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Les plus grandes villes d’Afrique de l’Est

Les plus grandes des villes d’Afrique de l’Est doivent s’attendre à des taux d’expansion démographique « élevés » à « très élevés » au

CHAPITRE 4

TABLEAU 4.1: POPULATION DE L’AFRIQUE DE L’EST (2000-2050)

TABLEAU 4.2: SURCROÎTS DÉCENNAUX DE POPULATION URBAINE 2000-2050 (000S)

GRAPHIQUE 4.1: NIVEAUX D’URBANISATION PAR PAYS (% DE LA POPULATION)

Population 2000 2010 2020* 2030* 2040* 2050*

Total (000s) 217,303 284,942 369,095 464,783 571,668 686,342

Urbaine (000s) 40,054 60,851 93,390 141,289 208,066 294,332

Urbaine (%) 18.4 21.4 25.3 30.4 36.4 42.9

Rurale (%) 81.6 78.6 74.7 69.6 63.6 57.1

* Projections

Source: World Urbanization Prospects: The 2011 Revision, UNDESA, New York 2012.

Pays 2000-10 2010-20* 2020-30* 2030-40* 2040-50* 2010-50*

Burundi 366 485 631 815 1,006 3,303

Comores 48 68 102 140 166 524

Djibouti 124 148 176 180 175 803

Erythrée 452 668 877 1,148 1,360 4,505

Ethiopie 4,234 5,972 8,483 10,883 12,363 41,935

Kenya 3,332 5,126 7,193 9,920 12,514 38,085

Madagascar 2,447 5,126 5,309 6,697 8,141 27,720

Malawi 675 1,284 2,274 3,884 5,912 14,029

Maurice 33 35 53 56 40 217

Mayotte 31 36 46 58 60 231

Réunion 131 100 74 54 32 391

Rwanda 883 1,121 1,629 2,345 3,099 9,077

Seychelles 6 5 5 4 2 22

Somalie 1,019 1,689 2,685 3,834 5,175 14,402

Soudan du Sud 683 864 1,230 1,807 2,313 6,897

Tanzanie 4,190 7,246 11,251 16,433 22,375 61,495

Ouganda 2,142 3,815 5,880 8,520 11,533 31,890

Afrique de l’Est 20,796 33,788 47,898 66,778 86,266 255,526

* Projections

Source: World Urbanization Prospects: The 2011 Revision, UNDESA, New York 2012.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

Niveau d’urbanisation (2000-2050) %

Ouganda Tanzanie Soudan du Sud Somalie Seychelles Rwanda Réunion Mayotte Maurice Malawi Madagascar Kenya Ethiopie Erythrée Djibouti Comores Burundi

2050*

2040*

2030*

2020*

2010 2000

* Projections

Source: World Urbanization Prospects: The 2011 Revision, UNDESA, New York 2012.

L’ÉTAT DES VILLES D’AFRIQUE DE L’EST

V

Une station de taxis animée à Kampala. La capitale de l’Ouganda abrite 31.2% de la population urbaine du pays. ©Black Sheep Media/Shutterstock

cours de la décennie en cours (Tableau 4.4). C’est à Dar es Salaam que la pression devrait se faire sentir le plus fortement, puisque la capitale tanzanienne va avoir à accueillir une moyenne de 226 000 habitants supplémentaires par an. La ville, la plus grande d’Afrique de l’Est, a pris, à cet égard, la première place auparavant occupée par Nairobi. La pression démographique est aussi exceptionnellement forte dans une ville déchirée par les conflits, Mogadiscio, où l’on s’attend à un taux moyen de croissance annuelle frisant neuf pour cent, le plus élevé de toute la sous-région. On peine à imaginer comment la capitale somalienne va pouvoir accommoder une moyenne de 126 000 nouveaux habitants d’ici la fin de la décennie.

Nairobi, deuxième ville de la sous-région par la population, abrite plus d’un tiers de la population urbaine du Kenya. Kampala, pour sa part, se classe au deuxième rang pour le taux de croissance et abrite une part disproportionnée (31,2 pour cent) de la population ougandaise. Il appartient aux gouvernements de ces deux pays d’agir vigoureusement pour orienter à l’écart de leurs capitales respectives une part plus importante de leur croissance urbaine. Il apparaît toutefois de plus en plus que les gouvernements d’Afrique de l’Est (comme ceux d’Afrique centrale) s’attaquent aux problèmes qui se posent dans leurs villes les plus importantes. De nouvelles approches sont soit proposées, soit mises en application, pour détourner la

1950-60 1960-70 1970-80 1980-90 1990-00 2000-10 2010-20 2020-30 2030-40 2040-50

Afrique de l’Est 5.41 6.02 6.24 4.88 4.14 3.83 4.13 4.00 3.76 3.39

Burundi* 3.45 3.34 7.61 6.73 4.03 5.29 4.34 3.77 3.41 3.05

Comores 8.54 6.44 5.03 4.69 2.58 2.63 2.88 3.17 3.15 2.79

Djibouti 5.48 8.49 8.99 5.51 2.75 2.00 1.95 1.93 1.64 1.37

Erythrée* 5.38 5.16 4.22 3.42 2.59 5.30 4.75 4.03 3.61 3.07

Ethiopie* 5.37 5.39 3.94 5.03 4.60 3.63 3.57 3.56 3.25 2.74

Kenya 5.64 6.63 7.83 4.38 4.59 4.29 4.30 3.99 3.74 3.32

Madagascar* 5.34 5.31 5.46 5.11 4.49 4.62 4.61 4.09 3.53 3.09

Malawi 4.27 5.72 7.22 6.52 4.14 3.45 4.41 4.90 5.08 4.74

Maurice 4.14 4.63 1.61 1.30 0.93 0.62 0.63 0.87 0.84 0.58

Réunion 6.36 5.59 3.48 6.01 2.90 1.80 1.18 0.80 0.54 0.31

Rwanda* 5.78 5.87 7.14 4.54 10.64 5.83 4.45 4.20 4.01 3.62

Seychelles 1.42 5.65 4.29 1.21 1.25 1.50 1.08 0.93 0.68 0.32

Somalie* 5.27 5.15 7.46 1.28 2.29 3.47 3.96 4.18 3.98 3.67

Soudan du Sud* .. 1.60 2.41 6.37 3.11 4.84 3.96 3.82 3.83 3.42

Tanzania 6.83 7.04 9.34 5.71 4.56 4.39 4.79 4.64 4.34 3.91

Ouganda* 7.23 7.42 4.16 7.20 4.00 5.49 5.61 5.08 4.56 4.02

TABLEAU 4.3: SURCROÎTS DÉCENNAUX MOYENS DE POPULATION URBAINE 2000-2050 (%)

Source: World Urbanization Prospects: The 2011 Revision, UNDESA, New York 2012.

Légende

Pic du taux primaire d’urbanisation Pic du taux secondaire d’urbanisation

Taux d’urbanisation en décélération régulière Taux d’urbanisation en accélération

*

Pays en conflit ou trouble politique ou accueillant des réfugiés

CHAPITRE 4

Ville Pays

Population 2011 (000s)

Croissance moyenne/an 2010-20 (%)*

% de la pop.

urbaine 2011

% de la pop.

totale 2011

Augment.

moyenne/an

*

Population 2025*

Dar es Salaam Tanzanie 3,588 6.63 29.1 7.8 226,000 7,276

Nairobi Kenya 3,363 5.26 33.7 8.1 170,000 6,143

Addis-Abeba Ethiopie 2,979 3.30 20.7 3.5 96,000 4,705

Antananarivo Madagascar 1,987 6.27 28.6 9.3 119,000 3,898

Kampala Ouganda 1,659 6.75 31.2 4.8 107,000 3,540

Mogadiscio Somalie 1,554 8.89 43.1 16.3 126,000 3,309

Kigali Rwanda 1,004 5.60 48.0 9.2 53,000 1,835

Mombasa Kenya 972 5.00 9.7 2.3 47,000 1,775

Lilongwe Malawi 772 6.19 32.0 5.0 45,000 1,538

* Projections

Source: World Urbanization Prospects: The 2011 Revision, UNDESA, New York 2012.

TABLEAU 4.4: DYNAMIQUE DE LA POPULATION - VILLES D’AFRIQUE DE L’EST DE PLUS DE 750 000 HABITANTS

population hors des villes primaires et pour mettre en place des systèmes urbains plus hiérarchisés à l’échelle nationale.

La croissance rapide de la population des villes primaires d’Afrique de l’Est a pour conséquences une pénurie aiguë de logements, l’encombrement de la circulation, la pollution atmosphérique et un étalement péri-urbain à la dérive. Des interventions d’une certaine ampleur sont en cours pour réaménager les zones urbaines existantes ou pour établir des villes à une certaine distance de la capitale afin de mieux répartir à la fois la population urbaine et la croissance économique. On en trouve comme principaux exemples les démarches en cours ou en projet au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie.

Les villes satellites ont en commun avec les projets de réaménagement urbain un double objectif: accueillir et promouvoir le déploiement de nouveaux aménagements commerciaux et services collectifs, d’une part, et fournir des débouchés aux commerces et aux populations, d’autre part. Les villes satellites sont pour la plupart aménagées grâce à des investissements étrangers et portent soit sur des opérations immobilières de qualité supérieure à l’écart d’une capitale surpeuplée, soit encouragent une plus grande densité dans les zones urbaines existantes. Par exemple, le projet de Tatu City, “Ville africaine de l’avenir”, constituerait une zone urbaine satellite le long de la radiale nord à proximité de Nairobi. Outre des aménagements commerciaux, elle abriterait, une fois achevée, 70 000 habitants et recevrait 30 000 visiteurs par jour.

Autre ville satellite au Kenya, Konza va bientôt être bâtie à quelque 60 km au sud-est du centre des affaires de Nairobi (voir Encadré 4.1). « Cité de la technologie » déployée sur 2 000 ha, elle doit renforcer la compétitivité mondiale du pays dans les domaines de la technologie et de l’innovation. Il s’agit là d’une variante de l  “exo-urbanisation”  que l’on a vue à l’œuvre en Asie de l’Est où une urbanisation entraînée par l’investissement étranger s’appuie sur des industries à forte main d’œuvre ainsi que sur l’assemblage pour l’exportation. Les détails précis manquaient encore lors de la rédaction du présent chapitre, mais Konza semble être davantage orientée vers les secteurs mettant en œuvre la connaissance et les technologies.

En Ouganda, Kalungulu City est en cours de construction le long

de l’autoroute Kampala-Entebbe, qui joue aussi le rôle de corridor de développement, à 18 km de la capitale. Kalungulu doit accueillir un stade, des maisons et des appartements, un centre d’affaires, des écoles, des hôtels et des galeries marchandes.5 Il s’agirait là du plus vaste quartier enclos de tout le pays, d’où des craintes face au développement de cette tendance et à la ségrégation entre riches et pauvres. Ici non plus, on n’a pas suffisamment pensé à l’accueil des ménages à bas revenus – ceux-là mêmes dont on a besoin pour les services de base – ce qui semble préparer les conditions déjà trop familières d’une nouvelle prolifération des bidonvilles.

En Tanzanie, un partenariat entre l’Etat et la municipalité de Dar es Salaam va réaménager Kigamboni, sur l’océan Indien, pour en faire une zone industrielle et un port. Cette zone de 6 500 ha va accueillir des installations de nature commerciale et industrielle, mais aussi des logements pour 500 000 habitants avec des écoles et des aires de loisir. Les autorités tanzaniennes prévoient six autres villes satellites autour de Dar es Salaam  : il s’agit de Mji Mwema, Kimbiji et Kongowe, au sud; Pugu Kajiungeni, à l’ouest; Bunju et Luguruni, au nord.6

Ces projets de villes nouvelles et les programmes de réaménagement urbain ont d’ores et déjà donné lieu à un débat public féroce. Le souci d’équité est particulièrement vif, puisque ces projets sont manifestement destinés aux plus riches, avec menace d’expulsion forcée des occupants pauvres et à bas revenus qui occupent certaines des zones concernées. Le débat tourne habituellement autour des impératifs de l’intérêt public et des droits et besoins de l’individu. Il va s’agir, dans chaque cas, d’un compromis politique qui se devrait de prendre particulièrement en compte les droits et les vulnérabilités des citadins pauvres. Il convient, certes, d’apprécier le fait que des gouvernements d’Afrique de l’Est renouent avec l’urbanisme pour faire face à l’expansion de leurs villes; mais privilégier les besoins de logement et de bureaux des citadins les plus riches ne va pas sans risques. Il faut intégrer aux projets des interventions inspirées par l’égalité et les droits fondamentaux. Toutes les villes d’Afrique de l’Est ont besoin de personnels de nettoyage et de collecte des déchets, de jardiniers, de gardiens et autres emplois de services à faible revenu.

Ne pas leur fournir de logement décent et abordable, c’est, encore une fois, favoriser l’apparition de nouveaux taudis et bidonvilles.

L’ÉTAT DES VILLES D’AFRIQUE DE L’EST ENCADRÉ 4.1: LA CITÉ TECHNOLOGIQUE DE KONZA: LA ‘SILICON SAVANNAH’ DU KENYA

Le 23 janvier 2013, le Président Kenyan Mwai Kibaki a posé la première pierre d’un projet de 14,5 milliards de dollars portant sur la construction d’une toute nouvelle « cité techno » de 2 110 ha à 60 km au sud-est de Nairobi. Le projet avait été lancé en 2009 pour tirer parti de la tendance mondiale à la délocalisation des services aux entreprises, informatique comprise, secteur d’activité dont le chiffre d’affaires mondial était estimé à 110 milliards de dollars en 2010. Ce secteur d’activité a beau employer quelque 2,8 millions de personnes dans le monde entier, rares sont encore les pays d’Afrique à avoir lancé des programmes destinés à en tirer profit pour eux-mêmes. Le gouvernement kenyan a demandé à la Société financière internationale (SFI) d’entreprendre une étude de faisabilité qui

a joué le rôle de catalyseur pour cette contribution majeure à l’initiative « Vision 2030 » du pays.

La conception de Konza a été placée sous la responsabilité d’une équipe d’experts du Royaume-Uni, de la Chine et du Brésil. La première phase verra la construction d’un parc scientifique et de centres de services auxiliaires, de finance internationale, de recherche et de tourisme, dont le coût a été estimé à trois milliards de dollars en 2011.

Après son achèvement, Konza comprendra un centre d’affaires, un parc technologique, une zone de services auxiliaires, un centre universitaire et des zones résidentielles entourées par une ceinture verte. La construction prendra en tout 20 ans et, selon ses promoteurs, le projet créera 20 000 emplois dans les technologies de l’information

d’ici 2015, et au moins 200 000 d’ici 2030. On ne saurait sous-estimer le caractère ambitieux de ce projet. Les investisseurs ont été réticents à s’engager en raison de la crise financière mondiale.

Certains craignent aussi que des projets de cette ampleur servent de canaux par lesquels l’argent public et privé pourrait être détourné à leur propre profit par des élites politiquement bien introduites.

En outre, des questions apparaissent quant aux objectifs du projet en matière de population, puisqu’il ne semble guère prévoir de logements pour les ménages à revenus faibles censés assurer les services de base. Cela revient à encourager la formation de bidonvilles autour de cette nouvelle cité-modèle, et à reproduire ainsi les errements passés et actuels de l’Afrique en matière d’urbanisme et de gestion urbaine.

Sources: Fripp (2011); Shikwati, (2012); Konza Techno City (2013); BBC (2013). 4 V

Konza Techno City, Kenya. ©www.konzacity.co.ke

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