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1983/84-1994/95-Menacée par des peuples étrangers (p 326)…

Illyriens, Péoniens (p. 328).

-Sans contact avec le reste de la Grèce pendant plusieurs siècles (p. 326).

-Alexandre le Grand a diffusé l’hellénisme jusqu’ aux frontières de l’Inde et en Egypte (p. 325). -Arkhélaos était émerveillé par la grandeur d’Athènes et la civilisation de l’autre partie de la Grèce (p. 327). -Arkhélaos invitait des philosophes et des poètes d’autres villes… comme Euripide qui est mort en Macédoine (p. 327).

-Philippe II a uni les villes grecques (p. 331). -Alexandre devait le développement de sa pensée à Aristote (p. 333).

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Ces massifs sont ensuite suivis par le Rouien (2252 mètres), la Skopsa Tserna Gora et puis la Sar Planina (2510 mètres) où prennent appui à l’ouest les monts d’Albanie Iablanitsa (2319 mètres) et Tomor (2426 mètres). Ce vaste ensemble de montagnes, difficilement franchissables, est prolongé par des gradins qui encadrent la plaine de Macédoine parsemée par de nombreux lacs et marécages d’où émergent d’autres massifs, plus isolés que les précédents comme le Mont Vermion (2052 mètres)129.

Ainsi, nous sommes confrontés aux inconvénients dus à l’espace géographique montagneux grec, difficilement concevable du point de vue de son identité étant donné l’omniprésence de la mer, dont «des contraintes ou des avantages dépend une part essentielle de sa réalité»130.

C’est à cause des contraintes dues au volume montagneux décrit ci-dessus que le contact de la Macédoine avec le reste de la Grèce a été très difficile… pendant plusieurs siècles» jusqu’à ce que, «grâce aux Athéniens qui possédaient les colonies du littoral, ils viennent en contact avec le reste du monde grec et commencent à se civiliser»131. D’un point de vue notionnel,

l’isolement donne toute son importance au contact, culturel et national, dans la mesure où l’espace est ici conçu comme une aire culturelle à l’intérieur de laquelle «se retrouve dominante l’association de certains traits culturels»132 communs à tous ceux qui y sont établis, imposant de cette

manière la constitution d’un groupe culturellement uni. Le contact de la Macédoine après la victoire de l’hellénisme sur la nature qui «se propose à l’homme comme une difficulté à vaincre»133 permet de démontrer aux

jeunes élèves du secondaire, encore une fois, la force de la civilisation grecque qui, étant celle de la mer, a su malgré les contraintes, dominer la montagne. Cependant, la Macédoine antique étant entourée de l’est à l’ouest, par la Thrace, la Pénonie ou Paeonie, l’Illyrie, l’Épire et la

129Panzac Daniel, «La population de la Macédoine au XIX siècle (1820-1912)», Les

Balkans à l’époque ottomane, op. cit., pages 113-114. Voir également,˜Ax|≥ ˜Q¢›µ, ˆK«…∑-

ƒß` …ï˛ N`≤|{∑µß`˛ (¥|…`Ÿƒ`«¢|±«` Ã√∫ N`ƒz`ƒß…∑ˇ D. Eç¥ä…«`), ıFµ M|§‹ß`§˛, 1860, ıAµ`«…`…§≤IJ }≤{∫«|§˛ L`ƒ`x§c, C§x≥§∑¢ç≤ä ıK«…∑ƒ§≤˵ N|≥|…˵, 242, ıA¢çµ` 1991, «|≥ß{|˛ 1-3.

130Braudel Fernand, Grammaire des civilisations, Artaud-Flammarion, Paris, octobre 1987, page 40 et 42.

131Malliaros (1967/68), Malliaros-Lazarou Chatzis (1968/69-1974/75), page 233. 132Braudel Fernand, Grammaire des civilisations, op. cit., page 42.

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Thessalie, l’isolement était également dû à la présence, mentionnée dans tous les manuels scolaires, des dangers que des «envahisseurs qui venaient du nord» de la Grèce représentaient.

En fait, il s’agit, à partir du début du 4ème siècle, de deux peuples, Péoniens et Illyriens, situés, successivement, au nord et à l’ouest de la Macédoine, dont les mouvements dirigés vers le sud menaçaient non seulement la Macédoine elle-même, mais aussi les autres villes grecques. De cette manière, l’éducation grecque entretient dans l’inconscient collectif des élèves une perception globalisante et harmonieuse de la nation grecque unie contre les dangers extérieurs, même si Philippe II avait entrepris une politique de conquête contre des villes grecques situées au sud de la Macédoine.

En effet, après la mort de Perdiccas III (365-359) en 360 av. J.-C., une nouvelle période de l’histoire macédonienne et grecque fut inaugurée par l’accès devant plusieurs candidats, au titre de roi, par Philippe II, régent du fils de Perdicas III, Amyntas, à l’âge de vingt-quatre ans. Son souci fut double : le rétablissement de l’ordre interne et l’élaboration d’une politique extérieure d’abord défensive, puis, de conquête. Effectivement, c’est dans le cadre de cette politique expansionniste qu’en 358 av. J.-C., il réussit à repousser plus au nord les Péoniens et de vaincre les Illyriens, à occuper en 357 av. J.-C. Amphipolis, à devenir maître des mines d’or du Pangée, à fonder, en 356 av. J.-C., la cité de Philippes, à atteindre la mer Égée, occupant Pydna et Méthone en 355 av. J.-C., puis, à occuper Abdère et Maronée en 354 av. J.-C. avant de s’imposer en Thrace en 342 av. J.-C. Les villes grecques qui se trouvaient au sud de la Macédoine représentèrent, par ailleurs, un intérêt certain pour Philippe II, notamment après le début, en 356 av. J.-C., de la Guerre sacrée134 en Grèce centrale, à la suite des

attaques des Phocidiens qui avaient envahi les terres sacrées des prêtres d’Apollon. Menant la guerre contre les Phocidiens et leurs alliés, il réussit à occuper en 352 av. J.-C., la Thessalie mais il fut arrêté et obligé de changer ses objectifs expansionnistes contre les villes grecques «du sud». Il fit intervenir les «idées de paix, d’union et de concorde»135 que la diffusion de

l’idéologie monarchique ainsi que l’idée de guerre contre les Autres, les barbares, rendaient réalisables. Dans les manuels scolaires, on insiste sur ce

134Elle dura de 356 en 353 av.J.C.

135Lƒ|¥¥ˇ{c˛ C`«ß≥ä˛, N`ƒ≤§`µ∫˛ T∑Ÿ∑≤≥ç˛, Q ıAƒχ`ß∑˛ ≤∫«¥∑˛. ıAµ`…∑≥§≤∑ß ≥`∑ß ≤`§ ˆF≥≥c{` ›˛ …∑ 323 √.χ., op. cit., page 300.

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contact mais en des termes unificateurs qui constituent des repères très solides de la grande aventure de l’hellénisme à travers le temps : la Macédoine et les autres villes de la Grèce ont suivi initialement des routes séparées mais qui ont fini par se rejoindre. Les programmateurs de l’éducation nationale insistent sur cette conception de la Grèce, notamment à partir du règne d’Arkélaos (413-399 av. J.-C.): elle formait non pas un État institutionnel organisé autour d’Un pouvoir et aux frontières limitées, au sens actuel, imposé par le droit international, mais un ensemble culturel solide, un système dont les différents éléments, les cités-États, se trouvaient en relation continue grâce à l’existence de liens communs. «Être logé, c’est commencer d’être»136, écrivait Fernand Braudel à propos des frontières qui,

très tôt, ont limité l’étendue du territoire étatique français. Il s’agit d’une conception qui, d’un point de vue culturel, pourrait être valable pour le monde grec dont les limites terrestres «faisaient front»137 aux peuples dont

l’identité culturelle était fondée sur des traits différents. Ainsi, le contact culturel, voire national, de la Macédoine avec le reste de la Grèce ne peut donc être conçu que comme inévitable, même s’il a été «retardé» à cause des menaces extérieures et de sa morphologie géographique dont les montagnes, étant méditerranéennes et donc «à conquérir»138, «coupent la

circulation et mangent abusivement l’espace… »139.

Les rédacteurs des manuels scolaires d’histoire du secondaire en Grèce insistent tous, sans aucune exception, sur ce contact culturel, preuve du triomphe de l’hellénisme qui a su préserver son empreinte à travers les siècles malgré une nature souvent très hostile.

Avant d’étudier le contenu des manuels scolaires, il nous semble nécessaire de nous positionner d’un point de vue notionnel par rapport aux définitions des mots culture et civilisation que nous employons dans le même sens sans les différencier. Nous suivons l’idée de Fernand Braudel qui pense que les Hommes vivent «en sociétés, cultures, qui produisent peu de désordre et qui ont tendance à se maintenir indéfiniment dans leur état initial, ce qui explique qu’elles nous apparaissent comme des

136Braudel Fernand, L’identité de la France : espace et histoire, Artaud-Flammarion, Paris 1986, page 279.

137Braudel Fernand, L’identité de la France : espace et histoire, op. cit., page 280. 138Braudel Fernand, La Méditerranée : L’espace et l’histoire, Champs-Flammarion, Paris 1985, page 26.

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sociétés sans histoire et sans progrès, ainsi qu’en sociétés qui correspondent aux civilisations modernes qui utilisent pour leur fonctionnement une différence de potentiel, laquelle se trouve réalisée par diverses formes de hiérarchie sociale…»140. Étant conscient de la difficulté de choisir une

définition, la bibliographie sur ce sujet étant abondante141, nous nous

limitons au sens que les auteurs de nos manuels scolaires-sources de la présente étude confèrent à ces deux termes. En fait, deux conceptions dominent dans ce domaine, qui s’appuient, l’une, idéaliste, sur l’autonomie de la culture et de la civilisation par rapport aux «périodes historiques et aux structures sociales», ce qui impose la hiérarchisation des civilisations et des cultures en importantes et moins importantes ; l’autre sur le rapport étroit entre «l’activité et l’intellect humains, entre l’activité intellectuelle et la production manuelle»142. Face à ces deux définitions, le contenu des

manuels scolaires tend clairement vers la première. Dans cette perspective, la Macédoine était grecque avant de sortir de son isolement, grâce à son origine. Son contact avec les autres villes grecques n’a donc pas nécessité de concurrence entre deux cultures, ce qui aurait abouti à l’exclusion de l’une ou de l’autre. Ainsi, Alexandre I (498-454 av. J.C.), avant Philippe II et sa politique expansionniste au IVème siècle av. J.-C., politique qui ne l’avait pas empêché d’admirer la culture grecque et inviter par exemple à Pella «le sculpteur athénien Léôkharès qui a réalisé cinq statues de sa famille ou

140Braudel Fernand, Grammaire des civilisations, op. cit., page 48.

141À titre indicatif nous nous référons principalement à la bibliographie suivante:

Febvre Lucien, «Civilisation, évolution d’un mot et d’un groupe d’idées», Civilisation: le

mot et l’idée, Paris 1929 ; Braudel Fernand, Grammaire des civilisations, Artaud-

Flammarion, Paris 1987, 609 pages ; R|«¥`…â∫z≥∑ˇ T…ÄŸ`µ∑˛, ıF≤√`ß{|ˇ«ä ≤`§ aµc√…ˇ∂ä «…äµ ˆF≥≥c{` 1948-1985. V∫ a«Õ¥√…›…∑ ¥§k˛ «χÄ«ä˛, J|¥Ä≥§∑, ıA¢çµ` 1987, pages 44- 46 ; Raymond Williams, Culture, Fontana 1983 ; Krœber A. and Kluckholn, Culture : A

critical review of concepts and definitions, New York, Random House 1963 ; Weintraub

Karl J., Visions of Culture, Cicago-Londres, 1969; Jaeger W., Paedeia, the ideal og Greak

culture, B. Blackwell, Oxford, 1965; Eliot T.S., Notes towards the definition of culture,

Faber and Faber 1979, VI, «Notes on education and culture», p. 95-109 ; Gramsci A, «The organisation of education and culture», The moderne prince and other writings, International Publishers, New York 1970, pages 126-132.

142Dans ce cas, la notion de civilisation ou de culture a une double substance : elle contient l’ensemble des productions d’une époque de substance matérielle ou les restes des objets d’autres époques mais, également, le spectre des produits du travail intellectuel et les empreintes correspondantes d’autres époques» : R|«¥`…â∫z≥∑ˇ T…ÄŸ`µ∑˛, ıF≤√`ß{|ˇ«ä ≤`§ aµc√…ˇ∂ä «…äµ ˆF≥≥c{` 1948-1985. V∫ a«Õ¥√…›…∑ ¥§k˛ «χÄ«ä˛, op. cit., page 45.

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Aristote à qui il a confié l’éducation de son fils Alexandre (III 336-323 av. J.-C.)», a cherché à faire sortir la Macédoine de son isolement développant des relations avec les villes grecques. Alexandre I a aussi demandé de «participer aux jeux olympiques» réservés aux Hellènes, il a invité Pindare à sa cour et a appuyé l’idée selon laquelle sa dynastie royale, les Argéades, provenait d’Argos du Peloponnèse qui passait pour la plus ancienne cité de la Grèce gouvernée par les rois héraclides après l’invasion dorienne. De même, Arkélaos (413-399 av. J.C.), «était émerveillé par la grandeur d’Athènes et la civilisation de l’autre partie de la Grèce… Il a ainsi transformé sa nouvelle capitale, Pella, en centre grec d’éducation et d’art… invitant des philosophes et des poètes comme Euripide qui est mort en Macédoine, comme le peindre Zeuxis qui a décoré son palais ou les poètes Agathôn et Timothéos…». À la cour de Perdiccas III (365-359 av. J.-C.), «a vécu le philosophe platonicien Euphræos d’Oropos…». C’est, par ailleurs, après ce premier contact d’ordre géographique et culturel, que la Macédoine a joué un double rôle essentiel pour l’hellénisme en tant que puissance unificatrice des Grecs ainsi que comme facteur de diffusion de l’hellénisme en Orient. Il existe de nombreuses études qui posent des questions et fournissent des réponses sur l’origine grecque de la Macédoine et sur le rôle unificateur de ses rois, comme la suivante qui va dans le sens des positions grecques : «Les Macédoniens étaient-ils des Grecs ? ou bien étaient-ils des barbares, étrangers aux Grecs par la race, la langue et la civilisation ?

Si on admet la première hypothèse, il n’y a aucun autre problème. Mais, si l’on admet la deuxième, on doit répondre à une énigme historique qui surgit automatiquement. Philippe et Alexandre ont unifié les Grecs qu’ils avaient pourtant vaincus à Chéronée ; ils se sont mis à leur tête pour battre les Perses, ennemis nationaux des Grecs ; les rois macédoniens des États hellénistiques ont dirigé et encouragé par tous les moyens l’activité et l’expansion de l’hellénisme sur les pays conquis qu’ils ont gouverné pendant trois siècles ; sous Alexandre, les rois macédoniens ont battu les Perses, avec le mot d’ordre de venger les outrages commis par ces derniers en Grèce au cours des guerres médiques ; sous les successeurs d’Alexandre, ils ont vécu dans l’Orient conquis en faisant partout et en toutes choses cause commune avec les autres Grecs. Comment donc expliquer ce fait unique dans l’histoire universelle, qu’un peuple conquérant, au lieu de chercher à imposer aux vaincus sa langue et sa civilisation, a préféré abdiquer tout ce qui lui était national pour adopter et répandre la langue, la religion et la civilisation d’un peuple étranger et,

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notamment, d’un peuple vaincu ? Et comment expliquer tout cela précisément dans le cas d’un peuple conquérant comme les Macédoniens, dont l’histoire sait qu’ils étaient fiers de leur nationalité, de leurs rois, de leurs traditions nationales et de leurs exploits héroïques ? C’est parce qu’ils avaient été entre temps hellénisés ? Ce qui aurait été un cas unique dans l’histoire universelle sinon un miracle historique … dans la mesure où ils n’ont laissé dans la civilisation hellénistique pas la moindre trace de civilisation macédonienne nationale, pourtant étrangère à la civilisation grecque. Le cas analogue des Romains conquérants des Grecs démontre que la civilisation de cette époque n’est plus la civilisation purement hellénistique ; elle est devenue gréco-romaine»143.

En fait, l’unification des villes grecques fut réalisée grâce à la double fonction de la politique extérieure de Philippe II qui, dès le milieu du 4ème siècle, fut conquérante vers les frontières de l’est de la Macédoine et unificatrice envers ses voisins du sud. La prise d’Olynthe en 348 av. J.-C., le rattachement de la Chalcidique à la Macédoine, mais la signature, en 346 av. J.-C., d’un traité de paix avec les Athéniens alliés d’Olynthe montrèrent «clairement la différence entre la politique orientale et la politique méridionale… dont l’objectif était l’union avec les Grecs»144.

Malgré cette politique, l’union du monde grec ne se fit pas pacifiquement ; ce fut après une victoire militaire contre les Athéniens à Chéronée en 338 av. J.-C. que Philippe II devint le maître de la Grèce. Enfin, la constitution, en 337 av. J.-C., de la ligue de Corinthe qui fonda les bases de l’union des Grecs qui, une fois unis et guidés par Alexandre le Grand, «diffusèrent la civilisation grecque en Orient, la transformant en patrimoine de toute l’humanité». Ainsi, si Philippe II a unifié les cités grecques qui constituèrent alors une aire politique et culturelle unie, son fils Alexandre a exporté leur ancienne animosité en dehors de leurs limites civilisant l’Orient du Pont

143Kalléris N. Jean, Les anciens Macédoniens. Étude linguistique et historique, Collection de l’Institut Français d’Athènes, Athènes 1988, page 13, tome 1er).

Voir également TŸÄ…`˛ T√ˇƒß{›µ, L|µ…ƒ›…ç˛ Lˇƒ§c≤∑˛, T≤∫√§` «| `µ`âç…ä«ä …`ˇ…∫…ä…`˛ ≤`§ {§|¢µ∑Õ˛ `µ`zµ‡ƒ§«ä˛. Lƒ§…§≤ç √ƒ∑««Äzz§«ä …ä˛ Ä≤{∑«ä˛ …ä˛ MANU «Macedonia and its relations with Greece, Skopje 1993, ˝K{ƒˇ¥` N|≥|…‡µ Y|ƒ«∑µç«∑ˇ …∑ˇ

Aߥ∑ˇ, O° 257, J|««`≥∑µß≤ä 1994, page 10.

144Lƒ|¥¥ˇ{c˛ C`«ß≥ä˛, N`ƒ≤§`µ∫˛ T∑Ÿ∑≤≥ç˛, Q ıAƒχ`ß∑˛ ≤∫«¥∑˛. ıAµ`…∑≥§≤∑ß ≥`∑ß ≤`§ ˆF≥≥c{` ›˛ …∑ 323 √.χ., op. cit., page 330.

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Euxin à l’Egypte et de l’Adriatique à l’Inde, par la création de villes dont certaines «prirent son nom»145 ainsi que par «le développement des activités

économiques, la diffusion de la langue grecque, la fusion des religions et l’échange des connaissances et des idées»146.

Dans cette perspective, le rôle joué par la Macédoine au VIème siècle av. J.-C., est essentiel car, de 1950 à nos jours, elle offrait donc aux programmateurs de l’éducation grecque des arguments très importants pour fonder l’idée nationale sur la base solide de l’unité et de la puissance de l’hellénisme en dehors des frontières étatiques. Il ne faudrait pas oublier que les Grecs des années 1950, plongés dans une instabilité politique et sociale interne à laquelle nous nous sommes référés précédemment lors de l’étude de la Libération de l’espace macédonien, venaient de sortir d’une décennie néfaste, marquée par l’occupation, par la guerre civile et par la guerre froide, c’est-à-dire, par une conjoncture de ruptures et de dépendances militaires et économiques. Effectivement, bien que, pendant cette même période, nous constations une absence de politique extérieure de récupération d’espaces et de populations grecs, l’hellénisme ne pouvait pas être confiné à un espace limité par des frontières de nature étatique, parce que la spécificité de cette frontière aurait résidé dans la production «de barrières qui traduiraient la porté limite»147 de la force de la civilisation hellène. De 1950 à nos jours, la Grèce a dépendu des États-Unis d’Amérique seulement d’un point de vue politique et économique mais sûrement pas culturel.

Cette constatation nous amène à soutenir que l’idée nationale grecque à travers l’unité de l’espace et de la population hellènes est solide, malgré les ruptures occasionnées par les aléas de l’histoire. En fait, comme la plupart des systèmes d’éducation nationaux, les programmateurs grecs cherchent à «produire une conception romantique de la nation en tant qu’«essence naturelle» placée aux fondements d’une

145Tsactsiras-Tivérios (1983/84-1993/94) : «Parmi les villes qu’il a créées nous pouvons compter jusqu’à seize Alexandries».

146Lƒ|¥¥ˇ{c˛ C`«ß≥ä˛, N`ƒ≤§`µ∫˛ T∑Ÿ∑≤≥ç˛, Q ıAƒχ`ß∑˛ ≤∫«¥∑˛. ıAµ`…∑≥§≤∑ß ≥`∑ß ≤`§ ˆF≥≥c{` ›˛ …∑ 323 √.χ., op. cit., page 344.

147Raffestin Claude, «Autour de la fonction sociale de la frontière», Espaces et sociétés.

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«narration sur la nation» qui commémore des mémoires et des caractéristiques communes.…»148. La continuité de l’hellénisme de

l’antiquité à nos jours constitue un élément fondamental de l’identité nationale grecque fondée sur des caractéristiques culturelles «considérées comme critères de la particularité nationale»149. Cela impose l’idée selon

laquelle la population grecque s’identifie culturellement avec l’espace étatique actuel, qui est juridiquement bien défini, à travers des caractéristiques communes dont l’une des plus importantes est celui de la grandeur des ancêtres macédoniens qui ont diffusé la civilisation grecque sur un espace de dimensions exceptionnelles. Bien que cela puisse paraître en total désaccord avec la conjoncture actuelle en Orient où les empreintes de la civilisation grecque ne sont que matérielles, étouffées par le nationalisme des États dont l’espace est marqué par leur présence, il n’empêche que les programmes scolaires grecs continuent à être inspirés par la pensée et l’œuvre des ancêtres glorieux de l’antiquité grecque notamment lorsque la sécurité étatique et nationale est en danger. Or, depuis l’autonomie que Tito a conférée, le 2 août 1944, à la République Socialiste de Macédoine, non seulement l’État mais la Nation hellène tout entière s’est sentie menacée.

Cependant, d’un point de vue éducatif, nous avons déjà observé que la place accordée à l’étude de la Macédoine grecque n’a pas beaucoup évolué dans les manuels scolaires d’histoire jusqu’à la publication toute récente du manuel édité par le Ministère de l’Éducation Nationale et des Cultes (1992/94), ce qui prouve l’aggravation au début des années 1990, des relations entre la Grèce et l’État nouveau, la république ex-yougoslave Socialiste de Macédoine, dite par les Grecs, Skopje.

Dans les quelques pages qui suivent, nous allons donc nous interroger sur les raisons du passage de la période 1950/51-1991/92,

148Xƒ`z≤∑ˇ{c≤ä ˝Aµµ`, L∑§µ›µ§∑≥∑zß` …ä˛ |≤√`ß{|ˇ«ä˛. J|›ƒß|˛ z§` …äµ ≤∑§µ›µ§≤ç `µ§«∫…ä…` «…∑ «χ∑≥|ß∑, op. cit., page 157.

149-Xƒ`z≤∑ˇ{c≤ä ˝Aµµ`, L∑§µ›µ§∑≥∑zß` …ä˛ |≤√`ß{|ˇ«ä˛. J|›ƒß|˛ z§` …äµ ≤∑§µ›µ§≤ç `µ§«∫…ä…` «…∑ «χ∑≥|ß∑, op. cit., page 157-158.

-L∑ˇ≥∑Õƒä Yƒ§«…ßµ`, ˆK«…∑ƒß` ≤`§ D|›zƒ`Ÿß` «…` ~≥≥䵧≤c «χ∑≥|±` (1834-1914). Dµ›«…§≤∫ aµ…§≤|ߥ|µ∑ ≤`§ •{|∑≥∑z§≤IJ √ƒ∑|≤…c«|§˛, ıAµ¢∑≥∫z§∑ ≤|§¥Äµ›µ, C§x≥§∑zƒ`Ÿß` «χ∑≥§≤˵ }zχ|§ƒ§{ß›µ, ıK«…∑ƒ§≤∫ ıAƒχ|ß∑ ˆF≥≥䵧≤ï˛ O|∑≥`ß`˛, D|µ§≤ç Dƒ`¥¥`…|ß` OÄ`˛ D|µ§c˛, O° 18, ıA¢çµ` 1988, pages 68-88.

-Ferro Marc, Comment on raconte l’histoire aux enfants à travers le monde entier, Petite Bibliothèque Payot/Documents, Paris 1981, pages 7-12.

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marquée par une image quantitative et qualitative permanente de la Macédoine dans les manuels scolaires, à celle des mutations, intégrant la publication (1992/93-1994/1995) du livre scolaire récent dans le conflit actuel.

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