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Chapitre I - Le symbole unit

1. Une nature spiritualisée

L'action reliante ou unifiante du symbole se manifeste dans les romans lorsque l'expérience du monde tangible s'ouvre sur un dépassement, qui peut conduire vers la sphère du sacré. C'est ce qui ressort par exemple de la relation avec la structure élémentaire du monde, singulièrement l’eau ou la terre, qu'entretient dans Le Dieu noir de Philippe Le Guillou, le personnage de Léopold, cardinal qui deviendra pape sous le nom de Miltiade II. À travers ces éléments, il noue en effet des liens avec les forces telluriques ou cosmiques qui l’environnent, ce qui permet de figurer à travers lui une manière singulière de se situer en tant qu'homme dans le monde, et par conséquent de figurer le monde comme nimbé d'une dimension transcendante, si l'on admet avec André Dumas que le sentiment du sacré tient notamment pour l'homme au fait de « se rappeler son existence au sein d’un vaste ensemble dont il est l’usager, non le souverain11». À cet égard, le statut du souverain pontife et de son rapport particulier au pouvoir, celui-ci s'exerçant principalement dans le domaine spirituel, est significatif. Il permet d'inscrire le passage d'une expérience individuelle à son extension jusqu'au cosmos dans son ensemble, et c'est cette dynamique même qui revêt un caractère sacré.

Le dieu noir s’ouvre ainsi sur un « Prologue » qui, à la manière d’un prélude, introduit des thèmes qui seront développés par la suite dans l'ensemble du roman. Le personnage principal y répond encore au nom de Léopold Hédor Dagotta, il est cardinal et primat du Zaïre, et nous le suivons dans une de ses équipées nocturnes dans Kinshasa, accompagné de son secrétaire Din et du chauffeur Amadeus. Or, cette promenade est l’occasion de voir l’aube approcher et prendre une portée large, cosmique, qui va bien au-delà de la ville : on évoque ainsi « le monde », qui « quitte ses linges brûlés d’astres ». La description de l’aurore s’étend aux dimensions de l’univers, en faisant place au ciel et aux météores :

11 André Dumas, deuxième partie de l’article « Sacré », in Encyclopaedia Universalis, Tome 21, « Approche phénoménologique et théologique », Paris, Encyclopaedia Universalis France S.A., 2002, p. 400.

Une traînée de météore allume le ciel du côté du fleuve […]. Le ventre d’ombre, le cloaque vont éponger la nuit jusque dans ses dernières gouttes de cendre. Anus et giron. Le ciel s’élargit. L’espace s’ouvre. […]. Puis le rouge forcené du soleil s’enroule dans son cercle. Un foyer d’attraction aimante le cosmos […]. Et l’hémorragie se résorbe, le partage des règnes s’accomplit, la ville s’ordonne sous le soleil12.

La mobilisation d'un vocabulaire relié à l'anatomie (ventre, anus et giron) participe de cette logique symbolique qui, par récursivité, permet de voir dans le monde un corps, et dans le corps un monde. Ce processus de figuration mutuelle est ce qui rend possible la conception même du monde, au-delà de la seule partie perçue, tout en faisant signe vers une idée de totalité. À cela s'articule la présentation du lever du jour comme un événement astral, voire une nouvelle Genèse, puisqu’il consiste en un « partage des règnes » permettant de passer du chaos de la nuit kinoise au cosmos, soit à un monde organisé, de même que dans la Bible c’est une série de discriminations13 qui constitue l'essentiel du processus de création.

Or, l’expédition des trois hommes se poursuit jusqu’aux rives du fleuve Zaïre, où la proximité avec l’eau lance une rêverie qui dépasse le point de l’espace et du temps occupé par Léopold, pour s’élargir aux dimensions du monde entier et de l’histoire :

Léopold aime découvrir le fleuve à cette heure première où il lui semble vivre la naissance du monde. Une houle serrée de courants s’ébroue dans l’immense bief écartelé de soleil […]. Les eaux du monde se bousculent […]. Au premier plan, un désordre de guérites et d’installations portuaires, un cordon de jeunes arbres arrêtent l’œil. Il faut dépasser ces repères, ces dernières marques humaines pour affronter le vide du ciel et de l’eau. Léopold s’approche du rivage. Il cherche le contact de cette artère vivante […]. Son regard, son imagination inversent le cours du fleuve. Il veut rêver l’avant […], la forêt truffée de cavernes et de lacs. Sa mémoire est là-bas, quelque part du côté de l’origine […]14.

12 DN, 16-17. Devenu pape, Dagotta garde une forme d'affinité avec ce moment de l'aurore : « C'est à cette heure, au moment où le jour se dresse, plein de sève et de lumière, que je ressens la disponibilité du monde, une certaine forme de vide que le temps, les choses vont combler, et ma force. J'aime renaître tous les matins avec la lumière, ne rien perdre de son envol, de son énergie. […] à l'aube, je vis la dilatation de la lumière, le mauvissement des collines dont les strates absorbent les étoiles, le découpage minutieux, progressif de la façade de la Trinité des Monts, le blondissement du Tibre » (DN, 125). L'aube est un moment où s'expérimente une harmonie entre la vie du monde et celle du personnage, tandis qu'un va-et-vient s'établit entre le point de l'espace occupé par le pape, Rome, et les météores. Le lever du soleil à Kinshasa est lui aussi évoqué de nouveau dans la suite du roman, par le regard du cinéaste Samuel qui en capture l'image tandis qu'il souhaite réaliser un film sur l'itinéraire de Miltiade II, ce projet passant par l'Afrique : « Le soleil émergea du toit des frondaisons et s'isola dans l'azur. Genèse immédiate qui ne souffre pas la lenteur, le dévoilement progressif. Samuel avait tenu à filmer le surgissement de la lumière » (DN, 141). On le voit, l'aube est de nouveau présentée comme une Genèse, une création dans un jaillissement fulgurant.

13 Rappelons que dans la Bible, selon le livre de la Genèse, la création par Yahvé se fait en séparant le jour de la nuit, la terre de la mer, etc. Le « partage des règnes » reprend cette idée de séparation créatrice, tandis que l’indistinction serait la marque du chaos.

14 DN, 19. Là encore, l'image du fleuve rencontre un écho plus tard dans le roman alors que le personnage est désormais ancré dans sa vie romaine. Il contemple en effet le Tibre : « J'aime les fleuves, bouillonnants, écumeux. Ils me renvoient une image de la naissance, de l'origine. Le Zaïre me manque

Cette découverte du fleuve fait signe vers l'origine, la sienne et par extension celle du monde, en suivant une logique de dépouillement progressif : il s'agit de se débarrasser de ce qui encombre la vision, dû aux aménagements de l’homme, pour entrer en contact avec l’élémentaire. L'eau, qui participe largement selon Bachelard de la « valorisation de la pureté15 » dans la pensée humaine, reconduit Léopold, par une sorte de baptême, vers l'amont du fleuve, passant de cette réalité physique, géographique, à l'idée d'un amont symbolique, celui de l'origine et de la mémoire. Auprès du fleuve, et à cause de ce mouvement, c’est donc une histoire sacrée qui semble s’animer en lui :

Sa grandiose géométrie aquatique brasse les lianes, les reptiles […], l’humus millénaire, les sables, les racines. Le bouillon permanent des matières éveille l’âme. La fascination de Léopold est grande. Elle balance entre l’extase et l’effroi. Toute une histoire lui revient, massive, inextricable. Elle mêle aussi bien des éléments de son passé intime et de sa tribu que des visions légendaires du continent noir. […] Léopold s’agenouille sur la berge […], il prie pour la terre qui le porte, et loue le Créateur en un sursaut charnel. L’histoire de la création bouge en lui, comme un sommeil lourd, lézardé. Elle condense un milliard de terreurs primitives. Le chaos, le mal aiguisent leurs menaces16.

On le voit, la fréquentation du Zaïre permet au cardinal de vivre un moment dans lequel se mêlent la matière et l’âme, des souvenirs intimes et d’autres qui prennent la dimension de son continent, la légende et l’histoire, sa terre et la création en général… La sensation, en tant qu'expérience physique du monde dans sa réalité matérielle, y apparaît donc comme un tremplin qui débouche, pour le cardinal, sur un dépassement des limites de sa personne mais aussi de l’espace et du temps. Entre louange qui s’élève vers Dieu et sentiment de la présence du mal, c’est bien à une expérience sacrée que Léopold est livré au bord de l’eau. Ce passage est de fait sous-tendu par le motif de l’élargissement : ce que le personnage y vit apparaît comme une mise en relation avec le monde dans son ensemble, et l’extrait se clôt significativement par cette phrase : « Sa trajectoire planétaire prend là-bas son essor17 ».

[…] J'ai la nostalgie du fleuve vert, couvert d'insectes et d'éphémères. Le Tibre sec, marneux me semble l'ossature d'un fleuve, loin des respirations, des pauses, des soubresauts vertigineux, l'image menaçante d'une ville détruite, calcifiée » (DN, 125-126). Comparé à « un fagot de rocailles et de lagunes » (DN, 125), le Tibre serait une eau en voie de pétrification : « à la différence de Kinshasa dont le fleuve et les tangages du sable remuaient et brouillaient les fondations, loin du verre, des orgies du soleil, il découvrit la pierre, l'éternité » (DN, 128). Dans les deux cas, le fleuve est plus que lui-même et semble condenser les caractéristiques du continent dans lequel il se situe : chaotique et bouillonnant pour l'un, signe d'une forme d'éternité minérale et figée pour l'autre.

15 Gaston Bachelard, L'Eau et les Rêves, « Essai sur l’imagination de la matière », Paris, [Librairie José Corti, 1942], réédition Le Livre de Poche, 1993, p. 22. À ce titre, le fleuve participe de « la suprématie que tous les mythologues ont reconnue à l'eau douce sur l'eau des mers » pour figurer cette « pureté ontologique » (ibid.)

16 DN, 19-20.

Nous retrouvons le fleuve lors de la dernière nuit passée par le cardinal à Kinshasa, avant son départ à Rome pour le conclave dont il ressortira pape. Cette fois-ci Léopold s’y baigne, et l’eau apparaît mêlée à des images de pesanteur et de tiédeur qui, associées à la nudité, évoquent de façon transparente la naissance. L’élément aquatique met ainsi, d’une autre manière, encore plus tactile qu’intellectuelle, le personnage en lien avec l’origine :

Léopold […] laisse tomber sa soutane à même le rivage […] et plonge […]. La lune tranche les flots de son noyau d’ivoire […]. Léopold écarte le placenta des eaux fertiles, le limon liquide que la nuit étoilée crible d’un foisonnement d’écailles. Il se glisse dans la tiédeur de la boue […] ; la coulée des alluvions lui cuirasse le torse et lui procure la sensation d’un cocon chaud, tout vibrant d’influx protecteurs.

Léopold renonce à toute pensée : […] le nageur est le jouet des courants, des remous qui traversent l’architecture vivante du fleuve […]. De temps à autre il lui faut, d’une poussée violente du corps, se délester de cette charge qui l’enserre […]. Le marécage de la naissance est proche. Une ultime lame l’y plonge, pour un primitif et éperdu baiser des origines18.

Nouvelle naissance, immersion dans un bain matriciel au contact d'un « placenta », la plongée de Léopold dans les eaux du Zaïre est l’occasion pour lui de s’inscrire de nouveau dans un rapport avec la création en général : « Sa nage est une reconnaissance de la création. […] La vue de l’île déchaîne en lui un désir d’union et de totalité19 ». En outre, le fait de s'éprouver comme « le jouet des courants » évoque l'une des principales modalités de ce que Rudolf Otto définit comme l’expérience du numineux, de nature religieuse, par laquelle l’homme éprouve le « sentiment de l’état de créature20 ». Dans ce sens le fleuve, l'élément aquatique, est pleinement symbolique car il actualise la tension vers une totalité et permet d'entrevoir une union avec elle – rejoignant cette idée que le symbole réunit et permet de concevoir une totalité qui n'est pas perceptible en tant que telle, mais à laquelle on accède grâce aux sens.

Le bain dans le fleuve, qui peut avoir une portée initiatique, est ainsi en cohérence avec l'idée de Gaston Bachelard selon laquelle « l'eau est aussi un type de destin », « un destin essentiel qui métamorphose sans cesse la substance de l'être » : « On ne se baigne pas deux fois dans un même fleuve, parce que, déjà, dans sa profondeur, l'être humain a le destin de l'eau qui coule. L'eau est vraiment l'élément transitoire […]. L'être voué à l'eau

18 DN, 37-38.

19 DN, 37-38. « Il ignore résolument la rotonde galactique, les grands feux de météores qui trouent les clairières, les couleurs, les parfums, les sonorités. Il n’est plus que cette foudre vitale qui empoigne ses reins, irradie tout au long de son corps » (ibid.).

20 Rudolf Otto, Le Sacré, « L’élément non rationnel dans l’idée du divin et sa relation avec le rationnel », traduit de l’allemand par André Jundt, Paris, Éditions Payot & Rivages, 1949, p. 31.

est un être en vertige21 ». S'accordant pleinement à la situation symbolique d'un homme dont l'identité va être profondément bouleversée par son élection au trône pontifical, la nuit de Kinshasa et la promenade au bord du fleuve Zaïre semblent ainsi rejouer la création du monde et permettre au cardinal de relier sa propre mort et renaissance imminente à une expérience cosmique, par laquelle les éléments lui permettent déjà de s'ouvrir à l’universel et à un dépassement de la temporalité.

Ce passage confère donc à l'expérience de Léopold une dimension symbolique par son caractère reliant :

[…] le symbolisme n’est pas logique […]. Il est pulsion vitale, reconnaissance instinctive ; c’est une expérience du sujet total, qui naît à son propre drame par le jeu insaisissable et complexe des innombrables liens qui tissent son devenir en même temps que celui de l’univers à qui il appartient et auquel il emprunte la matière de toutes ses re-connaissances. Car finalement, il s’agit toujours de

naître avec, en mettant l’accent sur cet avec, petit mot mystérieux où gît tout le mystère du symbole22. Le motif de la naissance et du renvoi à soi-même, s'articulant avec l'établissement d'un lien avec le monde, par le truchement des éléments, offre ainsi de définir une première modalité d'un « être-au-monde » symbolique. Celui-ci suppose une appréhension par l'homme de son environnement qui part de la perception et la dépasse, se présentant comme un tremplin pour la pensée. C'est ainsi que dans l'expérience de Léopold, il apparaît que la représentation des éléments naturels et des relations qu'un être humain peut nouer avec eux constitue dans la fiction à la fois un signe direct et un signe second : le bain dans le fleuve Zaïre est aussi tension vers un amont insaisissable concrètement mais qu'on conçoit philosophiquement, en l'occurrence l'origine. Le fait fictif contenu dans le texte, dans un même mouvement, doit être appréhendé par une lecture littérale (ce qui se passe lors de la dernière nuit du cardinal Dagotta à Kinshasa) et implique une interprétation intellectualisée (sur la naissance notamment et ses implications philosophiques). L'événement qui fait l'objet du récit est donc transcendé par sa propre signification, mais il importe alors de préciser que le support tangible choisi dans la réalité et les notions intelligibles qui en émanent font corps sans être séparées. Ce qui est symbolique ne doit pas être ici perçu comme le contraire de ce qui est réel, comme pourrait le sous-entendre une acception affaiblie du mot ; et si « [l]e symbole s’affirme comme un terme apparemment saisissable

21 Gaston Bachelard, L'Eau et les Rêves, op. cit., p. 13.

22 Gérard de Champeaux et dom Sterckx, Introduction au monde des symboles, Paris, 1966 ; cité par Jean Chevalier, op. cit., p. XXIX-XXX. Les mots soulignés le sont par les auteurs.

dont l’insaisissable est l’autre terme23», il apparaît que cette saisie qui passe par le truchement des sens n'est pas annulée ou rendue caduque une fois que l'on s'approche de ce qui est abstrait, ou absent, ou invisible. On peut se reporter avec profit à ces propos récents de Claude Louis-Combet, dans un entretien avec Le Matricule des Anges, qui formule explicitement cette articulation étroite entre le symbole et la perception du réel : « la rêverie sur le paysage […] amène infailliblement à dégager la nature symbolique de la réalité. Les eaux mortes, les plantes aquatiques, […] cette réalité que l'on peut observer, que l'on peut toucher et sentir – incarnent une dimension symbolique. Le symbole n'est pas surajouté. Il est immédiatement perçu au contact de la réalité24 ». Ainsi doit-on, quand on considère la formalisation de la réalité à laquelle peut procéder une vision symbolique, éviter de fausses dichotomies : ce qui est symbolique ne s'oppose pas à la réalité, mais se présente plutôt comme un surcroît de la réalité que les romans peuvent amener à cerner d'un peu plus près. C'est pourquoi le symbole ainsi entendu doit être soigneusement distingué de l'allégorie : cette perception de l'insaisissable est immédiate, elle le trouve présent dans une réalité qu'il habite et transfigure, et cette saisie ne saurait être confondue avec une logique de traduction où le contenu de pensée, quand il est découvert, finit par évincer l'anecdote qui en est le support jusqu'à le faire apparaître au mieux comme un ornement, au pire comme une peau morte.

L'expérience du cardinal Dagotta, reliant les sensations et une opération de pensée, se présente ainsi comme un avatar romanesque de l’illumination, souvent associée plutôt à la figure du poète. La perception de la nature peut devenir éclairante, conduisant à une pensée religieuse au sens large du terme, le passage de la perception purement sensible à une vision de cette réalité comme quelque chose d’intelligible étant assuré dans l'illuminisme poétique par le poète intercesseur qu’on retrouve notamment dans Les Contemplations. En Léopold, futur pape appelé à changer de nom et faisant cette expérience du numineux, se recompose ici la conjonction hugolienne entre Nomen, Numen et Lumen25 : l'inscription dans le texte du lien entre la nature et sa transcendance, étant elle-même un effet du langage, renvoie à cette paronomase pour en faire une image du lien entre ce qui se voit et la divinité, assuré par ce qui se donne à lire.

La particularité du symbole est donc l'articulation d'une appréhension dynamique

23 Jean Chevalier, op. cit., p. 13.

24 Entretien avec Claude Louis-Combet, Le Matricule des Anges, n° 151, mars 2014, p. 26-27.

25 Victor Hugo, « Nomen, Numen, Lumen », in Les Contemplations, Livre Sixième, « Au bord de l'infini », [1856], Paris, Librairie Générale Française, collection « Classiques de Poche », n° 1444, 2002, p. 506.

de la réalité immanente et de l'expérience d'une forme de transcendance, qui peut surgir en elle, et dont le texte représente les manifestations. Le rapport à la réalité physique du monde s'intègre dans cette logique symbolique lorsque le contact avec les éléments ouvre sur une forme d'épiphanie : ce que l'on appelle la nature est alors en elle-même le symbole par excellence, une immanence appelée à être transcendée. On se rapproche alors des significations dont ce terme de symbole a pu être porteur au fil du temps. Ainsi, Umberto Eco rappelle que dans l'esthétique d'Hegel, structurée par les trois formes symbolique, classique, et romantique, la première se présente comme un pré-art, qui naît quand l’homme entrevoit dans les objets naturels le sentiment supérieur de quelque chose d’universel et d’essentiel, ce qui le conduit à spiritualiser le naturel et naturaliser