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Chapitre 4. Présentation des résultats

4.4. Résultats qualitatifs sur les facteurs facilitants et les barrières à l’acceptation des recommandations

Les résultats du volet qualitatif exploratoire ont permis de mettre en évidence certains facteurs affectant l’acceptation ou non des recommandations infirmières de l’équipe de mentorat concernant le profil pharmacologique.

4.4.1. Description des membres de l’équipe de mentorat participants

L’équipe de mentorat est un service pratiquant et enseignant des interventions de deuxième ligne pour la prise en charge des SCPD. Elle se compose de plusieurs infirmières, mais six d'entre

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elles font spécifiquement des interventions de deuxième ligne. Parmi les infirmières expérimentées invitées à participer à cette étude, la moitié (n=3) ont rempli le questionnaire en ligne.

Les caractéristiques sociodémographiques des infirmières de l’équipe de mentorat qui ont accepté de participer au volet qualitatif de cette étude sont présentées au Tableau 4.11. L’échantillon était composé de deux femmes (66,7%) et d'un homme (33,3%). L’étendue de l’âge des participants se situe entre 31 et 60 ans. Tous les participants ont une formation de niveau universitaire. Le nombre d’années de pratique en tant qu’infirmière est de 9 ans et plus. Selon les groupes d’années de pratique en soins infirmiers gériatriques avec la clientèle ayant des TNCM, deux personnes avaient entre trois à cinq ans d’expérience (66,7%) et une personne avait 12 ans et plus d’expérience (33,3%). Finalement, l’étendue du nombre d’années travaillé au sein de l’équipe de mentorat est de 1 mois à cinq ans.

Tableau 4.11.

Caractéristiques sociodémographiques des participants de l’équipe de mentorat

Caractéristiques sociodémographiques des infirmières participantes [N=3] n % Âge 31-40 ans 41-50 ans 51-60 ans 1 1 1 33,3 33,3 33,3 Niveau de scolarité Diplôme d’études universitaire de deuxième cycle

Diplôme d’études universitaire de troisième cycle Maîtrise en cours 1 1 1 33.3 33,3 33,3 Nombre d’années d’expérience comme infirmière 9-11 ans 12 ans et plus 2 1 66,7 33,3 Nombre d’années

d’expérience auprès des aînées ayant un TNCM 3-5 ans 12 ans et plus 2 1 66,7 33,3

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Nombre d’années travaillé au sein de l’équipe de mentorat Moins de 3 ans 3-5 ans 1 2 33,3 66,7 Nombre d’heures

travaillées par semaine

35 heures 45 heures 2 1 66,7 33,3

4.4.2. Les facteurs facilitants et les barrières

Les facteurs qui influencent l’adhésion des médecins aux recommandations pharmacologiques des membres de l’équipe de mentorat seront abordés dans la section ci-après. Ces facteurs ont été identifiés à partir du discours des mentors qui ont participé à l'étude.

Dans un premier temps, les facteurs facilitants à l’acceptation des recommandations médicamenteuses par l’équipe traitante sont abordés. L’ouverture, l’accessibilité et la disponibilité des médecins sont inévitables pour le soutien de l’équipe de mentorat dans ses recommandations sur la médication. Il est à noter que les savoirs respectifs de chacun des professionnels de la santé sont mobilisés et mis à profit dans la déprescription des médicaments psychotropes, incluant leurs connaissances sur les données probantes. Ces dernières s'avèrent incontournables. En effet, il semblerait que les discussions sur l’importance de la diminution des AP appuyées par la présentation d’études scientifiques justifiant l’arrêt de la médication seraient positives au suivi des recommandations infirmières. En effet, les professionnels de la santé sont plus enclins à suivre des recommandations lorsqu’ils se voient présenter des données probantes. De plus, énoncer des alertes cliniques pour susciter la surveillance clinique et la révision du profil médicamenteux sur la pertinence de la médication est bénéfique. Donc, les mentors réussissent à susciter ce questionnement. Pour ce faire, cette remise en question devrait comprendre également l’historique des prescriptions, le choix de la molécule, les effets thérapeutiques et les effets indésirables observés afin d’être en mesure de justifier la déprescription ou la poursuite de la médication. La formation du personnel pour l’application des INP et le suivi des recommandations pharmacologiques serait facilitante.

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Dans un deuxième temps, les barrières identifiées par les membres de l’équipe de mentorat seront présentées. Bien que la plupart des recommandations infirmières sur la médication soient théoriquement connues des professionnels de la santé, les mentors avancent qu’elles sont parfois sciemment ignorées par les médecins, les pharmaciens et les infirmières.Différents facteurs peuvent entrer en ligne de compte, par exemple, le contexte actuel concernant les facteurs organisationnels du réseau de la santé et des services sociaux, comme un manque de ressources, tel que mentionné ci-après. Le fait d’aborder les données actuelles et convaincantes sur l’importance de la déprescription des AP n’est souvent pas synonyme de succès. En effet, dans la plupart des cas, les professionnels à qui les recommandations sont adressées les connaissent déjà mais ne les appliquent pas. Inévitablement, la déprescription ainsi que l’acceptation des recommandations infirmières nécessitent l’appui du médecin. Cependant, l’inaction des médecins est parfois soutenue par le fait que certains d’entre eux ne croient pas qu’un changement médicamenteux pourrait améliorer la gestion des SCPD. L’impression que la médication est indispensable pour le contrôle des SCPD est un obstacle au suivi des recommandations infirmières. Dans un autre ordre d’idée, il se dégage que les SCPD sont, d’un point de vue infirmier, l’expression de besoins compromis et que les interventions thérapeutiques pourraient être non médicamenteuses. Il en ressort dans les résultats, qu’une vision purement biomédicale vient interférer sur les changements médicamenteux que le médecin devrait faire. De plus, une rigidité des médecins et des autres professionnels de la santé est également observée. Celle-ci est alimentée par les craintes de ceux-ci concernant le manque de temps et la charge de travail importante dans les différents milieux pour appliquer les INP recommandés et cesser par le fait même l’usage des AP. La réalisation d’une INP nécessiterait selon les différents professionnels de la santé de tous les milieux de vie confondus plus de temps et de ressources qu’une intervention pharmacologique. Cette vision engendre donc de la réticence de la part des intervenants de la santé face aux changements conseillés.

D’autre part, la collaboration entre les mentors et les médecins serait variable. Les mentors expliquent que parfois, les médecins seraient fermés à recevoir des recommandations d’une infirmière qui ne fait pas partie intégrante du milieu de soins ou de vie. On comprend donc que l’orientation de la philosophie interne des milieux de vie ou de soins peut différer. D’ailleurs, les médecins sont peu enclins à modifier le profil pharmacologique en raison d’une pression continue à prescrire de la part de l’équipe soignante et des proches. Ils sont encore moins portés à apporter des

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changements au niveau de la médication si la prescription n’a pas été faite par le médecin traitant, mais par un spécialiste par exemple. Les mentors ont soulevé un point important dans les questionnaires soit que le recours à l’équipe de mentorat est souvent tardif. Cela a pour conséquence que la médication psychotrope est déjà instaurée depuis un bon moment. La conclusion est qu’il est généralement plus difficile d’arrêter un traitement pharmacologique que d’en commencer un selon un membre de l’équipe de mentorat.

Malgré les difficultés rencontrées, dans la majorité des cas, les mentors ont la perception qu’il y a une diminution de l’usage des AP suite aux recommandations infirmières en lien avec la médication. En contrepartie, ils n’ont pas l’impression qu’il y a un arrêt complet de la consommation d’AP.

Finalement, les mentors ont été questionnés sur ce qui pourrait être fait selon eux pour favoriser la diminution ou la cessation de la prise d’AP. La formation et l’enseignement ont été mentionnés.

Enfin, la présente recherche avait pour objectifs de répondre aux trois questions de recherches. Les résultats indiquent que les INP sont efficaces dans la diminution des SCPD, mais demeurent limités quant à l’impact qu’elles exercent sur l’usage des AP. Seul le fait de faire des recommandations pour la déprescription n’est pas suffisant compte tenu des barrières à l’acceptation de celles-ci par les différents professionnels de la santé.

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