r*o 37. Paraissant le 15 dechaquemois. 15 tJciift 1927.
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France. .. 35 fr.
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Adresserlemontant des Abonnementsàl'Institut
Le Numéro.
duPin.— C.C. Bordeaux 9237
BULLETIN
DE
L'INSTITUT du
France... 3f50 Etranger. 5f «
Sous le contrôle de l'Institut des Recherches
agronomiques
et rattaché à la Faculté des Sciences de Bordeaux
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SOMMAI RE
Pages I. Articles originaux
C I 33 Utilisation du bois de Cèdre. Produits dé¬
rivés, Pierre Buffault 129 B I21 Le Système Sécréteur oléo-résineux du
pin maritime, H. DevauxetA.Barques 131
C I 34 Isomérisation du Nopinène en pinène pré¬
paration synthétique de l'-a- pinène
gauche, G Austerwel 143
E I 9 Action des Catalyseurs sur la distillation du bois, G. Dupont et R. Lascaud... 145
II. Documentation
Pages
B II G Sur le procès de l'écoulement dela téré¬
benthine de quelques espèces de la 137 famille des Conifères, A. Arbouzoff..
B II 7 Sur la composition de la térébenthine du Pinus fpivestris, A. x\rbouzoff 140 E II 56 Théoriesur le mécanisme et lapréserva¬
tion du bois 151
-J
JVIODE DE CliHSSIFICATION DE NOS DOCU|WERTS
A. Généralités.
B. Récolte et traitement des résines.
C. Essences de térébenthine, terpènes etdérivés.
D. Constituants solides des résines et leurs dérivés.
E. Dérivéschimiquesdubois.
F. Cellulose de bois.
G. Documents divers.
Adresser la Correspondance :
INSTITUT DU PIN, Facilité ÔCS Science, 20, Cours PastCUT, BORDEAUX
Le Directeurtechnique reçoitles lundi etmercredide 15 heuresà 19 heures.
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fi° 37. Paraissaîd le.15 de chaque mois. 15 Juin 1927.
BULLETIN
DE
L'INSTITUT DU PIN
Sous le contrôle de l'Institut des Recherches agronomiques
et rattaché à la Faculté des Sciences de Bordeaux
C. 1. 33 GENERALITES
Utilisation du Bois de Cèdre
PRODUITS
DÉRIVÉS
Par Pierre Buffault Conservateur des Eaux et Forêts
L'Institut du Pin a procédé, sur du bois de cèdre provenant du Maroc, à des analyses qui ont mon¬
tré que l'on peut obtenir de ce bois, par distillation,
une essence très intéressante comme succédané de l'essence de santal et un goudron également inté¬
ressant. En outre, ce bois peut fournir une très
bonne pâte à papier.
Voici ce qu'en disent MM. Dupont et Soum, dans
un mémoire intitulé « Recherches sur l'utilisation de quelques bois marocains ».
« En dehors de son bois lui-même, le cèdre peut donner, par distillation, un charbon léger et friable,
et un goudron abondant et fluide, assez utilisé au Maroc pour ses propriétés antiseptiques et médi¬
cales, et qui a fait l'objet de plusieurs études de
M. Massy. (Rapport au 4eCongrès de Chimie indus¬
trielle.)
» Les qualités particulières de ce goudron sont
dues à la présence dans le bois de cèdre d'une assez forte proportion d'une essence constituée surtout
de sesquiterpènes et d'alcools sesquiterpéniques.
» Cette essence de cèdre semble, par suite de ses usages pharmaceutiques, constituer le produit le plus intéressant que l'on puisse extraire actuelle¬
ment de ce bois. »
M. Dupont a obtenu un rendement en essence de 4,75 %, en traitant le bois à l'autoclave avec de la soude, en vue de la fabrication de pâte de cellu¬
lose. Ce rendement est supérieur à celui obtenu par distillation d'eau sur les sciures de bois de cèdre.
D'autre part, la pâte à la soude, obtenue comme il vient d'être dit, est très belle et a fourni un ren¬
dement de 48,7 %, rendement élevé dû ià la teneur
assez faible du bois en lignite.
En conclusion, MM. Dupont et Soum conseillent l'emploi du bois de cèdre par l'une ou l'autre des
deuxméthodes suivantes :
« 1° Fabrication de pâte à la soude avec ré¬
colte de l'essence de cèdre dégagée par l'opération;
» 2° Distillation sur place du bois pour produire
du goudron et du charbon. Ce charbon et ce gou¬
dron serviront, d'une part, à la fabrication d'agglo¬
mérés pour gazogènes à moteur, tandis que les
huiles extraites du goudron pourront servir aux usages actuels du goudron de cèdre et, en généra],
de l'huile de cade ou, après épuration, comme sol¬
vant industriel de vernis ou encaustiques. » Le Rulletin de l'Institut du Pin n° 11, d'avril 1925, a donné une intéressante étude de M. le phar¬
macien-major Massy, sur les produits susceptibles
d'être tirés du cèdre et, notamment, sur l'essence
du bois et l'essence des feuilles. Le même auteur, dans une Notice publiée par la revue
mensuelle
« Maroc-Médical », conclut que « l'essence de cèdre apparaît comme un succédané de choix de
l'essence
de santal ».
L'emploi du cèdre dans les
reboisements des
Alpes de (Provence a été depuis longtempspréco¬
nisé par Demontzey. Les
résultats obtenus
aveccette essence dans le Vaucluse et, en particulier,
sur les flancs sud du mont Ventoux, sont absolu-
130 BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN — N° 87 -Juin 1927
ment concluants et réalisent, ainsi que l'écrit M. le
conservateur des Eaux et Forêts Salvador, dans sa
remarquable étude sur « Le reboisement des Alpes
méridionales au point de vue économique » (Con¬
grès forestier international de Grenoble, 1925), « le plus important et le plus bel exemple d'enrésine-
ment par le cèdre de l'Atlas que l'on puisse obser¬
ver en France ». M. le conservateur des Eaux et Forêts Chaudey recommande aussi le cèdre parmi
les essences â introduire sur les plateaux calcaires
de l'Ardèche. Il semble que l'on commence à don¬
ner à cette essence, dans les reboisements de cer¬
taines parties du bassin du Rhône, une place plus grande qu'on ne l'a fait jusqu'ici. Et c'est justice.
Nous l'avons recommandée aussi pour la reforesta-
tion des mauvais calcaires crayeux du Périgord et
de l'Agenais. (« Le reboisement des terrains cal¬
caires dans le Centre-Sud », Congrès agricole de Périgueux, 1923, et Congrès forestier international
de Grenoble, 1925.)
En présence des résultats obtenus sur le bois de
cèdre du Maroc pour la production de l'essence, du goudron et de la cellulose, il était intéressant de
savoir si l'on peut en obtenir de même ordre avec le bois des cèdres crûs en France.
M. Dupont, directeur technique de l'Institut du Pin, a bien voulu, sur notre proposition, accepter de faire procéder à des analyses de bois de cèdre
de France. Grâce à l'obligeance de nos camarades
forestiers des Conservations de Nîmes et d'Aix, l'Institut du Pin a reçu troiséchantillons de bois de
cèdre provenant l'un d'Alzon (Gard) (arbre de
2 mètres de tour et de 68 ans d'âge); l'autre, des
environs de Carpentras (arbre de 62 ans); le troi¬
sième, de Lanuéjols (Lozère) (jeune sujet).
Les résultats de l'analyse sont les suivants : DOSAGE D'ESSENCE
Echan*
tillon Provenance
Partie de l'arbre
Nombre de couches annuelles comptées
Diam.
cm.
Humi¬
dité
Essence
°/obois
sec
%bois
brut
1.9 2.1 0.05 1
2 3
Gard
Carpentras
Mende (Lozère)
tronc tronc cîme
53 40 35
66 30 18
25.0 16.3 49.5
2.7 2.4 0.1
CARACTERISTIQUES DES ESSENCES
Echantillons d'essence
Indices Rotation
sur 100m/m
nf
18°V aj av1 2
1.493 1.502
1.489 1.499
32°.90 36°.24
A ces résultats, M. Dupont ajoute les commen¬
taires suivants :
« Le rendementen essence est de 2°/o environsur- ces échantillons, mais sur un échantillon du Maroc
nous avons obtenu 48,7 % de cellulose facile à blan¬
chir; les fibresdes échantillons ci-dessus sont moins longues que celles de l'échantillon marocain.»
Le rendement en essence est de 2 % environ, par rapport aubois brut, pour le bois de tronc; cela
est évidemment moindre que le rendement en es¬
sence des vieux troncs que l'on rencontre au Maroc,
mais pourrait être toutefois intéressant, étant don¬
né le prix de l'essence de cèdre, si ce traitement
était fait dans une usine à papier qui utiliserait le produit de l'action de la soude pour faire de la pâte. L'utilisation du bois de cèdre, s'il pousse bien
et rapidement en France, me paraît intéressante
dans ce sens.
Ajoutons que le bois brut de cèdre cru en France
a déjà par lui-même une notable valeur, puisque
l'échantillon n° 1 examiné par l'Institut du Pin provient d'une arbre dont l'exploitant demandait
le prix de 306 francs le mètre cube sur place.
Il y adonc de multiples raisons pour employerle
cèdre dans les reboisements,, partout où les condi¬
tionsde sol et de climat conviennent à cetteessence, et l'on doit lui faire une large place dans la vallée
du Rhône et sur les calcaires du Sud-Ouest. La dis¬
tillation de son bois est encore une de ces réalisa¬
tions qui nous affranchiraient d'une partie de nos
onéreuses importations.
Pierre Buffault.
Conservateur des Eaux et Forêts.
BULLETIN DE L'INSTITUTDU PIN — N° 3? - Juin 192? 131 B. I. 21
LE
SYSTÈME SÉGRÈTEUB OLËO-BÈSI1EDI
DIT PIN" MARITIME
Par
H. Devaux el A. Bargues
Il est admis, comme une notion banale, que la
sécrétion de l'oléo-résine, chez les pins, a lieu exclu¬
sivement dans les canaux sécréteurs, et il ne vien¬
drait à personne l'idée qu'elle pût se faire ailleurs.
Aussi n'est-ce pas sans surprise que, à l'occasion de
la préparation d'un cours sur la Conservation des bois (1), l'un denous a vu que la sécrétion résineuse,
Fig, 1. — Schéma de l'ensemble de l'appareil sécréteur du pin. considéré dans une tige de 2 ans. La coupe a été colorée au Soudan III, tout ce qui est en noir dans le dessin (excepté les lignes limites A et B) était rouge dans la coupe. Le Soudan III ne colorant que la sécré¬
tion, on voit que celle-ci existe non seulement dans les canaux sécréteurs du bois (cb), de l'écorce(cé) et de la région périmédullaire {cm), mais encore dans beaucoup des cellules de ces trois régions. En particulier, la tota¬
lité des cellules allongées formant les rayons sont seci'é- trices; elles étaient représentées par un chapelet de gout¬
tes rouges plus ou moins allongées. Le parenchyme des régions extern» et interne est aussi abondamment sécré¬
teur, de sorte que la masse totale est rouge dans son ensemble. Les rayons établissent la continuité de tout l'appareil sécréteur,et amènent la sécrétionenparticulier
aux canaux du bois (cb).
loin d'être localisée dans les canaux, était répandue dans presque toutes les cellules vivantes de la tige : moelle, rayons médullaires, liber et écorce. Il se souvint alors que l'autre signataire de cette note
signalait, dès 1910, la présence de goutelettes hui¬
leuses dans le parenchyme des aiguilles de pin (1).
De là est venue notre collaboration dans la publi¬
cation de la note actuelle.
Le fait que nous signalons ici se voit sur les tiges,
même âgées deplus de vingt ans. Mais c'est sur les partiesjeunes, sur les pousses d'un an ou deuxqu'il
se manifeste au plus haut degré. Effectuons, par
Fig. 2. —Une cellule de la moelle du pinavec globuleshui¬
leux et grains d'amidon (g. 430).
exemple, une coupe transverse dans un rameau de l'année, et traitons-la quelques minutes par une solution alcoolique de Soudan III, puis lavons un instant àl'alcool et regardons dans l'eau, à unfaible grossissement. La coupe se montre vivement colorée
en rouge dans la moelle et dans la région cortico- lihérienne, et ces deux régions sont reliées par des lignes rouges qui traversent le cambium et qui représentent les rayons médullaires. Bien entendu, le contenu des canaux sécréteurs, partout où il s'est maintenu en place, est vivement coloré aussi, en même temps que le petit massif des cellules qui l'environnent. Les trachéides ne sont pas colorées.
A un grossissement plus fort, on voit nettement que la coloration porte exclusivement sur des gouttes huileuses, contenues dans l'intérieur des cellules vi¬
vantes, aussi bien que dans la cavité des canaux sé¬
créteurs. Il est certain que ces gouttes ne viennent pas d'un entraînement accidentel parle rasoir. Dans
la moelle, par exemple, on les voit, à l'intérieur de chaque cellule, mélangées, sauf en hiver, auxgrains
d'amidon. On peut colorer ceux-ci par une trace d'eau iodée, ce qui donne un contraste marqué des
deux couleurs : bleue pour l'amidon, rouge pour
(1) Devaux et Dupont. La conservation des bois (Nouvelle ency-
dopédie de Léauté [en préparation], 1926).
(1) A. Bargues. Recherches sur l'évolution de l'amidon dans les feuilles du Pin maritime. (Procès-verbaux de la Soc. Linnéenne
de Bordeaux, 1910). !.
132 BULLETIN LE L'INSTITUT LU PIN — N° 37 -Juin 1927
Fig. 3. — Deux rayons dans le bois secondaire du pin : cellules allongées à contenuhuileux (H) et amylacé (Am)
(g. 430).
l'huile, et l'on s'assure ainsi que les cellules à oléo-
résines sont des sacs entièrement clos.
coupe, et montrent alors nettement leur
constitu¬
tion et leur contenu huileux et souvent amylacé. Ce
Lorsque la coupe est traitée par l'alcool ou par la solution alcoolique de Soudan III, le contenu des
canaux sécréteurs est rapidement dissous, de même
que les gouttes huileuses des cellules que le
rasoir
a entamées. Chez les cellules intactes, au contraire,
la dissolution des gouttes huileuses est très
ralentie,
parce qu'elles sont incluses dans le
protoplasma et
que celui-ci est coagulépar l'alcool.
C'est
unepreuvenouvelle que ces gouttes sont hien à
l'intérieur de
ces cellules.
La sécrétionhuileuse, particulièrement abondante
dans les cellules de bordure des canaux, sur deux
ou trois assises, se continue aussi tout le long des
rayons, sans interruption.
qui est frappant, c'est de voir ces
longues files cel¬
lulaires traverser larégion cambiale en gardant
leur
H U
Fig. 4. -— Cellules d'un rayon du bois pris dans un pin de
deux ans, isolé, par l'action prolongée de l'eau deJavel
et montrantdes globules huileux (H)—(n) noyau (g. 430).
caractère de cellules allongées à contenu
huileux
(fig. 5). Chaque fileparaît s'épanouir dans le liber,
Fig. 5. — La région cambiale
avec globules huileux. D'à
taient aussi dans les celluli
Des coupes radiales et tangentielles permettent
de voir que la totalité des cellules vivantes de
cha¬
que rayon est sécrétrice (fig. 3).
Ces cellules des rayons sont à parois
incolores,
très délicates; elles sont disposées en longues files
radiales, qui parfois se détachent, sur le bord
d'une
du pin montrant un rayon itres fines gouttelettes exis-
svoisines (g. 430).
parce que les cellules y
deviennent plus larges et
plus riches en huile.
Toute la régionlibéro-corticale est,
du reste, riche
en cellules contenant de l'o'léo-résine et de
l'ami¬
don.. moins, toutefois, que la moelle. Elles
s'y mon¬
trent mélangées à des éléments
sécréteurs de tan-
— 2 —
BULLETIN DE L'INSTITUTDU PIN — N° 37- Juin 1927 133
nin (les uns allongés et minces, les autres renflés et courts), chez lesquels l'huile est absente ou en moindre quantité. Dans la région la plus externe,
les cellules contiennent de la chlorophylle et sont aussi plus pauvres en sécrétion.
Notons enfin que, jusqu'à l'âge de six à sept ans, la tige du Pin maritime montre d'énormes canaux
sécréteurs dans la région corticodibérienne tfig. 1).
Ces canaux manquent au contraire complètement
dans le liber plus âgé, recouvert par un rhytidome épais. Ces gros canaux sécréteurs superficiels sont remplis d'oléo-résine ainsi que les cellules qui les
environnent et aussi la grande masse du parenchy¬
me de la région. Toutefois, la sécrétion des canaux, étant à découvert, est facilement enlevée, ici encore, par le passage dans les liqueurs alcooliques, tandis que les gouttes huileuses des cellules, étant incluses dans le protoplasma, résistent longtemps à la dis¬
solution.
Nature des sécrétions. — Nous avons découvert,
Ftg. 6. — Une cellule du parenchyme libérien d'un pin de 15 ans. Le protoplasme est contracté. On voit nettement le noyau, de nombreux grains d'amidon et de petits globules huileux. Des goutelettes huileuses extrêmement finestapissent la surface duprotoplasma rétracté (g. 430).
à l'aide de l'acétate de cuivre (1), que la sécrétion
n'est pas partout identique. En faisant absorber,
(1) Réactif préconisé par Hannig (Zeitschrift fur Bot., t. XIV, 1922). L'auteur étudie les feuilles des conifères. Il ne signale de sécrétionles résineuse que dans les canaux et, éventuellement, dans
cellules qui les environnent.
par une tige sectionnée, une solution aqueuse de
ce sel, on constate, après un ou deux jours, sur des coupes transversales, que le contenu des canaux du bois est vivement coloré en vert émeraude; au con¬
traire, celuides canauxde la région eortico-libérien-
ne est généralement incolore, de même que tout le
contenuhuileux des cellules vivantes, quellequesoit
la région : moelle, bois (rayons), liber et écorce. On peut ensuite, en passant un instant la coupe dans
leSoudan 111, obtenirune double coloration très ins¬
tructive, verte pour les canaux du bois, rouge pour tout le reste (fig. 7).
Fxg. 7. — Canal sécréteur en contact avec deux rayons mé¬
dullaires. La cavité du canal estremplie par unegrosse
masse résineuse colorée en vert par l'acétate de cuivre.
Dans les cellules environnantes, au contraire, le contenu huileux (H) ne s'est coloré que par le Soudan III; iZ en estde même du contenu du rayon H'—n,noyaux;s, cel¬
lules subériflées (g. 430).
La sécrétion des canaux du bois est donc acide;
elle donne, avec le cuivre, un savon oléo-résineux;
partout ailleurs, la sécrétion est neutre, elle ne se combine pas au cuivre.
On constate, du reste, cette différence sur une
134 BULLETIN DE L'INSTITUT BU PIN — N° 37-Juin 1927
simple section de la tige jeune; la sécrétion
oléo-
résineuse, qui s'échappe de la région corticale,, for¬
me des larmes transparentes et longtemps molles;
elle donne, au contraire, des masses opaques, vite
dures et entièrement résinifiées, sur la région li¬
gneuse. Si leur sortie s'est faite dans la
solution
d'acétate de cuivre, les premiers restent incolores
(d'ordinaire du moins), les autres se colorent en vert émeraude.
Il est assez fréquent, cependant, de rencontrer
une sécrétion acide dans les gros canaux cortico-
libériens et même dans les cellules environnant les
canaux sécréteurs. Tout indique que la sécrétion
neutre des cellules passe dans les canaux et devient
alors acide.
Le système oléo-résineux du Pin maritime. —
1° Ces observations démontrent que la sécrétion
oléo-résineuse du pin maritime n'est pas étroite¬
ment localisée dans les cellules de bordure des ca¬
naux sécréteurs. Elle est une propriété générale de
toutes les cellules vivantes de la tige, devenant seu¬
lement moindre ou nulle chez les cellules qui pro¬
duisent une autre sécrétion, du tannin en particu¬
lier.
L'oléo-résine qui s'amasse dans les canaux sécré¬
teurs ne doit donc pas venir seulement de cellules
de bordure de ces canaux.
Il est vraisemblable qu'elle provient de l'ensem¬
ble des tissus, cet ensemble formant un véritable système sécréteur et excréteur. C'est ce que montre
la ligure 1. Les parenchymes vivants de la région
médullaire et de la région cortico-libérienne com¬
muniquent en effet avec les canaux sécréteurs du
bois par les rayons. Or, ces rayons, avec leurs
cel¬
lules très allongées et à parois délicates (fig. 4),
ont une constitution qui doit permettre à l'oléo-
résine de les suivre facilement pour arriver jus¬
qu'aux canaux, car il a été démontré par Heller, en 1904, que la résine dissoute dans l'essence de
téré¬
benthine est capable de traverser les membranes
cellulaires (1).
Schwabach avait donné auparavant la même dé¬
monstration pour le passage des oléo-résines à tra¬
vers des membranes imprégnées d'eau, sous une faible pression (2).
2° D'après Hannig, et aussi, dit-il, d'après
Tschirch (1906), Euler (1906) et Czapek (1921), la
sécrétion oléo-résineuse des conifères serait presque exclusivement constituée d'acides résiniques. Il est
(1) Cité par Hannig.
(2) Schwabach. Ber. Bot.g., 17,291, 1899, et 18, 417, 1900.
évident que les auteurs considèrent le produit dé¬
pourvu de son essence terpénique, la neutralité de
celle-ci étant bien établie. Il faut doncentendre que, pour ces auteurs, la presque-totalité des produits
fixes de la sécrétion est acide, et c'est ce qui est
exact en effet, pour la gemme qui s'écoule du pin
blessé.
Mais si l'on considère la sécrétion dans l'arbre lui-même, ceci n'est plus exact. Nos études mon¬
trent, en effet, que la grande majorité des tissus
du pin contient une sécrétion tout à fait neutre,
la sécrétion acide n'existant habituellement que dans les canaux sécréteurs du bois. Nos recherches
nous donnent même l'histoire en même temps que la répartition de ces substances :
La sécrétion apparaît d'abord dans les cellules de
l'ensemble des parenchymes vivants non spéciali¬
sés. Elle y est neutre, et s'y conserve en toute sai¬
son. Sous cette forme neutre, elle voyage vraisem¬
blablement de cellules en cellules jusqu'aux canaux sécréteurs, où elle s'amasse. Mais ce passage à l'ex¬
térieur (des cellules dans la cavité des canaux) est accompagné d'une modification remarquable de
la
substance : elle devient acide de neutrequ'elle était,
comme le montre sa capacité de donner alors, et
alors seulement, des savons résineux (savon de cui¬
vre). Cette transformation est quelquefois hâtive et apparaît dans quelques cellules de bordure des ca¬
naux, car l'acétate de cuivre y colore alors en vert
les gouttelettes huileuses. Mais elle peut
être nulle
aussi, même après passage dans les canaux : c'est
ce qui a lieu habituellement dans les énormes ca¬
naux sécréteurs de la région cortico-libérienne que l'on rencontre dans les pousses de pin âgés de un à sept ans.
Ces faits sont confirmés par les recherches des
chimistes. D'abord, quand on étudie, non plus
la
gemme, c'est-à-dire le produit écoulé des canaux blessés, mais la substance extraite de l'ensemble du
bois par l'éther, on y trouve des substances neutres
autres que l'essence. Ce fait indique
nettement
l'existence de produits neutres dans les cellules, produits qui manqueraient dans les canaux.
Parmi
ces substances, il y a, probablement, des cires ou
des graisses, provenant sans doute de la cuticule
et
du liège; mais il paraît probable qu'il s'y trouve
aussi, et surtout, une substance
particulièrement
intéressante.
M. Dupont, directeur de l'Institut du pin, a
été
porté, en effet, par des considérations
purement
chimiques, à envisager l'existence d'une
matière
mère des produits résineux : cette matière
mère,
C10H16O, serait neutre, probablement aldéhydique,
BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN — N° 3? - Juin 192? 135
et se transformerait sous l'effet d'une oxydo-réduc-
tion diastasique en terpène et en acide résinique,
selon l'équation suivante :
3C10H16O = iC10H16 + C20H30O2 +■ H20(1).
Ce serait cette matière-mère, neutre, que nous trouvons à l'état pur, sous forme de gouttelettes,
(1) G. Dupont. Hypothèse sur les relations d'origine entre les terpenes et les acides constituants des conifères. (Bulletin Soc. chi¬
mique, 4e série, t. XXXIV, p. 1209, année 1924.)
dans les cellules, et qui se trouve éliminée dans les
canaux sécréteurs en subissant la transformation
diasfasique que nous venons de signaler. Ce produit
s'écoulerait habituellement à l'état pur dans les gros canaux cortico-libériens.
Les recherches de Ko'hler (1), sur la sécrétion hivernale du sapin, plaident tout ià fait dans le môme sens. v
(1) Kohler, Moniteur scientifique, IV, 1914.
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