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Un objectif de rentabilité économique

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marché diététique

1.1 Un objectif de rentabilité économique

Les diététiciennes et diététiciens rencontrés ont des pratiques d’installation (choix de la localisation par exemple) et de suivi (spécialisations notamment) qui traduisent la pour- suite d’un objectif de rentabilité économique de leur activité dans un cadre pensé comme

5. Cela pose la question des limites territoriales du marché diététique sur lequel opère chaque dié- téticien. Ces limites dépendent sans doute des caractéristiques socio-démographiques et des infrastructures présentes sur le territoire. Cette question est abordée plus en détails dans la suite du développement.

concurrentiel, ou marchand. Avant de caractériser ces pratiques, nous mettons en évidence cet objectif de rentabilité, partagé par la totalité des diététiciennes et diététiciens rencontrés, à deux exceptions près. En effet, Josiane Couloud, parce qu’elle bénéficie d’une pension de retraite, fait exception, de même qu’Adeline Gastaldi, parce qu’elle consacre l’essentiel de son temps de travail à la gestion, pour laquelle elle est rémunérée, du patrimoine immobi- lier familial et au projet d’aménagement d’un espace de co-working au rez-de-chaussée d’un immeuble appartenant à son grand-père. Ainsi, si l’on souhaite réellement exercer la diété- tique libérale à titre professionnel, alors la rentabilité économique est visée, c’est-à-dire la possibilité de tirer un revenu substantiel, suffisant6, de son travail.

Nous souhaitons mettre en évidence, au cours de ce développement, les manifestations concrètes, chez les enquêtés, de la poursuite de cet objectif de rentabilité économique. La première et la plus évidente de ces manifestations apparaît lorsque les diététiciennes et diété- ticiens sont interrogés sur les caractéristiques de leur patientèle et son caractère numérique- ment suffisant, satisfaisant. Une patientèle nombreuse constitue le gage d’une rémunération importante7. C’est ainsi que les diététiciennes et diététiciens interviewés cherchent à ac-

croître la taille de leur patientèle. C’est la cas, par exemple, de Marie Le Roux, diététicienne parisienne, ancienne avocate, et dont le mari est médecin généraliste :

Étienne : Par rapport à vos patients. Est-ce que vous estimez que vous avez une pa- tientèle suffisante ou bien souhaiteriez vous en avoir plus ?

Marie : Plus, bien-sûr.8

Marie Le Roux, installée depuis 2008, reçoit environ vingt patientes et patients par semaine, pour des consultations de suivi facturées 50e9. La taille de sa patientèle est tout à fait correct relativement aux autres enquêtés parisiens, d’autant plus qu’elle a connu deux grossesses durant cette période, souhaite évidemment disposer d’une patientèle plus consé- quente. L’évidence est en effet indiquée par le terme « bien-sûr », qui souligne le caractère

6. Le niveau jugé « suffisant » varie bien évidemment selon les propriétés sociales des diététiciennes et diététiciens, en particulier selon leur sexe, leur situation conjugale et familiale, leur origine sociale, etc. Cela n’est pas explicité dans cette argumentation car ce qui nous intéresse c’est la poursuite d’un objectif de rentabilité économique, quel que soit le niveau de revenu visé.

7. Il existe d’autres sources de rémunérations annexes, compatibles avec le statut d’exercice en libéral, comme le fait de proposer des ateliers, c’est-à-dire des interventions thématiques (cuisine, alimentation biologique, vertu des jus, etc.) auprès de groupes d’individus, en entreprises ou en collectivités (écoles, crèches, maisons de retraites ou associations notamment). Cela permet de diversifier les sources de revenus et d’échapper ainsi en partie à la concurrence pour les patientes et patients.

8. Entretien effectué à son cabinet parisien le 21 novembre 2016.

presque rhétorique, sinon inutile, de la question, puisque la réponse va de soi, va sans dire. Si cela va de soi, c’est parce qu’il s’agit d’une aspiration à la maximisation de la taille de la patientèle largement partagée par les diététiciennes et diététiciens.

Cela se manifeste indirectement par la volonté de minimiser les coûts fixes, les loyers notamment, comme cela a été mis en évidence lors du précédent chapitre lorsqu’il a été question du rôle des « opportunités » dans le processus d’installation en libéral. L’objectif de rentabilité économique se traduit également par la volonté de maximiser le chiffre d’affaires pour amortir les coûts fixes et dégager un revenu d’activité. Pour ce faire, les diététiciennes et diététiciens peuvent chercher à accroître le nombre de leurs patientes et patients, comme cela vient d’être évoqué, ou bien modifier leur politique tarifaire10. Pauline Malon, notre enquêtée principale, installée dans un département rural de la région lyonnaise, constitue sur ce point l’exemple le plus emblématique. Elle a en effet suivi en 2014 la formation proposée par le G.R.O.S. (Groupe de Réflexion sur l’Obésité et le Surpoids) à Paris. Cela a considérablement modifié ses pratiques lors des suivis diététiques. Or, la mise en pratique des recommandations du GROS accroît le temps nécessaire pour chaque consultation11. Appliquant le percept de

Benjamin Franklin qui, selon Max Weber12, constitue l’expression la plus pure de « l’esprit du capitalisme », selon lequel il faut se souvenir que « le temps c’est de l’argent », Pauline Malon a décidé d’accroître le prix de ses consultations en raison du temps plus important qu’elle doit consacrer à chaque patiente ou patient. Elle a ainsi fait passer, quelques mois avant l’entretien, qui a eu lieu en juillet 2017, ses tarifs de 30 à 35e pour une consultation de suivi, et de 45 à 55e pour une première consultation devant établir un bilan nutritionnel :

« Et là depuis avril, j’ai mis le premier à 55 et le suivi à 35. Parce qu’en fait, depuis que je fais tout ça, je suis encore plus lente. »13

La proposition « depuis que je fais tout ça » renvoie à la mise en pratique des préconi- sations du G.R.O.S.. Elle est « encore plus lente », c’est-à-dire que cela est plus chronophage, raison qui justifie l’augmentation tarifaire. En l’absence d’augmentation, étant donné l’ac- croissement du temps moyen nécessaire par consultation, qui suppose une diminution du

10. La question de la formation du prix des consultations est traité à la section suivante qui s’intéresse à la prise en compte des concurrences.

11. Il n’est pas nécessaire dans ce chapitre de donner les raisons pour lesquelles cela est plus chrono- phage qu’un suivi plus dirigiste fondé sur la mise en place de rations. Cela est abordé dans les chapitres suivants.

12. Max Weber (1964), L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme : suivi d’un autre essai, trad. par Jacques Chavy, Plon, Paris.

nombre de consultations effectuées par journée de travail14, son objectif de rentabilité aurait été contrarié, puisque la rémunération horaire de son temps de travail aurait décru. Elle reçoit en moyenne vingt-cinq patientes et patients par semaine et ses charges fixes locatives s’élèvent à environ huit cent euros par mois.

Le second grand type de manifestations indirectes de la poursuite d’un objectif de rentabilité est la sensibilité à la concurrence qu’exprime une partie des diététiciennes ou diététiciens disposant d’une patientèle jugée très insuffisante, pour qui la concurrence, des autres diététiciennes et diététiciens ou des concurrents dits commerciaux comme Weight Watchers R ou Natur House R, est perçue comme une menace pesant sur le niveau d’activité,

c’est-à-dire le nombre de patientes et patients. Cela est notamment le cas de Lorraine Pluche et Florine Hervet. Cette dernière, diplômée à l’automne 2014, s’est installée en libéral en mai 2015 à son domicile dans une ville située à une vingtaine de kilomètres de Paris. Elle ne dispose que d’une patientèle limitée, environ vingt patientes et patients par mois, et non par semaine comme Marie Le Roux, au moment de l’entretien, en novembre 2016. Les patientes et patients payent 40e pour une consultation de suivi effectuée par Skype, 60e si elle se rend au domicile de la personne, ce qui est très peu fréquent. Souhaitant pouvoir vivre de son activité en libéral15 elle est sensible aux effets que peuvent avoir les concurrents sur ses patientes

et patients potentiels, c’est-à-dire l’ensemble des individus disposés à consommer un service diététique, principalement pour perdre du poids, contre rémunération. Elle déplore ainsi en particulier l’attractivité de ses concurrents qui pratiquent ou affichent des prix nettement inférieurs à ceux d’une consultation diététique individuelle. C’est ainsi qu’elle l’exprime en réponse à une question portant sur le fait de savoir si elle se sentait en concurrence (avec par exemple Weight Watchers R, Natur House R ou encore les hypnotiseurs) sur « ce que l’on

pourrait appeler un marché diététique » :

« Bah ouais clairement ouais. L’hypnose pas trop parce que c’est encore une autre spécialité [. . . ]. Par contre Weight Watchers R, tous les régimes en ligne, voilà ce genre

de choses, Natur House R c’est une grosse catastrophe ça pour les diététiciens en libéral

et puis pour les patients aussi d’ailleurs. Donc ouais ça y a vraiment de la concurrence

pour le coup. Bah Weight Watchers R c’est pas cher, c’est plutôt bon marché. Euh, bon,

c’est de la merde hein très clairement [. . . ]. Mais c’est moins cher que des consultations

14. Elle travaille à mi-temps afin de pouvoir davantage s’occuper de ses deux enfants âgés de moins de cinq ans lors de l’entretien.

15. Elle disposait alors de revenus complémentaires (allocations chômages) et envisageait de compléter son activité par un emploi salarié si ses revenus tirés du cabinet s’avéraient toujours insuffisants lorsqu’elle

avec un diététicien et puis c’est connu aussi, y a la pub à la télé. Natur House R aussi qui nous vole pas mal de patients et puis toujours le même problème. Natur House R ils font des consultations qui sont gratuites, c’est-à-dire qu’on ne paye pas la diététicienne mais

ils leurs vendent des compléments avec des poudres de perlimpinpin qui ne fonctionnent pas donc les patients dépensent des fortunes, ’fin . . . avec un résultat qui est médiocre ou alors avec du yo-yo encore une fois. Mais ça attire parce qu’à première vue c’est gratuit donc on se dit faut y aller puisque c’est gratuit. Mais si on fait le calcul. . . Moi j’en ai eu un y a pas longtemps, il avait fait Natur House R, bah parce que c’était gratuit donc ça l’arrangeait. Mais au final il a dépensé en un mois 300e de compléments alimentaires.

Bah du coup il aurait peut-être mieux fait de venir me voir pour la consultation ça aurait peut-être été plus rentable quoi. Mais y a pas mal de concurrence à ce niveau là ouais. »16

On constate ainsi que Florine Hervet témoigne assez longuement de la frustration qu’elle ressent face à une concurrence de son point de vue déloyale. Dans cette acception, la « concurrence déloyale » ne renvoie pas à sa définition juridique objective mais au vécu subjectif de la diététicienne. Le jugement subjectif de déloyauté ne s’appuie pas sur le droit de la concurrence mais sur une valeur de justice et d’égalité. Il s’agit d’un jugement de va- leur qui porte sur l’existence d’une concurrence objective légale, mais jugée illégitime, que semble attester les difficultés rencontrées par Florine Hervet dans la constitution de sa pa- tientèle. En effet, les passages surlignés indiquent à la fois l’importance de la concurrence qui existe avec Weight Watchers R et Natur House R, et la nature jugée inégale et déloyale

de celle-ci. En effet, « il y a vraiment de la concurrence » et « c’est une grosse catastrophe pour les diététiciens en libéral ». Les conséquences dommageables sur la patientèle et donc le chiffre d’affaires sont donc selon Florine Hervet considérables, sinon catastrophiques. A l’instar des petits commerçants se battant contre les grandes surfaces, Florine Hervet semble lutter pour sa survie économique, comme le suggère le ton alarmiste qu’elle emploie. La dénonciation de cette concurrence qui entrave le développement de son activité repose sur la logique de l’opposition entre le pot de terre et le pot de fer. Il lui est difficile de lut- ter contre Weight Watchers R qui pratique des prix très concurrentiels (ou « prédateurs »

pour emprunter un terme employé par les économistes) puisque l’organisation est « plutôt bon marché ». Surtout, Weight Wathchers bénéficie d’une notoriété, à travers la publicité télévisuelle, inaccessible à une simple diététicienne libérale, qui permet à l’organisation d’at- tirer plus facilement des clients17. Pareillement, Natur House R exerce une forte pression

16. Entretien effetué par Skype le 16 novembre 2016. C’est nous qui surlignons.

concurrentielle dans la mesure où les consultations avec une diététicienne que proposent l’or- ganisation sont « gratuites » en apparence. Cela constitue une formidable force d’attraction des patients potentiels de Florine Hervet (« ça attire parce qu’à première vue c’est gratuit »). Cette concurrence est considérée comme déloyale puisque Florine Hervet l’assimile à de la ra- pine lorsqu’elle indique que Natur House R

« vole pas mal de patients » aux diététiciennes et diététiciens libéraux. Enfin, Florine Hervet dénonce le fait qu’un certain nombre de patientes et patients consacrent des sommes importantes à ces services concurrents, dont elle critique les effets néfastes, effets yo-yo notamment. Selon la diététicienne, les sommes dépensées se- raient « plus rentables » pour eux, c’est-à-dire mieux employées, mais également pour elle, si elles étaient consacrées à un suivi diététique en libéral. Ainsi, force est de constater que la dénonciation véhémente de cette concurrence déloyale et aux conséquences catastrophiques sur son chiffre d’affaire, qu’elle extrapole à celui des diététiciennes et diététiciens libéraux en général, ne peut se comprendre qu’en supposant la poursuite par Florine Hervet d’un objectif de rentabilité économique.

La patientèle de Lorraine Pluche est beaucoup plus modeste. Elle effectue environ deux consultations par semaine, facturées entre 50e et 60e selon qu’il s’agisse d’une première consultation ou d’un suivi. Cela résulte du fait qu’elle ne s’était installée en libéral que depuis quelques mois à Paris lorsque l’entretien a eu lieu. Si elle se sent « clairement » en concurrence avec les deux organismes précédemment évoqués, et si elle dénonce elle aussi une concurrence déloyale ou à tout le moins « étonnante », celle-ci est issue des pratiques jugées aguicheuses et irresponsables de certaines de ses collègues diététiciennes :

Étienne : Et les autres diététiciennes, est-ce que vous sentez qu’il y a de la concurrence sur Paris ?

Lorraine : Oui, il y en a, on est quand même pas mal. Et quand je vais voir les sites des autres personnes, bon niveau tarifs on s’aligne hein, ça c’est normal. Mais c’est vrai que je suis allée sur le site de certaines et les méthodes sont très, très vendeuses. E : C’est-à-dire ?

L : Ah, bah j’ai eu vu une personne qui proposait des régimes hyper-protéinés. ça m’a un petit peu dérangé.

E : Donc là ce serait de la concurrence plutôt déloyale du coup ?

L : Fffff . . . euh, je ne sais pas si je dirais déloyale mais étonnante en tout cas. Je me dis que quand on a fait la formation, qu’on a eu un BTS ou un DUT et qu’on arrive dans ce système là alors que finalement on a quand même une formation sur la

physiopathologie.

E : Oui. C’est irresponsable ?

L : Ouais, ouais. Je peux pas descendre comme ça une collègue . . . C’est vrai que c’est anonyme mais de toute façon, moi ça m’a choquée. Parce qu’on sait quand même que Dukan il a été rayé de l’ordre des médecins.18

Lorraine Pluche juge ainsi « étonnante » une concurrence « irresponsable » de la part d’une diététicienne exerçant à proximité de son cabinet19. Cette diététicienne propose des

« régimes hyper-protéinés », inspirés de la très médiatisée méthode Dukan, alors même que celui-ci « a été rayé de l’ordre des médecins », donc condamné par le corps médical et pa- ramédical auquel s’identifie, par son métier et sa formation initiale, Lorraine Pluche. Elle regrette ainsi qu’une collègue diététicienne puisse lui faire concurrence, et donc contrarier les perspectives de développement de sa patientèle, en affichant sur son site internet des méthodes jugées « très, très vendeuses », c’est-à-dire aguicheuses, susceptibles d’attirer des patientes et patients, alors que ces méthodes ont été disqualifiées du point de vue de l’éthique professionnelle médicale. Prôner une telle méthode est irresponsable, car elle peut avoir des conséquences néfastes sur la santé des patientes et patients, mais fructueuse financièrement. Cette concurrence contrarie donc, et d’une façon « étonnante » sinon déloyale, l’objectif de rentabilité économique que poursuit, de fait, Lorraine Pluche.

Il est possible de caractériser un peu plus précisément encore cette concurrence exer- cées par les diététiciennes et diététiciens entre eux tout en montrant, il s’agit du but de ce développement, la poursuite de la rentabilité économique dont procèdent les préoccupations exprimées en la matière. Cette concurrence se distingue par son caractère éminemment spa- tial : la plupart des patientes et patients rencontrés consultent une diététicienne située à proximité de leur domicile20. La caractère spatial de cette concurrence est exprimé notam-

ment par Sylvie Maurice, diététicienne parisienne qui reçoit vingt à vingt-cinq personnes par semaine pour des consultations facturées 50e pour un suivi ou 75e pour un bilan nutrition- nel, c’est-à-dire une première consultation :

Étienne : est-ce que vous vous sentez en concurrence avec d’autres diététiciennes ou pas ?

Sylvie : C’est-à-dire que ça dépend beaucoup des arrondissements. Moi je connais des

18. Entretien effectué à son domicile parisien le 14 décembre 2016.

19. Pour rappel, elle loue un cabinet dans un arrondissement parisien deux jours par semaine, les vendredi et samedi.

diététiciennes qui me disent "y a de la place pour tout le monde". . . fff, je dirais "oui et non". C’est-à-dire qu’effectivement s’il y a une concentration plus importante, la part de chacune sera réduite, cela me semble juste logique. [. . . ] J’en discutais l’autre jour avec une autre diététicienne, elle, ça ne la dérangerait pas d’avoir une autre diététicienne dans sa rue. Bon. . .

E : Oui, c’est comme une boulangerie, ça fait de la concurrence quand même.

S : Oui . . . Après il peut y avoir le boulanger qui fait le super pain et l’autre . . . effectivement s’il y a une complémentarité des activités pourquoi pas. Mais bon, moi je n’aimerais pas trop qu’une diététicienne s’installe à côté. Quand j’ai déménagé ici j’ai repris le cabinet d’une diététicienne qui était partie. C’est une question de respect de l’autre aussi quoi.21

Sylvie Maurice, diététicienne parisienne, considère l’arrondissement comme la limite spatiale pertinente d’exercice de la concurrence entre praticiens. Il s’agit donc bien d’une concurrence spatiale, spatialisée, limitée spatialement. La « part de chacune sera réduite » s’il y a une concentration plus élevée de diététiciennes et diététiciens dans un arrondissement. « La part » signifie la part de marché, la part relative de sa patientèle par rapport à la patientèle globale présente sur l’arrondissement. Le nombre total de patients étant supposé stable, lorsqu’un diététicien ou une diététicienne supplémentaire s’installe, la part de ce nouvel arrivant se constitue au détriment de la part des autres diététiciennes et diététiciens antérieurement présents. L’installation en libéral est ainsi pensée comme un moment critique car elle fait peser un risque sur l’objectif de rentabilité poursuivi par les praticiens déjà installés. Aussi, même si une complémentarité des prestations peut exister, limitant ainsi l’empiètement sur le marché des autres diététiciennes et diététiciens, Sylvie Maurice s’avoue réticente quant à l’idée qu’ « une diététicienne s’installe à côté ». De même, par respect pour ses futures concurrentes, lorsqu’elle s’est elle-même installée en 2011, elle a repris « le cabinet d’une diététicienne qui était partie » afin que le nombre total de diététiciennes et diététiciens

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