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CONCEPTIONS DE CONFECTION DE DICTIONNAIRES FRANÇAIS EN

P)- La néologie combinatoire

6. Autour de la néologie 1. Néologie et société

6.4. Néologisme entre norme et usage

Avant d’aborder la question du néologisme et sa relation avec la norme ainsi qu’avec l’usage, nous rappelons que le couple norme/usage a suscité, depuis toujours, des réflexions dans le domaine de la linguistique. Selon l’histoire, on a consisté la langue française suivant des principes révélant la notion de « norme ». De plus, on conçoit que c’est à travers l’usage qu’on concrétise la langue. Nous déduisons donc, que la langue est un élément à double détermination ; d’un côté la « norme » et de l’autre l’« usage. ». Louis Hjelmslev a rassemblé ces trois concepts (langue, norme et usage) en une relation triple. Il explique que « norme, usage et acte sont intimement liés ensemble et se ramènent naturellement à ne constituer qu’un seul objet véritable, l’usage, par rapport auquel la norme est une abstraction et l’acte une concrétisation »2.

Nous avons déjà évoqué, dans les points précédents, que l’usage ne concrétise pas seulement la langue mais, il est, en outre, signe de sa vivacité. En effet ; une langue utilisée est une langue vivante et de cette vie résultent par conséquence, des changements incessants.

En l’occurrence, des mots qui naissent, d’autres disparaissent au niveau du répertoire lexical d’une langue. A priori, ce mouvement transformationnel s’effectue par rapport à l’usage ou le non-usage des unités lexicales. Autrement dit ; l’acte langagier finit par être responsable de l’exclusion et/ou l’intégration d’unités lexicales de/ à la langue. D’ailleurs, nous rejoignons dans ce sens, L Guilbert lorsqu’il définit le changement dans la langue que « le changement linguistique, sous l’aspect de la création, réside dans la pratique des locuteurs de la

1 Ibid.

2 HJELMSLEV Louis, Essais linguistique, Minuit, Paris, 1971, pp. 87-88.

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communauté linguistique qui, par l’infléchissement des règles du système, individuel d’abord, puis collectif, finissent par introduire le changement »1.

Néanmoins, cette « réalité » a ranimé la méfiance des académiciens qui considéraient que « comme toute langue connue, le français possède une grammaire du mot, qui permet en principe de créer avec une certaine régularité, à partir d’un élément de base, des dérivés et des composés »2. A partir de cette estimation, nous perpétuons que l’Académie française, en particulier, a encadré une norme réglementaire dans le but de protéger le système structural de la langue française ainsi que d’empêcher les différentes transgressions émises par les usagers de cette langue. Cependant, nous oserons confirmer que, malgré l’embargo instauré par l’Académie française, on a assisté depuis toujours, et de réelles expériences en témoignent, à la création de nouvelles unités lexicales qui finissent le plus souvent à s’intégrer dans la nomenclature du dictionnaire de la langue française.

Il est pratiquement concevable donc, que les deux éléments qui monopolisent la détermination de la créativité lexicale sont : la « norme » d’un côté et l’ « usage » d’un autre.

Ainsi, le néologisme se met entre deux partis à objectifs différents. Le parti de la norme est soucieux à ce que les créations néologiques ne soient pas différentes de la morphologie manifestement « imposée » par l’Académie. En revanche, le parti de l’usage est ambitieux vers une autorisation ouverte permettant aux usagers d’extérioriser leurs performances néologiques sans pour autant être encadré par les directives des règles de la langue. qu’il soit obéissant à la norme ou même représentant d’une liberté d’usage, le néologisme est considéré, dans les deux cas, un procédé d’enrichissement de la langue qui répond variablement à une nécessité de dénomination et/ou à un besoin de communication.

Conclusion

Notre point de départ consistait à proposer une conception qui serait en mesure d’assurer une clarification du phénomène de la néologie. Au cours de notre éclaircissement, nous avons constaté que ce phénomène constitue un outil d’analyse « pertinent », puisqu’il incarne toute une pluralité d’attitudes linguistiques manifestée par les locuteurs/créateurs lors de leurs productions. En effet ; « la création du néologisme ne peut être dissociée du discours tenu par le créateur-individu intégré à une communauté, s'exprimant dans une situation

1 Guilbert L., La créativité lexicale, Op. Cit.

2 REY A., Préface du dictionnaire le Grand Robert de la langue française, décembre 1984- avril 2002.

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donnée. »1. D’ailleurs, c’est en partant d’une telle condition, que nous avons consacré une partie de ce chapitre à la distinction entre le néologisme de langue et celui du discours. De ce fait, le néologisme ne résulte pas uniquement de l’embarras de nommer « une nouvelle réalité » mais aussi, il dispose « des « transgressions » perçues au moment même, avec la recherche et/ou la production d’un effet : inadéquation assumée de l’emploi d’une unité lexicale, avec un emploi figuré (métaphore, métonymie…) »2.

1 GUILBERT Louis, théorie du néologisme, Op. Cit.

2 SABLAYROLLES Jean-François, Néologisme homonymique, néologisme polysémique et évolution de sens. Pour une restriction de la néologie sémantique, ALVES, CNPQ, 2010, pp.83-100.

CHAPITRE 2

Approche sémantique et répertoire des créativités lexicales françaises en Algérie

«La langue française appartient à ceux qui la parlent, l’écrivent et l’enrichissent dans les régions de France, en Suisse, en Belgique, au Luxembourg, au Québec, aux Antilles, en Océanie, dans l’océan Indien, en Afrique noire, dans de nombreux pays arabes… »

Jean-Claude BOULANGER (2002, p214), cité par Yves GARNIER, les francophonismes dans le Petit Larousse, Monique C. : Francoeur Aline (éd.), Les dictionnaires Larousse : genèse et évolution,

Montréal : presses de l’Université de Montréal, 2005, pp. 219-248.

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Introduction

Le travail lexicographique, comme nous l’avons abordé dans les chapitres précédents, est censé obéir à un certain nombre de directives. Néanmoins, lors de sa confection, le dictionnaire rencontre des cas ambigus. En effet ; le lexicographe/dictionnariste doit décider sur la sélection des entrées de sa nomenclature, en prenant en considération les critères

« responsables » de cette sélection. En réalité, on se met dans un embarras du choix lors de l’organisation de la macrostructure ainsi que de la microstructure du dictionnaire étant donné que la langue est en perpétuel infléchissement. C’est pourquoi, il est nécessaire de mettre l’accent sur le choix de la langue du dictionnaire. Autrement dit, sur le plan de la réflexion sur la langue, nous remarquons qu’il y’a des productions langagières qui s’écartent, par le biais de styles nouveaux, « des règles du classicisme ». C’est sur ces nouvelles manifestations donc, que nous allons travailler dans ce chapitre. Après avoir collecté les nouvelles unités lexicales françaises (créées par les locuteurs algériens, dans un contexte algérien) suivant des critères bien déterminés, nous les classerons d’abord selon leurs sources ainsi que leurs natures. Puis, dans le point suivant, nous proposons une analyse morphologique des différentes lexies qui constituent notre corpus. Enfin, une approche sémantique sera consacrée à ces différentes créativités lexicales.

Nous concluons ce chapitre par une dernière partie dans laquelle seront exposés les différents commentaires repérés lors du travail analytique appliqué au corpus. De plus, nous explicitons les propositions qui ont été reformulées suite aux diverses constatations faites durant le déroulement de notre travail.

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1. Présentation des créativités lexicales