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Le programme de mentorat infirmier sur les interventions non pharmacologiques visant les symptômes comportementaux et psychologiques de la démence : efficacité et usage d'antipsychotiques : une étude rétrospective

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Academic year: 2021

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© Roxane Plante-Lepage, 2019

Le programme de mentorat infirmier sur les

interventions non pharmacologiques visant les

symptômes comportementaux et psychologiques de la

démence : efficacité et usage d'antipsychotiques. Une

étude rétrospective

Mémoire

Roxane Plante-Lepage

Maîtrise en sciences infirmières - avec mémoire

Maître ès sciences (M. Sc.)

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Le programme de mentorat infirmier sur les

interventions non pharmacologiques visant les

symptômes comportementaux et psychologiques de la

démence : efficacité et usage d'antipsychotiques. Une

étude rétrospective

Mémoire

Roxane Plante-Lepage

Sous la direction de :

Philippe Voyer, directeur de recherche

Edeltraut Kröger, codirectrice de recherche

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Résumé

Les symptômes comportementaux et psychologiques de la démence (SCPD) sont fréquents et occasionnent des répercussions importantes. Les interventions non pharmacologiques (INP) ont démontré leur efficacité pour la prise en charge des SCPD. Cependant, le recours au traitement pharmacologique, soit aux antipsychotiques (AP), demeure omniprésent. Cette étude rétrospective vise à observer si un programme de mentorat infirmier comportant des INP pour la gestion des SCPD a été associé à un changement significatif de l’usage d’AP chez les personnes atteintes de trouble neurocognitif majeur vivant dans différents milieux de vie. Les interventions du programme de mentorat du Centre d’excellence sur le vieillissement de Québec sont appuyées par le modèle infirmier sur les besoins compromis d’Algase. Les résultats issus des données récoltés auprès des dossiers de 134 personnes âgées ayant bénéficié du programme de mentorat démontrent que les interventions non pharmacologiques réduisaient de façon significative les SCPD. Toutefois, l’usage des AP demeurait présent et peu changé malgré les recommandations infirmières de l’équipe de mentorat visant une réduction des AP. Des analyses de sensibilité montrent une réduction d’usage des AP de 10% chez les patients pour lesquels les INP ont été efficaces. Les données recueillies auprès de trois mentors au moyen d'un questionnaire en ligne ont permis d’identifier des facteurs facilitant et des obstacles à l’acceptation des recommandations infirmières en lien avec les AP. Ces résultats amènent à recommander un partenariat infirmière-pharmacien pour mieux conseiller les médecins sur des modifications du profil pharmacologique.

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iv Abstract

Behavioral and psychological symptoms of dementia (BPSD) are common and have significant implications. Non-pharmacological interventions (NPIs) have been shown to be effective in the management of BPSD. However, the use of antipsychotics (APs) remains ubiquitous. This retrospective study aimed to examine whether a nurse mentoring program promoting NPIs for BPSD management had a significant association with the use of APs use in seniors with major neurocognitive disorders residing in different living arrangements. The NPIs were based on the Algase Wandering Scale (AWS). Results from data obtained from the files of 134 seniors having received the mentoring propgram demonstrate that NPIs significantly reduced BPSD. However, the use of APs remained wide-spread despite the nursing recommendations of the mentoring team of the Center of Excellence on Aging in Quebec (CEVQ). Nonetheless, a 10% reduction in the use of APs has been observed among patients for which the NPIs were effective. In addition, data collected from three mentors via an online questionnaire identified facilitators and barriers to acceptance of nursing recommendations related to APs. These results lead to the recommendation of a nurse-pharmacist partnership to advice physicians on medication changes in the pharmacological profile of these vulnerable seniors.

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v

Tables des matières

Résumé ... iii

Abstract ... iv

Listes des tableaux ... vii

Liste des figures ... viii

Liste des annexes ... ix

Introduction ... 1

Chapitre 1. Problématique ... 3

1.1. Ampleur du problème ... 3

1.2. Conséquence des SCPD ... 4

1.3. Facteurs contribuants à la survenue des SCPD ... 4

1.4. Interventions non pharmacologiques et pharmacologiques pour la gestion des SCPD ... 5

1.5. Pertinence pour la discipline infirmière ... 6

1.6. But de la recherche ... 7

Chapitre 2. Recension des écrits ... 8

2.1. Définition des SCPD ... 8

2.2. Le modèle infirmier sur les besoins compromis d'Algase ... 9

2.2.1. Les facteurs contextuels. ... 10

2.2.2. Les facteurs proximaux. ... 11

2.3. Les interventions non pharmacologiques et les SCPD ... 12

2.4. Les interventions non pharmacologiques et l’usage des antipsychotiques ... 26

2.5. Les recommandations pour la prise en charge des SCPD ... 35

2.6. Les facilitateurs et les obstacles au suivi des recommandations sur les AP ... 38

2.7. Pertinence de cette étude pour la discipline infirmière ... 39

2.7.1. Le centre d’intérêt de la discipline infirmière ... 40

2.7.2. Activités réservées à la profession infirmière ... 40

2.8. But et questions de recherches ... 42

Chapitre 3 : Méthodologie ... 44

3.1. Devis ... 44

3.2. Population ... 44

3.2.1. Critères d’inclusion et d’exclusion ... 45

3.2.2. Mode d’échantillonnage ... 46

3.2.3. Taille de l’échantillon ... 46

3.2.4. Recrutement des participants... 47

3.3. Outils de collecte des données ... 47

3.3.1 Donnée liée au SCPD ... 48

3.3.2. Donnée liée à la médication ... 50

3.3.3. Données qualitatives ... 51

3.4. Collecte de données ... 51

3.5. Analyse des données ... 52

3.6. Éthique de la recherche ... 54

3.6.1. Comité d’éthique de la recherche ... 55

3.6.2. Enjeux éthiques ... 55

Chapitre 4. Présentation des résultats... 58

4.1. Description de l’échantillon ... 58

4.1.1. Caractéristiques sociodémographiques des aînés formant l’échantillon. ... 59

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vi

4.2. Résultats concernant l’efficacité des INP ... 61

4.2.1. Résultat concernant la première question de recherche : Quelle est l’efficacité des INP pour la gestion des SCPD chez les aînés ayant un TNCM dans différents milieux de vie ? ... 61

4.3. Résultats sur l’efficacité des INP et l’usage des AP pour la gestion des SCPD ... 63

4.3.1. Données descriptives sur la médication ... 64

4.3.2. Résultats concernant la deuxième question de recherche : Y a-t-il un lien significatif entre l’efficacité de la gestion des SCPD par les INP et l’usage des AP chez les aînés présentant des SCPD du a un TNCM dans différents milieux de vie ? ... 69

4.4. Résultats qualitatifs sur les facteurs facilitants et les barrières à l’acceptation des recommandations infirmières concernant la médication ... 70

4.4.1. Description des membres de l’équipe de mentorat participants ... 70

4.4.2. Les facteurs facilitants et les barrières ... 72

Chapitre 5. Discussion ... 75

5.1. Efficacité des interventions non pharmacologiques ... 75

5.2. Efficacité des interventions non pharmacologiques et de l’usage des antipsychotiques ... 75

5.2.1. Efficacité des recommandations infirmières concernant l’usage des AP. ... 79

5.3. Discussion sur l’acceptation ou non des recommandations infirmières en lien avec l’usage des AP ... 81

5.4. Les forces de l’étude ... 86

5.5. Les limites de l’étude ... 88

5.6. Implications pour les sciences infirmières ... 89

5.6.1. Pratique clinique. ... 91

5.6.2. Recherche infirmière. ... 91

Conclusion ... 93

Références ... 95

Annexe A : Feuillet d’information et formulaire de consentement ... 102

Annexe B : Instrument de collecte de données liée au SCPD ... 108

Annexe C : Instrument de collecte de données liée à la médication ... 110

Annexe D : Instrument de mesure, donnée qualitative ... 112

Annexe E : Guide pour les entrevues qualitatives semi-dirigées auprès des mentors ... 122

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vii

Listes des tableaux

Tableau 2. Illustration du modèle des besoins compromis d’Algase. ... 9

Tableau 4.1. Caractéristiques sociodémographiques des aînés formant l’échantillon (n=134) ... 59

Tableau 4.2. Répartition des différents TNCM pour les aînés inclus dans l’étude ... 60

Tableau 4.3. Répartition des différents SCPD pour les aînés inclus dans l’étude ... 61

Tableau 4.4. Résultats à l’IACM avant et après l’intervention de l’équipe de mentorat ... 62

Tableau 4.5. Résultats à l’INPC avant et après l’intervention de l’équipe de mentorat ... 63

Tableau 4.6. Médicaments psychotropes et analgésiques réguliers au profil pharmacologique avant et après l’intervention de l’équipe de mentorat ... 64

Tableau 4.7. Médicaments psychotropes et analgésiques PRN au profil pharmacologique avant et après l’intervention de l’équipe de mentorat ... 65

Tableau 4.8. Nombre moyen de prescriptions régulières aux dossiers des différents psychotropes et analgésiques par aîné avant et après l’intervention de l’équipe de mentorat ... 67

Tableau 4.9. Changement dans la dose totale entre la posologie initiale et finale pour les psychotropes (en mg) ... 68

Tableau 4.10. Rapport des moyennes d’antipsychotiques par patient avant l’intervention sur les moyennes après l’intervention, selon trois scénarios pour tester la sensibilité de l’analyse originale ... 70

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Liste des figures

Figure 1. Besoins non satisfaits d'ennui, de privation sensorielle ou de relaxation: exemples

d'interventions non pharmacologiques.. ... 13

Figure 4.1. Diagramme de l’étude rétrospective.. ... 58

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ix

Liste des annexes

Annexe A : Feuillet d’information et formulaire de consentement ... 102

Annexe B : Instrument de collecte de données liée au SCPD ... 108

Annexe C : Instrument de collecte de données liée à la médication ... 110

Annexe D : Instrument de mesure, donnée qualitative ... 112

Annexe E : Guide pour les entrevues qualitatives semi-dirigées auprès des mentors ... 122

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x

Avant-propos

J’ai l’occasion et le plaisir de prendre un espace d’écriture au sein de ce mémoire pour remercier les personnes qui m’ont accompagnée de diverses manières tout au long de ce mémoire de maîtrise. Sans cette aide précieuse, il aurait été difficile d'y arriver toute seule.

Je souhaiterais avant toute chose remercier les deux personnes sans qui ce présent mémoire ne serait pas en commençant par Philippe Voyer, directeur de recherche, pour sa rigueur et son soutien. Un remerciement également à Edeltraut Kröger, codirectrice de recherche, qui a été d’une précieuse aide. J’ai eu la chance de te côtoyer régulièrement dans les dernières années et ce fut un réel plaisir.

Je remercie également tous les membres de l’équipe de mentorat infirmier du Centre d’excellence sur le vieillissement de Québec (CEVQ) qui ont pris de leur temps pour partager leurs connaissances et leurs expériences. Un second remerciement pour la participation au volet qualitatif de ce mémoire.

Toujours au CEVQ, je tiens à souligner l’aide de Pierre-Hugues Carmichael, biostatisticien, et de Julie Castonguay, au service de soutien en méthodologies de la recherche qualitative, pour l’aide lors de l’analyse et l’interprétation de mes résultats.

Je tiens à inscrire une pensée pour ma famille avec qui je suis très proche. Mes merveilleux parents, André et Paulyne, qui m’ont soutenue dès mon plus jeune âge à persévérer dans la réalisation de mes projets et mes rêves. Par leur fierté et leur dévouement, ils m’ont encouragée, soutenue et aidée par divers moyens tant dans ma vie personnelle, professionnelle qu’académique. Valérie, mon unique sœur, qui fut pour moi un modèle, une inspiration. Une personne formidable qui m’a accompagnée tout au long de ma vie par son positivisme. Une pensée remplie d’amour et de tendresse à mes trois mousquetaires : Maïka, Zack et Jade. Vous ensoleillez ma vie chaque jour et j’ai une chance merveilleuse de vous avoir à mes côtés. Étant seule avec vous trois, vous avez partagé d’une certaine façon mes études. Que ce soit par votre présence à mes côtés avec un casse-tête lorsque je rédigeais ou lorsque vous lisiez un livre pendant que j’étudiais.

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Un dernier remerciement à une amie que j’ai eu la chance de rencontrer à l’Université Laval. Nous avons partagé nos difficultés, nos découragements, mais également nos connaissances et nos réussites. Avoir eu le privilège de vivre tout ce cheminement avec toi, qui comprenait mieux que quiconque, a été d’un très grand soutien et m’a permis de persévérer.

Je souhaite terminer avec une citation de Xavier Dolan qui pour moi représente le processus de rédaction d’un mémoire de maîtrise : « Tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais » (2014).

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1

Introduction

Les symptômes comportementaux et psychologiques de la démence (SCPD) dont souffrent les aînés atteints de troubles neurocognitifs majeurs (TNCM) sont hautement prévalents. Ils occasionnent des conséquences considérables tant pour l’aîné que pour ses proches, les autres usagers et le personnel soignant. De nombreuses études sur le sujet démontrent qu’il existe des interventions non pharmacologiques efficaces pour la gestion de ces manifestations. Toutefois, la prévalence du recours à la médication psychotrope pour tenter de les contrôler est importante.

Cette recherche avait pour objectif d’observer si un programme de mentorat infirmier comportant des INP pour la gestion des SCPD a un lien significatif avec l’usage d’AP chez les personnes atteintes TNCM vivant dans différents milieux de vie. Les recommandations infirmières1 faites auprès des médecins sont étudiées dans la présente recherche afin d’observer si elles modifient le profil pharmacologique des aînés. Les facteurs facilitants et les barrières à l’acceptation de ces recommandations permettront d'identifier des pistes de solutions à une meilleure acceptabilité. L'analyse des différents résultats permettra d'identifier des pistes de solutions dans un objectif d'amélioration continue de la qualité des soins infirmiers auprès des personnes atteintes de TNCM.

Le premier chapitre traitera de la problématique et de l’ampleur des SCPD. Les conséquences de ces manifestations pour l'aîné, les membres de sa famille, le personnel soignant et le système de santé sont abordées. Suit une discussion sur les facteurs contribuant à la survenue des SCPD où le modèle des besoins compromis d’Algase est présenté. Par la suite, les interventions non pharmacologiques et pharmacologiques pour la gestion des SCPD sont discutées. Ce chapitre se termine par la pertinence de cette étude pour la discipline infirmière ainsi que le but de cette recherche.

Le deuxième chapitre définit premièrement les SCPD. Ensuite, un cadre de référence infirmier pertinent pour la conduite de cette étude est présenté. Il poursuit avec la recension des écrits portant sur la gestion des SCPD, soit l'utilisation d'INP ou l’usage d’AP. Un accent particulier est porté sur les recommandations pour la prise en charge des SCPD. Les facilitateurs et les

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obstacles au suivi des recommandations sur les AP sont abordés. La pertinence de cette étude est approfondie. Le chapitre se termine par l'énoncé des questions de recherche.

Le troisième chapitre porte sur la méthodologie utilisée. Des précisions sur le devis de recherche, la population visée, les techniques d'échantillonnage, l'instrument de collecte des données, la collecte et l'analyse des données ainsi que les considérations éthiques y sont apportées. Le quatrième chapitre présente les résultats obtenus de la recherche. Y sont présentées les statistiques descriptives des échantillons et de la médication. Les réponses aux questions de la recherche sont démontrées.

Le cinquième et dernier chapitre discute des résultats obtenus en comparant avec des études antérieures sur des sujets similaires. S’en suivent les limites et les forces de cette étude. Le chapitre se termine par une discussion sur l’utilisation des résultats pour les sciences infirmières.

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Chapitre 1. Problématique

Les symptômes comportementaux et psychologiques de la démence (SCPD) sont fréquents et occasionnent des répercussions considérables. Le présent chapitre a pour objectif de démontrer la pertinence de réaliser une étude sur les effets des interventions non pharmacologiques (INP) et sur le recours aux antipsychotiques (AP) pour la prise en charge des SCPD. Le chapitre traitera de la problématique en décrivant la prévalence et les conséquences des SCPD ainsi que ses facteurs associés. Par la suite, quelques recherches pertinentes en lien avec les INP et les SCPD seront décrites pour appuyer l’hypothèse que les INP pourraient avoir un effet sur l’usage des AP. Ensuite, la pertinence de cette recherche pour la discipline infirmière sera démontrée.

1.1. Ampleur du problème

Les SCPD sont des manifestations cliniques pouvant être présentes chez les aînés atteints d’un trouble neurocognitif majeur (TNCM). Ceux-ci se définissent par une perturbation de la perception, du contenu de la pensée, de l’humeur ou du comportement (Cerejeira, Lagarto et Mukaetova-Ladinska, 2012; Kales, Gitlin, et Lyketsos, 2015) et comprennent une variété de symptômes tels que l’agitation, la dépression, l’apathie, l’interrogatoire répétitif, la psychose, l’agression, les problèmes de sommeil, l’errance et une variété de comportements inappropriés (Preuss, Wong et Koller, 2016; Selbaek, Engedal, et Bergh, 2013). Les symptômes les plus communs des SCPD sont l’apathie, la dépression et l’anxiété (de Oliveira et al., 2015). Cependant, l’agitation est la manifestation clinique des SCPD la plus fréquente avec des taux de prévalence allant jusqu'à environ 80% (Selbaek, Engedal et Bergh, 2013).

Dans tous les milieux de vie confondus, les aînés avec un TNCM manifesteront au cours de l’évolution de la maladie un ou plusieurs SCPD (de Oliveira, 2015; Kales et al., 2012; Loi et Lautenschlager, 2016). En effet, les SCPD se manifestent chez 90% d’entre eux (de Oliveira, 2015; Kales et al., 2012; Loi et Lautenschlager, 2016) et s’élèvent à 92% en centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) (IPA, 2012). Selon une étude chez les patients atteints de TNCM vivant en communauté, 61% des patients présentaient mensuellement un minimum d’un SCPD (Preuss, Wong et Koller, 2016). De plus, selon cette même étude, ceux qui n’avaient pas de SCPD

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initialement en développaient au moins un symptôme dans une période de 18 mois (Preuss, Wong et Koller, 2016).

Pour terminer, les SCPD sont fréquents et sont présents à toutes les étapes de l’évolution de la maladie.

1.2. Conséquence des SCPD

Les SCPD sont fréquents et occasionnent des conséquences pour la personne atteinte, ses proches et les professionnels de la santé.

Tout d’abord, chez les aînés, ces symptômes entraînent une diminution considérable de la qualité de vie en affectant le fonctionnement cognitif et l’autonomie fonctionnelle, en plus d’occasionner de la souffrance et de la détresse (Abraha et al, 2016; Dillon et al, 2013; Loi et Lautenschlager, 2016; McCabe et al, 2013). Les SCPD augmentent aussi la probabilité d’hospitalisation (Abraha et al, 2016), d’institutionnalisation (Abraha et al, 2016; Dillon et al, 2013; Kales et al., 2012), de prescription inappropriée de médicaments, particulièrement les AP (Abraha et la, 2016; Dillon et al, 2013), et le taux de mortalité (Abraha et al., 2016; Loi et Lautenschlager, 2016). Ensuite, les aidants rapportent que les SCPD complexifient les soins à donner à leur proche (Wimo, Jönsson, Bond, Prince et Winblad, 2013). De plus, les aidants ressentent de la détresse psychologique (Abraha et al, 2016) et un sentiment d’impuissance (Abraha et al, 2016; Voyer, 2013). Finalement, les conséquences pour les professionnels de la santé sont liées à des émotions d’échec, de culpabilité et d’épuisement professionnel (McCabe et al, 2013, Dillon et al, 2013; Rey, 2014) puisque la gestion des SCPD occasionnent une surcharge de travail et de stress pour le personnel soignant (Dillon et al., 2013).

1.3. Facteurs contribuants à la survenue des SCPD

Plusieurs modèles théoriques peuvent expliquer la survenue des SCPD. L’une des théories infirmières les plus répandues est celle des besoins compromis d’Algase. Sommairement, cette théorie postule que les aînés atteints d’un TNCM adoptent des comportements tels que les SCPD

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dans un but précis et cherchent à répondre à un besoin non satisfait ou compromis ou à communiquer un besoin à autrui (Algase et al., 1996). C’est pourquoi les facteurs qui contribuent à l’apparition d’un SCPD nécessiteraient d’être l’objectif de l’intervention plutôt que le SCPD (Voyer, 2013). Cette affirmation remet en question les interventions telles que la médication qui visent à empêcher la manifestation plutôt que d’en identifier la cause (Backhouse, Killett, Penhale et Gray, 2016). En résumé, ce modèle permet d’expliquer les SCPD et suggère des alternatives pour la gestion de ceux-ci (Algase et al., 1996).

1.4. Interventions non pharmacologiques et pharmacologiques pour la gestion des SCPD

Il existe des interventions non pharmacologiques et pharmacologiques pour faire face au défi clinique des SCPD. Les INP consistent à effectuer des interventions précises répondant aux besoins compromis de l’aîné. Ces INP englobent des techniques comportementales, de la formation du personnel, des modifications dans le milieu de vie, des programmes de groupes (exercices), de la luminothérapie, de la musicothérapie, des interactions sociales, des activités psychosociales, des approches multimodales, de la zoothérapie ou de l’aromathérapie (Backhouse, Killett, Penhale et Gray, 2016).

Par exemple, une étude a démontré que l’activité physique comme INP pouvait diminuer de façon significative de 3 points et plus le score de l’inventaire neuropsychiatrique de Cummings (INPC) et diminuer jusqu’à 41 % les SCPD sur une période de 12 semaines (Lowery et al., 2014). Une seconde étude sur la musicothérapie a révélé que le groupe d’intervention a connu des scores d’agitation nettement inférieurs (p <0,001) par rapport au groupe témoin durant un mois de suivi (Lin et al., 2011). L’éducation au personnel soignant a démontré aussi des résultats positifs sur l’agitation des patients (p <0,01) (Brodaty et Arasaratnam, 2012). En fait, il a été démontré dans plusieurs études que les INP engendrent une réduction des SCPD et constituent ainsi une alternative considérable à la pharmacothérapie (Brodaty et Arasaratnam, 2012; Cohen-Mansfield, Thein, Marx, Dakheel-Ali et Freedman, 2012; de Oliveira et al, 2015; Kolanowski & Hill, 2013; Livingston et al., 2014; McClam, Marano, Rosenberg, et Lyketsos, 2015; Millán-Calenti et al., 2016; Staedtler et Nunez, 2015; Ueda, Suzukamo, Sato et Izumi, 2013).

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Malgré l’efficacité des INP et le faible taux de succès de la pharmacothérapie (McClam, Marano, Rosenberg, et Lyketsos, 2015), la prescription d’AP particulièrement pour le traitement de l’agitation et de l’agressivité est encore fréquente (Backhouse, Killett, Penhale et Gray, 2016). Au Québec, la prévalence de l’utilisation d’AP chez les aînés de 65 ans et plus vivant en communauté a augmenté de 13,3 % de 2006 à 2009 (INESSS, 2012). Le Québec est la province canadienne qui a la plus forte consommation d’AP au Canada (Tadrous et al., 2015). Pourtant, Santé Canada a diffusé de nombreux avis sur les risques liés à l’utilisation d’AP chez les aînés (CFHI, 2017). Des initiatives en Angleterre et aux États-Unis ont été prises également pour réduire le recours à l’usage d’AP pour le traitement des SCPD (Backhouse, Killett, Penhale et Gray, 2016).

En résumé, les INP ont une efficacité bien soutenue et représentent une alternative importante à la pharmacothérapie (McClam, Marano, Rosenberg, et Lyketsos, 2015; Millán-Calenti et al., 2016; Staedtler et Nunez, 2015). Toutefois, on pourrait se questionner si la mise en place d’INP pourrait favoriser une réduction de l’usage des AP. Dans le cadre du mémoire de maîtrise de Rey (2014), il a été démontré que les INP étaient efficaces chez 95 % des cas, mais on ignore s’il y a eu une influence sur l’usage des AP. Il serait pertinent de répliquer cette étude tout en ajoutant une évaluation de l’impact des INP sur l’usage des AP.

1.5. Pertinence pour la discipline infirmière

La profession infirmière dans son champ de pratique clinique a un rôle majeur à jouer en termes d’évaluation et d’intervention. En effet, depuis l’adoption de la loi 90, les infirmières et infirmiers ont une plus grande autonomie dans l’exercice de leurs fonctions et ont le droit d’utiliser leur jugement dans certaines circonstances (OIIQ, 2003). Dans ses activités réservées, l’évaluation et l’examen clinique systématique et rigoureux à la recherche des causes sous-jacentes aux SCPD sont primordiaux. En effet, plusieurs études appuient que l’identification des causes des SCPD à l’aide du modèle infirmier d’Algase et le recours aux INP ont des résultats significatifs (Ahn et Horgas, 2013; Backhouse, Killett, Penhale et Gray, 2016; Bradford et al., 2012; Norton, Allen, Snow, Hardin et Burgio, 2010). De plus, l’infirmière peut, selon son évaluation, décider d’administrer la médication prescrite au besoin par le médecin traitant si les INP sont inefficaces et que le patient représente un danger pour lui-même ou pour autrui (OIIQ, 2017). C’est pourquoi le jugement clinique

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de l’infirmière est primordial dans sa démarche décisionnelle pour l’utilisation d’INP ou l’usage d’AP. Le recours aux AP alors que des INP sont possibles est une problématique pertinente auxquels les infirmières sont confrontées dans les contextes de soins. Ce projet de maîtrise a le potentiel de déterminer l’effet des INP sur les SCPD et aussi sur l’usage des AP.

1.6. But de la recherche

Le but de la présente recherche est d’observer si un programme de mentorat infirmier comportant des INP pour la gestion des SCPD a un lien significatif avec l’usage d’AP chez les personnes atteintes de TNCM vivant dans différents milieux de vie.

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Chapitre 2. Recension des écrits

Ce deuxième chapitre vise à faire un examen critique des études ayant porté sur la gestion des SCPD soit l'utilisation d'INP ou l’usage d’AP. Tout d’abord, les spécificités des SCPD sont présentées. Par la suite, le modèle des besoins compromis d’Algase sera abordé. L’état des connaissances actuelles concernant le recours aux INP ou l’usage d’AP pour la prise en charge des SCPD sera décrit afin de mettre en évidence les limites et les forces des études antérieures. Les obstacles et les facilitateurs à l’implantation des INP et au suivi des recommandations sur les AP seront présentés. Le lien entre cette problématique et la discipline infirmière sera expliqué. Finalement, le but et les questions de recherche seront exposés.

2.1. Définition des SCPD

Avant de débuter une recension des écrits ayant comme sujet d’intérêt les SCPD, il convient tout d'abord de préciser ce que signifie ce terme.

Il n’existe pas actuellement de consensus quant à la définition du terme SCPD (Voyer, 2013). Les SCPD se définissent couramment par une perturbation de la perception, du contenu de la pensée, de l’humeur ou du comportement (Cerejeira, Lagarto et Mukaetova-Ladinska, 2012; Kales, Gitlin, et Lyketsos, 2014). En effet, ces troubles prennent des formes très diverses telles que la dépression, l’irritabilité, l’agitation ou l’agressivité, l’anxiété, l’apathie, les troubles de l'appétit ou de l’alimentation, la désinhibition, les idées délirantes, les troubles du sommeil, le comportement moteur aberrant, les hallucinations et l’exaltation ou l’euphorie (Fauth et Gibbons, 2014; Kaufer et al., 2000; Preuss, Wong et Koller, 2016; Selbaek, Engedal, et Bergh, 2013). De ces différentes formes sont issus des comportements typiques tels que la violence verbale ou non verbale, les comportements compulsifs, les questions particulièrement répétitives, l’errance, la résistance aux soins, les cris, la crainte de s’être fait voler, le repli sur soi, les pleurs, la perte d’intérêt, les comportements sexuels, etc. (Kaufer et al., 2000).

Les SCPD peuvent donc s’exprimer de différentes manières dont la fréquence et la gravité peuvent varier en fonction de différents facteurs (Voyer, 2013). Les manifestations cliniques des SCPD correspondent au fonctionnement de l’aîné, à sa façon d’exprimer ses ressentis et de réagir

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aux stimuli internes et externes. En effet, les SCPD résultent d’un amalgame de causes sur lesquelles il est possible d’intervenir. Pour mieux en prendre conscience, il est primordial de s’intéresser aux facteurs qui contribuent à leur survenue.

2.2. Le modèle infirmier sur les besoins compromis d'Algase

Pour mieux guider et orienter la pratique infirmière, un cadre conceptuel est indispensable. Le concept de besoins physiologiques, psychologiques et sociaux est à la base de certaines des théories actuelles sur les SCPD (Cohen-Mansfield, 2000). L’une des théories infirmières les plus connues et appuyées scientifiquement est celle des besoins compromis d’Algase, dont le nom original est Need-driven Dementia-compromised Behavioral – NDB – Model (Algase et al., 1996; Cohen-Mansfield, 2000). Cette théorie postule que les aînés atteints de TNCM adoptent des comportements dans un but précis et cherchent à répondre à un besoin non satisfait ou compromis, ou à communiquer ce besoin à autrui (Algase et al., 1996). Ainsi, le besoin compromis serait un facteur contribuant au déclenchement des SCPD. Celui-ci serait causé par une combinaison de facteurs contextuels, également nommés facteurs prédisposants, et de facteurs proximaux, également nommés facteurs précipitants. Le Tableau 1 présente en détail les deux catégories de facteurs qui ont un impact sur les SCPD.

Tableau 2.

Illustration du modèle des besoins compromis d’Algase.

Facteurs contextuels Facteurs proximaux SCPD

Facteurs neurologiques - Implication cérébrale régionale spécifique - Déséquilibre des neurotransmetteurs - Détérioration du rythme circadien - Capacité motrice Facteurs personnels - Émotions - États de besoin physiologiques - Performance fonctionnelle Fréquence

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10 Facteurs cognitifs - Attention - Mémoire - Capacité visuo-spatiale - Compétences linguistiques Environnement physique - Éclairage - Niveau de bruit - Température Durée

État de santé de la personne - Santé générale - Capacité fonctionnelle - État affectif Environnement social - Ambiance - Stabilité du personnel - Composition du personnel Facteurs démographiques et historiques - Le genre - Éducation - Occupation - Type de personnalité - Histoire du stress psychosocial - Réponse comportementale au stress

Note. Traduction libre adapté de : Algase et al. (1996).

2.2.1. Les facteurs contextuels.

Les facteurs contextuels sont de quatre types, soit les facteurs neurologiques, les facteurs cognitifs, l’état de santé de la personne et les facteurs démographiques et historiques (psychosociaux). Les facteurs contextuels ne sont pas tous modifiables ce qui ne permet pas de maîtriser en tout temps ces facteurs. Par exemple, les facteurs neurologiques peuvent occasionner une réduction des capacités motrices qui pourrait entrainer une incapacité de satisfaire de façon autonome ses besoins de base (Voyer, 2013). Les SCPD peuvent être un moyen pour communiquer un état de malaise (Voyer, 2013). C’est pourquoi il est plus probable que les SCPD apparaissent chez une personne présentant un TNCM avec perte motrice que chez une personne qui n’en a pas

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(Algase et al., 1996). Quant aux facteurs cognitifs, ils regroupent l’attention, la mémoire, la capacité visiospatiale et les compétences linguistiques. Selon le type de TNCM, ces facteurs peuvent engendrer des incapacités cognitives et perceptuelles dans les activités de vie quotidienne (Algase, 1996). En connaissant bien le type de TNCM, il est parfois possible de mieux déterminer les capacités cognitives et de compenser les incapacités ce qui contribue fortement à prévenir les SCPD (Voyer, 2013). Pour éviter un état de malaise prédisposant l’apparition de SCPD, un état de santé optimal de l’aîné est primordial (Voyer, 2013). Pour ce faire, les soins appropriés doivent être prodigués. Finalement, les facteurs démographiques et historiques correspondent aux caractéristiques de l’aîné, à sa personnalité, à ses expériences de vie significatives et à ses capacités d’adaptation (Voyer, 2013). L’histoire de vie d’une personne atteinte de TNCM présentant des SCPD doit être disponible afin de mieux cerner les besoins, mais également de personnaliser les interventions. En résumé, il est pertinent de connaître l’influence de ces facteurs sur la personne et les SCPD, car bien qu’ils s’agissent de facteurs non modifiables, il est possible d’en tenir compte et d’atténuer leur impact. Il est donc du rôle du personnel soignant d’anticiper les difficultés et par le fait même d’aider l’aîné à répondre à ses besoins pour finalement réduire sa probabilité de manifester des SCPD.

2.2.2. Les facteurs proximaux.

Les facteurs proximaux sont constitués par l’insatisfaction des besoins de base (facteurs personnels) et des besoins psychosociaux de l’aîné (Algase et al., 1996). Un besoin compromis peut être issu d’un facteur personnel physique (faim/soif, fatigue, besoin d’aller aux toilettes, chaud/froid, douleur, maladie…) ou d’un facteur personnel psychosocial (incompréhension, peur, idées délirantes, ennui…) (Voyer, 2013). Les facteurs proximaux sont également relatifs aux stimuli provenant de l’environnement physique, social et organisationnel dans lequel se trouve l’aîné. L’environnement physique joue un rôle dans l’apparition et l’aggravation des SCPD d’où l’importance d’éviter la sur-stimulation ou la sous-stimulation par des éléments tels la température, la couleur et le bruit (Voyer, 2013). L’environnement social correspond à la qualité et la quantité des interactions sociales de l’aîné (Voyer, 2013). Finalement une approche non adaptée occasionnée par un environnement organisationnel inadéquat accroit le risque d’apparition des SCPD (Voyer, 2013). Les facteurs proximaux sont les aspects les plus fluctuants et dynamiques susceptibles de précipiter les

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SCPD et sur lesquels il est possible d’intervenir (Algase et al., 1996). C’est pourquoi en règle générale, les interventions ciblent les facteurs proximaux.

En résumé, ce modèle infirmier met l’accent sur les facteurs à l’origine des SCPD. Les facteurs qui contribuent à l’apparition d’un SCPD nécessitent d’être la cible de l’intervention (Voyer, 2013). Étant donnée la complexité de la prise en charge des SCPD, plusieurs interventions sont possibles pour un seul besoin insatisfait (Cohen‐Mansfield, Thein, Marx, Dakheel-Ali et Freedman, 2012; Kales et al., 2015). La stratégie d’identification des causes sous‐jacentes a fait ses preuves. En effet, le modèle d’Algase est appuyée scientifiquement par plusieurs études qui ont testé ses postulats dans la prise en charge des personnes atteintes de TNCM présentant des SCPD (Cohen‐Mansfield, Thein, Marx, Dakheel-Ali et Freedman, 2012; Edvardsson, Winblad, Sandman, 2008; Kolanowski, Litaker et Buettner, 2005; Kovach, Noonan, Matovina Schlidt et Wells, 2005). Par ailleurs, le Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) s’est inspiré de cette théorie durant l’élaboration de son guide de pratique sur l’approche non pharmacologique visant le traitement des SCPD (Ministère de la santé et des services sociaux [MSSS], 2014).

2.3. Les interventions non pharmacologiques et les SCPD

Si l’on se base sur les causes associées aux SCPD identifiées lors de l’évaluation, plusieurs options sont possibles en ce qui concerne les interventions individuelles ou de groupe. Diverses recherches amènent de plus en plus de preuves tangibles concernant l’efficacité des INP visant un besoin compromis.

Les personnes atteintes de TNCM peuvent présenter de multiples besoins non satisfaits, le plus souvent de la douleur et de l'inconfort, un besoin de contact et de soutien social ou un besoin de stimulation qui accentue l'ennui (Cohen-Mansfield, 2013). Un large éventail d’INP répondant à ces besoins a été étudié. Par exemple, la Figure 1 montre les INP possibles en cas d’ennui, de privation sensorielle ou si un besoin de détente est exprimé. Cette figure permet de démontrer qu’il y a plusieurs INP possibles pour une seule cause. Les INP peuvent être réalisés en groupe ou individuellement, selon l’intérêt de l’aîné et la disponibilité de l’intervenant. De plus, pour chaque INP,

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par exemple pour la musicothérapie, il y a plusieurs sous-interventions comme la pratique d’un instrument, la thérapie musicale avec un clinicien ou encore l’écoute musicale.

Les INP sont très nombreuses, mais les plus connues sont énumérées dans le Tableau 2 suivant tiré du guide de pratique du MSSS (MSSS, 2014). En effet, elles sont les plus utilisées puisqu’elles ont fait l’objet de plusieurs études sur leur efficacité.

Figure

1. Besoins non satisfaits d'ennui, de privation sensorielle ou de relaxation: exemples d'interventions non pharmacologiques. Traduction libre Cohen-Mansfield, 2013.

Tableau 2.

Principales interventions non pharmacologiques.

Catégories Interventions non pharmacologiques

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sensorielles • Aromathérapie

• Massage et toucher thérapeutique; massage des mains

• Intervention dans une salle de Snoezelen (thérapie multisensorielle) • Luminothérapie

Activités structurées

• Artisanat

• Horticulture et arrangement floral • Thérapie par l’art

• Thérapie occupationnelle présentant un intérêt pour la personne (pliage de serviettes, timbrage d’enveloppes, etc.)

• Thérapie biographique ou de réminiscence • Manipulation d’objets

• Stimulation cognitive : orientation à la réalité ; stimulation de la mémoire Activités

physiques

• Marche • Danse

• Séances d’exercices

Contacts sociaux • Contacts humains « un à un » • Zoothérapie

• Contact social simulé (photos de famille, vidéos, enregistrements sonores) Approche

environnementale

• Mise en place de conditions simulant la nature • Accès à un jardin extérieur

• Aménagement comparable à celui de la maison • Aménagement de repères spatiaux

• Installation de barrières visuelles Approche

comportementale

• Renforcement différentiel (comportements désirables récompensés) • Approche confort-stimulation-distraction

Note. Tiré de MSSS, 2014.

Tel que souligné, plusieurs études ont démontré l’efficacité des INP. Une étude expérimentale incontournable dans le domaine a été réalisée en 2012 démontrant la pertinence du modèle d’Algase et l’efficacité des INP qui en découle. En effet, un essai clinique randomisé mené

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par Cohen‐Mansfield, Thein, Marx, Dakheel-Ali et Freedman (2012) a démontré l'efficacité d'INP individualisées pour répondre à des besoins non satisfaits tels que l'ennui ou la douleur en diminuant l'agitation chez les personnes atteintes de TNCM. Pour ce faire, des résidents de différents CHSLD situés aux États-Unis ont été randomisés dans un groupe d’intervention (n = 89) et un groupe témoin (n = 36). Tous les résidents sélectionnés étaient âgés en moyenne de 85,9 ans et présentaient de l’agitation associée à un TNCM avancé. Le groupe d’intervention a bénéficié d’INP individualisées durant une période de deux semaines en prenant en considération le besoin non satisfait. Le besoin non satisfait était identifié préalablement par une évaluation médicale, des entrevues structurées, des questionnaires validés, des observations directes de l’agitation avec l’Agitation Behaviour Mapping

Instrument et des effets sur le comportement modifié de Lawton. L’INP était personnalisée avec

l’histoire biographique, les préférences et les capacités de l’aîné.

Les résultats de cette étude ont démontré que le groupe intervention avait une amélioration significative de la prise en charge des besoins compromis en général, comparativement au groupe témoin (P <0,001). De plus, il était possible d’observer chez le groupe d’intervention une baisse significative de l’agitation physique non agressive (P <0,001) et de l'agitation verbale (P = 0,004). De plus, des augmentations significatives du plaisir (P <0,001) et de l’intérêt (P <0,05) ont été notées. Ainsi, les résultats de cette étude permettent de considérer les INP individualisées comme une approche valide de la gestion des SCPD.

Toutefois, une des limites de cette étude est que seuls les participants ne savaient pas s’ils recevaient une INP individualisée. En effet, les assistants de recherche ne pouvaient ignorer l’assignation de groupe, car ce sont eux qui administraient les INP. La validité interne de l’étude peut donc être compromise. L’applicabilité de ces résultats sur les INP réalisées par le personnel soignant dans le contexte actuel de soins est alors inconnue. Il est donc impossible de généraliser les résultats en raison de l’écart possible entre le contexte contrôlé de l’étude et le contexte de soins réels. Finalement, cette étude s’est limitée à un seul groupe de SCPD soit l’agitation, elle n’a pas considéré les symptômes psychologiques des TNCM.

L’applicabilité des INP individualisées nécessiterait, dans les CHSLD, des changements considérables. Ainsi, les auteurs mentionnent que du temps devrait être alloué au personnel afin

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d’observer chaque résident agité, de déterminer les besoins non satisfaits, d’obtenir les matériaux d'intervention appropriés, d’effectuer les interventions non pharmacologiques individualisées et finalement d’évaluer les résultats. Des enjeux de faisabilité sont importants en lien avec cette étude.

Une étude expérimentale réalisée en CHSLD (Sung, Lee, Li et Watson, 2012) visait à évaluer les effets d'une intervention de musique de groupe sur l'anxiété et l'agitation des personnes âgées atteintes de TNCM. Un total de 60 participants a été recruté dans un CHSLD à Taïwan. Les participants ont été assignés au hasard au groupe expérimental ou au groupe témoin en utilisant une méthode d'échantillonnage aléatoire simple avec une liste générée par ordinateur. L'âge moyen des participants était de 81,4 ans (ET = 9,14) pour le groupe expérimental et de 79,5 ans (ET = 8,76) pour le groupe témoin. Le fonctionnement cognitif a été évalué à partir du Short Portable

MentalStatus Questionnaire. Les altérations cognitives étaient légères ou modérées. L’intervention

musicale était d’une durée de 30 minutes en milieu d'après-midi deux fois par semaine pendant six semaines. Plus en détail, l’intervention musicale débutait avec un échauffement de cinq minutes d’étirement statique des principaux groupes musculaires et de respiration. Ensuite, les participants pratiquaient pendant 20 minutes des instruments à percussion (clochette, tambourin, maracas…) dirigés par l’assistant de recherche. Finalement, la séance se terminait avec cinq minutes d’étirement sur de la musique douce. Durant la séance musicale, des chansons familières aux participants ont été employées. En effet, les préférences musicales des participants ont été évaluées en interrogeant les participants, le personnel soignant et les familles avant l'intervention, de sorte que les choix musicaux étaient inspirés des préférences des participants. Les participants du groupe témoin ne recevaient que des soins usuels sans aucune intervention musicale.

Tous les participants ont été évalués pour les SCPD en utilisant l’inventaire d'agitation de Cohen-Mansfield (IACM) et pour le niveau d'anxiété en utilisant l'échelle Rating of Anxiety in

Dementia (RAID) au début, à la semaine 4 et à la fin de l’intervention soit à la semaine 6.

Les résultats montrent que le score d'anxiété moyen pour le groupe expérimental était passé de 10,04 (écart-type [ET] = 10,48) avant l’intervention à 3,22 (ET = 6,47) à la semaine 4 et a légèrement augmenté à 3,89 (ET = 4,02) à la semaine 6. L'analyse des mesures répétées de covariance a indiqué que les participants ayant reçu une intervention de musique de groupe avaient

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un score d'anxiété significativement plus faible que le groupe témoin tout en contrôlant le score pré-test et le niveau cognitif (F = 8,98, p = 0,004). Toutefois le groupe témoin a démontré des résultats similaires. En effet, pour celui-ci le score d’anxiété moyen était passé de 12,14 (ET = 10,73) avant l’intervention à 9,39 (ET = 9,49) à la semaine 4 et a diminué à 5,36 (ET = 4,34) à la semaine 6. De plus, la réduction de l'agitation entre les deux groupes n'était pas significativement différente. Bien que l’INP soit mise en place pour gérer les SCPD, il n’y avait pas d’analyse des besoins compromis des résidents. Ainsi, l’intervention musicale peut donc ne pas avoir répondu aux besoins réels de l’ainé. De plus, un biais de régression vers la moyenne est possible car l’anxiété et l’agitation ont aussi diminué à travers le temps dans le groupe témoin.

Toutefois, puisque l’intervention musicale était brève, les résultats obtenus ne permettent pas de prédire les effets à long terme. La généralisation est limitée puisque que cette étude teste une seule intervention pour deux types de SCPD manifestés. Par ailleurs, les résultats de l'étude sont limités étant donné que l'échantillon a été tiré d'un seul CHSLD. Les assistants de recherches savaient aussi dans quel groupe étaient les participants exposés, ce qui entraîne un biais à la validité interne de l’étude. Qui plus est, l’assistante de recherche guidait l’intervention musicale de groupe et était aussi responsable de la collecte des données ce qui rend possible aussi la présence d’un biais. Enfin, l’applicabilité des INP par le personnel soignant dans un contexte normal sans l’aide de personnel dédié ou des assistants de recherche reste un enjeu.

Une étude longitudinale contrôlée (Maseda, Sánchez, Marante, González-Abraldes, Buján et Millán-Calenti, 2014) a exploré les effets à long terme de la stimulation multisensorielle en utilisant une chambre « Snoezelen » sur les aînés atteints de TNCM. Tous les résidents d'un centre spécialisé pour personnes âgées à La Corogne, en Espagne, ont été invités à participer à l’étude. L’échantillon total s’élevait à 30 participants âgés en moyenne de 87,3 ans. Les déficits cognitifs des aînés participants étaient de modéré à très grave, mesurés à partir de l'Échelle de détérioration

globale (GDS). L’autonomie des participants, définie comme la capacité à effectuer ses activités de

la vie quotidienne (AVQ), a été mesurée avec l’indice de Barthel validé pour la population espagnole. Les résultants ont démontré une dépendance de niveau modéré à sévère aux AVQ. Un générateur de nombres aléatoires sur un ordinateur a été utilisé pour répartir l'échantillon en trois groupes de 10 participants. Le premier groupe (le groupe multisensorielle) a participé à des sessions

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multisensorielles qui comprenaient divers éléments pour stimuler les sens, notamment des câbles à fibres optiques, des colonnes d'eau, un lit d'eau vibrant, une boule à miroirs, des projecteurs, une vidéo, un système de projection interactive, un équipement d'aromathérapie, un tableau tactile avec différentes textures, etc. Le deuxième groupe (le groupe d'activités) a participé à une série de séances d'activités individuelles, au cours desquelles des exigences intellectuelles ou physiques ont été imposées à l'individu comme jouer aux cartes, remplir des questionnaires ou regarder des photographies. Ce groupe a été inclus dans l'étude pour distinguer les avantages significatifs de la stimulation multisensorielle de ceux obtenus lors des séances de thérapie individuelle. Enfin, le groupe témoin n'a participé à aucune des activités mentionnées précédemment. Les participants du premier et deuxième groupe ont participé à deux séances hebdomadaires pendant 16 semaines pour une période de 30 minutes chacune. L’intervention était dirigée par un ergothérapeute ou un psychologue qualifié selon les disponibilités de chacun. Les données sur les préférences sensorielles et les intérêts des participants ont été collectées avant les interventions.

Tous les participants ont été évalués avant l'intervention, au milieu de l'intervention à la huitième semaine, à la fin de l'intervention à la semaine 16 et huit semaines après la fin de l'intervention pour le suivi à long terme. La version espagnole validée de l’IACM a été utilisée pour évaluer la fréquence des SCPD. La version espagnole de l’INPC a été utilisée pour caractériser les SCPD. L'échelle de dépression de Cornell pour les TNCM (CSDD) a été utilisée pour évaluer l'humeur.

Les résultats indiquent une amélioration des scores de SCPD non agressifs dans le groupe multisensorielle par rapport au groupe d’activités (F2,36 = 4,172, P = 0.023) avant, au milieu et à la fin de l’intervention. Par ailleurs, il y avait des effets temporels significatifs dans les deux groupes dans le score total à l’IACM (F2,36 = 3,281, P <0,049) et l’agitation verbale (F2,36 = 10,540, P <0,001), en plus d’une amélioration du niveau d'agitation pendant l'intervention. Pour les comportements agressifs mesurés avec l’IACM, aucun effet d’intervention n’a été significatif dans les deux groupes pour chacune des périodes. La comparaison entre le groupe multisensorielle et le groupe d’activités démontre une diminution significative de l’agitation verbale entre la période pré-intervention et celle post pré-intervention (F2,30 = 5,159, P = 0,012). En comparant la période post-intervention et le suivi, aucun effet temporel significatif ou différence intergroupe n'a été observé dans

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les scores à l’IACM. En comparant les scores obtenus à l’INPC, le groupe multisensorielle et le groupe d’activités ont montré une amélioration significative du comportement (F2,36 = 4,513, P = 0,018). Dans les deux groupes d’intervention, les effets positifs de l'intervention ne persistaient pas durant la période de suivi. De plus, en comparant le groupe multisensorielle avec le groupe témoin, une augmentation significative du score total à l’INPC a été remarquée lors de la période de suivi (F1,14 = 5,601, P = 0,033). En ce qui concerne l'humeur, les groupes intervention ont tous deux entraîné une amélioration des scores du CSDD pendant l'intervention. Cependant, pour les deux groupes, les scores se sont aggravés au cours de la période de suivi par rapport à l'évaluation post intervention (F1,17 = 6,166, P = 0,024). En résumé, les principaux avantages à long terme de la stimulation multisensorielle sont observés pour la prise en charge des SCPD, en particulier pour l’agitation. Finalement dans les deux groupes d’intervention, il y a eu une amélioration significative du score total à l’IACM, de l’agitation verbale et des scores totaux à l’INPC. Lorsque l’on compare les résultats obtenus à l’INPC et à l’IACM pour tous les temps de mesures, il n’y a aucune différence statistiquement significative entre le groupe multisensiorielle et le groupe d’activités.

Une explication du manque de différences statiquement significatives entre les deux groupes d’intervention pourrait être que l'interaction individuelle avec le thérapeute a amélioré le comportement des patients plutôt que la stimulation multisensorielle. De plus, les résultats non significatifs globaux peuvent être attribués à la petite taille de l’échantillon incluse dans chacun des groupes. C’est pourquoi les chercheurs mentionnent que des échantillons plus importants sont nécessaires pour confirmer les résultats obtenus. La mise en place d’intervention multisensorielle nécessite des coûts financiers plus élevés que d'autres interventions individuelles. En effet, le groupe d'activités a bénéficié d’intervention à faible coût comme des jeux de cartes et des questionnaires qui se sont avérés aussi efficaces. Le manque davantage significatif préconise donc la mise en place d’intervention individuelle puisque la stimulation multisensorielle ne peut être justifiée par cette étude. Des limites importantes demeurent concernant des éléments méthodologiques. Bien que des outils validés ont été utilisés, la personne qui a procédé à l’évaluation demeure inconnue. De plus, même si les participants ont été attribués aléatoirement à chacun des trois groupes, on ignore si les intervenants étaient aussi les évaluateurs et connaissaient ainsi le groupe dans lequel le participant était assigné ce qui peut occasionner un risque de biais d’information différentiel. Les auteurs mentionnent que la petite taille de l’échantillon présente dans chacun des groupes pourrait expliquer

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les résultats non significatifs observés pour certains résultats obtenus. Tel que mentionné dans la précédente étude, il y a une absence d’analyse des besoins compromis, donc l’intervention peut ne pas avoir répondu aux besoins réels de l’ainé.

Une étude rétrospective menée par Sylvie Rey (2014) au Québec appuie l’efficacité des INP dans tous les milieux de vie confondus. Cette étude incluait les résultats issus des données de 38 dossiers de l’équipe de mentorat du Centre d’excellence sur le vieillissement de Québec (CEVQ). Elle a permis de confirmer une réduction significative de la fréquence et de la gravité des SCPD avec l’usage d’INP. Les INP ciblant les aînées présentant des SCPD comprenaient des interventions quotidiennes telles que l’approche de base (communication, écoute gestion des refus, attitudes, travail en équipe et continuité), le recadrage, la stimulation au quotidien, la diversion, la validation, le toucher affectif et l’écoute active adaptée. De plus, les thérapies sensorielles comme l’écoute musicale (musique relaxante, classique ou préférée), la musicothérapie (chant, rythmique), la massothérapie, l’aromathérapie, l’observation d’images, la luminothérapie, la zoothérapie ou le snoezelen étaient des INP utilisés. Des thérapies récréatives comprenant les activités plaisantes, les rencontres et les loisirs de groupe ainsi que les thérapies environnementales comme les repères pour l’orientation spatiale et temporelle, le bruit ambiant, l’aire d’errance, les barrières visuelles, les activités passe-temps non personnalisés (meuble de fouille, tableau avec activités variées, pliage de linge, tablier de stimulation, casse-tête) et finalement le contrôle des stimuli étaient des INP utilisées dans cette étude. Des thérapies comportementales, cognitives et spécifiques, ainsi que l’utilisation de l’exercice physique étaient des INP employées. Finalement, toutes les INP étaient adaptées aux besoins uniques de la personne et de ses intérêts, par exemple l’entretien de plantes, le jardinage, les tâches relatives à un métier, la présence simulée, le bricolage, etc. Lors de l’intervention dans le milieu, la formation des soignants ou des proches aidants couvrait les TNCM (y compris les soins centrés sur la personne et le recadrage), les SCPD et leurs causes, les INP, le retrait des mesures de contrôle (contention et isolement), l’évaluation clinique (démarche, examen physique et instruments de mesure), les interventions pharmacologiques et leur surveillance. Pour chaque aîné présentant des SCPD, un membre de l’équipe de mentorat du CEVQ élaborait un plan d’intervention personnalisé suite à diverses évaluations et examens. Ce plan d’intervention contenait des INP en lien avec les besoins identifiés préalablement. Celui-ci était mis en application par l’équipe de soins ou les aidants naturels.

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Les participants étaient âgés en moyenne de 81.5 ans (médiane : 83). Le TNCM le plus fréquent était la maladie d’Alzheimer (44,7%). La sévérité de la démence était légère (12,5%), modérée (25%), mais la majorité des participants (62.5 %) présentaient un TNCM sévère. Le niveau d’autonomie des participants demeure inconnu.

Les outils pour évaluer l’efficacité des INP relative au plan d’intervention dans cette étude étaient l’IACM et l’INCP. Les résultats obtenus avec l’emploi de ses deux outils étaient comparés avant et quatre semaines après la mise en application du plan d’intervention.

En termes de résultats sur l’efficacité des INP, 36 situations (94.7 %) ont obtenu une diminution moyenne de 18.6 points sur l’IACMI ce qui représente une diminution de 32.8 % pour les comportements d’agitation. Les résultats sur l’efficacité des INP évalués avec l’INCP démontrent que 36 situations (94.7 %) ont obtenu une diminution moyenne de 21.7 points ce qui correspond à une réduction de 64 % de la fréquence et de la gravité des SCPD. Toujours avec le même outil, une diminution moyenne de 6.3 points a été enregistrée, ce qui correspond à une réduction de 47.0 % de la fréquence des SCPD. Finalement, au niveau de la gravité des SCPD avec l’INCP, une diminution moyenne de 5.3 points a été enregistrée, ce qui correspond à une réduction de 43.0 % de la gravité des SCPD. Cette étude présente des résultats qui expliquent l’efficacité des INP personnalisées pour la gestion des SCPD dans les TNCM. De plus, l’équipe de mentorat du CEVQ dans cette étude se base sur les lignes directrices en termes de bonne pratique pour les SCPD.

Toutefois, bien qu’il s’agisse d’une étude intéressante, des limites subsistent. La sélection des participants était non-aléatoire. L’absence de groupe contrôle est une autre limite importante. Puisqu’il s’agit d’une étude rétrospective, des informations pertinentes comme la possibilité de variables non mesurées possiblement associées aux SPCD demeurent inconnues. Le processus de collecte de données dans les dossiers n’a pas été validé par un second évaluateur pour établir l’harmonie inter-juge et la conformité des données saisies ou du dictionnaire des variables. Finalement, en ce qui concerne le plan d’intervention, celui-ci a été présenté à l’équipe traitante, mais il y a une absence de vérification auprès de celle-ci afin d’observer si les INP ont été mises en application. En effet, dans cette étude, on ignore si l’applicabilité du plan d’intervention a été optimale, c’est-à-dire s’il était applicable en totalité avec une intensité élevée par tout le personnel,

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tous les quarts de travail confondus. Les résultats observés pourraient être affectés par toutes ces limitations, et différer dans une étude sans limitations.

Plusieurs études primaires similaires traitent du même sujet d’intérêt. Les chercheurs ont procédé à la collecte des données actuelles sur le sujet afin d’en faire une évaluation critique et une synthèse des connaissances existantes. Ils présentent leurs résultats sur l’efficacité des INP pour la gestion des SCPD sous forme de revues de la littérature.

D’ailleurs, les auteurs d’une revue systématique (Livingston et al., 2014) se sont concentrés sur les INP les plus efficaces pour diminuer l’agitation chez les personnes avec un TNCM. Les résultats démontrent que les soins centrés sur les personnes, une communication adaptée issus d’une formation et la cartographie des soins ont réduit l'agitation des aînés dans les CHSLD. De plus, les activités ainsi que la musicothérapie ont diminué l'agitation globale. L'intervention sensorielle a diminué aussi l'agitation de façon cliniquement significative. Cependant, l'aromathérapie et la luminothérapie n'ont pas confirmé d’efficacité. Cette revue s’intéresse seulement à un seul SCPD soit l’agitation ce qui ne permet pas de généraliser l’efficacité des INP pour les SCPD en général dans la pratique infirmière.

Une revue systématique d’essais contrôlés randomisés (Millan-Calenti, Lorenzo-López, Alonso-Búa, de Labra Pinedo, González-Abraldes et Maseda, 2016) sur la gestion non pharmacologique de l'agitation pour les TNCM appuie également l’efficacité des INP. Les résultats montrent que la musicothérapie est une INP efficace pour réduire l'agitation chez les patients atteints de TNCM et vivant en institution, particulièrement lorsque l'intervention porte sur une musique individualisée et interactive. Cependant, les effets à long terme de la musicothérapie sont méconnus. La luminothérapie, quant à elle, a démontré une efficacité limitée sur les niveaux d'agitation. Le toucher thérapeutique est efficace pour réduire l’agitation non agressive. L'aromathérapie n’est pas supérieure aux thérapies pharmacologiques. Tel que mentionné dans la revue systématique précédente, seulement un SCPD est étudié ce qui ne permet pas la généralisation.

Une méta analyse menée par Brodaty et Arasaratnam (2012) a examiné l'efficacité des INP communautaires prodigués par les aidants naturels dans la gestion des SCPD. Les INP dispensées

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par les aidants naturels ont le potentiel de réduire la fréquence et la gravité des SCPD. Les interventions comprenaient entre neuf et douze séances adaptées aux besoins de la personne avec un TNCM et de l'aidant naturel. Elles étaient effectuées individuellement à la maison en utilisant plusieurs composantes sur une période variant de trois à six mois avec un suivi périodique. Les INP étaient efficaces pour diminuer les SCPD avec un effet global de 0,34 (intervalle de confiance (IC) à 95% = 0,20-0,48; z = 4,87; p <0,01), ainsi que pour améliorer les réactions des soignants à ces comportements, taille de l'effet de 0,15 (IC 95% = 0,04-0,26, z = 2,76, p = 0,006). Bien que l’efficacité soit présentée, plusieurs limitations subsistent. L'utilisation de diverses INP simultanément a empêché l'identification des interventions qui étaient les plus efficaces pour les SCPD. Le niveau des connaissances, des compétences et du soutien des aidants naturels avant l'intervention étaient variables et il n’est pas possible de déterminer comment cela a affecté leur capacité à dispenser les INP. La qualité de la recherche et la taille des échantillons diffèrent entre les études. Une limite importante ayant possiblement affecté les études inclues est le biais de désirabilité sociale. En effet, presque toutes les études ont mesuré l’effet des interventions à partir des impressions des d’aidants naturels ou d’autres intervenants, plutôt que par l'observation directe. Ceci dit, cette étude demeure intéressante puisqu’elle s’intéressait aux aînés présentant des SCPD vivaient à domicile et que les INP étaient effectués par les aidants naturels.

Une revue de la littérature comprenant dix études réalisées entre 2009 et 2014 (Staedtler et Nunez, 2015) a permis de tirer la conclusion que les INP sont sûres et efficaces dans la gestion des SCPD telle que l’agitation. Par exemple, la formation aux professionnelles consistait à l’apprentissage de stratégies de communication; les SCPD et les INP des études inclues ont démontré une diminution des scores d'agitation des patients (p <0,01). Malgré que l’intégralité des études n'ait pas été en mesure de présenter des résultats statistiquement significatifs, toutes les études individuelles ont confirmé une tendance positive à la réduction des SCPD sans effets secondaires indésirables. Toutefois, cette revue de la littérature ne présente pas de résultats à long terme pour les INP efficaces. Bien que les auteurs recommandent des séances éducatives, ils ne mentionnent ni de durée ni de fréquence pour l’applicabilité future. Finalement, cette revue de la littérature s’intéresse seulement aux symptômes comportementaux et ne tient pas compte des symptômes psychologiques des TNCM ce qui est une limite à noter.

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Une revue systématique des revues systématiques sur les INP pour traiter les SCPD chez les personnes âgées qui ont un TNCM a été réalisée par Abraha et ses collaborateurs en 2017. Les INP examinées incluaient les interventions de stimulation sensorielle qui comprenaient : shiatsu (manipulations douces, des étirements et de la pression avec les doigts, les coudes, les genoux et les pieds) et acupression, aromathérapie, massage ou thérapie par le toucher, luminothérapie, jardin sensoriel et activité horticole, musique et danse, thérapie de stimulation multisensorielle « snoezelen » et stimulation nerveuse électrique transcutanée. De plus, les INP examinées incluaient les interventions cognitives et émotionnelles dont la stimulation cognitive, la réminiscence, la validation et thérapie de présence simulée. Les techniques de gestion du comportement ainsi que des INP combinés étaient également étudiés. Finalement, d’autres INP tels que l’exercice physique, des unités de soins spéciaux, des interventions basées sur l’environnement de la salle à manger ou la zoothérapie étaient inclus dans cette revue systématique. Au total, l’analyse porte sur 38 revues systématiques et elle inclut 142 études primaires. Celles-ci avaient un devis expérimental à répartition aléatoire ou non. En conclusion, les INP les plus efficaces sont la musicothérapie et les techniques de gestion du comportement, notamment si elles sont individualisées. Les études incluses dans cette revue systématique ne montrent pas toutes des résultats significatifs, mais les résultats de la revue soutiennent l’efficacité des INP dans la prise en charge des SCPD. En résumé, il existe des limites importantes dans la littérature sur les choix des INP. Malgré que cette revue présente un grand nombre d’INP, la majorité des études présente des variations dans la définition et l’application de la même INP. De plus, la durée du suivi et la méthodologie diffèrent ce qui engendre des difficultés de comparaison. Finalement, la plupart des études répertoriées ont une petite taille d’échantillon qui limite la généralisation des résultats observés.

Une revue de la littérature a mis en évidence que l’exercice physique permet une diminution significative du nombre de SCPD (p = 0,001) (Oliveira et al., 2015). Dans le même ordre d’idée, Fleiner, Leucht, Förstl, Zijlstra et Haussermann (2017) se sont intéressés à cinq essais (N=206) sur les effets de l’exercice dans la gestion des SCPD. Les études comprenaient trois séances par semaine de 30 à 45 minutes, d’une durée allant de trois à douze semaines. Les auteurs sont venus à la conclusion que l'exercice semblait être bénéfique pour réduire certains SCPD, en particulier l'humeur dépressive, l'agitation et l'errance. De plus, l’exercice pourrait également améliorer le sommeil nocturne. L’efficacité de l'exercice sur l'amélioration d'autres SCPD tels que l'anxiété,

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Figure 4.1. Diagramme de l’étude rétrospective.

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