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Planche photos 7 : Evolution de la quantité d’eau et du couvert végétal dans le bassin versant de la Doubégué

4.2 Réalisation et résultats

4.2.2.2 La fin d’une protection végétale du secteur aval

Entre 1995 et 2007, le secteur aval est a connu le plus de mutations particulièrement

en rive gauche où il existe trois zones importantes de mise en culture permanente : l’extrême

sud, entre l’affluent de Pata et la Pona, et le secteur de Séla (Fig. 37).

La Doubégué dans ce secteur aval et son dernier affluent de rive gauche ont subi une

dégradation de leurs formations « naturelles ». La savane arborée s’est transformée en savane

arbustive. La zone extrême sud a également connu à un développement agricole important principalement au détriment de formations « naturelles » de type arborée. De même, la zone pastorale n’a pas été épargnée par cette évolution. Son couvert végétal s’est dégradé et des champs mis en culture sont visibles.

L’affluent de Pata et la Pona sont particulièrement représentatifs de l’accroissement des superficies cultivées, mais pour des raisons différentes. La rive droite du premier présente

une progression importante des parcelles cultivées, suite en partie à l’installation des

agriculteurs « déguerpis » lors de la mise en place de la zone pastorale. Alors que la seconde a subi une progression de la mise en culture au détriment des formations « naturelles » (secteur aval) et de ses champs foncés (secteur amont gauche), tout comme la région comprise entre Ouanagou et Douka et la rive gauche aval de la Kila. Des sols dégradés sont étendus à Niambo et en rive gauche amont de Pata.

Séla connaît une régression des formations végétales, principalement au nord. Il s’agit

d’un espace fortement habité. En 2009, elle avoisinait les 5 000 habitants (3ème

ville du bassin versant) et les besoins en terre sont donc importants. Ces deux derniers secteurs (Séla, Pata -Niambo - Douka) soulignent la progression de la mise en culture depuis les interfluves en direction des vallées.

En rive droite, le dernier affluent de la Doubégué présente une mise en culture importante au détriment des champs foncés et des formations végétales. Des sols dégradés ont été récupérés à Soné, Minda et dans la région de Ounzéogo. Seules, les berges de la Doubégué demeurent encore protégées comme l’atteste l’environnement du centre biblique (Photo 3).

Enfin, le secteur de Zabo a connu une mutation importante. Ses champs non permanents ont été transformés en culture permanente (principalement en rive droite). Il s’agit

d’un des principaux villages du bassin versant de la Doubégué (5ème

) avec 4200 habitants.

En conclusion, il existe 3 zones où d’importantes mises en culture se sont opérées

au détriment des formations « naturelle » :

- l’extrême sud (secteur sud et ouest du site de Bagré),

- la rive droite aval de la Doubégué,

Par ailleurs, au niveau du dernier affluent de la Doubégué (rive gauche), il existe un important secteur de dégradation végétale. De plus, certaines régions se sont tellement dégradées que de nombreux villages ont dû abandonner la riziculture (Kibolina, Zaka, Pésséré, Ouanagou). A

Vagvagué, les cultivateurs commencent à avoir des problèmes. L’eau ne stagne plus comme

avant. Les bas-fonds et les champs rizicoles se dégradent sous l’effet de courants brusques.

Les sites portant des sols dégradés se localisent principalement dans le secteur médian à Boura, à Gouni Peul, à Kabri, dans le secteur de Zéké - Sébrétenga - Zaka, à Belcé,

mais également à Ouéloguen, au sud-ouest de Tenkodogo, et à Ounzéogo. A l’inverse, ils ont

régressé au niveau de trois secteurs : à Soné et à Minda, à Pésséré, et au nord-ouest de Tenkodogo.

En définitive, le double processus observé entre 1986 et 1995 s’est accentué. La mise

en culture s’est accrue de l’amont en direction de l’aval du bassin versant de la

Doubégué, et depuis les interfluves vers la vallée de la Doubégué. L’opposition de rive se

maintien surtout dans le secteur aval. La rive droite est davantage mise en valeur que celle de gauche.

Description Taux de Variation

1986 - 1995

Taux de variation 1995 - 2007

Taux de variation 1986 - 2007

Sur 9 ans Annuel Sur 12 ans Annuel Sur 21 ans Annuel

Plans d’eau + 1 580 + 175,6 + 28,6 + 2,4 + 2 060 + 98,1 Forêt claire - 78,2 - 8,7 - 26,6 - 2,2 - 84,0 - 4,0 Formations ripicoles - 72,4 - 8,0 - 20 - 1,7 - 77,9 - 3,7 Savane arborée - 58,9 - 6,5 - 19,1 - 1,6 - 66,7 - 3,2 Savane arbustive - 5,2 - 0,6 - 42,6 - 3,6 - 45,6 - 2,2 Habitat + 54,8 + 6,1 + 35,4 + 2,9 + 109,6 + 5,2 Champs foncés + 66,9 + 7,4 - 12,1 - 1,0 + 46,7 + 2,2 Sol cultivés + 128,0 + 14,2 + 52,3 + 4,4 + 247,4 + 1,8 Sols dégradés + 39,6 + 4,4 + 42,7 + 3,6 + 99,2 + 4,7

Tab. 18 : Taux de variation dans le bassin versant de la Doubégué Source : Spot

L’analyse diachronique de l’occupation de l’espace entre 1986 et 2007 dans le bassin

versant de la Doubégué présente une nette évolution (Fig. 38). L’espace agricole s’est

énormément accru au détriment des formations dites « naturelles ». Cette évolution est due à l’accroissement important de la population (accroissement naturel et migrations), aux besoins en terre « fertiles », au défrichement, à la surexploitation des ressources, à la diminution de la durée de la jachère (voire leur disparition), ou encore à la déforestation.

Le couvert ligneux a régressé au profit principalement de parcelles cultivées. La superficie des forêts claires a été réduite de 7,08 % à 1, 13 %, et celle des formations ripicoles

de 1,99 % à 0,44 % (Tab. 17). Ces dernières n’occupent plus que des espaces marginaux

le long de la Lango, de la Yayo, et dans le secteur amont du Day Sousouro. De plus, la

savane arboré, visible sur près du tiers du territoire en 1986, n’occupe plus qu’un dixième de

ce dernier en 2007. La savane arbustive a connu une diminution plus modérée. Dans un premier temps, sa superficie globale a stagné suite à la dégradation et au remplacement de la savane arborée. Dans un second temps, elle a été mise en culture.

Fig. 37 : Evolution diachronique de l’occupation des sols dans le bassin versant de la Doubégué entre 1995 et 2007

Fig. 38 : Evolution diachronique de l’occupation des sols dans le bassin versant de la Doubégué entre 1986 et 2007

Les champs dits foncés, après avoir augmenté, ont également régressé à partir de la fin

des années 1990. Or, une partie d’entre eux correspond à des jachères. Une surexploitation

des terres s’est alors peu à peu répandue. Au cours de ces deux décennies, la mise en culture a principalement affecté la rive gauche tels que les secteurs du sud-est de Tenkodogo, de Ouanagou, de Séla, de la piste de Bagré (Niambo, Kalakoudi), de Douka, de Pata, de

l’extrême sud-est, mais aussi quelques secteurs en rive droite : Minda, Soné, et Zabo.

Les sols dégradés ont été multipliés par deux entre 1986 et 2007. Ces secteurs se localisent essentiellement dans le secteur médian : Boura, Gouni Peul, Kabri, Sasséma, nord de Zéké - Sébrétenga, Zano, Sasséma, mais aussi à Ounzéogo, à Ouéloguen, au sud-ouest de Tenkodogo et à Niambo.

Ainsi, en regard de l’évolution observée entre 1986 et 2007, les résultats des actions

de protection de l’environnement ont été plus que mitigés (cf. Partie 4). En effet, en 2007, la

situation s’est aggravée. Elle s’est accélérée depuis 15 ans39 (cf. 4.4). L’étude diachronique

valide totalement les dires des populations interrogées et inversement. Les formations ripicoles ont fortement régressé. Quant à la savane arborée, elle se cantonne essentiellement au secteur aval. Au cours des deux décennies, ces types de couvert végétaux ont été respectivement divisés par 4,5 et par 3.

Les observations faites au cours de cette étude diachronique révèlent donc que le

rythme de dégradation de l’environnement dans le bassin versant de la Doubégué est tel

que les méthodes actuelles de lutte ne permettent pas de le contenir. Les hommes et les

animaux exercent une pression si grande sur le sol, la végétation et l’eau, que ces ressources

n’ont pas le temps de se reconstituer. Ainsi, la disproportion existante actuellement entre les

ressources dites « naturelles » et les besoins des populations offre peu d’alternatives pour la

régénération efficace du couvert végétal ainsi que pour celles des propriétés physiques, chimiques et biologiques des sols déjà originellement pauvres.

4.2.3 Des facteurs naturels aggravant la dégradation des sols du bassin de la