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la CIté de BUta

Carte 4.1. Les domaines de chasse du Bas-Uele

3.2. aMPhIBIens et RePtIles (Ross 1989)

Les connaissances taxinomiques relatives aux grenouilles (amphibiens) sont problématiques.

Étant donné que les spécimens conservés dans les collections sont souvent fort similaires sur le plan morphologique et qu’aucune information n’est dis-ponible quant aux cris et aux motifs de couleur, bon nombre de ces spécimens sont difficiles à identifier.

Pour mettre au point la classification de ce groupe, il est indispensable de recueillir des informations sur le terrain concernant les motifs de couleur et leur variabilité à l’intérieur d’une espèce. En outre, il convient aussi de documenter le cri du mâle et de déterminer quels individus s’accouplent entre eux.

Les amphibiens (parmi lesquels les grenouilles) ont souvent un cycle de vie qui comporte deux phases distinctes. Les juvéniles (têtards chez les gre-nouilles) sont entièrement aquatiques, tandis que les individus adultes se meuvent aussi bien dans l’eau que sur terre. De nombreuses grenouilles arboricoles

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vivent même l’entièreté de leur vie hors de l’eau. Les grenouilles ayant une peau fortement perméable (la respiration se fait ainsi principalement par la peau), elles constituent aussi d’importants bio-indicateurs.

En cas de pollution du milieu aquatique, elles sont souvent les premières espèces à disparaître. Sous l’effet de la pollution et de l’infection fongique crois-sante, de nombreuses espèces sont menacées au niveau mondial, si bien que nombre d’entre elles figurent sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)19.

Deux espèces de crocodiles, le crocodile du Nil et le crocodile nain, se rencontrent dans le Bas-Uele.

Le crocodile du Nil, Crocodylus niloticus, qui était présent, à l’origine, dans tout le bassin congolais, a disparu de certaines rivières ou régions sous la pres-sion humaine. Néanmoins, cette espèce, répandue dans presque toute l’Afrique, n’est pas menacée, et son statut UICN (UICN 2010) est «  risque faible/

préoccupation mineure  ». Le crocodile du Nil est une grande espèce prédatrice (taille maximale de 6 à 7  m), qui se nourrit principalement de poissons (pour les juvéniles, insectes, grenouilles et têtards composent la nourriture principale). Le crocodile du Nil est une espèce crainte, du fait de sa propension à attaquer les animaux au bord de l’eau. Pour un grand crocodile, l’homme n’est pas autre chose qu’une proie potentielle. On a observé des crocodiles qui sau-taient hors de l’eau jusqu’à une hauteur d’à peu près de deux tiers de leur longueur. Une fois la proie cap-turée, elle est submergée jusqu’à ce qu’elle se noie, ou croquée par les fortes machoires. La proie est dévo-rée et probablement avalée sous l’eau. Le crocodile nain, Osteolaemus tetraspis, est une espèce de taille relativement petite (longueur  : environ 2  m), avec une tête, un corps et une queue fortement cuirassés.

Cette espèce est très peu connue. Apparemment, ce

19.L’UICN est une organisation qui soutient, entre autres, la recherche scientifique et les missions sur le terrain. Elle travaille en collaboration avec des gouvernements, des organisations non gouvernementales et des communautés locales, afin d’élaborer des programmes durables pour le développement et la préservation de la nature. L’UICN publie la « liste rouge », une liste qui répertorie les espèces dans une série de catégories, avec leur statut. Cette liste indique quelles espèces sont vulnérables ou menacées d’extinction. Ceci permet de déterminer quelles espèces méritent une attention particulière et donne une idée de la biodiversité à l’échelle mondiale (www.iucnredlist.org).

crocodile habite les rivières qui coulent mollement et il évite les rivières majeures. Il a été rapporté dans des régions de forêts ou de savanes. Cette espèce, principalement nocturne, se nourrit de crabes, de grenouilles et de poissons. Le statut du crocodile nain dans la liste rouge de l’UICN est « vulnérable » (UICN 2010), mais plus de recherche est nécessaire.

3.3. OIseaUx

(Demey & Louette 2001)

Le Bas-Uele, caractérisé par une grande variabilité d’habitats, arbore une avifaune très riche. Comme les oiseaux n’ont pas été inventoriés au cours des deux études faunistiques (Hicks & van Boxel s. d. ; Urom

& Silengowa 2011), ni cités dans la monographie sur les aires importantes pour la protection des oiseaux (Demey & Louette 2001), la présence de certains oiseaux dans le Bas-Uele est uniquement basée sur les collections historiques.

3.4. MaMMIfèRes

Un certain nombre de mammifères rencontrés pendant les études faunistiques dans les domaines de Rubi-Tele (Hart 2007) et Bili-Uere (Hicks & van Boxel s. d. ; Urom & Silengowa 2011)sont discutés ci-dessous.

3.4.1. ChIMPanzé (Kingdon 1997 ; Kingdon 2006)

Le chimpanzé, Pan troglodytes (qui, comparativement aux gorilles, présente une distri-bution relativement grande dans les forêts humides d’Afrique centrale et occidentale), est présent lui aussi dans le parc de la Garamba. Selon la liste rouge de l’UICN (UICN 2010), le statut du chimpanzé est

«  en danger  » avec une tendance décroissante de la population. Son habitat préféré est constitué des forêts pluvieuses et des forêts-galeries, pénétrant la savane, ainsi que des forêts de plaine et de montagne.

Leur régime est constitué pour moitié de fruits, de feuilles, de brindilles et écorces. Certains insectes (comme les termites), ainsi que de petits mammi-fères s’y ajoutent parfois. Les chimpanzés forment des communautés sociales de 15 à 20 individus, la taille des communautés dépendant de la présence de nourriture.

Jusqu’en 1927, une seule espèce de chimpanzé était reconnue. En étudiant du matériel crânien des collections du MRAC, Harold Coolidge avait d’abord observé que certains crânes, identifiés comme des

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crânes de chimpanzés juvéniles, représentaient, en fait, des spécimens adultes (les sutures crâniennes de ces crânes étaient complètement fusionnnées).

Schwarz, un autre spécialiste des primates africains, savait déjà que les chimpanzés étaient différents d’une rive à l’autre du fleuve Congo. Quand il visita le Musée, quelques semaines après Coolidge, Henri Schouteden, le directeur du Musée, le mit au courant des observations de Coolidge. Schwarz fit alors une brève description du Bonobo ou chimpanzé nain, basée sur un crâne et une peau reçus au Musée en 1927. Les deux espèces de chimpanzés sont distri-buées sur les rives opposées du fleuve Congo. Le Bonobo (espèce endémique de la RDC) se trouve seulement au sud (rive gauche) du fleuve, tandis que plusieurs populations de chimpanzés sont dis-tribuées de l’Afrique de l’Ouest jusqu’en Afrique centrale. En RDC, elles le sont exclusivement dans les fôrets au nord (rive droite) du fleuve.

3.4.2. OkaPI (Kingdon 1997 ; Kingdon 2006)

L’okapi (Okapia johnstoni) a été observé dans les deux domaines de chasse dans le Bas-Uele. Comme l’okapi est une espèce de forêt tropicale humide, on le trouve seulement dans la partie sud de la rivière Uele, dans le domaine de chasse de Bili-Uele (très abon-dant dans les forêts de Mbange, Leguga et Zongia).

Par contre, ils est totalement absent des forêts à l’est de la rivière Bima. L’okapi est également absent dans les régions au sud d’Aketi et à proximité de la ville de Buta. Selon la population locale, ces animaux occupaient ces zones, avant d’avoir été chassés et bra-connés en même temps que les éléphants. L’UICN (UICN 2010) considère l’okapi comme une espèce presque menacée d’extinction, néanmoins la ten-dance de la population est considérée comme stable.

3.4.3. éléPhant (Kingdon 1997 ; Kingdon 2006)

L’éléphant (Loxodonta africana) est présent dans les domaines de chasse de Bili-Uere et de Rubi-Tele (Hart 2007 ; Hicks & van Boxel s. d. ; Urom &

Silengowa 2011). Deux sous-espèces sont recon-nues dans l’éléphant d’Afrique : l’éléphant de savane (Loxodonta africana aficana) et l’éléphant de forêt (Loxodonta africana cyclotis). L’éléphant de forêt se distingue de l’éléphant de savane entre autres par sa taille moyenne plus petite, ses oreilles plus petites et ses défenses plus petites et plus étroites. Le statut UICN de l’éléphant africain est « vulnérable », mais

la population totale de l’éléphant africain est crois-sante (UICN 2010). Malheureusement, ceci n’est pas le cas pour l’éléphant en RDC. En raison des périodes d’instabilité politique récentes et du braconnage, la population de l’éléphant a diminué.

Les traces d’éléphants sont communes dans l’aire de Bili. Ils restent en général à une distance de 15  km des routes principales. Les éléphants se rapprochent des villages et des routes pendant la saison des pluies, quand la savane peut les couvrir.

Au sud et sud-ouest de Bili, des éléphants ont été trouvés à 10 ou 15 km de la cité même. Les traces d’éléphants étaient aussi abondantes aux environs de la route Bili-Api, à Bakalakala. Plus loin au nord, la situation est différente. Selon la population locale, les éléphants ont été exterminés depuis la frontière centrafricaine (Zapays) au cours des vingt dernières années. Aucune trace d’éléphant n’a été recensée tout au nord, malgré la présence d’une autre sorte de faune, cette fois-ci intacte : les buffles, les potamo-chères roux, les chimpanzés et les bongos. Au sud de l’Uele, la distribution des éléphants est plus disper-sée. Des éléphants se trouvent le long de la rivière Uele. Au sud, d’abondantes traces ont été repérées à Difongo, Zongia, Lingo et Bambesa. Au nord, des traces ont été retrouvées à Zaza. À Leguga et Lebo, aucun éléphant n’a été repéré. Il semblerait que ce soient les braconniers venus de Buta dans le milieu des années 1990 qui auraient anéanti la population des éléphants dans cette région.

À Mbange, au nord-est d’Aketi, ils sont encore très présents, bien que les traces qui y ont été rele-vées soient moins nombreuses que celles vues à Gangu. La présence d’une importante population d’éléphants à Mbange, malgré l’ancienne intense activité minière dans la région, est surprenante. Près d’Aketi et dans les forêts au sud, on ne trouve aucune trace d’éléphants ; par contre, dans les forêts d’Aketi, tout comme à Lebo, on trouve d’anciens pièges à élé-phants qui témoignent de la présence antérieure de ces animaux dans la région. Dans les forêts de Buta et de Ngume, on ne trouve plus aucune trace d’élé-phants. À nouveau, la population locale explique cette absence par le fait que les éléphants y ont été exterminés depuis vingt-cinq ans. Une carcasse d’éléphant datant de vingt ans a été retrouvée sans ses défenses et témoigne de ce pillage.

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3.4.4. léOPaRd (Kingdon 1997 ; Kingdon 2006)

Le léopard (Panthera pardus) est présent dans le domaine de chasse de Bili-Uere (Hicks & van Boxel s.  d.  ; Urom & Silengowa 2011). Il affectionne les terrains accidentés, à épaisse végétation. Sa nour-riture se compose principalement de mammifères moyens à grands, parfois d’oiseaux et d’arthropodes.

Contrairement au lion, le léopard est un animal solitaire, sauf pendant la période de reproduction, quand les femelles supportent la présence du mâle pour une courte période. Comme il peut hisser ses proies dans les arbres, il évite les proies plus grosses que lui.

La présence d’un prédateur comme le léopard est un signe que la réserve est relativement saine sur le plan écologique. Le parc est suffisamment grand et offre suffisamment de nourriture pour la subsis-tance de populations d’animaux servant de proies qui, à leur tour, sont suffisamment grandes pour la subsistance d’un grand prédateur comme le léo-pard. Le léopard est une espèce très menacée ; son statut UICN est «  presque menacé d’extinction  » (UICN 2010)avec une tendance décroissante de la population.

Dans certaines tribus bantoues et particulière-ment en RDC, le léopard était considéré comme un animal rusé, puissant et résistant. C’est la raison pour laquelle le président Mobutu Sese Seko por-tait la toque et certains attributs du léopard qui le rendaient puissant aux yeux de la population. Le léo-pard fait maintenant partie des armoiries de la RDC.

3.4.5. lIOn (Kingdon 1997 ; Kingdon 2006)

Le lion (Panthera leo) est le plus grand des félins.

Sa présence a été observée dans le domaine de chasse de Bili-Uere (Hicks & van Boxel s.  d.  ; Urom &

Silengowa 2011). Les mâles sont facilement recon-naissables par leur épaisse crinière laineuse. Le lion se trouve partout, sauf dans les grandes forêts et les déserts très arides. Il se nourrit principalement de mammifères pesant entre 50 et 300 kg, mais en l’ab-sence de proies de cette taille, il peut attaquer tout animal pesant entre 15 et 1000 kg (les grandes proies sont uniquement attaquées en troupe). Ces troupes peuvent compter 2 à 20 femelles adultes et 2 mâles adultes, accompagnés des jeunes et subadultes.

Comme pour le léopard, la présence du lion est un indicateur de la santé écologique de la réserve. Le

statut UICN du lion est « vulnérable » (UICN 2010), avec une population décroissante.

3.4.6. BUffle d’afRIqUe (Kingdon 1997 ; Kingdon 2006) Le buffle d’Afrique (Syncerus caffer) est l’un des plus grands bovins d’Afrique. De grandes différences existent entre le buffle de forêt (S. c. nanus), et le buffle de savane (S. c. caffer et autres sous-espèces).

Entre ces extrêmes, il existe des types intermédiaires et mixtes. Le buffle de forêt est plus petit (poids maximal : 320 kg), avec des cornes plus réduites et moins courbées (adaptations qui lui permettent de se déplacer plus facilement dans la forêt). Le buffle de savane est nettement plus grand (poids jusqu’à 850  kg), avec des cornes beaucoup plus fortes, grandes et courbées. Dans la forêt, on trouve les buffles dans les clairières herbeuses (dont la crois-sance végétale est souvent limitée par le pâturage des buffles eux-mêmes), les cours d’eau ou les bas-sins inondés. Dans la savane, ils préfèrent les forêts et les vallées. Le buffle de forêt forme des groupes d’une douzaine d’individus composés de femelles, de jeunes et d’un ou plusieurs mâles. Les autres mâles sont généralement solitaires ou en petits groupes.

Les regroupements des buffles de savane sont plus importants, mais les groupes familiaux similaires à des « clans » sont également accompagnés de mâles.

En saison des pluies ou sur de grandes zones de pâturage, des regroupements de 2000 animaux sont possibles. Leur nourriture consiste principalement en graminacées et en plantes des marais.

3.4.7. COBe à CROIssant (Kingdon 1997 ; Kingdon 2006) Le cobe à croissant ou waterbuck (Kobus ellip-siprymnus) est distribué dans toutes les savanes encerclant le bassin congolais. Son pelage est brun-roux, et devient plus foncé avec l’âge. Son nom de

« cobe à croissant » fait référence au cercle blanc sur la croupe entourant la queue. Le mâle porte de lon-gues cornes. Il est sédentaire dans la savane, les zones boisées et les mosaïques, non loin d’un point d’eau permanent. Il se nourrit de graminées, de roseaux et de joncs. Dans le Bas-Uele, il est présent dans le domaine de chasse de Bili-Uere (Urom & Silengowa 2011). Tandis que sa population est en baisse, avec sa grande aire de distribution, son statut UICN reste

« préoccupation mineure » (UICN 2010).

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3.4.8. hIPPOPOtaMe (Kingdon 1997 ; Kingdon 2006)

L’hippopotame (Hippopotamus amphibius) est une grande et lourde espèce (longueur jusqu’à 350 cm, poids [mâles] jusqu’à 3200 kg). Il est silen-cieux et solitaire pendant la nuit lorsqu’il broute (graminées rampantes ou en touffes, qu’il coupe avec ses lèvres caoutchouteuses), mais devient très bruyant et social dans l’eau pendant le jour.

L’hippopotame est une espèce qui dépend

entière-ment de la présence de l’eau, et dont la distribution historique couvrait presque tous les bassins hydrolo-giques de l’Afrique. Aujourd’hui, elle a disparu d’une grande partie de l’Afrique du Sud et du bassin du Nil, où on la trouve seulement dans les zones maréca-geuses du haut Nil. Son statut est considéré comme

«  vulnérable  » (UICN 2010), avec une tendance décroissante des populations.

Références Birdlife International. 2011. « Species Factsheet ». http://birdlife.org

Demey, R. & Louette, M. 2001. « Democratic Republic of Congo ». In L. D. C. Fishpool & M. I. Evans (éd.), Important Bird areas in Africa and Associated Islands: Priority Sites for Conservation. Newbury & Cambridge, UK : Pisces Publications and BirdLife International (« Birdlife Conservation series » n° 11), pp. 199-218.

Hart, T. B. 2007. Évaluation de l’état de conservation du domaine de chasse de Rubi-Tele : inventaires fauniques, contexte historique et recommandations pour assurer la conservation du site en rapport avec la réhabilitation de la route natio-nale 4. Rapport soumis à l’AGRECO dans le cadre de la mise en œuvre de l’étude d’impact environnemental et social dans la zone du projet Pro-Routes. Bruxelles : AGRECO GEIE. E1718. Vol. 7.

Hicks, T. C. & van Boxel, J. H. s. d. « The Study Region and a Brief history of the Bili Project ».

Kingdon, J. 1997. The Kingdon Field Guide to African Mammals. AP Natural World, San Diego (USA) : Academic Press.

Kingdon, J. 2006. Guide des mammifères d’Afrique. Paris : Delachaux et Niestlé SA.

Ross, C. A. (Consulting editor). 1989. Crocodiles and Alligators. Londres : Merehurst Press.

UICN. 2010. IUCN Red List of Threatened Species. Version 2010.2. En ligne : www.iucnredlist.org

Urom, Ch. & Silengowa, H. 2011. « Rapport synthétique. Inventaire de la grande faune et des activités humaines du secteur Bili-Gangu, domaine de chasse de Bili-Uere. Février à septembre 2011 ». Kinshasa : Projet Bili-Uere, Lukuru Foundation.

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51 Encadré 4.2. La domestication de l’éléphant d’Afrique à Api

L’utilisation d’éléphants en Afrique fut l’idée du roi Léopold II. Au cours d’un voyage qu’il avait fait à Ceylan, alors qu’il était encore duc de Brabant, il avait été frappé des immenses services que rendait l’éléphant indien et de la facilité avec laquelle on parvenait à le domestiquer. Or, dans la région est-africaine et surtout dans l’Est africain allemand, d’où l’AIA lançait ses premières expéditions vers le centre de l’Afrique, l’expérience avait démontré les insurmontables dif-ficultés que présentaient les transports. Cette région ne présentait aucune grande voie navigable. De plus, on avait dû successivement renoncer au bœuf, au cheval et à l’âne qui ne résistaient pas à la tsé-tsé. Quant au chameau, celui-ci ne supportait pas la marche en terrains humides. Quant au zèbre, il semblait d’une sauvagerie dont nul effort ne pouvait triompher (Leplae 1918 : 43).

Léopold II eut alors l’idée d’essayer l’emploi et l’acclimatation des éléphants indiens et, en cas de réussite, de créer au centre de l’Afrique des établissements de dressage, à l’instar de ce qui se pratiquait à Ceylan. Le 1er juin 1879, le Chinsura venant de Bombay jeta l’ancre devant Msasani, dans une baie profonde, au sud de Dar-es-Salaam, en face de Zanzibar. À son bord se trouvaient quatre éléphants indiens dont Léopold II avait fait l’acquisition : deux mâles, Sundergrund et Naderbux, et deux femelles, Sosan Kalli et Pulmalla. Cette dernière était l’éléphant pilote, c’est-à-dire servant de guide aux autres. Un état-major indien, composé de treize Mahouts ou cornacs, les accompagnait (Ibid. : 44).

L’expédition vers le lac Tanganyika est commandée par l’Anglais Carter, ancien consul à Bagdad. Dix Zanzibarites au service des éléphants, huit askari ou soldats et 700 porteurs sont enrôlés. Mais l’itinéraire suivi présentait beau-coup d’inconvénients. Il traversait d’immenses marécages où les éléphants s’enfonçaient parfois jusqu’au poitrail ; des jungles épaisses où l’on devait se frayer un passage à la hache ; des cours d’eau à bords escarpés ; des difficultés pour trouver suffisamment de nourriture.

À l’arrivée à Mpwapwa, Sundergrund succombe à une attaque d’apoplexie. L’expédition avait traversé les deux tiers de l’Ugogo quand, au départ de Kanyne, Naderbux oscillait sur les jambes comme prêt à tomber. Pour mettre un terme à ses maux, on l’abattit d’un coup de fusil. Le 14 décembre 1879, l’expédition est en vue de Karema, Sosan Kalli se laisse choir tout à coup, respire bruyamment et meurt sans souffrances. Au moment où Carter quitte Karema, il restait encore l’éléphant pilote Pulmalla. Mais peu après ce départ, Pulmalla commence à refuser toute nourriture, dépérit et meurt de tristesse. Aucun éléphant n’arrivera sur le territoire qui deviendra l’État indépendant du Congo quelques années plus tard (Ibid. : 50).

En juillet 1899, le lieutenant Jules Laplume est envoyé au Congo pour commencer le dressage des éléphants. Il transite d’abord par Saint Fernand-Vaz, au Gabon, où se trouve un éléphant apprivoisé, avant de gagner l’Uele. Vers

En juillet 1899, le lieutenant Jules Laplume est envoyé au Congo pour commencer le dressage des éléphants. Il transite d’abord par Saint Fernand-Vaz, au Gabon, où se trouve un éléphant apprivoisé, avant de gagner l’Uele. Vers