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les PeUPles et les langUes

Carte 5.1. Les peuples du Bas-Uele Source : Bertrand (1943 : 266)

3.3. les aUtRes PeUPles

3.3.1. les MakeRe

Ils seraient d’origine soudanaise. Le père domi-nicain V.  H.  Vanden écrit que «  les Makere et les Mamvu représentaient l’avant-garde du groupe Mangbetu venu du Sud-Est du Soudan. Ils auraient habité la zone de la rive droite de l’Uele et même celle de la rive droite du Mbomu22 ». Dans leur

progres-22. Document sans titre (Archives Benoît Verhaegen, MRAC).

sion, les Makere auraient atteint l’actuel site d’Isiro dont ils auraient été chassés par d’autres peuples soudanais (Amadi, Abarambo, etc.). Ayant atteint l’espace de l’actuel territoire de Bambesa, ils furent mis aux prises avec les Azande, qui les poussèrent à se confiner dans l’actuel poste administratif de Zobia où ils forment trois chefferies (Makere I, Makere II et Makere-Bakete). Cela est confirmé par le com-missaire de district du Bas-Uele, A. Landeghem, qui écrit, dans sa lettre du 25 mars 1918 : « Les Makere forment une population très homogène dont les

Le voyage du prince régent Charles au Congo belge. L’accueil des guerriers ababua à Nebasa, 16 juillet 1947. (HP.1956.15.2025, collec-tion MRAC Tervuren ; photo A. Da Cruz [Inforcongo], 1947, © MRAC Tervuren.)

Arbre généalogique des populations ababua

Yeu Mokulu dit « Dede » Eboe I

Abamake

Eboe II

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principaux éléments sont administrés par le terri-toire de Zobia23. »

L’administrateur du territoire de Zobia en 1918, P. Hurlet, présente l’un des principaux sous-groupes des Makere dénommé « Mangiri ». Celui-ci se divise en trois grands clans comprenant chacun des sous-clans, suivant l’ordre de préséance qui figure dans le tableau 5.1.

23.Lettre écrite à Buta. Fonds d’archives Benoît Verhaegen, service Histoire et Politique/MRAC.

L’administrateur Hurlet retrace l’émigration des Mangiri (Makere)24 :

« Il y a environ 120 ans, les Mangiri habitaient la région de Poko à proximité de la montagne connue sous le nom de “Mandamia” sise à environ deux heures du poste actuel de Poko. C’est là que Mangir, le fondateur de la tribu, est mort. Ainsi que tous les autres Makere, ils durent quitter les rives de la Bomokandi pour évi-ter la menace azande des ancêtres d’Akengaie qui,

24.Note administrative « Chefferies indigènes » portant sur

« Renseignements sur la tribu Mangiri de race Makere » par l’AT de Zobia, P. Hurlet, le 24 avril 1918. Cf. Fonds archives Benoît Verhaegen.

Le chef Ebandrombi, accompagné de sa famille.

Ebandrombi (tribu Lele) et sa famille ont revêtu l’habit des jours de fête : pour les hommes, braies d’écorce battue et bonnet de raphia orné de plumes de perroquets ; pour les femmes, pagnes noirs en écorce, bracelets, chevelure édifiée en auréole sur une armature qui prolonge la tête.

(HP.1956.15.10294, collection MRAC Tervuren ; photo H. Goldstein, 1949, © SOFAM.)

deuxIèMe PARTIe – leS HOMMeS

75 progressivement, cherchaient à occuper leur pays et à

les asservir.

Leur exode eut pour direction générale le sud-ouest puis le sud. Ils franchissent rapidement l’outre-Bomo-kandi-Mokongo et arrivent dans le bassin de la Bima où ils s’installent sur la rivière Andu, gros affluent de droite de la Bima, près de l’ancien emplacement du vil-lage Zamambare (génération de Dongo). Ils voisinent à cet endroit avec les Makere Mambuli, installés plus à l’est et qui se trouvent bientôt en contact direct avec les tribus Ababua, Bokiba et Bulungwa. Nos Mangiri sont bientôt à nouveau importunés par les Azande, les mêmes qui les avaient forcés à abandonner la vallée du Bomokandi. Leur chef Bangeya, ancêtre d’Akangaie, à la tête de ses guerriers, leur livre combat sur l’Andu et les force à déguerpir.

Reprenant leur exode, ils franchirent la Bima et se fixent sur la rive gauche entre la Nendondo et la Bima, non loin de l’emplacement actuel de Zobia (génération de Bweda).

Les parures de l’épouse du chef Ebandrombi mises en perspective.

Elle porte le collier en dents de fauve et la grande trompe d’ivoire sculpté, insignes de sa dignité. Sa coiffure, aux cheveux étirés et disposés en auréole sur une armature qui prolonge la tête, est com-mune à divers peuples – Mangbetu, Mayogo, Bangba – qui vivent au sud de l’Uele. Selon la coutume de la région, elle a couvert son corps de dessins géométriques peints. Novembre 1949.

(EP.0.0.13567, collection MRAC Tervuren ; photo H. Goldstein, 1949, © SOFAM.)

Clans Sous-clans localisation

Mâbi Ongoroï (ou Maêta) Chefferie Buliane dans le territoire de Zobia Edongoï Chefferie Buliane dans le territoire de Zobia Ekbwi Chefferie Epuendrambo dans le territoire de Zobia Mambrugi Chefferie Buliane dans le territoire de Zobia Madjogo Ambambaï Chefferie Buliane dans le territoire de Zobia

Mokwangani Chefferies Buliane et Nedunga dans les territoires de Zobia et Banalia Maburenge Chefferies Buliane et Nedunga dans les territoires de Zobia et Banalia Mavokolo Chefferie Buliane dans le territoire de Zobia

Bândi Chefferie Nebula dans le territoire de Banalia Nabwobwo Chefferie Epuendrambo dans le territoire de Zobia Ezbui Namboro Chefferie Mazambangwe dans le territoire de Banalia

Bangeda Chefferie Mazambangwe dans le territoire de Banalia Epangaï Chefferie Mazambangwe dans le territoire de Banalia Amomba Chefferie Mazambangwe dans le territoire de Banalia Amagbula Chefferie Mazambangwe dans le territoire de Banalia Ama-Ewa Chef Mazambangwe dans le territoire de Banalia

Tableau 5.1. Les Mangiri

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De la Nendondo, ils recherchent volontairement de nouvelles terres et se fixent sur la Budanga, affluent de gauche de la Bima (près de l’ancien village N’Gulu).

Après un court arrêt, ils quittent le bassin de la Bima et se fixent sur la Dinda, affluent de droite du Rubi (géné-ration d’Amaesima).

De la Dinda, ils vont à la M’Bwade, autre affluent de droite du Rubi (emplacement actuel Nengusu) puis de la M’Bwade au Rubi (où Amaesima meurt).

Franchissant le Rubi, ils vont sur la M’Bele, affluent de gauche du Rubi (près de l’actuel Kbunduka). Ce fut à cet endroit que les premières reconnaissances des Européens de l’EIC les trouvèrent installés (vers 1897).

À l’approche des Blancs et craignant un nouveau dan-ger, les Mangiri fuient de tous côtés : Mazambangwe et ses Ezebui s’en vont sur la Longele, affluent de droite de l’Aruwimi, Nembula avec les Bândi et les Mavokolo, se réfugient chez les Bombuli de Bokwama, Nedunga avec sa partie des Mokwangani et des Maburenge cherchent asile chez les Bokiba d’Atoya. Seuls Buliane et Mâli (Mavokolo), avec quelques Mâbi et Madjogo, demeurent entre la M’Bele et le Rubi où après avoir opposé quelque résistance à nos troupes ils se soumet-tent à notre autorité.

Dès que le calme fut rétabli, la plupart des Mâbi et des Madjogo vinrent progressivement se regrouper autour de Buliane qui avait été reconnu chef. Seuls, quelques Mokwangani et Maburenge dissidents, sous Nedunga, se fixèrent dans le versant de l’Aruwimi ainsi que la plupart des Bândi, et le groupe entier des Ezebui, sous Mazambangwe.

Depuis 1906, Buliane et les Mangiri soumis à son auto-rité se sont installés près du Rubi sur la route Zobia-Kama-Kole. Le village principal se trouve à environ 500 mètres de la rivière.

[…]Lorsqu’ils habitaient encore sur la Dinda, les Mangiri entrèrent en contact avec un groupement de Mâka (nains) vivant sous l’autorité d’un certain Ependangwe.

Ces derniers avaient tout d’abord attaqué les Mangiri d’Amaesima qui revenaient de la région de Panga où ils avaient été chercher de l’huile. Les Mâka assaillirent la caravane, tuèrent à coups de flèches la plupart des porteurs et s’emparèrent de l’huile.

Amaesima entra en pourparlers avec eux, pratiqua l’échange du sang avec le chef des nains et depuis lors ceux-ci vivent en bonne intelligence avec les Mangiri, se maintenant en contact avec eux et habitant dans le rayon de la chefferie.

Des villages de Mâka sont installés à environ 30 minutes sud-ouest du village de Buliane, rive gauche du Rubi. D’autres campements de nains se trouvent

dans les environs d’Epuendrambo vers le sud. Les autochtones chassent pour les Mangiri et leur cèdent viande et ivoire contre vivres de plantations, cou-teaux et outils. Ils échangent également des femmes.

Leur chef Mambwongi vient de mourir, son fils Tata lui succède mais il y a, paraît-il, compétition avec un autre notable Mâka qui habite dans les parages d’Epuendrambo.

Ces populations se montrent rebelles à toute civili-sation et ne sont pas encore entrées en contact avec l’administration. Il faudra bientôt s’en occuper sérieu-sement et tâcher de les former soit en chefferie auto-nome, soit en sous-chefferie à caractère héréditaire sous la dépendance du représentant légal des Mangiri.

[…]

Buliane a été investi le 24  octobre 1907. Un certain Mangomasi se rendit indépendant et fut reconnu la même année chef des familles Ekbui (Mâbi) et Nabwobwo (Madjogo). Mangomasi est mort en 1912.

Son fils aîné Epuendrambo lui succède mais comme sous-chef dépendant de l’autorité de Buliane.

À la mort de Buliane, il conviendra pour la succession de revenir à la branche aînée dont Naïodwi est le repré-sentant recevant l’hommage de tous les Mangiri. »