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LES ZONES EXPOSÉES AUX CRUES DANS LE GRAND CASABLANCA

Les conséquences régionales du changement climatique

CARTE 2.3: LES ZONES EXPOSÉES AUX CRUES DANS LE GRAND CASABLANCA

L’ETAT DES VILLES D’AFRIQUE DU NORD ENCADRÉ 2.3: L’AMÉNAGEMENT DE LA VALLÉE DU BOUREGREG – PLANIFIER POUR ATTÉNUER LE RISQUE CLIMATIQUE

Source: Agence pour l’Aménagement de la Vallée du Bouregreg (AAVB).

Avec son site de 47 000m2 et 27 000m2 de surface hors-œuvre, le Grand Théâtre de Rabat (Maroc) va être un haut-lieu culturel. Source: Agence pour l’Aménagement de la Vallée du Bouregreg (AAVB).

L’initiative de la vallée du Bouregreg, au Maroc, a été saluée comme un bon exemple de la façon dont on peut planifier pour atténuer le changement climatique avant que des infrastructures ou du bâti soient mis en place.

Divers projets d’aménagement conçus au cours du demi-siècle écoulé ont échoué, mais en 2001 le roi Mohammed VI a constitué une équipe pluridisciplinaire pour tracer un plan pour l’estuaire très encaissé de ce fleuve, du barrage Sidi Moulay Ben Abdallah à l’océan Atlantique. L’estuaire du Bouregreg se trouve entre les agglomérations urbaines de Rabat et Salé, dans une zone vulnérable aux inondations, à la submersion marine et aux glissements de terrain, mais des politiques publiques d’utilisation des sols résistantes au climat devraient atténuer ces risques, comme aussi la manière dont est conçu le bâti.

Le projet, l’un des plus vastes jamais entrepris en Afrique du Nord, vise à accueillir 140 000 nouveaux habitants tout en créant 90 000 nouveaux emplois. La construction a commencé en 2006: le fleuve a été dragué, les marais et les rives réhabilités et les remparts historiques restaurés, outre les nouvelles liaisons routière et ferroviaire entre les villes jumelles. Commerce et tourisme vont être stimulés par la construction d’un nouveau port et d’une marina.

Les choses ne sont toutefois pas allées de soi. A Salé en 2008, l’insuffisance de l’indemnisation, suite à l’expropriation de plus de la moitié de la surface du projet, a suscité des résistances et des protestations de la part des propriétaires privés. De plus, nombreux sont ceux qui craignent que la modernisation « haut de gamme » ait des conséquences défavorables pour les populations locales les plus pauvres, qui risquent de trouver trop onéreux l’accès à l’enclave touristique.

CHAPITRE 2

Potentiel de production (GW)

Source Algérie Libye Maroc Tunisie

Eolienne 20 8 9 4

Solaire 62,600 51,700 7,800 3,900

Source: Booz Allen Report 2009; adapté du Tableau 40 du State of Arab Cities 2012 report.

TABLEAU 2.5: POTENTIEL DE L’ÉNERGIE ÉOLIENNE ET SOLAIRE – PAYS DU MAGHREB météorologiques extrêmes d’ici 2030 va y faire passer d’”élevé” à “très

élevé” le risque d’inondation. Des systèmes de drainage insuffisants vont, avec l’urbanisation, ajouter aux problèmes d’écoulement dans les zones vulnérable aux inondations, et toute planification sensible au climat va devoir prendre cela en compte. Les dégâts potentiels cumulés des catastrophes naturelles à Tunis entre 2010 et 2030 sont estimés à 1,05 milliard de dollars (valeur 2011), dont quelque 25 pour cent pourraient être dus directement au changement climatique, environ 60 pour cent à la submersion, 14 pour cent aux tempêtes et 26 pour cent à la séismicité.61 Etant vulnérable aux mouvements tectoniques, à l’affaissement et au changement climatique,62 Tunis a élaboré de nouveaux plans d’urgence et prévu des améliorations dans les infrastructures. La Tunisie, toutefois, est dans l’ensemble moins bien préparée que l’Algérie, l’Egypte ou le Maroc, ayant manqué à effectuer les changements voulus, institutionnels et techniques, à la suite des catastrophes antérieures. En outre, il manque une bonne part des données cartographiques nécessaires pour des politiques publiques bien informées.63

Jusqu’à présent, la Tunisie a probablement accordé trop peu d’attention tant à la vulnérabilité alarmante de ses peuplements côtiers qu’au besoin d’octroyer des moyens à l’intérieur des terres afin de remédier aux énormes inégalités structurelles entre régions.

L’érosion côtière pose déjà une sérieuse menace le long du golfe de Tunis et, d’ici 2030, ce sont près de 30 km de front de mer urbanisé qui pourraient être mis en péril par l’érosion et la submersion, notamment du fait que l’élévation du niveau des mers endommage les ouvrages de protection.64

Le Soudan fait presque exception puisqu’il relève d’un système climatique qui n’a rien à voir avec ceux du Maghreb ou du Machrek.

Il est difficile d’évaluer l’incidence relative du changement climatique sur les mouvements de population dans le pays, vu la persistance des conflits.65 L’expansion de Khartoum – par un multiple de 250 en surface et de 114 en population – durant le siècle passé est largement redevable aux effets combinés de la sécheresse, de la guerre civile et du déplacement des paysans par l’extension du machinisme agricole.66

De toute évidence, le changement climatique a déjà joué un rôle majeur dans les mouvements de population au Soudan, outre sa contribution à l’aggravation des conflits autour des ressources.

Nyala, dans l’Etat du Sud-Darfour (ouest du Soudan) a eu à subir des sécheresses intenses. C’est la famine de 1984-1985 qui a, pour la première fois, attiré l’attention du public mondial sur le Darfour, avec ses 100 000 victimes et la dispersion de populations nomades en quête d’eau. La pluviosité dans cet Etat a baissé de 16 à 30 pour cent au cours des 40 dernières années, période qui coïncide avec le réchauffement de l’océan Indien. Entre 1920 et 1984, la pluviosité à Nyala a baissé de 3 mm par an en moyenne.67 La désertification

représente un souci majeur pour l’économie rurale du Soudan et sa production alimentaire. Depuis 1930, la zone désertique et semi-désertique a progressé vers le sud de 50 à 200 km. On s’attend à la poursuite de cette tendance, ce qui fait peser une menace sur 25 pour cent des terres agricoles du Soudan tout en réduisant la production alimentaire de 20 pour cent – évolution qu’exacerbent la pression démographique et l’épuisement des terres maigres.68 Aux termes de l’Accord de 1959 sur le Nil, le Soudan a le droit d’utiliser 22 pour cent des eaux, mais le pays est depuis longtemps passé de l’état de rareté de l’eau à celui de stress hydrique.69

L’énergie

Le sort et la configuration future du secteur de l’énergie – dont l’apport économique est important en Egypte mais vital pour l’Algérie et la Libye – va largement dépendre des tendances des cours du pétrole sur le marché international, sans compter la réorientation de la demande vers les énergies renouvelables. Alors que le secteur des hydrocarbures anticipe une transition progressive du pétrole au gaz naturel, l’Afrique du Nord commence à prendre la mesure de son énorme potentiel en matière d’énergies solaire et éolienne. La source solaire est abondante, comme l’est le potentiel pour adopter les technologies solaires. Les chauffe-eaux à geysers solaires, par exemple, peuvent contribuer de manière importante à l’efficacité énergétique, et il existe un bon potentiel d’ensemble pour la production d’énergies renouvelables éolienne et solaire dans certains pays du Maghreb70 (voir Tableau 2.5).

Le potentiel de production d’énergies renouvelables de l’Afrique du Nord est désormais pris en compte dans certains projets ambitieux, y compris l’exportation de courant électrique. Le programme de procédés solaires à concentration (CSP) de la Banque mondiale comporte des projets de production de 20 GW autour de la Méditerranée d’ici 2020, dont la majeure partie en Afrique du Nord. Cela va exiger une coopération renforcée entre des pays dont les liens économiques entre eux sont demeurés sous-développés.71 Toutefois, cette énergie d’origine CSP sera trop onéreuse pour les marchés locaux et va être exportée vers l’Europe.72

En Egypte, la stratégie énergétique relève du gouvernement national, qui a investi dans un certain nombre d’initiatives

“vertes”, y compris l’échange de données entre pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée. A titre de bénéficiaire du Fonds pour les technologies propres,73 l’Egypte en avril 2011 a annoncé un projet d’investissement de 350 millions de dollars. Il comporte des projets d’énergies renouvelables, dont on espère qu’ils vont satisfaire 20 pour cent des besoins d’énergie du pays d’ici 2020. Cette capacité supplémentaire inclura quelque 7,200 MW fournis par des turbines éoliennes.

L’ETAT DES VILLES D’AFRIQUE DU NORD