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PanORaMa MUsICal de l’Uele

1. syMBOles de POUvOIR

3.4. les flûtes

À l’exception des flûtes en ivoire –  employées plutôt dans la sphère politique et rituelle – les flûtes en corne et en bois jouent, elles aussi, un rôle « non institutionnalisé ».

Ces instruments disposent d’un nombre de trous de modulation variable, entre deux et quatre, ils peu-vent produire entre trois et cinq degrés différents. En outre, les instrumentistes avertis sont capables d’al-térer ultérieurement la hauteur des notes jusqu’au demi-ton, en augmentant la pression exercée sur la colonne d’air au moyen d’une technique de jeu dite over-blowing (Jadinon 2014). Lorsque le flûtiste désire obtenir un registre aigu, il souffle plus fort, alors qu’il fait le contraire s’il veut jouer dans un registre plus grave.

Malgré la carence de documentation et d’en-registrements concernant les exemplaires issus de l’Uele, les témoignages de la région du Rwanda se révèlent particulièrement précieux, étant donné que des flûtes droites identiques ont été repérées dans les deux territoires. Sans doute, la technique de jeu et le rôle sociologique sont similaires. Plus particuliè-rement, la flûte en question est l’umwirongi – dont l’objet en figure (Fig. 7.42 : MO.1970.56.22) est un représentant –, un instrument en roseau joué par les pasteurs pour tuer le temps, ou encore pour aver-tir les éventuels voleurs de bétail que le gardien est vigilant. Parfois il est employé pour accompagner et soutenir des chants pastoraux. Les musiciens d’umwirongi non pasteurs s’en servent pour rester éveillés le soir, pour accompagner des danses ou comme simple amusement. Traditionnellement, cet instrument était l’apanage du sexe masculin, bien qu’aujourd’hui il soit joué également par des femmes.

En ce qui concerne le doigté, lorsqu’il n’y a que deux

Fig. 7.42. Flûte en roseau, région de l’Uele.

(MO.1970.56.22, collection MRAC Tervuren ; photo J. Van de Vyver,

© MRAC Tervuren.)

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trous de modulation, l’index gauche ferme le trou supérieur et le droit le trou inférieur. Dans le cas des exemplaires à quatre trous, l’index et l’annulaire de la main gauche ferment les trous supérieurs, tandis que les mêmes doigts de la main droite s’appuient sur les trous inférieurs. Les médius font office de support (Gansemans 1988). Comme précédemment affirmé, les flûtes en corne, comme celle représentée à la figure 7.43 (MO.0.0.10323), font également partie de cet ensemble. Ce petit objet n’est muni que de deux trous de modulation et il est orné de minces bandes métalliques.

Fig. 7.43. Flûte en corne, récolté à la chefferie de Karesia, Dongo.

(MO.0.0.10323, collection MRAC Tervuren ; photo J. Van de Vyver,

© MRAC Tervuren.)

Références Ouvrages

Arom, S. 1985. Polyphonies et polyrythmies instrumentales d’Afrique centrale. Structure et Méthodologie, Vol. I & II.

Paris : Salaf.

Chemillier, M. 2007. Les Mathématiques naturelles. Paris : Odile Jacob.

de Dampierre, E. 1991. Harpes zandés. Paris : Klincksieck.

de Dampierre, E. 1995. Une esthétique perdue. Paris : Presses de l’École normale supérieure.

Demolin, D. 1990. « Music and dance in Northeastern Zaire. Part 1. The social organisation of Mangbetu music ». In African Reflections. Art from Northeastern Zaire. New York : American Museum of Natural History.

Dehoux, V. 1986. Chants à penser Gbaya (Centrafrique). Leuven : Peeters.

Gansemans, J. 1988. Les Instruments de musique du Rwanda. Tervuren : Musée royal de l’Afrique centrale (« Annales sciences humaines », vol. 127).

Jadinon, R. 2014. « Le son et la forme, la musique et l’esthétique des instruments en ivoire du Nord-Congo ». In M.-L. Felix, White Gold, Black Hands. Ivory Sculpture in Congo. Vol. 7. The People’s Republic of China : Gemini Knosp, R. 1968. Enquête sur la vie musicale au Congo belge 1934-1935. Questionnaire KNOSP, Vol. II. Tervuren : Musée Sun.

royal de l’Afrique centrale (« Archives d’ethnographie », n° 12).

Laurenty, J.-S. 1995. L’Organologie du Zaïre, Tome II, Les Sanza – Les Xylophones – Les Tambours à fente. Tervuren : Musée royal de l’Afrique centrale (« Annales sciences humaines », vol. 147).

Laurenty, J.-S. 1997. L’Organologie du Zaïre, Tome IV, Les Cordophones. Tervuren : Musée royal de l’Afrique centrale (« Annales sciences humaines », vol. 158).

Miller, T. R. 1990. Music and Dance in Northeastern Zaire. Part 2. Collecting Culture: Musical Instruments and Musical Change. In E. Schildkrout & C.-A. Keim, African Reflections. Art from Northeastern Zaire. New-York : American Museum of Natural History.

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Thèse

Le Bomin,  S. 2000. «  Le patrimoine musical des Banda Gbambiya (République centrafricaine). Catégorisation – Systématique de la musique pour xylophones ». Volume I. Thèse de doctorat. Paris : École des hautes études en sciences sociales, département d’Anthropologie sociale et d’Ethnologie (non publiée).

Articles

Bariaux, D. & Demolin, D. 1995. « Naissance de la voix d’un tambour à fente chez les Mangbetu. Du geste de l’artisan à celui du musicien et du danseur ». Cahiers d’ethnomusicologie, en ligne : http://ethnomusicologie.revues.org/1193, mis en ligne le 4 janvier 2012, consulté le 13 janvier 2014.

Giorgetti, F. 1951. Note di musica Zande. Vérone : Missioni Africane.

Discographie

De Keyser, I. 2010. « Musique des Azande ». In Anthologie de la musique congolaise. Vol. 12. Bruxelles : Fonti Musicali.

Demolin, D. 1987. Mangbetu-Zaïre. Tervuren : Centre ethnomusicologique Paul Collaer.

Demolin, D. 1992. Mangbetu, Zaïre : Haut-Uele. Tervuren : Musée royal de l’Afrique centrale (Fonti Musicali).

Documents d’archive

Hutereau, A. 1912. Note sur les instruments congolais. Archives du Musée royal de l’Afrique centrale.

Hutereau, A. 1902. Notes analytiques sur les collections ethnographiques du Musée du Congo. Tome I, Fascicule I. Tervuren : Musée du Congo (« Annales du Musée du Congo, Ethnographie et Anthropologie, Série III »).

 Catalogue

Bruguière, P. & Grootaers, J. -L. 1999. La Parole du fleuve. Harpes d’Afrique centrale. Paris : Cité de la musique.

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Quelques illustrations de danses dans le Bas-Uele

Les aporo des Azande, chez Gingi, fils de Bandide Bandage.

(AP.0.0.31264, collection MRAC Tervuren ; 1913.) Les danseurs azande dans le kponingbo.

(AP.0.1.6609, collection MRAC Tervuren ; © MRAC Tervuren.)

Danseuses makere.

Danse de la circoncision appelée

« nebopo » : chez les Makere de la région de Medje. Lors de la circoncision des garçons du village, les femmes, en signe de réjouis-sance, se groupent, couvertes de jupes de feuillage, devant l’orchestre. Dans une première figure, elles s’avancent en colonne : chaque danseuse, arrivée devant le tambour, s’arrête, donne un mouvement expressif des reins, puis va reprendre sa place à la queue du groupe. Lorsque cette figure a été plusieurs fois répétée, les dan-seuses, fatiguées, forment un grand cercle et dansent, selon un rythme assez doux, se bornant à ajouter à un lent piétinement, deux pas vers la droite et deux pas vers la gauche. La fantaisie de l’une ou l’autre conductrice de ballet peut évidemment corser ou modifier ces divers mouvements.

Voici les danseuses, bruissantes de tous leurs tutus en feuilles de bananier.

(AP.0.1.6311, collection MRAC Tervuren ;

© MRAC Tervuren.)

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La « danse des tabourets » chez les Makere de la région de Medje.

Cette danse très curieuse est empruntée à certains

groupe-ments du peuple mangbetu.

Les femmes, assises sur leurs tabourets, les jambes pliées en angle aigu selon leur pose tradi-tionnelle, forment un grand arc de cercle. Mains pendantes, elles lancent les bras une fois à gauche, une fois à droite ; puis, des deux mains, elles saisissent leur siège et, par deux fois, avancent laté-ralement tantôt à gauche, tantôt

à droite. Sous la progression individuelle le cercle peu à peu se ferme et, jusqu’à ce que la fatigue les prenne, les femmes sans arrêt recommencent, en chantant, ces mêmes mouvements de jetés de bras et de menus déplacements latéraux de leurs sièges. Voici les danseuses, le cercle formé, jetant leurs bras, mains ballantes, de l’un et de l’autre côté du corps.

(HP.2009.3.281, collection MRAC Tervuren ; photo H. Goldstein,

© SOFAM.)

Une danse de parade chez les Makere.

Entourés des gens du village, les danseurs forment un cercle, les uns portent des faisceaux de lances, les autres balancent leur bouclier derrière eux au ras des reins. L’orchestre, à grands coups de

trompes et de tambour, prend place, lui aussi, dans le cercle.

(EP.0.0.14625, collection MRAC Tervuren ; photo H. Goldstein, ca 1950, © SOFAM.)

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125 Une danse guerrière chez les Makere.

(HP.2009.3.282, collection MRAC Tervuren ; photo H. Goldstein, © SOFAM.)

À Buta : esembe (tam-tam) et kpokpo (gong), instruments de l’orchestre de danse ababua.

(AP.0.0.11779, collection MRAC Tervuren ; photo L. Preud’homme, 1909.)

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Gbadha, danse ababua.

(EP.0.0.11397, collection MRAC Tervuren ; © MRAC Tervuren.)

Dikpili, danse ababua.

Les danseurs portent legamba (écorce d’arbre tannée) et bembulu (chapeau fait de plumes d’oiseau).

Le 16 juillet 1947, le prince régent Charles, se rendant de Buta à Paulis, s’est arrêté à Nebasa. Conduits par leur chef vêtu d’une tenue blanche à l’européenne (à gauche), les indigènes ababua exécutèrent une danse en hommage au Prince, que l’on aperçoit au centre de la photo,

entouré de quelques membres de sa suite.

(HP.1956.15.2410, collection MRAC Tervuren ; photo A. Da Cruz (Inforcongo), 1947, © MRAC Tervuren.)

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