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Les deux voies, les deux camps et les deux rois : trois aspects d’une même

6. Les deux voies

6.5 Les deux voies, les deux camps et les deux rois : trois aspects d’une même

L’enseignement des deux voies des Homélies, au livre VII, ne mentionne pas les deux anges ou les deux esprits qui les gouvernent ; toutefois, ces deux puissances ne sont pas étrangères aux Clémentines. En effet, si ce thème se retrouve autant dans les Homélies que les Reconnaissances, il est associé directement avec les deux voies dans l’enseignement final en Hom. XX, 2-3. L’union entre ces deux doctrines se retrouve également dans l’Épître de Barnabé, le Pasteur d’Hermas et la Règle de la Communauté, qui attribuent à chacune des voies un chef, qui est une entité céleste.

En ce qui concerne la doctrine des deux camps du bien et du mal, elle peut être associée aux deux voies, puisque dans les deux cas elles répondent au modèle défini par M. Pesthy : l’être humain est placé entre le bien et le mal, il est influencé par ces forces positives et négatives et il doit choisir entre elles486. Les deux camps des Reconnaissances s’accordent également avec les Homélies au sujet des deux rois qui gouvernent chacun des camps.

Ainsi, les deux voies, les deux camps et les deux rois ne sont pas trois doctrines différentes, mais plutôt les dimensions d’une seule et même conception du monde, qui aurait évolué de différentes manières dans chacune des versions des Clémentines. M. Pesthy partage également ce point de vue. Pour elle, cette unique doctrine peut être comprise comme ayant deux niveaux : un niveau individuel / psychologique et un niveau universel / cosmologique, qui sont liés l’un à l’autre487.

Le premier niveau correspond aux deux voies et possède un caractère éthique et non dualiste, alors que c’est au second niveau, qui correspond aux deux esprits / rois, que réside

486 M. PESTHY, « Duae Viae in the Pseudo-Clementine Homilies », dans The Pseudo-Clementines, p. 158. 487 M. PESTHY, « Duae Viae in the Pseudo-Clementine Homilies », p. 157.

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le dualisme lui-même. Les deux camps des Reconnaissances, gouvernées par les deux rois, sont composés à la fois d’un aspect éthique (le choix que l’être humain doit faire entre le bien et le mal) et cosmique (les deux rois qui gouvernent chacun des camps).

Les Homélies opèrent une séparation plus marquée : l’image des deux voies est utilisée individuellement dans l’homélie de Pierre à Sidon (homélie qui, comme nous l’avons vu, revêt un caractère prébaptismal), alors que l’image des deux rois est récurrente et fréquemment développée. Toutefois, l’enseignement final en Hom., XX, 2-3 indique que ces deux doctrines sont liées.

Ainsi, si les Clémentines rapportent des traditions qui remontent au judaïsme, les besoins spécifiques des Homélies et des Reconnaissances les ont adaptées et transformées. En effet, si les Homélies semblent plus attachées à une certaine forme de judaïsme ésotérique, les Reconnaissances, malgré la distance qu’elles sont prises avec cette tendance, ont aussi conservé l’union qu’il existe entre les deux voies / camps et les deux rois.

Dans les deux versions du Roman, l’essence même du dualisme, ou de la binarité, des deux esprits / rois / voies réside essentiellement dans l’idée que le bien et le mal sont entièrement opposés, que la voie de la justice et de l’injustice sont ontologiquement irréconciliables, que les deux royaumes sont catégoriquement séparés l’un de l’autre :

The two realms are categorically separated : those who have chosen the future world can have nothing from this one (except what is absolutely necessary for living), while the others use and enjoy everything, because they will have no part of the future goods.488

Y a-t-il une voie intermédiaire? Si un juste commet une faute, il devra alors recevoir un châtiment dans le monde présent pour ce péché, de sorte à en être sauvé dans le monde à venir. Toutefois, si un pécheur commet de bonnes actions, celles-ci ne valent rien et ne seront pas prises en compte lors du jugement, puisque :

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[…] ceux qui pratiquent le bien au sein de l’erreur servent à la condamnation des adeptes de la religion, sans obtenir pour autant leur salut : parce que le prix qu’ils accordent à la pureté leur vient de l’erreur, et non du culte du véritable Père du Dieu de l’univers.489

Le résultat reste donc que la doctrine composée des deux voies et des deux rois ne laisse aucune place aux positions intermédiaires. Il faut choisir un camp et subir les conséquences de ce choix. Pour M. Pesthy, le fait que le monde présent appartienne aux païens et le monde futur aux chrétiens est le signe que cette doctrine s’enracine dans un monde où les chrétiens sont persécutés, puisque ce trait perd son sens dans un monde où le christianisme est la religion officielle490. En effet, sans nécessairement aller jusqu’aux persécutions, au sens romain du terme, les deux rois / voies reflètent un contexte d’opposition et de polémique. Ceci est d’autant plus vrai que l’ensemble du dualisme clémentin, non seulement la doctrine des deux rois et les deux voies, mais aussi les deux types de prophéties et les syzygies de prophètes, est paré au combat et ouvre le feu sur toute cible qui n’est pas alliée.

489 Hom., XI, 33, 4-5.

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CONCLUSION

Étudier les Clémentines, c’est étudier l’Antiquité. Si elles trouvent leur signification précise dans un contexte de conflits religieux, elles prennent leurs racines dans la culture classique, se plaçant en héritières des romans grecs et de la philosophie. L’une et l’autre des versions des Clémentines témoignent, à leur manière, de ce désir paradoxal qu’a eu la littérature chrétienne des premiers siècles : celui de combattre une culture grecque, tout en reconnaissant sa valeur inestimable. Le personnage de Pierre devient l’avatar de ce phénomène : il est le meilleur apôtre du Christ tout en étant philosophe et orateur hors pair. Comme si la culture grecque, incomplète ou corrompue par les religions païennes, était désormais purifiée par les enseignements de Jésus et amenée à son ultime niveau d’accomplissement.

Mais sur les fondations classiques s’élève une structure complexe, où gnosticisme, judaïsme et christianisme s’entremêlent pour élever une demeure double, reconstruite maintes fois, avec des matériaux d’époques et de milieux différents. Il pourrait être facile de voir dans cette construction hétéroclite une anomalie littéraire et historique, résultat des aléas de la transmission des textes ou d’une main maladroite.

Pourtant, la cohérence du système dualisme clémentin (en particulier celui des

Homélies, puisqu’il offre le plus de matière avec laquelle travailler) montre plutôt que le

christianisme ancien (ou plutôt les christianismes anciens) permettait ce genre d’hybride. En effet, si la modernité semble trouver satisfaction dans le fait d’attribuer des étiquettes claires et définitives, la réalité antique est beaucoup plus organique. Gnosticisme, paganisme, christianisme, judaïsme, judéo-christianisme sont des termes qui, même utilisés judicieusement, ne rendent pas le foisonnement intellectuel et spirituel de l’Antiquité.

Ce qui est un hybride ne l’a sûrement pas été pour son auteur ; l’ornithorynque, s’il pouvait penser et réfléchir à sa constitution, ne considérerait pas son bec comme un bec de canard, ni sa queue comme une queue de castor, mais plutôt comme un bec et une queue d’ornithorynque lui appartenant en propre, bien que possédant certes certaines

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ressemblances avec les membres d’autres espèces. C’est de l’extérieur que viennent ces rapprochements : le chercheur (qu’il soit philologue ou zoologiste) les effectue pour comprendre ce qui se trouve devant lui, comment une telle entité a pu en venir à exister et comment elle interagit avec son milieu.

Étudier les Clémentines nous aura donc demandé de revisiter nos paradigmes. Adhérer à des idées gnostiques tout en en combattant d’autres n’est pas incompatible ou contradictoire, ni rejeter la philosophie pour mieux la métamorphoser, la sublimer. Les deux versions des Clémentines semblent s’être donné, chacune à leur manière, le projet d’harmoniser différentes conceptions cosmiques antiques selon une logique bien précise, une logique dualiste.

Le dualisme des Homélies est en ce sens l’héritier de deux tendances. La première tendance, proche du judaïsme, est fortement teintée de mysticisme qumrânien et se rapproche des ébionites d’Épiphane ; S. C. Mimouni remarque qu’il existait plusieurs orientations doctrinales chez les ébionites, dont des « ébionites esséniens »491. L’emploi des doctrines des deux rois et des deux voies témoigne de cet attachement au judaïsme, puisque ces doctrines tirent leurs racines des textes de sagesse et des textes ésotériques des esséniens.

La deuxième tendance, issue du gnosticisme, en a récupéré certains concepts, avec principalement les oppositions entre natures féminine et masculine, et l’emploi du mot « syzygie », associé aux gnostiques valentiniens. La valeur de la véritable connaissance a également de fortes résonances gnostiques.

Le résultat : un système cosmique opposant Dieu, le vrai Prophète, Pierre et ses disciples avec le Mauvais, Simon le Magicien et ses disciples. L’être humain est soumis à ce système binaire, qui fait arriver le mal avant le bien, et doit chercher la vérité révélée par le vrai Prophète pour être sauvé. Tout au long des Homélies, cette cosmologie est

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développée avec méthode et cohérence, et génère un crescendo qui débute au livre II pour atteindre son paroxysme à l’enseignement final, en XX, 2-3.

Les Reconnaissances, pour leur part, ont rejeté une bonne part du mysticisme juif qui caractérise les Homélies. Même si elles conservent les thèmes des deux rois et des deux voies, elles les développent très peu. Ces doctrines ont une fonction claire : alimenter les attaques contre l’astrologie et appuyer les discours sur la nécessité d’user du libre arbitre pour choisir le seul Dieu véritable ; la doctrine des deux camps du bien et du mal, en changent de vocabulaire, pourrait être une tentative de se distancer de la doctrine des deux voies, et par conséquent d’un judaïsme trop ésotérique. Quant à la présence d’éléments gnostiques, aucune mention des natures masculine et féminine, ni du mot « syzygie », qui est remplacé par paria. Plutôt, les Reconnaissances abordent la question du dualisme selon un angle philosophique, trait qui s’en trouve renforcé d’ailleurs par la conversation entre Clément, ses frères et leur père, durant laquelle chacun des fils prend le point de vue d’une des écoles philosophiques antiques pour démonter la thèse du déterminisme astrologique.

L’affirmation selon laquelle le dualisme des Reconnaissances apparaît plus dilué, comme si elles s’étaient éloignées d’un système plus élaboré, doit être émise avec réserve, puisque nous ne savons pas comment la Grundschrift usait des différentes doctrines relatives à la règle des syzygies. En effet, il pourrait être possible de postuler que les

Homélies ont mieux conservé la règle des syzygies de la Grundschrift, mais ce serait

oublier que les Reconnaissances évoquent certains thèmes absents des Homélies : c’est le cas du discours d’Aquila en Rec., VIII, 52-53, alors qu’il montre comment toute chose bonne dans le monde a un mal qui lui est opposé et uni.

Il en ressort que chacune des deux versions du Roman propose un système original, et non pas une simple copie d’un modèle antérieur. S’il est clair que la Grundschrift possédait son propre système dualiste, l’homéliste et le recognitioniste ont su l’adapter selon leurs besoins.

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Au-delà de leurs différences, trois fonctions peuvent être attribuées au dualisme clémentin : une fonction cosmique, puisque deux puissances divines opposées sont établies, chacune avec son royaume, sous la supervision de Dieu ; une fonction éthique, puisqu’il faut choisir entre deux voies, ou deux camps, ce qui entraîne son lot de pratiques à adopter ou à rejeter, tout en définissant un « nous », qu’on pourrait identifier à un groupe judéo- chrétien apparenté aux ébionites, opposé à un « eux » ; un dualisme narratif, qui confronte deux personnages, Pierre et Simon le Magicien, dans une intrigue de poursuites et d’affrontements.

Une quatrième fonction peut être identifiée, exprimée explicitement seulement dans les Homélies, qui révèle que l’être humain est constitué de deux pâtes, l’une masculine l’autre féminine, chacune d’elles ayant ses états ; il s’agit d’un dualisme anthropologique.

Ces quatre types de dualisme, présents à leur façon dans les Homélies et dans les

Reconnaissances selon les modalités que nous avons définies, soutiennent tous la thèse que

Jésus est le vrai Prophète, c’est-à-dire l’agent divin capable seul d’apporter la connaissance nécessaire au salut. Dans ces conditions, les Homélies posent les critères pour juger de la valeur de la prophétie, alors que les Reconnaissances, suivant cette logique, se contentent de fournir la méthode pour accéder à la véritable connaissance.

Selon les mêmes modalités, les différents aspects du dualisme clémentin (les deux types de prophéties, les listes de syzygies, les deux rois et les deux voies) entretiennent des polémiques envers différents groupes religieux. Il a été possible d’en identifier quelques- uns (marcionites, montanistes, gnostiques, païens), qui se sont révélés à nous lorsque nous avons analysé des passages précis. Or, il devient très complexe d’opérer la même analyse sur l’ensemble des Homélies ou des Reconnaissances. En effet, dans leur globalité, les

Clémentines présentent un tel aspect hybride qu’il est impossible de définir un seul

adversaire.

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rapport entre les différents groupes religieux : au lieu de devoir lutter contre une multitude d’ennemis, les Clémentines présentent un duel entre vraie et fausse prophétie, entre vraie et fausse connaissance. Il n’est donc plus question de faire un choix entre telle ou telle doctrine, mais plutôt entre le salut ou la damnation : marcionites, montanistes, gnostiques et païens n’existent plus individuellement, mais sont incorporés ensemble pour ne former qu’un immense fouillis de mensonges.

Pour N. Kelley, cette polarisation relève d’une technique rhétorique : dans un environnement caractérisé par une multitude de revendications sur la vérité, il était nécessaire, pour éliminer la compétition plus efficacement, de proposer un choix entre salut et damnation : les attaques ne sont plus dirigées contre un groupe religieux, mais contre tous492.

Ce serait pour cette raison que les Clémentines ne nomment jamais leurs adversaires et pourquoi elles ont choisi Simon le Magicien comme antagoniste, lui, le père de toutes les hérésies. Simon n’est plus Paul ou Marcion, il est Paul et Marcion, comme il est gnostique, montaniste et possiblement encore beaucoup de choses.

Dans une étude postérieure, il sera nécessaire de prendre ces conclusions comme point de départ pour replacer les Clémentines dans leurs contextes historique, social et culturel. Il y a consensus dans la recherche moderne pour affirmer qu’elles seraient originaires de Syrie, au IVe siècle493. Pour N. Kelley, les villes d’Antioche et d’Édesse partageaient, à cette époque, les mêmes problématiques théologiques, philosophiques et sociales, en plus d’être « an intensly competitive and diverse religious marketplace »494. C’est dans ce contexte que les Reconnaissances se seraient constituées ; il pourrait être judicieux de compléter son étude en analysant comment ses conclusions sont applicables ou

492 N. KELLEY, Knowledge and Religious Authority in the Pseudo-Clementines, p. 206-207.

493 J. N. BREMMER, « Pseudo-Clementines: Texts, Dates, Places, Authors and Magic », p. 6-9 ; D. CÔTÉ, Le

thème de l’opposition entre Pierre et Simon , p. 1 ; F. S. JONES, The Syriac Pseudo-Clementines, p. 14 ; S. C. MIMOUNI, Le judéo-christianisme ancien, p. 280 ; P. PIOVANELLI, « ‘‘ L’ennemi est parmi nous ’’ :

présences de Paul », p. 243 ; A. Y. REED, « ‘‘ Jewish Christianity ’’ after the ‘‘ Parting of the Ways ’’ »,

p. 227

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non aux Homélies. Nous pourrions donc voir comment les différents aspects du Roman, en particulier ceux en rapport avec le dualisme, trouvent ou non leur cohérence dans ce milieu, en gardant en tête les contextes politique et culturel, les édits impériaux de 311 et 313, ainsi que la tenue des grands conciles de Nicée (en 325) et de Constantinople (en 381).

La question du milieu d’origine des Clémentines en soulève une autre, peut-être encore plus épineuse : celle de l’identité du groupe derrière la rédaction des Homélies et des

Reconnaissances. S’il est en effet relativement aisé d’imaginer des communautés distinctes

pour certaines couches rédactionnelles, souligne N. Kelley, il est plus difficile de se représenter quelle communauté aurait pu avoir besoin des textes dans leur état final495. Cette entreprise avait été amorcée par O. Cullmann, qui ne disposait pas à l’époque des manuscrits de Qumrân ni de ceux de Nag Hammadi. Il serait temps de réévaluer la question à la lumière de ces sources et des travaux récents.

Déjà, il nous apparaît que les conclusions d’une telle recherche redéfiniraient les rapports entre judaïsme et christianisme. En effet, l’étude des Clémentines tend à remettre en question le modèle du « Parting of the Ways », qui veut que judaïsme et christianisme, quelque part à la fin du Ier siècle ou au début du IIe, se soient définitivement séparés, empruntant chacun sa propre voie pour ne plus jamais entretenir d’autres rapports que d’hostilité.

Ce que les sources montrent est tout autre : « Attention to entire range of our extant evidence suggests that the continued diversity of Judaism and Christianity found expression in the variety of ways in which Jews and Christians interacted in different geographical, cultural, and social contexts »496. En effet, dans le cas des Clémentines, même si les sources judéo-chrétiennes qu’elles transmettent sont anciennes, leur présence dans l’état final des textes montre qu’elles avaient encore leur raison d’être au IVe siècle, probablement quelques décennies avant les grands conciles. Pour A. Y. Reed, si les Clémentines intègrent

495 N. KELLEY, Knowledge and Religious Authority in the Pseudo-Clementines, p. 180.

496 A. H. BECKER et A. Y. REED, « Introduction: traditional Models and New Directions », dans The Ways

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des matériaux judéo-chrétiens, elles prouvent également que ces traditions ont été préservées bien après la « Parting of the Ways » et que ce modèle devrait par conséquent être reconsidéré497.

En ce sens, judaïsme et christianisme ont continué d’entretenir un dialogue bien après le IIe siècle, à tel point que D. Boyarin avance qu’il ne faudrait plus considérer ces questions en terme d’opposition entre deux religions, mais plutôt comme un spectre, avec à une extrémité le christianisme de Marcion, entièrement coupé du judaïsme, et à l’autre un judaïsme pour lequel la figure de Jésus serait sans importance498. Les données recueillies par l’étude du dualisme clémentin semblent en effet attester d’une diversité religieuse et intellectuelle, diversité qui ne serait pas enclavée dans un jeu à deux, mais plutôt qui s’enracinerait dans un riche milieu théologique et philosophique, dans lequel une multitude de solutions seraient disponibles pour aborder la question de l’identité religieuse. Plus encore, G. Stanton met en garde toute tentative de prendre position pour ou contre l’importance des éléments judéo-chrétiens : il considère que le long processus de constitution des traditions clémentines a été surtout formé par des préoccupations didactiques et hagiographiques « rather than by any distinctively Jewish Christian emphases »499. Il faudrait avant tout établir clairement l’apport du judéo-christianisme aux

Clémentines, dont la source en Rec., I, 27-71 reste la trace la plus distinctive.

Ainsi, de futures recherches devront considérer ces implications avec attention, car elles ouvrent la voie à une approche renouvelée des Clémentines, comme le souligne A. Y. Reed :

Theses insights prove consequential insofar as they may point the way to a fresh approach to [the Homilies] and [the Recognitions], which recovers the significance of the texts’ final forms by exploring the significance of their