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Planche photos 8: Les impacts des pratiques culturales sur les sols, les cours d’eau et le couvert végétal

d et e : Parcelles cultivées proche de cours d’eau (site de Bagré)

Espaces laissés à nu amplifiant l’impact des pluies et du ruissellement et donc le transport de particules dans le

cours d’eau

Clichés : E. Robert, 2009

Planche photos 8: Les impacts des pratiques culturales sur les sols, les cours

d’eau et le couvert végétal

a

b c

Bien que fournissant une force de traction et de la fumure pour les sols, l’activité d’élevage peut, si elle est trop importante (dépassant la capacité de charge), modifier et dégrader le couvert végétal. En effet, le surpâturage ne laisse pas le temps aux graminées de

repousser, ni d’arriver à maturité, et le piétinement contribue à la modification de la structure

du sol, l’exposant alors à l’érosion. De plus, la mauvaise pluviométrie ne facilite pas la régénération des pâturages.

Ainsi, la pâture en zone de savane amorce une série de réactions. Un changement du type de végétation s’opère tout d’abord. Les espèces appréciées, les Andropogonées, laissent place à des plantes aux valeurs moindres (les Pennisetum). Les graminées ont tendance à être plus basses, et le stade final est le sol nu. Le surpâturage entraîne alors une compaction et une diminution de la porosité. Le point positif pourrait être les bouses. Or, les apports en azote excrémentiel ne compensent pas les manques.

Ces zones de surpâturage présentent des micro-formes d’érosion en nappe et

linéaire (griffes et ravines) avec des surfaces à OPS grossières (CASENAVE et VALENTIN, 1989). Comme le souligne SCHULTZ et POMEL, en 1994, ce processus de

surpâturage favorise « l’apparition de micro-butte, micro-marche d’escalier » et de surfaces

propices aux « migrations latérales des éléments fins ». Dans le bassin versant de la

Doubégué, ces espaces se localisent au niveau des différents accès au point d’eau comme à

Pésséré, à Bassaré, à Belcé, à Douka, au site de Bagré (photo 37), ou encore au niveau des

champs rizicoles comme à Zaba. De plus, les prélèvements intensifs d’herbes, parfois

accompagnés de feux de brousse, limitent l’accumulation de matière végétale morte recomposant et restituant le sol. Le système racinaire des plantes pérennes s’appauvrit, et les

éléments nutritifs (N, P, K) ainsi que la matière organique s’épuisent.

Photo 37 : Berges dégadées suite aux passages répétés du bétail Cliché : E. Robert, 2008

Par ailleurs, les éleveurs installés hors de la zone pastorale rencontrent des difficultés

pour mettre en place des groupements. Or, cette organisation permettrait d’améliorer la

pratique de l’élevage. L’embouche45 bovine pourrait être développée et l’accès à des sous

-produits agroalimentaire serait facilité, sans pour autant être contraint de vivre dans la zone pastorale. De même, l’encadrement vétérinaire du bassin doit être amélioré. Bien encadrée,

45Il s’agit d’engraisser les animaux par des résidus de récolte, les fourrages naturels, et/ou des sous-produits agro-industriels

cette activité pourrait être un atout pour la région de Bagré. Il serait alors intéressant de développer des partenariats avec les agriculteurs qui pourraient enrichir leurs parcelles.

Le problème est alors amplifié dans la région de la Doubégué : les éleveurs regroupés

dans la zone pastorale se rendent toujours au même point d’eau sans équipement

adapté. Ainsi, bien que cette zone ait été matérialisée, il n’existe que très peu

d’infrastructures pour les animaux et pour les hommes. L’encadrement est déficient et peu opérationnel (cf. 8.3). En effet, la MOB, chargée de gérer cet espace, manque de moyens

financiers afin de créer des pare-feu, ou encore d’évaluer la capacité de charge. Une action

mécanique se produit donc sur l’environnement de la zone pastorale. Les éleveurs, qui disent ne pas pratiquer le pâturage arbustif (résultats enquêtes, Robert, 2008 et 2009), sont obligés

d’avoir recours à des sous-produits agroalimentaires accentuant leur difficulté financière. Cet

espace dégradé doit alors être enrichi avec par des espèces locales fourragères ligneuses, par

des plantations d’enrichissement, par des cultures fourragères, et surtout par des herbacées

pérennes (Pterocarpus erinaceus, Piliostigma thonningi, Sclerocaria birrea, Balanites

aegyptiaca, Andropogon gayanus, etc.). Des pistes à bétail devraient être également

aménagées afin d’accéder au lac et aux différents points d’eau (cf. Partie 4). Elles réduiraient

les effets du piétinement et les risques d’ensablement du lac.

Par ailleurs, bien que la zone pastorale ait été créée, au cours de notre terrain nous avons rencontré de nombreux troupeaux sur l’ensemble du territoire. Il s’agissait, le plus souvent, de troupeaux transhumants se déplaçant le long de la RN 16. Des prélèvements sur les champs se produisent alors, et les heurts avec les cultivateurs sont toujours d’actualité. Les résidus de récolte laissés pour protéger les sols sont souvent consommés par les animaux.

Enfin, suite à nos trois études de terrains, il nous semble que la solution n’est pas

forcément la création de zones pastorales, mais plutôt le rétablissement d’un équilibre rural

en intégrant l’élevage à la société paysanne agricole (ROBERT, 2010). Nous

développerons ce point au cours de la Partie 4. En effet, bien que ce nouvel espace ait été créé, les situations ont peu évolué. L’équilibre social des villages, et même plus largement du

bassin versant, devrait reposer sur une complémentarité entre l’élevage, l’agriculture, et

l’exploitation des formations ligneuses. Il est important de réfléchir au concept de gestion

négociée des ressources renouvelables. L’aménagement des ressources sylvo-pastorales doit

alors se substituer, le plus souvent possible, à l’aménagement forestier. En effet, le pâturage,

s’il demeure modéré, constitue un élément favorable au maintien de l’équilibre général et au progrès économique.

4.3.1.3 La sur-utilisation du bois et la déforestation

Dans le bassin versant de la Doubégué, le bois et le charbon de bois répondent pour 90 % aux besoins en énergie. En effet, bien que le barrage de Bagré produise de l’électricité,

les habitants de la zone n’y ont pas accès (excepté la cité - chantier Sonabel de Bagré et

Tenkodogo). Les populations rurales se servent donc du bois pour leurs besoins domestiques, principalement pour les cuissons ; et sa vente est également une source de revenus non négligeable. Les sites de dépôt de bois (photo 38) observés au cours de nos terrains soulignent l’importance de ce déboisement, et la carbonisation est une activité pratiquée dans

la région (photo 39). De plus, les impacts sur le couvert végétal sont amplifiés par le manque de formation des personnes (techniques de coupe, choix des arbres, etc.).

Le déboisement est également pratiqué pour permettre une mise en culture. L’agriculture a alors une incidence indirecte sur les formations arborées et arbustives.

En définitive, il conduit à une régression du couvert végétal et donc à une moins bonne protection des sols. Ces derniers sont alors plus sensibles au processus érosif, suite à la modification de leurs horizons superficiels. La pédofaune, le pH, la capacité d’échange

cationique et les éléments essentiels au sol, que sont l’azote et le potassium, diminuent. Par

conséquent, en l’absence de compensation (type engrais NPK), les sols se dégradent rapidement. Par ailleurs, parallèlement il s’opère une migration verticale des argiles et une hydromorphie remontante du fer conduisant à l’induration et au concrétionnement d’horizons. Des abruconcentrations (concentrations par érosion) apparaissent également (SCHULTZ et POMEL, 1994) : concentration importante des éléments grossiers en regard des éléments fins

à la surface du sol.

Photo 38 : Dépôts de bois morts (secteur Loanga) Photo 39 : Bois carbonifiés Clichés : E. Robert, 2008 et 2009

4.3.21.4 Les feux de brousse

Dans le bassin versant de la Doubégué, les feux de brousse sont en nette régression.

Les personnes interrogées avouent qu’ils les pratiquaient encore, il y a une dizaine d’années.

Ils sont désormais totalement interdits dans la région de Bagré, et plusieurs éleveurs nous ont confié aider les gardes forestiers dans la surveillance du respect de cet arrêté. Toutefois, au

cours de notre terrain, nous avons pu en observer trois46. Nous présenterons donc

succinctement ces apports bénéfiques et ceux négatifs.

En condition optimale (en savane), les feux de brousse se déroulent en fin de saison

sèche lors de la période de repos végétatif. Ils n’affectent pas les nutriments qui ont déjà

migré dans les réserves du sol. Seule la nécromasse épigée est détruite et non la phytomasse hypogée. Puis, lors des premières pluies, une repousse rapide s’opère couvrant rapidement le sol (POMEL et al., 1994).

La situation s’aggrave et les problèmes apparaissent lorsque des feux de brousses hâtifs sont pratiqués, réitérés et/ou associés à une réduction des jachères. Ces processus

peuvent alors affecter le sol en profondeur. Le ruissellement est favorisé. L’érosion de surface

entraîne la formation des croûtes superficielles et la diminution de l’infiltration de l’eau. En