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Eléments constitutifs d’un dictionnaire

A)- Ceux destinés à un public cultivé dont la langue maternelle est le plus souvent la langue décrite, et qui, en tout cas, maîtrise très bien la variante la plus valorisée (norme) de

4. Le dictionnaire au carrefour disciplinaire

4.3. Dictionnaire et idéologie

Face à cette divergence de locuteurs, le lexicographe est soumis à une « pression sociale » qui se manifeste dans le dictionnaire. « Cette pression est double. Dans le domaine conceptuel, elle tabouise certains mots dangereux (politique, religion,…etc.). Dans le domaine langagier, elle stigmatise les mots et les emplois déviants, tantôt par rapport au système actuel tantôt par rapport à l’usage intérieur (mots mal formés, emprunts, sens nouveaux) »1.

Toutes ces sanctions faites au niveau de la nomenclature ne relèvent, en réalité, que du principe des « tabous culturels »2. Car, chaque communauté est valorisée et se définit par une idéologie ainsi que par une culture par lesquelles elle est convaincue. Cela donnera, logiquement, naissance à une différence ou peut être qu’on se permettra d’aller jusqu’à dire à un conflit entre les communautés.

Un tel point si important n’échappera pas facilement au lexicographe, qui «gomme ou supprime ce qui manifeste des oppositions ou des contradictions entre les groupes sociaux, religieux ou politiques. Ainsi, tous les termes d’injure qui supposent une attitude raciste sont exclus des dictionnaires du XXe siècle»3. C’est pourquoi, le dictionnaire est censé, en quelque sorte, donner une image idéale de l’homme qui sera adéquat à tout utilisateur de cet ouvrage.

« L’élaboration d’un dictionnaire obéit à un choix personnel et scientifique plus ou moins calculé, un choix très délicat qui doit répondre à des critères uniformes et raisonnables »4. Donc, il est nécessairement recommandé, de prendre en charge le locuteur lors de la réalisation d’un dictionnaire ; chacun de ces locuteurs est différent de l’autre selon plusieurs facteurs évidemment, étant donné qu’on vise une communauté polyvalente. Nous retenons de cet adjectif qu’on est face à un locuteur appartenant à l’une des valeurs socioculturelles (à une couche sociale parmi d’autres) et par conséquent, ce locuteur

1 Ibid. p.100. (D’après J. Rey-Debove , 1970, p.32).

2 Ibid. p.102.

3 Ibid. p.103.

4 CAMPOS MARTIN Natalia, lexicographie et traduction : macrostructure et microstructure des dictionnaires : les entrées, les articles et les définitions lexicographiques, Op. cit.

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emploiera un des niveaux de langue correspondant ; il s’agit d’une structure hiérarchisée de la communauté sociolinguistique.

C'est-à-dire qu’en impliquant le mot niveau à la langue et les adjectifs qui définissent chaque couche à la société, par exemple : « la langue standard qui sert de référence est celle de la société bourgeoise urbaine, de culture « classique » »1 ou bien ; « l’utilisation d’un terme qualifié de « populaire » indique donc que le locuteur « appartient » à la classe définie par la marque, ou du moins est l’indice que son comportement verbal se signale par une

« incorrection culturelle » »2 . Comme nous pouvons rencontrer d’autres marques de distinction entre les différents locuteurs.

Alors, et en plus de tout ce qui a été précédemment noté, nous ajoutons que le dictionnaire joue un rôle important dans cette distinction, en diagnostiquant les indices. Ce recueil de mots repère ces derniers puis, indique leurs marques culturelles en les sélectionnant suivant leurs appartenances mais aussi, suivant leurs emplois par les locuteurs. Autrement dit ; l’appartenance culturelle d’un mot peut être manifestée par son utilisation : si un locuteur quelconque s’est servi de termes populaires dans son parler, il sera considéré comme étant une personne qui n’appartient pas à la « bonne société »3, à cause de son usage fait de ce niveau de langue (populaire) et qui est retenu comme une marque de classification.

Mais, en réalité, aucun locuteur n’a été privé d’utiliser, dans n’importe quelle situation de communication, un terme quelconque ; quel que soit son statut par rapport à la langue dite standard. En outre, les mots, qualifiés de populaires sont compris (ou peuvent être compris) par toutes les couches sociales et inversement. Le langage d’une communauté donnée, qu’il soit homogène ou hétérogène, n’empêche en aucun cas, la possibilité de communiquer dans une même communauté où le partage des principes culturels. Même si, cela ne se réalise forcément pas au niveau de tous les membres de la communauté (car, une communauté peut toujours contenir des éléments non en accord avec le reste du groupe).

Ainsi, le dictionnaire se soucie de répertorier les termes appartenant au vocabulaire d’une langue donnée dont les critères sont essentiellement, l’appui sur la présence ainsi que l’emploi de ces termes dans cette langue. En revanche, « on mentionne rarement, les mots très

1 BOULANGER Jean-Claude, aspects de l’interdiction de la lexicographie française contemporaine, Op.

Cit.p.101.

2 Ibid.

3 Ibid.

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anciens ou qui ne sont quasiment pas utilisés par les locuteurs »1 car, cela n’aura pas d’utilité et encore moins d’enrichissement à nos énoncés produits (dans les différentes situations de communication).

C’est pourquoi, « les dictionnaires, qui sont des témoins privilégiés des transformations incessantes de la société, de la culture et des idéologies, sont mis à jour de plus en plus régulièrement. Ils se rapprochent donc, de la vie dont le reflet qu’ils tracent est de plus en plus réel, de moins en moins trouble »2.

Conclusion

De ce qui précède, nous pouvons conclure que le dictionnaire, en tant que type, est un ouvrage qui a ses propres particularités ainsi que ses propres caractéristiques qui le distinguent des autres types et genres. Néanmoins, si nous cherchons une uniformité par rapport à tous les dictionnaires, nous trouverons que c’est « impossible de parler DU dictionnaire »3. En fait, la typologie des dictionnaires cités dans les pages précédentes, ne renforce que davantage l’idée que les dictionnaires se présentent sous de différents aspects.

Chacun de ces derniers se spécifie dans un domaine déterminé et en fonction de ses propres objectifs ainsi que de ses méthodes et techniques. « Car, s’ils (les différents dictionnaires) sont marqués par l’idéologie, ils le sont encore davantage par les principes méthodologiques »4.

Donc, nous avançons qu’un dictionnaire est le résultat de tout un ensemble de choix faits devant chacune des options qui constituent le dictionnaire. « Ces options sont en réalité des conditionnements externes (le public visé, le but envisagé) et internes (la documentation et la nomenclature établies, les définitions posées, la méthode adoptée, etc.) »5. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle, nous avons abordé chacun de ces conditionnements plus ou moins en détail au cours de notre chapitre. Cependant, nous envisageons, dans la partie suivante, de sélectionner un des conditionnements qui mène un rôle prépondérant dans la gestion du dictionnaire : le public visé.

Nous avons étendu la notion de dictionnaire tout en présentant les différentes conceptions de celui-ci, précédé d’une sélection des différents types de dictionnaires dans

1 Ibid.

2 Ibid. p.109.

3COLLIGNON Lucie et GLATIGNY Michel, les dictionnaires initiation à la lexicographie, Op. Cit. p. 24.

4 Ibid.

5 CAMPOS MARTIN Natalia, lexicographie et traduction : macrostructure et microstructure des dictionnaires : les entrées, les articles et les définitions lexicographiques, Op. Cit.

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lesquels nous nous sommes focalisés sur l’un d’eux ; le dictionnaire de langue. Nous avons explicité les caractéristiques spécifiques de ce type de dictionnaires. Et finalement, nous avons proposé quelques exemples de ces dictionnaires avec de brèves clarifications pour chacun de ces dictionnaires.