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L’UE-17, Passarinho : l’urbanisation des morros par le contrôle des eaux

2.2. Une approche territoriale et technique en phase avec les tendances contemporaines de gestion urbaine des eaux ?

2.2.1.1. L’UE-17, Passarinho : l’urbanisation des morros par le contrôle des eaux

Située à la frontière entre les communes d’Olinda, Recife et Paulista, l’UE-17 Passarinho fut considérée par le Prometrópole comme appartenant au territoire de cette première, ayant comme limites la rue do Passarinho et le fleuve Beberibe au sud-ouest, la rue José Ferreira da Silva au sud-est, la rue da Linha au nord-est et la rue Elisa Cabral au nord-ouest (cf.

Figure 2-7). Elle intègre les quartiers populaires de Passarinho et Alto da Bondade où, en 2000, vivaient environ 7.357 personnes sur une surface de 88,9 ha, des chiffres qui témoignaient d’une densité démographique de plus de 8.275 hab./km2 (cf. Tableau 2-3).

Figure 2-7 : Situation de l’UE-17 Passarinho, dans Olinda (2007)

Source : Élaborée par l’auteur, basée sur des données de l’UGP/Prometrópole et d’une image de Google-earth.

143 Le territoire de cette unité d’écoulement possède un relief accidenté, dominé par les collines appartenant à la formation géologique Barreiras (cf. Chapitre 4, Figures 4-7 et 4-8). Les sols de cette formation sont fortement susceptibles aux glissements de terrains, caractéristique qui s’associant à un régime pluviométrique avoisinant les 1.900 mm/an rend cette région particulièrement sensible et exposée aux risques liés aux eaux de pluie.

Les origines de l’occupation de ces quartiers remontent aux années 1950, période correspondant à l’éradication des mocambos dans la zone centrale de Recife et de la dissémination conséquente des occupations pauvres dans les régions moins valorisées de la métropole. De ce processus résulta un cadre foncier irrégulier, qui procuraient aux habitants l’incertitude de leur permanence dans leurs foyers due au fait qu’ils n’étaient pas propriétaires de leurs lots.

À cet aspect s’en associait un autre, relatif à la modalité spontanée de l’occupation et à la nature non-planifiée des aménagements où les parcelles sont délimitées de façon aléatoire : les solutions improvisées d’accès aux infrastructures urbaines et la construction des maisons par leurs propres habitants conféraient à cette UE un caractère de relative précarité. Comme il s’agissait d’un établissement consolidé, les foyers y localisés étaient en général plus salubres que ceux des favelas récemment créées. La typologie de construction des maisons utilisait des matériels « solides », à savoir du ciment, des briques et des toiles en céramique et, parfois, du béton armé (cf. Photo 2-5 et 2-6).

Photo 2-5 : Typologie constructive trouvée dans la plaine de l’UE-17

Photo 2-6 : Typologie constructive trouvée sur les morros de l’UE-17

Source : Auteur. Source : Auteur.

Pourtant, la quasi-inexistence d’infrastructures et de services publics poussaient les habitants à utiliser les « moyens du bord » pour avoir les conditions urbaines minimales, comme par exemple de l’accès à l’eau potable par l’intermédiaire de branchements irréguliers au réseau public qui causent souvent des fuites (cf. Photo 2-7). D’ailleurs, la plupart des foyers ayant accès à l’eau, et vu l’absence de réseaux de collecte et d’épuration des eaux usées et de pluie, les problèmes de contamination et de prolifération de vecteurs de maladies étaient aggravés (cf. Photo 2-8).

Photo 2-7 : Branchement irrégulier

provoque une fuite d’eau Photo 2-8 : Eaux usées et ordures déversées à ciel ouvert

Source : Auteur. Source : Auteur.

Les mêmes carences étaient à l’origine des processus d’érosion et de saturation des sols, responsables de la plupart des accidents liés au glissement de terrains sur les morros. Les rues n’étant pas pavées et ne disposant pas de solutions d’évacuation des eaux superficielles, les sols étaient plus exposés à l’érosion causée par les eaux de pluie, en favorisant le processus d’ensablement du Beberibe et en augmentant le risque d’inondation (cf. Photo 2-9).

D’ailleurs, l’inexistence de services réguliers de ramassage et destination finale d’ordures s’associait à une faible éducation des familles à la vie en milieu urbain, causant des impacts sur les cours d’eau qui participent à l’écoulement des eaux pluviales et usées. Outre les fait de contribuer à la pollution des eaux du Beberibe, la pratique courante de déverser les déchets dans les caniveaux, canaux et rivières concourait à l’obstruction du fleuve (cf. Photo 2-10).

La morphologie du quartier, configurée par la maille urbaine, établie par l’implantation des ruelles, résultait du caractère spontané de l’occupation du sol, des contraintes du site et du manque de moyens et de connaissances urbanistiques des habitants. La rue do Passarinho était la plus importante voie d’accès aux communautés habitant l’UE, servant également de frontière entre les morros au nord et la plaine au sud.

Le parcellement suivit un modèle d’occupation mixte, ou s’associaient le maillage orthogonal avec des voies installées en parallèle aux courbes de niveau du terrain. Le modèle radial fut très rarement employé, mais nous pouvons le repérer dans l’implantation de certaines rues qui suivent un axe qui va du point central de la rue da Linha jusqu’à l’extrémité sud-est de l’occupation (cf. Figure 2-7). La prépondérance des rues dans le sens des pentes des morros

145 favorisait l’accélération de l’écoulement des eaux et les impacts connus sur le sol et le système de drainage (érosion, ensablement, augmentation abrupte des débits, etc.).

Photo 2-9 : Rue non-pavée subit les effets des pluies

Photo 2-10 : Ordures déversées dans la rue obstruent l’écoulement des eaux

Source : Auteur. Source : Auteur.

Le niveau du terrain varie entre 15 et 70 m au dessus de la mer et, comme cela a été vu, les terres hautes se localisent dans la partie nord et celles plus basses au sud. Les collines prédominent, à savoir 59,7 ha ou 67% de la superficie totale, et leurs déclivités approchent les 30% d’inclinaison, ce qui combiné aux aspects exposés auparavant amplifie le processus érosif et rend les blocs et les bâtiments de l’UE-17 plus vulnérables aux risques d’effondrement (cf. Photo 2-11). Les terrains furent occupés sans aucun contrôle, par de découpes et/ou des remblais des flancs de colline qui ne respectaient pas les paramètres minimaux nécessaires à la sécurisation des bâtiments. Incapables d’installer des ouvrages de stabilisation des flancs de colline, les habitants faisaient usage de solutions d’urgence comme la protection des surfaces avec des bâches plastiques pour éviter leur effondrement (cf. Photo 2-12).

Si sur les morros la préoccupation majeure était le glissement de terrains, dans la plaine les habitants subissaient les effets des inondations dues au bas niveau des terrains par rapport au fleuve et à la précarité de l’habitat. En fait, dans les limites de l’UE-17 il existe à peine une étroite bande de terrain plat d’environ 9,5 ha, située entre le fleuve et la rue do Passarinho, avec une longueur d’environ 1,5 km et une largeur variable – entre 50 m (dans la portion plus au nord) et 150 m (dans la portion centre-sud). La plus grande partie de cette région est constituée de terres basses, exposées aux crues saisonnières du Beberibe (cf. Photo 2-13). La portion centrale était celle des terrains ayant les plus basses cotes, correspondant aux berges

non-occupées du fleuve, et où se situait une surface encore libre d’à peu près 3 ha au moment de l’élaboration des plans urbanistiques (cf. Figure 2-7 et Photo 2-14). Une autre aire non-occupée de 1,5 ha se trouvait au sud de ces terres, dans une parcelle au bord de la rue do Passarinho.

Photo 2-11 : Escalier installé sur une pente très raide

Photo 2-12 : Bâche en plastique protégeant une pente avec des sols érodés

Source : Auteur. Source : Auteur.

Photo 2-13 : Terres basses dans la plaine Photo 2-14 : Terrain libre dans la plaine

Source : Auteur. Source : Auteur.

En ce qui concerne les aspects sociaux de la population qui occupait l’unité d’écoulement Passarinho, ils étaient similaires à ceux d’autres quartiers pauvres de la métropole. Les chefs de foyer travaillaient surtout dans le secteur informel de l’économie et touchaient des revenus familiaux qui ne dépassaient pas les trois salaires minimums (234 dollar américains, en 2000).

147 Du point de vue démographique, la population était composée majoritairement de jeunes et les foyers étaient composés en moyenne de 4,5 personnes/famille. Cette population ne disposait ni d’équipements ni de services d’éducation et de santé à la hauteur de ses besoins, ce qui favorisait des faibles indices de scolarisation et l’incidence de maladies liées aux niveaux (très) peu élevés de salubrité de l’habitat. Les espaces de jeux ou de loisir étaient rares et exigus, à l’exception de celui au bord du Beberibe cité auparavant et utilisé comme terrain de foot par les habitants de Passarinho et des communautés environnantes.

Finalement, les modestes revenus familiaux limitaient la capacité des habitants à répondre aux contraintes du site et à aménager dûment l’espace de l’UE-17. Par conséquent, en amont comme en aval les espaces libres y sont insuffisants et les parcelles sont beaucoup plus petites que dans les lotissements réguliers de la RMR. Vu la prépondérance des questions liées à la gestion des eaux dans la construction du cadre de précarité de ce territoire, il fallait les prendre en considération dans la mise en œuvre des améliorations voulues par le programme.

Or, les dimensions des parcelles dépassant rarement les 250 m!, la densité d’occupation qui en résulte posait un autre genre de problème : faute d’espace et d’argent pour implanter des solutions de contrôle des eaux de pluie, comment installer des solutions convenables dans de telles conditions ? Il fallait trouver de bons procédés pour apprivoiser ces eaux, en collaboration avec la population, et mettre à disposition de celle-ci les connaissances techniques et les moyens économiques nécessaires à cette finalité. Il fallait surtout rétablir l’image du fleuve Beberibe qui, même face aux agressions qu’il subit au fil du temps, est encore un élément fort du paysage et « porteur d’un peu de vert et de fraîcheur » à ceux qui habitent dans ses environs (cf. Photo 2-15).

Photo 2-15 : Le paysage aux marges du Beberibe

Source : Auteur.

2.2.1.2. L’UE 23 Campo Grande : l’aménagement territorial face à un cadre

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