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6. Les deux voies

6.2 Les deux voies comme influence judéo-chrétienne

6.2.1 Les sources du judéo-christianisme

Nous avons effleuré la question, dans la sous-section précédente, de l’ébionisme, qui s’inscrit dans le sujet plus large du judéo-christianisme. Cette appellation, utilisée pour la première fois dans la recherche moderne par F. C. Baur443, désigne dans son sens large les juifs qui ont reconnu la messianité de Jésus, acceptant ou non sa divinité, tout en conservant la Torah444. Ainsi, puisque l’étude des deux voies nous amène à explorer les sources judéo- chrétiennes, apportons quelques considérations sur le sujet.

Avant 70, le christianisme est un fait entièrement juif, il « se situe tout entier dans le judaïsme »445. En effet, les pagano-chrétiens ne sont pas encore chrétiens, mais plutôt des sympathisants du judaïsme, car il n’existe pas encore de chrétiens : il existe des juifs chrétiens comme il existe des juifs esséniens. Après la destruction du Temple de Jérusalem, les chrétiens issus du judaïsme deviennent de plus en plus distincts à la fois du judaïsme et

441 Le thème des deux voies est fréquent dans les textes juifs : Pr 2, 18-19 :« Oui, sa maison bascule vers la

mort et ses menées conduisent chez les Ombres. Quiconque va chez elle n’en revient plus et n’atteint pas les chemins de la vie. » ; également, Pr 4, 27 ; 5, 56 ; 7, 25-27 ; Dt 30, 15 : « Vois : je mets aujourd’hui devant toit la vie et le bonheur, la mort et le malheur » ; Jr 21, 8 : « Je mets devant vous le chemin de la vie et le chemin de la mort. » ; Ps 1 :« Car le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perd. » ; Testament d’Abraham, 11, 2 : « Là, Abraham vit deux chemins : l’un étroit et resserré, l’autre large et spacieux ». Dans ce dernier passage, Abraham est témoin des âmes qui empruntent ou bien le passage étroit du salut, ou bien le passage large de la perdition. Voir L. T. STUCKENBRUCK, « The Interiorization of

Dualism », p. 166.

442 S. C. MIMOUNI, Le judéo-christianisme ancien, p. 201.

443 S. C. MIMOUNI, « Pour une définition nouvelle du judéo-christianisme ancien », p. 167. 444 S. C. MIMOUNI, « Pour une définition nouvelle du judéo-christianisme ancien », p. 184.

445 S. C. MIMOUNI, Les chrétiens d’origine juive dans l’Antiquité, Présences du judaïsme, 29, Paris, Albin

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de la Grande Église, c’est-à-dire des chrétiens issus de la Gentilité. Parmi ces judéo- chrétiens se trouvent les ébionites, dont nous avons traité, mais aussi les elchasaïtes, les nazoréens (ou nazaréens), les cérinthiens et les symmachiens, chacun de ceux-ci possédant des caractéristiques propres au niveau de leur doctrine et de leurs pratiques446.

S. C. Mimouni distingue cinq types de sources sur le judéo-christianisme447 : les sources canoniques, les sources apocryphes, les sources patristiques, les sources rabbiniques et les sources dîtes « judéo-chrétiennes ».

Si les sources canoniques sont constituées des Évangiles et des Épîtres, S. C. Mimouni distingue les documents issus d’un milieu araméophone, comme l’Évangile

de Matthieu, et les documents issus d’un milieu hellénophone, comme l’Évangile de Jean.

S. C. Mimouni spécifie que pour chacun des textes une analyse doit être opérée, puisque chacun d’eux présente ses particularités.

Les sources apocryphes sont constituées principalement d’apocryphes de l’Ancien Testament, de textes provenant du judaïsme qui ont transité par des judéo-chrétiens avant de tomber entre les mains des pagano-chrétiens. C’est le cas notamment de la Vie grecque

d’Adam et Ève qui, pour S. C. Mimouni, aurait connu une étape de transmission judéo-

chrétienne.

Les sources patristiques sont des documents indirects, puisqu’issus de la Grande Église, qui combattent souvent les judéo-chrétiens. Il faut donc les utiliser avec précaution,

446 Il serait hors propos de dresser ici un portrait de chacun de ces groupes, encore plus de traiter du

judéo-christianisme dans son ensemble. Nous vous renvoyons donc aux travaux de S. C. Mimouni, en particulier Le judéo-christianisme ancien. Voir également S. C. MIMOUNI et F. S. JONES, (éds.), Le judéo- christianisme dans tous ses états : actes du Colloque de Jérusalem, 6-10 juillet 1998 ; J. C. PAGET, Jews,

Christians and Jewish Christians in Antiquity ; O. SKARSAUNE et R. HVALVIK, (éds.), Jewish Believers in

Jesus, Peabody, Hendrickson Publishers, 2007 ; P. J. TOMSON et D. LAMBERS-PETRY, (éds.), The Image of the Judaeo-Christians in Ancient Jewish and Christian Literature, Wissenschaftliche Untersuchungen zum

Neuen Testament, 158, Tübingen, Mohr Siebeck, 2003.

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comme nous l’avons remarqué précédemment pour le cas des ébionites chez Épiphane448.

Les sources rabbiniques sont également à utiliser avec précaution, puisqu’elles présentent trois types de problèmes : l’absence d’éditions critiques des textes ou, s’il en existe, la nécessité de consulter les manuscrits, qui présentent un grand nombre de variantes entre eux ; la difficulté de déceler, parmi les passages contradictoires et les ajouts successifs, un noyau initial ; la datation des traditions.

Ce sont parmi les œuvres dîtes « judéo-chrétiennes » que nous retrouvons des sources sur la doctrine des deux voies. Par « judéo-chrétien » il ne faut pas comprendre que ces œuvres sont issues d’une même communauté ou d’un même milieu. Il n’existe pas en effet de consensus au sujet de leur origine « judéo-chrétienne », hormis en ce qui concerne les Évangiles judéo-chrétiens (comme l’Évangile de Pierre, l’Évangile des Ébionites et l’Évangile des Hébreux) ainsi que le corpus clémentin. C’est pour cette raison que S. C. Mimouni retient six textes similaires par la nature de leur origine, bien que, d’une part, ils aient été transmis (et donc altérés) par des pagano-chrétiens et que, d’autre part, chacun diffère des autres par ses doctrines. Ces textes sont la Didachè, l’Ascension d’Isaïe, le Pasteur d’Hermas, les Odes de Salomon, l’Épître de Barnabé et le Protévangile de

Jacques. S. C. Mimouni insiste sur le fait que cette liste n’est ni limitative ni définitive

puisque des apocryphes de l’Ancien et du Nouveau Testament sont également d’origine judéo-chrétienne449.

Trois documents nous intéressent particulièrement pour notre étude sur les deux voies : le Pasteur d’Hermas.la Didachè et l’Épître de Barnabé.

6.2.2 Le Pasteur d’Hermas (XXXV)

Le Pasteur d’Hermas est une apocalypse rédigée à Rome pour la communauté chrétienne romaine. La datation est problématique : le Canon de Muratori, découvert en

448 Pour un recension des sources patristiques, voir A. F. J. KLIJN et G. J. REININK, Patristic Evidence for

Jewish-Christian Sects, Supplements to Novum Testamentum, 36, Leiden, Brill, 1973.

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1750, indique qu’Hermas était le frère de Pie I, évêque de Rome entre 140 et 154. Toutefois, un passage du Pasteur mentionne un certain Clément, que d’aucuns associent à Clément de Rome (notre Clément des Clémentines) ce qui placerait plutôt la rédaction du

Pasteur vers 81-110. R. Joly rejette cette identification et place plutôt le Pasteur en 140450. Hermas lui-même donne dans le texte des détails sur sa vie, mais ceux-ci semblent relever de la fiction plus que de la réalité451 ; le seul détail connu, sa parenté avec Pie I, reste difficile à interpréter452.

Le Pasteur est divisé en cinq Visions, douze Préceptes et dix Paraboles dans lesquelles Hermas reçoit des révélations de personnages célestes. R. Joly rapproche le

Pasteur des textes hermétiques, textes qu’Hermas n’a peut-être pas connus, en soulevant

une série de traits :

[…] un usage du symbole, de la vision, du récit à la première personne, du dialogue fort inégal entre un Révélateur loquace et un privilégié très modeste ; aspect imposant ou effrayant du Révélateur, aveux d’ignorance, insistance pour obtenir de nouvelles révélations, remontrances de la part du Révélateur, mission d’apostolat dont est chargé le privilégié.453

6.2.2.1 Le dualisme du Pasteur

Trois Préceptes, les VI, VII et VIII, nous intéressent ici plus spécifiquement, car ils relèvent de la tradition des deux voies. Ces Préceptes sont donnés à Hermas par un berger qui le visite, qui se révèle être le Pasteur divin à qui Hermas a été confié454. Le Pasteur exhorte Hermas à suivre la voie droite et sans obstacle de la justice, et non pas la voie tortueuse, rocailleuse, épineuse et impraticable de l’injustice455. Puis le Pasteur poursuit en affirmant qu’il existe deux anges avec l’homme, l’un de justice, l’autre du mal456, chacun pouvant être différencié par ses œuvres ; s’en suit une description des comportements

450 R. JOLY, « Introduction », dans HERMAS, Le Pasteur, R. JOLY, (éd.), Sources chrétiennes, 53, Paris,

Éditions du Cerf, 1958, p. 14-15.

451 R. JOLY, « Introduction », dans Le Pasteur, p. 18-21. 452 R. JOLY, « Introduction », dans Le Pasteur, p. 55. 453 R. JOLY, « Introduction », dans Le Pasteur, p. 12. 454 Le Pasteur, 25, 1-3.

455 Le Pasteur, 35, 2-3. 456 Le Pasteur, 36, 1.

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relatifs à l’ange du mal, actions à éviter de peur de commettre le péché457.

Le Pasteur poursuit : il est combien plus préférable de craindre le Seigneur et de garder ses commandements : la crainte de Dieu permet de triompher du diable, de fuir le mal pour plutôt faire le bien458. Finalement, le Pasteur énumère une série de vices à éviter, puis une liste de bonnes actions à accomplir459.

Le caractère éthique de ces Préceptes est manifeste. Le Pasteur utilise l’image des deux voies, comme dans les textes précédemment étudiés, pour traiter des actions bonnes et mauvaises. Dans le Pasteur, contrairement à ce qu’on trouve dans les Homélies, la voie de la justice est facile à arpenter et celle du mal, tortueuse ; dans les Homélies, c’est l’inverse : « la voie de ceux qui meurent est large et parfaitement aplanie : elle fait mourir sans peine ; celle des sauvés est étroite et abrupte »460. Ceci s’explique par le fait que les Homélies veulent affirmer que la vertu est plus difficile à pratiquer que le mal, alors qu’Hermas veut plutôt accentuer les conséquences eschatologiques de la vertu et du vice461.

En plus de l’enseignement des deux voies, le Pasteur utilise le thème des deux anges, qui est à associer directement avec l’enseignement sur les deux Esprits de la Règle de la

Communauté. Cette relation avec le dualisme qumrânien ne fait aucun doute : plus encore,

elle témoigne du lien entre le Pasteur et le judaïsme, auquel le premier aurait emprunté ce thème462. Il ne faut pas conclure qu’Hermas aurait été essénien, mais plutôt que le Pasteur et les manuscrits de la Mer Morte partagent le même bagage juif463. En ce sens, le Pasteur demeure un livre chrétien, qui a christianisé des éléments juifs464.

457 Le Pasteur, 36, 5-7. 458 Le Pasteur, 37, 1-4. 459 Le Pasteur, 38, 1-10.

460 Hom., VII, 7, 2. C’est également le cas en Mt 7, 13-14. 461 R. JOLY, « Introduction », dans Le Pasteur, p. 170, note 1.

462 R. HVALVIK, « Jewish believers and Jewish influence in the Roman Church until the Early Second

Century », dans Jewish Believers in Jesus: the Early Centuries, O. SKARSAUNE et R. HVALVIK, (éds.),

Peabody, Hendrickson Publishers, 2007, p. 213.

463 R. HVALVIK, « Jewish believers and Jewish influence in the Roman Church », p. 214. 464 R. JOLY, « Introduction », dans Le Pasteur, p. 53.

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6.2.3 La Didachè

L’unique manuscrit de la Didachè fut découvert en 1873 par Philothée Bryennios à Constantinople, le Hierosolymitanus 54 actuellement conservé à la Bibliothèque du Patriarcat orthodoxe de Jérusalem. Ce texte se présente, selon son deuxième et plus long titre, comme la « Doctrine du Seigneur aux nations par les Douze Apôtres » ; il prend la forme d’un manuel catéchétique, liturgique et disciplinaire dont chacune des parties, de longueurs inégales et de genres différents, composent un texte dénué d’unité littéraire. Quatre sections peuvent se distinguer : les chapitres I à VI, d’ordre catéchétique et éthique, qui exposent la doctrine des deux voies ; les chapitres VII à X, d’ordre liturgique, qui évoquent le baptême, le jeûne, les prières quotidiennes et le repas eucharistique ; les chapitres XI à XV, d’ordre disciplinaire, donnent des indications sur l’organisation des communautés ; le chapitre XVI, d’ordre eschatologique, sert de conclusion à la Didachè.

Ainsi, la diversité de chacune des parties révèle des origines différentes pour chacune d’elles. Il est en ce sens impossible de déterminer l’identité du ou des auteurs de la

Didachè. Selon toute vraisemblance, la Didachè, dans son ensemble, est un recueil de

traditions rassemblées à une certaine époque par un auteur anonyme. Celui-ci adresse à des fidèles issus du paganisme un enseignement principalement fondé sur la tradition judéo- chrétienne465. En ce sens, le texte a été constitué à une époque où les conflits entre judéo- chrétiens et pagano-chrétiens n’avaient pas encore éclaté, ce qui situerait la rédaction finale de la Didachè à la fin du Ier siècle ou au début du IIe siècle466.

6.2.3.1 Les deux voies (Didachè I-VI)

Le texte débute par l’affirmation de l’existence de deux voies : « Il y a deux voies : l’une de la vie et l’autre de la mort ; mais la différence est grande entre les deux voies »467. Les chapitres I à IV expliquent quelles actions mènent à la voie de la vie en déclinant ce commandement principal en une série de directives : « Tu aimeras d’abord Dieu qui t’a créé, puis ton prochain comme toi-même, et tout ce que tu ne veux pas qu’il te soit fait, toi

465 W. RORDORF et A. TUILIER, « Introduction », dans La doctrine des douze apôtres (Didachè), W. RORDORF

et A. TUILIER, (éds.), Sources chrétiennes, 248, Paris, Éditions du Cerf, 1978, p. 21.

466 S. C. MIMOUNI, Le judéo-christianisme ancien, p. 197. 467 Didachè, 1,1.

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non plus ne le fais pas à autrui »468. N’est réservé à la voie de la mort que le chapitre V, qui énumère succinctement une série de vices à éviter ; le chapitre VI, quant à lui, sert de conclusion et de transition vers la suite du texte.

La Didachè ne conserve que la dimension éthique des deux voies, et n’offre aucune considération cosmologique ou anthropologique. Les deux voies de la Didachè se présentent en effet comme une série d’actions à poser ou à éviter, d’attitudes à adopter ou à rejeter ; elles n’expliquent pas l’origine de l’existence des deux voies ni par une lutte entre deux esprits, ni par la lutte entre deux tendances au sein de l’âme humaine. W. Rordorf voit ces indications comme étant destinées à des pagano-chrétiens : l’enseignement sur les deux voies aurait servi de catéchèse prébaptismale469.

Nous sommes donc ici plus éloignés des textes de Qumrân, qui apparaissent « essentiellement particularistes et sectaires », alors que la tradition des deux voies rapportée par la Didachè est « résolument universaliste et missionnaire »470. En ce sens, la

Didachè est plus proche du Testament d’Aser et de 1 Hénoch, quoiqu’il ne faille pas

nécessairement voir en eux des sources directes471.

En ce qui concerne les liens qui unissent le Pasteur et la Didachè, l’utilisation du thème des deux voies les rapproche manifestement. La liste des vices au huitième Précepte n’est pas sans rappeler non plus celle du cinquième chapitre de la Didachè. Ici aussi il ne faut pas voir l’un comme la source de l’autre, mais plutôt considérer les deux comme ayant fait usage des mêmes traditions, antérieures au christianisme472.

6.2.4 L’Épître de Barnabé

L’Épître de Barnabé fournit également une version de la doctrine des deux voies. Ce

468 Didachè, 1,2.

469 W. RORDORF, « Un chapitre d’éthique judéo-chrétienne : les Deux Voies », dans Liturgie, foi et vie des

premiers chrétiens : études patristiques, Théologie historique, 75, Paris, Beauchesne, 1986, p. 117-119.

470 W. RORDORF et A. TUILIER, « Introduction », dans Didachè, p. 24.

471 W. RORDORF et A. TUILIER, « Introduction », dans Didachè, p. 24 et la note 4. 472 S. GIET, Hermas et les Pasteurs, Paris, Presses universitaires de France, 1963, p. 202.

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traité doctrinal prend la forme d’une lettre, bien que la forme épistolaire soit davantage une fiction. Même s’il est généralement admis que Barnabé a connu différents stades de rédaction, elle présente néanmoins des caractéristiques de langues, de mots, d’images et de doctrine qui témoignent d’une seule main derrière la rédaction. Celle-ci pourrait être située entre 115-116 et 130-135473, en Syrie ou en Palestine à cause, entre autres, de similitudes sotériologiques, morales et eschatologiques des textes qumrâniens et de la parenté avec l’Ascension d’Isaïe, l’Évangile de Pierre et les Odes de Salomon, qui sont tous trois d’origine syrienne474.

Pour S. C. Mimouni, ce texte est le témoin d’une polémique qui se serait tenue au début du IIe siècle entre communautés judéo-chrétiennes au sujet des observances de la Torah : l’auteur de Barnabé leur serait opposé et s’adresserait à des judéo-chrétiens qui leur seraient favorables475.

Barnabé peut se découper en deux parties : la première, des chapitres 1 à 17, possède

un caractère dogmatique. L’auteur propose une interprétation allégorique des Écritures, en relation avec la venue du Christ. La deuxième partie, des chapitres 18 à 21, contient l’enseignement sur les deux voies ; elle est, en conséquence, de caractère éthique. Il serait probable que l’auteur de Barnabé ait copié un manuel de morale juive pour l’apposer à la fin de son ouvrage476.

6.2.4.1 Les deux voies (Épitre de Barnabé, XVIII-XXI)

Au début du chapitre 18, le texte annonce qu’il est temps de changer de sujet et d’en venir « à un autre genre de connaissance et d’enseignement » : il s’agit des deux voies, dont chacune relève « d’un enseignement et d’une autorité : la voie de la lumière et celle des

473 S. C. MIMOUNI, Le judéo-christianisme ancien, p. 239.

474 P. PRIGENT, « Introduction », dans Épître de Barnabé, P. PRIGENT et R. A. KRAFT, (éds.), Sources

chrétiennes, 172, Paris, Éditions du Cerf, 1971, p. 22-24 ; S. C. MIMOUNI, Le judéo-christianisme ancien,

p. 239-240.

475 S. C. MIMOUNI, Le judéo-christianisme ancien, p. 231. 476 P. PRIGENT, « Introduction », dans Épître de Barnabé, p. 12

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ténèbres »477. Alors que la voie de la lumière est gouvernée par les anges de Dieu, la voie des ténèbres est gouvernée par les anges de Satan. L’un est « Seigneur d’éternité en éternité, l’autre est prince de la présente époque d’iniquité ». Le chapitre 19 présente la voie de la lumière en une liste de 48 devoirs ; le chapitre 20, décrit la voie des ténèbres en dix- sept vices et onze actions proscrites. Finalement, le chapitre 21 conclut l’enseignement des deux voies et Barnabé par une exhortation à suivre les instructions fournies en vue de la résurrection et de la rétribution.