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CHAPITRE 4 : LES POLES D’ACTIVITE MEDICALE ET LE PROCESSUS DE DECISION EN QUESTION : L’ANARCHIE ORGANISEE AU SERVICE DE L’ANALYSE DE L’HOPITAL

6 Un recueil des données diversifié

L’étude de cas, nous l’avons vu, permet de collecter un grand nombre d’éléments empiriques, ce qui favorise l'utilisation de sources de données multiples (Yin, 2009). Nous avons donc choisi de mettre en place une triangulation des données. Cette dernière consiste à combiner plusieurs méthodes de collecte pour limiter les biais induits par chacune d'entre elles et ainsi asseoir la validité et la fiabilité de la recherche (Wacheux, 1996). Comme le souligne Rispal,

« un recueil des données diversifié est aujourd'hui vivement recommandé par les auteurs émanant d'un courant qualitatif. Ce mode de recueil garantit pour partie la validité interne de la recherche et permet d'éviter par la suite de sérieuses erreurs d'analyse » (2002, p. 116).

Nous avons alors mobilisé les observations, les entretiens et l'analyse documentaire. Ces différents modes de collecte de données se sont alimentés réciproquement au cours de notre recherche : les observations nous ont permis de programmer des entretiens semi-directifs et de mieux maîtriser les éléments qui étaient discutés ; au cours des rencontres (observations ou entretiens) il nous arrivait d'apprendre l'existence de documents qui nous étaient alors

présentés ; nos observations nous ont permis de rencontrer les acteurs de terrain, et ainsi, de les inviter à participer à des entretiens.

6.1 L’observation

La première des méthodes de collecte de données que nous mettons en avant est l’observation. En effet, comme le soulignent Journé et Raulet-Croset, l’observation

« constitue l’une des clés de voûte des recherches procédant par études de cas » (2012, p.

165). Elle se définit comme « un mode de collecte de données par lequel le chercheur observe

de lui même, de visu, des processus ou des comportements se déroulant dans une organisation, pendant une période de temps délimitée » (Baumard et al., 1999, p. 238).

L’observation permet de comprendre de l'intérieur les phénomènes étudiés, et l’organisation car « observer, c’est voir ce que des personnes, des objets ou des phénomènes sont ou font » (Journé, 2008). Dans la première phase de notre recherche nous avons conduit de nombreuses observations in situ, ce qui consiste à étudier le phénomène dans son contexte naturel (Journé et Raulet-Croset, 2012, p. 166). Nous avons observé de nombreuses réunions de travail auprès des pôles ou encore quelques séminaires de direction, environ cinquante rencontres. Nous en donnons le détail dans le paragraphe 8. Arborio et Fournier (2005) et Journé (2008) démontrent que l’observation est utile pour :

• Renforcer les données primaires • Comprendre un phénomène mal connu • Contextualiser les données

Limiter le biais de reconstruction a posteriori.

En effet, l’observation présente de nombreux avantages. Par rapport à l’entretien, elle permet de saisir sur le vif l’expérience d’individu quotidien, et ainsi observer les routines mises en place (Groleau, 2003).

On distingue généralement deux types d’observations (Yin, 2003 ; Journé, 2008) : l’observation passive ou non participante, et l’observation participante. Dans la seconde, le chercheur joue un double rôle (Journé, 2008) : à la fois professionnel et chercheur, insider et outsider. Il interagit alors en continu avec les acteurs et risque de développer trop d’empathie

CHAPITRE 5 : METHODOLOGIE : Une etude de cas, deux phases de recherche

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à leur égard, ce qui peut biaiser le recueil des informations en poussant le chercheur vers certains acteurs plus que d’autres (Matheu, 1986). Afin d’y remédier nous avons choisi l’observation non participante. Selon Journé (2008), si elle ne permet pas de supprimer les interactions entre l’observateur et l’observé elle permet toutefois de les contrôler et de les expliciter.

Si la qualité d’accès au terrain a été favorable pour ces observations nous gardons à l’esprit que ce mode de collecte doit être complété par la consultation des documents internes ou des entretiens car comme le souligne Giroux (2003) « le chercheur ne peut observer tout le réel

dans sa grande complexité, il doit également être conscient que, malgré son souci d’obtenir les données importantes, certains facteurs indépendants de sa volonté en limitent l’accès » et

ce même dans le cadre d’une étude de cas contemporaine avec une présence régulière hebdomadaire.

Nous avons pris en compte l’enseignement de Becker (2002) qui conseille de démarrer les observations en notant « tout » dans des carnets. C’est ainsi que nous avons abordé notre entrée sur le terrain, dans une logique peu restrictive, pour recueillir des éléments de compréhension du contexte hospitalier et les particularités liées à l’établissement.

Le recours au journal de bord

Nous avons mobilisé le principe de prise de notes selon trois catégories (Groleau, 2003) : les notes de terrain, les notes méthodologiques et les notes d’analyse. Les notes de terrain correspondent aux retranscriptions des comportements observés, des propos et de la description d’événements. Les notes méthodologiques servent quant à elles à retranscrire la réflexion du chercheur (Allard-Poesi, 2005). Enfin les notes d’analyse correspondent aux premières interprétations émergentes du chercheur, qu’il peut soumettre aux acteurs de terrain.

Plus concrètement nous avons inscrit ces notes dans des journaux de bord que nous avons suivis tout au long de notre recherche. Ce type de support « enregistre chronologiquement les

investigations réalisées, sous la plume du chercheur » (Wacheux, 1996). Nous avons

éléments objectifs nous avons retranscrit des données élargies puisqu’un journal de bord : « est constitué de traces écrites, laissées par un chercheur, dont le contenu concerne la

narration d’évènements contextualisés dont le but est de se souvenir des évènements, d’établir un dialogue entre les données et le chercheur à la fois comme observateur et comme analyste, de se regarder soi-même comme un autre » (Baribeau, 2005). En effet, nous avons plusieurs

fois fait le constat que la rédaction des comptes rendus ou de synthèses nous amenait à faire des analyses simultanées alimentant la réflexion voir la comparaison entre les pôles.

6.2 Les entretiens

Nous étant placé dans le paradigme interprétativiste, il est bien évidemment indispensable que cette recherche comprenne une phase d’entretiens. En effet, l'entretien est une technique de collecte qui permet le recueil du discours pour accéder aux faits, aux interprétations et aux représentations des acteurs sur le phénomène étudié (Wacheux, 1996 ; Rispal, 2002). L’entretien est « une des méthodes qualitatives les plus utilisées en sciences de gestion » (Romelaer, 2005, p.102). En reposant sur l’interaction entre le chercheur et l’enquêté il apporte des informations sur le vécu et les interprétations des acteurs concernant un phénomène étudié : « Cette technique

correspond à un projet de connaissance des comportements humains et des interactions sociales à partir du discours des acteurs » (Wacheux, 1996).

L’entretien individuel permet donc de cerner des phénomènes complexes et d’aborder des sujets confidentiels (Gavard-Perret et al., 2008). Il existe trois types d’entretiens : l’entretien directif, l’entretien semi-directif et l’entretien non directif, qui se distinguent par le niveau de structuration de l’entretien. Tous les entretiens que nous avons réalisés ont été de type semi- directifs. En effet, nous avions des attentes assez précises concernant les thèmes sur lesquels nous voulions voir les acteurs s'exprimer, sans avoir en revanche d'attendus spécifiques sur le contenu du discours. Nous avons ainsi été attentifs à poser des questions suffisamment ouvertes pour ne pas orienter les réponses. Nous souhaitions laisser suffisamment d'espace aux acteurs pour recueillir l'ensemble de leurs représentations et interprétations sur les pôles. Cette forme d'entretien permet au chercheur d'amener les thèmes qu'il souhaite investiguer a

priori et de recueillir des données auxquelles il n'aurait pas pensé en amont de l'entretien

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