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Planche photos 3 : Formations végétales, arbres utiles et végétaux pour le reboisement

1.5 Le Nakambé, seconde artère du « corps burkinabé »

1.5.1.1 Le second bassin hydrographique burkinabé

Le Burkina Faso comprend quatre bassins versants nationaux : du Niger, du Nakambé, du Mouhoun, et de la Comoé. Le bassin international des Voltas est important ; il

s’étend au centre et à l’ouest du pays sur 120 000 km² (Fig. 17). Il comprend quatre fleuves et

rivières : le Mouhoun (ancienne Volta Noire), le Nazinon (ancienne Volta Rouge), le Nakambé (ancienne Volta Blanche), et l’Oti et son affluent le Pendjari. Ils se rejoignent au

centre du Ghana pour se jeter dans le barrage d’Akosombo.

Le fleuve Nakambé (40 836 km²) se situe entre les latitudes 14°1’ et 10°9’ N, et les

longitudes 2°5’ et 0°1’ E. Il draine l’un des plus importants bassins hydrographiques du

Burkina Faso après celui du Mouhoun. Ainsi, le bassin du Nakambé, au sens bassin versant

national, s’étend sur 81 932 km2 (soit 30 % du territoire national). Il englobe le Sissili

(7 559 km2), le Nazinon (11 370 km2), le Pendjari - Kompienga (21 595 km2), et le Nakambé

(41 407 km2) (UNESCO, 2005; MEÏ, 2004).

17Dans la mythologie grecque, l’Alphée est un « dieu fleuve ». En regard de l’importance du Nakambé au Burkina Faso,

Fig. 17 : Les bassins hydrographiques du Burkina Faso

Long de 516 km, sur le territoire burkinabé, le Nakambé prend sa source, en zone

sahélienne, à Yatenga à 335 m d’altitude dans la région nord-est de Ouahigouya sur le 14ème

parallèle (Fig. 18). Le bassin a une forme assez ramassée avec des indices de pente égaux à 0,46 m/km, son altitude moyenne est de 270 m (70 % de sa superficie est comprise entre 100

et 300 m d’altitude) avec un minimum de 60 m et un maximum de 530 m. Sa pente moyenne

est de 0,33 m/km Il s’écoule vers l’est jusqu’à Khaya. Puis, il prend la direction du Ghana où

il reçoit le Nazinon après avoir traversé la frontière Burkina Faso/Ghana entre les villages Youda et Magommoé. Ces principaux affluents sont le Tcherbo, le Koulpélé, l’Ouaré, la

Doubégué, la Nouhao, le Dougoula, le Moundi, le Yamako, le Bomboré, le Zini, le Diaoya, et le Massili. Ce dernier, le plus important (2 612 km2), draine les marigots de la région de

Ouagadougou. Il s’agit d’une rivière temporaire s’écoulant de mai à octobre. La lame d’eau

écoulée entre 1956 et 1970 a varié de 3,7 mm à 47,7 mm avec une valeur moyenne de 19,3 mm (MONIOD et al., 1977).

Dans la région de la source du Nakambé, le bassin est quasiment endoréique. Les écoulements se concentrent dans les talwegs et les dépressions selon un réseau de chenaux

d’érosion désordonné. Les lits des marigots bien marqués à l’amont, disparaissent

progressivement vers l’aval, et évoluent vers des bas-fonds inondables. Cette organisation

s’explique par un substrat géologique précambrien peu perméable et insoluble, et des

stockages superficiels médiocres et aléatoires, accentués par la sécheresse persistante des dernières années.

Son système alluvial jeune, reproduit l’histoire de l’érosion de la plaine. Il comprend

une plaine de remblaiement dans laquelle la rivière serpente en venant butter dans les convexités de sa courbe contre sa pénéplaine constituée soit par une cuirasse ancienne, soit par des granito-gneiss et des schistes. La plaine de remblaiement conserve les témoins des

divagations du lit sous forme de bras morts. Cette dernière est limono-sableuse à sableuse à

l’aval, et argileuse à argilo-limoneuse en amont.

Ce fait s’explique par les caractéristiques des deux phases de sédimentations. D’une

part, une première phase concomitante à la phase de colmatage. La Volta a alors remblayé son

lit aval par les matériaux issus de l’attaque du socle par ses petites affluents et les rivières

elles-mêmes. Le remblaiement a été principalement sableux, plus grossier en profondeur et plus limoneux en surface. Pendant que la Volta a remblayé son lit aval, les produits grossiers

se sont déposés dans les affluents. D’autre part, durant la seconde phase le transport a été

moindre sur la pénéplaine et le Nakambé. Des argiles se sont décantées dans la zone amont. Actuellement, le Nakambé et ses grands affluents entaillent ces alluvions récentes, surtout le

remblaiement sableux à limoneux dans lequel ils s’encaissent. Dans la partie amont,

l’encaissement est moins marqué. Malgré la fragilité des matériaux, il existe une symétrie des

versants. Enfin, la largeur du système alluvionnaire est limitée à celle de l’ancien chenal : 300

- 500 m parfois 700 - 800 m.

Fig. 18: Le bassin versant du Nakambé

Le module annuel médian de Nakambé est de 26,3 m³/s, son débit spécifique de moins de 0,65 l/s/km2, et son coefficient d’écoulement de 3,4 % (MAHE et al., 2010). La valeur maximale est observée avant la pointe de débit liquide. Le débit moyen interannuel est alors de 77,4 m3/s. Quant aux mois de juillet, d’août et de septembre, ils représentent 88 % des

écoulements annuels avec respectivement des débits de 65,4 m3/s, 145 m3/s et 107 m3/s. Il est

à noter, que lors de l’ouverture des vannes (en septembre) du barrage de Bagré, le débit du

Nakambé a atteint 843,3 m3/s (le 03/09/2008). Le 02/09/2008, à Wayen en période de crue, il était alors de 52,6 m3/s (YAMEOGO, 2009) (Fig. 19). Afin d’avoir une meilleure

connaissance du bassin versant du Nakambé, il est intéressant de présenter les caractéristiques de ses sous - bassins (Tab. 2).

Les plus fortes concentrations s’observent en début et milieu de saison des pluies.

L’écoulement est alors de 54 m3

/s et la charge de 2,08 kg/m3. Le transport de fond représente 25 % du transport en suspension. La charge dissoute est de 33 000 tonnes pour un taux de

dissolution de 6 t/km²/an. Le taux d’érosion est de 90 t/km/an et la dissolution chimique représente 7 % de l’érosion totale (MIETTON, 1988).

Fig. 19 : Débit moyen mensuel à Wayen (1990 à 2000)

Source : Volta HYCOS

Sous-bassin Direction du drainage Superficie 106m2 Débit interannuel (106m3) Pluviométrie mm/an Coefficient de ruissellement (%) Yilou Est 10,1 98 561 1,73 Bissiga-Yilou Sud 6,865 54 574 1,37 Wayen-Bissiga Sud 3,835 108 623 4,51 Bagré-Wayen Sud-est 12,320 574 754 6,18 Bagré Sud-est 33,120 826 643 3,88

Tab. 2: Caractéristiques hydrologiques du bassin du Nakambé

Sources : stations débit-métriques, stations météorologiques

Enfin, pour résumer, le bilan hydrologique du bassin du Nakambé (MEÏ, 2004) est : - un volume de précipitations de 62,3 milliards de m3 ;

- un écoulement à la sortie du territoire de 2,44 milliards de m3 ;

- une capacité des retenues de 4,23 milliards de m3/an, dont 2,2 milliards stockés ; - 3,08 milliards de m3/an de ressources renouvelables et 1,66 milliards de ressources

exploitables. En année sèche, la ressource exploitée est de 0,77 milliards de m3 pour une demande de 0,144 milliards de m3. La proportion de la demande par rapport à la ressource exploitable est de 8,7 % en année moyenne et de 18,7 % en année sèche,