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le BahR el-ghazal et l’enClave de ladO

4. les RésIstanCes lOCales et la lIqUIdatIOn des sUltanats

4.3. le sUltan dJaBIR

Selon le père Léon Lotar, Djabir ou Bokoyo (plus exactement Pakpuyo, cf. infra), fils de Dwaro, fils d’Hiro, était un « Bandia » installé à la Dumé, affluent du Mbomu. Vers 1875, il doit fuir la résidence de son père et se réfugie chez Swa, fils de Gaia, fils de Gatanga, fils d’Ino, qui le garde en détention par crainte de ses intrigues. Bokoyo parvient à s’enfuir,

pour se mettre au service du Nubien Gezere, agent de Ziber, installé sur le Mbomu, près du confluent de la Salanga. Pareille situation lui permettra de vivre indépendant de sa famille. Dès ce moment, il prend le nom arabe de Djabir. Il accompagne Gezere à Karthoum, puis en revient avec l’Arabe Kabasi, pour fonder une station à la Dume. Puis il guide Alikobo dans le bassin de la Bili et vers le Bas-Uele (Lotar 1946 : 343-344).

à l’improviste, me fit annoncer par son fils Dumba qu’il arrivait, ce qu’il fit, quelques minutes après lorsque je me fus avancé au-devant de lui, seul et sans armes.

Il était accompagné d’une garde forte de plusieurs centaines de guerriers armés de fusils, serrés autour de lui, tandis que des centaines d’autres se tenaient en surveillance de tous côtés. Il eut quelque peine à se sentir à l’aise et ne prolongea guère sa visite. Mais avant de partir, il réitéra ses protestations de loyalisme, et de fait, j’obtins toujours de lui ce que je demandais.

Ce jour-là, en ma personne et en celle de Buysse mon adjoint, Enguettra avait, pour la dernière fois, vu la face d’un Blanc. Les événements allaient se précipiter. Sur ma lettre annonçant la soumission d’Enguettra, le commandant de Renette, commissaire de district faisant fonction, me répondit que je n’avais pas le droit de prendre aucune initiative, que d’ailleurs une expédition militaire était en préparation et que la soumission du sultan ne pourrait être envisagée que lorsque les troupes occuperaient son village et ne serait reçue que par le chef d’expédition.

Loyalement j’avisai Enguettra de la situation et il fut convenu qu’il n’opposerait aucune résistance, qu’il ferait le vide devant les troupes et que l’on aviserait en accord avec les événements. Ne pouvant préjuger des sanctions que l’on serait disposé à prendre contre sa personne, je ne voulus donner aucun conseil pour ou contre la reddition. Et l’expédition s’en vint sous la direction du commandant de Renette aidé du capitaine Acerbi, des lieutenants Lemmes, Debroux, Declerck et Tibaut, des sous-officiers Verbeek, Monami, Verecken et d’autres dont j’ai oublié les noms. Le service sani-taire était assuré par le docteur Moscioni.

La concentration des troupes terminée, toutes dispositions prises, la colonne se mit en marche. Dispositif de guerre, armes chargées, doigt sur la détente, pendant des jours, guidée par Dumba en personne, elle devait progresser dans la solitude de la forêt. Sans un coup de fusil, sans incidents, sans faste et sans gloire elle atteignit son objectif : le village d’Enguettra. Appelé par d’autres devoirs, le chef d’expédition commandant de Renette passa alors le commandement au capitaine Acerbi. Peu de temps après son départ, une nuit je fus éveillé en sursaut par la sentinelle qui, tout effarée, me jeta : « Enguettra akoufi » (Enguettra est mort).

En effet, Enguettra était mort et cette mort, après tant d’années, soulève encore en moi un tel monde de répulsion que je n’ose m’y arrêter. Comme je l’ai dit plus haut, Dumba fils et héritier d’Enguettra, mandaté par lui et par moi, guidait la colonne de marche ; j’étais renseigné heure par heure et les émissaires dans l’un ou l’autre sens n’arrêtaient pas un instant leur activité. C’est ce qui donna à quelqu’un l’idée de s’emparer de Dumba et sous la menace des fusils, de le contraindre à conduire au lieu où se cachait son père.

Honteusement, la nuit, dans le plus grand silence, la sinistre colonne s’avance. Un groupe de cases dans une clai-rière, un cri d’alerte, un coup de feu et c’est dans la nuit noire, une fusillade insensée, au hasard, sans but. Résultat : des femmes hurlant dans la nuit, un cadavre. Une balle perdue, atteignant Enguettra tapi au fond d’une case, l’avait, au milieu de ses femmes, tué sur le coup. Ainsi finissait sans gloire la vie d’un guerrier qui, pendant tant d’années, avait bravé avec succès toutes les forces lancées contre lui.

Je n’ai jamais cherché à connaître le nom de celui qui avait commandé cette opération, pas plus que celui qui avait tiré, ainsi, dans ma mémoire, mon mépris ne se porte sur aucun nom. Mais, la seule fois où par la suite Dumba vint pour se présenter, c’est en conservant une distance de cinquante pas entre lui et moi et par le truchement d’un inter-prète que je lui signifiai l’attitude que j’entendais garder désormais vis-à-vis d’un fils qui avait guidé les meurtriers de son père.

Par la suite, Enguettra supprimé fut remplacé par un autre en aval à l’emplacement du gîte d’étape Katikati. À ce poste, créé par mes soins, fut donné le nom de Likati qu’il porte toujours.

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171 Le chef Djabir.

(AP.0.0.12198, collection MRAC Tervuren ; photo mission A. Hutereau, 1911-1913.)

Portrait du sultan Djabir, montrant ses tatouages qui indiquent sa naissance en captivité. Il portait trois larges cicatrices

parallèles sur chaque joue.

(AP.0.0.186 collection MRAC Tervuren ; photo F.L. Michel.)

Le sultan Djabir en tenue arabe.

Photo 1894. (AP.0.0.89, collection MRAC Tervuren ; photo F.L. Michel, 1894.)

Le sultan Djabir avec son sabre obtenu des Arabes.

(AP.0.0.187, collection MRAC Tervuren ; photo F.L. Michel, 1894.)

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Quand, en 1884, les agents du gouvernement égyptien se retirent au Bahr el-Ghazal, à l’appel de Lupton, Djabir suit Alikobo. Mais arrivé à l’Angoli, affluent de la haute Gangu, affluent de la Bili, Djabir déserte avec ses gens, emportant armes et munitions.

Il va s’installer entre l’Angoli et les territoires de Ngia, chez son frère. Abdallah, sous-ordre d’Alikobo, est rentré au Mbomu, probablement pour y trafiquer en son nom personnel. Djabir, bien armé, attaque le Nubien sur la Dume et le vainc. Il s’empare des armes du vaincu. Djabir s’avance alors vers le sud et s’installe à la Zagiri et la Mamboya, affluent nord de l’Uele59.

À ce moment, Rafaï, revenu du Bahr el- Ghazal, où il a combattu les Mahdistes aux côtés du gouvernement égyptien, est revenu au Shinko. Mais, craignant une incursion mahdiste, il descend vers le sud et s’installe à la Mago, en aval du village Djabir.

Craignant que le sultan Djabir lui vole son arme-ment, il l’emprisonne pendant deux ans (1886-1888).

Djabir parvient à s’enfuir et se met en rapport avec l’Arabe Panga-Panga pour attaquer Rafaï, qui, de

59.On suit ici la biographie reproduite dans l’ouvrage de Lotar (1946).

son côté, s’allie à l’Arabe Lembe-Lembe. Mais Djabir détourne de Rafaï ses protecteurs et Rafay retourne vers le nord s’établir à la Zoko, sous-affluent de la Gangu.

Djabir se met alors en rapport avec les Européens arrivés à Basoko. Il rencontre Becker à Basoko en 1889. Il propose à l’Européen de le guider et le conduit jusqu’à sa résidence de la Zagiri. En 1890, Milz et Roget viennent de Basoko fonder une rési-dence à deux heures de Djabir. Celui-ci les aide et guide même Roget jusqu’au nord de la Bili et au Bomokandi, contribuant ainsi à réaliser la liaison Uele-Mbomu.

À partir de ce moment, l’histoire de Djabir est celle d’un chef ayant effectivement fait sa soumission à l’EIC. Cependant, il ne renonce pas à l’invraisem-blable velléité d’indépendance et d’extension de son autorité en territoire bandia. Ses intrigues le font suspecter d’insoumission à l’État. Le 6 juin 1903, le commissaire général Georges Wtterwulghe explique, dans une lettre destinée à l’inspecteur d’État Hanolet, que Djabir obéit aux ordres de l’EIC, mais refuse de se présenter au poste. La raison de la crainte de Djabir est la suivante :

Le village de Djabir.

(AP.0.0.87-1, collection MRAC Tervuren ; photo F. L. Michel, 1894.)

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« Depuis mon arrivée (1er juin), j’ai fait appeler le sul-tan Djabir et il ne s’est pas rendu à mon appel. Hier j’ai envoyé monsieur François chez lui pour l’engager à venir me voir. Djabir refuse. Il croit que je le fais appe-ler pour le mettre à la chaîne, malgré tout ce que je lui ai fait dire.

Des imprudences ont été commises ici par le sous-officier Goossens, alors qu’il avait le magasin au poste de Djabir. Il aurait dit à Djabir ou à un de ses envoyés qu’il ne se passerait pas quatre mois avant que ce sul-tan ne soit mis à la chaîne et envoyé à Boma. Je vous prierais de bien vouloir interroger le sous-officier Goossens à ce sujet et de le punir pour avoir compro-mis, par la légèreté de son langage, la situation poli-tique d’une partie du territoire.

Djabir prétend que ce que disent les “petits” Blancs est l’écho de ce que de plus grands ont dit. D’où sa crainte de venir au poste. L’incident François-Djabir que l’on vous a rapporté est absolument faux. J’ai interrogé à cet égard l’homme de confiance du sultan. La situation politique est très bonne ici. Djabir fournit tout ce qu’on lui demande. Il récolte même du caoutchouc. Il m’a fait dire qu’il remplira toutes ses obligations et commen-cera à fournir tout ce que nous exigerons de lui. Mais il a peur de venir au poste. Il lui faudra encore quelque temps, dit-il, avant que sa peur ne le quitte60… » En 1905, pour en finir avec ses tergiversations et ses intrigues, l’EIC devra recourir à une occupation armée de la chefferie de Djabir, occupation qui don-nera lieu à des combats gagnés par Laplume et ses adjoints et se termineront par la fuite du sultan en territoire des Français, au nord de Gufuru. DeBauw relate l’événement61 :

«  Djabbir naquit à N’Simbara sur la rive gauche du Mbomu. Il appartient à la race “bandja”. Son nom de naissance est “Bakoyo”. Son père s’appelait Duaro, il eut trois fils : Dzia, l’aîné, qui assistait à notre instruc-tion ; Djabbir, le sultan actuel, et le puîné Ekarbara qui est mort. Il eut aussi une fille du nom de Mahero qui épousa Nega. Le beau-frère de Djabbir fut le premier ministre de son père.

60.Lettre de Wtterwulghe à Hanolet, Djabir 6  juin 1903  : MRAC, Papiers Hanolet 51.33.141.

61.De Bauw. « Sultanats du Nord et du Nord-Est de l’EIC.

Renseignements historiques ou biographiques  ». MRAC, Papiers De Bauw RG 674.

Le sultan Duaro dont le sultanat comprenait le terri-toire situé entre l’Uere-l’Uele et le Mbomu […]. Hero, le grand-père de Djabbir, reçut ce sultanat en héritage de son père Duma. À sa mort, Hero divisa ses États entre ses enfants. L’autorité de ces sultans était effective en ce sens qu’ils rendaient la justice, se faisaient payer des impôts et avaient leurs troupes régulièrement recrutées sur tout le territoire.

Tout ceci se passe de la sorte jusqu’à l’arrivée des Arabes, alors se place un événement intéressant dans la vie de Djabbir qui eut dans la suite une grande por-tée et le fit devenir sultan. Les Arabes descendus du Nil jusqu’au Mbomu entrèrent dans les domaines de Duaro installé dans la localité qui porte ce nom. Cette localité était solidement occupée. Djabbir n’avait que quatorze ans à cette époque, il voulait voir du pays et se porta au devant des Arabes et demanda de les accompagner. Les Arabes l’acceptèrent sans hésitation comptant bien en faire plus tard un instrument pour accomplir leurs desseins perfides.

Djabbir donc suivit les Arabes volontairement, sa disparition causa une vive colère chez son père qui arma ses troupes et partit en guerre contre les Arabes.

Ceux-ci ne tardèrent pas à lui infliger un échec, mais ils ne le poursuivirent pas et revinrent vers Khartoum.

Djabbir fut placé à Pango où l’on s’occupa de son éducation. Pango est situé sur la rivière de ce nom, affluent du Bahr Dembir. Djabbir eut l’occasion d’al-ler à Khartoum où il séjourna trois mois environ. Les Arabes reprirent le chemin vers la région de l’Uele quatre ans après leur rencontre avec les troupes de Duaro, mais cette fois ils suivirent la voie de terre, tra-versèrent une partie du Kordofan, le territoire de Ziber, passèrent le Mbomu et vont à l’ancienne résidence de Duaro. Duaro avait abandonné cette résidence à l’an-nonce de l’arrivée des Arabes. Duaro passa le Mbili, le repassa plus en aval et va s’installer à Gufuru où il mourut de maladie.

Les Arabes installent Djabbir comme sultan, il va occuper les rives de l’Uele et c’est là où se trouve actuellement le poste de l’État qu’était situé le village de Djabbir au moment de l’arrivée des Européens. Le premier fut monsieur Becker. L’autre à côté duquel il planta sa tente existe encore.

Le nom que Djabbir porte actuellement lui fut donné par les Arabes qui prononçaient difficilement

“Bakoyo”, dit-il. Ils le nommaient “Gabri” qui fut pro-noncé “Djabbire” par les Soudanais arabisés et les Européens ont dit “Djabbir”.

Les Arabes ont installé Djabbir non pas précisément comme sultan mais comme gouverneur pour assurer l’exécution de leurs ordres dans la contrée. Il a exercé

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son pouvoir pendant toute la durée de la domination arabe. À la même époque “Abd Allah” remplissait les mêmes fonctions que Djabbir, mais du côté de Dem Bezir.

Les Derviches ont chassé les Arabes, ils sont venus du Kordofan qu’ils avaient conquis. Gordon Pacha, à la tête d’une petite armée possédant des armes perfec-tionnées et du canon, voulut les chasser du Kordofan mais les Derviches le repoussèrent et poursuivant leur marche, ils arrivèrent au Bahr el-Ghazal, territoire de Ziber, se répandant dans la région de l’Uele d’où ils expulsèrent les Arabes. Ils ne restèrent qu’une année, les indigènes les décimèrent en détail en les empoi-sonnant ou à l’aide d’escarmouches continuelles. Ils se retirèrent sur le territoire de Ziber et allèrent de là au Kordofan.

Après le départ des Derviches, Abdallah songea à reprendre les territoires de Djabbir, mais celui-ci ne tenait plus à subir le joug des Arabes, marcha contre leurs troupes, leur infligea une défaite sérieuse à la Duma et les repoussa au-delà du Mbomu. La Duma dont il est question est située entre Semio et Sensa.

Djabbir fit aussi la guerre à Rafaï qui voulait dominer sur les territoires après le départ des Arabes. Il y a sept ans environ de cette guerre qui ne dura que deux jours mais qui eut des conséquences sérieuses sur le sens que Rafaï fut repoussé au-delà du Mbomu. »

Ci-après, le récit militaire de la guerre qui a conduit à la mise en fuite défintive de Djabir. Le

document est d’un officier qui signe avec le pseudo- nyme « Gwangali » (Djabbir. MRAC, Papiers Léon Lotar 61.48.2).

Lifaki, fils du chef Djabir.

(EP.0.0.10085, collection MRAC Tervuren ; photo mission A. Hutereau, 1911-1913.)

Djabbir, ancien esclave, portant encore sur les joues les tatouages montrant sa naissance en servitude (trois larges cicatrices parallèles sur chaque joue) était un ancien boy de Van Kerkchoven promu par la suite et pour les besoins du moment, chef des auxiliaires armés accompagnant Van Kerckhoven et Milz dans leur marche vers le Nil. Intelligent et dévoué, brave et débrouillard il rendit de réels services à l’expédition, mais quand on voulut lui faire rendre les Albini qui lui avaient été confiés, il refusa net, arguant que quand un homme de qualité donne quelque chose, il ne le reprend pas.

L’autorité de l’État n’était pas assez établie pour essayer de le désarmer par la force et l’on crut de bonne politique de nommer Djabbir officier de la Force publique avec traitement qui lui était payé en marchandises par le poste auquel on avait donné son nom. Ce poste, actuellement Bondo, était situé sur la rive droite de l’Uele à deux jours de marche d’Enguettra sur la Likati. La rive gauche était occupée par la forte tribu des Mobengués, guerriers intrépides, en rivalité constante avec les Azande, dont ils n’avaient pas la force du nombre mais qu’ils égalaient en courage. Ces Mobengués avaient auparavant occupé la rive droite de l’Uele jusqu’au Bili mais Djabbir les avait dépossédés de leur territoire et les avaient rejetés sur la rive gauche. Il n’avait pu aller au-delà mais une haine terrible divisait ces deux races que seule contenait la largeur de l’Uele qui les séparait.

Ancien esclave, sans territoire, mais chef de bande bien armé, Djabbir, sous la protection de l’État, après s’être taillé un domaine, avait étendu son autorité sur toute la rive droite depuis le pays des Sangos, dépendant de l’Ubangi jusqu’au village de Zia qui confinait aux anciennes frontières de la zone Uere-Bomu. Au nord, la rivière Bomu formait en réalité la limite des territoires qu’il avait asservis. Il n’avait pas osé pousser plus loin ses prétentions, un peu… parce

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175 qu’au-delà c’était le Congo français mais surtout parce que Rafaï, Azande, et Bangassu, chef des Sakaras, étaient de force à lui barrer la route. Pratiquement ce vaste territoire ne produisait rien pour le service de l’État, sauf un peu de caoutchouc de mauvaise qualité, parce que mal travaillé, et de l’ivoire qui était payé à un taux exorbitant en poudre et en fusils, le fournisseur étant Djabbir le grand sultan du Nord, capitaine de la Force publique que tout le monde cajolait, par peur… Pour le reste, ce n’était qu’un bushman, prétentieux comme tout esclave devenu chef, un individu dangereux qu’on a laissé trop longtemps faire la loi sur cette vaste portion de l’Uele.

Je devrais peut-être m’étendre plus longuement sur la personnalité de ce potentat noir, fort et audacieux par la faiblesse des Blancs, mais je craindrais de ne pas le faire avec toute l’impartialité désirable tant le personnage m’a toujours écœuré.

Il avait installé son village à environ une heure du poste et on avait admis qu’il s’entoura d’une véritable forte-resse à laquelle on accédait, après avoir passé la Djagiri, par un vaste champ de tir bien dégagé. Pour pénétrer dans sa zeriba, seules deux portes en chicanes à la mode arabe. Dans cet enclos beaucoup plus vaste que le poste de l’État, quantité de maisons construites en glaise triturée et séchée, d’une résistance presque égale à la brique. Dans tout cela, du monde et dans tous les environs, partout à des centaines de mètres de la ronde, des maisons, encore des maisons cachées dans les champs de manioc, les plantations de bananiers, les palmeraies.

Voilà où il se trouvait… quand Holm lui annonça son intention de faire une marche militaire dans ses États, où

Voilà où il se trouvait… quand Holm lui annonça son intention de faire une marche militaire dans ses États, où