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Il semblerait que le descriptif si volontiers associé à l’Afrique de l’Ouest – crise et vulnérabilité – donne lieu en réponse à une perspective qui voit dans la crise la manifestation, ne serait-ce qu’à l’état embryonnaire, d’une force de transformation et le signe que de nouvelles formes de politique urbaine vont faire leur apparition.

La jeunesse, à n’en pas douter, va y jouer un rôle déterminant. Les liens transfrontaliers entre les marchés de différentes villes vont aussi contribuer à en configure l’avenir, qu’ils soient noués avec des villes de la sous-région ou avec d’autres à travers le monde. En dépit de toutes ces considérations, il reste difficile de discerner si ces villes vont voir l’avènement d’un ordre profondément nouveau, ou si elles vont tomber dans « l’émeute et l’extorsion ».183 Voilà pourquoi la prudence impose de cerner quels sont les agents majeurs de transformation, ou les intermédiaires stratégiques, dans le milieu urbain ouest-africain – qui contribue à cette mutation, et de quelle façon ?

L’essor des classes moyennes et le potentiel du secteur privé Tirer parti du potentiel de l’économie des villes d’Afrique de l’Ouest et de l’essor de leurs classes moyennes va passer par une expansion importante du secteur privé et de l’investissement direct étranger, que ce soit dans les grandes villes ou dans celles d’importance secondaire.

Dans une région riche en ressources minérales, en pétrole et en milieux naturels, sols arables compris, le sort de l’énorme potentiel d’énergies renouvelables (notamment solaire et hydroélectricité) dépend de décisions qui doivent être prises aujourd’hui pour faciliter l’aménagement des villes en autant de centres socioéconomiques

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V

Niamey (Niger). De jeunes rappeurs se produisent lors d’un concert Scènes Ouvertes. ©Giacomo Pirozzi/Panos Pictures.

et culturels sains, équitables et robustes. Il n’apparaît toutefois pas clairement que le boom actuel dans les secteurs pétrolier et minier, notamment, doive déboucher sur la création supplémentaire de services et d’activités commerciales. En outre, la stabilité politique et sociale est indispensable si l’on veut qu’une croissance économique soutenue tire parti de toute la gamme du potentiel existant dans la sous-région. L’essor de la classe moyenne devrait pouvoir stimuler la croissance et la diversification économiques, tout en assurant durablement la stabilisation politique et sociale.

La jeunesse comme agent de transformation

La proportion élevée de jeunes dans la pyramide des âges est devenue une force d’entraînement majeure pour le changement politique et social dans la sous-région, les jeunes étant majoritaires dans la population urbaine (Tableau 3.12). Ils n’en forment pas pour autant une catégorie homogène, certaines lignes de fracture étant dues à des différences profondes tenant aux bases idéologiques ou aux facteurs fondamentaux de l’identité personnelle.184 En dépit de quoi ils vont vraisemblablement jouer un rôle déterminant dans l’avenir politique et socioculturel des sociétés d’Afrique de l’Ouest.

La jeunesse d’Afrique de l’Ouest se trouve prise entre deux extrêmes – guerre, agitation et protestations violentes d’un côté, et foisonnement des mouvements sociaux, d’autre part. Largement distanciés du discours national populiste de leurs gouvernants, les jeunes font preuve de «  modes d’expression politique et de pratiques sociales empreints d’ambivalence  »”185 et sont «  privés de repères  » – c’est-à-dire, sans inclination bien déterminée pour

quelque croyance, idéologie ou conscience politiques que ce soit.186 Les jeunes sont souvent considérés comme des facteurs de violence et de déstabilisation de l’Etat-nation.187 Ces perspectives restent incapables de reconnaître les aspects positifs dont on pourrait tirer parti à travers l’intégration sociale et en reconnaissant le potentiel de ces jeunes gens.

Dans les villes d’Afrique de l’Ouest, le conflit entre générations a pris d’énormes dimensions en raison de la coupure abrupte avec la tradition que les nouvelles modalités de la modernité négociée y ont introduites.188 Les évolutions ne sont pas non plus entièrement coupées de l’influence des moyens d’information du reste du monde.

L’identité des jeunes se construit aussi à l’aide d’éléments extérieurs qui sont appropriés, réinterprétés et intégrés aux influences de la ville ambiante et des changements de circonstances. Au milieu de ces transformations, c’est la construction de l’identité civique elle-même qui change.189 Absorbés comme ils le sont dans la sphère informelle, les jeunes d’Afrique de l’Ouest représentent une force majeure de transformation sociale, et pourtant leurs orientations, leur destination ne sont pas claires. Ils absorbent et imitent divers systèmes de valeurs, de croyances structurées et d’orientations normatives pour les reconstituer en de nouveaux langages, de nouveaux comportements, de nouvelles tendances idéologiques ou sociopolitiques et des sources d’agitation politique ou, au contraire, sous forme de mal-être à l’état brut et de délinquance. Le fait qu’ils soient privés de la possibilité de se préparer un avenir similaire au parcours socioculturel des générations antérieures – qui ont bénéficié du soutien solide de la famille et de la parentèle – les incite à migrer

L’ETAT DES VILLES D’AFRIQUE DE L’OUEST

Pays Ville Population urbaine -15 ans (%) Population urbaine +50 ans (%)

Bénin Cotonou 37.85 7.65

Burkina Faso Ouagadougou 34 7.85

Côte d’Ivoire Abidjan 33.7 5.6

Ghana Accra 34.75 12.15

Mali Bamako 41.45 7.6

Mauritanie Nouakchott 40.4 9.05

Niger Niamey 41.65 8.4

Nigeria Lagos 34.85 11.6

Nigeria Abuja 43.1 10.5

Nigeria Ibadan 35.05 17.85

Nigeria Kano 43.6 9.7

Source: SOAC 2008, 196 - Table 9.

TABLEAU 3.12: JEUNES ET MOINS JEUNES – VILLES D’AFRIQUE DE L’OUEST

vers les villes. La jeunesse d’aujourd’hui en Afrique de l’Ouest se trouve aux prises avec des conditions, au jour le jour, qui n’ont guère à voir avec celles qu’ont connues leurs aînés.

Si la situation des jeunes est difficile, elle l’est aussi pour ces générations antérieures comme pour les dirigeants, qui ont du mal à la saisir et à la comprendre pleinement. On trouve en outre bien des incohérences parmi les divers plans et programmes qui cherchent à galvaniser la jeunesse à l’aide de slogans nationalistes et populistes, et qui ne font qu’élargir le fossé entre elle et un Etat qu’elle ressent soit comme étranger à ses problèmes, soit absent. La plupart du temps, ils n’ont que mépris pour ce qu’ils en connaissent, c’est-à-dire une forme de contrôle autocratique sur la société qui les prive de la large gamme de possibilités qui leur permettraient d’apprendre et de s’épanouir dans les conditions de leur choix. Relégués dans des modes informels de subsistance, dans une existence qui les exclut des institutions formelles comme du secteur public, les jeunes trouvent divers moyens de réaliser leurs ambitions, même si celles-ci sont soit irréalistes, soit trop modestesSans possibilités d’essayer ou de mettre à l’épreuve diverses trajectoires pour leur épanouissement à travers les institutions officielles ou des dispositifs d’apprentissage, les jeunes mettent au point leurs propres institutions, souvent à mauvais escient, à travers lesquelles ils exercent une forme de contestation informelle non seulement de l’Etat mais aussi des institutions socioculturelles existantes mais qui sont les pierres de touche de la société dans laquelle ils survivent au jour le jour. En dépit de la prédominance du conflit entre générations et de la fracture entre systèmes de valeurs et de croyance, la transmission de l’informalité d’une génération à l’autre reste importante.190 Les jeunes, dans l’ensemble, constituent la principale force d’entraînement. Ils sont notablement actifs au sein de la société civile, que ce soit dans la sphère informelle ou les activités illicites. Ils sont en principe en mesure d’orienter de manière déterminante la gouvernance urbaine en fonction de leurs besoins actuels et à venir. Dans les situations d’après-conflit que l’on trouve dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, c’est par l’intermédiaire des jeunes que l’on peut encourager la reconstruction et la réconciliation.191 Privilégier la jeunesse dans les stratégies d’aménagement urbain «  durable  » est une priorité majeure, et

l’on pourrait par là renforcer la résilience tant des ménages que de populations locales tout entières. On pourrait, par exemple, former les jeunes pour qu’ils lancent leur propres petites entreprises pour développer des techniques de production décentralisée d’énergies renouvelables ou l’agriculture urbaine. Face à l’intensité du chômage des jeunes, les pouvoirs publics ont déjà réagi en encourageant leur participation dans l’agriculture, dans l’entretien des infrastructures publiques et dans l’économie « verte ».192 A Porto-Novo (Bénin), le Centre Songhai propose aux jeunes des programmes de formation.193 A plus long terme, il sera essentiel d’accorder l’enseignement et les formations aux besoins de villes ouest-africaines en plein essor si l’on veut tirer tout le parti possible de la jeunesse urbaine.

Etat, organisations internationales et non-gouvernementales Etat, organisations internationales (Banque mondiale, Banque africaine de développement  ; organismes des Nations Unies) et non-gouvernementales ont des rôles majeurs à jouer, avec le secteur privé, pour orienter les villes d’Afrique de l’Ouest vers une meilleure integration sociale, une croissance économique plus soutenue et le développement durable. Les groupements de jeunes, confessionnels, communautaires et autres194 sont en principe en mesure d’influencer de manière notable la gouvernance dans les villes ouest-africaines.195 Mais dans la pratique, leur capacité reste limitée, et elles se préoccupent avant tout de préserver les unes contre les autres leur domaine respectif pour pouvoir agir et attirer des soutiens financiers.

Les interventions au coup par coup de la société civile qui découlent de cette situation pourraient bien exacerber la fragmentation de la gestion urbaine.196 La coordination s’impose entre ces organismes et il pourrait falloir mettre en place des intermédiaires stratégiques pour l’améliorer et leur permettre de mieux intervenir sur le terrain. A cet égard, gouvernements, municipalités et administrations publiques sont eux aussi à même d’intervenir de manière décisive en lançant les programmes et projets propres à répondre au besoin d’intégration et de coordination des démarches d’aménagement urbain et régional.

Les pouvoirs publics ont en outre la possibilité de coopérer avec la société civile et les organisations internationales pour améliorer les stratégies de développement urbain et les rendre plus sensibles

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tant aux besoins socioéconomiques pressants qu’aux impératifs du développement durable.

Les organismes de microfinance

Les dispositifs de microfinance ont été fréquemment recommandés par les experts en développement qui doivent faire face aux défis de la sphère informelle en ville comme en campagne,197 puisque ces systèmes sont à même de soulager les budgets des ménages et des petites entreprises formelles ou non. Le manque de crédit bancaire est une pierre d’achoppement majeure pour les agriculteurs des pourtours urbains et au-delà.198 En 2008 au Ghana, au Liberia, au Nigeria et en Sierra Leone, on comptait au moins 34 organismes de microfinance et 50 banques offrant ce type de service.199 Le secteur de la microfinance a évolué, passant d’une activité au coup par coup à la constitution d’un secteur bien structuré grâce à l’appui des banques centrales, d’organes de coordination et autres institutions.200 Concentré comme il l’est sur les micro-entreprises et sur celles de taille petite à moyenne, il a fait la preuve de son intérêt pour l’investissement dans les nouvelles technologies, les nouveaux produits et les nouveaux modes opératoires.201 Il existe en Afrique de l’Ouest un énorme besoin de développement des affaires par le renforcement du capital et par l’endettement, dont le montant, selon les estimations, se situerait entre huit et 42 milliards.202 Il s’agit là d’un secteur en expansion rapide qui a besoin tant d’une meilleure efficacité que de capitaux supplémentaires suite à la disette provoquée par la crise financière mondiale de 2008.203 Reconnaissant la capacité qui est celle du secteur informel d’amortir l’inégalité sociale et l’inertie de la formation des revenus, la Banque centrale du Nigeria a mis en place une politique d’appui à la microfinance avec pour objectif de stimuler l’emploi. Dans la sphère informelle, la microfinance vise à faciliter la professionnalisation grâce à des employés mieux formés, à fournir aux entreprises un appui financier et en matière de gestion, et à améliorer la transparence financière et commerciale, en prélude peut-être à une semi-formalisation éventuelle. Au Nigeria, le gouvernement de chacun des Etats fédérés est désormais tenu de consacrer au moins un pour cent de son budget au soutien des organismes de microfinance.

Les organisations confessionnelles locales et transnationales Les organisations confessionnelles et les associations de quartier sont bien enracinées et jouent un rôle important dans la gouvernance urbaine. La croyance et les institutions confessionnelles, qu’elles soient locales, nationales ou internationales (mouvements et associations de congrégations religieuses transfrontalières) exercent un attrait en raison de la cohésion sociale, du soutien psychologique et émotionnel, du pouvoir de guérison spirituelle et des œuvres de bienfaisance qu’elles peuvent apporter. Elles exercent leur influence sur la vie quotidienne de bien des citadins ouest-africains, comme on le constate dans un quartier densément peuplé comme celui de Jésus notre sauveur à Lagos. Ces groupements contribuent toutefois à la division et à la fragmentation de l’espace urbain selon des lignes d’appartenance religieuse en imposant leur propre interprétation des règles pour maintenir l’ordre à l’échelle locale. De même, les organisations religieuses islamiques exercent une forte influence sur les territoires urbains et préservent des zones d’ « auto-gouvernance » en reprenant à leur compte des fonctions qui normalement

reviendraient aux pouvoirs publics si ces derniers étaient toujours présents dans la sphère sociale et dans la manière dont est organisé le fonctionnement de la vie quotidienne des sociétés d’Afrique de l’Ouest.

Les intervenants de la sphère informelle

De manière générale, les villes ouest-africaines se caractérisent par le retrait de l’Etat de toute une gamme de fonctions. Faire face aux problématiques institutionnelles, de gouvernance et d’infrastructures affectant les citadins est une responsabilité qui échoit à une multiplicité d’intervenants sans lien avec les institutions municipales ou nationales, et qui peut aller des organisations internationales aux associations locales, des réseaux confessionnels transnationaux aux mouvements de migrants.204 L’informalité perdure comme modalité majeure d’acquisition d’un emploi, d’une terre ou d’un logement, ainsi que de commerce, de services et d’autres fonctions. Les villes se caractérisent aussi par la privatisation du territoire urbain, la fragmentation de la société civile et une gouvernance et des services sporadiques,205 les systèmes informels fonctionnant, dans une large mesure, parallèlement aux systèmes de gouvernance officiels. En 2001-2002, une bonne partie (plus de 25 pour cent et jusqu’à 50 ou 60 pour cent206) de la population en âge de travailler (dans des villes comme Abidjan, Bamako, Cotonou, Dakar, Lomé, Niamey et Ouagadougou) exerçait une activité non salariée indépendante alors que l’économie formelle n’en employait au mieux que 15 pour cent.207 Dans ces villes, la proportion de la population active dénuée d’instruction était de l’ordre de 50 à 60 pour cent.208

On aurait tort de parler d’ « empiètement paisible » de l’informalité sur la sphère formelle en Afrique de l’Ouest.209 L’informalité n’est pas seulement une modalité différente de fonctionnement qui a pour effet d’empiéter sur les structures conventionnelles existantes. La sphère informelle se compose d’un ensemble de pratiques de substitution, d’origine indigène, qui est longtemps resté sans reconnaissance en droit pendant l’ère coloniale, et qui s’est ensuite peu ou prou intégré aux systèmes officiels. On peut soutenir que la sphère informelle constitue la véritable économie des villes d’Afrique de l’Ouest. C’est là que se forment, se rompent, se reproduisent et se transforment les liens socioculturels et économiques à travers des pratiques tant concurrentielles que coopératives. Celles-ci sont rendues possibles par diverses activités qui échappent à la règlementation officielle, même si les liens entre secteurs formel et informel conservent leur importance. La sphère informelle a perduré à travers toutes les évolutions et tous les mouvements historiques qui se sont succédé dans les sociétés d’Afrique de l’Ouest. C’est un système de facto de gouvernance et d’organisation sociale.

La fragmentation dans les villes de la sous-région peut prendre bien des formes : ethniques ou religieuses, ou à l’occasion celle de zones «  libérées  » autonomes,210 mais cela dépend largement, en dernière analyse, de la distribution des niveaux de revenu. L’absence de l’Etat de la sphère publique est prononcée dans les villes de la sous-région, à l’exception de l’omniprésence d’une police corrompue qui s’adonne à sa propre version de l’informalité, c’est-à-dire en sollicitant et en obtenant des « cadeaux » et autres faveurs de la part du public. L’Etat ne fait, dans aucune mesure perceptible, office d’administrateur ou de régulateur des affaires publiques. Lorsqu’il se retire de la sphère publique, d’autres intervenants remplissent

L’ETAT DES VILLES D’AFRIQUE DE L’OUEST

Ville Pays Lié au genre (%) Lié à l’ethnie (%)

Abidjan Côte d’Ivoire 79.2 27.9

Bamako Mali 73.6 -18.2

Cotonou Bénin 77.9 -1.5

Dakar Sénégal 55.6 6.8

Lomé Togo 78.7 -11.3

Niamey Niger 50.0 1.9

Ouagadougou Burkina Faso 75.4 -53.7

*Décomposition Neumark

Source: Adapté de DiAL 2009, pp. 24, Table 1.

TABLEAU 3.13: DIFFÉRENTIEL BRUT* DE REVENUS EN FONCTION DU GENRE ET DE L’ETHNIE - SEPT VILLES D’AFRIQUE DE L’EST V

Jeune commerçante à Abomey (Bénin). Les écarts de revenus hommes-femmes sont importants dans les villes ouest-africaines. ©Adam Jones. Licence (non transposée) Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0.

les fonctions dont a besoin la société et de nouvelles formes, indépendantes, d’ordre social font leur apparition. Celles-ci, même si elles peuvent être considérées comme informelles au sens classique du terme, constituent les cadres prédominants à travers lesquels la gouvernance urbaine est socialement organisée au sein même de la population. Dans ce sens, la sphère informelle peut prétendre à une légitimité supérieure à celle de l’Etat. Il s’agit là d’une situation de fait dont sont bien conscients les jeunes qui font tous les jours, de la manière la plus directe, l’expérience du caractère futile de cette dualité de systèmes de fonctionnement. Il est difficile de prévoir comment les choses vont finalement évoluer.

Les agriculteurs, commerçants et fournisseurs de services de la sphère informelle jouent des rôles majeurs en tant que producteurs et employeurs dans les villes d’Afrique de l’Ouest. L’esprit d’invention s’y manifeste souvent à travers les diverses manières dont les intervenants de la sphère informelle cherchent et trouvent des possibilités à exploiter, ne serait-ce que pour survivre. Mobiliser cette énergie et tirer parti des aperçus qu’elle donne sur les besoins de biens et services des citadins fournit aux autorités municipales l’occasion de diversifier les filières de production et l’offre de services. Cela pourrait se faire en améliorant le crédit et les financements en faveur de la sphère informelle, tout en mettant en place des organismes d’incitation et de soutien (coopératives, centres de conseil et de formation) ainsi que des infrastructures (comme des marchés et des canalisations d’eau pour les agriculteurs urbains).

L’autonomisation des femmes

L’autonomisation des femmes est l’un des facteurs à même de stimuler des mutations sociales et culturelles importantes en Afrique de l’Ouest. De Bamako à Abidjan, de Dakar à Cotonou, de Lomé à Niamey en passant par Ouagadougou, les différentiels de revenus dus au genre étaient, il y a quelques années, plus prononcés que ceux dus à l’appartenance ethnique.211 Ils allaient de213 50 pour cent à Niamey à 79,2 pour cent à Abidjan (Tableau 3.13), montrant l’ampleur de l’inégalité entre hommes et femmes et l’importance qu’il y a à s’attaquer à ce problème. Les ménages urbains dirigés par des femmes ne sont pas nécessairement plus pauvres que les autres, mais ces femmes tendent à être moins instruites que les hommes.212 Les ménages dirigés par des hommes se trouvent en position plus défavorable en ville et ils sont trois à cinq fois plus pauvres que les autres ménages.213

Avec un meilleur accès aux occasions d’activité et au contrôle

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