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Une identification inégale des instances de l’action publique 

Engagements, rapport au politique   et intégration sociale

III.2.  Le rapport au politique : entre distance et proximité

III.2.2.  Les politiques locales : niveau de prise en compte des soucis quotidiens

III.2.2.3.  Une identification inégale des instances de l’action publique 

III.2.2.3. Une identification inégale des instances de l’action publique . 

 

Il s’avère difficile pour les personnes rencontrées d’identifier clairement les niveaux de  compétence national, départemental ou local dans l’absolu mais aussi dans le domaine  des aides procurées. Aussi n’est‐il pas rare d’entendre certaines personnes affirmer que  l’APA est octroyée par la commune.(Monsieur Collange, 07, 1).   D’une manière plus  globale, tout service rendu est le plus souvent attribué à l’initiative communale, tant « la  mairie » est le lieu du recours spontané des personnes.  

Le conseil général est identifié comme devant intervenir seulement en appoint des  initiatives communales, comme un soutien financier possible et nécessaire. Par ailleurs,  de même que la fonction de Maire est très personnalisée, s’incarnant dans un homme  connu dont on apprécie les qualités d’homme avant tout, la conseil général est identifié  à son représentant. « –Montpezat c’est le canton ? – Montpezat c’est toujours le canton mais  quand même le conseiller général est à St Cirgues » (C Lassagne, ARD 2).  Ainsi ce ne sont  jamais les services du Conseil général qui sont mentionnés mais seulement les élus et  plus précisément celui qui est l’ élu du canton. «   ‐vs avez connaissance de ce que fait le  Conseil Général ?‐ Ben oui, je le connaissais bien, il venait souvent, maintenant, il est à St  Cirgues – il venait faire quoi ?‐ oh ben il débloque les subventions, c’est lui qui débloque  l’argent….pour l’agriculture et même pour la commune quoi. Pour la commune, des aides aux  voiries, des aides à l’aménagement de certaines choses quoi, à la mairie, comme à Mazan, il y a eu  beaucoup de frais, mais il y a eu beaucoup d’aides, le CG a bien aidé… »(M. Lassagne, 07, 2)  On  retrouve ici les éléments d’une autre enquête (Gucher, Conseil Général   38, 2001) qui  témoignait du rôle attribué au conseil général. La déclaration la plus fréquente consistait  à affirmer que le conseil général devait venir en soutien aux communes, puis venait la  mise en place de transports publics. Spontanément les personnes attachent plus d’intérêt  à ce qui se passe au niveau communal et font davantage confiance à la représentation  qu’assure leur maire qu’à celle d’autres élus.   «   ‐savez vous entre le maire et le CG qui  intervient ?‐ oh ben moi plutôt c’est la mairie, le conseil général je sais pas q’il leur donne  beaucoup d’argent – à qui ?‐ à la mairie, parce qu’il y a tellement de choses à faire, vous voyez  bien maintenant toutes les routes c’est le Conseil général qui l’a fait faire comme là bas au Pont  de la Beaume, vous avez vu ? » (Madame Brunier, 07, 2) Ces éléments ne diffèrent pas  véritablement de ce qui se joue sur la scène politique nationale dans la mesure où pour  l’ensemble des français, le maire est l’élu envers lequel la confiance est la plus grande. 

Néanmoins, c’est ici la personnalisation de la fonction qu’il convient de souligner. 

En revanche, le niveau de l’intercommunalité apparaît comme étant bien identifié par la  plupart des personnes rencontrées. L’information sur les projets en cours semble bonne  et la compréhension des enjeux des regroupements de commune assez adéquate. La loi  Solidarité et Renouvellement Urbain qui a déterminé ces nouvelles articulations était  initialement fondée sur l’analyse des besoins des territoires ruraux. Il semble que le  résultat soit probant dans la mesure où contrairement aux milieux urbains dans lesquels  l’intercommunalité semble brouiller l’identification des compétences respectives des  différents  acteurs, en  milieu  rural  la  reconnaissance de  l’intercommunalité  semble  supplanter progressivement la reconnaissance du Conseil général. (Gucher, Mollier,  Boisseau, 2006). « –vous pensez que c’est bien le syndicat intercommunal ?  oui je pense oui je  pense si moi je pense que bon, si peut‐être une commune n’a pas trop d’argent pour payer  certaines choses l’autre commune le paie.. » (Madame Brunier, 07, 2) 

Ces éléments viennent bousculer la tradition rurale selon laquelle le canton reste un  repère  politico‐administratif  fort  pour  les  ruraux.  L’intercommunalité  semble  progressivement trouver une valorisation certaine pour les habitants de ces communes  isolées. « Pour l’avenir ils vont agglomérer les communes. –vous en pensez quoi ?‐ la commune  de Mazan, il y a quand même un, de bonnes petites ressources, elle touche, il y a douze cent  hectares de bois communal, de bois forestier et elle touche un impôt, ça lui rapporte de l’argent,  40MM par an et ça permettrait de couvrir beaucoup de choses.(…) comme les routes, je veux  dire, les routes communales, c’est la ruine des communes, je le sais, j’ai été président 50 ans du  syndicat –et les communes agglomérées, vous en pensez quoi ?‐ moi je sais pas, je sais pas quoi  dire(…) il y en a beaucoup qui étaient contre (…) oui mais de moins en moins y’a du monde, il y  a un moment donné ça va arriver, qu’est‐ce que vous voulez, pour les subventions, les aides, ils  vont faire, je pense » (Roger Lassagne, 07, 2). Néanmoins, la fonction plus symbolique du  canton comme élément d’une division républicaine et jacobine de la Nation ne paraît  pas pouvoir être gommé tout à fait. « Le lien particulier entretenu par la paysannerie  française avec la République peut constituer un élément explicatif de   cet attachement  des anciens agriculteurs à une  définition traditionnelle de la  citoyenneté. Dans  le  mouvement que nous tentons ici d’éclairer, il n’y a pas une campagne en soi, hors de  toute histoire. Il y a une campagne dans un pays qui comme les autres, cherche ses  marques pour un futur incertain ; mais à la différence des autres, le cherche à partir  d’une histoire républicaine, jacobine où la campagne fut le socle d’un corps collectif  spatialisé dont l’Etat parisien était la tête unique. » (Hervieu, Viard, 2001). 

Néanmoins le risque que les intérêts communaux spécifiques viennent se dissoudre  dans  les  pratiques  d’intercommunalité  est  clairement  identifié  par  les  personnes  rencontrées.  

« . Maintenant on sait pas ce que ça va faire cette communauté‐ expliquez moi‐ eh ben c’est les  communes qui se rassemblent. 5 ou 6 communes qui sont rassemblées, obligatoirement. Le préfet  a été obligé. J’ai l’impression que ça aussi ne sera pas bien‐ pourquoi ?‐ parce que chaque  commune pensera pour sa commune. (…) » (Jean Lassagne, 07, 2) 

Malgré tout la nécessité de faire front commun pour envisager le développement des  territoires ruraux enclavés est envisagée de façon très consciente par les habitants. « la  communauté de communes, je peux pas être contre, j’étais au CM quand elle a été crée pour  l’école. Après ça s’est transformé…On a aidé quelqu’un à monter une chocolaterie, ça a été un  fiasco, c’était un farfelu, c’était peut être une erreur, ils avaient pas de bons renseignements, pour  Nouziers, ça a pas été mirobolant, pour la Cellette, a a aidé à rouvrir une auberge…avec le maire  de Nouziers ça se passe mal, ils sont pas du même bord…Ils veulent être un peu au dessus du lot,  c’est mon point de vue… Quand il y en a deux, ça peut pas marcher » (Monsieur Courbon, 23,  2).  

Ainsi,  globalement,  au‐delà  de  leur  attachement  indéfectible  à  la  commune,  les  personnes interviewées témoignent d’un intérêt certain pour les formes renouvelées de  l’action  publique  locale.  Leur  connaissance  des  enjeux  de  ces  nouvelles  manières  d’envisager l’action publique est sans aucun doute liée à leur connaissance précise, liées  à l’expérience vécue, des difficultés auxquelles se confrontent ces territoires ruraux  enclavés mais aussi de leur proximité avec leur maire, qui assure, à l’image des saints de  tous les temps, un rôle capital d’intercession en leur faveur. Cette familiarité avec  l’action publique se traduit et/ou s’explique également par les engagements nombreux  et assumés comme une  évidence, que ces personnes  développent au sein de leur  communauté de vie.  

 

III.3. La spécificité rurale des définitions et réalités de l’intégration sociale des 

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