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L‘ENFANT EXPLOITÉ

Dans le document L’ENFANT EXPLOITÉ (Page 73-81)

Travail des enfants et secteur de l’exportation

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tables, et parfois terriblement dangereuses (dans l’industrie du verre de Firozabad

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surnommée << l’Enfer de Dante w-, par exemple, les enfants doivent transporter, sur des barres, du verre en fusion).

I1 est clair que le travail des enfants n’est pas une relique des temps pré-capitalistes et peut, en fait, croître au fur et à mesure que les économies pauvres construisent leurs liens avec le système capitaliste mondial.

Le travail des enfants dans l’industrie du tapis

Parmi les industries de faible technicité, et nécessitant une importante main-d’œuvre peu qualifiée, l’industrie indienne du tapis de laine noué à la main fait partie de celles qui ont progressé rapidement au cours de ces dernières années, en raison de l’impulsion donnée par le marché international. L’industrie produit presque exclusivement pour ce dernier, et importe de I’étranger plus de 50 % de la ‘matière première brute qui lui est nécessaire, la laine. Elle n’a, en conséquence, que très peu de liens avec le reste de l’économie. Presque toute sa production est

<< programmée >> par des commandes passées à l’avance par les

importateurs, qui précisent non seulement la qualité, les couleurs, le type, et le nombre de nœuds au pouce carré mais, bien souvent, fournissent les motifs exigés. L’industrie fabrique un très grand nombre de variétés de tapis, dans toutes les dimensions : tapis persans de haute qualité -avec une densité de nœuds allant de 180 à 300 au pouce carré -, sauts de lit de droguet, l o o s e n et tapis indo-népalais.

Au cours de ces dernières années, l’Inde s’.est révélé l’un des principaux acteurs du marché international du tapis artisanal. La valeur des exportations, qui n’était que de 30 millions de roupies au moment de l’indépendance, et de moins de I milliard de rou- pies encore dans un passé aussi récent que 1977-78, a grimpé jusqu’à atteindre 13’9 milliards de roupies en 1993-9-4, soit 443,16 millions de dollars U.S. La part de l’industrie dans le total des exportations a augmenté régulièrement, passant de 0,53 % en 1980-81 à 1,9 % e,n 1993-94. Les principaux importateurs sont l’Allemagne et les Etats-Unis.

La << Carpet belt )>

Des tapis à points noués sont produits dans les États de Rajas- than, de Jammu aussi bien que du Kashmir, mais c’est la région des tapis de Mirzapur

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Bhadohi de l’Uttar Pradesh (U.P.) qui prédomine : elle produit à elle seule plus de 80 % des expor-

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LE SECTEUR DE L‘EXPORTATION INDIEN

tationsl. L’approvisionnement en main-d’œuvre se fait à partir d’une très vaste région qui englobe d’autres districts de l’Uttar Pradesh, ainsi que de Bihar et, dans une moindre mesure de Madhya Pradesh, maiS.aussi du Bengal de l’Ouest, et même du Népal.

Le problème du travail des enfants dans la région des tapis doit être sifué dans le contexte qualifiant l’Uttar Pradesh et le Bihar, les deux Etats les plus pauvres de l’Union indienne.

Le Bihar se trouve depuis longtemps au bas de I’échelle, avec un revenu par habitant de 2 330 roupies en 1990-1991

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soit

moins de la moitié du niveau national, déjà bien faible (4 964 roupies par habitant et par an). L’Uttar--Pradesh, qui, au cours des années 1980, ne laissait derrière lui que quatre Etats-plus pauvres, a régressé depuis à l’avant-dernière phGe, avec un revenu de 3 557 roupies par personne. Pour les deux. Etats ensemble, en 1987-88, le nombre de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté atteint 1 1 1,7 millions.

Ce nombre a dû augmenter depuis lors; comme celui des enfants rejoignant le marché du travail, en particulier dans les régions rurales, où la pauvreté est encore plus grave qu’en ville.

L’industrie du tapis, dont la croissance est rapide, est la seule industrie importante de ces régions

Les conditions d’exploitation des enfants travailleurs y sont de plus en plus extrêmes - et tout particulièrement lorsqu’il s’agit des enfants des migrants.

Cela fait maintenant quatre ans que la sollicitude internationale s’est penchée sur l’exploitation brutale des enfants travailleurs de la carpet belt, mais le problème existe depuis bien plus longtemps.

I1 a pris une ampleur nationale en 1984, lorsque la presse com- mença à mettre en lumière I’état critique des carpet children de la région de Palamua, dans le Bihar. On a rapporté que certains avaient été kidnappés, gardés en captivité, battus avec des tiges métalliques, pendus du haut des arbres et même marqués au fer rougez. Le nombre des enfants travailleurs a augmenté rapidement depuis lors, avec une utilisation également croissante d’enfants migrants, en particulier au cours de ces quatre dernières années.

Ceci est corroboré par une étude du National Council of Applied Economic Research (NCAER), entre autres, selon laquelle 87,6 % des enfants travailleurs n’ont migré vers la région qu’après 1989.

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Elle est composée de cinq districts - Mirzapur, Bhadohi, Varanasi. Sonbhadra et Jaipur -

de la partie orientale de l’Uttar Pradesh. très pauvre ; elle s’étend sur une superficie d’environ 4 SOO km’ et compte 1 500 villages.

d’une enquête. La Cour suprême ordonna, 5 l’époque, la libération de 8-00 enfants et demanda l’ouverture-

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Le nombre des carpet children

L’importance de la région concernée, la structure informelle de cette industrie, et le secret qui l’entoure (en raison de sa dangerosité) font qu’il est très difficile d’obtenir des informations fiables sur le nombre d’enfants qu’elle emploie. Diverses estima- tions ont été faites, à divers moments, mais elles utilisent toutes des méthodologies et des échantillonnages différents qui, en cons&- quence, produisent des résultats différents. On trouve, à une extrémit6 de la gamme, l’affirmation de la Carpet Export Promotion Corporation (CEPC), selon laquel,le il n’existe plus d’enfants au travail dans l’industrie du tapis. A l’autre extrémité, on trouve I’étude menée en 1991 par le Professeur B.N. Juyal pour le compte du Child Labour Action and Support Project, du Bureau international du travail (BIT), qui avance une estimation située entre 300 O00 et 450 O00 enfants. I1 ne fallut, à son auteur, que trois mois pour achever une étude qui nelprend en compte qu’un très petit échantillon de trois groupes de villages, l’un au centre de la région, l’autre sur la périphérie et le dernier à l’extérieur de la région. Elle fut limitée à 2 666 métiers à tisser, sur un parc total estimé de 168 000, et conclut que les enfants ne représentaient pas moins de 70 % de la population totale employée, sachant que 76,09 % des énfants appartiennent au secteur salarié, et le reste au secteur familial.

Ces résultats contrastent nettement avec ceux de I’étude menée en 1992 par le NCAER, mandaté par le Handicrafts lopment Commissioner. Cette recherche examina un échant de 500 enfants, appartenant à 50 villages des districts de Mirzapur et Bhadohi. Son résultat principal, largement repris aussi bien par l’industrie que par le gouvernement, est que le travail des enfants ne représente que 8 % de la main-d’œuvre totale de l’industrie du tapis noué à la main (dont 4,4 % appartiendraient, selon le rapport, au secteur du travail familial, et 3,6 % relevant du secteur salarié).

Si l’on suivait les estimations approuvées par l’industrie et le gou- vernement

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selon lesquelles le nombre total des ouvriers du tapis s’élbveräit à 1,5 million -, cela voudrait dire que le nombre carpet children serait, lui, de 120 000. Dans sa préface, cependant, le -

rapport-dit que le nombre réel est peut-être supérieur, du fait que I’étude a été menée à un moment où l’industrie avait été avertie Ainsi, on peut dire qu’entre 100 O00 et 300 O 0 enfants étaient employés dans l’industrie du tapis en 1992. I1 se peut que ces chiffres aient légèrement baissé à la suite de la montée de la pres- sion nationale et internationale pour que soit mis un terme à l’exploitation du travail des enfants. Ceci dit, l’affirmation de la CEPC concernant I’élimination du phénomène ne peut être prise

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- des pénalités qu’il y aurait à employer des enfants. -

. - LE SECTEUR DE L‘EXPORTATION INDIEN 15 au sérieux ; elle suit la campag qu’il avait lancée pour que chaque métier à tisser soit strictement enregistré et pour que chaque propriétaire de métier déclare formellement se conformer aux conditions d’embauche édictées par le Child Labour Prevention and Regulation Act de 1966. Non seulement il manque à la CEPC les moyens financiers et le personnel permettant de contrôler plus de 200 O00 métiers répartis sur une zone de plus de . 4 500 km2; mais quand bien même elle en aurait disposé, le coût prohibitif d’un contrôle sans faille, supporté par l’industrie, conduirait bien vite à sa fermeture.

Cependant, lé gouvernement central, alarmé à l’idée de perdre un important marché exportateur, a resserré le contrôle de I’appli- cation des lois. Sur ses conseils, voire ses instructions, le-gouver- nement de I’Etat -a considérablement augmenté le nombre d’ins- pections au cours de ces trois dernières années. Tout ceci a sans doute donné des résultats, surtout- en-ce qui concerne le secteur organisé de l’industrie dans les zones urbaines ; mais de là à ima- giner que les zones rurales éloignées sont libres de tout travail des enfants, c’est sûrement prendre ses désirs pour des réalités1 ! Selon Kailash Satyarthi, de Bachpen Bachoa Andolan, aujourd’hui encore l’industrie du tapis emploie 250 O00 enfants, dont 200 O00 appartiennent à Koshi et au district P

L’expioitatiomdu tr Malgré I’absen

travailleurs employés dans I’ind dent pour dire que pratiqueme dans le secteur salarié, appartie vulnérable et qÜ’i1 est soumis brutales.

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Le tissage des tapis a été classé comme travail dangereux par le

- Child Labour Prohibition and Regulation Act (CLPR), en 1986 -dangereux pour les poumons du fait des flocons de laine qui flottent dans l’atelier de tissage. De plus, la forte concentration sur le motif, et la position inconfortable dans laquelle les enfants sont assis pendant des heures d’affilée sont réputés abîmer les yeux et blesser les doigts. Certaines teintures et certains prod

utilisés peuvent causer des problèmes de peau.

Les carpet children qui viennent .des secteurs 1

rables de la sociétC n’ont aucune mobilité professionnelle p u - même physique, car la majorité d’entre eux sont

Un joumal en date du 19 septembre 1994 relate l’histoire d’un ouv Darbhanga, dans I’Ctat du Bihar, dont 1’8ge &ait in

pi2ces lorsqu’il tenta de s’échapper. - -

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petits prets auxquels leurs parents ont bien souvent souscrits. Non seulement ils sont grossièrement sous-payés et forcés à travailler pendant de longues heures dans des conditions infra-humaines, mais encore les mesures coercitives employées à leur égard recourent-elles parfois à une violence extrême.

Voici quelques faits concernant les carpet children, rapportés par I’étude du NCAER :

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Une majorité d’enfants du secteur salarié appartient à la catégorie

des << basses >> castes ou à celle des tribus << inférieures >> (50,3 % à

Bhadohi et 51’9 % B Mirzapur). On compte en outre 22 % des enfants de Mirzapur qui appartiennent à la communauté musulmane, dominée.

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La majorité des enfants sont issus de familles d’ouvriers agricoles sans terres ou de paysans très pauvres. La superficie moyenne de la propriété affermée appartenant à la famille de l’enfant, dans le secteur indépendant, est de 0,28 hectare ; elle est moindre encore dans le secteur des ouvriers agricoles.

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Le degré d’endettement des familles est élevé, même dans l e sec- teur du travail familial. Si 62’5 % des familles travaillant à leur compte disent n’avoir aucune dette, le restant des familles devait, en moyenne, 6 940 roupies, soit 213 U.S dollars.

Les familles dont les enfants commencent comme manœuvres salariés souffrent un sort encore bien pire. Environ 97 % de ces enfants ont rapporté que leurs parents avaient reçu une somme forfaitaire du futur employeur, par l’intermédiaire d’un agent.

Normalement, le montant s’étageait de 2 500 à 2 800 roupies, soit de 73 à 79 U.S. dollars. On engage ainsi les enfants pour qu’ils travaillent un nombre défini d’années : entre un et dix ans.

La majorité des enfants

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100 % à Mirzapur et 47 % à Bha- dohi - avaient migré sans leur famille, ce qui les rendait encore plus vulnérables.

Tous les enfants reçoivent un salaire considérablement infé- rieur h celui des adultes. Une manière de maintenir ce salaire bas est le système de l’apprentissage. Selon ce rapport, 44,4 % des enfants travailleurs de Mirzapur travaillait comme << chela D, c’est- à-dire comme apprentis ; le fait que tous les enfants de Bhadohi étaient salariés à plein temps montre l’aspect fallacieux de cet

<< apprentissage D. Ainsi qu’il a été dit plus haut, la fabrication des

tapis est une industrie à faible niveau de qualification, dont fe temps d’apprentissage est évidemment très bref.

Alors que le salaire moyen rapporté par I’étude du NCAER était de 12,2 roupies, soit 0,37 U.S. dollars par jour, I’étude du BIT mentionne des ^montants beaucoup plus faibles : pas moins de 13 enfants, sur un échantillon de 72, ne recevaient rien du tout, et un très grand nombre ne recevait qu’entre un et cinq roupies par jour.

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LE SECTEUR DE L‘EXPORTATION INDIEN

Précédemment, le rapport Prembhai avait affirmé qu’en 1984, le salaire journalier moyen allait de 2 à 5 roupies et que les enfants étaient payés encore moins.

La majorité des enfants ont fait état de très longues heures de travail. Alors que certains travaillent 15 heures et plus par jour, une majorité écrasante de 84 % travaille au moins de 9 à 10 heures. La majorité ne bénéficie pas de congé hebdomadaire- 95 % des enfants du secteur salarié travaille sept jours par semaine et 77,3 % travaille pëndant la totalité des douze mois de l’année.

La majorité des enfants sont soumis à une violence coercitive allant des insultes aux coups, en passant par la réduction du salaire, des nuits écourtées, la privation d’alimentation

...

Comme il a été

dit ci-dessus, des histoires de violence physique extrême - enfants rossés, marqués au fer rouge, pendus du haut d’un arbre, lardés de coups de couteaux - ont été rapportées dans le rapport Prembhai et par les journaux. La majorité des enfants, selon le rapport du NCAEP, semblaient affamés, leur croissance arrêtée, et les maladies atteignaient des proportions anormalement élevées.

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Économies sur les prix de revient et compétitivité

Le sous-paiement des enfants travailleurs

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une forme parmi d’autres de leur exploitation

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a pour conséquence des économies considérables sur les prix à la production. La question fondamentale est de connaître leur montant et de savoir à quel point elles sont vitales pour permettre à l’industrie de maintenir son avantage sur le marché international. Nous examinerons cette question en deux étapes. Ea première porte sur la compétitivité de l’industrie du tapis indien d’aujourd’hui. La seconde commente l’impact probable qu’auraient sur la compétitivité globale de l’industrie, suite à une éventuelle suppression du travail des enfants, les augmentations du prix de revient.

Quel est le degré de compétitivité de l’industrie du tapis indien ? L’industrie indienne du tapis noué à la main est, en volume, le plus gros producteur mondial, représentant environ un quart du marché mondial. L’Inde doit cette prééminence au déclin de l’Iran, berceau -de cette industrie. Au cours de ces dernières années, cependant, une concurrence intense - aussi bien sur les prix que sur la qualité1 -, de la part de la Chine et du Népal, ainsi qu’une ,concurrence ravivée de lapart de l’Iran, se sont combinées pour réduire les marges bénéficiaires. I1 en résulte une augmentation’ de

Alors que l’Inde ?est jamais pimenue i dgaler les plus beaux tapis persans, la Chine et le Népal font désormais, sur ce plan aussi, une forte concurrence. -

. - L‘ENFANTEXPLOITÉ

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- Ïa part de marché du looser, ou tapis indo-népalais, qui, avec un prix moyen de US $-20 à 30 au mètre carré, représente le bas de I’échelle (par rapport au tapis persan, qui monte à US $200 et plus. En conséquence, et bien que, e n 1992, la part de l’Inde représentait environ 26 %, en volume, des exportation mondiales de tapis à point noué, sa part, en valeur, était inférieure à 12 %. Le degré de compétitivité du tapis indien a ainsi tendance à diminuer, depuis ces dernières années. Le président de la All India-Carpet Manufacturers’ Association (AICMA), Kailash Nath Baranwal, a déclaré que le prix inte na1 du tapis persan avait chuté de 20 à 25 %, au COUTS de l’a passée. Une chute de‘prix du même ordre pour tous les typ tapis a été rapportée par le secrétaire honoraire de I’AICMA, M. Hadi.

Pendant ce temps, les prix _de revient ont régulièrement augmenté. Le prix de la laine importée de Nouvelle-Zélande- elle représente 50 % du total utilisé - a subi une forte hausse l’an passé. En 1993, le prix de la laine de 32 microns est passé de US $ 1,8 à 2,65 au kg. La laine Bikaneri, une laine domestique, substitut très imparfait au produit importé, n’est pas disponible en quantités suffisantes, ce qui force nombre de fabriquants à pro- duire des-tapis à partir de la laine Panipat, dont le prix de vente Les exportateurs disent que le prix de la main-d’œuvre a subi une forte hausse au cours de ces dernières années. Selon le direc- teur d’Obeetee Carpets (la plus grosse entreprise d’exportation indienne), l’aide qu’a pu représenter la dévaluation de la roupie a été contrebalancée- par la suppression du plan de compensation financière (les exportateurs recevaient des primes allant de 200 ii 250 millions de roupies par an), et par une diminution des tarifs douaniers de 17 à 3 % (maintenant portés à 4,5 96). C’est pourquoi on a vu les capitaiQes d’industrie affirmer que leur navirc était en

. sérieuse difficulté. A la concurrence rude de la part de pays rivaux, il -faut ajouter les dégâts causés par la contre-publicité concernant le travail des enfants. La concurrence est devenue d’autant plus vive ces derniers temps que les gouvernements iranien et chinois ont chacun dévalué leur monnaie et offert des aides-supplémen- taires à leurs exportateurs. En effet, les exportateurs indiens pré-- tendent que la Chine fait virtuellement du dumping sur le marché international, en vendant à un prix qui cduvre tout juste celui des matières premières. Si elle peut pratiquer cette politigue, c’est que ses tapis sont produits par le secteur des usines d’Etat, et que le gouvernement fixe artificiellement ses prix. Et le Népal parvient également à vendre à très bas prix, grâce aux salaires encore plus -

faibles rémunérant le trava-il des-enfants l’inverse, l’interdiction du travail des enfants et dü travail féminin n’est pas totalement étrangère au déclin de l’industrie du tapis iranien, au cours des

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sera bien plus faible. . ”

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L’industrie indienne du tapis semble donc naviguer en eaux troubles, et le fait savoir. A un tel point que nombre d’exportateurs disent qu’il n’y a pas de futur pour le tapis (ils déclarent des marges bénéficiaires de 5 à 10 %, ce chiffre pouvant être supérieur pour certains exportateurs, - 15 à 20 % -, mais un seul d’entre eux émet une telle opinion). Certains ont déjà commencé à di sifier leur production.

L’industrie du tapis indien connaît-elle vraiment des pro- blèmes ? La suppression du travail des enfants sera-t-elle la der- nière goutte qui fait déborder le vase ? Aujourd’hui, les capitaines de l’industrie nient avec véhémence que le travail-des enfants soit .crucial pour leur survie. Ceci diverge fondamentalement de leur attitude précédente : dans un mémoire au gouvernement indien -daté de 1985, le président de I’AICMA déclarait que << les enfants, avec leur doigts souples et agiles, représentent une main-d’œuvre très importante pour l’industrie du tapis noué à la main D. Et le gouvernement fut prévenu que toute intervention effectuée sous prétexte de réglementer le travail des enfants s’avérerait suicidaire pour le développement de l’industrie.

Reste que toute discussion significative concernant l’impact à court et long terme d’une possible renonciation à la main-d’œuvre enfantine de l’industrie doit être effectué

tions sur les coûts de production.

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du tapis fonctionne shr trois niveaux. Au sommet -de l'écheik- se trouvent queIque 2 000. exportateurs:

fabricants, en concurrence à couteaux tirés les uns avec les autres.

Leur responsabilité est d’assurer toutes les commandes à I’expor- tation et d’organiser la production qui, dans l’ensemble, est

<< programmée D. Les exportateurs travaillent à travers toute une série d’intermédiaires, tels que les fournisseurs et sous-traitants, qui constituent le niveau central ; ils sont essentiellement responsables de l’exécution des divers processus de production. Les fournis- seurs travaillent normalement sur la base d’une commission de 25 %. On trouve, au bas de I’échelle, les propriétaires des métiers, les maîtres-tisserands et les tisserands.

La production d’un tapis implique environ 13 étapes, qui vont du nettoyage et de ia teinture de la laine jusqu’au nouage, à I’éga- lisation aux ciseaux, au lavage, au parage, à la pose du liseré et à l’emballage. L’Clément le plus significatif est que pratiquement toutes ces opérations sont effectuées par le secteur inorganisé, de manière- décentralisée. Les locaux de ceux -que.l’on appelle le

ortateurs ne constituent qu’un centre de coordin uvent effectuer des opérations mineures, telles qu’un

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