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CONCEPTIONS DE CONFECTION DE DICTIONNAIRES FRANÇAIS EN

3. Typologie des néologismes

Le phénomène de la néologie (comme nous l’avons évoqué précédemment) se produit, et dans toutes les langues, d’une manière spontanée. Car, il constitue une nécessité inévitable à l’enrichissement ainsi qu’à la vivacité des langues. La classification des néologismes dépend de divers facteurs explicites et implicites d’où on relève la délicatesse de tracer les postulats sur lesquels nous nous appuyons pour catégoriser un nouveau mot. En effet ; il n’y a pas de délimitation stricte qui aiderait à trancher « nettement » entre les différents cas de

1 AMINE Mourad, Glossaire de Linguistique Computationnelle, in : http://ldelafosse.pagesperso- orange.fr/Glossaire/, Dernière mise à jour : 21 mars 1999, consulté le : 2 octobre 2017.

2 Ibid.

3 POLGUERE Alain, lexicologie et sémantique lexicale notions de base, les presses de l’université de Montréal, 2003, p. 49.

4 SABLAYROLLES J.-F, Néologisme Et Nouveauté(s), in : Cahiers de lexicologie n° 69, 1992, p. 12.

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néologismes de sorte que « les lexicologues se confrontent parfois à la difficulté de classer certains néologismes, dont la formation relève à la fois de différents procédés »1.

A ce propos donc, et dans l’intention de réaliser une grille de classement pour les différents néologismes, beaucoup de spécialistes ont proposé des modèles qui varient l’un de l’autre, selon le critère déterminé lors de la catégorisation. De ce fait, nous rencontrons des néologismes classés en fonction de procédés de formation des lexies néologiques, d’autres sont fondés sur la sémantique, or que d’autres sont conçus selon des critères variant en fonction des catégories retenues. D’ailleurs, J.F. SABLAYROLLES met l’accent sur la diversité des typologies des néologismes et confirme ainsi, la difficulté de comparer les différents modèles proposés pour catégoriser les néologismes, en avouant qu’ « une comparaison d’une centaine de classements met en évidence des différences dans leurs objectifs et leurs fondements »2.

Nous rencontrons souvent, une typologie de néologismes qui se subdivise primordialement en trois grandes catégories : la néologie formelle, la néologie sémantique et la néologie par emprunt. C’est pourquoi, nous avons choisi de faire appel à la typologie dressée par SABLAYROLLES, inspirée des « travaux de Jean Tournier (1985 et 1991) pour l’anglais »3. Sa classification est ancrée essentiellement sur l’opposition d’une matrice externe à des matrices internes. Ces dernières se manifestent au niveau des matrices suivantes :

- Les matrices morpho-sémantiques.

- Les matrices syntaxico-sémantiques.

- Les matrices morphologiques.

- La matrice pragmatique.

Il faut signaler, avant de détailler (dans le point suivant) le classement proposé par J.F.

SABLAYROLLES, que chacune des matrices internes comprend des sous-ensembles.

1 DINCĂ Daniela, la néologie et ses mécanismes de création lexicale, Cet article est publié dans le cadre du projet de recherche : Typologie des emprunts lexicaux français en roumain. Fondements théoriques, dynamique et catégorisation sémantique (FROMISEM) financé par le CNCSIS (contrat no. 820/2008).

2 PRUVOST J., SABLAYROLLES J. -F., Les Néologismes, P.U.F, Que sais-je ?, 2003, p.96.

3 SABLAYROLLES J.-F, Néologismes : Une Typologie Des Typologies, Cahiers de

C.I.E.L., Problèmes De Classement Des Unités Lexicales, U.F.R. E.I.L.A., Paris-7, 1996-1997, p. 13.

156 3.1. Les matrices internes

3.1.1. Les matrices morpho-sémantiques

La première matrice interne comporte les procédés de formation suivants : A)- La préfixation

Ce procédé consiste, à partir d’un mot de base (appelé également radical), à fabriquer un mot nouveau par addition d’un préfixe ; un affixe placé avant le radical. En fait, l’ajout d’un préfixe à un mot ne change pas sa classe grammaticale. Exemple : détatouer.

B)- La suffixation

Ce procédé consiste, à partir d’un mot de base, à fabriquer un mot nouveau par addition d’un suffixe ; un affixe placé après le radical. L’ajout d’un suffixe change très souvent sa classe grammaticale, mais ne change pas fondamentalement sa signification.

Exemple : statuesque.

C)- La dérivation régressive (ou inverse)

Ce procédé s’effectue par suppression d’un affixe à une unité lexicale déjà existante dans la langue. Exemple : prester.

D)- Les parasynthétiques

Ce procédé consiste à placer à la fois un préfixe et un suffixe au mot de base. Exemple : désidéologisé.

E)- La flexion

Dans ce procédé, il s’agit d’une transformation irrégulière que subit la forme flexionnelle d’une unité lexicale et on aboutit donc, à un dérivé flexionnel.

On assiste dans ce genre de transformation, selon SABLAYROLLES, à deux types de formes flexionnelles. Le premier type émerge dans « la fabrication ou réfection analogique (volontaire ou involontaire) de formes “normale” pour les verbes défectifs ou irréguliers : ils closirent, ils acquériront, et un plus inattendu ils aisseront (“ils essaieront”), etc. »1. Néanmoins, « l’autre type a trait à des changements de genre, surtout la création de substantifs féminins pour des activités, professions pour lesquelles seule une appellation masculine était disponible, et un exemple un peu isolé de la création d’un adjectif masculin tiré de la forme féminine : gladiatrice… »2. « Femme de général devienne générale ».

1 SABLAYROLLES J.-F., La néologie en français contemporain, p.219. Op. Cit.

2 Ibid.

157 F)- La composition

La composition est un procédé qui s’exécute par la juxtaposition de deux éléments ou plus qui peuvent servir de base à des dérivés. Chacun de ces éléments est un mot simple qui a déjà une existence autonome dans le lexique : bébé-éprouvette, pomme de terre, Moyen-âge,… Il faut signaler que l’un des deux éléments constituant le mot composé peut être issu d’une composition antérieure.

La combinaison des deux unités lexicales peut se faire à l’aide d’un trait d’union, par une agglutination ou bien on peut les poser l’une à côté de l’autre.

Arabo-musulman, L’islamoconservatisme, Région martyre ,voiture-bélier.

G)- Les synapsies

Ce procédé est une façon particulière d’adjonction car, dans le cas des synapsies, on joint les lexies autonomes par des joncteurs (prépositions). Exemple : Des « samedis pour le changement », lanceur d’alerte.

H)- La composition savante

Cette composition se définit comme la juxtaposition de deux racines d’origine grecque ou latine ; appelées pseudo-morphèmes et quasi-morphèmes. Ce type de composition est pratiquement utilisé dans les domaines de spécialité. Exemple : batracianophile. Les cryptologues.