Si nous avons vu l’importance de la logique comme fondement de la légitimité du
discours scientifique, nous avons pu observer que « la logique » pouvait avoir plusieurs
formes d’expression. Non seulement il y a « des logiques », mais dans chacune, il peut y
avoir des aspects ou des mises en œuvre qui montrent à quel point cette problématique est
complexe. Nous avons insisté sur le fait que nous ne pouvions aborder et développer notre
objet d’études sans observer des pratiques et repérer les « lieux » d’observation où l’on
pouvait mettre en relief l’empreinte laissée par la logique sur les discours scientifiques. Un
point de vue interne à la logique d’Aristote et son application ont ainsi eu un développement
et une importance non négligeables dans les écrits qui avaient pour but la diffusion optimale
des connaissances.
L’organisation du discours et l’usage que l’on peut en faire reposent pour Aristote
sur des structures profondes et fondamentales, inhérentes à la « proposition » qui en est le
noyau et qu’il analyse de manière très fine. Cet exercice souligne toutefois la nécessité de
bien distinguer le sens des mots, pour éviter les confusions. On peut utiliser différentes
dénominations et choisir le mot « thème » pour désigner ce que l'on nomme aussi « sujet »
(comme « sujet de la conversation », par exemple). L’autre terme accolé généralement au
« thème » est « prédicat » et transpose le couple de la grammaire traditionnelle
sujet-attribut. « Thème » est le mot généralement choisi, avec celui de « propos » (on rejoint ici
aussi le concept de « proposition », ce que l'on propose au destinataire de la phrase). Nous
voyons ici que l’usage d’un terme comme « proposition » peut engendrer des résultats très
différents selon qu’on en fait un usage courant, un usage grammatical ou un usage logique.
Selon le contexte, il est donc essentiel d’observer comment ce terme est employé.
Thème et prédicat : ces notions sont encore utilisées aujourd’hui, dans
l’enseignement de la grammaire par exemple : on peut se référer au Précis de grammaire
fonctionnelle du français de Jacques Popin153. Ce petit manuel est considéré comme un des
fondamentaux pour connaître l’essentiel de la grammaire, son fonctionnement profond. Il
est conseillé aux étudiants pour passer en France les concours du CAPES ou de l’agrégation
en Lettres. Il est explicité dans la plupart des manuels de grammaire, ou de linguistique, que
l’emploi de « thème » permet d'éviter des confusions par rapport à l'ancienne définition du
« sujet » (celui qui fait l'action...), définition qui provoque des problèmes : passif,
impersonnel, et qui n'est pas rigoureuse : un sujet ne « fait » pas une action. La linguistique
a donc travaillé sur des termes à employer pour lever les confusions, tel celui d’ « actant »,
qui permet de dénommer celui qui accomplit le procès du verbe d'action. Ainsi pour les
notions qui nous intéressent directement, nous constatons diverses dénominations : Sujet et
Prédicat ; Thème et Rhème ; Sujet et Attribut.
L’encyclopédie se veut comme une nouvelle forme d’accès au savoir : elle insiste sur
le fait qu’elle propose de nouvelles modalités dans la communication du savoir et cela
même est un fait significatif si l’on se réfère toujours aux analyses de Goody et de sa raison
graphique154. M. Leca-Tsiomis note que ce n’est pas un savoir paisible que celui qu'offre
l'Encyclopédie155. Pour Diderot, le caractère d'un bon dictionnaire « est de changer la façon
commune de penser », et ces majestueux in-folio sont, de fait, traversés par les combats
politiques, religieux, scientifiques du temps. L’Encyclopédie était novatrice sur quatre
points : (1) c’est une entreprise collective, elle fait appel aux savants spécialisés, donc aux
savoirs vivants et non plus seulement aux compilations livresques ; (2) elle est un
dictionnaire, certes, mais raisonné : basé sur le « système figuré des connaissances
humaines », l'« arbre encyclopédique », renouvelé de celui du Chancelier Bacon, il fonde
l'entendement sur les trois facultés que sont Mémoire, Raison et Imagination ; (3) elle
intègre les « arts mécaniques » dans le cercle des connaissances : la description des arts et
des métiers, impulsée par Diderot, unit l'inventaire des procédés de fabrication, des
inventions techniques à la divulgation des secrets d'ateliers ; (4) elle offre 11 volumes de
planches, relais indispensable à la description des métiers et par là elle propose une vision
entièrement nouvelle de la « technologie ».
Le mode de présentation se veut révolutionnaire et pour cela présente un nouvel
accès aux connaissances par un classement opposé à l’ordre dominant jusqu’alors « voulu
par Dieu ». La Renaissance et l’époque des Lumières nous apparaissent comme des époques
particulièrement intéressantes par les changements de vision qui s’y opère sur les
classements et par les débats passionnés qui ont marqué ce temps. L’ordre de présentation
de l’Encyclopédie a une histoire qui se révèle instructive comme le souligne H. Durel :
l’arbre encyclopédique renvoie à l’ouvrage De la dignité et de l’accroissement des
connaissances humaines, leDe Dignitate et Augmentis Scientarum (1623) de Bacon, mais
celui-ci s’est inspiré de l’encyclopédie française Tableaux Accomplis des Arts et des
Sciences de Christophe de Savigny156. Il faut replacer ces débats sur la classification dans la
perspective historique : l’importance de cette dernière remonte aux écrits d’Aristote et aux
controverses qui faisaient déjà rage dans l’antiquité sur la place qu’il fallait donner aux
choses.
153
Popin, Jacques [1993] Précis de grammaire fonctionnelle du français. 1. Morphosyntaxe.- Paris :
Nathan université, 1993.- (128 ;
23).-154
Goody 1977
155
Leca-TsiomisL’Encyclopédie, dictionnaire raisonné des sciences et des artsvoir
http://www.sigu7.jussieu.fr/diderot/presentation/encyclo.html
156
Le raisonnement prend chez Aristote, comme nous l’avons vu, la forme d’une suite
de propositions enchaînées, c’est-à-dire d’énoncés exprimant des jugements [Chazal 1996].
Un jugement est le discours qui affirme ou nie quelque chose de quelque chose et ce
discours est soit universel, soit particulier, soit indéfini157. Une proposition exprime donc le
jugement par lequel un « attribut » est donné à un « sujet » par l’intermédiaire de la
« copule ». Dans l’analyse de la proposition, le prédicat joue donc un rôle fondamental.
Chez Aristote les lettres A, B … représentaient des termes ou des concepts158. La propriété
élémentaire des jugements consiste dans le fait qu’ils sont composés de deux éléments qui
se complètent. Le jugement établit donc une relation entre les termes, l’un doit appeler
l’autre. Un des termes joue le rôle de la fonction159. Les deux termes de la proposition (sujet
et attribut) sont des concepts [Chazal 1996]. On n’a, de cette manière, affaire qu’à des
concepts : sujets et prédicats sont interchangeables. La classification est le premier
processus défini par Aristote et d’une grande importance160.
Différentes méthodes de classement ont pu être utilisées dans le temps, et elles
reflètent une organisation de la pensée particulière par le jeu des emboîtements des
domaines les uns dans les autres. Il y a des enjeux conceptuels à la place que l’on donne aux
choses161. Bacon s’est inspiré de l’encyclopédie française Tableaux Accomplis des Arts et
des Sciences de Christophe de Savigny162. Celui-ci proposait déjà une organisation de la
connaissance selon un arbre, une chaîne de la connaissance qui représente clairement une
Encyclopédie parce qu’elle se referme sur elle-même pour inclure symboliquement la
totalité du savoir. Nous savons que l’origine étymologique du mot fait référence à un cercle
fermé. L’expression grecque deenkuklios paideia, citée par Quintilien dans lesInstitutiones
oratoriae (Institutions oratoires) aurait été reprise avec une erreur dans un manuscrit de
1444 et serait devenue encyclopoediae. Ce terme aurait été repris à la Renaissance par les
humanistes comme désignation d’une conception unitaire du savoir dans laquelle les
sciences ne sont pas séparées mais unies dans une suite cyclique. Les deux mots originaires
enkuklios paideia dégagent le sens de : ce qui fait le tour, le cycle, ce qui est nécessaire
d’apprendre pour posséder une culture générale. Donc un projet éducatif relevant d’un cycle
d’études à parcourir. Cette expression est reprise par Rabelais dans le sens « d’ensemble
complet des connaissances ».
Dans les Tableaux accomplis de Christophe de Savigny, les folios A et B, les
connaissances sont présentées sous forme d’un tableau « buissonnant163 » inscrit à
l’intérieur d’un ovale d’une chaîne de disciplines :
A l’ouest de la chaîne : Grammaire
Rhétorique
Poésie
Dialectique
Au nord Arithmétique
Géométrie
Optique
Musique
A l’est Cosmographie
157AristotePremiers analytiques, I, 1, 24a, 15-20
158Chazal 1996 : 53
159Meyer 1982 : 11
160voir ANNEXE LOGIQUE : La classification chez Aristote
161Barthes 1970
162Durel, Henri [2003] Bacon, père de l’Encyclopédie in Groult (dir.) 2003 : 11
163Astrologie [pour astronomie]
Géographie
Physique
Médecine
Au sud Métaphysique
Ethique
Jurisprudence
Chronologie
Théologie
Le titre du folio insiste sur le rapport avec la signification de l’Encyclopédie comme
le souligne H. Durel164 : « Encyclopédie ou la suite & liaison de tous les Arts & Sciences ».
Cette idée est aussi reprise par Bacon qui insiste sur l’expression «circle learning » pour se
démarquer de la tradition philosophique gréco-latine, dans un passage de Valerius Terminus.
Nous voyons avec intérêt l’ordre qui était imposé aux domaines de connaissances et qui est
révélateur de la vision du monde qui veut être transmise à cette époque. La communication
de ce mouvement révolutionnaire se fait par l’intermédiaire d’un nouveau classement.
Cette organisation montre la subversion de l’héritage scolastique du trivium et du
quadrivium par le ramisme, ce mouvement issu de Ramus (Pierre de la Ramée étant ce
philosophe logicien dont l’essentiel de la pensée était une « immense machine toute régie
par la logique-rhétorique dirigée contre Aristote »). Ramus est présenté par H. Durel comme
mettant en œuvre une machine totalitaire, par un système totalisant, dans la représentation et
l’accès au savoir, par l’utilisation d’une logique nominaliste qui ne laisse ni liberté ni
autonomie aux autres disciplines et dont le système prétend maîtriser la totalité du savoir
[Durel 2003]. Cependant Bacon reprend cet héritage en retournant le système ramiste contre
lui-même. L’influence de Bacon sur l’Encyclopédie aura quatre traits importants : 1) elle
était facilement laïcisable car elle éliminait la théologie ; 2) elle incluait les techniques dans
le tableau des connaissances ; 3) au départ le tableau buissonnant asservissait les
connaissances à une logique-rhétorique dont le rationalisme ne pouvait atteindre le réel.
Bacon le remodèle pour un système à deux niveaux : à la base l’histoire qui rassemble les
données et au sommet la philosophie qui élabore des théories à partir de ces données et 4)
une ferveur quasi religieuse où la raison unique prend la place de Dieu pour illuminer les
hommes.
Ces considérations, en plaçant l’Encyclopédie dans son contexte, permettent de
comprendre les visées qui en sont les fondements. La philosophie sous-jacente à
l’Encyclopédie relève, comme le présupposé de la logique formelle d’Aristote, de
l’établissement de ce qui est « le vrai ». C’est ce qu’affirme clairement d’Alembert :
lorsqu’il s’agit du monde des sciences, nous dit-il, on y fait tous les jours des découvertes.
Sa démarche est ensuite pleinement la même que celle d’Aristote : « il était important
d’assurer les vraies, de prévenir les fausses, de fixer des points d’où l’on est parti, et de
faciliter ainsi la recherche de ce qui reste à trouver165 ».
La « technologie » désigne ainsi non seulement le discours sur les techniques mais
aussi, et cela vaut la peine de le souligner, leur classement. Certains considèrent même que
cette technologie, issue de l’Encyclopédie, constituerait « une nouvelle science ». Celle-ci
s'emploierait « à décrire exactement les métiers, les manufactures et les produits. Elle
formule clairement les termes techniques et s'appuie sur des illustrations précises. Elle
montre « des hommes libres qui ont choisi leur travail par goût » exaltant la valeur morale
164
Durel, Henri [2003] Bacon, père de l’Encyclopédie in Groult (dir.) 2003 : 13
165du travail »166. De plus, dans sa démarche intellectuelle, l’Encyclopédie se veut une machine
de guerre de la Raison (cf. le sous-titre «dictionnaire raisonné ») et de l'observation (voir
les articles : fanatisme contre l'intolérance), autorité, éclectisme par Diderot, qui propose
d'appliquer la méthode scientifique à tous les faits, à cause des idées libérales qu'elle
contient, contre la religion. Quelle est la méthode que ses concepteurs ont utilisée et
comment ont-ils atteint leur but ? Est-ce par l’organisation même du savoir tel qu’ils l’ont
proposé ? Nous pouvons nous demander si, tout en exploitant un « ordre nouveau » dans la
présentation du savoir, ordre qui devait renverser l’ancien bien entendu, les auteurs de
l’Encyclopédie n’ont pas fait usage de méthodes très anciennes dont ils auraient poussé la
logique à l’extrême...
Or les auteurs de l’Encyclopédie s’expriment de manière précise sur la manière dont
ils veulent présenter ce savoir. D’Alembert détaille sa démarche de cette façon :
«L’avantage que les hommes ont trouvé à étendre la sphère de leurs idées, soit par leurs propres
efforts, soit par le secours de leurs semblables, leur a fait penser qu’il serait utile de réduire en art la
manière même d’acquérir des connaissances, et celle de communiquer réciproquement leurs propres
pensées ; cet art a donc été trouvé, et nommé logique. Il enseigne à ranger les idées dans l’ordre le plus
naturel, à en former la chaîne la plus immédiate, à décomposer celles qui en renferment un trop grand
nombre de simples, à les envisager sous toutes leurs faces, enfin à les présenter aux autres sous une
forme qui les rende faciles à saisir167
».
Si d’Alembert montre qu’il fait appel à un « art », celui de la logique, nous pouvons nous
demander, toujours dans la même démarche que celle qui nous guide depuis le début de ce
travail, de quelle logique il s’agit.
C’est une logique de classification et elle a été à l’œuvre durant de longs siècles. Elle
a produit des effets manifestes. Perelman note précisément que l’idéal de toute science est
de se servir de notions parfaitement claires et d’énoncés qui soient certains. Or, comment
clarifier une notion, si ce n’est en la définissant au moyen d’autres notions etc. Bien sûr il
vient un moment où il faut reconnaître que les points de départ sont indéfinissables168. On
bute alors, comme Grize le dit aussi, sur de « notions primitives »169. Piaget fait remarquer
pour sa part qu’« une classification ne procède, en effet, que par emboîtements de proche en
proche (ou « contigus ») et ne comporte pas d’« ensemble des parties » ou simplexe, comme
c’est le cas de la combinatoire propositionnelle170. La façon dont nous abordons la
description et la transcription du réel a donc fortement évolué et le passage du
fonctionnement classificatoire du système aristotélicien à une analyse du fonctionnement de
la proposition en termes d’opérations signale une véritable révolution.
Nous faisons une remarque importante. Lorsque Grize fait un exposé sur la logique,
il estime devoir commencer par la logique des classes. Il aurait tout aussi bien pu
commencer par autre chose, nous dit-il, mais il donne à ce choix des motifs circonstanciés.
« Si l’on replace la logique dans l’ensemble des activités humaines, elle apparaît comme un
instrument que la pensée se forge, pour agir sur le réel et il ressort qu’avant même de
raisonner, avant d’enchaîner les propositions les unes aux autres, il faut commencer par
mettre un certain ordre entre les choses171 ». Nous voyons la logique classificatoire à
l’œuvre avant toute chose. Donc, pour lui, les activités premières sont des activités de
166
http://www.ardecol.ac-grenoble.fr/bases/edpatr3.nsf/0/d062d73128ac879fc12569e4004607a7?OpenDocument
167D’AlembertDiscours sur l’encyclopédie p. 33-34
168Perelman 1971
169Grize 1992
170Piaget 1971 : XIII
171Grize 1967 : 144-146
classification et la force contraignante des syllogismes leur vient de ce qu’ils ne font
qu’exprimer, en termes de propositions, des classifications sous-jacentes. En soutenant,
comme il le fait, la priorité de la logique des classes sur celle des propositions, il se réfère,
dit-il, à l’expérience et admet par là implicitement sa valeur pour la logique. Nous
rejoignons par là la constatation de Roland Barthes qui observe que la passion du
classement remonte à l’antiquité grecque172. Le développement de l’aspect classificatoire de
la logique d’Aristote a été très important et a donné lieu à des applications d’une
extraordinaire fécondité. C’est ce que nous allons voir avec l’essor que lui a donné le
mouvement encyclopédiste.
Grize montre qu’il est nécessaire de poser la notion de prédicat pour savoir quels
sont les mécanismes qui permettent d’établir des classes, de procéder à une activité de
classification [Grize 1967] : « la notion de prédicat, c’est-à-dire cela même en vertu de quoi
les objets sont réunis en classes ». Nous revenons encore aux données qui ont été établies
par Aristote. Cependant, on ne peut manquer de noter que la notion de prédicat, si elle se
laisse appréhender facilement, n’en est pas moins subtile. Aussi devons-nous la développer
selon plusieurs aspects. Nous reprendrons, pour plus de facilité, l’exemple que donne Grize.
« Être heureux », par exemple, détermine une classe, celle des gens heureux. La
terminologie veut que l’on parle alors de la classe comme extension du prédicat qui la
détermine. Par ailleurs, en même temps que le prédicat détermine une classe, il précise
davantage les objets auxquels il s’applique. Il y a une mise en relation des objets les uns
avec les autres. Et dans une classe, ces objets ont ainsi une relation d’équivalence les uns
avec les autres, s’ils ont tous la propriété « être heureux ». Pour pouvoir appliquer l’aspect
extensionnel du prédicat, nous avons dû auparavant faire appel au « sens » de celui-ci et
donc à sa compréhension.
Cette démarche qui procède par classement chez Aristote a été mise en relief par
Leibniz, dont nous savons qu’il cherchait une « connaissance claire »173. Leibniz formule
des remarques très judicieuses sur la manière dont Aristote énonce sa philosophie :
«Au lieu de dire A est B, il a coutume de dire B est en A. Et de cette façon d’énoncer la liaison même
que vous demandez lui viendra dans la disposition reçue. Car au lieu de dire : B est C, donc A est C, il
l’énoncera ainsi : C est en B, B est en A donc C est en A. (…). La manière d’énoncer vulgaire regarde plutôt les
individus mais celle d’Aristote a plus d’égards aux idées ou universaux. (…) Ainsi pourrait-on dire que toute la
doctrine syllogistique pourrait être démontrée par celle de continente et contento, du comprenant et du
compris, qui est différente de celle du tout et de la partie ; car le tout excède toujours la partie, mais le
comprenant et le compris sont parfois égaux, comme il arrive quelquefois dans les propositions
réciproques »174.
Leibniz précise que les définitions, et donc la manière dont nous plaçons les choses
selon un ordre particulier et rigoureux sont extrêmement importantes. Il affirme que l’on ne
peut avec assurance se servir de définitions, pour en tirer des conclusions certaines, avant de
savoir qu’elles sont réelles ou qu’elles n’impliquent aucune contradiction175. Un travail sur
les notions est pour lui indispensable : dégager des notions distinctes, donner des définitions
nominales aux choses. Il est nécessaire de distinguer les qualités des choses et de les
décomposer en les plus simples possibles. La conception de la proposition chez Leibniz est
donc celle d’une proposition analytique, c’est-à-dire que le prédicat est compris dans le sujet
[Chazal 1996]. En conséquence, dans un premier temps, la constitution des classes est
primordiale. Par ailleurs, il faut considérer quelles sont les propriétés des éléments pour
172