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Une variabilité pluviométrique, aggravée par la péjoration climatique

Un contexte physique peu favorable

1.1.3 Un nouveau contexte de sécheresse

1.1.3.1 Une variabilité pluviométrique, aggravée par la péjoration climatique

La région de la Doubégué (847,7 mm à Tenkodogo et 932,1 mm à Bagré) est soumise à un climat tropical de type nord soudanien : 650 - 1 000 mm (classification d’Aubreville ou

Richard - Molard), caractérisé par deux saisons tranchées (Fig. 6 et Fig. 7) :

- une saison sèche de novembre à mai, influencée par les vents secs du Harmattan et caractérisée par deux périodes distinctes :

o une période sèche et fraîche de novembre à janvier : température de 17 à 35°C,

o une période sèche et chaude de février à mai : maxima de 40 - 41°C ;

- une saison humide de juin à octobre, influencée par les vents de moussons de sud-ouest : température de 21 à 36°C.

Fig. 6 : Diagramme ombrothermique de Tenkodogo Fig. 7 : Précipitations mensuelles à Bagré

Source : Direction Nationale de la Météorologie (1994 à 2009)

Source : Sonabel

Ainsi, de décembre à mars, la région est sous influence des hautes pressions de Sahara

qui se manifeste par un flux d’air frais et desséchant de N.E à O : le Harmattan. Ce vent sec

repousse tous les nuages vers le sud ; le ciel est alors bleu. Néanmoins, c’est une période de brume sèche pendant laquelle l’air contient des poussières véhiculant des maladies. Puis de

mars à avril, le FIT s’étend au sud du Burkina Faso. Le Harmattan disparaît progressivement

pour laisser place à l’alizé, ou mousson guinéenne, venue de l’Océan Atlantique apportant les précipitations. La fin de cette période est synonyme du début de l’hivernage qui s’étend sur 6

mois mais principalement sur quatre mois de la mi-juin à la mi-septembre. La saison des pluies débute alors en avril. Elle connaît une augmentation progressive des précipitations les

deux premiers mois, puis on assiste à d’intenses et brèves averses sous forme de lignes de

grains. Ce sont souvent des pluies torrentielles : 100 mm/h avec des intensités instantanées de

300 mm/h (NEBIE, 2005). Le mois d’août connaît le maximum pluviométrique environ 250

mm (253 mm pour Bagré et 245,4 mm pour Tenkodogo), suivi de juillet pour Tenkodogo avec 175,8 mm (Bagré 180,2 mm) et de septembre pour Bagré : 181,1 mm (Tenkodogo 151,5

conséquent, principalement entre mars - avril et juillet lorsque les sols sont dépourvus de

végétation. Elle perdure au cours du mois d’août, car les champs, bien que semés, ont une

faible protection de leur surface. Il existe une exception au niveau de certaines cultures, telle que les arachides, protégeant mieux les sols (cf. Chapitre 2).

Par ailleurs, comme dans l’ensemble du Burkina Faso, les pluies sont inégalement réparties dans l’espace et dans le temps. Les fluctuations peuvent atteindre jusqu’à 50 %

comme le souligne le graphique de Bagré (Fig. 8) : 600 et 704 mm respectivement en 1997 et 2006, et 1 215 mm en 1999, jusqu’à 1250 mm en 1994. Le phénomène s’observe également à

Tenkodogo (Fig. 9). Cette irrégularité est une contrainte supplémentaire pour les activités agricoles. A cette irrégularité interannuelle se combine celle intra-annuelle. En effet, à Bagré la moyenne annuelle est de 925,2 mm (période 1994 – 2009), or en moyenne 700 mm sont

précipitées pendant l’hivernage (juin à octobre), soit 75 % des pluies (Fig. 7). A Tenkodogo,

le total pluviométrique au cours de la saison des pluies est de 680 mm pour un bilan annuel de 847,7 mm, soit 80 % des précipitations (Fig. 6). Les populations de la région et leurs activités

dépendent donc d’une ressource précipitant principalement pendant quatre mois.

Fig. 8 : Irrégularité interannuelle à Bagré (précipitations annuelles à Bagré 1994 à 2009)

Source : Sonabel

Fig. 9 : Irrégularité interannuelle à Tenkodogo (évolution des précipitations annuelles de 1950 à 2009)

A cette difficulté de gérer cette double irrégularité inter et intra-annuelle se combine

un autre handicap apparu depuis une trentaine d’année : la régression des totaux

pluviométriques annuels. Il s’agit d’une des conséquences visibles du changement climatique et de la péjoration climatique persistante, qui ont affecté l’ensemble régional Ouest Africain (cf. 1.2). Bien que d’importance plus faible et aux impacts moins dramatiques que ceux

observés en région sahélienne burkinabé ; il n’en demeure pas moins qu’ils affectent également cet espace. En conséquence, depuis les années 1970, on observe une tendance à la baisse des précipitations. En effet, la carte présentant les isohyètes 700, 900 et 1 150 mm, au cours de la période 1931-1970 et 1971-2000, souligne leur déplacement vers le sud (Fig. 5).

Ainsi, la région de Tenkodogo appartenait à la zone délimitée par les isohyètes 900 à 1 150 mm ; or, depuis les années 1970 ce n’est plus le cas. Actuellement, elle est comprise

entre 700 et 900 mm. Comme dans l’ensemble du Burkina Faso, la décennie la plus sévère

pour la région de la Doubégué est celle de 1980. Cette dernière a connu une régression de 229,7 mm en trente ans (23,7 % de régression) (Fig. 10). A Tenkodogo, l’année la plus sèche

est 1984 avec seulement 510 mm. Cette tendance régressive des précipitations annuelles est

également confirmée par l’évolution des données pluviométriques (pluies et nombres de jours

plus) de Tenkodogo et de deux stations localisées dans la même zone climatique (Zorgho au

nord et Manga à l’est du lac de Bagré) (Tab. 1).

Fig. 10 : Évolution décennale des précipitations (mm) de 1950 à 2009 à Tenkodogo

Source : Direction Nationale de la Météorologie

Stations 1960-1969 1970-1992 Pluviométrie moyenne/an Nb de jours moyenne/an Pluviométrie moyenne/an Nb de jours moyenne/an Zorgho 870 57 692 50 Tenkodogo 949 75 775 57 Manga 918 76 712 59

Tab. 1 : Régression de la pluviométrie moyenne et du nombre de jours de pluies

Source : Direction Nationale de la Météorologie

A l’échelle annuelle, des études ont montré une dégradation de la pluviosité annuelle

se manifestant par une diminution de nombre total des pluies supérieurs à 40 mm sans pour autant affecter les valeurs extrêmes. Ainsi, bien que le total des précipitations diminue, la capacité érosive des pluies demeure identique (ALBERGEL, 1986). La réduction

pluviométrique des plus fortes averses (supérieures à 40 mm) est de 5 %. Cette information signifie que la régression affecte essentiellement les pluies se déroulant entre juillet et

septembre. Cette réduction à deux effets. D’une part, la diminution du stock hydrique du sol

au cours de la saison des pluies ; d’autre part une dégradation de la végétation favorable à la

formation d’OPS11

(Organisation Pelliculaire de Surface) imperméables. Ainsi, les ressources en eau diminuent pour la végétation naturelle et les plantes agricoles. Le couvert végétal est donc soumis à des conditions climatiques plus difficiles tendant à accentuer et à accélérer sa

régression. Les sols sont alors dépourvus de couverture et soumis à l’action érosive des

premières pluies du mois d’avril à juin.