REPRESENTATION D'ELEVES
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OUTILS POUR LA FORMATION DES MAITRES
M.L. ZIMMERMANN R. NIVOU L.D.E.S. Université Ecole Jean de Genève Piaget MOTS CLEFS: RESUME
REPRESENTA TIaNS - FORMATION - ENSEIGNANTS -OBSTACLES.
L'importance des représentations des élèves dans l'éducation a été signalée dans de nombreux travaux En effet, ces représentations sont révélatrices du cadre de référence et des obstacles rencontrés par les élèves d'ou leur utilisation éventuelle pour la formation des maîtres. Un module de formation des enseignants centré sur les représentations des élèves a ainsi été élaboré et est en cours de test.
INTRODUCTION
Désirant connaître les conceptions des enseignants par rapport à ce titre, nous avons mené une enquête auprès de 14 enseignants de l'Ecole Jean-Piaget (1). Nous leur avons demandé ce que ce titre évoquait pour eux. Seuls quatre maîtres parlent des conceptions initiales des élèves; pour les autres, c'est la représentation habituelle de l'é1éve telle que la conçoit le maître (bon, mauvais, moyen). Il ressort de cette petite enquête que la plupart des col-lègues ne placent pas l'élève au centre de la classe.
La signification que nous donnons à ce titre est la suivante: les représen-tations des élèves (c'est-à-dire les idées initiales des élèves) vont être exploitées, comme instruments, pour la formation des maîtres.
Afin de faire prendre en compte cette perspective indispensable, nous pré-sentons un module de formation des maîtres CENTRE sur l'utilisation des re-présentations. II MODULE DE FORMATION
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Tf1 T(°t-'$ [)'E.~ ELt:VESIII SENSIBILISATION DES MAITRES
Cette sensibilisation doit ètre progressive, différente pour chaque maître. Elle s'est faite de la manière suivante:
Tout d'abord, après les premiers travaux réalisés en 1981, nous avons présenté, lors d'un séminaire, un film (2) intitulé "Etude des obstacles A l'apprentissage du concept de chaleur". Ce film a suscité beaucoup de réactions et CHOQUE certains de nos col-lègues. Ceux-ci ont mal accepté la grande liberté d'expérimenta-tion et d'expression laissée aux élèves. Ils n'ont pas reconnu LEURS élèves.
Par la suite, un autre film intitulé "Les r61es du maître" (2) a été présenté lors d'une réunion des maîtres de sciences ex-périmentales. Une discussion intéressante a prolongé cette pro-jection.
Cette sensibilisation se poursuit de la manière suivante: les maîtres intéressés viennent visiter les classes "nouvelles mé-thodes", participent
a
un échange d'opinions avec les ensei-gnants "nouvelles méthodes".IV PRISE DE CONSCIENCE
Après une première phase de sensibilisation très différenciée, il est pro-posé une prise de conscience en plusieurs étapes.
Une première prise de conscience a été réalisée
a
la suite de la projection du film "Les r61es du maître". Les enseignants ont reconnu que l'enseignement traditionnel des sciences au 10ème degré ne donne pas entière satisfaction, que les élèves, pour la plupart, subissent le cours de manière passive et que les résultats obtenus sont souvent médiocres.Après cette constatation, certains maîtres s'intéressent à de nouveaux types d'enseignement. Ils viennent, de leur plein gré, visiter les classes expérimentales. Ils observent un enseignement différent de celui qu'ils ont l'habitude de dis-penser. Ils en ressentent à la fois 1 'intérèt et les diffi-cultés.
Quelques maîtres acceptent d'évaluer leur propre enseignement. Ils éla-borent avec l'alde des formateurs un test qu'ils passeront avant le dé-but du thème et, environ un mois, après la fin du thème étudié. Ils réa-lisent une grille d'évaluation et ainsi pourront vérifier si les objec-tifs fixés ont été atteints.
Quelques-uns ont accepté de tenter l'expérience suivante: l'année pro-chaine, ils vont pratiquer, dans quelques classes, ces "nouvelles
métho-des" , tout en gardant l 'esprlt critique face à l'expérience proposée. D'autres préfèrent attendre les résultats et les observations de leurs col-lègues avant de se lancer dans l'aventure.
V REPRESENTATIONS D'ELEVES
Les maîtres vont participer, grâce au pré et au post-test, à la recherche des conceptions initiales des élèves et seront ainsi en mesure de les caté-goriser. Ils pourront aussi se référer aux travaux existant déjà (3). Prenons quelques exemples de représentations d'élèves avant tout enseigne-ment, extraites d'un mémoire (4) réalisé à partir d'une étude faite sur la chaleur avec des élèves de 19 ans de l'Ecole Jean-Plaget. Pour ces élèves: LA CHALEUR C'EST: - le Brésil,
- une sensation, - une énergie, - une source,
- quelque chose de chaud, - une température. LA TEt1PERATURE
C'EST: quelque chose qui fait varier la chaleur, - la mesure de la chaleur,
- avoir de la fièvre, - ce qui se mesure en degrés,
Pour différencier sensation de chaleur, température, il est proposé aux élèves de toucher différents objets, de les classer par sensation de cha-leur et de dire si le classement par température est le même.
Le classement par sensation de chaleur est souvent juste alors qu'un seul élève affirme que tous les objets d'une mème pièce sont à la mème tempéra-ture.
Les représentations d'élèves suivent une double finalité: d'une part, elles doivent ètre prises en compte par le maître pour qu'il dispense un enseignement véritablement intégrable par l'élève qui est "devant lui" et, d'autre part, elles sont agent de formation pour l'élève 1ui-méme, En ef-fet, celui-ci doit s'efforcer de transmettre une image parfois imprécise d'un concept qu'il a assimilé par ses propres moyens. Il devra rechercher dans ses souvenir, trouver des analogies, réaliser la synthêse de toutes les informations reçues. Il évoluera probablement vers une modification plus rapide de ses représentations personnelles.
VI OBSTACLES
La découverte de ces représentations dont il n'avait même pas conscience va solliciter le maître, lui faire voir l'élève sous un autre éclairage et et l'amener à rechercher les obstacles rencontrés par les élèves.
A partir des représentations utilisées comme grille de lecture. les ensei-gnants vont mettre en évidence différentes catégories d'obstacles. A titre
d'exemple, nous allons utiliser les catégories d'obstacles explicitées dans un précédent article (5) :
- obstacles techniques, - obstacles mathématiques, - obstacles conceptuels.
Nous n'aborderons ici que la premiére et la dernière catégorie Obstacles technigues
Ils sont liés à l 'uti lisation du matériel. Nous allons prendre comme exem-ple le thermomètre.
- choix du thermomètre: les élèves choisissent d'emblée. pour mesurer n'importe quelle température, soit le thermomètre le plus familier (ther-momètre médical), soit le ther(ther-momètre le plus étrange (ther(ther-momètre digi-tal) ;
- util isation du thermomètre: les élèves secouent tous le thermomètre au mercure; ils plongent la sonde du thermomètre digital dans de la glace afin de faire la mise à zéro; ils ne savent pas comment placer la sonde de celui-ci;
- lecture du thermomètre: les élèves se trompent encore dans les lectures (pour les valeurs négatives ou pour les valeurs dépassant 1000); ils ne savent pas interpréter la lecture des chiffres apparus sur le thermomé-tre dlgital mais estiment que c'est la lecture la plus süre car les Chlf-fres sont affichés.
Obstacles conceptuels
- la chaleur est une sUbstance,
le froid et le chaud ont une existence autonome (ils parlent de froideur) les substances peuvent ètre intrinsèquement cnauaes (sagex ... ) ou intrin-sèquement froides (métal ... ),
les élèves privilégient la sensation de chaleur à la notion de tempéra-ture.
Ces obstacles sont révélateurs des difficultés rencontrées par les élèves. Le maitre devra alors s'efforcer de trouver les meilleures tactiques péda-gogiques permettant aux élèves de franchir les obstacles.
VII STRATEGIES PEDAGOGIQUES FACILITANTES
A partir ae la connalssance des représentations des éléves, nous proposons aux enseignants de comparer une pédagogie traditionnelle et une pédagogie "nouvelles méthodes"
a
l'aide du protocole suivant (7) :Ubs tac 1es Sujet nouveau Technique d'expérimenta-tion Langage Méthode traditionnelle abordé avec appréhension par J'élève
pourra-t-il comprendre? sera-t-il dépassé?
le discours du maître ne suffit pas
exemples: donner des con-signes
- choix du thermomètre - position de lecture - laisser le thermomètre
en contact thermique n'entraîne pas forcément les résultats escomptés au niveau des élèves lorsque ceux-ci sont mis en situation expérimentale
Dans le cours, on trou-vait : la chaleur c'est l'énergie totale d'agita-tion des molécules. Après le cours, on trou-ve : - l'agitation totale des molécu les, - l'éner-gie totale de la somme des molécules; la juxta-position de certains mots permet de dou ter de 1a compréhension de la dé-finition
"Nouvelles méthodes" abordé de façon calme et active par l'élève
je vais trouver MA solution à ce problème, je construis MON SAVOIR
tâtonnement de l'élève exemples:
- cheix du thermomètre mauva i s choix --~parfoi s thermomètre cassé
position de lecture mauva i se --~ résu 1ta ts faux
thermomètre ne reste pas en contact avec les ob-jets dont on désire con-naître la température --~
mauvaises mesures L'ERREUR EST PERMISE. Elle est UTILISEE pour la cons-truction du savoir Le langage uti lisé pour une définition sera PROPOSE par les élèves, ELABORE par l'ensemble de la classe et une formulation INTELLIGI-BLE pour les élèves sera retenue
Obstacles Confusion chaleur-tempéra ture
VIII CONCLUSION
Hé thode trad it i onne lie Explication du maître se référant à un exemple utilisation d'une compa-raison entre une bougie et un radiateur
le tandem radiateur-bougie va servir d'étiquette à une notion incomprise
"Nouvelles méthodes" Uti lisation de la pédagogie du CONFLIT COGNITIF
confrontation entre élèves sur le thème: les objets de la pièce ont-ils LA MEME
TDIPERATURE ?
discussion, expérimentation, discussion critique, élabo-ration d'une réponse commu-ne
Cette formation continue, graduelle, doit être faite à la demande des maî-tres et exige leur adhésion. D'une part, elle recquiert la conviction des enseignants concernant la nécessité de changer. D'autre part, elle néces-site des maîtres l'acceptation d'une remise en question. En effet, "les nouvelles méthodes" que le maître va s'efforcer de mettre en oeuvre sont caractérisées par un rôle différent assigné au maître et une autre place affectée à l'élève. Dans cette perspective, la connaissance des représen-tations des éléves joue un rôle prépondérant pour la formation des maîtres.
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~ ..,::",- '. . -C> • ....-- . 1Notes :
(1) Ecole Jean-Piaget: Ecole de culture gênêrale (Genêve) qui reçoit des êlê-ves désireux de poursuivre leurs études après la scolarité obligatoire. (2) Ces films sont disponibles auprês du LDES, Uni II, rue Gênêral Dufour,
1205 Genève.
(3) Sur le thème de "chaleur" : les travaux de A. Tiberghien, B. Macédo de Burghi, ~. Vuilleumier, D. Bain, F. Bertrand, et de l 'êquipe du LDES. (4) Mêmoire: "Etudes des représentations du concept de chaleur"
-M.-L. Zimmermann, lY81, document interne, Université de Genève. (5) "Etude des obstacles
a
l'apprentissage du concept de chaleufM.-L. Zimmermann, C. de Carlini, V Actes de Chamonix, 1983
(6) "La chaleur, intuition et paradoxes" - ~. VUilleumier, LDES, Universitê de Genêve
(7) Ces "nouvelles mêthodes" sont expl1citêes dans un article précédent: "Les rôles du maître" - M.-L. Zimmermann, R. Nivou, VI Actes de Chamonix, 1984
