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Urbanistes et technocrates inspirés : de Ashbee à Kendall, trajectoires croisées

L´URBANISME, DOMAINE RESERVE DE L´OCCIDENT

2.1 LES TERRITOIRES ET LES STRUCTURES DE LA POLITIQUE URBAINE ANGLAISE

2.2.1 Urbanistes et technocrates inspirés : de Ashbee à Kendall, trajectoires croisées

Antoine Picon dans les Saint Simoniens, Raison, Imaginaire et Utopie s´est attaché à montrer la pensée de l´urbanité naissante à l´âge industriel vu à partir du projet technologique saint simonien30. Toute la perception urbaine des Saint Simoniens et une certaine pensée de la ville résidaient dans les deux formes d´aménagement que sont les réseaux et le monument :

«Le premier diffuse ses bienfaits matériels sur l´ensemble de l´espace urbain, tandis que le second concentre sa signification spirituelle»31.

Mais la part de création des Saint-Simoniens n´avait de sens que parce qu´elle était arrimée à la puissance publique et d´autre part à l´illusion utopique. Ce parti de nous référer autant à la sphère des ingénieurs des Lumières qu´à la sphère des urbanistes coloniaux, pour le cas de Jérusalem, tient à la nature de la présence anglaise en Terre Sainte. Elle est peut-être moins géopolitique, moins militaire, colonial que civilisationnelle.

2.2.1.1.L´urbanisme des philanthropes

A Jérusalem, il faut voir que l´expertise urbaine est fortement intégrée à la décision et à l´action politique au sein de l´administration ou dans des structures périphériques comme la Pro-Jerusalem Society, cellule technique ou culturelle directement sous la tutelle de l´administration anglaise. La Pro-Jerusalem Society a pour vocation :

«D´aménager, d´assurer le fonctionnement des parcs et jardins, développer des institutions culturelles dans tout le district de Jérusalem, coopérer avec les départements de l´éducation, de l´agriculture, de la santé publique dans l´intérêt du bien-être des populations»32.

Concrètement, il s´agit de surtout d´encadrer la préservation de Jérusalem, de prendre des lois sur l´urbanisme,

«De tenir compte de l´industrialisation, aussi du caractère arabe de la ville»33. Tout cela, déclare Storrs initiateur de la Pro-Jerusalem Society ne peut «être l´œuvre d´un seul homme».

30 A.Picon, Les Saint Simoniens, Raison, Imaginaire et Utopie, Paris, Belin, 2002.

31 A.Picon, op.cit, p253.

32 C.R. Ashbee, Jerusalem 1918-1920, edited for the Council of the Pro-Jerusalem Society, 1921, op.cit., p.12.

Avec la mise en place de la Pro-Jerusalem Society, les décisions ne sont plus effectuées au nom d´une légitimation ou d´un pouvoir traditionnel ou confessionnel : comme ceux du Pacha, du Mufti, des effendi ou d´un leadership personnel, celui d´un maire, d´un clan, d´un mécène, mais d´une vision technique et urbaine rationnelle. A sa création, son Président Honoraire est le Haut Commissaire Samuel, son Président Sir Ronald Storrs, Gouverneur de Jérusalem. Son secrétaire est le conseiller technique aux affaires civiques, l´architecte Ashbee. Le Conseil d´administration se compose du maire de Jérusalem Muza Kazem Pasha al Husseini, du Grand Mufti de Jérusalem, des Représentants des communautés religieuses : le patriarche orthodoxe, le patriarche arménien, les révérents des couvents Terra Sancta de l´Ecole Biblique, le représentant de l´Organisation Sioniste Exécutive. Il comprend aussi des érudits ou experts spécialistes diffusant leurs travaux, comme le capitaine Creswel, Inspecteur des Monuments Britanniques, spécialiste de l´architecture islamique, ou comme l´urbaniste Patrick Geddes. Des mécènes et personnes influentes siègent comme le Maire Adjoint juif34 de Jérusalem et quelques autres personnalités (militaires, médecins).

Initialement créée pour collecter des fonds dans les cercles économiques et philanthropiques, la Pro-Jerusalem Society aura été finalement l´opérateur plus ou moins formel du développement urbain de Jérusalem, entre 1918 jusqu´à la fin dans les années 1930. Elle aura élaboré les grands schémas d´urbanisme, financé les travaux de préservation des lieux saints et des sites archéologiques, le paysagement de la vieille ville. Elle aura surtout diffusé des idées nouvelles en matière d´urbanisme, comme les cités jardins par le biais de ses publications. Elle aura encore permis de faire émerger un urbanisme de planification articulant l´expertise technique à la décision politique et où les médiateurs internationaux ont toute leur place, bien au-delà des représentations confessionnelles. Il faut voir comment se croisent, se succèdent ou s´accompagnent mutuellement les techniciens de Jérusalem.

34 Rappelons que le Conseil Municipal de Jérusalem comme des villes autres mixtes est bi-confessionnel avec six juifs, six arabes.

2.2.1.2. L´urbanisme civique de Ashbee,entre modernisation et préservation

«Jérusalem est la ville d´une idée nouvelle où on doit reconnaître l´appel qu´elle fait au monde» écrit l´urbaniste, conseiller Ashbee, en tant que secrétaire de la Pro-Jerusalem Society35.

Cette idée là est celle de l´expérimentation qui rejoint peut-être l´esprit de l´aventure coloniale, vue ailleurs. «Au Maroc les gens croient à l´urbanisme» avait écrit Léandre Vaillat, critique d´art en 193136. L´urbanisme colonial moderne prend sa source dans les valeurs esthétiques de progrès, et plus précisément de pureté, de salubrité appliquées dans les villes, non qu´elles représentent, mais dont elles sont le centre. On sait que dans les colonies, les réglementations qui apparaissent au début du siècle par exemple sur la salubrité en médina, sur l´hygiène, et la santé publique et la circulation sont au cœur du projet urbain moderne que construisent des administrateurs, des ingénieurs et architectes. Les modèles de la cité jardin, du zoning, du cordon végétal ou sanitaire se retrouvent à New Delhi, Tananarive, Hanoi, Alep et Casablanca mais aussi à Jérusalem. Ils sont destinés tantôt à isoler les populations autochtones tantôt à décongestionner le tissu central tantôt à embellir ou ordonner les villes.

Ashbee conseiller du Gouverneur et secrétaire de la Pro-Jerusalem Society, au démarrage de cette dernière, fut précisément celui qui introduisit l´urbanisme de planification à Jérusalem et une certaine esthétique métropolitaine. Il ne fit pas que publier les cartes de la ville au 1/5000 en anglais, en arabe et hébreu ou procéder au recollement exhaustif de la structure foncière de Jérusalem. Il se consacra surtout à la supervision des schémas directeurs de 1918 et 1922 qui expriment sans doute sa vision personnelle. C´est que Ashbee arrive en Palestine avec une pensée qu´il a éprouvé au cours de sa carrière à Londres mais aussi en Egypte. Il a dirigé les enquêtes sur les monuments du Grand Londres, publié un répertoire des monuments historiques détruits lors de la guerre37, mis en place les premières mesures de conservation mais aussi de classement de l´architecture londonienne, fait procéder à l´inventaire des

35 C.R. Ashbee, in Jerusalem, 1918-20, op.cit., p.3.

36 L. Vaillat, cité par Wright dans «Tradition in the service of Modernity, Architecture and urbanism in French Colonial Policy» in Tension of empire, op cit., p. 326.

37 C.R. Ashbee (ed.), The Survey of London, being the first volume of the register of the committee for the Survey of the

monuments historiques. Il siégeait aux instances de promotion de l´architecture, à la Royal Institute of British Architects et autres sociétés philanthropiques. Après un essai sur l´architecte Frank Lloyd Wright en 191138, il a publié en 1917 son essai d´urbanisme Where The Great City stands , a Study in the New Civics qui donne la teneur de sa pensée, celle là même qui l´anime et le conduit en Palestine après avoir exercé en Egypte.

Il y rappelle que l´Orient comme source du sens, comme imaginaire et monde d´art doit être confronté à une modernité. Ashbee, dans la foulée du mouvement saint simonien qu´il cite à plusieurs reprises et de son appel de l´Orient se veut moins culturaliste ou moins utopiste que positiviste. Il avance un propos idéaliste de la ville et de la civilisation urbaine mais celle-ci :

«Doit se diffuser dans les colonies britanniques» et pas seulement sur le Continent». Des règles urbaines doivent discipliner la croissance des villes «et les immeubles hors échelle non civilisés» de notre industrialisation barbare»39.

Les références à Le Bon, aux socialistes français, à un mouvement esthétique moderne comme le futurisme ou encore à la cité démocratique grecque sont constantes. A Jérusalem, Ashbee fit entrer une conception anglaise mais aussi civique de l´urbanisme, à partir de deux premiers schémas directeurs qui doivent être «incorporés» ,selon ses termes dans la décision publique nationale. L´urbanisme est aussi la fusion d´un modèle théorique et pratique :

«L´enquête (the survey) couvre un domaine de décisions concernant l´architecte, le sociologue et le politique qui ont une vue générale»40.

Ce qui prime en premier lieu dans la culture territoriale et urbaine, c´est la constitution d´un domaine d´études. Ashbee fit admettre à l´administration civile de Samuel l´importance des études techniques et humaines qui doivent être financées pour ne plus dépendre de l´administration militaire.

«Le succès d´un plan dépend des études» et aucun plan n´est possible tant que les enquêtes ne sont pas exhaustives». Selon lui les cartes «des Turcs doivent être corrigées dans un sens plus scientifique, d´exactitude» 41.

38 C.R Ashbee, Franck Lloyd Wright, Berlin , Wasmuth, 1911

39 in Where the city stands, op.cit., p.54-55.

40 C.R Ashbee,Jerusalem 1920-1922, the Records of the Pro-Jerusalem Council during the First two Years of the Civil

Administration, , edited by the Council of the Pro-Jerusalem Society, 1924. Il s´agit donc du second volume sur

Ashbee fit accepter des budgets d´études, dans le cadre des deux premiers schémas directeurs pour Jérusalem qu´établiront les urbanistes Mac Lean et Geddes. Ceux-ci doivent marquer une nette évolution par rapport aux premiers plans approximatifs42 entrepris par l´administration provisoire et l´ingénieur municipal Gueni et dont Ashbee ne mentionne jamais le nom ; car il faut en finir avec «le médiévisme». L´observation et la rationalisation doivent prendre le pas sur les spéculations. Les données statistiques, techniques et autres relevés doivent avoir une efficience dans le cadre de la planification. L´ordre descriptif devient constitutif du projet car il induit des projections à l´image du zoning. Selon Ashbee, le zoning est ce «qui précède tout» avec les alignements, les nouvelles rues et quartiers. Le plan sert à ordonnancer la ville, mais il implique dans les villes arabes, d´être soigneux.

«L´industrialisation en Occident comme en Orient rend nécessaire l´instauration de règles d´urbanisme. Mais celles-ci dépendent de son adaptabilité, de son application administrative. Il faut tenir compte de la religion, de l´éducation, du paysage […] Il faut anticiper […] Un bon plan doit être adaptable et la machine administrative a le pouvoir de le modifier»43.

Si Ashbee comme ses successeurs donnent tout crédit aux premiers plans de William Mac Lean et surtout de Patrick Geddes à Jérusalem, c´est qu´ils apportent les lignes directrices de ce que doit «être la ville» selon les mots, cette fois, de Kendall notamment sur la base du zoning, de la projection qui découle des besoins rationnels des habitants.

2.2.1.3 La ville blanche , catégorie esthétique

A la demande de Storrs et de Ashbee, l´architecte. William Mac Lean, élabore donc le premier schéma (Town Scheme n°1) en 1918 alors que la ville est encore sous couvre-feu. Mac Lean après avoir travaillé sur les plans d´assainissement de Glasgow a poursuivi une carrière coloniale à Khartoum, à Alexandrie où il a installé son agence. Il sera le concepteur du plan de développement de cette dernière en 1920. A Jérusalem, le plan de Mac Lean qui ne disposait que de peu d´informations procède par empirisme,

41 In ibid, op.cit, p. 25-27.

42 Il semble d´après Ashbee que l´administration militaire refusait de budgétiser les études, jusqu´au premier plan de Gueni, jugé incorrect.

et ses préoccupations se tournent vers la préservation du paysage originel de la vieille ville.

Figure 7 : Plan de Jérusalem réalisé par Mc Lean

Source : Archives de la Pro-Jérusalem Society, Fulbright Institute, Jérusalem

Il s´agit «d´isoler la vieille ville au sein d´un parc naturel» écrit Ashbee à propos du plan de Mc Lean44. Le développement de la ville est dual, là où Mac Lean insiste sur le caractère émotionnel de la ville dans ses murs ceinturée par les collines (Sion, Hénon, Ophel, Mont Moriah) par opposition à la cité moderne hors les murs. Le dessin de Mac Lean hiérarchise quatre secteurs où seront prises différentes mesures de mise en valeur de la cité céleste et de son paysage. Il fixe un périmètre de protection de la vieille ville, mais aussi des vallées entourant les remparts, à l´Ouest, au Sud (la vallée du Hinnon et

de Kidon). Au total les espaces non constructibles (8000 dunums) représentent 45% de la surface totale du plan (17000 dunums).

Une ordonnance est signée par le Gouverneur Storrs préparée par le Conseiller Ashbee. Un permis est obligatoire pour démolir ou construire à l´intérieur des remparts et dans un rayon de 2500 m autour de la porte de Damas sous peine de sanctions45. L´ordonnance précise les contraintes des propriétaires et riverains : prescriptions architecturales en ce qui concerne l´usage obligatoire de la pierre pour les toits et façades dans la forme traditionnelle des villages, interdiction d´afficher de la publicité sur les murs, limitation des hauteurs des constructions nouvelles à 11m dans le pourtour de la vieille ville, interdiction de construire dans l´axe et sur le Mont des Oliviers. L´emploi de la pierre de Jérusalem est également obligatoire dans les nouveaux quartiers et lotissements.

Figure 8 : Ordonnance publique sur la préservation de Jérusalem, 1918 Source : Urban geography of Jerusalem, D.Amiran, A. Shachar, I. Kimhi (eds)

Si Mac Lean insiste sur la dimension esthétique de la ville, de ses remparts et des collines de Sion, Mont des Oliviers, il consolide des principes de développement maîtrisé de la ville hors les murs. Un front d´urbanisation est possible à l´intérieur d´un développement graduel et concentrique à partir de nouvelles voies structurantes ouvrant vers Jaffa, Naplouse, Nabi Samuel, Djénine. Un axe urbain est recommandé à partir de la rue de Jaffa au Nord Ouest dans la perspective de la citadelle et de la porte de Jaffa. Le schéma est approuvé dans sa forme finale en juillet 1918, sans difficulté, par le Maire de Jérusalem, Kazem Mussa Husseini, ayant sans doute bien conscience de l´attachement consensuel des anglais au paysage originel et aux Lieux Saints. Il ne

contestera pas, pas plus que le Mufti, l´ordonnance sur les démolitions prises au nom de la pureté de la vieille ville46.

Figure 9 : Projet de rénovation de la porte de Jaffa et remparts en 1918 par la Pro-Jerusalem Sociéty (R . Creswell, architecte)

Source : Pro-Jerusalem Society, Jerusalem 1918-1920, the Records of the Pro-Jerusalem Council during the

period of the British Military Administration, édité par C.R Ashbee

46 Si on s´en tient aux commentaires de Storrs dans Jerusalem 1918-1920, on peut penser que les Husseini, maire et Mufti appliquaient de façon disciplinée les ordres de Storrs. Pour ce dernier, il y avait une relation de confiance au sein de la Pro-Jerusalem Society et un esprit de tolérance.

2.2.1.4 De Geddes à Holiday : esthétisme et développement du «plus beau parc sacré du monde» Six mois plus tard l´urbaniste Patrick Geddes qui est missionné par la Commission Sioniste pour étudier l´implantation de l´université hébraïque est invité par Storrs et la Pro-Jerusalem Society, à exprimer son point de vue sur le développement et à produire un plan. Figure de l´urbanisme moderne, l´intervention de Patrick Geddes en 1919 a évidemment son importance, au moment où il élabore à la fois le schéma directeur de Tel Aviv et publie sa réflexion sur les villes dans Cities in Evolution47. Geddes y propose une histoire des villes qui embrasse toutes les cultures, pourvu que celles-ci prennent le chemin du progrès. Les villes sont vues comme des organismes vivants, et Geddes revient sans cesse sur sa conception de l´enquête urbaine, d´un urbanisme civique associant les habitants.

En Palestine, Geddes peut compter sur l´appui de Ashbee, membre comme lui de l´Institut Royal, de la Revue Town Planning Review. Tous deux ont participé à l´exposition universelle d´Edinburgh de 1882, dispositif fédérateur et discursif mettant en scène la ville comme objet de savoirs. L´exposition était une machine à penser la ville, un musée civique selon les termes de Geddes48. Celui-ci a demandé en Palestine que soient effectués des études démographiques et des relevés topographiques. Geddes critiqua en effet le plan fait par Mac Lean son manque de temps et sa méconnaissance de la ville et l´insuffisance des études49. Mais il n´en contredira pas les principes d´organisation bipolaire : la ville moderne surplombant la vieille ville et son amphithéâtre de parcs bien mis en valeur par Mac Lean. Geddes reprend le principe d´une ceinture verte aménagée en terrasses autour des remparts. L´enceinte originelle de Jérusalem qui abrite les sanctuaires, cimetières juifs et les sites historiques du Mont des Oliviers, du Mont Scopus est vue comme «le plus important des parcs sacrés au

47 P. Geddes, L´évolution des villes : une introduction au mouvement de l´urbanisme et à l´étude l´instruction civique, Paris, Ed. Temenos, 1994.

48 Cf. Volker Welter, «Stages of an exhibition. The Cities and Town Planning Exhibition of Patrick Geddes», Planning History, vol. 20, n.1, p.25-35.

49 Geddes écrivait à l´Agence Sioniste : «On ne peut pas accuser l´urbaniste municipal d´être mauvais étant donné le manque d´études. Un temps insuffisant a été accordé pour sa préparation», cité par Helen Miller, d´après les Archives Sionistes, in Patrick Geddes, Social Evolutionist and City Planner, Routledge, London, 1990, p.277. Selon Ashbee, les précédents relevés de l´administration étaient inexacts. « Moi-même j´ai trouvé des fautes de 150 foot», in Jerusalem, 1920-1922.

monde». Geddes, préserve la vue et la perspective vers le Mont des Oliviers, vers le Mont Scopus pour créer selon les termes de l´urbaniste «un panorama inspiré»50.

Il préconise et renforce le même développement graduel de la ville nouvelle à l´ouest et au nord ouest et au sud ouest à proximité de la gare à Beit Safafa pour le secteur industriel, artisanal. Au total les surfaces urbanisables représentent cette fois 65% du plan. Geddes propose un nouveau schéma viaire sur la base d´une Ring Road qui suit naturellement la topographie, le relief de la ville pour relier les futurs quartiers résidentiels autour de la vieille ville. La ville est divisée en huit secteurs de planification. Tout cela procède bel et bien d´une réflexion anticipant les formes futures de la ville, propre à Geddes ou au Town Planning londonien. Le plan de Jérusalem ne fût peut-être pas très éloigné du plan du Grand Londres en ce qui concerne la prise en compte de l´histoire locale, les nouvelles formes de croissance industrielle, les enjeux démographiques, une certaine idéologie libérale traduits dans le zoning. En 1922, la Commission d´urbanisme Municipale et la Pro-Société de Jérusalem approuvent le schéma urbain (Town Scheme n°2).

L´importance accordée à l´ordre descriptif, au savoir tabulaire : statistiques, diagrammes, données préalables, mais aussi à la compréhension de l´évolution de la ville fonde, semble-t-il, une vision commune des fonctionnaires ou des experts successifs chargés de la planification. A la fin des années 1920, l´immigration juive est à un moment culminant, la population a augmenté d´un tiers en sept ans et Jérusalem qui atteint presque la centaine de milliers d´habitants change d´échelle51. Des régulations pour encadrer la croissance de la nouvelle ville deviennent nécessaires. Dans le service dirigé par Holiday puis Kendall le travail de collecte et de programmation est renforcé, des ingénieurs sont recrutés.

Les nouveaux schémas de 1930 et 1944 réalisés par Holiday puis Kendall représentent non seulement les formes d´une pensée occidentale, mais le modèle des plans urbains métropolitains comme celui de Londres. Les fonctions d´une ville