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Éclairage sur la (re)naissance de la question macédonienne

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Éclairage sur la (re)naissance de la question

macédonienne

Constantin Angélopoulos

To cite this version:

Constantin Angélopoulos. Éclairage sur la (re)naissance de la question macédonienne : Dans les manuels grecs d’histoire de l’enseignement secondaire (1950-1995). Centre d’études néo-helléniques. Presses universitaires de la Méditerranée, 208 p., 2005, 2-84269-641-7. �hal-03050054�

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3 T…ä ¥ä…ă` ¥∑ˇ T…∑µ √`…ă` ¥∑ˇ T…äµ `{|≥Ÿç ¥∑ˇ T…ä «Õµ…ƒ∑Ÿ∫ ¥∑ˇ Jacqueline T…∑ z§∑ ¥∑ˇ A≥Ä∂ä À mes maîtres : Marie-Paule Masson Charles-Olivier Carbonell

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Publié avec le concours du Conseil Scientifique de l’Université Paul Valéry

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SOMMAIRE

__________________________________________________

INTRODUCTION 7

PREMIÈRE PARTIE Brusque et tardive découverte de l’histoire

de la Macédoine après une longue période de dédain 24

DEUXIÈME PARTIE 1950-1991.Invariances : unité, continuité

et puissance de l’hellénisme 41

a) L’Espace récupéré 41

1) présenté 42

2) disputé 47

3) libéré 55

b) La population perdue et retrouvée 65

1) l’origine 66

2) le contact 73

TROISIÈME PARTIE 1992-1995 . Un discours scolaire nouveau :

identité nationale et gestion du danger 86

a) Une naissance étatique controversée 86

b) Un discours scolaire nouveau 92

1) origine et continuité 94

2) critiques 101

3) propositions 132

CONCLUSION 141

ANNEXES 147

CONTENU DES ANNEXES 148

SOURCES 177

BIBLIOGRAPHIE 182

TABLE DES CARTES 198

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TABLE DES PHOTOGRAPHIES 200

INDEX THÉMATIQUE 202

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INTRODUCTION

_____________________________________________________________

Le 8 septembre 1991, 95,9% des électeurs de l’ex-République Yougoslave de Macédoine1 se sont prononcés en faveur de

l’indépendance de leur État, laquelle a été proclamée le 15 septembre2 de la

même année. Cela signifie qu’à partir de cette date, le nouvel État constitué par une population établie sur un territoire et soumise à un pouvoir politique a commencé d’exister. Cependant, «l’existence même de l’État ne suffit pas, lorsqu’il s’agit d’un État nouveau, à lui assurer une place dans les relations internationales. Les relations inter-étatiques, marquées par exemple par le droit de légation actif et passif et la mise en œuvre éventuelle de la responsabilité internationale, supposent non seulement que l’État existe, mais encore qu’il ait été reconnu par les autres États»3. Cependant, cette

nécessité essentielle ne suppose pas que tout État constitué soit immédiatement reconnu par les autres États, car la reconnaissance n’a qu’une valeur «déclarative, l’État nouveau peut être reconnu par certains États et ne pas l’être par d’autres»4. À titre d’exemple, en 1924, l’U.R.S.S. a

été reconnue par certains États dont la Grande Bretagne, la France et l’Italie mais elle a dû attendre l’année 1933 pour être reconnue par les États-Unis. De même, la reconnaissance de l’ex-République Yougoslave de Macédoine n’a pas eu lieu immédiatement. Au début des années 1990, à l’heure où le conflit à l’ex5-Yougoslavie atteint dans les Balkans un paroxysme car il est

1Dans la présente étude, le nom de ce nouvel État des Balkans sera celui qui est reconnu par l’O.N.U., F.U.R.O.M., c’est-à-dire, Former Yugoslav Republic Of Macedonia (Ex-République Yougoslave de Macédoine). De cette façon, nous éviterons le nom Macédoine ainsi que Skopje employés respectivement en ex-République yougoslave de Macédoine et en Grèce.

2Bernard Feron, Yougoslavie : Origines d’un conflit, Éditions le Monde, Marabout, Paris 1993.

3Claude-Albert Colliard, Institutions des Relations Internationales, Dalloz (septième édition), Paris 1978, page 217.

4Claude-Albert Colliard, Institutions des Relations Internationales, op. cit., page 218. 5La particule ex qui se place devant un nom précédé un trait d’union, fait allusion à la

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contraire aux principes humanitaires en vigueur dans l’Europe actuelle, la Grèce, confrontée à des problèmes identitaires provoqués par la constitution du nouvel État, est actuellement à la recherche d’une normalisation internationale dans ses rapports avec ses partenaires de l’Union Européenne, tout en «se défendant de vouloir également compter sur les États-Unis»6.

Cependant, d’un point de vue interne grec, la politique nationale de l’ex-République yougoslave de Macédoine apparaît de plus en plus comme un problème très important qui a constitué le thème privilégié du discours politique grec qu’on peut étudier à travers des sources très nombreuses (livres, articles, déclarations…). Cependant, nous sommes persuadé que ce sont les livres scolaires qui sont les plus précieux, car ils sont des régulateurs importants du point de vue de la transformation des rapports idéologiques, politiques et sociaux à l’école. Constituant un «mécanisme de formation national»7 essentiel dans le cadre du processus de l’élaboration de

la «conscience nationale des futurs citoyens à travers la culture de la mémoire historique commune»8, il prépare «les individus pour leur

adhésion sociale conformément aux valeurs sociales dominantes»9.

Contenant les bons choix, le manuel, cet «objet fascinant»10, s’adresse à seconde Fédération Yougoslave qui a cessé d’exister depuis la reconnaissance par les Douze le 15 janvier, 1992, de l’indépendance de la Slovénie et de la Croatie. L’acte qui a entériné officiellement la fin de la Fédération a été signé le même jour à Zagreb. La troisième Yougoslavie a été proclamée par la Serbie et le Monténégro le 27 avril 1992. La seconde Fédération Yougoslave avait commencé à exister dès la promulgation de la Constitution de Yougoslavie, le 31 janvier 1946. Elle était composée de la Slovénie, de la Croatie, de la Bosnie-Herzégovine, de la Macédoine, du Monténégro, de la Serbie et de deux régions autonomes, le Kosovo à majorité albanaise et la Voïvodine. La première Yougoslavie était née le 3 octobre 1929 pour faire disparaître les anciennes nations qui constituaient le royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, lequel avait pris naissance le 1er décembre 1918.

6Daniel Vernet, Le Monde, «La Grèce à la recherche de la respectabilité», samedi 8 janvier 1994, page 9. 7Ax{|≥c ˝FŸä, K«…∑ƒß` ≤`§ «χ∑≥|ß∑, R`§{`z›z§≤∫ …¥ç¥` {ä¥∑…§≤ç˛ |≤√`ß{|ˇ«ä˛, Aƒ§«…∑-…Ä≥|§∑ R`µ|√§«…祧∑ J|««`≥∑µß≤ä˛, ˝F≤{∑«ä W√äƒ|«ß`˛ {ä¥∑«§|ˇ¥c…›µ, J|««`≥∑µß≤ä 1994, «|≥ß{` 153. 8Ax{|≥c ˝FŸä, K«…∑ƒß` ≤`§ «χ∑≥|ß∑, ∑. √., «|≥ß{` 152. 9Xƒ`z≤∑ˇ{c≤ä ˝Aµµ`, L∑§µ›µ§∑≥∑zß` …ä˛ |≤√`ß{|ˇ«ä˛. J|›ƒß|˛ z§` …äµ ≤∑§µ›µ§≤ç `µ§-«∫…ä…` «…∑ «χ∑≥|ß∑, F≤{∫«|§˛ R`√`âç«ä, A¢çµ` 1985, «|≥ß{` 153.

10Moniot Henri, Didactique de l’Histoire, Nathan, Pédagogie, Perspectives Didactiques, Paris 1993, page 199 : «le manuel scolaire, tout particulièrement celui d’histoire, est un

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l’élève, le désigne comme membre de la communauté qui l’a créé et le pousse à respecter les règles qui la régissent. Dès lors, la non-conformité aux valeurs transmises entraînerait ce que Freud a appelé un «sentiment de culpabilité inconscient»11 qui exerce des fonctions de «refoulement sur les

tendances contraires»12. Les manuels qui ont constitué les sources de la

présente étude sont ceux d’histoire ancienne et d’histoire contemporaine qui ont été édités de 1950 à 1994, c’est-à-dire pendant une période dominée par la présence d’un seul manuel scolaire dont la rédaction, l’édition13, la

distribution et l’utilisation étaient étroitement contrôlées par le pouvoir politique.

L’étude des sources a imposé deux sortes de limites, l’une thématique, l’autre chronologique.

La délimitation thématique est dictée par des motifs d’ordre pratique. En fait, la Macédoine est traitée dans trois sortes de objet foisonnant, multiple et fascinant, compagnon fort des scolarités, socialement considéré en même temps que souvent vilipendé, polymorphe à coup sûr sans être vraiment pervers».

11Sigmund Freud, Essais de psychanalyse Petite bibliothèque Payot, Paris 1972, page 195. 12Pierre Ansart, Manuels d'histoire et inculcation du rapport affectif au passé, «Enseigner l'histoire: des manuels à la mémoire», Peter Lang, Berne 1984, page 68.

Moniot Henri, Didactique de l’Histoire, Nathan, Pédagogie, Perspectives Didactiques, Paris 1993, page 199: «Il (le livre) remplit possiblement diverses fonctions : Auprès de l’élève, il est réservoir d’informations, référence du savoir, trésor de leçons, de révisions et d’exercices, voire instrument d’apprentissage. (…). Auprès des professeurs, il est deux fois présent, comme auxiliaire embarqué de bon et de mauvais gré, s’agissant du manuel d’usage dans leur classe, et comme bibliothèque de première fréquentation (…), mines d’informations, d’idées, de suggestions (…), de solutions de rechange. Le manuel retient parfois parents, grands frères ou grandes sœurs, qui font travailler l’élève avec des bonheurs divers, ou vérifiant si l’enseignant mène bien son affaire. Il est une des présences sociales du livre. (…).

13L’Organisme d’édition des Livres Scolaires a été créé par la loi 952, publié dans le Journal Officiel n° 469, du 12 novembre 1937. Il est intéressant de mentionner le rapport introductif du projet de loi sur cette création du Code de Législation sur l’Organisme d’Édition de Livres Scolaires (L‡{§∂ µ∑¥∑¢|«ß`˛ √|ƒß ıQƒz`µ§«¥∑◊ ıF≤{∫«|›˛ Tχ∑≥§≤˵ C§x≥ß›µ), Athènes, 1956, page 9-14 ; (voir également Koulouri Christina et Ventouras Ekaterini, «Les manuels scolaires dans l’État grec 1834-1937», Histoire de l’Éducation, n° 58, Service d’histoire de l’Éducation, Paris, mai 1993, page 24) : «Les manuels scolaires sont parmi les principaux vecteurs de l’éducation, parce qu’ils constituent le moyen par excellence par lequel l’école influence l’élève, et parce qu’ils expriment les points de vue de l’État sur les finalités de l’éducation».

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manuels d’histoire, dans ceux d’histoire ancienne jusqu’à l’an 146 ou 30 av. J.-C., dans ceux d’histoire contemporaine de 1453 à nos jours, ainsi que dans un manuel récent édité par le Ministère grec de l’Éducation Nationale et des Cultes en 1992, exclusivement sur le rapport entre l’Histoire et la Politique à travers l’étude de la Macédoine. Cette présentation des sources ne mentionne pas les manuels d’histoire byzantine, car le thème Macédoine n’est pas étudié dans un chapitre séparé. Le nom même de Macédoine prête à confusion puisque, selon des historiens comme Vacalopoulos, «les auteurs byzantins désignaient par le nom Macédoine des régions qui comprenaient la plus grande partie de l’Albanie actuelle, la Thrace du nord ainsi que certaines régions de la Thrace grecque. Le terme même de Macédonien avait perdu pendant les temps byzantins le sens national et même géographique qu’il avait pendant l’antiquité. Par exemple, les Empereurs Macédoniens (867-1056) provenaient de la Thrace»14.

La délimitation chronologique s’est imposée car, à partir de 1950, la Grèce est entrée dans une période relativement plus calme que les précédentes, marquées de guerres15 qui rendaient difficile l’organisation

de l’enseignement. En 1950, après la fin du conflit qui a divisé les Grecs en deux groupes idéologiquement opposés, et dont le point culminant a été la dernière guerre civile et, en juin 1950, le début de la guerre de Corée qui a poussé les Américains vers une politique solide et conservatrice dans leur zone d’influence, la Grèce a essayé de s’organiser, «mais les problèmes culturels ont pesé énormément sur le fonctionnement des institutions et donc sur l’éducation elle-même. Il a fallu attendre, en 1974, la fin de la dictature des colonels pour que le pays entre dans une période plus prometteuse, plus calme, du point de vue non seulement institutionnel, mais aussi, politique et social.»16.

La méthode d’analyse des sources17 choisie dans cette

étude a été, d’une part, d’inspiration statistique avec pour objectif de

14C`≤`≥∫√∑ˇ≥∑˛ ıA√∫«…∑≥∑˛, ˆK«…∑ƒß` …ä˛ N`≤|{∑µß`˛, 1354-1839, J|««`≥∑µß≤ä 1969. 151914-1918 : première guerre mondiale ; 1918-1922 : guerre d'Asie Mineure ; 1941-1944 : seconde guerre mondiale ; 1943-fin 1949 : guerre civile.

16Constantin Angélopoulos, Un nouveau théâtre grec: Pédagogies et mémoire dans la

Grèce contemporaine (1950-1989). Les manuels d'histoire de l'enseignement secondaire,

Université Paul Valéry, janvier 1990, page 2.

17Les références sélectionnées dans les sources et la bibliographie rédigée en langue grecque ont été traduites librement par l’auteur du présent ouvrage.

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mesurer la place occupée par l’étude de la Macédoine en nombre de pages, en valeur absolue et en pourcentage; d’autre part, elle a été d’inspiration sémantique avec pour but de réunir des phrases ou des mots qui, une fois regroupés, ont permis de dégager des thèmes. Du point de vue théorique, cinq ouvrages de base ont surtout été utilisés : les livres de Régine Robin18,

de Jean Heffer, Jean-Louis Robert et Pierre Saly19, celui de F. Rousseau20,

la thèse de doctorat d’histoire que nous avons réalisée21, ainsi que le livre de

B. Berelson22 qui, un des premiers, s’est consacré à «l’analyse de contenu».

D’un point de vue général, l’analyse statistique et sémantique des sources a été privilégiée parce qu’elle est «fondée sur la conception d’après laquelle les messages, cachés ou non, contenus dans le texte ou plus généralement dans un moyen de communication, dépassent, malgré leur isolement, la conscience du récepteur principalement grâce à leur influence concentrée»23.

Dans la perspective de l’étude du problème macédonien à travers les manuels scolaires d’histoire-sources, trois remarques préliminaires s’imposent ; la première concerne le contexte politique qui a marqué en Grèce la rédaction des manuels scolaires d’histoire de 1950 à nos jours ; la deuxième porte sur la caractéristique essentielle de la nation hellène, qui justifie à elle seule toutes les ambitions étatiques et nationales grecques depuis la création de l’État au début du XIXème siècle jusqu’à nos jours: la continuité; la troisième considère l’image de la Macédoine dans les manuels scolaires dont l’édition et l’utilisation ont précédé celle des sources

18Régine Robin, Histoire et linguistique, Armand Colin, Paris 1973.

19Jean Heffer, Jean-Louis Robert et Pierre Saly, Outils statistiques pour les historiens, Publications de la Sorbonne, Paris 1981.

20F. Rousseau, Manuel d’initiation à l’histoire quantitative (histoire contemporaine), Documents et histoire, Orphys, Paris 1994.

21Angélopoulos Constantin, Un nouveau théâtre grec : Pédagogies et mémoire dans la

Grèce contemporaine (1950-1989). Les manuels d'histoire de l'enseignement secondaire,

op. cit., 904 pages.

22Berelson Bernard, Content Analysis in Communication Research, Hafner Press, New York 1952, 220 pages.

23L`‹c≥ä˛ Aχ§≥≥Ä`˛, Y`ƒ`≥c¥√∑ˇ˛ Eä¥ç…ƒä˛, Tχ∑≥§≤c |zχ|§ƒß{§`. J|«¥§≤ç |∂Ä≥§∂ä ≤`§ «Õzχƒ∑µä √ƒ∑x≥ä¥`…§≤ç, F≤{∫«|§˛ ˝F≤Ÿƒ`«ä, F≤√`§{|ˇ…§≤ç C§x≥§∑¢ç≤ä, A¢çµ` 1995, «|-≥ß{` 205.

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de la présente étude (1950), afin de constater l’importance qu’elle avait déjà dans le domaine éducatif avant cette date.

a) Le contexte politique et la rédaction des manuels scolaires d’histoire de 1950 à nos jours.

D’abord, les années d’édition des manuels-sources de la présente étude, n’ont pas été marquées par des revendications nationales, ni spatiales, ni démographiques. D’un point de vue interne, la faillite de la politique de la Grande Idée après la Catastrophe d’Asie Mineure, en 1922, l’instabilité politique et institutionnelle qui a suivi, dont le point culminant a été la dictature de Métaxas et du roi Georges II (1936-1941), la triple occupation, allemande, italienne et bulgare (1941-1944) et la guerre civile (1943-1949), ont conduit la Grèce vers une période de réconciliation et de calme national. D’un point de vue international, l’interventionnisme américain en Europe après 1947 -sur le plan économique et militaire- et la guerre de Corée, avaient privilégié la mise en place, surtout après 1952, d’un pouvoir politique de confiance très puissant qui, rattaché solidement à l’Alliance Occidentale, a réussi à imposer une stabilité conservatrice qui n’a été menacée qu’à cause du problème chypriote. Dans cette ambiance marquée par le règne de la droite conservatrice, jusqu’en 1974, règne interrompu seulement de 1963 en 1965 lors de la prise du pouvoir par la droite centriste, les relations de la Grèce avec ses protecteurs24,

particulièrement après l’adhésion de la Grèce à l’O.T.A.N., et avec ses voisins les plus dangereux25 ont été pacifiques, surtout après l’abandon de

ses propres prétentions sur l’Épire du Nord et la signature de la Convention Balkanique en août 1954 entre la Grèce, la Turquie et la Yougoslavie, qui avait retiré son appui à l’indépendance de la nation macédonienne. La Grèce n’a plus jamais élaboré officiellement une nouvelle politique de Grande Idée. Les relations conflictuelles qu’elle a eues avec la Turquie et l’ex-république yougoslave de Macédoine peuvent être conçues dans un cadre défensif. Le différent gréco-turc pendant la dictature des colonels, et même jusqu’à nos jours, est dû, au moins en apparence, à la crise chypriote et au problème de la délimitation du plateau continental en mer Égée, tandis que le différent gréco-macédonien est dû aux dangers étatique et national que le choix du nom du nouvel État représentait dans deux de ses éléments

24Angleterre et États-Unis d’Amérique. 25Albanie, Yougoslavie, Bulgarie et Turquie.

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constitutifs : l’espace et la population macédoniens grecs. En d’autres termes, si ce nouvel État se nommait Macédoine, il mettait inévitablement en cause le rattachement, depuis 1913, de l’espace et de la population macédoniens à l’État grec.

b) La continuité de la nation.

L’État grec a été constitué, en fait, au début du XIXème siècle, après une série de victoires militaires et diplomatiques. Militaires d’abord, marquées par la Grande Révolution grecque qui a duré de la proclamation de son indépendance, le 25 mars 1821, jusqu’à la défaite navale des Ottomans par l’Angleterre, la France et la Russie à Navarin, le 20 octobre 182726. La conséquence en a été la guerre russo-turque, qui a

éclaté le 26 avril 1828 et a conduit en 1829 l’armée russe jusqu’à Andrinople. Diplomatiques ensuite, grâce à la signature du traité d’Andrinople du 14 septembre 1829 qui a imposé à la Turquie la reconnaissance de l’autonomie de la Grèce, grâce au protocole de Londres de février 1830 créant un État grec indépendant, et grâce à sa reconnaissance, cette même année, par la Porte. L’émergence de l’État grec sur la scène internationale est essentielle dans la conception de la notion de continuité, parce que cette nouvelle structure nationale-étatique, protégée par le droit international, est devenue le défenseur officiel de la continuité hellénique. Par conséquent, dans le cadre de la politique revendicative des espaces et des populations qui appartiendraient à la Grèce, la justification de l’existence d’une continuité de l’hellénisme ne devait plus poser de problèmes sauf pour la période qui avait précédé la constitution de l’État. Ainsi, bien que l’hellénisme byzantin ait été et soit contesté en Europe, toute nouvelle acquisition ne pouvait être justifiée qu’une fois intégrée dans le passé hellène.

Cependant, la réussite grecque n’a pas été uniquement la conséquence des relations inter-étatiques de l’époque marquées par le congrès et les traités de Vienne en 1815, où dominaient la Russie,

26Après la réalisation de la Triple Alliance, en juillet 1827 par l’Angleterre, la France et la Russie, ex-rivales dans la question d’Orient, le protocole de Saint-Pétersbourg de 1826 a institutionnalisé la convergence des politiques russe et anglaise auxquelles la France a adhéré plus tard. En 1827, ces trois puissances ont signé le traité de Londres, qui reconnaissait à la Grèce le droit de constituer un régime d’autonomie sous la souveraineté du Sultan.

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l’Angleterre, la Prusse et l’Autriche, car ces puissances, bien qu’elles n’aient pas tenu compte du Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes proclamé par la Révolution Française, ont imposé un équilibre des forces et la paix en Europe pendant environ un demi-siècle, jusqu’aux guerres d’aspirations nationales qui ont abouti à l’unité italienne et à l’unité allemande. Ainsi, malgré la révision de la carte de l’Europe, revision entraînée par la chute de Napoléon, et malgré le combat mené contre les idées et les institutions témoins de la conquête française, notamment de la part du chancelier autrichien Metternich, le mouvement libéral dont l’objectif était d’appliquer à l’intérieur de chaque État les principes de la Déclaration des Droits de l’homme27 et le mouvement nationaliste fondé

juridiquement sur le Principe des nationalités qui visait à permettre le regroupement des individus d’une même nationalité dans un même État, ont fini par réaliser un bouleversement du statu quo imposé à Vienne. Or, en 1815, beaucoup de peuples pouvaient accéder à leur indépendance étatique, et le demandaient, notamment, dans les Balkans, les Serbes, les Roumains et les Grecs28, auxquels «les discussions du Congrès de Vienne firent peu de

place»29. C’est contre ces tendances révolutionnaires que les souverains

européens ont réagi en concluant deux pactes essentiels: le pacte de la Sainte-Alliance, signé le 26 septembre 1815 entre trois monarques chrétiens, le tsar orthodoxe, le roi de Prusse protestant et l’Empereur d’Autriche catholique, puis le pacte de Paris, du 20 novembre 1815, conclu grâce aux quatre puissances ayant vaincu Napoléon, dont le but a été l’organisation d’un front mené contre tout retour de l’esprit révolutionnaire en France. Cependant, il était trop tard, car déjà une cinquantaine d’années avant la chute de Constantinople, en 1453, l’arrivée massive en Occident des humanistes byzantins qui avaient d’abord cherché refuge en Italie, avait légué à l’humanité un idéal hellène contraire aux aspirations monarchistes :

27Égalité devant la loi, liberté individuelle, liberté de la presse, conception du peuple en tant que source de pouvoir et donc détenteur de la prise de décision à travers des représentants élus d’un organe législatif (Parlement), au sein d’un régime constitutionnel. 28Dans ce même cas, se trouvaient également les Tchèques, les Lombards et les Vénitiens occupés par l’empereur d’Autriche, les Polonais partagés entre la Prusse, la Russie et l’Autriche, les Irlandais rattachés à la Grande Bretagne, ainsi que les Belges qui faisaient partie de la Hollande formant le royaume des Pays-Bas.

29Castellan Georges, Histoire des Balkans, XIVème-XXème siècles, Fayard, Paris 1991, page 229.

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la liberté fondée sur une justice placée au-dessus de la loi pour garantir la participation fondamentale du citoyen aux affaires de la cité en tant que source du pouvoir. Et c’est cette intervention politique essentielle qui a imposé la rationalisation de la pensée, car elle était fondée sur le logos grec qui, tombé en désuétude pendant la domination romaine, a émergé à nouveau à Byzance au service de l’Orthodoxie chrétienne avant d’être réintroduit en Occident dans le mouvement humaniste, devenant le fondement de la liberté de l’Homme30. Il est évident que cette orientation de

la pensée qui se situe aux antipodes de la politique de compromis menée par l’Église officielle orthodoxe a fourni non seulement aux peuples dominés par les Ottomans mais à l’Europe chrétienne toute entière, une arme idéologique considérable. Cependant, les puissants États monarchiques s’organisèrent pour lutter contre toute offensive libérale ou nationaliste jugée trop révolutionnaire. Malgré cela, des révolutions éclatèrent dans les colonies européennes d’Amérique pour obtenir l’indépendance au détriment de l’Angleterre, de l’Espagne et du Portugal. De même, d’autres mouvements insurrectionnels en Europe furent provoqués par les Allemands dès 1817, par des Espagnols dès janvier 1820, par des Italiens dès juillet 1820, mais également par les nationalités chrétiennes des Balkans, les Serbes dès avril 1815 et les Grecs dès 1821. Il est bien évident que ces révoltes, organisées contre les Ottomans musulmans, étaient considérées comme les plus dangereuses pour le statu quo imposé.

Dans cette perspective, nous nous trouvons donc confrontés à deux notions distinctes, celle d’État grec et celle de nation hellène que nous aurons l’occasion d’étudier ultérieurement, parce que le nationalisme grec a précédé la constitution de l’État du XIXème siècle lequel pourrait être conçu comme un aboutissement.

En effet, dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle est apparue une certaine mobilisation dirigée contre les Ottomans et favorisée par l’essor économique des affaires grecques dans les Balkans et, aussi, en Europe Centrale. L’importance prise par les intellectuels grecs dans l’empire du Sultan, d’un point de vue social, politique et international, jouera aussi un rôle. Un des représentants les plus populaires de ce mouvement a été Rhigas Phéraios qui, inspiré par les idéaux de la Révolution Française, imagina la Révolution comme un soulèvement

30Lemerle Paul, Le premier humanisme byzantin : notes et remarques sur enseignement et

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général des peuples contre la Turquie ottomane et contre le Sultan despote. Ce mouvement révolutionnaire fut préparé dans des sociétés secrètes dont la plus fameuse fut l’Amicale -å X§≥§≤ç ˆF…`§ƒ|ß`- l’Hétairie, fondée en 1814 à Odessa par Nicolaos Skoufas d’Arta, Athanassios Tsakalof de Ioannina et Emmanuel Xanthos de Patmos31. Poussés par la montée des aspirations

nationales mais également par l’idéologie œcuménique de l’hellénisme byzantin, les représentants des Lumières grecques ont contribué à une certaine renaissance culturelle hellène qui a entraîné la prise de conscience des problèmes de la nation et du réveil national. L’usage de ce terme, réveil, est essentiel, parce qu’il impose l’absence de l’idée de naissance et implique aussi celle de continuité. Inspirés par le Principe des nationalités, les intellectuels grecs ont conçu la notion de nation à travers les éléments identitaires constituant les liens qui unissaient les Hellènes, comme un ensemble de faits historiques qui justifiaient le soulèvement contre les Ottomans dominateurs. Ainsi, le territoire national grec ne pouvait que coïncider avec l’espace historique qui devait être récupéré. Et ce fait-là a orienté la pensée étatique et nationale grecque bien avant la période qui suivit la constitution du nouvel État. En effet, c’est cette tendance qui a eu comme conséquence la politique de la Grande Idée, terme qui a été utilisé pour la première fois par Ioannis Kolettis, le 14 janvier 1844, lors des travaux de l’Assemblée Constituante à propos du problème des non-autochtones32. Cette politique a alimenté l’idéologie nationale grecque

jusqu’à sa faillite en 1922 mais, après avoir permis l’agrandissement de l’État de 1830, dont les dimensions actuelles33 ont été atteintes après le

rattachement du Dodécanèse en 1948 à la suite de la signature du Traité de Paris de février 1947.

En conséquence, si la fabrication du passé historique et la reconstruction idéologique d’une physionomie nationale accompagnent tout nouveau nationalisme, le passé grec a pesé beaucoup plus qu’ailleurs, dans la mesure où ce processus renvoyait à la gloire de l’antiquité classique acceptée par l’ensemble du monde européen. Le pouvoir politique grec,

31D’autres sociétés secrètes ont été créées comme en 1809 à Paris, l’Hôtel hellénophone et en 1813 à Athènes et en 1814 à Vienne, la Philomoussos.

32Eä¥`ƒk˛ J. L›µ«…`µ…±µ∑˛, «Vï˛ N|zc≥ä˛ V`Õ…ä˛ ıK{Ä`˛», Tχ|{ß`«¥` Ÿ§≥∑≥∑z§≤∫, aµc…ˇ√∑ a√∫ …∫ √. ıK`…ƒ∑≥∑z∑…|χµ§≤ç T…Äzä, ˜Aµ∑§∂ä 1970, Eä¥`ƒk˛, S›¥`µ…§«¥∫˛, «. 405-418, 596-598 ≤`ß «. 359-363).

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comme tout pouvoir d’un État national, s’est ainsi tourné fatalement, en tant que «créateur de mythes»34 vers la réutilisation démesurée35 de ses sources

et il a privilégié inévitablement le lien positif avec le présent pour valoriser cette construction mythique qui se situe en deçà du vrai et du faux, qui s’entremêle avec des unifications et des divisions aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières étatiques.

C’est dans cette perspective que nous rejoignons à présent l’importance, cette fois-ci idéologiquement mesurée, de la notion de continuité des caractéristiques essentielles de la nation comme l’Espace, le Peuple, la Civilisation-héritage et l’Éducation. C’est dans cet âge d’or que les Grecs ont retrouvé la gloire et la grandeur de la patrie, des hommes et de la civilisation grecque tout entière. C’est pendant cette période qu’ils se retrouvèrent unis et protégés par la langue grecque et la foi, même si celle-ci a été d’abord païenne et puis chrétienne. À cette époque, leurs ancêtres

34Carbonnel Charles-Olivier, «Mythes et mythologies politiques. Approche d’une définition et d’une typologie», Mythes et politique, Centre d’études et de recherche sur la mythographie politique, Presses de l’Institut d’Études Politiques de Toulouse, Toulouse 1990, pages 10-11 :

«Nous entendons par mythe tout récit et toute représentation, au sens graphique ou au sens théâtral du terme, (largement) diffusés, transmis de génération en génération, qui donnent au groupe à la fois sa cohésion culturelle et sa cohérence morale (règles de conduite, sens de l'histoire ...). Un mythe soude les éléments d'un corps social, dévoile l'intelligibilité du monde et balise la route suivie comme la route à suivre. Un mythe est donc rassembleur et mobilisateur. Il se situe en-deçà du vrai et du faux, du probable et du contestable. Il participe au monde du sacré, de l'intangible, de l'évidence, de la certitude, de l'irrationnel. Le mythe, et c'est la condition même de sa survie dans la très longue durée, résume en lui un nombre infini de situations analogues. Il peut disparaître, mais pour réapparaître. Il revêt des masques changeants sous lesquels se dissimule l'immuable figure. Certes, il y a tant de mythes en nous et si familiers qu'il est presque impossible de séparer nettement de notre esprit quelque chose qui n'en soit point». (Paul Valéry, Variétés II). Pourtant le politologue ne peut renoncer, devant ce continent englouti, à analyser et comprendre ce formidable glissement de pouvoirs, ce patrimoine culturel évoqué, mobilisé, manipulé par tous les princes du monde".

Voir également Constantin Angélopoulos, Un nouveau théâtre grec: Pédagogies et

mémoire dans la Grèce contemporaine (1950-1989). Les manuels d'histoire de l'enseignement secondaire, op. cit., pages 454 et 455.

35V«∑ˇ≤`≥c˛ L‡«…`˛, ıF∂cƒ…ä«ä ≤`§ aµ`√`ƒ`z›zç : π ≤∑§µ›µ§≤∫˛ ƒ∫≥∑˛ …˵ }≤√`§{|ˇ-…§≤˵ ¥äχ`µ§«¥Ëµ «…çµ ıF≥≥c{` (1830-1922), ˆK«…∑ƒ§≤ç C§x≥§∑¢ç≤ä, J|¥Ä≥§∑, 4ä Ç≤{∑«ä, ıA¢çµ` 1985, 653 «|≥ß{` 538.

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étaient considérés comme des héros dont les actions culturelles, sociales et politiques ont marqué l’évolution de l’humanité jusqu’à nos jours. Il est souvent très difficile, pour un non Grec, de concevoir la continuité et l’unité de la nation hellène à travers le temps, notamment de la part des «fabricants» de la mémoire des États-nations dont les critères de définition nationaux sont élaborés dans le cadre de l’altérité et lorsque cet inévitable Autre est le Grec. Il est difficile de concevoir que, «contrairement à ce qui se passe dans le reste du continent européen, où la genèse de la conscience nationale est un phénomène post-féodal, depuis l’antiquité, l’hellénisme n’a cessé de former une entité nationale distincte, consciente de sa spécificité et de son identité»36, surtout à partir de la crise intérieure de l’Empire

Byzantin du XIème siècle. Ensuite, aux XIVème et XVème siècles, la «décentralisation administrative et un affaiblissement du pouvoir central… suivis de guerres civiles et de désordres politiques et sociaux avec les chocs extérieurs, ont préparé la chute de Byzance»37. C’est à cette même époque

marquée par la formation des nations balkaniques que l’hellénisme38 de

l’Empire Byzantin a pris «conscience de lui-même»39.

En fait, la continuité de l’hellénisme, démontrée par le rôle joué par les anciens Macédoniens qui l’ont diffusé à l’extérieur des frontières culturelles hellènes de l’Antiquité, par sa «victoire» sur les Romains et par sa coexistence avec le christianisme œcuménique à Byzance, a sans cesse, depuis la création de l’État jusqu’à nos jours, constitué la caractéristique la plus importante de la nation. Pendant la domination ottomane, bien que la pensée antique rationaliste fondée sur la liberté et la justice ait conduit à l’indépendance étatique du début du XIXème siècle, la domination du christianisme appuyé par les Empereurs, grâce à son message œcuménique40 et garant de la continuité de

36Contogeorgis Georges, Histoire de la Grèce, Nations d’Europe, Hatier, Paris 1992, page 322.

37Svoronos Nicolas, Histoire de la Grèce Moderne, Presses universitaires de France, Que sais-je, Paris 1980, page 5.

38Pour Nicolaos Svoronos, le terme «hellénisme» doit être compris non seulement dans un sens abstrait mais également dans un sens concret qui équivaudrait à l’expression «l’ensemble des Grecs» (Svoronos Nicolas, Histoire de la Grèce Moderne, op. cit., page 5). 39Svoronos Nicolas, Histoire de la Grèce Moderne, op. cit., page 5.

40L’Empereur de Byzance Constantin et le traité de Milan, ainsi que l’adoption de l’Orthodoxie comme religion officielle par l’Empereur Héraclius.

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l’hellénisme en face du musulman conquérant, a inévitablement imposé l’identification de l’idée nationale à l’Orthodoxie qui, depuis la création de l’État grec et malgré ses divergences avec la pensée antique grecque, protège et garantit la continuité de la nation hellène. Alors que le christianisme affirme dans le cadre d’une linéarité immuable imposée par le lien unique entre le début et la fin, entre la création du monde et le Jugement Dernier, l’abandon du plaisir du corps, l’humilité et l’obéissance dans la perspective d’une vie véritable après la mort, la pensée antique était orientée vers la beauté, la gloire et l’orgueil pour une vie de véritable plaisir sur terre. Cependant, depuis la formation des États nationaux dans les Balkans, l’idée de la continuité de l’hellénisme fut contestée non seulement par les défenseurs politiques et intellectuels des nations voisines, albanais, bulgares, ottomans, turcs après la révolution nationale des Jeunes Turcs en 1908, yougoslaves de Tito et ex-yougoslaves macédoniens mais également par des intellectuels européens dont le précurseur a été Jacob Philipp Fallmerayer qui, en 1830, dans son livre sur l’origine des Grecs a soutenu que la race des Grecs avait disparu en Europe parce que dans les veines de la population chrétienne de Grèce ne coulait pas une goutte du sang authentique et pur des Grecs de l’Antiquité41. Face à ces contestations, la

Grèce, qui venaient de conquérir non seulement son indépendance étatique du point de vue du droit international public, mais, également, son autonomie dans le cadre de la reconstitution de sa mémoire, s’est chargée de répondre énergiquement par l’intermédiaire des intellectuels comme Spyridon Zambelios de Leucade (1813-1887), Constantin Paparrigopoulos de Constantinople (1815-1891), professeur à l’Université d’Athènes et le laographe Nicolaos Politis (1852-1921), aussi bien que par les programmateurs42 et responsables de l’éducation nationale grecque.

Ainsi, la présence continue des caractéristiques fondamentales de la nation hellène depuis les temps mycéniens jusqu’à nos jours dans le cadre d’une linéarité sans faille, est omniprésente dans les manuels scolaires, même dans ceux qui ont été édités immédiatement après l’Indépendance ; d’où l’importance de remarquer la place qu’on y a

41Fallmerayer Jacob Philipp, Geschichte der Habbinsel Morea während des Mittelalters, Theil 1-2 (Einleitung).

42Fallmerayer Jacob Philipp, Geschichte der Habbinsel Morea während des Mittelalters, Theil 1-2 (Einleitung).

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consacrée à l’étude de la Macédoine, étape fondamentale de la continuité de l’hellénisme.

c) l’image de la Macédoine dans les manuels scolaires avant 1950.

En effet, un coup d’œil rapide sur le contenu de certains manuels scolaires édités pendant l’époque qui a précédé celle de l’édition des manuels-sources de la présente étude (1950), suffit pour démontrer que la Macédoine était considérée par les Grecs comme faisant partie de l’héritage antique hellène déjà avant son rattachement à l’État grec, qui se réalisa après les guerres balkaniques de 1913, avant la constitution (1er décembre 1918) du royaume des Serbes, des Slovènes et des Croates et donc avant la création (3 octobre 1929) du royaume de Yougoslavie, avant la naissance de la deuxième Yougoslavie, (nuit du 29 au 30 novembre 1943), avant la création par Tito (2 août 1944) de la République Socialiste de Macédoine, devenue un État fédéré yougoslave (le 30 avril 1945) et bien avant la formation (15 septembre 1991) de l’État indépendant de l’ex-République yougoslave de Macédoine. L’affirmation de l’origine hellène de la Macédoine, de Philippe II, d’Alexandre le Grand et des Macédoniens de l’Antiquité était constante. À titre d’exemple, dans le manuel de C. Irving43

traduit en grec en 1831 par Spyridon Antoniadis et utilisé dans les écoles en 1836 et en 1837, la Macédoine a été étudiée dans le chapitre sur les Cités de la Grèce ainsi que dans celui sur La conquête de la Grèce par le Macédonien Philippe en 337 av. J.-C. jusqu’ à la mort d’Alexandre le Grand en 324 av. J.-C., en tant qu’une des cinq parties de la Grèce antique qui étaient le Péloponnèse, la Grèce continentale, la Thessalie, l’Épire et la Macédoine. De même, dans le livre d’histoire de Constantin Paparrigopoulos44 édité en 1853 pour les écoles, on peut constater que

43Aµ…›µ§c{ä˛ T√ˇƒß{›µ, E§{`«≤`≥ß` …ï˛ ˆF≥≥䵧≤ï˛ ¶«…∑ƒß`˛, N|…cŸƒ`«ä …ï˛ ˆF≥≥䵧≤ï˛ ¶«…∑ƒß`˛ …∑◊ Christopher Irving …ˇ√›¢|±«` …∫ 1831, Vˇ√∑zƒ`Ÿß` A. L∑ƒ∑¥ä≥k, ıFµ ıA¢çµ`§˛, 1836/37. Ce manuel a été édité jusqu’à la fin des années 1850. 44R`√`ƒƒäz∫√∑ˇ≥∑˛ L., ˆK«…∑ƒß` …∑◊ ˆF≥≥䵧≤∑◊ Ç¢µ∑ˇ˛ a√∫ …˵ aƒχ`§∑…c…›µ χƒ∫µ›µ ¥Äχƒ§ «ç¥|ƒ∑µ, Rƒ∫˛ {§{`«≤`≥ß`µ …˵ √`§{˵, Vˇ√∑zƒ`Ÿß` A. L∑ƒ∑¥ä≥k, ıFµ ıA¢çµ`§˛, 1853. Voir aussi : Eä¥`ƒk˛ J. L›µ«…`µ…±µ∑˛, L›µ«…`µ…±µ∑˛ R`√`ƒƒäz∫√∑ˇ≥∑˛, ˆK«…∑ƒß` …∑◊ ˆF≥≥䵧≤∑◊ ˜F¢µ∑ˇ˛. ˆH √ƒ‡…ä ¥∑ƒŸç : 1853, ıA¢çµ` 1970, 524 «|≥ß{|˛.

Eä¥`ƒk˛ J. L›µ«…`µ…±µ∑˛, O|∑|≥≥䵧≤∫˛ E§`Ÿ›…§«¥∫˛, O|∑|≥≥䵧≤c N|≥|…ç¥`…` 2, ıFƒ¥ç˛,ıA¢çµ` 1977, 524 «|≥ß{|˛.

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Philippe, le roi de Macédoine, qui, en 338, a conquis la Grèce toute entière, n’était pas un étranger : les Macédoniens, bien qu’ils ne soient pas mentionnés depuis les temps les plus anciens de l’histoire grecque, étaient Grecs ; leurs rois se considéraient comme des descendants d’Hercule et les autres Grecs les considéraient comme de la même race parce qu’ils les acceptaient aux jeux Olympiques. Quelques années plus tard, en 1886, dans le manuel scolaire de Christos Iconomou, l’origine hellène des Macédoniens et de la Macédoine a été étudiée à travers le conflit qui opposait la Grèce à la Bulgarie à propos du rattachement de cette région stratégique pour la pénétration économique au Proche Orient : «Les Bulgares se sont établis dans la péninsule des Balkans vers la fin du VIIIe siècle ap. J.C. Auparavant, ils habitaient dans la région de la Basse Volga, d’où ils ont été expulsés par d’autres tribus barbares et sont arrivés dans le pays où ils se trouvent aujourd’hui. Après leur installation, ils ont lancé beaucoup d’incursions en Grèce, mais ils ont toujours été repoussés avec beaucoup de courage. Cependant, aujourd’hui, ils revendiquent au nom des droits historiques, la Macédoine et la Thrace, ils proclament être des descendants d’Alexandre le Grand et travaillent avec une énergie exemplaire pour réaliser l’union de la Macédoine et de la Thrace avec la Bulgarie. Pour cette raison, ils sont considérés comme les ennemis les plus dangereux de l’hellénisme» 45.

Il est très intéressant de mentionner les critiques rédigées par la Commission de contrôle des manuels scolaires en 1913 sur le contenu d’un manuel d’histoire pour la quatrième et la cinquième années du second degré, écrit par Nicolaos Brachnos46. Le contenu de son manuel a été,

critiqué entre autres, à cause pour absence d’études sur la Macédoine grecque : (…) L’auteur ne mentionne même pas la Macédoine ; il l’exclut directement «de l’aire d’où l’hellénisme a été diffusé», alors que la Macédoine est en fait, celle qui l’a diffusé. Cependant, si, d’un point de vue général, il inclut l’Épire dans le monde grec, il ne faudrait pas, au moins

45Q§≤∑µ∫¥∑ˇ Y., FÀƒ‡√ä, è…∑§ z|›zƒ`Ÿ§≤∫µ aµ`zµ›«¥`…cƒ§∑µ √ƒ∫˛ χƒï«§µ …˵ {ä¥∑-…§≤˵ «χ∑≥|ß›µ, ıF≤{∫…ä˛ ıAµÄ«…ä˛ L›µ«…`µ…§µß{ä˛, ıFµ ıA¢çµ`§˛, 1886. (Traduction faite par l’auteur du présent ouvrage.)

46˜F≤¢|«§˛ …˵ ≤ƒ§…˵ …˵ {§{`≤…§≤˵ x§x≥ß›µ z§c …߲ ¶«…∑ƒß|˛ …ï˛ A’ ≤`§ …ï˛ C’ …c∂ä˛ …˵ zˇ¥µ`«ß›µ (1913) : Cƒ`χµ∫˛ O§≤∫≥`∑˛, ˆK«…∑ƒß` ~≥≥䵧≤ç a√∫ …˵ aƒχ`§∑…c…›µ χ ƒ∫-µ›µ ¥Äχƒ§ …ï˛ }µ ıK‹Ù ¥cχä˛, {§c …çµ A’ …c∂§µ …∑◊ zˇ¥µ`«ß∑ˇ, ıF≤{∫…ä˛ E.Y. V|ƒâ∫√∑ˇ-≥∑˛ ≤`ß N. T`≥ßx|ƒ∑˛, ıFµ ıA¢çµ`§˛, 1909-1913.

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pour cette raison, en exclure la Macédoine dont notre auteur semble même refuser totalement le caractère hellène! Dans cette perspective, l’ignorance et la déraison deviennent pour un professeur grec des pêchés passibles de sanction».

Le caractère hellène de la Macédoine et des Macédoniens est confirmé dans des manuels d’histoire grecs édités également après les guerres balkaniques comme, à titre d’exemple, ceux d’histoire ancienne, byzantine, moderne et contemporaine qui ont été rédigés par Ch. Théodoridis et A. Lazarou. Dans le manuel d’histoire grecque et romaine47,

ainsi que dans celui d’histoire ancienne d’A. Lazarou édité pendant la décennie 194048, les auteurs ne laissent aucun doute sur l’appartenance de la

Macédoine au monde grec ainsi que sur le rôle joué par Alexandre le Grand en ce qui concerne la diffusion de la civilisation grecque en Orient. Il en est de même pour le manuel d’histoire moderne49, dans lequel la Macédoine est

considérée comme un espace grec où a été «transmise la flamme de la Révolution» contre les Ottomans, ainsi que dans celui d’histoire byzantine d’A. Lazarou50, édité également pendant la décennie 1940, où «l’époque de

la dynastie macédonienne est considérée comme l’apogée de l’empire grec» (de Byzance).

L’étude brève de la place consacrée à la Macédoine et aux Macédoniens dans les manuels scolaires édités pendant l’époque qui a précédé celle de l’édition des manuels-sources, nous a permis de constater que les programmateurs de l’éducation grecque y ont été, très tôt, très sensibles et en ont toujours affirmé le caractère grec.

Mais, cette tendance a-t-elle été confirmée pendant la période qui a suivi immédiatement (1950-1995), période marquée par le chemin vers l’indépendance de la jeune République Socialiste de Macédoine, l’effondrement de la deuxième Yougoslavie, la naissance étatique de l’ex-république yougoslave de Macédoine en 1991 et son affrontement national avec la Grèce, visant à la modification du contenu des

47J|∑{›ƒß{∑ˇ-M`âcƒ∑ˇ,ˆK«…∑ƒß` ˝F≥≥䵧≤ç ≤`ß S›¥`Ø≤ç, ıFµ ıA¢çµ`§˛, 1933.

48M`âcƒ∑ˇ A., ıAƒχ`ß` ˆF≥≥䵧≤ç ˆK«…∑ƒß`, ıQƒz`µ§«¥∫˛ ıF≤{∫«|›µ Tχ∑≥§≤‡µ C§x≥ß›µ, ıFµ ıA¢çµ`§˛, 1940.

49J|∑{›ƒß{∑ˇ-M`âcƒ∑ˇ,ˆK«…∑ƒß` OÄ›µ Yƒ∫µ›µ, ıFµ ıA¢çµ`§˛, 1934.

50M`âcƒ∑ˇ A.,ˆK«…∑ƒß` ˆF≥≥䵧≤ç …Ëµ NÄ«›µ Yƒ∫µ›µ, ıQƒz`µ§«¥∫˛ ıF≤{∫«|›µ Tχ∑≥§≤‡µ C§x≥ß›µ, ıFµ ıA¢çµ`§˛, 1940.

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manuels d’histoire ? En d’autres termes, pendant cette même période, la place accordée à la Macédoine est-elle devenue quantitativement plus importante ? Des caractéristiques essentielles de l’identité nationale grecque conçues à travers leur unité et leur continuité dans le temps telles l’espace et la population, ont-elles été enseignées différemment ? Le conflit diplomatique des années 1990, qui a opposé la Grèce à l’ex-République yougoslave de Macédoine et a risqué, en même temps, de déséquilibrer les relations entre les États membres de l’Union Européenne, a-t-il eu, enfin, un impact important sur l’enseignement de l’histoire de la Macédoine ?

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PREMIÈRE PARTIE

BRUSQUE ET TARDIVE DÉCOUVERTE DE LA MACÉDOINE APRÈS UNE LONGUE PÉRIODE DE DÉDAIN

_____________________________________________________________

Il serait beaucoup trop facile de se fier à un premier regard rapide sur le contenu des manuels scolaires. Il a certes permis de constater une présence importante de la Macédoine. Cependant, face aux impératifs qui dominent ce travail de recherche, l’analyse attentive a eu comme but de faire apparaître les différences et/ou les permanences quantitatives et qualitatives qui ont déterminé les fonctions reproductrices des rédacteurs dans leur œuvre de production ou de reproduction d’un système de valeurs. Il convient donc à présent d’établir une série de comparaisons relatives à la place réservée à l’étude de la Macédoine par manuel, à travers les différents thèmes que les rédacteurs ont successivement transmis. Dans cette perspective, nous nous interrogerons sur l’importance quantitative réservée à la Macédoine, par rapport à l’ensemble des thèmes de chaque manuel, afin de découvrir, parallèlement au désir de développer l’esprit critique de l’élève, la quantité thématique que les auteurs des manuels ont privilégiée pour le mettre en contact avec son passé.

Dans les pages qui suivent, notre attention se limite à un essai de clarification de la place quantitative occupée par l’étude de la Macédoine dans les manuels scolaires grecs, de 1950 à 1994. Il est mené à travers un ensemble de tableaux et de graphiques sur le nombre de pages consacrées à l’étude de la Macédoine, aussi bien en valeur absolue qu’en pourcentage par rapport au nombre de pages total de chaque manuel scolaire. En fait, il s’agit de quatre ensembles de tableaux et de graphiques qui sont présentés ci-dessous à travers leur intitulé exact. Le premier est constitué d’un seul graphique sur le nombre de pages des manuels scolaires d’histoire ancienne jusqu’à l’an 146 ou 30 av. J.-C.51 et d’histoire

contemporaine. Le deuxième est composé de deux tableaux, l’un sur le

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nombre de pages en valeur absolue consacrées à l’étude de la Macédoine par thèmes dans les manuels scolaires d’histoire ancienne jusqu’à l’an 146, l’autre sur le nombre de pages en pourcentage consacrées à l’étude de la Macédoine par thèmes dans les manuels scolaires d’histoire ancienne jusqu’à l’an 146. Nous présenterons aussi un graphique qui regroupe le nombre de pages en valeur absolue et en pourcentage consacrées à l’étude de la Macédoine dans les manuels d’histoire ancienne jusqu’à l’an 146 ou 30 av. J.-C. Le troisième est constitué par deux graphiques, l’un sur le nombre de pages en valeur absolue consacrées à l’étude de la Macédoine par thèmes dans les manuels d’histoire contemporaine, l’autre sur le nombre de pages en pourcentage consacrées à l’étude de la Macédoine par thèmes dans les manuels d’histoire contemporaine. La présence de ces deux graphiques s’est imposée par un souci de clarté. Le quatrième ensemble, enfin, est composé par trois graphiques l’un sur le nombre total de pages sur l’importance quantitative des thèmes dans le manuel Macédoine : Histoire et Politique en valeur absolue et en pourcentage, l’autre sur l’importance quantitative des thèmes dans le manuel Macédoine : Histoire et Politique en valeur absolue et le dernier sur l’importance quantitative des thèmes dans le manuel Macédoine : Histoire et Politique en pourcentage.

Cependant, du point de vue de la conception des tableaux et des graphiques, trois problèmes de lisibilité ont été rencontrés.

-Tout d’abord, le regroupement des données en valeur absolue et en pourcentage dans deux tableaux ou deux graphiques séparés, à cause des dimensions d’une page de 12 cm sur 18,5 cm qui imposaient une diminution très importante soit de la taille des caractères quand il s’agissait des tableaux soit de la largeur des histogrammes lorsqu’il s’agissait des graphiques.

-Ensuite, l’attribution d’une valeur différente sur les axes des ordonnées des graphiques, relative au nombre de pages qui atteint 600 dans le graphique sur le nombre de pages des manuels scolaires d’histoire ancienne jusqu’à l’an 146 ou 30 av. J.-C. et d’histoire contemporaine, 55,5 dans celui sur le nombre de pages en valeur absolue et en pourcentage consacrées à l’étude de la Macédoine dans les manuels d’histoire ancienne jusqu’à l’an 146 ou 30 av. J.-C., 15 dans celui sur le nombre de pages en valeur absolue consacrées à l’étude de la Macédoine dans les manuels d’histoire contemporaine, 2,2 dans celui sur le nombre de pages en pourcentage consacrées à l’étude de la Macédoine dans les manuels d’histoire contemporaine, 70 dans celui sur le nombre total de pages sur

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l’importance quantitative des thèmes dans le manuel Macédoine : Histoire et Politique en valeur absolue et en pourcentage, 6 dans celui sur l’importance quantitative de chaque thème dans le manuel Macédoine : Histoire et Politique en valeur absolue et 12 dans le dernier graphique sur l’importance quantitative de chaque thème dans le manuel Macédoine : Histoire et Politique en pourcentage.

-L’absence, enfin, de transformation des données chiffrées des deux tableaux en graphiques due encore une fois aux dimensions limitées d’une page A4.

Malgré ces difficultés, les contenus comparés de ces quatre ensembles de graphiques situés à partir de la page suivante, ont été éloquents et ont permis trois observations générales distinctes à propos de l’étude de la Macédoine, la première, sur le nombre total de pages consacrées, la deuxième sur la nature des thèmes présents et la troisième, sur l’importance quantitative de ces thèmes.

Premièrement, en ce qui concerne le nombre total de pages consacrées à l’étude de la Macédoine, c’est le manuel de 1992 qui en contient le plus grand nombre, car il est exclusivement consacré à l’étude de ce thème ; il est suivi immédiatement par les manuels scolaires d’histoire ancienne jusqu’à l’an 146 ou 30 av. J.-C. et, enfin, par ceux d’histoire contemporaine. En effet, en face du manuel publié en 1992 et qui contient 100% des pages sur la Macédoine, les manuels d’histoire ancienne jusqu’à l’an 146 ou 30 av. J.-C. n’atteignent qu’une fois 18,33%, tandis que ceux d’histoire contemporaine n’en dépassent jamais 4,29%.

Deuxièmement, pour ce qui est de la nature des thèmes présents, la Macédoine est étudiée dans chaque manuel scolaire d’histoire ancienne, contemporaine ou dans le manuel de 1992, à travers des thèmes privilégiés d’une importance quantitative différente.

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NOMBRE DE PAGES DES MANUELS SCOLAIRES D’HISTOIRE ANCIENNE JUSQU’EN 146 OU 30 AV.J.C. ET D’HISTOIRE CONTEMPORAINE (1950/1951-1994/1995) 1) LAZAROU-CHATZIS 1950/51-1964/65, 2) LAZAROU-CHATZIS 1950/51-1966/67, 3) MALLIAROS 1953/54-1965/56, 4) CALOGEROPOULOU 1965/66-1966/67, 5) PAPASATAVROU 1967/8-1970/71, 6) MALLIAROS 1967/68, 7) MALLIAROS-LAZAROU -CHATZIS 1968/69-1974/75, 8) CALOGEROPOULOU 1975/76, 9) CALOGEROPOULOU 1976/77-1982/3, 10) VRANOPOULOS 1979/80-1983/84, 11) TSACTSIRAS-TIVERIOS 1983/84-1994/95. 12) LAZAROU 1950/51-1968/69, 13) MATARASSIS-PAPASSTAMATIOU 1967/68-1974/75, 14) THEODORIDIS-LAZAROU 1971/72-1975/76, 15) THEODORIDIS-LAZAROU 1976/77-1981/82, 16) COULICOURDI 1975/76-1984/85, 17) SCOULATOS-DIMACOPOULOS-CONDIS B' 1983/84-1994/95, 18) SCOULATOS-DIMACOPOULOS-CONDIS C' 1983/84-1994/95, 19) CREMMYDAS 1984/85-1990/91, 20) SFYROERAS 1991/92-1994/95.

MANUELS D’HISTOIRE CONTEMPORAINE MANUELS D’HISTOIRE ANCIENNE

JUSQU’À L’AN 146 OU 30 AV.J.C.

0 100 200 300 400 500 600 231 Nombre de pages Manuels 266 341 247 265 409 392 407 234 296 297 301 475 355 361 394 329 392 517 257 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20

(29)

28 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 LAZAROU-CHATZIS 1950/51-1964/65 LAZAROU-CHATZIS 1950/51-1966/67 MALLIAROS 1953/54-1965/66 CALOGEROPOULOU 1965/66-1966/67 PAPASATAVROU 1967/8-1970/1 MALLIAROS 1967/68 MALLIAROS-LAZAROU-CHATZIS 1968/69-1974/75 CALOGEROPOULOU 1975/76 CALOGEROPOULOU 1976/77-1982/3 VRANOPOULOS 1979/80-1983/84 TSACTSIRAS-TIVERIOS 1983/84-1994/95 MANUELS SCOLAIRES

GÉOGRAPHIE COLONISATION MACÉDOINEÉTAT DE MACÉDONIENNEDYNASTIE HELLÉNISTIQUESTEMPS

NOMBRE DE PAGES EN VALEUR ABSOLUE CONSACRÉES À L’ÉTUDE DE LA MACÉDOINE PAR THÈMES

DANS LES MANUELS D’HISTOIRE ANCIENNE JUSQU’À L’AN 146 OU 30 AV.J.C.

0,08 0 0 0,05 0,05 0,19 0,19 0,06 0,07 0,08 0,06 0,11 0 0 0,08 0,11 0,22 0,22 0,1 0,12 0,18 0,11 0,33 0 0 1,08 0 0,69 0,69 0 0 0 0,9 0 0 48,77 20,58 19,38 29,83 29,83 20,28 24 14,91 18,83 0 24,36 0 13,76 8,89 0 23,38 6,44 9,82 4,61 6,67 T H È M E S 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 LAZAROU-CHATZIS 1950/51-1964/65 LAZAROU-CHATZIS 1950/51-1966/67 MALLIAROS 1953/54-1965/66 CALOGEROPOULOU 1965/66-1966/67 PAPASATAVROU 1967/8-1970/1 MALLIAROS 1967/68 MALLIAROS-LAZAROU-CHATZIS 1968/69-1974/75 CALOGEROPOULOU 1975/76 CALOGEROPOULOU 1976/77-1982/3 VRANOPOULOS 1979/80-1983/84 TSACTSIRAS-TIVERIOS 1983/84-1994/95 MANUELS SCOLAIRES

GÉOGRAPHIE COLONISATION ÉTAT DE MACÉDOINE

DYNASTIE MACÉDONIENNE

TEMPS HELLÉNISTIQUES

POURCENTAGE DU NOMBRE DE PAGES CONSACRÉES À L’ÉTUDE DE LA MACÉDOINE PAR THÈMES

DANS LES MANUELS D’HISTOIRE ANCIENNE JUSQU’À L’AN 146 OU 30 AV.J.C.

0,03 0 0 0,01 0,02 0,07 0,04 0,01 0,01 0,18 0,02 0,03 0 0 0,01 0,02 0,07 0,04 0,01 0,01 0,03 0,02 0,14 0 0 0,31 0 0,26 0,16 0 0 0 0,30 0 0 18,33 6,03 7,84 11,25 7,29 5,17 5,89 6,37 6,36 0 9,47 0 4,03 3,59 0 5,71 1,64 2,41 1,97 2,25 T H È M E S

(30)

29

Nombre de pages en valeur absolue et en pourcentage

1) LAZAROU-CHATZIS 1950/51-1964/65, 2) LAZAROU-CHATZIS 1950/51-1966/67, 3) MALLIAROS 1953/54-1965/66, 4) CALOGEROPOULOU 1965/66-1966/67, 5) PAPASATAVROU 1967/68-1970/71, 6) MALLIAROS 1967/68, 7) MALLIAROS-LAZAROU -CHATZIS 1968/69-1974/75, 8) CALOGEROPOULOU 1975/76, 9) CALOGEROPOULOU 1976/77-1982/83, 10) VRANOPOULOS 1979/80-1983/84, 11) TSACTSIRAS-TIVERIOS 1983/84-1994/95.

NOMBRE DE PAGES EN VALEUR ABSOLUE ET EN POURCENTAGE CONSACRÉES À L’ÉTUDE DE LA MACÉDOINE

DANS LES MANUELS D’HISTOIRE ANCIENNE JUSQU’À L’AN 146 OU 30 AV.J.C.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Manuels 11 55,5 54 52,5 51 49,5 48 46,5 45 43,5 42 40,5 39 37,5 36 34,5 33 31,5 30 28,5 27 25,5 24 22,5 21 19,5 18 16,5 15 13,5 12 10,5 9 7,5 6 4,5 3 1,5 0 24,36 48,77 35,55 28,43 30,93 54,31 26,88 34,01 19,78 26,57 0,52

NOMBRE DE PAGES CONSACRÉES À L’ÉTUDE DE LA MACÉDOINE EN VALEUR ABSOLUE

NOMBRE DE PAGES CONSACRÉES À L’ÉTUDE DE LA MACÉDOINE EN POURCENTAGE

(31)

30

NOMBRE DE PAGES CONSACRÉES À L’ÉTUDE DE LA LUTTE MACÉDONIENNE EN VALEUR ABSOLUE

NOMBRE DE PAGES CONSACRÉES À L’ÉTUDE DES GUERRES BALKANIQUES EN VALEUR ABSOLUE

NOMBRE DE PAGES CONSACRÉES À L’ÉTUDE DE LA MACÉDOINE EN GÉNÉRAL EN VALEUR ABSOLUE

1) LAZAROU 1950/51-1968/69, 2) MATARASSIS-PAPASSTAMATIOU 1967/68-1974/75, 3) THEODORIDIS-LAZAROU 1971/72-1975/76, 4) THEODORIDIS-LAZAROU 1976/77-1981/82, 5) COULICOURDI 1975/76-1984/85, 6) SCOULATOS-DIMACOPOULOS-CONDIS B' 1983/84-1993/94, 7) SCOULATOS-DIMACOPOULOS-CONDIS C' 1983/84-1994/95, 8) SCOULATOS-DIMACOPOULOS-CONDIS B' ET C' 1983/84-1994/95, 9) CREMMYDAS 1984/85-1990/91, 10) SFYROERAS 1991/92-1994/95.

Nombre de pages en valeur absolue

Manuels:

NOMBRE DE PAGES EN VALEUR ABSOLUE CONSACRÉES À L’ÉTUDE DE LA MACÉDOINE PAR THÈMES DANS LES MANUELS D’HISTOIRE CONTEMPORAINE

14 13 12 11 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 2,93,45 6,35 2 3,58 5,58 3,554,1 7,65 2,6 3 5,6 1 2,43 3,43 4 9,26 13,26 1,76 1,942,11 6,34 8,45 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 0,18

NOMBRE DE PAGES CONSACRÉES À L’ÉTUDE DE LA LUTTE MACÉDONIENNE EN %

NOMBRE DE PAGES CONSACRÉES À L’ÉTUDE DES GUERRES BALKANIQUES EN %

NOMBRE DE PAGES CONSACRÉES À L’ÉTUDE DE LA MACÉDOINE EN GÉNÉRAL EN % 1) LAZAROU 1950/51-1968/69, 2) MATARASSIS-PAPASSTAMATIOU 1967/68-1974/75, 3) THEODORIDIS-LAZAROU 1971/72-1975/76, 4) THEODORIDIS-LAZAROU 1976/77-1981/82, 5) COULICOURDI 1975/76-1984/85, 6) SCOULATOS-DIMACOPOULOS-CONDIS B' 1983/84-1993/94, 7) SCOULATOS-DIMACOPOULOS-CONDIS C' 1983/84-1994/95, 8) SCOULATOS-DIMACOPOULOS-CONDIS B' ET C' 1983/84-1994/95, 9) CREMMYDAS 1984/85-1990/91, 10) SFYROERAS 1991/92-1994/95.

NOMBRE DE PAGES EN POURCENTAGE CONSACRÉES À L’ÉTUDE DE LA MACÉDOINE PAR THÈMES DANS LES MANUELS D’HISTOIRE CONTEMPORAINE

Nombre de pages en pourcentage Manuels: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 2,2 2,1 2 1,9 1,8 1,7 1,6 1,5 1,4 1,3 1,2 1,1 1 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0,97 1,16 2,13 0,66 1,18 1,85 0,74 0,86 1,61 0,73 0,84 1,57 0,27 0,67 0,951,01 1,79 1,45 0,530,580,53 1,61 2,15 0,05

(32)

31

NOMBRE TOTAL DE PAGES SUR L’IMPORTANCE QUANTITATIVE DES THÈMES DANS LE MANUEL MACÉDOINE: HISTOIRE ET POLITIQUE (1992/1993-1994/1995)

EN VALEUR ABSOLUE ET EN POURCENTAGE

PLACE OCCUPÉE PAR LA CARTE ARCHÉOLOGIQUE DE LA MACÉDOINE EN VALEUR ABSOLUE ET EN POURCENTAGE PLACE OCCUPÉE PAR LE THÈME LA MACÉDOINE DANS L'HISTOIRE EN VALEUR ABSOLUE ET

EN POURCENTAGE

PLACE OCCUPÉE PAR LE THÈME LA QUESTION MACÉDONIENNE EN VALEUR ABSOLUE ET EN POURCENTAGE

NOMBRE DE PAGESEN VALEUR ABSOLUE ET EN POURCENTAGE EN VALEUR ABSOLUE 2 + 12,53 + 29,78 = =44,31 pages EN POURCENTAGE 4,514% + 28,278% + 67,208% = =100% 70 68 66 64 62 60 58 56 54 52 50 48 46 44 42 40 38 36 34 32 30 28 26 24 22 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 2 4,514 % 12,53 28,278 % 29,78 67,208 %

(33)

32

THÈMES:

IMPORTANCE DES THÈMES DANS LE MANUEL “MACÉDOINE: HISTOIRE ET POLITIQUE” (1992/1993-1994/1995) EN VALEUR ABSOLUE

NOMBRE DE PAGES EN VALEUR ABSOLUE

1 2 3 4 5 7 8 9 10 11 12 13 14

PLACE OCCUPÉE PAR LE THÈME LA MACÉDOINE DANS L'HISTOIRE EN VALEUR ABSOLUE PLACE OCCUPÉE PAR LE THÈME LA QUESTION MACÉDONIENNE EN VALEUR ABSOLUE PLACE OCCUPÉE PAR LA CARTE DE LA MACÉDOINE EN VALEUR ABSOLUE

6

2) LA MACÉDOINE PENDANT L’ANTIQUITÉ

3) LA MACÉDOINE PENDANT SA CONQUÊTE PAR LES ROMAINS 4) LA MACÉDOINE À L’ÉPOQUE BYZANTINE: LA DESCENTE DES SLAVES 5) LA DOMINATION OTTOMANE EN MACÉDOINE

6) LA CONCURRENCE HELLÉNO-SLAVE EN MACÉDOINE 7) LA LIBÉRATION DE LA MACÉDOINE

8) L’ENTRE-DEUX GUERRES

9) LA SECONDE GUERRE MONDIALE ET LA TRIPLE OCCUPATION

10) LA POLITIQUE YOUGOSLAVE EN LA MACÉDOINE PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE 11) LES CINQ ANNÉES CRITIQUES 1945-1950

12) LE PROBLÈME MACÉDONIEN INTERNE EN YOUGOSLAVIE 13) LA DIASPORA MACÉDONIENNE

14) LE PROBLÈME MACÉDONIEN DANS LES RELATIONS YOUGOSLAVO-BULGARES 15) LA GRÈCE ET LA QUESTION MACÉDONIENNE

16) LA SITUATION RÉCENTE DANS LES BALKANS ET LA “RENAISSANCE” DU PROBLÈME MACÉDONIEN 6 5,5 5 4,5 4 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0

B) LA MACÉDOINE DANS L’HISTOIRE: 12,53 pages. A) 1) LA CARTE ARCHÉOLOGIQUE DE LA MACÉDOINE:

2 pages.

C) LA QUESTION MACÉDONIENNE À NOTRE ÉPOQUE: 29,78 pages.

4,12 1,19 2,51 3,36 4,74 3,44 1,79 3,36 5,27 2,74 0,64 2,19 2,17 3,15 1,64 15 16 2

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