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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Pratiques et représentations en éducation à la santé des maîtres du premier degré

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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A. GIORDAN, J.-L. MARTINAND et D. RAICHVARG, Actes JIES XXVI, 2004

PRATIQUES ET REPRÉSENTATIONS EN ÉDUCATION

À LA SANTÉ DES MAÎTRES DU PREMIER DEGRÉ

Dominique BERGER (1), Didier JOURDAN (2), Anne RIFFAUT (3), Isabelle PIEC (4),

(1) IUFM de l’Académie de Lyon, (2) IUFM d’Auvergne, (3) Médecin, ENSP, (4) Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand

MOTS-CLÉS : ÉDUCATION À LA SANTÉ – ÉCOLE PRIMAIRE – FORMATION REPRÉSENTATION DES MAÎTRES

RÉSUMÉ : Cette enquête par questionnaire sur un échantillon représentatif des enseignants du primaire de la région Auvergne avait pour objectifs d'évaluer les pratiques en Éducation à la Santé (ES) déclarées par les enseignants, mettant en évidence leurs représentations quant à leur rôle dans l’ES de leurs élèves, situant les obstacles et proposant des moyens de dépasser les obstacles rencontrés en terme d’organisation, d’information, de formation.

ABSTRACT : This questionary study on a representative cross section of the Auvergne’s primary teachers has four objectives : 1- to evaluate of their practices, 2- to show their representations of their roles in health education, 3- to situate the difficulties of the health education and prevention’s projects and 4- to help them to pass the organisation, information or training obstacles. The study shows us the factors that influence the practices : 1- to be trained, 2- to work in a pedagogical network. In conclusion, the results underline the link between practices in health education and teachers’ representations.

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1. INTRODUCTION

Améliorer la connaissance des pratiques et des représentations des enseignants de l’école primaire quant à leur rôle dans le champ de l’éducation à la santé (ES) et identifier les résistances individuelles et structurelles constituent des objectifs importants de la recherche en ES. Depuis de nombreuses années, les données issues des différents champs de la santé publique plaident pour le développement de la prévention, basé notamment sur l’éducation à la santé (Plan National d’Éducation pour la Santé en 2001 et communication au conseil des ministres de février 2003). En effet, il ne suffit pas de consacrer des moyens toujours plus importants aux services de soins pour améliorer la santé d’une population, il faut aussi mettre en œuvre des stratégies de prévention et plus généralement promouvoir la santé (Haut Comité de Santé Publique, 1996). Dans ce contexte, l’éducation des personnes se révèle être un enjeu capital et, en complémentarité avec d’autres acteurs, le système éducatif a un rôle déterminant à jouer. À travers les programmes scolaires et plusieurs textes officiels (voir réf. dans Larue & coll., 2000), l’éducation à la santé (ES) prend une place significative parmi les missions assignées au système scolaire. Cette étape politique est essentielle, mais les acteurs de l’ES sont bien placés pour savoir qu’un texte prescriptif ne suffit pas à induire de nouvelles pratiques pédagogiques ! Si les personnels de santé sont aujourd’hui largement concernés, la situation des enseignants est plus contrastée (Jourdan, 1990 et St-Léger, 1998). La formation des professeurs, et particulièrement ceux du premier degré, dans ce domaine constitue donc un enjeu capital, une priorité sur laquelle s’accorde l’ensemble des experts (Piette, 1999, St-Léger, 1999 et Kealey, 2000).

De nombreuses initiatives pertinentes voient le jour dans des établissements mais force est de constater que les écoles, collèges et lycées impliqués restent peu nombreux à s’engager dans des projets de promotion de la santé. Par ailleurs, les partenaires de l’Éducation Nationale (services de l’état, réseau CFES et assurance-maladie, associations) rencontrent des difficultés dans la mise en œuvre de projets durables avec les établissements. Identifier les obstacles à une généralisation des programmes de promotion de la santé dans les écoles, les collèges et les lycées représente donc une autre tâche importante à laquelle s’est attaché le groupe de recherche en éducation à la santé du laboratoire « Processus d’action des enseignants, déterminants et impacts » (PAEDI) de l’IUFM d’Auvergne.

Enfin, même si l’accent est mis sur l’ES dans les programmes de l’école primaire, l’idée selon laquelle c’est à ce niveau que la prévention est la plus efficace est encore peu partagée (Jourdan & Victor, 1998 et Collet & Berger, 1995). La spécificité de la prévention des conduites à risques chez les jeunes nécessite de focaliser l’action avant la période de l’adolescence qui se caractérise par des conduites de prise de risques, de transgression d’interdits, une appétence forte pour les attributs

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adultes (dont la consommation d’alcool et de tabac) et l’importance de l’intégration au groupe des pairs. L'idée selon laquelle c'est pendant l'enfance (avant l'apparition des conduites à risques) que peuvent être acquis les comportements positifs vis-à-vis de la santé a mené à assigner à l'école une mission de prévention. Un travail spécifique sur l’école primaire peut permettre d’obtenir des éléments quant à la mise en œuvre de stratégies de prévention précoce et, plus généralement, de construction des compétences conduisant à la construction d’un concept de santé positif chez les enfants.

C’est à partir de ces constats que le groupe de recherche en éducation à la santé de l’équipe « PAEDI » et le service d’Épidémiologie, Économie de la Santé et Prévention du CHU de Clermont-Ferrand ont réalisé une enquête par questionnaire sur un échantillon représentatif des enseignants du primaire de la région Auvergne. Cette étude avait pour objectifs :

- d'évaluer les pratiques en ES déclarées par les enseignants,

- de mettre en évidence leurs représentations quant à leur rôle dans l’ES de leurs élèves - de situer les obstacles à leur implication dans des projets de prévention,

- de proposer des moyens de dépasser les obstacles rencontrés en terme d’organisation, d’information, de formation (en direction de l’Éducation Nationale, des services de l’État, du réseau CFES, des Caisses d’Assurance Maladie et des associations).

2. MÉTHODE

L'étude a consisté à interroger par courrier en avril 2001, avec rappel, un échantillon représentatif des enseignants du primaire par un questionnaire portant sur l'année scolaire 2000-2001.

La base de données sur laquelle a été effectué le tirage au sort correspondait à la liste des écoles de la région et a été fournie par les services statistiques des inspections académiques de chaque département. Le sondage réalisé était un sondage en grappes, où tous les maîtres d’une école tirée au sort étaient interrogés. Le pourcentage d'écoles tirées au sort s'élevait à 10 % du nombre total des écoles de la région. Les écoles classées en ZEP/REP et celles en RPI ne représentant qu’un faible pourcentage des écoles auvergnates, nous avons tiré au sort deux fois plus de ces écoles afin d’avoir un nombre suffisant de réponses pour les analyses statistiques. Les données ont tout d’abord été étudiées de manière univariée, (test du Khi2 pour les comparaisons de pourcentages et analyse de la variance ou test non paramétrique test H de Kruskal-Wallis) pour les comparaisons de moyennes1.

Le coefficient de corrélation de Pearson a été calculé pour mesurer le lien entre les variables

1 Une valeur de p<0,2 a été retenue pour identifier les variables à introduire dans les modèles. Les logiciels Epi Info 6.0 ® et Statview F 4.5 ® ont été utilisés.

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quantitatives. Une analyse multivariée a été effectuée afin d’expliquer les scores d’intérêt et de compétence pour l’ES, à l'aide de régressions linéaires multiples.

3. RÉSULTATS

Les données permettent de réaliser une photographie des pratiques en ES des enseignants du premier degré de la région Auvergne. La majorité des enseignants (plus de deux sur trois) déclarent mettre en place un travail en ES. Mais 92 % des enseignants interrogés estiment que l’éducation à la santé est constitutive de leur mission. L’approche est massivement thématique puisque seul un enseignant sur trois déclare poursuivre des objectifs d’éducation globale. Cette ES est essentiellement limitée à des séquences pédagogiques puisqu’elle n’est intégrée à un projet que dans 20 % des cas. Le démarrage du travail est en général conditionné non par une démarche collective ou un événement extérieur mais par une décision individuelle de l’enseignant en référence aux programmes scolaires. Une fois sur trois, le maître a fait appel à des partenaires, il s’agit principalement des infirmières et médecins du service de promotion de la santé en faveur des élèves (SPSFE) c’est-à-dire aux équipes de « santé scolaire ». Les parents ne sont cités comme partenaires de l’action que par une très faible minorité de maîtres (7 %), cette absence des parents sur un domaine pour lequel la complémentarité école/famille est fondamentale, n’est pas spécifique à l’ES. Aujourd’hui, le développement du partenariat avec les familles représente un enjeu important dans l’évolution du métier d’enseignant.

Ces éléments doivent être complétés par l’étude des obstacles cités par les enseignants qui ne pratiquent pas l’ES. Pour eux, l’obstacle le plus important est le manque de temps, puis viennent les manques de formation, de matériel et d’informations mais aussi la difficulté à trouver des personnes-ressources à contacter. Ces éléments permettent de situer la nature des actions potentiellement efficaces pour une généralisation de la prise en compte de l’ES par les maîtres : (1) la question du manque de temps est directement liée à une représentation de l’ES comme une discipline supplémentaire. Donner aux enseignants les moyens de considérer l’ES comme étant liée à des attitudes, des modes d’organisation de la vie à l’école et s’exprimant dans des activités éducatives « classiques » à travers les séquences de français, d’éducation physique, d’éducation civique, de sciences de la vie… est un moyen de dépasser ce premier obstacle. De plus, leur permettre de percevoir qu’ils font déjà de l’ES « sans le savoir » est un moyen de les rassurer sur la nature de ce qui est attendu d’eux. (2) La mise en œuvre de formations adaptées intégrant à la fois un travail sur les représentations de la santé, le rôle éducatif du maître, les questions liées au partenariat mais aussi la présentation de documents pédagogiques, l’apport d’expériences et la

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rencontre avec les partenaires locaux peut permettre aux enseignants de se sentir « autorisés » à investir un domaine souvent perçu comme relevant du médical.

Les facteurs, tant liés aux enseignants eux-mêmes qu’aux caractéristiques des écoles sont peu nombreux à influencer les pratiques. Travailler en ES n’est pas l’apanage de telle ou telle catégorie d’enseignants puisqu’on n’observe pas d’effet de l’âge, du sexe ou du statut de l’école. Seuls deux facteurs conditionnent de façon significative les pratiques en ES. Il s’agit d’une part de la formation des maîtres et d’autre part, de l’appartenance de l’école à un réseau regroupant plusieurs établissements scolaires (Zones ou Réseaux d’Éducation Prioritaire en milieu urbain et le Regroupement Pédagogique Intercommunal en milieu rural). Les enseignants ayant reçu une formation en ES ont plus travaillé sur l’ES que leurs collègues. En outre, une influence de la formation sur la représentation de l’ES par les enseignants a été montrée. Il s’agit du facteur qui pèse le plus significativement sur la pratique et le sentiment de compétence.

4. CONCLUSION

Les facteurs qui conditionnent les pratiques sont (1) le fait d’avoir bénéficié d’une formation et (2) le fait de travailler dans des écoles regroupées en réseau. Une politique efficace doit donc viser à développer la formation en ES et à soutenir et accompagner les dynamiques collectives au sein des écoles. De plus, les résultats soulignent le lien existant entre pratiques et représentations des enseignants. À notre sens le principal obstacle à la généralisation de la prise en compte de l’ES n’est pas de nature technique (manque d’outils, contacts difficiles avec les partenaires…) mais est bien lié à l’idée que les acteurs se font de leur mission.

Des acteurs sont à mobiliser : d’une part, les structures de formation des enseignants (IUFM) et, d’autre part, les acteurs internes de l’accompagnement des écoles au premier rang desquelles les équipes de circonscription (inspecteurs, conseillers pédagogiques) et du SPSFE (infirmières, médecins) dont la mission de conseil technique vient d’être réaffirmée récemment (Ministère de l’éducation nationale, 2001). Les enseignants montrent une forte attente vis-à-vis des partenaires externes à l’école : aide à l’élaboration de projets et interventions en classe pour amorcer le travail et conduire l’enseignant à se sentir mieux assuré mais aussi parce que l’intervention d’un partenaire au cœur d’un projet de classe est un temps fort important pour la motivation des enfants. Le professionnel de la prévention n’est pas là pour « faire » de l’ES mais pour apporter son expertise, assurer le lien et soutenir l’action des enseignants par sa compétence spécifique.

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BIBLIOGRAPHIE

BERGER D., COLLET R. (1998). Les représentations du Sida chez les enfants, Le journal du Sida,

104.

JOURDAN D., VICTOR P. (1998). La formation des enseignants du primaire en éducation à la santé dans les IUFM : enjeux et obstacles. Recherche et formation, 28, 29-46.

LARUE R., FORTIN J., MICHARD J.-L. (2000). École et santé : le pari de l’éducation. Hachette Éducation.

PIETTE D. & al. (1999). Tracking down the ENHPS successes for sustainable development and

dissemination, The EVA2 project, Final report, ULB, Bruxelles, 65 p.

SAINT-LEGER L., (1998). Australian teachers’understandings of the health promoting school concept and the implications for the development of school health. In Health promotion

international, pp. 223-235.

SAINT-LEGER L. (1999). Health promotion in schools. In The evidence of health promotion

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KEALEY K. A., PETERSON A. V., GAUL M. A., DINH K. T, (2000). Teacher training as a behavior change process : principles and results from a longitudinal study, Health education and

behavior, 27(1), 64-81.

JOURDAN D., PIEC I., AUBLET-CUVELIER B., BERGER D., LEJEUNE M.-L., LAQUET-RIFFAUD A., GENEIX C., GLANDDIER P.Y. (2002) Éducation à la santé à l’école : pratiques et représentations des enseignants du Primaire. Santé publique, 41, 403-423.

CONTACT : Dominique Berger, MCF, IUFM de l’Académie de Lyon, bergerdomi@wanadoo.fr Didier Jourdan, PU, IUFM d’Auvergne, djourdan@auvergne.iufm.fr

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