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le zanzIBaRIte MIRaMBO dans le Bas-Uele : 1890 La tentative arabo-swahili de la pénétration dans

l’IMPlantatIOn MIssIOnnaIRe et les églIses

1. les exPlORatIOns de l’Uele

2.2. la fIn des InCURsIOns des aRaBO-swahIlI des falls dans l’Uele OCCIdental

2.2.2. le zanzIBaRIte MIRaMBO dans le Bas-Uele : 1890 La tentative arabo-swahili de la pénétration dans

le Bas-Uele est l’œuvre de Mirambo, traitant arabe zanzibarite, qui fait son apparition dans l’Uele vers novembre 1890. Il était parti d’un point de l’Aruwimi en amont de Yambuya, peut-être de Banalia. Du Rubi, il pousse en direction du N.–N.-E., pénètre en territoire Bagbwe, puis Bayo, et s’installe sur la Bima, à proximité du poste de Titule, après avoir obtenu des Bayo leur soumission et un contingent d’auxi-liaires destinés à lui faciliter l’attaque des populations voisines. C’est de la basse Bima qu’il menace les postes de l’État voisin de Djabir (Coosemans 1951b : 700-701).

Mirambo s’est fait une mauvaise réputation dans la région. Le bruit courait qu’il pillait et brûlait les vil-lages et tuait beaucoup d’indigènes qui avaient refusé de lui livrer de l’ivoire. Il était aussi prêt à lancer une nouvelle offensive aux environs de Malangoy. Le 13 décembre 1890, Milz et Vangele, qui se trouvaient à Malangoy, prennent position derrière un boma.

Les troupes de Mirambo, trompées par l’envoi d’une reconnaissance très peu nombreuse, attaquent, mais sont complètement battues et s’enfuient, abandon-nant un grand butin et beaucoup d’ivoires. Milz et Djabir poursuivent Mirambo pendant cinq jours, lui font subir de fortes pertes et capturent de nombreux prisonniers. Mais les munitions étant épuisées, ils doivent rentrer à Djabir, vers le 18 décembre 1890.

Mirambo regagne les Falls et ne réapparaît plus dans le Bas-Uele (ibid. : 701).

Il semble que Mirambo ait combattu, deux ans plus tard, dans les rangs arabo-swahili. D’après le journal laissé par un résident des Bangala

– l’anno-tation est datée du 29 septembre 1894 – Mirambo aurait été fait prisonnier par Francis Dhanis. Il dis-posait de 1200 fusils que Dhanis lui a enlevés et il a été déporté sur le fleuve, en aval de Nouvelle-Anvers, à Bomuna, près de la mission protestante de Mossembi (Lotar décembre 1935 : 665).

Ce n’est pas la fin de la présence arabo-swahili dans le Bas-Uele. Il y aura encore des accrochages, certes minimes, dans la région de la rivière Itimbiri :

« Le 22 mars 1891, Adongo, un petit chef mabinza de la rive sud, vient annoncer à Duvivier que les Arabes, arrivés du sud, occupent son village. Duvivier laisse la garde du poste à quelques hommes et se met en cam-pagne avec le reste auquel il peut adjoindre six Bangala d’un détachement destiné à Djabir. Il descend l’Itim-biri, s’enfonce dans la forêt de la rive gauche ; arrivé au village d’Adongo, il n’y trouve aucun Arabe, mais on lui signale qu’une bande de traitants se trouve au sud, campée en pleine forêt. Impossible d’obtenir des indi-cations précises sur le nombre de traitants et la valeur de leur armement. Duvivier se hasarde néanmoins à travers la forêt par un sentier à peine praticable. Il tombe soudain sur un camp palissadé. Les Arabes, prévenus de son arrivée, commencent un feu nourri avant que les hommes de Duvivier aient pu trouver un abri. Un gradé noir est tué, trois soldats grièvement blessés. Les indigènes rapportent que les traitants dis-posent de plus de 60 fusils ; Duvivier en a 12. Il par-vient à se retirer sans plus de pertes.

Comme il ne peut distraire de leur destination les contingents de l’expédition Van Kerckhoven pour renforcer la garnison d’Ibembo, Duvivier est obligé de renoncer à reprendre la route d’Adongo. Les indi-gènes voisins du camp arabe n’en manifestent cepen-dant aucun désappointement, au contraire. Quelques jours plus tard, le chef mabinza Magbolo, engagé dans le parti des traitants, vient faire au poste sa soumis-sion. Les bandes arabes circuleront encore pendant une année au sud de l’Itimbiri… » (ibid. : 665-666).

2.2.3. la fIn des InCURsIOns aRaBes : 1891-1892 Les Arabo-Swahili et les troupes de l’État du Congo vont se disputer la région du Bas-Uele. Le lieutenant Pierre Ponthier (1858-1893) fut dési-gné pour commander l’avant-garde de l’expédition Van Kerckhoven chargée d’explorer la région du Haut-Uele, la nettoyer des bandes arabes, en assu-rer l’occupation et atteindre le Nil. Parti le 10 août 1891, il établit son camp à la hauteur du confluent

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du Bomokandi, sur la rive nord de l’Uele, et signale à Van Kerckhoven :

« -  les Arabes occupent trois îles de l’Uele, en amont du confluent du Bomokandi ;

- dans le Bomokandi, ils occupent les îles en aval de la Makongo ;

- ils sont retranchés au confluent de la Makongo ; - ils dévastent le territoire azande de

l’entre-Bas-Bomokandi-Uele (Kiravungu, Zemoïe, etc.) ; - Purukandu, établi dans les trois îles ci-dessus de

l’Uele, a déjà poussé sur la rive droite ;

- il y est en relation avec le chef Nguina, chargé par lui de gagner à sa cause Sasa, installé au nord, vers le Bomu ;

- un autre chef de bande, Kutukutu, alias Kamango, opère plus à l’est, sur la rive sud de l’Uele, en ter-ritoire Barambo et projette de s’établir près de Suronga, à l’ancienne zeriba égyptienne d’Hawash » (ibid. : 666-667).

Le 11 septembre 1891, les bandes de Purukandu sont chassées de leurs positions après un combat assez vif : dix Matambatamba restent sur le terrain ; les autres prennent la fuite et regagnent en désordre le camp de la Makongo. À la suite de cet échec, Purukandu abandonne les positions qu’il occupait sur le Bomokandi, en aval de la Mokongo, et, peu de temps après, il quitte la contrée. Ainsi, les territoires situés au nord de l’Uele sont délivrés de l’influence arabo-swahili. Il reste encore à arracher les régions situées au sud de cette rivière. Les troupes congo-laises de l’État du Congo vont essayer de détruire le camp de la Makongo.

Durant la seconde quinzaine d’octobre 1891, on apprend à Bomokandi que les Arabo-Swahili ont subi deux échecs en région « Babua » : le chef Ababua Sikito aurait battu le traitant Purukandu sur la route des Falls à la Makongo ; la rencontre doit avoir eu lieu sur la haute Bima « en terrain montagneux », selon Gustin. On affirme même que Purukandu et presque tout son monde ont été tués. Quelques jours après la défaite de Purukandu, Sikito détruisait une deuxième colonne arabo-swahili qui marchait contre lui (ibid. : 668).

Vers la fin du mois d’octobre, Ponthier, au camp de Bomokandi, apprend qu’une bande de Matamatamba, partie du poste de la Makongo, sous les ordres de Tukutuku, avait tenté de refluer vers le nord-est, chez les Abarambo de la vallée du

Bomokandi, mais en avait été immédiatement refou-lée (ibid. : 669).

Le 25 octobre 1891, Ponthier et Daenen passent sur la rive sud de l’Uele et remontent le Bomokandi à la recherche des Arabo-Swahili, tandis que des auxiliaires abarambo et azande s’en vont, par voie de terre, pour les rejoindre au confluent de la Makongo.

Après deux jours, ils tombent à l’improviste sur le camp de Purukandu. Après une lutte assez brève, le traitant et ses hommes fuient vers le sud et l’ouest.

Ponthier et Daenen se mettent à leur poursuite. Les indigènes de Bakengai s’y montrent les plus achar-nés. Une partie de la bande de Purukandu a fui vers l’ouest et s’arrête à la frontière méridionale de la chefferie de Bori. Voici le récit de Gustin sur cette bataille :

«  L’attaque du camp arabe se fit nuitamment et par surprise par un détachement de Mobenge. Après un tir de quelques cartouches, la position fut enlevée, les Arabes s’enfuirent après avoir mis le feu aux cases. Les hommes de Ponthier purent arrêter l’incendie et s’em-parer de dix tonnes d’ivoire et de grandes quantités de riz. Un chef arabe (Ismaël) fut fait prisonnier et dirigé sur les Falls » (ibid. : 669-670).

Il existe quelques relations indigènes de ce com-bat. En voici deux : la première est de Bandia, le fils de Kiravungu ; la seconde émane de Gonga, frère de Kiravungu, qui participa à cette expédition :

«  Kiravungu, dont le territoire avait été atteint et traversé par les Arabes, était parvenu à se sous-traire à toute relation personnelle avec eux  : quand Lifungu (Ponthier) arriva de Djabir au confluent du Bomokandi, Mangue vint de la part de l’Européen solliciter Kiravungu de prendre part à une expédition projetée contre le poste arabe de la Makongo. Mangue tenait à ce point à seconder Ponthier qu’il menaça Kiravungu de s’en prendre à sa chefferie s’il refusait sa coopération. Kiravungu guida l’expédition et four-nit, comme Mangue, un contingent de lanciers auxi-liaires à Ponthier. Il rejoignit Ponthier à l’île Wenze.

Arrivée à la Makongo, l’expédition surprit au petit jour les traitants qui n’avaient eu vent que de l’arrivée des hommes de Mangue et Kiravungu. Les chefs traitants de la Makongo étaient Purukandu, Seri et Kamango. »

«  Le chef arabe Purukandu occupait à l’arrivée de Ponthier et de Daenen (Lifungu et Likutu) l’île de Bima dans l’Uele, en amont du Bomokandi. Les deux Européens l’en chassèrent, et Purukandu, fuyant au sud, à travers la chefferie de Kiravungu (rive sud),

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regagna son camp en traversant le Bomokandi près de l’ancien village de Linza-Linza, situé un peu en amont du confluent Bomokandi-Makongo. Au camp arabe de la Makongo, se trouvaient les trois chefs Tukutuku, Longbo-Longbo et Monda-Monada (alias Kamango, Purukandu et un troisième non identifié). Un qua-trième, Seri, occupait en aval l’île rocheuse d’Yaou. À leur arrivée à la Makongo, en compagnie de Ponthier et Daenen, Kiravungu et Mangue se portèrent sur une éminence proche du Bomokandi, sur le sentier courant de Bambili vers Akengai et près du village de Linza-Linza. De là, ils se mirent à tirer sur le camp établi sur la rive opposée. On franchit le Bomokandi.

Les Arabes, surpris, s’enfuirent, poursuivis par les Azande, jusqu’en territoire Makere. Le camp arabe de la Makongo était situé dans la Huma (plaine her-beuse) dite de Dipala, dans l’angle sud du confluent Bomokandi-Makong » (ibid. : 670-671).

Le chef arabe Kamango (Tukutuku) réapparaît vers la haute Makongo, aux confins de la chefferie Bakengai, vers le 1er décembre 1891. Il fait répandre la nouvelle, jusque dans l’entre-Bomokandi-Uele, de la prochaine arrivée d’un fort détachement arabe envoyé des Falls par Saïd. Ce détachement devrait suivre une route directe, non celle du Nepoko (ibid. : 671-672).

Ponthier lance une poursuite qui va durer deux jours. Le camp arabe de la Makongo, qui étonnait par son importance et son caractère de permanence, est décrit comme suit :

«  Elles [les installations] se composaient de trois grands villages appartenant respectivement aux trois principaux chefs Kamango, Pouroukandou et Koutoukoutou. Toutes les habitations étaient construites en pisé et entourées pour la plupart d’une enceinte où se tenaient les femmes et les esclaves du maître du logis.

Les maisons des chefs et celles des principaux person-nages étaient construites avec le plus grand soin ; elles possédaient toutes une véranda et elles étaient parta-gées en un grand nombre de compartiments qui rece-vaient le jour par de multiples meurtrières.

Les magasins étaient nombreux et vastes. De grandes bananeraies et des plantations considérables de riz, de maïs, de manioc couvraient la plaine voisine. Au-delà et à plusieurs journées de marche à la ronde, on ne rencontrait que des cultures détruites, des villages rui-nés et abandonrui-nés. »

Un nombre d’esclaves est arraché des mains des Arabo-Swahili  : tous ceux qui sont originaires du

pays sont rendus à la liberté ; les autres demandaient à suivre Ponthier. Les indigènes lancés à la poursuite des fuyards usant de représailles impitoyables pour se venger.

D’après les renseignements reçus, Kamango et Koutoukoutou se sont retirés, à la suite de la prise de leur zeriba de la Makongo, sur le camp de l’Arabo-Swahili Saïd, où viennent d’arriver de sérieux renforts des Stanley Falls.

3. l’état IndéPendant dU COngO et l’OCCUPatIOn dU Bas-Uele

Il a fallu plus d’un quart de siècle avant que l’EIC parvienne à la conquête et à l’occupation complète du Nord-Est du Congo. Il y a deux raisons à cela.

1. Léopold II considérait cette région comme un lieu de passage. Il a consacré plus d’énergie à l’installation de l’EIC dans le Haut-Uele où Niangara, Paulis (Isiro) et Dungu constituaient des bastions servant à réaliser les derniers sauts pour conquérir et occuper l’enclave de Lado et autres parties de la vallée du Haut-Nil. En plus, d’autres expéditions militaires léopoldiennes ne faisaient que traverser le Bas-Uele pour annexer la région située au-delà de la rivière Mbomu, c’est-à-dire le Dar-Fertit, à l’État du Congo.

2. Le Bas-Uele comptait plusieurs chefs ou

«  sultans  » qui tenaient à garder une grande indépendance envers les forces léopoldiennes.

L’EIC a essayé, dans un premier temps, d’inté-grer tout simplement ces « sultanats » dans les structures politiques congolaises. Cependant, leur résistance était telle que, dans un second temps, les officiers européens commençaient à ne chercher souvent d’autres solutions que d’enchaîner ces sultans, de les reléguer ou de les assassiner. Quelques-uns ont réussi à s’enfuir au-delà de la rivière Mbomu où ils trouvaient asile dans les territoires français et anglais. Les chefs qui accueillaient bien les hommes de Léopold II recevaient un appui qui leur permettait d’imposer leur « suzeraineté » à des voisins plus réticents (de Saint Moulin 1982 : 264).

Au départ, les expéditions belges se rendent vers le Bas-Uele en remontant le fleuve Congo jusqu’à

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l’embouchure de l’Itimbiri, puis cette rivière jusqu’au poste d’Ibembo. De ce point terminus de la navi-gation, deux routes conduisent à Djabir, l’une par voie de terre, l’autre par la Likati que l’on remonte en pirogue. Ces deux routes aboutissent à Enguettra, d’où l’on se rend à pied à Djabir (La Belgique colo-niale 23 août 1896 : 416).

De Djabir, on remonte la rivière Uele. Mais un coup d’œil sur une carte de cette région montre que c’est un détour considérable, avec de nombreux transbordements. S’ajoutent à cela de multiples inconvénients causés par une rivière barrée de rapides comme l’Uele. Très vite, l’on songe à faire arriver les grands steamers jusqu’au rapide de Buta, ce qui aura pour effet que l’on gagne onze journées de marche ou de navigation pour les voyageurs devant atteindre Bomokandi.

Le seul écueil à ce projet est qu’en aval d’Ibembo existe un rapide, peu important, entravant la navi-gation. La solution serait de faire sauter quelques blocs de pierres sur une largeur de 20 à 25 mètres afin de créer une passe à l’étiage ; aux eaux hautes ce ne sera peut-être même pas nécessaire (ibid. : 416-417). Ce projet, proposé par le commandant Antoine Verstraeten (1863-1919), chef de la zone Rubi-Uele, ne sera jamais réalisé. Il convient toutefois de signaler ici que, plus tard, Ibembo sera relié à Buta et à Djabir par une voie ferrée.

Il existe des récits de conquête du Bas-Uele.

Certains carnets ont déjà fait l’objet d’une publica-tion ; d’autres, exhumés des archives du MRAC, sont demeurés inédits. Quelques-uns de ces documents seront partiellement présentés ci-après, car ils per-mettent de suivre les marches et les démarches des officiers blancs pour soumettre la région et aident à comprendre les raisons pour lesquelles leur progrès a été si lent. Un grand nombre de ces postes ou stations situés le long de la rivière Uele ont disparu depuis.

3.1. les exPédItIOns veRs le daR Banda

indépen-dant du Congo, des traités avec des chefs locaux. Il rentre en Belgique au cours de l’année 1894. Il est

nommé commissaire de district des « Bangalas » et son second départ a lieu le 6 novembre 1895. Mais il doit déjà retourner en Belgique le 15 mai 1896, pour cause de maladie. À son retour, il donne sur la région parcourue lors de son premier séjour un exposé inti-tulé « Le pays des Niams-Niams ».

« Niams-Niams » est le nom attribué aux Azande qui régnaient dans ces territoires. Le lieutenant de la Kéthulle donne ensuite les précisions géographiques et historiques suivantes :

«  Le pays des Niams-Niams, qui s’étend dans la région nord-ouest de l’État du Congo, compte d’après Schweinfurth 2 millions d’habitants et couvre une superficie d’environ 50  000 milles carrés. Le pre-mier voyageur qui résida à l’intérieur de ce pays est Schweinfurth, qui y séjourna de 1868 à 1871. Avant lui l’Italien Piaggia y avait fait un séjour de 1865 à 1867, mais ses renseignements ne sont pas très précis.

Lorsqu’on consultait les anciennes cartes de l’Afrique, ce pays inconnu des Niams-Niams, qu’entourait un mystère impénétrable, évoquait toujours la curiosité et l’intérêt. L’on se demandait quels êtres peuplaient ce pays étrange et l’on allait jusqu’à affirmer que les habitants étaient des gens à queue, une sorte d’inter-médiaire entre la race humaine et la race simiesque.

Schweinfurth a détruit la légende et prouvé que les Niams-Niams sont une peuplade intelligente et supé-rieure à la plupart des populations de l’Afrique.

Sur les cartes actuelles on rencontre souvent le mot zeriba ; ceci me porte à vous parler des trois phases, qui se sont succédé dans l’histoire contemporaine du pays des Niams-Niams. Nous remarquons d’abord l’ère de l’intervention des marchands arabes  ; ils avaient établi dans le pays des zeriba, différents postes, d’où ils organisaient la traite des esclaves et de l’ivoire. Plus tard le Gouvernement égyptien déclara le pays sous sa dépendance et en dernier lieu les Niams-Niams joui-rent d’une autonomie relativement complète, ayant leurs chefs mêmes à la tête de leurs tribus.

L’ère arabe est sans contredit la plus malheureuse dans l’histoire des Niams-Niams. Avec l’autorisation du Khalife, ces farouches marchands d’ivoire s’établi-rent au milieu des populations paisibles, imposès’établi-rent des tributs et des corvées, en un mot, réduisirent les indigènes à l’état d’un troupeau, taillable et corvéable à merci. À la tête des zeriba, de véritables forts carrés, ouvrages presque imprenables, entourés de palissades d’arbres entiers, se trouvaient des gouverneurs plus farouches encore que leurs subordonnés arabes…  » (de la Kethulle 1896 : 145-146).

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3.1.1. l’exPédItIOn de la kethUlle Chez Rafaï : févRIeR-OCtOBRe 1892

Rafai, dont la résidence se trouve au nord du Mbomu, à une grosse étape au N.-E. du confluent du Shinko, avait, vers juillet 1891, envoyé à Van Kerckhoven, alors à Djabir, des émissaires pour obtenir qu’un résident vînt s’installer chez lui.

Van Kerckhoven ne dispose à cette époque d’aucun officier qu’il puisse distraire de la grande expédi-tion qui devait remonter l’Uele pour atteindre le Nil. Mais, dès la fin de l’année 1891, il peut donner satisfaction à Rafai. Déjà Milz, arrivé en août ou sep-tembre 1891 chez Semio, avait envoyé de là à Rafaï un pavillon bleu à étoile d’or pour que le sultan l’ar-borât au confluent du Shinko et marquât ainsi son ralliement immédiat à la suzeraineté de l’EIC.

C’est à de la Kéthulle qu’échoit la mission de se rendre au Shinko en qualité de premier résident chez Rafaï. Parti d’Europe le 18 décembre 1890, de la Kéthulle se trouve, au début de 1892, sur l’Uele, en marche vers le Bomokandi pour se joindre à l’expédi-tion Van Kerckhoven, qui le désigne pour se rendre au Shinko chez Rafaï. Alors il quitte l’île de Zokele, à cinq heures en aval de Bomokandi, le 17 février, pour arriver à Djabir le 26.

Puis, de la Kéthulle gagne par voie d’eau, c’est-à-dire l’Uele, Yakoma où il arrive le 11 mars. À noter qu’après une centaine de kilomètres, l’Uele quitte le Bas-Uele pour traverser uniquement le Nord-Ubangi. Jusqu’au confluent de l’Uele-Mbomu, de la

Puis, de la Kéthulle gagne par voie d’eau, c’est-à-dire l’Uele, Yakoma où il arrive le 11 mars. À noter qu’après une centaine de kilomètres, l’Uele quitte le Bas-Uele pour traverser uniquement le Nord-Ubangi. Jusqu’au confluent de l’Uele-Mbomu, de la