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Yacouba Yaro

Dans le document L’ENFANT EXPLOITÉ (Page 136-152)

tôles métalliques, grouille. de plusieurs milliers de chercheurs d’or.

C’est N l’Eldorado burkinabè >>. Celui-ci, sfiué au nord-est de Dori et à une dizaine de kilomètres de la frontière du Niger, est à plus de 370 km de Ouagadougou. L’exploitation de l’or y est faite de manière artisanale. Elle constitue la principale activité des popula- tions installées dans ce village. Sur ce site aurifère, travaillent plus d’une dizaine de milliers d’orpailleurs, hommes, femmes et enfants. Les femmes et les enfants participent directement à I’orpaillage ou aux activités annexes, telles que le petit commerce, la restauration, la prostitution et le commerce illégal de stupéfiants et de drogues

...

L’objectif principal de cet exposé est de présenter le travail des enfants sur le site aurifère, ob ils constituent environ 30 9% des travailleurs. Ainsi chercherons-nous à analyser lés conséquences économiques, sanitaires, scolaires qui résultent de leur participation l’exploitation artisanale de l’or à Essakan.

tiellement d’une enquête‘ socio-démographique menée auprès d’un échantillon représentatif de 30 ménages, d’une dizaine d’enseignan

120 enfants pris aléatoirement sur le site ou les villages a

En outre, l’analyse est construite à partir des observations et des entretiens réalisés auprès des responsables administratifs et sani- taires d’Essakan, lors de notre séjour du 13 au 27-avril 1992.

Mais il faut souligner que les informations et les données ont été réactualisées en partie, en août-septembre 1994, grâce à la colla- . boration des techniciens et des responsables administratifs de la Compagnie d’exploitation des mines d’or du -Burkina (CEMOB), constamment présents sur le site,- sponsabilité gesT tionnaire d’Essakan qui incombe

Pour cet exposé, les données émanent es

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136 L‘ENFANT EXPLOITÉ

Organisation et répartition du travail à Essakan

Organisation de l’orpaìllage sur le site

Au Burkina Faso, l’exploitation aurifère se fait sur des sites répertoriés en quatre catégories. Ce sont :

- les sites d’exploitation industrielle, où l’extraction et le traitement du minerai sont entièrement mécanisés ;

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les sites d’exploitation semi-industrielle, combinant une exploita- tion usinière à une exploitation artisanale ;

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les sites encadrés d’exploitation artisanale, oÙ les orpailleurs exploitent l’or sous la supervision et les conseils des techniciens de la CEMOB ;

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les sites non encadrés d’exploitatiÕn artisanale, également nommés <<sites sauvages >>, en raison de l’organisation et des méthodes de travail qui y sont pratiquées.

Le site aurifère d’Essakan sur lequel porte l’article appartient h la troisième catégorie. Ce type de site d’exploitation aurifère constitue le secteur le plus important de I’orpaillage dans le Sahel burkinabè (Traore, 1989). Essakan couvre un rayon de 5 à 10 km.

L’exploitation de l’or y est faite en fonction de l’organisation de travail établie par la CEMOB. Essakan est ainsi réparti en plusieurs

<< parcelles d’exploitation >> sur lesquelles travaillent les orpailleurs.

Les parcelles d’exploitation ont généralement une superficie d’environ 30 à 40 m2. Elles sont attribuées au prix de 25 O00 F CFA (250 FF) à des personnes physiques ou morales, ayant la nationalité burkinabè et disposant d’un minimum d’outils de travail, dont six pioches, six pelles, six mortiers et deux fûts pour le transport d’eau servant principalement à laver le minerai alluvionnaire.

Chaque- détenteur de parcelle est un interlocuteur de la CEMOB ; c’est en effet lui q u i collecte l’or obtenu sur sa.

parcelle pour le revendre aux comptoirs étatiques chargés de l’achat des métaux précieux. Le détenteur de parcelle recrute ses exploitants d’or qui, généralement d’horizons divers, arrivent seuls ou accompagnés de leur famille sur le site. Ainsi travaillent- ils (individuellement ou avec leur famille) de la manière la plu-s informelle sur les parcelles, sans contrat de travail et-sans assu- rance sociale ou médicale qui les protégeraient en cas d’accidents de travail. Or, selon le directeur de l’exploitation artisanale de la CEMOB, les aecidents sont. très fréquents, car les parcelles

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CHERCHEURS D O R BURKINASÈ 137

d’exploitation, délimitées pour accueillir 40 orpailleurs au maxi- mum, en comptent très souvent plus d’une centain

À Essakan, deux types d’orpaillage, le filonien et l’alluvion- naire, sont pratiqués, l’exploitation filonienne étant toutefois la plus importante. Ce type d’extraction aurifère, qui consiste à détecter puis à creuser un puits en suivant le filon d’or, nécessite cinq grandes opérations, en fonction desquelles se fait la réparti- tion des différentes activités liées directement à I’orpaillage. -

L’exploitation des tranch6es : u un travail d’hommes N

Si, dans les premières années, l’exploitation aurifère du site se faisait à ciel ouvert, de nos jours, il faut aller chercher l’or entre 15 et 60 mètres en sous-sol. C’est l’exploitation des tranchées. Au fil du temps, les tranchées d’Essakan sont presque toutes devenues des puits ou des galeries n’ayant. généralement qu’une seule ouverture. L’ouverture de chaque puits sert à la fois pour la descente et l’aération. Dans les puits, -les travailleurs doivent normalement être au nombre de 5 à 12 personnes, bien que les conditions d’aération y soient déplorables. Mais ce nombre n’est jamais respecté par les orpailleurs qui, encouragés par les détenteurs de parcelle, se retrouvent dans les puits à plus de 20 2 30 personnes.

Pourtant, l’espace dans les- puits est très exigu, sans lumière et sans aération suffisante. Le travail dans les souterrains exige, de la part des orpailleurs, non s~eulement d’énormes forces pour exploiter les filons, mais également de l’endurance physique, en raison de la précarité des conditions de travail qui y règnent. Ces galeries, lorsque l’on sait quels énormes risques d’éboulement elles présentent, au regard de leurs profondeurs -et de leurs élaborations; faites le plus souvent sans aucun pilier de support souterrain - peuvent être qualifiées, sans exagération aucune, de

<< gouffres de la mort

>>.

Pour toutes ces raisons, les techniciens de l’encadrement du site exigent que ce sbient des hommes ayant au moins 20 ans qui descendent dans les puits. Cette recommandation n’est souvent pas respectée, et l’on note la présence d’adolescents de 13-15 ans qui participent aux activités d’orpaillage dans les souterrains. Le fait est d’ailleurs reconnu : c’est ainsi qu’un encadreur nous rapportait q u e , malgré les dispositions de dissuasion prises par son organisme, certains enfants - avec l’agrément des détenteurs de permis

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se retrouvaient au fond des puits.

138 - L‘ENFANTEXPLOITÉ I

. Lu participatiõn des enfants dans les tranchées

De nos jours, on estime que- 5 à 8 % environ-des orpailleurs qui extraient directement le minerai “dans les profondeurs souterraines sont des enfants. C’est dire que leur participation à l’extraction de l’or est une réalité qu’il convient de prendre e n compte ; dans les années très prolifiques (1989 à 1992)’ leur nombre représentait jusqu’à 8 à 10 % des travailleurs descendant dans le fond de la mine (source : CEMOB).

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En outre, au regard des risques physiques et des difficultés liées à l’extraction de l’or dans les sous-sols; la quasi totalit6 des orpailleurs -ne peut- se passer de recourir à des stupéfiants et à diverses amphétamines : pour &re en forme pour le travail dans les tranchées, il leur faut nécessairement -ces << comprimés jaunes, blancs ou bleu >>, car c’est ce qui leur donne de la vigueur.

N’expliquent-ils pas que, sans le << Bleu-bleu >>, le i< M.10 >> ou le

<< la Guinée >>, aucun homme n’accepterait de descendre dans ces

puits très profonds, a-fortiori ’y rester des heu de l’or !

I1 est donc certain-que les enfants qui s’adjoignent à I’extrac- tion dü minerai dans le sous-sol sont également des consomma- teurs de- drogues et autres amphétamines.

Seulement, au regard du coût relativement élevé de ces pro- duits illégaux -qui vont de 250 à 500 F CFA l’unité, et dont la consommation est en moyenne de 5 à-7 comprimés pour chaque exploitant (adulte) -, plus de la moitié des enfants se résoudraient bien souvent à opter pour l’inhalation de certains produits chi- miques tels que le soluté appelé couramment << la dissolution >>; en effet, << la dissolution >> ne coûte que 150 F CFA et, d e surcroît, peut être utilisée pendant plusieurs jours.

I1 faut savoir que, selon l’agent de santé du site, l’inhalation de

i< la dissolution >> entraîne la plupart du temps des lésions au niveau En tout état de cause, l’absorption et l’inhalation par les jeunes garçons de substances chimiques et de médicaments prohibés ont bien entendu des effets nuisibles sur leur santé. Si les agents sanitaires notent peÚ de cas d’overdoses chez les enfants- qui extraient le minerai dans les sous-sols; en revanche, la plupart d’entre eux sont physiquement atteints.

u cerveau.

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CHERCHEURS DOR BURIUNABÈ 139 Souvent, ils présentent des troubles du comportement, agissant de façon atypique et facilement assimilable à de la‘démence.

L’explication généralement donnée à ces comportements est qu’ils-auraient rencontré dans les puits les génies du métal jaune : les enfants, n’ayant pas le mental et le courage des adultes, sont plus sérieusement troublés ; marqués par ces apparitions de génies, et on ne peut s’attendre à ce qu’ils demeurent très lucides’ !

En outre, les agents sanitaires signalent que, lors des fréquents accidents miniers, ce sont surtout des enfants que l’on compte au nombre des victimes.

Cependant, les accidents sont acceptés par les orpailleurs, comme des faits qui concourent à la réussite de l’extraction du minerai : le travail de l’or ne peut se faire -assurent& - sans un sacrifice ou sans écoulement de sang ; si les détenteurs de parcelles agréent la présence d’enfants dans les trous, cela s’expliquerait en partie par cette conception traditionaliste de l’extraction de l’or. L’exploitation de l’or est mythique, comme le -

faisait remarquer

P.

Dabiré : << l’or-est associé au sang, à la mort et, pour l’orpailleur, le risque, [voire le sacrifice] apparaît comme une condition du’succès ou du gain

>>.

II n’est donc pas surprenant que les accidents réguliers sur le site, dont les jeunes chercheurs d’or sont souvent les premières victimes, soient qualifiés de a normaux >>

par les exploitants des parcelles.

Les autres activités de I’orpaillage _ _

Le concassage

I1 faut souligner que le concassage est essentiellement pratiqué par les adultes et, dans la moindre mesure, par des adolescents d’au moins -18 ans ; c’est une activité de << biceps très développés >> qui consiste à émietter des roches aurifères pour la mputuce.

La mouture, le vannage, le tamisage, le lavage :

des opérations de femmes et d’eilfants, essentiellement

La mouture consiste à réduire, dans des -mortiers, des mor-‘

ceaux de roche- contenant le minerai. Cette étape dë I’orpaillage conduit au vannage. Une fois le minerai sorti du sous-sol ou les roches concassées, on procède au vannage pour obtenir “des grains

-

.

I Soulignons que de telles explications mystérieuses accompagnent souvent l a recherche de l’or dans certaines contrées africaines (Kiethega, 1983). Ces interprétations métaphysiques ne sont pa$ spécifiques au site aurifère d’Essakan.

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ou de la poudre d’or. Cette opération se fait à l’aide de deux ins- truments, l’un pour vanner et l’autre pour recueillir les particules contenant l’or. En fait, le vannage permet de débarrasser le minerai des Cléments impurs et de réduire les dépenses en eau au cours du lavage.

plupart de ceux qui vannent le minerai sont des femmes et des petites filles de moins de quinze ans. Si 1,011 note aussi la présence de quelques garçons, ceux-ci seront âgés de moins de 15 ans, en tous les cas, de moins de 10 ans le plus souvent. Le vannage est donc considéré par les orpailleurs comme un << travail de femmes >>. Les conditions de travail dans lesquelles évoluent ces femmes et ces enfants n’en sont pas moins précaires.

Sur le site, on remarque que

En effet les enfants

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aussi bien que les femmes - travaillent sans masque et sans Clément sérieux de protection contre la pous- sière. Tout observateur qui arrive sur le site est frappé par l’aspect physique de-ces vanneurs. Ils sont couverts de poussière de couleur saumâtre ou grisâtre et ce, de la tête aux pieds. II est certain que, travaillant dans de telles conditions, la plupart d’entre eux s’expo- sent aux maladies pulmonaires, telles que la tuberculose ou la sili- cose. Ce qui peut être surprenant pour l’observateur, c’est que les chercheurs d’or qui accomplissent cette activité semblent se com- plaire dans ces conditions précaires marquées par le manque d’hygiène. Cette prévalence des conditions précaires d’hygiène et de travail relèverait également du << mythe de l’or qui veut que sa recherche soit associée au risque et à la saleté, comme si les pires conditions de travail étaient un gage de succès >> (Bakouan, 1991).

Quant aux opérations de tamisage ou de lavage, elles sont aussi pratiquées par les personnes tant de sexe masculin que de sexe féminin, mais avec une part relativement importante d’enfants -généralement plus des deux cinquièmes de ceux qui accom- plissent ces tâches.

Les travaux directement liés à I’orpaillage et auxquels participent les enfants sont donc ardus et risqués. Ces derniers constituent cependant une force importante pour la production de l’or, puisque, rappelons-le, les jeunes chercheurs d’or représentent environ 8 % des travailleurs dans les tranchées, et que les filles et les garçons de moins de 15 ans sdnt 20 à 25 % des effectifs dans le vannage, le tamisage, le lavage, etc.

On peut se demander comment et pourquoi il y a autant d’en-’

fants chercheurs d’or sur le site d’Essakan et ce, malgré les dures conditions de travail dans- lesquelles ils évoluent.

CHERCHEURS DOR BURIUNABÈ 141

- Les déterminants du travail des enfants sur le site

À Essakan, si trois orpailleurs sur dix sont des enfants de moins de 16 ans, il convient de distinguer deux catégories de jeunes chercheurs d’or : les dépendants et les autonomes

Les dépendants

arrivés en même temps que leurs parents sur le site. Dans ces conditions, ces jeunes s’engagent dans les activités de I’orpaillage aux côtés de leurs parents, en tant qu’aides familiaux. Leurs gains journaliers sont en-partie reversés ou remis à leurs parents. Bien souvent, ces jeunes chercheurs d’or se limitent soit à aider leurs parents dans le transport du minerai des parcelles vers les hangars de traitement, soit à participer auprès de leurs mères au vannage, au tamisage, à la mouture etc. Un encadreur du site nous affirmait qu’il était rare de voir un parent conseiller à son fils de moins de 15 ans révolus d’être de ceux qui exploitent l’or dans les puits, étant entendu qu’aucun parent ne souhaiterait voir son fils per- turbé par le génie ou, dans le pire des cas, être (< cette victime expiatoire >> notifiée un peu plus haut quand nous évoquions le mythe du sacrifice qui accompagne la recherche de l’or.

Par contre, les parents n’hésitent pas à encourager leurs enfants âgés de 7-8 ans à participer à certaines opérations comme le vannage ou la mouture. Ils cherchent ainsi à faire fructifier, de la manière la plus bénéfique, la présence de leurs enfants sur le site.

Pour eux, aussi minime soit la participation de leur progéniture dans I’orpaillage, l’important est qu’elle puisse contribuer par leurs revenus à l’achat des vivres. Le peu de travail accompli par ces enfants est toujours considéré comme << un plus >> s’ajoutant aux revenus du ménage. Cet état de fait renvoie à la situation de la plupart des parents << rescapés >> des famines et des sécheresses de 1984 et 1986, et pour lesquels Essakan est un- lieu de survie plus qu’un lieu d’espoir.

Interrogeant une trentaine de ménages sur le site, plus de la moitié nous ont déclaré que le travail de leurs enfants dans l’or- paillage était aussi normal que le serait leur participation à des activitCs telles que l’agriculture ou l’élevage.

Nous intéressant à la constitution de ces trente ménages, nous avons dénombré respectivement 98 enfants de moins de 5 ans, 52

Cette catégorie concerne les enfants qui s!installent ou q

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ayant entre 5 et 9 ans, 69 entre IO et 14 ans, 33 âgés de plus de 15 à 20 ans, et 73 personnes qui avaient -20 ans et plus. Sur l’en- semble des enfants de ces ménages, aucun n’était scolarisé lors de notre passage. La situation n’a pas changé depuis, puisqu’il n’existe toujours pas d’école sur le site. Toutefois, lors de notre passage, nous avons constaté que, parmi les enfants d’âge scolaire, 18 avaient au moins fréquenté un établissement primaire avant leur venue sur le site. L’ensemble des chefs de ces ménages affirmaient que tous les enfants vivant avec eux sur le site avaient été-dans des activités liées directement ou indirectement à I’orpaillage, sauf << les tout petits >> de moins de 7 ans, qui étaient isolés sous un hangar, à l’abri du soleil et de la poussière.

ut retenir que la plupart des ménages sur le site sont constitués à plus de 65 % d’enfants de moins de quinze ans révolus, dont le cadre de vie, de loisirs et de travail se résume essentiellement à l’espace aurifère d’Essakan.

Cette catégorie de jeunes chercheurs d’or n’est sur le site que parce que les parents s’y sont installés.

Ainsi à partir de ces indices, on

~ Les autonomes

La deuxième catégorie de chercheurs d’or est constituée des enfants qui viennent du- département de Falaguntou ou des villages trks peu éloignés du site. Ceux-là ne résident pas en permanence sur le site. La plupart du temps, ils arrivent très tôt le matin, pour repartir au coucher du soleil. Ces enfants se déplacent à pied ou à vélo. La distance moyenne qu’ils parcourent quotidiennement, entre leur résidence et le site, est d’environ 5 à 10 km. Néanmoins, ils sont des centaines d’enfants de la tranche d’âge de 8-16 ans à se rendre à Essakan dès les premières lueurs du jour, habités sur- tout par l’espoir et le reve. L’espoir d’être mis sur une bonne parcelle, ayant une forte teneur de minerai, et le rêve de trouver un

<< morceau d’or >> de valeur élevée, que-l’on tentera toujours de

dissimuler à la vue du chef d’équipe et des encadreurs afin de le revendre à prix élevé sur le << marché noir D.

C’est pourquoi la quasi totalité des enfants scolarisés et scoia- risables de Falaguntou et des villages alentour se retrouvent sur le site d’Essakan. Parmi les enfants toujours en âge d’aller I’école, on en décèle qui sont bien inscrits sur la liste des élèves, mais qui passent plus de temps sur le site que dans les classes. C’est ainsi que le directeur provincial de l’enseignement de base du Séno nous déclarait qu’il n’est pas ‘sürprenant -de constater que trois quarts des écoles de la subdivision administrative ferment en cours

CHERCHEURS DOR BURKINASÈ 143 CHERCHEURS DOR BURKINASÈ 143 d’année scolaire leurs classes des cours élémentaire et moyen, tandis que celles restées ouvertes sont complètement désertées par les élèves qui ont simplement choisi d’aller sur le site aurifère, leur principal souci étant d’obtenir des revenus onétaires qui leur offriront une amélioration (temporaire) leurs conditions matérielles d’existence. _ -

Burkina, qui ne concerne pourtant que 10 % des enfants en âge d’aller à I’école. Les élèves optant de plus en plus en faveur de I’orpaillage et aux dépens du savoir scolaire, les écoles Falaguntou parviennent difficilement à-présenter des candidats a examens de fin de cycleprimaire !

En interrogeant le peu de scolarisés restés- sur les bancs de I’école, tous nous déclaraient que l’or rapportait plus que l’enseignement, pourvu que l’on ait le courage de travailler ardemment ; en outre, les gains sont immédiats, alors que le cursus scolaire nécessite, selon eux, des conditions de sélection et un temps plus long avant d’espérer obtenir un fruit de cette formätion scolaire. Pour ces enfants, leurs camarades qui sont dans l’orpail- lage sont, sur le plan matériel, mieux équipés ; ils sont mieux habillés, possèdent quelquefois des vélos et des radios et donnent d’école, ne parviennent pas toujours à résoudre la préo e question : << comment e nourrir, ne fut

journée ? >>.

Quant aux maitr désemparés par le I’orpaillage, ils ne souhakent qu’une seul administratives et nationales prennent l’accès au site h tous les enfants en âge

vont jusqÙ’à réclamer, si les enfants ne veulent rien apprendre, d’être au moins affectés dans d’autres localités du pays’ ; autre- ment, à rester dans ce département, ils avouent non seulement être inutiles, mais aussi perdre. leurs connaiss es pédagogiques par manque de pratiques sérieuses.

La scolarisation marque un sérieux déclin dans c

une apparence d’autonomie. Eux, en étant toujours- sur I s --

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-Cet engouement est-il iì la mesure des retombées financières et matérielles escomptées ? Outre l’absence de formation, n’y a-t-il pas d’autres risques qui découlent de ces activités aurifères ?

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D’autant qu’il existe une pénurie de maîtres de l’ordre de 17 % sur l’ensemble du territoire (Yaro, 1994).

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I . .-

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