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Chapitre 3 : Méthodologie

3.3. Outils de collecte des données

Dans un premier temps, pour le volet rétrospectif, deux outils de collecte de données ont été élaborés pour permettre la saisie des données.

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3.3.1 Donnée liée au SCPD

Le premier outil (Annexe B) permettant la saisie des données reprenait entre autres des éléments présents dans les différents formulaires utilisés par l’équipe de mentorat du CEVQ lors de leur démarche auprès des aînés présentant des SCPD découlant d’un TNCM. Cet outil comprenait principalement des données descriptives sur les cas sélectionnés tels que le numéro du cas sélectionné, le sexe, l’âge, le type de TNCM, les SCPD présents, les comorbidités, le milieu de vie, la date de présentation du plan d’intervention ainsi que la date de fin de la prise en charge par l’équipe de mentorat. De plus, cet outil de collecte des données comprenait les scores obtenus à l’IACM avant et après la mise en application du plan d’intervention de l’équipe de mentorat.

L’IACM est un instrument qui facilite l’évaluation du comportement des patients atteints de TNCM. En fait, il se concentre exclusivement sur les comportements agités (Cohen-Mansfield, 1997). Cet outil comprenant 29 comportements d’agitation qui se chevauchent (Cohen-Mansfield, Marx et Rosenthal, 1989; Finkel et al, 1992). C’est pourquoi dans la présente étude, seul le résultat global obtenu à l’aide de cet outil a été considéré. L’IACM est donc un questionnaire d’évaluation composé de 29 comportements d’agitation, chacun évalué sur une échelle de fréquence de 7 points (Cohen- Mansfield, 1991). Le score global varie par conséquent de 29 à 203.

Disposer d'instruments de mesure de l'agitation dont la fidélité et la validité ont été établies est indispensable tant pour la recherche que pour intervenir dans les différents milieux de soins. À l’origine, il a été démontré par Cohen-Mansfield et Billing (1986) que l’outil de mesure de l’agitation est fiable et valide. Cependant, cette étude de validité était limitée à un nombre restreint de participants et avait eu lieu dans un seul site. Finkel et ses collaborateurs (1994) ont vérifié la fiabilité et la validité du l’IACM dans une cohorte de patients âgés vivant dans un CHSLD. L’échantillon était composé de 232 participants ayant un âge moyen de 86 ans. Trois évaluations avec l’IACM ont été réalisées par les infirmières ou les assistantes-infirmières-chefs des trois quarts de travail. Les évaluateurs avaient été formés préalablement par un psychiatre. La première évaluation était sur l’échantillon total, soit les 232 résidents du CHSLD. La deuxième évaluation concernait 40 résidents choisis au hasard alors que la troisième évaluation observait 20 résidents choisis encore une fois au hasard. Les résultats présentaient une fiabilité de la cohérence interne (α= 0,86, 0,91 et 0,87 pour les quarts de jour, de soir et de nuit) et une fidélité inter-juges faible pour le score total (r de Pearson de

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0,41). Toutefois, les fiabilités inter-juges différaient selon les sous-types de comportements agités allant de 0,26 à 0,66. Les différences de validité peuvent être attribuées aux aînés, à la variation dans le personnel soignant, la différence de possibilité d'observer les résidents (jour/soir/nuit) ou des comportements agités différents. Cependant, d’autres études sur la validité et la fidélité ont obtenu des résultats similaires, mais supérieures, soit une cohérence interne élevée (α=0,77), une haute fiabilité test-retest (r = 0,74 à 0,92) et une fidélité inter-juges significative (r de Pearson de 0,72) (Chrisman, Tabar, Whall et Booth, 1991; Cohen-Mansfield et Billig, 1986; Finkel, Lyons et Anderson,1991; Koss et al., 1997).

De plus, l’utilité de l’IACM a été démontrée par ses différentes traductions linguistiques ainsi que ses versions japonaise, néerlandaise, coréenne, chinoise (Kupeli, 2018). La version française de cet instrument de mesure de l’agitation a été validé par Deslauriers, Landreville,Dicaire et Verreault en 2001. Pour ce faire, 99 résidents de trois unités de soins d’un CHSLD de la région de Québec ont participé à une étude. Les participants étaient âgés entre 60 et 97 ans (moyenne de 77,6 ans). La moitié des participants avaient un diagnostic de TNCM. Pour une période de 2 semaines, chaque comportement a été évalué à l’aide de l’IACM par un membre du personnel de la santé connaissant bien les aînés. Les résultats de cette étude présentent une forte fidélité interjuge (r = 0.72), une stabilité temporelle (r = 0.72), une cohérence interne élevée (α= 0.75 à 0.77), une forte validité de concomitance (r = .74) et une validité de construits (tous les r sont significatifs, p< 0.05).

L’instrument de saisie des données de la présente étude comprend également les scores obtenus à l’INPC avant et après la mise en application du plan d’intervention de l’équipe de mentorat. Le but de l’INPC est de recueillir des informations sur la présence, la gravité et les répercussions des SCPD. Plus particulièrement, il évalue 12 domaines comportementaux courants contrairement à l’IACM qui s’intéresse seulement aux sphères de l’agitation (Aalten, 2003; Cummings, 1997). Une question de sélection est posée au soignant ou au proche aidant pour chaque comportement et si la réponse à cette question est négative, aucune sous-question n’est abordé (Finkel et al., 1992). Toutefois si la réponse à la question est positive, le SCPD est présent et la sous-question suivante est abordée, ce qui maximise le temps nécessaire consacré à l’utilisation de l’instrument. Cummings (1997) mentionne que l’évaluation avec l’INPC doit considérer les SCPD pour une période rétrospective de 1 mois. Pour chaque domaine, il y a quatre scores possibles : score de fréquence (1

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à 4); score de gravité (1 à 3); score correspondant au produit (fréquence multipliée par la gravité allant de 1 à 12); score de retentissement sur les activités professionnelles du soignant (0 à 5). Le score total, score utilisé pour la présente étude, est la somme des scores de gravité et de fréquence des différents domaines allant de 0 à 144.

L’INPC est une échelle largement utilisée, tant dans la pratique clinique que scientifique. Cet outil a de bonnes qualités psychométriques tel qu’une bonne fidélité interjuge (de 93,6 à 100%) pour les différents SCPD et une fidélité test-retest significative (r = 0.79 pour la fréquence et r =0,86 pour la gravité) (Cummings, 1997). De plus, la validité concomitante est acceptable avec des instruments comme l'échelle de dépression de BEHAVE-HD et de Hamilton Rating Scale for Depression (HAM-D) (Cummings, 1997). De nombreuses études de hautes qualité ont permis de démontrer que cet instrument est à la fois valide et fiable par ses différentes traductions linguistiques ainsi que ses différentes versions (Camozzato et al., 2015; Chen et al., 2018; Choi et al., 2000; Cummings et al, 1994; Cummings, 1997; Kim et al., 2016; Lange, Hopp et Kang, 2004; Sahin Cankurtaran, Danişman, Tutar et Ulusoy Kaymak, 2015; Stella et al., 2013). L’utilité de l’INCP a été démontrée. Robert et ses collaborateurs ont validé la version française en 1998.

3.3.2. Donnée liée à la médication

Le deuxième outil de saisie des données, présenté à l’Annexe C, concernait les prescriptions médicamenteuses spécifiquement. Sous forme de tableau, chaque cas était identifié avec un numéro d’identification, ses médicaments prescrits, la dose, l’unité de mesure, la quantité, la voie d’administration, la posologie et le code ATC-WHO (WHO Collaborating Centre for Drug Statistics Methodology [ATC-WHO], 2017) du médicament. Les médicaments ont été saisis par période, soit la période 1 (médication avant l’intervention) et la période 2 (médication après l’intervention) pour les médicaments réguliers et les médicaments pris au besoin (PRN). Les données sur la médication, issus des dossiers des aînés, proviennent du document Thérapie médicamenteuse. On pourrait comparer ce document à une transcription de la feuille d’administration des médicaments (FADM).

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3.3.3. Données qualitatives

Dans un deuxième temps, pour le volet qualitatif, un questionnaire a été développé pour cette étude (Annexe D). Tout d’abord, pour mieux cerner les sujets et mieux formuler les questions du questionnaire qualitatif, deux mentors expérimentés ont accepté de participer à une entrevue qualitative semi-dirigée. Ces deux entrevues ont eu lieu au CEVQ à l’aide du guide d’entrevue présent à l’Annexe E. Les notes prises durant ces entrevues ont servi à la confection du questionnaire en ligne en plus d’être réutilisées dans l’analyse des données. Le but était d’en apprendre davantage concernant la réalisation d’une intervention et de son suivi. Aucune question n’a porté sur les facteurs facilitants et les barrières à l’acceptation des recommandations sur les médicaments. Cette stratégie a été retenue dans le but d’observer s’il s’agissait d’un sujet important que les mentors aborderaient délibérément. À partir de ce qui a été mentionné sur la médication, un questionnaire en ligne permettant aux mentors d’approfondir sur le sujet a été rédigé. Celui-ci comprenait une fiche signalétique sur les caractéristiques des mentors soit : l’âge; le sexe; le niveau de scolarité; le nombre d’années d’expérience comme infirmière, comme infirmière auprès des aînés présentant des SCPD dû à un TNCM, et comme infirmière mentor; le nombre d’heures travaillées par semaine ainsi que le nombre approximatif d’interventions de 2e ligne dans la dernière année. De plus, cet outil contenait des questions qualitatives sur les facilitateurs et les barrières concernant les recommandations infirmières faites par les mentors concernant l’administration des médicaments. Une fois le questionnaire élaboré, celui-ci a été consulté par le directeur ainsi que la codirectrice de recherche. Ensuite, il a été testé par les deux mêmes mentors afin d’obtenir des commentaires et des suggestions pour la version finale. Quelques ajustements ont été apportés. Ce processus a permis de vérifier la clarté des questions et de s’assurer que l’instrument était le plus valide possible dans le cadre de ce projet de recherche.