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CONCEPTIONS DE CONFECTION DE DICTIONNAIRES FRANÇAIS EN

P)- La néologie combinatoire

1. Présentation des créativités lexicales Méthodologie

Dans notre travail de recherche, nous comptons étudier la créativité lexicale française en Algérie. Cette nouvelle unité lexicale est caractérisée par une exclusivité renvoyant à différentes circonstances (sociales, culturelles, géographiques, économiques, etc.) propres au pays (Algérie). Une telle unité, dotée d’une telle exclusivité, doit être identifiée sous ses différents aspects : morphologique, sémantique et syntaxique. C’est pourquoi, nous avons opté pour la méthode descriptive (comme première méthode). Laquelle permet de proposer une description de chacune des unités lexicales françaises (répertoriées) créées en Algérie. De déterminer ainsi le procédé morphologique par lequel a été formé chacune de ces lexies.

Etant donné que nous avons collecté, dans notre corpus, des unités lexicales françaises inventées en Algérie et par les Algériens, nous avons jugé nécessaire d’adopter la méthode analytique (comme deuxième méthode) afin de procurer une analyse sémantique à notre corpus. Ce type d’analyse a été sélectionné dans la mesure où il nous offre la possibilité de cerner la désignation sémantique attribuée (par les inventeurs/locuteurs algériens) à ces particularités lexicales françaises. Car, nous ne visons pas uniquement la nouvelle lexie (une nouvelle forme) mais aussi le nouveau sens porté par une lexie existante déjà. En effet puisque ce locuteur algérien se permet de créer (en utilisant les procédés de formation propre au système de la langue française) de nouvelles formes, il s’autorise d’utiliser des lexies françaises avec différentes attributions sémantiques que lui-même conçoit selon les conditions de communication dans lesquelles il se met.

1.2. Constitution du corpus 1.2.1. Le corpus écrit

Le corpus, dans lequel nous avons collecté les créativités lexicales françaises en Algérie, prend deux formes. Pour la forme écrite, nous avons fait appel à plusieurs sources.

Celles-ci varient par rapport à leurs niveaux, leurs destinataires ainsi que leurs auteurs et cela pour que nous puissions obtenir une collecte touchant toutes les catégories de créateurs/locuteurs. Nous citons que nos sources sont réparties entre quelques ouvrages théoriques dont l’objet constitue à répertorier tout ce qui est « algérianisme » (le français en Algérie : lexique et dynamique des langues, mémoires de magister, …).

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Comme nous avons consacré une partie de notre collecte (mais qui ne fait pas partie de notre corpus) à des créativités lexicales françaises réalisées hors Algérie, dans le but de renforcer la forme des lexies que nous étudions. En fait, Jean Pruvost, Maurice Tournier (en tant que spécialiste), la presse écrite (Le Monde, le Figaro, Cirad) et quelques autres manifestations linguistiques ont fait preuve du phénomène que nous étudions, mais en Algérie

1.2.2. Le corpus oral

Quant à la forme orale du corpus, il s’agit des différentes nouvelles formes et ou nouveaux sens qui ont été émis dans, principalement, des chaines télévisée et des chaines radio algériennes. Nous précisons que notre corpus oral a été collecté de Dzair TV, la chaine 3, et aussi, et grâce à notre contact permanent avec les jeunes (surtout au sein de l’université), nous avons pu enregistrer certaines lexies circulant, fréquemment, autour de ce parler jeune.

1.3. Critères de sélection du corpus

Le corpus, dans notre travail de recherche, constitue une partie prépondérante. En effet, il incarne tous les phénomènes linguistiques et sociolinguistiques évoqués dans les différentes parties de notre travail. Dans le but d’assurer plus de crédibilité, nous avons fait référence, dans la collecte de notre corpus, à trois critères de sélection qui se présentent respectivement, comme suite : moyenne de réitération, structure typographique et manifestation lexicographique.

1.3.1. Moyenne de réitération

Nous nous sommes appuyée, lors de la sélection du corpus, sur le critère de fréquence d’emploi. Ce critère permet de répondre à l’exigence soulignée par Carine Girac-Marinier estimant que « l’utilisation doit être fréquente, le mot passé dans le grand public, c’est-à-dire être employé dans des conversations. »1. A partir de cette déclaration, nous confirmons que la réitération d’emploi est un critère pertinent pour qu’on puisse décider sur la nouveauté d’une lexie ainsi que son intégration au milieu des différentes productions langagières, quelque soit la langue utilisée.

Concernant notre cas d’étude, (les unités lexicales françaises inventées en Algérie) nous avons pu enregistrer les créativités lexicales grâce à leur fréquence d’emploi ; c'est-à-dire que ces termes sont « tellement » répandus chez les locuteurs algériens. Néanmoins, et en

1 GIRAC-MARINIER Carine : directrice du département Encyclopédies et dictionnaires chez Larousse.

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vue de renforcer la concrétisation de notre objet d’étude, nous avons englobé même les unités lexicales françaises les moins et/ou rares utilisées par les différents locuteurs algériens.

1.3.2. Structure typographique

Les unités lexicales que nous avons visées sont remarquablement différentes vis-à-vis de leur morphologie. En fait, ces termes sont particulièrement formés selon les différents procédés de formation de la langue française. Cependant, cette structuration morphologique n’existe pas en français ou, d’une manière plus précise, elle n’a pas été validée dans les différents systèmes de la langue française. En outre, nous retrouvons ces nouvelles lexies (dans les ouvrages, les articles de presse écrite ou toute autre production algérienne en langue française) marquées par des indications typographiques particulières. Ces dernières, qui distinguent les unités lexicales parmi d’autres, sont utilisées beaucoup plus pour marquer leur nouveauté ainsi que leur spécificité lexicale.

1.3.3. Manifestation lexicographique

La nouvelle unité lexicale, et dans n’importe quelle langue, signe sa nouveauté par son absence des nomenclatures lexicographiques. En effet, SABLAYROLLES tranche que

« l’attestation ou la non-attestation dans le dictionnaire est fréquemment prise comme test de la nouveauté dans une application simple : si la lexie figure dans un dictionnaire, elle n’est pas néologique, si elle figure dans aucun, elle l’est. »1. En fait, ce que SABLAYROLLES appelle « test de la nouveauté » est concrétisé, dans la réalité, par les différentes (entre : fréquentes et moyennes) utilisations d’une lexie. Cette dernière circule d’abord autour des locuteurs, acquiert un ou des sens, avant qu’elle soit intégrée dans la nomenclature du dictionnaire.

En ce qui concerne le dictionnaire, en tant que corpus d’exclusion, il faut choisir les dictionnaires les plus fréquents, par rapport aux utilisateurs, ainsi que les plus actuels ; ceux qui veillent à faire régulièrement une mise à jour à leurs nomenclatures. Nous faisons, dans ce point, référence à SABLAYROLLES qui nous incite à « se référer à des dictionnaires d’usage courant, remis à jour régulièrement et contemporains, des énoncés sur lesquels on

1 SABLAYROLLES J-F., La néologie en Français Contemporain, p. 173, Op. Cit.

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effectue le relevé, tout en gardant en tête leur imperfection et leur retard dans l’introduction de nouvelles unités dans leur nomenclature »1.

1.4. Corpus d’exclusion

A partir des deux derniers critères cités ci-dessus, nous devons confirmer la

« néologicité » des différentes lexies collectées pour notre corpus. Pour cela, nous avons fait appel à un ensemble de dictionnaires qui répondent en grande partie aux tests de nouveauté sollicités par SABLAYROLLES (explicités dans le point précédent). En plus des exigences d’usage courant ainsi que contemporain, SABLAYROLLES juge qu’il existe « des lacunes des dictionnaires classiques par rapport aux dictionnaires électroniques »2. On préfère donc, les dictionnaires électroniques car, ceux-ci (selon le même auteur) sont plus ponctuels à propos de la mise à jour de leurs nomenclatures. De même, ces dictionnaires offrent de l’espace au maximum d’entrées possibles.

En fait, le choix du corpus d’exclusion n’est pas aussi facile à trier à cause de deus éléments : le nombre et la nature des dictionnaires d’application. Dans ce contexte, SABLAYROLLES s’intéresse sur le fait et écrit « doit-on se contenter d’un seul dictionnaire, et lequel, ou de plusieurs : combien et lesquels ? L’attestation dans un seul suffit-elle à exclure le mot comme néologique ? Ou exige-t-on des attestations dans deux dictionnaires ? ou dans une majorité ? Les différences dans les nomenclatures d’ouvrages de références montrent que ce ne sont pas de vaines questions »3. Il s’avère que ce n’est pas aussi évident donc de décider (juste à l’aide de corpus d’exclusion) sur le caractère néologique d’une lexie donnée, étant donné que selon la règle générale : un mot persiste néologique s’il ne figure pas encore dans la nomenclature du dictionnaire mais, dans le cas contraire (s’il fait partie des entrées lexicographiques) il ne l’est plus. Egalement, les nouvelles unités lexicales ne bénéficient pas pareillement des durées de leurs nouveautés. C’est-à-dire que « certaines unités peuvent garder longtemps « un parfum de nouveauté, bien après leur première apparition, alors que d’autres perdent quasi instantanément ce caractère. »4.

1 SABLAYROLLES J-F., Fondements Théoriques Des Difficultés Pratiques Du Traitement Des Néologismes, in : Revue française De Linguistique Appliquée, vol. VII-1, 2002, pp. 97-111.

2 SABLAYROLLES J-F., La néologie en Français Contemporain, p. 175, Op. Cit.

3 SABLAYROLLES J-F., Fondements théoriques des difficultés pratiques du traitement des néologismes, Op. Cit.

4 Ibid.

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Notre corpus d’exclusion est constitué, en prenant en considération les critères qui ont été exposés dans les paragraphes précédents, de dictionnaires variés entre classiques (mais très récents) et électroniques dont les intitulés seront énumérés comme suite :

- Le Grand Robert, version numérique, dictionnaire réalisé sous la direction éditoriale d’Alain Rey, 2017.

- Le Grand Littré, version numérique, de Littré, éditeur : Titcouille. Mandriva, publié le 25 janvier 2010, mise à jour : 28 janvier 2016.

- Le TLF : Trésor de la Langue Française, version informatisée, collectif (auteur), novembre 2004.

- Le Petit Larousse illustré, collectif, édition Larousse, 2015

- AUZOU, dictionnaire encyclopédique, président : Philippe Auzou, édition : Auzou, Paris, 2014.