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EAU ET ALIMENTATION : FACE À L’INSÉCURITÉ

Taudis et établissements informels

ENCADRÉ 4.4: EAU ET ALIMENTATION : FACE À L’INSÉCURITÉ

L’agriculture urbaine a beau contribuer de manière importante à la santé, la subsistance et la sécurité alimentaire à Dar es Salaam, les pouvoirs publics locaux et nationaux ne lui ont guère accordé leur appui, en raison de son statut informel et non règlementé. Par conséquent, nombreux sont les cultivateurs urbains confrontés à l’insécurité d’accès ou de tenure, ce qui les empêche d’investir dans l’amélioration de leur terre, de leurs intrants ou de l’infrastructure. En outre, du fait de la nature trans-sectorielle de l’agriculture urbaine, sa gouvernance est, elle aussi, aléatoire, puisqu’il n’existe aucun instrument règlementaire standardisé et peu de moyens pour intégrer cette activité dans le cadre plus large de la politique alimentaire. Divers organismes étrangers et internationaux ont beau avoir tenté de faire légitimer et institutionnaliser l’agriculture urbaine à Dar es Salaam, les choses n’ont guère changé, du point de vue politique, depuis 30 ans. La présente étude de cas se penche sur la façon dont l’organisation canadienne Sustainable Cities International a cherché à faire intégrer l’agriculture urbaine dans le schéma directeur 2012-2032 de Dar es Salaam, y compris la façon dont les autorités locales et nationales légitiment cette pratique à l’aide de processus impliquant toutes les parties prenantes.

Depuis les années 1970, divers projets d’urbanisme, d’aménagement et de recherche ont été consacrés à l’agriculture urbaine à Dar es Salaam. Le schéma directeur de 1979 et les projets pour 1992-2003 sous l’égide du programme d’ONU-Habitat pour des villes “durables” ont reconnu l’importance de l’agriculture urbaine, mais rien n’a été fait pour la planification physique sur le terrain. Un projet spécialisé de la coopération allemande et le soutien de la coopération canadienne aux chercheurs locaux ont aussi contribué à mettre en relief cette importance.

S’agissant du projet de Sustainable Cities International, les parties prenantes ont été sélectionnées lors d’une étude préliminaire

comportant une évaluation des besoins. Il s’agissait d’urbanistes, d’experts en agriculture et élevage urbains, de représentants de la société civile, des associations d’agriculteurs urbains, d’universitaires et de chercheurs, de représentants des populations et des autorités municipales et régionales ainsi que des ministères responsables du foncier, de l’agriculture et de l’élevage. Les participants sont convenus que la reconnaissance de l’agriculture urbaine de Dar es Salaam par les autorités locales et nationales devait passer par sa consécration dans le Schéma directeur 2012-2023. Pour susciter la dynamique voulue, on a encouragé un engagement simultané « de haut en bas » et à partir de « la base ». De nouvelles consultations ont suivi pour assurer la participation de toutes les parties prenantes. Le besoin pour les agriculteurs urbains (et péri-urbains) de parler d’une seule voix lors de ces consultations s’étant fait sentir, il a été créé un Réseau des maraîchers de Tanzanie

(Tanzania Food Garden Network) pour mettre en place les partenariats susceptibles de trouver les solutions dont a besoin ce secteur dans le pays. Il aura fallu trois ans pour que l’agriculture urbaine soit acceptée dans le Schéma directeur par le biais d’un zonage spécialisé en zone péri-urbaine. Bien qu’il s’agisse là d’un processus à long terme, et sous réserve de modifications lors de la mise en œuvre, les résultats prévisibles sont à même de préserver les terres agricoles dans les pourtours de la capitale économique de la Tanzanie.

Pour sa pérennité et dans une large mesure, l’agriculture urbaine dépend de l’engagement, de nature politique, en sa faveur de la part des autorités centrales et locales. Cet engagement doit pouvoir s’appuyer sur les interventions de « champions » à l’échelle locale comme nationale, ainsi que sur des changements de paradigmes et sur une appropriation partagée des processus de légitimation et d’exécution.

V

La culture “Matuta” à Dar es Salaam (Tanzanie). ©2005 Sattler et al; licensee BioMed Central Ltd. Distributed under the terms of the Creative Commons Attribution License.

Compiled by Afton Halloran (Sustainable Cities International).

Sources: Dongus (2000); Jacobi and others (2000); Hoogland (2003); de Zeeuw and others (2010). 86

L’ÉTAT DES VILLES D’AFRIQUE DE L’EST V

Un jeune garçon au-dessus d’un égout à ciel ouvert dans le bidonville de Kibera (Nairobi), le plus vaste d’Afrique et l’un des foyers de violence suite aux élections de 2007. ©Eoghan Rice / Trócaire. Licence générique Creative Commons Attribution 2.0.

pas été planifiés et 80 pour cent sont faits de boue.89 Surpeuplement, loyers en hausse, insécurité alimentaire et mauvais assainissement se conjuguent dans les établissements informels et les taudis pour exposer les habitants, notamment les enfants, à l’insécurité sous toutes ses formes.90

Nairobi est, elle aussi, dominée par l’envahissement des taudis et établissements informels où les conditions de vie sont tout particulièrement difficiles pour les citadins pauvres en raison de densités extrêmement élevées. En 2009, un tiers (soit 1,33 million) des quatre millions de Kenyans souffrant d’insécurité alimentaire résidaient dans la capitale.91 Les plus pauvres dépensaient 75 pour cent de leur revenu en produits de consommation de base, et huit fois plus en eau que les plus fortunés, alors que les femmes vivant dans les taudis avaient cinq fois plus de risques d’être sans emploi.

Les enfants des taudis de Nairobi sont d’une santé plus précaire que partout ailleurs dans le pays, près de la moitié des moins de cinq ans ont des retards de croissance, et la mortalité néo-natale comme celle des nourrissons est la plus élevée du pays. L’incidence de la diarrhée et de la fièvre est plus forte chez ces enfants, peut-être en raison du coût élevé de l’eau salubre et du manque d’assainissement.92

L’accès aux services

La fourniture de services est insuffisante dans la plupart des zones urbaines d’Afrique de l’Est, vu la proportion élevée de taudis et de bidonvilles93 L’accès aux services varie énormément (Tableau 4.11).

En 2006, seuls 18 pour cent des habitants de Lilongwe avaient

accès à l’électricité, six pour cent au réseau d’égout, et 20,2 pour cent à l’eau courante. En revanche, en 2005, 96,9 pour cent de ceux d’Addis-Abeba étaient raccordés au réseau d’électricité et 68,8 pour cent à celui d’eau courante, mais pour l’assainissement la proportion tombait à 8,9 pour cent. Dans les villes figurant au Tableau 4.11, l’accès au réseau d’égout apparaît particulièrement peu répandu à l’exception de Nazret (Ethiopie), avec une proportion de 58,2 pour cent.

Aux Comores, au Malawi, au Rwanda et en Somalie, les services collectifs urbains sont peu répandus (Tableau 4.10). Manquent des programmes bien ciblés et des interventions concertées pour faire face à la prolifération des taudis et des établissements et logements informels. L’assainissement est une pierre d’achoppement majeure pour les villes de l’Afrique de l’Est, les services étant très peu répandus à travers tous les pays, à l’exception de Nairobi et de Nazret. A Nairobi et à Mombasa, la téléphonie mobile est extrêmement répandue, probablement en raison du rôle commercial et économique éminent de ces deux villes dans la sous-région. Le raccordement à l’électricité est très variable d’un pays à l’autre, les villes éthiopiennes et, là encore, kenyanes étant les mieux servies.

L’eau et l’assainissement

Bien que des services améliorés d’eau potable et les raccordements individuels afférents soient disponibles dans de nombreuses villes d’Afrique de l’Est, comme aussi l’assainissement amélioré, leur déploiement reste en général très limité (Tableau 4.10). Djibouti,

CHAPITRE 4

Pays Ville Année Eau courante Egout Tél. mobile Electricité

Comores Femboni 2000 31.3 1.2 -- 31.3

Comores Moroni 2000 25.8 4.8 -- 67.2

Comores Mutsamudu 2000 73.8 8.0 -- 53.1

Ethiopie Addis-Abeba 2005 68.8 8.9 30.8 96.9

Ethiopie Nazret 2000 43.0 58.2 20.4 95.5

Kenya Mombasa 2008 36.4 28.5 80.6 57.9

Kenya Nairobi 2008 78.2 71.3 92.5 88.6

Madagascar Antananarivo 2003 22.0 11.0 -- 67.8

Malawi Blantyre 2006 30.6 10.9 35.1 32.7

Malawi Lilongwe 2006 20.2 6.0 26.5 18.0

Malawi Mzaza 2006 41.9 17.0 32.5 35.6

Rwanda Kigali 2005 20.5 8.4 39.4 40.8

Somalie Taux national 2006 38.6 33.3 26.2 30.5

Ouganda Kampala 2006 26.0 10.7 67.6 59.0

Tanzanie Arusha 2004 59.3 11.0 -- 35.0

Tanzanie Dar es Salaam 2004 62.1 10.0 -- 59.8

Source: UN-Habitat (2009) Global Urban Indicators 2009, Table 12

TABLEAU 4.10: ACCÈS AUX SERVICES DANS 16 VILLES (POURCENTAGE DES MÉNAGES)

TABLEAU 4.11: ACCÈS À L’EAU EN VILLE (% DE LA POPULATION URBAINE)

Pays Eau potable améliorée Raccordement individuel - eau Assainissement amélioré

Année 1990 2008 1990 2008 1990 2008

Burundi 97 83 32 47 41 49

Comores 98 91 31 53 34 50

Djibouti 80 98 69 82 73 63

Erythrée 62 74 40 42 58 52

Ethiopie 77 98 10 40 21 29

Kenya 91 83 57 44 24 27

Madagascar 78 71 25 14 14 15

Malawi 90 95 45 26 50 51

Maurice 100 100 100 100 93 93

Réunion -- -- -- -- --

--Rwanda 96 77 32 15 35 50

Seychelles -- 100 -- 100 -- 97

Somalie -- 67 -- 51 -- 52

Ouganda 78 91 9 19 35 38

Tanzanie 94 80 34 23 27 32

Source: UN-Habitat (2009) Global Urban Indicators 2009, Table 11

Maurice et les Seychelles sont les mieux desservis toutes catégories confondues. A Djibouti entre 1990 et 2008, la fourniture d’eau et les raccordements afférents sont passés de 80 et 69 pour cent à 98 et 82 pour cent de la population, respectivement, alors que la proportion bénéficiant de l’assainissement baissait dans le même temps de 73 à 63 pour cent (Tableau 4.11). A Maurice, toute la population est raccordée au réseau d’eau potable, et 93 pour cent à celui de l’assainissement.

De manière générale, parmi les villes figurant au Tableau 4.11, les raccordements individuels sont restés peu nombreux entre 1990 et 2008 en dépit de l’extension du service d’ensemble, comme cela a

été aussi le cas pour l’assainissement. Addis-Abeba, Dar es Salaam et Nairobi étant vulnérables aux sécheresses, la fourniture et la gestion efficace de l’eau (infrastructures comprises) y sont donc des priorités.

Dans l’établissement informel de Kibera à Nairobi, seuls quatre pour cent des ménages sont raccordés directement au réseau d’adduction d’eau, 15 pour cent recourant aux robinets collectifs et 68 pour cent aux kiosques exploités par des individus, des associations locales ou autres organisations non gouvernementales.94 A Kigali, 87 pour cent de la population a accès à l’eau, la majorité à travers des kiosques, ou des voisins raccordés qui la vendent plus cher que les kiosques.95

L’ÉTAT DES VILLES D’AFRIQUE DE L’EST V

Ce type de latrine à fosse est très répandu dans les bidonvilles de Kampala (Ouganda). La dalle est surélevée pour la protéger des inondations chroniques. ©SuSanA Secretariat. Licence générique Creative Commons Attribution 2.0.

La plupart des habitants des taudis et bidonvilles sont forcés de chercher l’eau et les services d’assainissement auprès d’exploitants privés qu’ils paient beaucoup plus cher que les citadins plus fortunés.

Dans ces conditions, les pauvres à Arusha ont à peine les moyens d’acheter de l’eau aux fournisseurs privés.96 A Dar es Salaam et Kampala, les eaux d’égout non traitées sont souvent relâchées dans les masses d’eau, et notamment lorsque le réseau d’assainissement est défaillant.97

Pour son approvisionnement en eau, Nairobi dépend des sources de la chaîne montagneuse des Aberdare. Le dispositif de conservation a réussi à y augmenter le couvert de la forêt naturelle de 62 000 ha en l’an 2000 à 131 000 ha en 2010.98 Toutefois, des prélèvements excessifs d’eaux souterraines de la Suite aquifère de Nairobi et le recours aux pesticides dans sa zone de recharge menacent la qualité des eaux.99 Le dispositif de conservation destiné à garantir l’approvisionnement en eau de Nairobi, et sa qualité, a privilégié le «  paiement des services des écosystèmes  » comme le filtrage des éléments nutritifs et l’absorption des polluants, la protection des zones écologiques les plus importantes et une gestion améliorée des points de captage. Les équipements qui traitent les eaux usées de Nairobi, situés à Ruai et Kariobangi, tournent à 74 pour cent et 34 pour cent de leurs capacités, respectivement, mais ils ne respectent pas les normes en matière d’effluents.100

A Kampala, dont seuls 8.4 pour cent des habitants sont raccordés au réseau d’égout, on recourt aux latrines, fosses septiques et au égouts

à ciel ouvert, qui polluent les sources d’eau douce et souterraines dans la ville. De nombreux quartiers de Kampala sont aussi enclins aux inondations.101 Le lac Victoria tout proche est une source d’eau de première importance. Toutefois, les déchets urbains sont à 77 pour cent responsables de la pollution de ses eaux, et selon une étude récente c’est le réseau d’égout défectueux et l’usage très répandu des cabinets à fosse dans les taudis et bidonvilles qui contaminent les sources d’eau tant de surface que souterraines.102

A Addis-Abeba, ce sont environ 30 pour cent des habitants qui sont privés d’assainissement et ils sont 57 pour cent à utiliser des cabinets à fosse. Les eaux usées irriguent l’agriculture urbaine qui fournit environ 60 pour cent des aliments consommés dans la ville.

La contamination des sources d’eau par les déchets liquides et solides, polluants organiques ou non compris, affecte l’agriculture en aval. Des 2 500 installations industrielles de la capitale éthiopienne, 90 pour cent étaient en 1999 dénuées de traitement sur place. Les déchets d’origine médicale sont un sujet de préoccupation, les 29 hôpitaux de la ville rejetant plus de 430 tonnes de « déchets contagieux » par an. En dépit de dispositifs de traitement sur place des eaux usées, les déchets médicaux ont répandu des agents pathogènes dans les cours d’eau, d’où une recrudescence des infections intestinales dans les environs. Par exemple, ceux des habitants qui se baignent dans la rivière Akaki, ou qui en boivent l’eau, risquent la typhoïde, la dysenterie et le choléra.103

Celles des usines de traitement des eaux usées qui sont centralisées

CHAPITRE 4

Pays Capacité à grande échelle Potentiel à grande échelle Capacité à moindre échelle (barrages)

Capacité à moindre échelle (cours d’eau)

Burundi 43 300 14.5

--Djibouti -- -- 32.93

--Ethiopie 589 15,000 80 133

Kenya 1,197 6,000 6.28 3,000

Malawi 283 -- 4.5

--Rwanda 33.3 100 1

--Tanzanie 380 4 68.12

Ouganda 205 500 8 736

Source: HRAA (2008) Hydropower Resource Assessment of Africa.

TABLEAU 4.12: POTENTIEL HYDROÉLECTRIQUE ET CAPACITÉS ACTUELLES (MW)

sont vulnérables en raison d’une modernisation et d’un entretien insuffisants ainsi que des fréquentes coupures de courant, d’où la diffusion d’agents pathogènes dans les eaux usées. De fait, les installations centralisées peuvent bien être politiquement populaires et attirer les donateurs, elles s’avèrent souvent extrêmement inefficaces.

L’amélioration des systèmes d’eau et d’assainissement dans la sous-région serait mieux encouragée par la mise en place de dispositifs de financement comme le micro-crédit et les partenariats public-privé, outre des démarches de marketing, avec des subventions et des incitations pour développer les systèmes et encourager les usagers les plus pauvres à payer leur dû ; il y faudrait aussi un recours à des techniques bien adaptées et peu onéreuses, faciles à entretenir, avec une gestion participative doublée de volonté politique, ainsi qu’une bonne coopération entre départements ministériels.104

L’énergie

Le potentiel hydroélectrique de l’Afrique de l’Est est, par la taille, le deuxième du continent, mais il n’a été exploité que dans la proportion de 20 pour cent. La sous-région n’en est pas moins fort dépendante à son égard. La baisse de niveau des cours d’eau et des lacs se conjugue avec le manque d’investissement pour provoquer des coupures de courant dans la sous-région. Cette situation a amené la création du Groupe électrique de l’Afrique de l’Est (East African Power Pool), intermédiaire stratégique qui encourage la coopération pour améliorer la production, la transmission et les interconnections entre réseaux nationaux. Les plateaux d’Ethiopie sont riches en eau (y compris la source du Nil Bleu) et en potentiel hydroélectrique (Tableau 4.12); ils ont donc un rôle central à jouer dans la sécurité énergétique de l’Afrique de l’Est. Les projets en cours visent à améliorer la capacité à hauteur de 3,600 MW d’ici 2015.105

La Tanzanie produit 561 MW d’hydroélectricité dans les bassins du Rufiji et du Pangani. Ce type de production lui fournit 55 pour cent de son électricité. Le manque de pluies a forcé le pays à développer d’autres sources comme les turbines à gaz et l’énergie géothermique. Les pénuries de courant et les délestages ont sérieusement entravé le développement de l’industrie tanzanienne.106 Au Rwanda, la sédimentation a causé une baisse de production de 68 pour cent de deux installations hydroélectriques ces 20 dernières années, ce qui souligne une fois de plus l’impérieuse nécessité d’une gestion « durable » des bassins versants.107

Les villes d’Afrique de l’Est satisfont leurs besoins d’énergie de diverses façons. En 2006, Nairobi consommait la moitié du courant produit dans tout le Kenya, et avant tout pour l’éclairage. Bien que 72 pour cent des ménages dans la capitale aient accès à l’électricité, seuls 20 pour cent y recouraient pour la cuisine, usage pour lequel 68 pour cent utilisaient le kérosène.108 A Lilongwe, c’est le courant hydroélectrique produit par un organisme public sur la Shire, au sud du Malawi, qui alimente 45 105 ménages. La demande augmente de sept à neuf mégawatts par an dans la capitale du Malawi, mais c’est le coût qui détermine le volume utilisé, qui a baissé concomitamment avec un recours accru au bois de chauffe. Les coupures fréquentes se combinent aux raccordements illicites et au vandalisme pour perturber l’offre à Lilongwe.109 A Blantyre, ce sont quelque 45 pour cent des ménages qui s’éclairent à l’électricité, 17 pour cent s’en servant pour la cuisine, fonction pour laquelle 64 pour cent utilisent le charbon de bois. L’accès à l’électricité est très peu répandu dans les taudis et bidonvilles (12 pour cent de la population) du Malawi où ils sont 88 pour cent à trouver dans le bois de feu et le charbon de bois leur source d’énergie.110 A Mzuzu, troisième centre urbain du Malawi et celui dont l’expansion est la plus vigoureuse, certaines entreprises et certains ménages recourent à l’énergie solaire, mais 65 pour cent des ménages font la cuisine au bois de feu.111

Sur l’île Maurice, c’est un organisme public qui alimente Port Louis comme tout le reste du pays. Les ménages pauvres reçoivent des aides publiques pour se raccorder au réseau. Les autorités ont, en outre, intégré la technique des geysers à énergie solaire dans leur programme d’habitat social.112 Il faut toutefois noter que faute de titre foncier, les ménages n’ont droit à aucune aide pour accéder au réseau.113

La «  pauvreté  énergétique  » reste le lot d’une vaste majorité de citadins en Afrique de l’Est. Les entreprises et les ménages qui en ont les moyens recourent souvent aux systèmes hors-réseau, comme les générateurs, pour faire face aux coupures et aux intermittences du service. Avec plus de 2 000 techniciens spécialisés dans l’énergie solaire, le Kenya a l’un des marchés les plus dynamiques du continent en la matière. Ce dynamisme se fait sentir aussi en Ouganda, où des systèmes de conception locale stimulent le petit commerce Il s’agit entre autres du recours aux panneaux solaires pour recharger les téléphones mobiles, technique qui permet aux mères de famille de travailler de chez elles, et surtout de l’éclosion de petits commerces informels vendant ce type d’énergie. En matière

L’ÉTAT DES VILLES D’AFRIQUE DE L’EST TABLEAU 4.13: COMPOSITION ET TAUX DE COLLECTE DES DÉCHETS - SIX VILLES D’AFRIQUE DE L’EST

Ville Dar es Salaam Moshi Kampala Jinja Lira Nairobi

Collecte (%) 40 61 60 55 43 65

Population payant la collecte (%) -- 35 -- -- -- 45

Déchets/tête/jour (k) 0.4 0.9 0.59 0.55 0.5 0.6

Papier 9 9 8.3 8 5.5 6

Plastique 9 9 9.5 7.9 6.8 12

Verre 4 3 1.3 0.7 1.9 2

Métal 3 2 0.3 0.5 2.2 1

Autre 4 12 3.4 4.3 14.9 14

Bio-déchets 71 65 77.2 78.6 68.7 65

Source: KCC 2006, NEA 2007, Scheinberg et al 2010; in Okot-Okumu 2012, 4.

d’énergie, les obstacles au développement sont tous interdépendants, qu’ils soient à l’échelle de la sous-région, du pays ou de la ville. C’est pourquoi les accords qui ont été conclus pour assurer la stabilité de la sous-région dans ce domaine ont un rôle essentiel à jouer dans la sécurité énergétique des villes. L’accès au réseau, comme les moyens financiers, font toutefois toujours défaut dans les peuplements les plus pauvres.

Les infrastructures centralisées sont onéreuses et peu fiables, elles exigent d’être modernisées et entretenues et il faut aussi alimenter les réseaux nationaux en sources d’énergie nouvelles et variées, renouvelables de préférence. C’est pour cette raison que des solutions

« partant de la base » vont avoir un rôle crucial à jouer à court comme à moyen terme, et tout particulièrement pour ce qui est de leur mise en place in situ dans les taudis et établissements informels. Les énergies solaire et éolienne, comme le biogaz, peuvent être déployées à l’échelle du ménage, du quartier comme de la ville, en fonction des divers avantages qu’il y a à passer d’une échelle à l’autre et dans les deux sens. En diversifiant et en libéralisant le marché de l’énergie par le biais de politiques publiques, d’incitations et d’autres dispositifs nationaux et locaux à échelle réduite, moyenne ou plus vaste, on peut enclencher une dynamique concurrentielle dans la mise au point de nouvelles sources d’énergie. Les technologies qui réussiront le mieux seront vraisemblablement celles qui seront du coût le plus abordable pour les citadins pauvres ou à faible revenu. Les techniques d’énergie renouvelable (comme les digesteurs biogaz), capables de «  fermer

« partant de la base » vont avoir un rôle crucial à jouer à court comme à moyen terme, et tout particulièrement pour ce qui est de leur mise en place in situ dans les taudis et établissements informels. Les énergies solaire et éolienne, comme le biogaz, peuvent être déployées à l’échelle du ménage, du quartier comme de la ville, en fonction des divers avantages qu’il y a à passer d’une échelle à l’autre et dans les deux sens. En diversifiant et en libéralisant le marché de l’énergie par le biais de politiques publiques, d’incitations et d’autres dispositifs nationaux et locaux à échelle réduite, moyenne ou plus vaste, on peut enclencher une dynamique concurrentielle dans la mise au point de nouvelles sources d’énergie. Les technologies qui réussiront le mieux seront vraisemblablement celles qui seront du coût le plus abordable pour les citadins pauvres ou à faible revenu. Les techniques d’énergie renouvelable (comme les digesteurs biogaz), capables de «  fermer