CHAPITRE 1 METHODOLOGIE
1.6 Affinement de la méthode par l’examen des concepts
Dans notre méthode, nous avons dû parcourir et analyser des concepts fondamentaux
liés à la définition qu’il convient de donner au discours scientifique. Nous avons ainsi
confronté un certain nombre de concepts. Nous nous sommes alors interrogée sur leur
contenu et leur pertinence. Nous pouvons observer que plusieurs théories vers la fin du XXe
siècle se placent dans une perspective épistémologique et cherchent de nouveaux
fondements. Ces réflexions sont liées à l’usage que l’on fait du langage dans les sciences
humaines et aux fondements des discours dans leurs aspects fonctionnels et pragmatiques.
La première partie du siècle est marquée par une vision de l’information proche de la
cybernétique et des disciplines de sciences dures comme les lois fondamentales de la
physique. La deuxième partie du siècle voit renaître des interrogations sur une théorie du
discours plus large et moins mécaniste, liée à des impértifs de communication juridique
d’abord, puis politiques ensuite. Le caractère pragmatique du discours réapparaît et il peut
nous permettre d’approcher la réalité du du discours des sciences humaines. Les concepts
peuvent être élaborés progressivement au fil d’expérimentations pratiques, que l’on cherche
ensuite à mettre en perspective avec des soucis épistémologiques. Le discours et les vues
réflexives sur son fonctionnement vont aussi être marqués par diverses formes de
techniques.
Cela a fortement orienté notre manière de travailler et d’organiser notre travail. Nous
avons ainsi été amené d’abord à « lister », en quelque sorte, les concepts qui sont employés
pour définir le discours en sciences humaines et surtout approcher les processus qui
42
président à la production d’écrits de sciences humaines. Puis à préciser le contenu, le sens,
les définitions qui étaient donnés à ces termes. Puis à nous demander si les termes retenus
étaient pertinents, ou suffisants. Ensuite à parcourir les mêmes concepts chez d’autres
auteurs ainsi que les définitions qui leur étaient données. Nous avons constaté que le choix
de certains, privilégiés par rapport à d’autres, l’élimination de certains, l’application de
nouvelles définitions, de précisions, ou l’invention de nouveaux concepts, se révélaient
symptomatiques de certains fonctionnements.
Notre méthode s’en est donc trouvée fortement affectée et cela a constitué, en soi,
une manière de penser. A la suite de ce travail, nous nous demandons s’il est possible
d’exploiter cette démarche et de la transcrire au niveau d’un support futur. Est-ce que cette
manière de procéder est proche de supports existants, comme le format Scientific Constructs
and Data, ou SCENARI par exemple ? Serait-il ensuite envisageable d’aménager un type de
support dans une direction spécifique pour l’appliquer à notre objet : les publications
scientifiques ? Peut-on songer à une synthèse des travaux existants pour concevoir de futurs
formats d’édition spécifiques pour le monde scientifique ? Ces questions soutiendront toute
notre réflexion.
Nous avons rencontré des termes ambigus : par exemple, celui de « proposition ».
S’il est employé bien dans un cadre « logiciste », nous pouvions l’envisager comme
lourdement chargé de sens. Nous avons donc scruté principalement la signification
« logique », avec un certain acharnement. Le sens du terme « proposition » doit-il être
logique, dans le contexte des travaux de J.-C. Gardin et de son analyse logiciste, par
exemple. Le terme « proposition » est-il à prendre ici dans un sens tout à fait banal, d’un
auteur qui propose une hypothèse ou une théorie ? Comme dans l’ouvrage de Muriel Amar
Les fondements théoriques de l’indexation, lorsqu’elle dit : « nous rejoignons les
propositions de J.-C. Gardin sur le rôle que l’on peut faire tenir aux théories dans l’étude de
pratiques non formelles »43.
En balayant les concepts afférents aux problèmes d’argumentation et de
démonstration, apparaît une difficulté sur le sens et le contenu que l’on peut donner à ces
termes. Il semble que l’usage que l’on en fait et les définitions qu’on leur donne soient
fortement tributaires du domaine où ils sont employés. Nous pouvons nous interroger sur
une conséquence qui pourrait être une incompréhension ou « imperméabilité » entre des
domaines différents comme les mathématiques, les sciences du langage ou la sociologie. Il
semblerait que l’usage des termes prennent des connotations ou entraînent des conséquences
différentes selon qu’ils sont utilisés dans un contexte mathématique ou dans un sens
linguistique par exemple.
La question est apparue clairement pour nous lors de la lecture d’une thèse de
doctorat sur l’emploi de l’argumentation et de la démonstration dans un cadre pédagogique
d’apprentissage des mathématiques au lycée :Etude didactique et cognitive des rapports de
l’argumentation et de la démonstration dans l’apprentissage des mathématiques. B.
Pedemonte élabore dans ce travail, une méthode et des outils pour définir précisément ce
que sont l’argumentation et la démonstration et elle s’appuie sur les théories à tendances
plutôt linguistiques comme celles de Toulmin 1958, Perelman & Olbrechts 1958,
Anscombre & Ducrot 1983, Plantin 1990, et pas du tout sur les auteurs considérés comme
« logiques » ni encore moins « logicistes ». Ce phénomène se révèle intrigant et il appelle de
plus amples précisions.
43
La mise en relief des termes employés par divers auteurs sur des concepts
fondamentaux pour le discours scientifique et l’usage qu’il en fait a mis en évidence un fait
important pour nous. Cela révélait la nécessité de préciser des notions travaillées depuis le
XIXe siècle par des disciplines très diverses, notions elles-mêmes issues de l’antiquité et
ayant évolué dans l’histoire. Pour comprendre, d’abord, ce dont il retournait dans les écrits
qui traite des publications en sciences humaines et pour approcher vraiment les phénomènes
en jeu dans notre objet d’études, ensuite, il s’est révélé indispensable de faire appel à des
développements récents aussi dans les sciences du langage, la linguistique, l’analyse de
discours, l’analyse textuelle, la pragmatique, la logique, la sémiotique, la sociologie, la
philosophie. Les vingt dernières années, en effet, ont été le théâtre de débats d’une
exceptionnelle fécondité dans les disciplines des sciences humaines.
Si nous observons, par exemple les travaux de J.-C. Gardin, nous voyons qu’il fait
appel à un nombre de termes choisis, à l’exclusion d’autres. Pour son « analyse logiciste »,
il emploie : rhétorique traditionnelle, rhétorique nouvelle, archéologie théorique,
épistémologie pratique, discours de la science, raisonnement, organisations
logico-sémantiques, constructions logico-linguistiques (ou sémiologiques), propositions, opérations
de l’esprit, opérations logico-sémantiques, cybernétique, analyse des
systèmes, informatique, calcul,schématisation logiciste,opérations d’inférences, opérations
de ré-écriture, formalisation, données, systèmes experts.
J.-C. Gardin pose ces termes dans le contexte de son « programme logiciste », et il
donne ainsi des définitions particulières aux termes. Nous avons donc progressé en prenant
des notions et en étudiant le sens qu’il leur était donné selon le contexte, logique, ou
logicisme par exemple, pour comprendre le rôle qu’ils jouent sur la scène de la science, ce
qu’ils sont et ce qu’ils font. Or, les définitions que J.-C. Gardin donne de certains termes
diffèrent parfois très sensiblement de celles qui sont données dans des ouvrages de logique,
d’argumentation ou d’épistémologie. Comme le mot « argumentation » par exemple : il la
définit comme « ce qui relie deux « bornes », deux ensembles de propositions ». Une autre
constatation : il n’y est pas question de démonstration, fait qui demande aussi une
explicitation dans une pensée qui exprime ouvertement un objectif de « scientificité ».
Nous pouvons rapprocher cette démarche de celle d’Yvon Belaval, quand il étudie
en profondeur les motivations de Leibniz lorsqu’il critique Descartes. Il semble que Belaval
ait été amené à approfondir l’emploi de certains mots dans les textes de Leibniz, où celui-ci
reprenait ceux de Descartes. Après avoir constaté que Leibniz suivait le vocabulaire
cartésien, il se demande si, de cette manière, « à le combattre il n’agit pas comme les
sophistes, dont parle Aristote, qui ne peuvent mener l’attaque contre le principe de
contradiction qu’en s’appuyant sur lui »44 ? Belaval prend acte de ce que, « un mot passant
de l’un à l’autre, changeait de signification, alors même que Leibniz prétendait en user à la
cartésienne ».
L’exemple donné par Belaval est celui du mot « idée » : Leibniz lui laisse son sens
cartésien lorsqu’il s’en sert pour désigner, non plus avec les scolastiques les archétypes
éternels dans lesquels Dieu pense les choses, mais un contenu de pensée humaine. Mais
ensuite ce contenu est actif, il enveloppe l’infini, il exprime une Idée du monde intelligible
et se rattache à la pensée du Ménon, il s’oppose alors point par point à la nature de l’idée
chez Descartes. Ainsi Y. Belaval, pour s’assurer que Descartes disait bien autre chose que
Leibniz – fait qu’il cherche à prouver – se voit contraint de situer chaque notion, chaque
44
difficulté, par rapport à Descartes et par rapport à Leibniz, selon deux systèmes de
référence.
Il nous a donc semblé nécessaire de parcourir un certain nombre de notions et d’en
donner des définitions précises. On peut enregistrer des variations de sens et des différences
importantes dans les définitions appliquées à certains concepts selon les points de vue et les
champs théoriques qui les utilisent. Nous avons ainsi été amenée à employer une méthode
qui développe avant tout un classement, une classification. Les concepts, les auteurs qui les
emploient selon les disciplines, les définitions qui sont données selon les lieux et les
époques se révèlent d’une grande richesse pour la compréhension de notre objet d’étude. De
proche en proche nous avons pu ainsi approfondir la question de savoir comment nous
pensons en Occident et comment nous élaborons notre science. Cette démarche nous a
semblé indispensable pour répondre à de nombreuses questions qui surgissent lors de
l’examen des phénomènes en jeu dans les publications scientifiques. En quoi
consistent-elles ? Qu’est-ce qui caractérise la science dans le domaine des sciences humaines et
sociales ? Quel rôle joue la technique dans la définition et la mise en œuvre du caractère
proprement scientifique des écrits étudiés ? Comment situer plus précisément la
structuration numérique dans le cadre de ces questions ?
Il ne nous semblait pas possible de comprendre, ni les enjeux, ni les implications, ni
la structure, ni le fonctionnement, non seulement de la communication scientifique mais
aussi des écrits qui en sont l’émanation, sans recourir à des théories et des concepts qui,
depuis le milieu du XXe siècle, en donnent des analyses très fines. Que de nombreuses
disciplines, telles celles nommées ci-dessus, se soient penchées chacune avec leur appareil
théorique et avec un point de vue particulier sur des concepts comme la rhétorique,
l’argumentation, la démonstration etc., nous semble aussi en soi particulièrement
symptomatique de l’importance qu’ils ont dans les théories scientifiques actuelles. De
nouvelles disciplines se sont constituées, comme la pragmatique par exemple45. Des
concepts anciens ont été revisités, comme ceux de rhétorique ancienne, rhétorique
restreinte (réduite à des figures), logique formelle, démonstration, discours, énonciation,
classement, classification, plan, argumentation, formalisation, structure, etc. Des termes et
concepts nouveaux sont apparus pour tenter de fournir des explications plus efficaces
comme ceux de rhétorique nouvelle, logique naturelle, schématisation, énonciation
éditoriale, texte, genre, figure du texte, disposition, etc.
Michel Meyer fait remarquer à quel point le langage a envahi les sciences humaines
et la philosophie, après la crise du fondement des mathématiques fin du XIXe siècle et le
rejet des métaphysiques au langage imprécis, peu adapté à l’essor prodigieux des sciences et
de l’idéal qui l’accompagnait. Depuis lors le langage n’a cessé de préoccuper la
philosophie : les langages formels tout d’abord, comme les mathématiques, et ensuite le
langage naturel46. Ces constatations se révèlent d’autant plus vraies aujourd’hui lorsqu’on
observe le développement des « langages » informatiques : langages de balisage (voir
SGML, HTML, XML, etc.) et des termes nouveaux qui sont associés aux innovations dans
la production de document numériques. On voit ainsi apparaître des notions comme celles
de modèle, de schéma, de définition de document, etc. Les langages et les métalangages qui
leur sont adjoints se sont développés et leur compréhension devient indispensable.
Nous voyons par ailleurs que, si J.-C. Gardin balaie d’un revers de main la
rhétorique et tout son héritage, il semblait nécessaire de la définir, de revenir à ses
45
Bouvier 2002
46fondements pour comprendre le rôle qu’elle a été, ou qu’elle est encore amenée à jouer.
Nous devons donc reprendre la rhétorique à ses débuts, observer quelles sont les pratiques
qu’elle a engendrées et l’influence qu’elle a eue sur la société, jusque dans son « absence »
aux XIXe et XXesiècles, absence remarquée par nombre d’auteurs du siècle passé (Barthes,
etc.). Nous tenterons ainsi de percer la signification de cette théorie du discours au travers
des siècles et l’influence considérable qu’elle a eue sur les manières de penser, d’écrire, de
diffuser le savoir. Nous ne pouvons alors que constater que de nombreuses disciplines se
sont penchées sur les processus qui étaient à l’œuvre dans la production de la science et
qu’elles ont donné lieu à des débats et des théories véritablement passionnants, et dont les
implications sur nos modes de pensée sont loin d’être anodins. Nous suivons donc l’avis de
J.-M. Adam qui estime que la question de la rhétorique est un bon exemple de la complexité
de la dynamique des sciences humaines47.
L’ancrage de ce travail dans les sciences de l’information et de la communication
(SIC) est donc particulièrement adéquat car les SIC sont pluridisciplinaires. Ainsi l’intérêt
d’étudier les publications scientifiques dans le cadre des sciences de l’information et de la
communication se dessine nettement grâce au fait suivant : l’ensemble des disciplines par
lesquelles elles se constituent comme science permet de disposer d’un ensemble de points
de vue théoriques différents et distincts. Murielle Amar montre l'avantage d’une telle
démarche en soulignant que chacun de ces points de vue propose ainsi un référentiel
spécifique permettant d’analyser, à un niveau qui lui est propre, l’un des multiples aspects
en jeu dans une pratique professionnelle48. Or, il s’agira souvent dans notre étude, de
comprendre les pratiques qui ont cours dans le monde scientifique pour l’écriture et la
diffusion du savoir.
Par ailleurs, si pour nous se dégage le concept d’argumentation qui, nous le verrons,
apparaît comme central pour appréhender le discours scientifique, nous avons à l’observer et
l’analyser en le situant dans le cadre des sciences de l’information et de la communication.
Il donne lieu à deux interprétations et deux courants, dont l’un est de l’ordre du pôle
« information », avec une conception logique du langage et l’autre du pôle
« communication » avec la nouvelle rhétorique et la théorie de l’argumentation, qui se
situent dans la continuité de la rhétorique classique. Nous constatons que nous faisons ainsi
appel aux fondements des sciences de l’information et de la communication.
L’aspect information : il met en relief les processus liés aux contenus. A la notion
d’information sont liées les notions de données, de connaissances. Le discours scientifique
diffuse des connaissances, anciennes et nouvelles [Bougnoux 2001] et [Gardes-Tamine
1996]. Selon Wiener, « information » est un nom pour désigner le contenu de ce qui est
échangé avec le monde extérieur à mesure que nous nous y adaptons et que nous lui
appliquons les résultats de notre adaptation49. L’information par son étymologie même
suggère les phénomènes de mise en forme de connaissances. Pour Bougnoux, à la valeur
d’information est liée aussi une valeur de vérité : on recoupe, on vérifie, on réfute une
information. Cet aspect de vérité est même considéré comme sa valeur principale, comme
définissant sa pertinence. L’information appelle un traitement qui doit être mesuré en termes
d’objectif, d’organisation, de rédaction, de structuration, de diffusion. L’information se
traite, s’achète et se vend, éventuellement s’arrache. Elle correspond à un travail50.
47
Adam 2002
48Amar 2000 : 18
49Wiener 1962 : 19
50Bougnoux 2001 : 79-82
Quant à l’aspect communication : il se penche sur la prise en compte des processus
culturels et sociaux. La communication scientifique peut être considérée comme un système
où les phénomènes isolés n’existent pas, mais sont en interaction avec d’autres. Il existe
donc un système de relations, qui sert de contexte de lecture pour les communications qui le
composent. Elles sont englobées dans un cadrage délimitant une totalité (le système), où les
phénomènes sont pris dans des implications mutuelles d’actions et rétroactions. Un principe
logique de fonctionnement est sous-jacent : un système de communication est régi par des
règles que l’on peut expliciter. Le système peut aussi engendrer, en comparaison en
quelque sorte avec un organisme vivant, des processus d’auto-préservation, que l’on nomme
« homéostasie » selon la terminologie de l’Ecole de Palo Alto51 : il manifeste alors une
résistance au changement. Ce système de communication est toujours le siège de
phénomènes d’émergence et chaque phénomène communicationnel est à la fois autonome et
contraint, organisé et organisateur, informant et informé52.
Dans son aspect « communication », le discours scientifique peut être considéré
comme un dialogue, essentiellement. Il s’inscrit dans le contexte social de la communauté
scientifique dont on ne peut le dissocier selon Chartier, Jeanneret, Souchier. Selon
Coutinho, si l’on sort d’un schéma de communication qui renonce à l’illusion du pur
codage/décodage, le discours correspond à un usage de la langue qui est adressée : il est
donc la pièce centrale53.
Au niveau social, il peut y avoir dans les publications scientifiques un aspect
symbolique : celui de « La SCIENCE » et de ses enjeux54. Il contient une dimension sociale
et nécessite des phénomènes d’appropriation55. Les sciences du langage, la linguistique, la
sociologie, la pragmatique se penchent sur les significations et le rôle que vont jouer le
texte, le discours, le contexte. Le discours scientifique participe de la communication
humaine. Il a la particularité fondamentale de se présenter à deux niveaux. Une part de
communication rationnelle : il s’agit du contenu, qui est caractérisé comme une
communication « digitale », qui est de l’ordre de la conscience, de l’explicite, et où
l’analyse procède du discontinu, de la logique cartésienne. Et une part de communication
relationnelle, dont la forme est une communication « analogique », et consiste en une
relation entre les acteurs. Elle se déroule alors en dehors de l’intelligence claire et de la
volonté explicite56.
Nous avons opté pour le parti-pris de considérer que l’on ne peut privilégier aucun
des deux aspects. Idéalement, il serait souhaitable de faire coexister de manière égale les
deux faces de la communication dans les publications scientifiques. Nous verrons que sous
l’angle de la technique, les deux aspects de la communication sont loin d’être égaux.
Lorsque le discours est rédigé, écrit, organisé en formes orchestrées par les communautés
scientifiques selon des prescriptions qui se sont élaborées dans la perspective d’un temps
long, il doit intégrer et proposer ces deux faces selon des modalités particulières.
Watzslawick et ses confrères ont souligné à l’envie la difficulté d’appréhender l’aspect
« communication », « relation » dans la communication habituelle, que nous voulons ainsi
transposer dans nos travaux, en étudiant la composante « argumentative » des
communications scientifiques. Encoder, formaliser, transmettre de l’information n’est pas le
plus difficile. Ce qui est le plus problématique, c’est que le processus soit étroitement lié à
51