise résinière.
Et chacun des 74 propriétaires de la région lan¬
daise, qui ont souscrit tous ensemble moins de 20'0.0'00 francs, et dont plusieurs sont ici présents, peut affirmer que c'est bien ainsi qu'il a été appelé
à participer à la formation du capital de la S.L.A.G.
et non sur de trop belles promesses comme celle d'obtention du camphre sur le pin lui-même.
©'ailleurs, les représentants landais au Conseil,
mes amis Bordes, Hazera et Salefran, et moi-même, n'avons-nous pas fait conserver à la S.L.A.G. tous les caractères de fait d'une Société d'études ?
Le reproche qui nous est fait aparaît d'autant
moins jutifié qu'il émane d'un dirigeant de l'Insti¬
tut du Pin, que nous avons pu subventionner les
uns ou les autres au même titre.
Nul de nous n'a jamais mis en doute le parfait
désintéressement des 24 membres de cette Associa¬
tion privée, qui, pour aider financièrement les étu¬
des entreprises dans le Laboratoire des Résines, qu'ils patronnaient, ont cru eux aussi, devoir re¬
courir à la forme commerciale etmonter le 7 novem¬
bre 1922, une Société anonyme, la « Société d'Etu¬
des et d'Applications pour le progrès de l'Industrie résinière », qui exploite en fait, financièrement, les brevets de l'Institut du Pin.
Nul de nous non plus n'aurait eu la pensée d'ap¬
peler « Société Landaise Financière » cette Société, qui cependant profite, dans une certaine mesure, des subventions faites à l'Institut du Pin, parl'Etat,
les départements et les particuliers, dont nous- mêmes.
Ce n'est pas la promesse d'un dividende de 5 %
et du droit aux 20% des super-bénéfices, qui a fait
souscrire les membres de l'Industrie du Pin à la
« Société d'Etudes et d'applications pour le progrès
de l'Industrie résinière ».
Ce n'est pas davantage les perspectives boursiè¬
res qui nous ont attirés, parfois les mêmes, plu¬
sieurs actionnaires sont communs aux deux Socié¬
tés, dans la Société landaise pour l'amélioration du gemamge.
Les uns comme les autres, nous avons entendu encourager la science mise au service de l'exploita¬
tion industrielle de nos forêts de pin, mais en ac¬
cordant nos subventions, nous entendons avoir aussi avoir le droit de demander aux savants, de
nous apporter avant tout des résultats pratiques.
M. Dupont croit devoir répondre lui-même à M.
Sargos, puisque les observations de celui-ci s'adres¬
sent davantage à l'Institut du Pin qu'à M11" Bar-
raud. Il reconnaît bien volontiers l'intérêt que pré¬
sentent, pour le pays, les recherches de M. Bellini delle S telle touchant à la récolte de la gemme.
L'Institut du Pin n'a jamais ménagé son aide à
la « Société Landaise pour l'amélioration du gem¬
mage », mais il pense que l'on ne saurait faire un
grief à MUe Barraud d'avoir donné un avis sur des affirmations à allure scientifique, qui ont fait un certain bruit dans le public, et que M"1 Barraud et lui-même jugent pour le moins prématurées.
M. Bellini delle Sicile lit à. son tour la communi¬
cation suivante :
C'ést avec regret que je sors de mon silence ha¬
bituel et parce que cette fois je suis obligé de ré¬
pondre officiellement à une attaque, qui est la répé¬
tition de celle déjà faite verbalement par le Chef
de Travaux de l'Institut du Pin.
La première fois je me suis limité à répondre
verbalement aux déclarations un peu trop amères,
faites par M"0 Barraud le 17 novembre 1931, à Mont-de-Marsan, après avoir assisté à une démons¬
tration pratique de mes procédés de gemmage .
Aujourd'hui, je lis dans le rapport que M110 Bar¬
raud présente à ce Congrès, une phrase à laquelle
mon ami, M. Sargos, a d'ailleurs déjà répondu en
expliquant la situation; je veux parler de la partie
concernant « une Société landaise financière ».
Ce qui me concerne à moi personnellement est la partie qui provient de moi-même, la partie tech¬
nique, c'est-à-dire celle qualifiée par Mlle Barraud
d'« antiscientifique », et qu'elle décrit comme « une
promesse de Société financière ».
BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN — N°36 - Décembre 1932 2(37
Dans ces conditions, je répète encore que le fait
de soumettre le produit de mes procédés de gem- mage des pins, au fur et à mesure de son écoule¬
ment ou après sa récolte à l'action d'une matière
réceptrice appropriée, présente dans ses effets une vérité incontestable. Je pourrais vous reporter à
l'un de mes brevets, qui n'a pas encore été publié,
où j'explique la technique du traitement de la gem¬
me éphémère, directement à l'arbre.
Mais, m'objectenez-vous, « avez-vous séparé ces produits » ? Une simple distillation nous permet d'obtenir, sans autre intervention, lin ensemble de
produits et non de l'essence de térébenthine et de la colophane seulement. Ces produits sont : le ter¬
pinéol, la terpine, les terpènes (terpinolène), dipen- tène, etc.) et enfin encore de l'essence de térében¬
thine et de la colophane. Le mécanisme est analo¬
gue à celui de la distillation de la gemme non trai¬
tée, sauf le fonctionnement de ces produits.
Si on compare l'obtention de ces produits à ceux des procédés industriels, la production de ces réac¬
tions est, et doit être très lente et incomplète; elle
est en raison de la surface de contact de la gem¬
me et de la matière réceptrice, qui ne sont pas mi- cibles, ni agitées, la surface de réaction étant ici limitée à celle de séparation, et l'ensemble étant soumis à la lumière et à la température ambiante.
D'autre part, dans ce cas, nous n'avons pas affai¬
re à un mélange de pinène ou à de l'essence de térébenthine, mais à lin mélange de tous les corps contenus dans la gemme.
Je me permets de donner ici, le mécanisme de la réaction qui n'est autre en partie qu'une réaction
connue, qu'il s'agisse de gemme mère ou non.
.(ponig_|_2H2()--C10H18(OH)2 : terpine.
puis CïOHistOHP^IDO+fffOfDsO : terpinéol.
La terpine formée au contact de la solution est transformée assez rapidement en terpinéol, puis ce dernier en terpènes. Cette dernière transformation, malgré le contact constant de la matière réceptrice,
ne paraît pas très considérable en raison sans dou¬
te de la température, où se passe cette réaction et à la faculté qu'a le terpinéol de pouvoir se disper¬
ser dans la masse contrairement à la terpine.
C'est sans doute par ce mécanisme que se renou¬
vellent les surfaces en contact; le contenu des réci¬
pients peut d'ailleurs être agité à chaque pique.
Les fractions formées se répartissent dans la
masse et renouvellent de la sorte la surface de con¬
tact, diihinuant ainsi de plus en plus la concentra¬
tion en matières actives. D'où naturellement dé¬
croissance progressive de la vitesse de réaction.
Mais nous ne nous préoccupons pas de la vitesse de réaction, car, spécialement dans les Landes, le
ravivage d'une carre, qui dans nos procédés produit
un écoulement pendant 48 heures est fait tous les 5 ou 6 jours, et la gemme est laissée dans le réci¬
pient de récolte jusqu'à ce qu'elle soit arrivée à
une quantité sensible, à peu près demi-litre, ce qui prend au moins 50 à 60 jours.
Mais si on le veut, on peut obtenir une plus grande vitesse de réaction par un simple dispositif agitateur qui est automatiquement et de temps en
temps, mis en mouvement par le vent...
En tout cas, en récoltant les produits obtenus du pin, de la manière ci-dessus, îa terpine restant dans le mélange térébenthine-gemme, peut être séparée
de la colophane à la distillation complétée par un courant de vapeur d'eau, vers 140° (nécessaire aus¬
si à la distillation de la gemme non traitée). 11 est de même du terpinéol.
Ici, la formation du terpinéol n'est certainement pas technique et vraisemblablement des conditions meilleures de réactions en augmenteraient sans nul doute le rendement, mais l'intérêt de cette façon,
étant si vous le voulezmême antiscientifique, réside
dans la formation sans frais de ces produits.
Il n'y a pas besoin de matière réceptrice coûteuse,
car dans notre cas nous avons besoin de solutions très peu concentrées. La quantité de matière récep¬
trice n'est certainementpas telle qu'elle puisse ren¬
dre notre procédé non praticable, lequel n'a pas de
raison de ne pouvoir se matérialiser industrielle¬
ment.
M. Dupont répond àM. Bellini en insistantà nou¬
veau sur le très grand intérêt qu'il voit dans ses
expériences de gemmage. Mais il ne croit pas, pour
sa part, à la fabrication pratique dans les bouteilles (qui contiennent en réalité un mélange de 30 % d'essence de térébenthine et de 70 % de résine) de dérivés chimiques : camphre, bornéol, terpine, que l'industrie a beaucoup de peine à extraire dans des conditions bien étudiées et soigneusement réalisées,
à partir d'essence pure.
*
**
A îa suite de cette intervention, M. Bellini écri¬
vait, le 25 juin, à M. Dupont, les lignes suivantes :
268 BULLETIN DU L'INSTITUT BU PIN — N° 86 - Décembre 1932
...Lorsdu Congrèsde la Forêt, le 20 courant, vous
avez bien voulu répondre à l'une de mes observa¬
tions sur le rapoprt présenté par Mlle Barraud, chef
de travaux de l'Institut du Pin, et je crois avoir conipris que vous terminiez en disant « que vous
ne croiriez à mes affirmations concernant l'obten¬
tion à l'arbre des produits de la térébenthine, que
lorsque je vous apporterais des flacons scellés par les Officiers des Eaux et Forêts, et contenant bor- néol et camphre ».
Je me permets de rappeler votre attention sur
l'exposé que j'ai fait au Congrès même, et où je ne fais pas du tout mention du bornéol ni du cam¬
phre, mais où je rne borne à parler exclusivement
de l'obtention de la terpine et du terpinéol...
Je suis obligé d'affirmer, pour éviter tout malen¬
tendu, que je n'ai jamais dit avoir obtenu le bor¬
néol et le camphre, de la gemme, directement à l'arbre; bien que rien ne soit impossible à la scien¬
ce, et que le jour puisse très bien venir, où l'on
obtiendra ces deux produits d'une façon plus éco¬
nomique et plus industrielle que celle par laquelle
ils sont obtenus actuellement(1).
Etc...
/i celte lettre. M. Dupont répondait le 27 juin :
...J'espère que le petit incident de l'autre jour
ne troublera pas nos relations, car vous savez que pour vos essais touchant à la récolte de la gemme,
vous pouvez compter sur tout mon appui.
Je vous ai dit, et j'ai toujours dit que votre appareil de gemmage me semblait extrêmement intéressant, et que j'espérais bien que vous arrive¬
riez à un résultat économique satisfaisant.
La critique qui était faite dans le rapport de
M"° Barraud et que je lui ai d'ailleurs fait suppri¬
mer dans son exposé oral était relative aux trans¬
formations que vous, ou M. Sargos prévoyiez pos¬
sibles dans la bouteille même.
Je continué à juger qu'il est dangereux de pro¬
mettre des résultats dans ce sens, aussi bien pour la terpine et le terpinéol, que pour le bornéol et le camphre, avant d'avoir obtenu des promesses de
résultats...
Je vous prie...
Visant la dernière phrase de cette lettre, M. Bel- Uni répondait le 3 septembre :
N.D.L R. —On doitremarquertoutefoisqueM. Sargos parlait dansses observations deterpine terpinéol, bornéolet«térébenthinates>.Laréponse de M.Dupont était'donc justifiée.
...C'est moi personnellement qui, depuis trois
ans, ai vu la possibilité de traiter la gemme au fur
et à mesure de son écoulement, pour en obtenir un
produit contenant en lui-même la gamme de tous
les corps qui sont produits jusqu'à présent, dans
l'industrie en partant (après distillation de la gem-
< me et fractionnement de l'essence), de certains constituants de l'essence de térébenthine et de la colophane.
■ Je dois rappeler que je n'ai jamais parlé publi¬
quement ni de bornéol ni de camphre au point de
vue industriel, et je nie rapporte pour cela à la let¬
tre que jè vous ai adressée le 25 juin et à la note
que j'ai lue au Congrès. Mais j'ai affirmé, et cette
fois-ci je vous confirme mes affirmations, même si
vous continuez à les juger dangereuses, qu'il est possible d'obtenir la transformation de certains
constituants de la gemme soit au fur et à mesure de son écoulement, soit après sa récolte, en pro¬
duits de valeur majorée, tels que par exemple la terpine et le terpinéol.
Je suis obligé d'ajouter aussi que, contrairement
aux prévisions et aux objections crue Mlle Barraud
a faites à maintes reprises, et que vous avez soute¬
nues, il n'est pas si difficile, comme on peut le
croire à priori, de séparer ces éléments.
M. Dupont a répondu le 13 septembre à M. Bel-
Uni par une lettre de laquelle nous extrayons les
passages suivants :
...Je ne crois pas que l'on puisse reprocher à
Mlle Barraud d'avoir., dans la phrase incriminée, dépassé ses droits cle critique scientifique, car il s'agit d'affirmations à allure scientifique qui ont
été répandues dans le public et sur lesquelles on
nous demande très fréquemment notre avis. Nous
avons toujours dit que votre procédé de récolte de
la gemme était théoriquement très intéressant et particulièrement votre appareil de gemmage, que
nous avons le vif espoir de voir donner rapidement
des résultats économiquement satisfaisants. Mais beaucoup d'intéressés nous posent trois questions
au sujet des quelles nous ne pouvons que faire les plus extrêmes réserves :
1° Que pensez-vous de l'anti-coagulant ?
2° Que pensez-vous de la gemme éphémère ?
3° Pensez-vous que l'on puisse tirer des produits
valorisés, camphre, éthers résiniques, terpine, ter¬
pinéol ou autres, des bouteilles ?
A ces questions qui nous sont, je le répète, très
BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN — N° 36 - Décembre /. '7 269
souvent posées, puisqu'elles correspondent à des espoirs largement répandus dans le public, je crois
devoir répondre comme suit :
1° En ce qui concerne Vanti-coagulant, on peut
concevoir son action mais je n'en vois pas l'utilité,
car la gemme récoltée à l'abri de l'air et de l'eau
ne se coagule pas : je puis d'ailleurs montrer un flacon de gemme récoltée il y a dix ans dans les Landes, par le procédé Gilmer, et dont le contenu n'est pas coagulé (1).
L'agent de coagulation de la gemme paraît être
surtout Veau. Nous avons montré par des études de
laboratoire que la plupart des acides résiniques ne
cristallisent bien, en effet, qu'à l'état d'hydrates.
Si l'on empêche l'eau d'entrer dans la bouteille ou
l'hydrate de se former, on doit empêcher la gemme de cristalliser.
En ce qui concerne la deuxième question : Que
pensez-vous de la gemme éphémère, je ne puis que
répondre ceci : j'ai plusieurs fois, et personnelle¬
ment, ouvert des carres Gilmer dans des arbres et recueilli à l'abri de l'air, la gemme s'écoulant de
l'arbre. J'ai, aussitôt après l'écoulement (moins de vingt minutes après l'ouverture de la carre) pris la
gemme écoulée et en ai déterminé à froid, en solu¬
tion alcoolique, l'acidité. Cette acidité était celle de la gemme ordinaire ramenée à la même teneur en essence de térébenthine : donc les acides résiniques préexistent (acides primaires) dans la gemme qui
s'écoule de la carre : celle-ci est une solution d'aci¬
des résiniques dans l'essence de térébenthine.
En deuxième lieu, si l'on étudie, comme l'ont fait
nos collègues MM. Devaux et Bargues, la nature de
la gemme dans l'arbre lui-même, on voit que dans
le canalrésinifère, cette gemme est déjà acide, com¬
me à sa sortie sur la carre. Dans la cellule résino-
gène voisine du canal, les gouttelettes de résine
sont au contraire neutres. C'est donc dans ces cel¬
lules résinogènes que doit se trouver la matière mère de la résine, matière que vous pouvez appeler
si vous le désirez « gemme éphémère », et elle se
transforme en gemme dans la traversée des parois
du canal résinifère et non au moment de son écou¬
lement à l'air. A partir de la matière-mère, s'il était
possible de l'extraire de l'arbre sans transforma¬
tion, on pourrait peut-être espérer retirer par une (1) M. Bellini m'avant répondusur ce pointquenotre gemme nes'était pascoaguléeparcequ'elle avait été chauffée, je puis vous garantir qu'il n'en n'est rien, et que notre gemmeestbien restée telle qu'elle avait été récoltéesurl'arbre à l'abri de l'air.
orientation convenable, de la réaction biologique,
une production plus abondante d'essence, mais je
dis que l'on ne peut pas plus espérer transformer
en essence les acides résiniques de la gemme récol¬
tée que la colophane elle-même.
Jusqu'ct preuve scientifique du contraire, pour moi, donc, la gemme qui s'écoule de vos bouteilles
est analogue à celle qui s'écoule dans les pots Hu- ghe; elle est plus pure, moins oxydée, plus riche en
essence puisque l'on a évité l'évaporation impor¬
tante de celle-ci sur la carre, mais les deux gem¬
mes sont constituées par une solution d'acides rési¬
niques primaires en (C20H30O2) dans l'essence de térébenthine (C10H18) et je ne crois pas pouvoir
admettre que par un catalyseur quelconque, on
puisse y changer la proportion naturelle d'essence
et de colophane.
Enfin, au sujet de la troisième question :
Que pensez-vous des synthèses possibles dans les bouteilles ?
Je tiens encore ici à préciser ma pensée. L'es¬
sence de térébenthine préexistant dans la gemme des bouteilles peut évidemment se prêter sur place
à des réactions. Je ne pense p-as que vous puissiez
y faire du bornéol et du camphre, et puisque vous
me dîtes n'en avoir pas parlé, j'en prends volontiers
acte. Je ne pense pas non plus qu'il soit possible
de fabriquer des éthers résiniques, car nous sa¬
vons les conditions difficiles à réaliser, pour obte¬
nir ceux-ci, à partir de la colophane.
Quant à la terpine, il est évidemment possible
d'en obtenir dans les bouteilles (2), puisqu'il suffit
pour cela de mettre dans celles-ci, un hydratant
comme l'acide sulfurique dilué : on obtiendra cer¬
tainement ainsi, dans des conditions évidemment bien plus défavorables que celles de l'usine, un magma qui pourra contenir une certaine quantité
de terpine. Mais je ne pense pas que ce soit là sé- rieuseemnt l'idée que vous avez eue : traiter, pour avoir la terpine, non pas l'essence pure, dans des
conditions minutieuses, comme on le fait à l'usine, mais un mélange brut, contenant 30 % d'essence dans des conditions de température et d'éclairage
très variables et indépendants de l'opérateur, puis
retirer de ce mélange complexe le produit ! Par quel procédé compliqué ? L'idée que nos corres¬
pondants avaient, était plus brillante : vous devez
(2) Et j'ajouterai ici,aussibien quedans le potHughes d'ailleurs.
270 BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN — N° 36 - Décembre 1932
transformer directement la gemme éphémère, par l'action d'un catalyseur convenable avec un haut rendement en dérivée de l'essence de térébenthine.
...Evidemment, si la matière-mère de la gemme était isolée, comme semblait l'indiquer la désigna-
lion de gemme éphémère, de tels espoirs seraient permis, mais, je le répète, jusqu'à présent, cette matière-mère n'existe, d'après les travaux de De-
vaux et Bargues, que dans la cellule résinogène et
ce n'est pas celle que vous récoltez dans vos bou¬
teilles. Voilà pourquoi je ne crois pas à la possibi¬
lité pratique des réactions dont vous parlez.
Je ne demande d'ailleurs qu'à m'inçliner et à
vous applaudir chaleureusement si je me suis trompé.
Veuillez...
Note additionnelle de M. Dupont.
Pour terminer, et j'espère clore cette discussion, je tiens à dire que je désire ardemment que l'on ne
regarde pas mon intervention comme une attaque
et une critique à la Société Landaise pour l'Amé¬
lioration du gemmage. J'ai, dès le début, et en par¬
ticulier dans une des séances inaugurales dont M.
Sargos m'avait fait l'honneur de m'offrir la prési¬
dence, affirmé le très grand intérêt que présentait
pour moi, le but poursuivi par cette Société.
La récolte par le procédé ordinaire laisse s'échap¬
per en pure perte, un tiers de l'essence de térében¬
thine contenue dans la gemme. La récolte à l'abri
de l'air doit supprimer cette perte. Le dispositif
de gemmage étudié par M. Bellini est extrêmement ingénieux, et je lui souhaite de tout cœur une
prompte et pleine réussite.
Nous savons trop les grosses difficultés que l'on
a, dans notre pays landais, à grouper les bonnes volontés, pour ne pas féliciter pleinement M. Sar¬
gos de son effort désintéressé et méritoire; mais, il voudra bien, ainsi que M. Bellini, m'excuser d'avoir, en raison même de l'intérêt que je porte à
leur œuvre, et du patronnage qu'ils ont bien voulu
me demander pour elle, précisé, ici, ma façon de
voir au sujet d'espoirs à allure scientifique, que je juge pour le moins prématurés, et qui risqueraient
de déconsidérer leur œuvre.
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BULLETIN 1)E L'INSTITUT BU PIN — N°36 - Bécembre W32 271 A i 62
LE COMMERCE
ET
L'INDUSTRIE
duBOIS
desLANDES"
Par M. Paul DUBOSCQ
Président du Syndicat des Exportateurs de Poteaux de Mines du PortdeBordeaux et deses Annexes
(suite etfin)
Les Moulures.
La fabrication des moulures pourles installations électriques est du ressort des scieries fixes; elle remonte à plus de quarante ans. Tout le monde
connaîtces moulures d'unprofil spécialdont l'usage
s'est si complètement généralisé.
Elles se composent de deux parties se clouant
l'une sur l'autre, la première comportant des rainu¬
res dans lesquelles sont logés les fds électriques, la
( deuxième ayant un profil variable et venant se clouer sur la précédente pour couvrir les fils.
Il existe une trentaine de profils courants ayant jusqu'à 15 centimètres de largeur et pouvant rece¬
voir des fils jusqu'à 30 millimètres de diamètre.
Le pin des Landes « sans nœud » a été choisi, dès le début, dans cette fabrication, alors que certaine opinion se manifestait en faveur du sapin d'impor¬
tation. Mais la préférence s'affirma vis-à-vis du bois de pin, d'abord en raison de son prix plus
accessible que celui des qualités similaires de sapin, puis, et surtout par égard pour la capacité de durée,
de résistance à l'humidité, d'isolement au point de
vue électrique que le bois de pin doit à la présence
de la résine en proportions plus fortes.
A l'heure actuelle, les moulures pour canalisa¬
tions électriques en pin des Landes sont employées
en France et aux Colonies en quantités considéra¬
bles, de préférence aux moulures en sapin ou pin
d'autres provenances.
La fabrication étant répartie entre de nombreuses usinesquin'entretiennent entre elles aucun rapport,
il est difficile d'indiquer des chiffres précis sur l'im¬
(*) Voir Bulletins n°s34, 35 1932.
portance de cette fabrication au point de vue de nos bois.
On peut estimer toutefois,approximativement, que les fabricants de la région du Sud-Ouest consom¬
ment actuellement environ 10.030 mètres cubes de bois de pin sans nœuds et qu'il est expédié de cette région, environ 3.000 mètres cubes à des fabricants d'autres régions dont la fabrication estabsorbée par la clientèle locale.
De ce qui précède, on peut déduire que la situa¬
tion présente de la scierie n'est point telle que la justifient l'importance et la valeur de la production
de la forêt landaise; mais on doit et l'on peut affir¬
mer nettement que, malgré les difficultés qui décou¬
lent d'un ralentissement des affaires, l'existence des usines fixes dans les Landes deviendrait infiniment moins précaire, si ;
D'une part, le contingent des frises pour parquet,
en provenance des Pays du Nord ou de l'Europe
Centrale se trouvait sensiblement réduit, et si, d'au¬
tre part, les Réseaux de chemins de fer consentaient enfin à accepter les projets de tarif dégressif, qui permettrait à nos parquets et à nos caisses de retrouver leur écoulement dans la France entière.
— UTILISATIONS DIVERSES
Emballages.
Le Bois du Pin maritime se prête fort bien à la fabrication des emballages. On a vu, plus haut, l'im¬
portance de l'industrie de la caisse; il convient d'examinerégalement les autresgenres d'emballages qui alimentent ou peuvent alimenter l'activité de la scierie du Sud-Ouest.
En pays landais, il est rationnel de réserver la
première place à l'emballage pour les produits rési¬
neux. La fabrication du fût pour le transport des
brais et des colophanes est véritablement d'une grande importance. On peut, en effet, estimer au moins à 250.000 le nombre de fûts nécessaires aux
usines des départements des Landes, du Lot-et-Ga¬
ronne, de la Gironde. Encore ne parlons-nous que des fûts de 400' kilos. Mais on ne saurait ignorer
que certaines firmes utilisent pour les livraison au Commerce de demi-gros des fûts de 100 et 200 kilos.
C'est principalement dans la catégorie de plan¬
ches dites « voliges » que l'on trouve les éléments