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Urbanisation et gestion sectorielle de l’eau : une corrélation inéluctable

1.3. La réalisation et les résultats du PQA-PE : ses analyses et propositions en tant qu’indices d’une approche avant-gardiste

1.3.2.1. Urbanisation et gestion sectorielle de l’eau : une corrélation inéluctable

Les interventions d’amélioration de la qualité des eaux de la RMR sont fondées sur une meilleure compréhension de la « relation entre le processus d’urbanisation et les problèmes d’assainissement » (UGP PQA-PE, 1997-x, p. 18). La précarité du niveau de couverture des systèmes est au cœur des questions étudiées : 88% des foyers avaient accès au réseau de distribution d’eau ; 21% des habitations étaient raccordées au système d’assainissement ; 2%

se servaient de systèmes isolés ; le restant faisait usage de solutions autonomes ou n’avaient pas de solution d’assainissement. Ce cadre amenait en 1996 à un indice de 70% des décès d’enfants en bas âge (jusqu’à quatre ans) causés par des maladies transmises par l’eau. La prédominance d’un style d’occupation du sol qui ne suit ni les paramètres légaux ni les caractéristiques de l’environnement est jugée responsable de l’excessive imperméabilisation du sol, de l’éradication de la végétation, du découpage inadéquat de terrains en pente et du remblai sans contrôle des fonds de vallées. La pollution des eaux, l’érosion et l’ensablement des cours d’eau sont parmi les effets de ce processus. Mais, d’autres conséquences sont encore plus visibles (et nuisibles) : la propagation de maladies, les glissements de terrains, les inondations… C’est pourquoi, dans les RD, les spécialistes lancent la formule :

La qualité environnementale et sanitaire des villes ne pourra être améliorée qu’à travers de mesures visant à perfectionner les réseaux d’infrastructures et de services (eaux, égouts, ramassage des ordures, traitement des déchets, etc.) et d’un contrôle plus restrictif sur l’occupation [et l’usage] du sol (idem).

Dans ce cadre, une tendance se montrait préoccupante : la participation croissante des occupations pauvres dans la configuration de la tache urbaine de la métropole. L’extension de ces zones était plus importante là où la précarité de l’habitat humain est plus grave : les favelas sur les morros ou dans les plaines inondables. Cette situation qui influençait la gestion sectorielle résultait, dans une grande mesure, d’aspects socio-économiques tels que les faibles revenus des familles et leur exclusion qui en découle d’un marché foncier formel qui les pousse à habiter des zones à risques, dépourvues d’infrastructures minimales. Les RH approfondissent les indicateurs de pauvreté dont les données relatives aux municipalités inscrites dans le bassin du Beberibe sont ci-dessous (cf. Tableaux 1-8 et 1-9).

Tableau 1-8 : Coefficient de Gini

Source : UGP PQA-PE, 1997, basée sur des donnés de l’IBGE, 1991.

Source : UGP PQA-PE, 1997, basée sur des donnés de l’IBGE, 1991.

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En utilisant des estimations du Programa de Apoio ao Setor Informal – Segmento Catadores de Materiais Reaproveitáveis (« programme de soutien au secteur informel – ramasseurs de matériaux recyclables »), réalisé en 1995 par le gouvernement du Pernambouc, les rapports de ressources hydriques rappellent le caractère informel – ou illégal – de la moitié des occupations de la région métropolitaine de Recife. Cette situation était compatible avec la prédominance des activités informelles et des professions autonomes dans l’économie : 50%

des personnes économiquement actives y trouvent un moyen de subsistance. De même, les études révèlent que 89,94% des chefs de foyer n’avaient pas de revenus ou recevaient jusqu’à trois salaires minimum (environ 360 dollars américains, de l’époque86), ce qui justifiait le fait que plus de 900.000 personnes vivaient juste au-dessus du seuil de pauvrété. Un autre indice préoccupant était la concentration d’indigents dans la RMR : plus de 200.000 familles (30,7%

du total de l’État) habitant la métropole étaient dans cette catégorie. Enfin, les rapports soulignent le haut degré d'inégalité de la distribution des revenus dans la région.

Aux aspects cités précedemment s’en ajoutaient d’autres, inclus dans les analyses et suggestions selon la démarche intégrative du PQA-PE. Ceux relatifs à l’environnement naturel (environnementaux), dont la fragilité face à l’occupation sans contrôle est le facteur le plus grave, et politiques, parmi lesquels le projet souligne l’absence d’actions publiques visant à contenir l’expansion des favelas et à atténuer les nuisances qui touchent leurs habitants, sont des cibles préférentielles des études.

L’absence d’infrastructures et de services sectoriels et la faible efficacité des politiques d’aménagement territorial ayant pour objectif l’urbanisation et régularisation des favelas est un défi majeur. Une autre tendance soulignée, le phénomène de « périphérisation », rendait cette problématique encore plus grave à mesure que le mouvement d’expansion urbaine avait un caractère éminemment précaire et pouvait représenter une menace quant à la préservation des sources à l’ouest de la RMR, comme avaient alerté antérieurement les RH (cf. UGP PQA-PE, 1997-aa, p. 34). Ainsi, les rapports de Drainage optent pour une approche selon laquelle

« pour les études et la planification des systèmes […], l’évaluation de l’évolution et de l’expansion des zones urbaines a une importance spéciale, prenant en compte les impacts sur les conditions de ruissellement superficiel des eaux » (UGP PQA-PE, 1997-a, p. 70). Le processus d’urbanisation et les tendances de croissance de la métropole sont analysés dans le but de saisir les altérations possibles du cycle hydrologique et des conditions d’opération des systèmes qui peuvent en résulter :

- Dans le sous-secteur du drainage, il fallait anticiper l’augmentation des débits et de la vitesse d’écoulement, les zones exposées à l’érosion, les facteurs d’ensablement des cours d’eau, la récurrence d’inondations et d’autres situations à risques ;

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86 Ce chiffre est assez atypique par rapport à la relation historique des valeurs de la monnaie brésilienne face au dollar américain. Surcotée pendant la période immédiatement postérieure à la création du Real brésilien (R$), la nouvelle monnaie correspondait alors à 1,2 dollar américain.

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- Dans le domaine de l’assainissement, la croissance démographique représente un plus grand volume à acheminer et traiter ; les risques de contamination augmentent, les fondements du calcul des coûts d’opération du système sont altérés ;

- En ce qui concerne les ressources hydriques, l’augmentation de la population signifie une pression sur l’offre d’eau, l’expansion des occupations sur les zones fragiles sont des menaces sur leur exploitation, des systèmes d’assainissement et drainage sous-dimensionnés (ou inexistants) accentuent les risques de pollution des eaux ;

- Enfin, la gestion des déchets solides peut être impactée par une production croissante d’ordures, et l’absence d’espaces de décharges adaptés peut contaminer les eaux et dégrader l’environnement naturel et urbanisé…

La prévision de ces tendances a une importance capitale dans la planification des réseaux et des systèmes en général, et de drainage en particulier, réduisant les risques de sous ou de surestimation des débits qui peuvent avoir des répercussions – positives ou négatives – sur leur fonctionnement dans l’avenir. La mise en relation entre le taux d’urbanisation et le pourcentage d’imperméabilisation du sol, estimé pour chaque bassin étudié par le PMDM en est un exemple (cf. Tableau 1-10).

Capibaribe (zone urbaine) 96,23 95,88 27,00 47,00

Tejipió 99,41 99,36 27,00 49,00

Jiquiá 99,41 99,36 27,00 49,00

Jordão 99,41 99,36 27,00 49,00

Source : UGP PQA-PE, 1997-a.

En vue de l’analyse des « tendances d’expansion territoriale de la RMR », détaillée dans les RD (op. cit., p. 70-87), le PQA-PE utilisa comme référence les études antérieures87 en les mettant en relation avec les données plus récentes, comme celles du recensement démographique de l‘Institut brésilien de géographie et statistiques (IBGE) de 1996. Ainsi, les projections antérieures furent corrigées : le projet avait comme référence une population d’environ 3,15 millions d’habitants en 2000, au lieu des 4,5 millions envisagés par le PDM ou des 5,8 millions prévus par le PDM. La croissance de la tache urbaine bénéficia également d’une meilleure estimation. En comparant les projections du Cidade do amanhã avec la situation en 1995, ce décalage, ou surestimation est perceptible (cf. Figure 1-10).

Effectivement, l’analyse du PQA-PE utilise comme référence la tache urbaine de 1995, qui métropolitain (PDM, FIDEM, 1983) et le plan Cidade do amanhã (« Ville de l’avenir », FIDEM, 1987).

donc, plus restrictive – de l’occupation urbaine. Les limites des zones de protection des sources d’eau, les zones de protection d’environnements fragiles (mangroves, estuaires, etc.) et les terres exposées à des risques d’inondations et de glissement de terrains (plaines inondables et collines avec des déclivités supérieures à 30%) furent employés comme jalons.

Ces critères contribuèrent à une réduction de l’étendue territoriale de la zone d’intérêt – essentiellement urbaine, ou avec des tendances nettes d’urbanisation future.

Figure 1-10 : Estimations de croissance de la tache urbaine vs situation réelle en 1995

Source : UGP PQA-PE, 1997-a, adaptée par l’auteur.

Les RD et RE établirent comme horizon de planification l’année 2020 et choisirent comme paramètres trois limites : celui des périmètres urbains et d’expansion urbaine définis dans les lois des municipalités métropolitaines, les périmètres des zones urbaines établis par la FIDEM et la ligne qui délimite les zones d’urbanisation de la RMR. À long terme, le PQA-PE considérait un scénario de distribution démographique ayant comme caractéristiques : une densité d’occupation territoriale brute de 52 hab./ha dans la zone « urbanisable », une densité de 100 hab./ha dans les zones sans restrictions à l’occupation et une densité nette de 180 hab./ha dans les zones déjà occupées. Conformément à ces variables, trois hypothèses furent établies :

- En 2020, la tache urbaine ne dépasserait pas les limites des zones dites urbanisables ni les limites des périmètres urbains des municipalités.

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- Dans les communes où la tache urbaine est déjà arrivée aux limites maximales (selon les périmètres urbanisables ou d’expansion urbaine), celle-ci n’augmenterait plus jusqu’en 2020 et la croissance démographique se ferait par densification des zones occupées.

- Dans les communes où la tache urbaine n’est pas encore arrivée aux limites maximales, la croissance se ferait par une expansion horizontale, en gardant les densités relevées au moment de l’étude (cf. UGP PQA-PE, 1997-a, p. 70-117).

À partir de ces hypothèses, le projet envisageait une expansion de l’aire urbanisée dans la RMR, s’élévant à presque 25% entre 1997 (301,50 km2) et 2020 (375,71 km2). La population atteindrait 3,66 millions d’habitants et la densité démographique 97,43 hab./ha dans la même période. Ces estimations appuyèrent les propositions ambitionnant l’amélioration des conditions de qualité des eaux. Dans l’approche du drainage le facteur clé fut l’analyse de l’évolution des taux d’imperméabilisation. Estimant que les conditions d’usage et d’occupation du sol resteraient dans des standards urbanistiques88 acceptables, le PQA-PE projeta des taux d’imperméabilisation de 50% dans les villes plus densément occupées (le cas de Recife et Olinda) et de 30% dans les villes avec une densité plus faible.

Les études sur l’assainissement comptaient un volume total des décharges (domestiques, industriels, infiltrés, concentrés) de l’ordre de 6.487 l/s en 2020. Suivant le principe de gradualisme des interventions, la couverture du système dans la RMR connaitrait des augmentations progressives telles que : le pourcentage serait de 30% en 2000, 60% en 2010 et 80% en 2020. De même, les RH travaillaient avec un horizon de planification, certes plus court, à savoir l’année 2010. Prévoyant une population d’environ 3,09 millions d’habitants cette année-là, les rapports estimaient une production totale d’ordures de l’ordre de 6,4 mille tonnes/jour. Néanmoins, les RH ne précisent pas le volume d’eau disponible pour alimenter la RMR. Par contre, ils font usage des données du PDES qui considèrent un débit exploitable total de 10,61 m3/s des sources superficielles, outre le volume d’eau souterraine, exploitée dans le Beberibe aquifère (1,74 m3/s).

1.3.2.2. La caractérisation des occupations pauvres : le territoire à risques

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