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l’économie circulaire et de l’agriculture urbaine à Antaninandro

1. Les enjeux de l’agriculture urbaine dans un territoire fortement urbanisé

1.1. Un territoire marqué par de fortes disparités socio-économiques

Jardins partagés, toits cultivés … les villes retrouvent de plus en plus une nature verdoyante. En se référant aux études réalisées par l’association, le territoire connaît une reprise économique lente à cause des effets imprévisibles tels que le changement climatique et l’insécurité. La faible modernisation de l’agriculture (l’un des secteurs primaires de Madagascar), est impactée par les aléas climatiques qui touchent en partie le territoire. En effet, à ces effets impondérables, les disparités socioéconomiques prennent une ampleur majeure dans le quotidien des habitants. Depuis la crise de 200936, l’île connait de très fortes inégalités socioéconomiques.

36 La crise socioéconomique et politique à Madagascar. [En ligne]. Disponible sur

70 Madagascar dispose d’un potentiel socio-économique important malgré ses nombreuses naturelles. La pauvreté reste le principal obstacle au développement à Madagascar. Selon la Banque mondiale, neuf malgaches sur dix vivent en dessous du seuil de pauvreté, environ 92%37.

1.1.1. Le tourisme et la lutte contre la pauvreté en milieu urbain

Dans un processus de mondialisation, l’accroissement de l’activité touristique auprès des populations précaires représente un atout indispensable aux pays en développement. La croissance démographique en milieu urbain encourage le lancement de nouvelles filières au bénéfice des populations locales. Dans les territoires tels que Madagascar, la lutte contre la pauvreté est l’une des défis mondiaux les plus importants. Dans cette perspective de développement, le tourisme est l’une des activités de développement la plus fiable du point de vue économique, social et écologique. En outre, les pays en développement privilégient de plus en plus l’ouverture économique en se référant le tourisme international38.

L’augmentation des arrivées internationales dans les pays en développement participe au développement économique et social de la population locale. De ce fait, il est essentiel que les entreprises touristiques des pays en développement développent des relations positives avec les populations locales. Les activités touristiques ont des avantages économiques directs puisqu’elles permettent dans un premier temps, de favoriser l’implication des communautés locales dans les processus touristiques puis de faire émerger de nouvelles activités bénéfiques pour l’ensemble des acteurs du territoire d’autre part. Le développement du secteur touristique peut permettre, entre autres, de mobiliser des projets de développement du territoire comme la lutte contre l’impact environnemental par exemple.

Les caractéristiques du tourisme pour les pays à faibles revenus et leurs communautés nécessitent de prendre en considération les aspects négatifs de l’activité qui requièrent une attention particulière dans les territoires hôtes. En effet, le tourisme comme toute autre activité engendre des effets négatifs dans les territoires d’accueil et plus particulièrement dans les pays pauvres. Le remodelage de l’économie territoriale demande une réorganisation

37 La Banque mondiale à Madagascar aide le gouvernement à lutter contre la pauvreté et à améliorer le niveau de vie de la

population locale. [En ligne]. Disponible sur : https://donnees.banquemondiale.org/pays/madagascar. (Consulté le 31/05/2018).

38 Olivier Dehoorne, Tourisme et lutte contre la pauvreté : opportunités et défis. [En ligne]. Disponible sur

71 efficace auprès des politiques publiques afin de relancer les populations les plus démunies39.

Les questions sur l’impact des ressources locales (la biodiversité, la terre, l’eau…) peuvent être mis en danger par les plus démunies.

Dans un territoire comme Madagascar, la dégradation de l’environnement ou l’impact sur les ressources vitales sont des problématiques mondiales qui prennent en compte les effets du tourisme sur le changement climatique. Dans cette logique, les projets doivent stimuler les liens sociaux et intégrer les populations marginalisées par la participation et la représentation des communautés pauvres dans la gestion et le développement du tourisme. La conduite d’une telle politique, favorise l’intégration des populations défavorisées tout en accentuant les liens entre les touristes et les communautés d’accueil. Dans cette perspective, l’activité touristique peut être considérée comme un instrument possible de réduction de la pauvreté (OMT, 2010).

Dans une logique de dynamisation des territoires en développement, l’intégration des projets touristiques dans une économie sociale territorialisée peut permettre de créer des conditions propices en facilitant l’accès au travail (DEHOORNE, 2013). D’ailleurs, la diversification de l’économie locale (agriculture, artisanat…) dans les pays en développement paraît essentielle afin de fédérer les acteurs locaux dans une logique participative. Pour Dehoorne, « Il s’agit bien d’incorporer la dimension sociale dans l’acte de production, de satisfaire des besoins locaux et de renforcer l’inclusion sociale ».

« Le tourisme ne doit pas être considéré comme la « réponse » à la réduction de la pauvreté bien qu’il y contribue fortement. Le potentiel permettant de développer un tourisme plus large et de canaliser un pourcentage plus élevé de dépenses touristiques au bénéfice des pauvres, est parfois élevé dans certaines zones, plutôt faibles dans certaines autres. Cela dit, et conformément à la taille du secteur, certains changements, même minimes, peuvent contribuer largement à faire la grande différence » (OMT, 2010).

1.1.2. L’agriculture urbaine au service de la population locale

Selon la FAO40, l’agriculture urbaine consiste à cultiver des plantes et à élever des animaux à l’intérieur et aux alentours des villes. Elle est multifonctionnelle. Elle répond à plusieurs objectifs : participer à la sécurité alimentaire des ménages, fournir des aliments

39Olivier Dehoorne, Tourisme et lutte contre la pauvreté : opportunités et défis. [En ligne]. Disponible sur

https://journals.openedition.org/etudescaribeennes/6601#tocto1n2. (Consulté le 01/06/18).

72 frais, créer des emplois, recycler les déchets urbains, valoriser les espaces vides et à l'abandon, et renforcer la résilience des villes face au changement climatique41. En d’autres termes, l’agriculture urbaine est une forme d’activité tournée vers la ville, qui utilise des ressources et des déchets du territoire. Dans un territoire tel que Madagascar, l’agriculture urbaine est une solution durable pour la préservation des richesses. Ainsi, l’agriculture urbaine a pour vocation d’être une agriculture respectueuse de l’environnement de la ville. Au sein du quartier des initiatives à l’encontre de l’environnement naissent et font apparaître une volonté de mettre en valeur cette nouvelle pratique.

La problématique de l’agriculture urbaine nécessite d’être creusé dans des villes où les espaces verts manquent considérablement. L’intégration de l’agriculture urbaine dans les stratégies nationales et locales de développement agricole peut conduire à une nouvelle gouvernance au sein des territoires d’accueil. De plus, la gouvernance alimentaire des villes préoccupe de plus en plus les décideurs locaux. En effet, le concept d’écologie urbaine qui rapproche les enjeux écologiques de la vie en ville, faciliterait l’intégration de la population locale à des projets d’envergure locale et nationale. De ce fait, le développement économique et social de l’agriculture contribuerait à la réinsertion des communautés locales mais permettrait aussi de recréer du lien social entre différentes entités au sein des territoires urbains, où la gouvernance reste une problématique importante en matière de projet collectif.

Le développement social des territoires reste un enjeu primordial en termes d’attractivité territoriale et d’aménagement durable des espaces urbains. Il met en relation les décideurs de la ville, les associant ainsi que les communautés locales. Dans cette logique, œuvrer au mieux vivre ensemble en favorisant le lien social, en améliorant le cadre de vie à travers l’agriculture urbaine et en valorisant l’image des quartiers sont les principaux objectifs qui permettraient aux locaux d’appréhender les enjeux du développement durable de façon globale.

La population urbaine est de plus en plus préoccupée par le développement durable du fait des conséquences du changement climatique qui touchent le territoire. La préservation de la nature en ville paraît essentielle et montre un besoin de sauvegarder les espaces verts.

73 1.1.3. Les bénéfices de l’agriculture urbaine

Le développement de l’agriculture urbaine par une approche pédagogique est un véritable moyen de faire émerger de nouvelles filières en ville. Elle est considérée comme une alternative à une alimentation plus saine et plus durable dans les villes. À Madagascar, cette pratique converge à l’idée de renouveler l’image de certains quartiers auxquelles l’urbanisation galopante et l’augmentation de la population en milieu urbain demandent l’occupation des espaces pour une nature plus verte42 (AUBRY, DABAT, MAWOIS, P.6).

Par ailleurs, elle consiste non seulement à produire des denrées alimentaires dans les villes mais elle a aussi comme objectif de moderniser l’offre du tourisme durable de façon plus ludique à travers des circuits courts afin de faire consommer le local aux touristes. La FAO (Food And Agriculture Organization) et l’ONU préconisent cette solution pour répondre aux besoins d’activités des zones urbanisées, notamment dans les villes et les pays pauvres.

Parmi les bénéfices, l’agriculture urbaine est une activité qui créée des emplois au sein des villes. A Madagascar, une telle activité permet de réduire les déchets puisque c’est à travers la récupération et le recyclage que sont fabriqués les outils. Dans cette logique, elle permet de sensibiliser le public à l’environnement et au développement durable. De ce fait, cette activité faciliterait les échanges intergénérationnels et interculturels au sein des communautés locales, un loisir par son imprégnation auprès des jeunes générations mais aussi auprès des touristes. Cependant, certaines formes de tourisme (tourisme durable, tourisme vert…) contribuent à la protection de ses milieux fragiles.

1.1.4. L’agriculture urbaine, au cœur de l’aménagement durable du territoire

En matière de gestion des espaces verts, des initiales en faveur de l’amélioration du milieu urbain encouragent la volonté de revoir l’attractivité du territoire. En manque d’espace agricole en milieu urbain, l’agriculture urbaine peut s’avérer une solution pertinente pour le territoire pour son aménagement durable. La construction d’un modèle urbain durable à travers l’agriculture urbaine permet d’améliorer et valoriser les espaces non utilisés en espace agricole et potager. En outre, le développement de l’agriculture urbaine

42Fonction Alimentaire de l’agriculture urbaine au Nord et au Sud : Permanence et renouvellement des questions de

74 permet doit se réaliser dans le respect de l’environnement afin de permettre de faciliter la biodiversité urbaine.

A Madagascar, l’aménagement durable des quartiers n’est pas une question d’actualité. Aujourd’hui, les communautés locales, les associations pour la sauvegarde de l’environnement prennent eux-mêmes des décisions pour l’amélioration des conditions de vie au sein des quartiers. Pour les locaux, développer l’agriculture urbaine dépend de la volonté à prendre en considération les difficultés sociales des quartiers. En France, par exemple, des projets d’écoquartiers sont intégrés dans une dynamique de construction durable des territoires. Dans l’aménagement durable des quartiers, la modernisation et l’aménagement des espaces doivent répondre aux questions de l’étalement de la ville, la demande sociale de nature et de convivialité.

En France par exemple, les villes perdent une partie de leur population au profit des campagnes43. À Madagascar, c’est tout l’inverse. La principale raison évoquée est les conditions de vie dans ses milieux parfois reculés de la capitale. Cet aménagement contribue au développement économique social du territoire et à la biodiversité. À travers les activités terrains, la mise en place des projets de l’agriculture urbaine apparaît comme des lieux de rencontre interculturelle, de sociabilité à la maison de Nofy Maitso. Ils favorisent les échanges, la créativité et les initiatives citoyennes. Des interrogations sur l’avenir et la durabilité de la ville accentuent la prise de position dans le développement du territoire pour une économie plus locale et solidaire.

1.2. La mise en réseau des associations pour une meilleure gestion des