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En fonction du rythme de la hausse des prix, on distingue plusieurs types d’inflations (Razafimanantena et Rajamarison, 2013):

1.3.1. Inflation latente ou inflation larvée

Une hausse des prix est qualifiée d’inflation latente ou d’inflation larvée, si son taux est compris entre 3% et 4% par an. Ce type d’inflation provient d'une augmentation de la demande qui est faiblement supérieure à celle de l'offre ou d'une amélioration du niveau de revenu qui s'accélère plus vite que la réponse de la production des biens et services. Ce genre d’inflation ne constitue pas une menace grave pour l’économie. D'autres ouvrages utilisent le terme « d’inflation rampante » pour ce type d'inflation.

1.3.2. Inflation ouverte ou inflation déclarée

On parle d’inflation ouverte ou déclarée lorsqu’il y a une augmentation rapide, générale, permanente et cumulative des prix. Elle est caractérisée par un taux d'inflation variant entre 5% et 10% par an (avec des pointes à 20%). Elle commence dès que la hausse dissimule des anticipations à de nouvelles hausses de prix de la part de la majorité des agents économiques (consommateurs, producteurs, états). Ce phénomène inflationniste est souvent déclaré avec tous les symptômes correspondant à l'apparition des conséquences néfastes sur l'environnement économique.

1.3.3. Inflation galopante ou hyperinflation

Elle correspond à la situation d'une économie affectée par une inflation extrêmement élevée, échappant à tout contrôle. Philip Cagan la définit en 1956 comme « une période durant laquelle le niveau d'inflation se maintient au-dessus de 50% par mois ». Les conséquences économiques et sociales sont généralement des plus terribles et marquent durablement l'esprit des peuples. Il en résulte une augmentation de l'incertitude concernant l'inflation future et une baisse de l'information contenue dans les prix relatifs. La monnaie nationale perd, en interne comme en

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externe, son statut d'instrument d'échange et de réserve de valeur: une nouvelle monnaie doit la remplacer. Du fait de cette incertitude économique qu'elle génère, une hyperinflation entraine un ralentissement des activités de production voire une récession.

Exemples de pays ayant vécu l’hyperinflation :

Le 20e siècle a connu plusieurs épisodes d’hyperinflation ou très forte inflation, on pourrait citer comme exemple d'hyperinflation le cas de l’Europe qui a vu l'apparition de ce phénomène au lendemain de la première guerre mondiale, le cas de l'Allemagne (inflation allemande entre 1921 et 1923 est de 430% en 2 ans), la Hongrie, la Pologne et la Russie pour une hausse de prix exorbitante de plus de 3 250 000 sur un seul mois en 1923. La mémoire collective européenne reste frappée par l’image des brouettes de billets dans l’Allemagne de 1923 ou celle des chauffeurs de taxi s’arrêtant au café pour lire au printing le nombre à ajouter à la somme inscrite au compteur (Majnoni, 2003, p 31).

L'hyperinflation dans les pays de l'Amérique latine ces dernières décennies. Celle-ci a enregistré une hausse de prix chronique de longue période. Il s'agit des cas de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil et du Pérou. Pendant une quinzaine d'années, ces quatre pays ont subi une inflation chronique dont le taux d'inflation en glissement annuel se trouve au-dessus de 40% avant le pic de l'hyperinflation (Bolivie, 1985, plus 1000% ; Argentine, 1989, 3100% ; Pérou, 1990, 7500% ; Brésil, 1993, 2100%) (Gerdesmeier, 2009).

Un exemple très frappant pourrait être observé dans la République Démocratique du Congo (RCD). En effet, la cause de l'inflation dans ce pays est la dépréciation de la monnaie locale qui est le franc congolais (FC). Ainsi il est à préciser que la situation politico-sociale que ce pays a connue durant la période en 1970-2000 était accompagnée d'une forte dépréciation du FC entrainant une accélération du rythme de formation de prix. Les pics des taux d'inflation que la RDC a connus depuis les années 90 étaient de 4651,7% et 9796,9% respectivement en 1993 et 1994 (Razafimanantena et Rajamarison, 2013).

L'hyperinflation au Zimbabwe parait similaire à celle observée en RDC. L'économie de cette nation connaissait également une pénurie de devise étrangère entrainant par la suite une forte demande de cette dernière. Le Zimbabwe a connu une inflation sans précédent à un taux de plus de 1000 % et aurait même atteint la barre de 2200 % en mars 2007 (Makochekanwa, 2007).

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1.3.4. Inflation de transition

On assimile parfois par erreur les inflations de transition entre le communisme et le libéralisme du début des années 1990 à l’hyperinflation. Dans les pays communistes les prix étaient fixés par l’administration et stable en apparence. L’écart entre la demande et l’offre, l’inflation réprimée, se manifestait par les pénuries, les files d’attente dans les magasins et le marché noir. Une épargne importante s’accumulait : environ la moitié du revenu national. Lors de la transition vers le libéralisme les prix furent libérés et les monnaies devinrent convertibles. Le pouvoir d’achat disponible se portera alors sur les produits importés et sur les produits nationaux, insuffisants en volume et en qualité, donc les prix se sont ajustés à la hausse. Une inflation de transition a dévalorisé les monnaies des pays de l’Est pour résorber le pouvoir d’achat et l’épargne. Ainsi, la hausse des prix a atteint 80% par mois en Janvier 1990 en Pologne. Cependant, cette inflation est restée limitée et s’est résorbée en quelques années dans les pays ayant réussi leur transition comme la Pologne ou la Hongrie. Au contraire une hyperinflation historique a ravagé la Russie, l’Ukraine, la Géorgie entre 1990 et 1995 si bien que le rouble s’est démonétisé (Russie : 927%, Ukraine : 3361%, Géorgie : 3820%) (Majnoni, 2003, p 33).

1.3.5. Stabilité des prix

En l’absence d’inflation ou de déflation, on peut parler de stabilité des prix si, en moyenne, les prix n’enregistrent ni hausse ni baisse mais demeurent stables dans le temps. A titre d’exemple, si 100 unités monétaires permettent d’acheter un panier de biens identique à celui acquis il y a un ou deux ans, la stabilité des prix peut être considérée comme absolue. Il convient de faire la distinction entre les variations des prix de chaque bien ou de chaque service considéré individuellement et les variations du niveau général des prix. Dans le cadre des économies de marché, il est relativement normal que certains prix varient fréquemment, même si les prix sont stables dans l’ensemble, les changements des conditions d’offre et/ou de demande des divers biens ou services entrainent inévitablement des variations de leur prix. Tant que les baisses et les hausses de prix se compensent, le niveau général des prix demeure inchangé (Gerdesmeier, 2009).

La stabilité des prix décrit la situation d'une économie où la hausse des prix est durablement très faible ou nulle, ce qui contribue à maintenir à un niveau faible l'incertitude des agents économiques vis-à-vis du futur (moyen/long terme). En ce sens, la stabilité des prix accroît la stabilité de l'avenir et contribue à conforter les anticipations positives des agents économiques.

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Ainsi la Banque Centrale Européenne (BCE) considère que son objectif majeur (la stabilité des prix) est atteint lorsque le taux moyen d'inflation sur le moyen terme n'excède pas 2%.

L'inflation ne doit pas être confondue avec d'autres notions:

 Désinflation : elle se définit comme le ralentissement durable du rythme de hausse du niveau général des prix. Ce n’est donc pas une baisse générale des prix, les taux d’inflation restant positifs. En effet, les prix continuent d'augmenter, mais à un rythme moins soutenu. Ainsi, lorsque le taux d'inflation passe de 10% à 7% puis à 5% puis à 2%, on dit qu'il y a désinflation. (Maxicours, 2015). Ce phénomène marque la fin d'une expansion économique précédemment accompagnée d'une inflation modérée et continue.

 Déflation : elle décrit la situation d'une économie où est constatée une baisse continue et durable du niveau général des prix. Certains parlent d'une inflation négative (taux négatifs). Une vraie déflation est généralisée et affecte toute l'économie). Elle pourrait se produire au niveau d'une économie par la suite d'une politique monétaire restrictive démesurée qui aboutit à une situation inverse de l'inflation. Ainsi, par suite d'une politique anti-inflationniste, les prix baissent, la production fléchit, le chômage s'accroît. La déflation aboutit à une situation de récession économique si l'autorité ne réagit pas immédiatement pour stimuler la production (Razafimanantena et Rajamarison, 2013).

La déflation s'auto-entretient et asphyxie l'économie, parce qu'en modifiant les anticipations des agents économiques, ce phénomène les pousse à prendre des décisions qui entretiennent ou accélèrent la tendance. En effet, en anticipant de nouvelles baisses des prix, les consommateurs se mettent à reporter leurs achats, car ils pensent qu’à l’avenir, ils pourront acheter encore plus de produits et de services avec la même quantité d’argent (gain de pouvoir d’achat) (Inflation.eu, 2014). Ceci entraine une baisse de la demande, une augmentation des stocks (de l’offre) et par conséquent, une baisse des prix. La déflation est donc considérée comme plus périlleuse que l'inflation. La déflation a caractérisé la crise des années 30 et plus récemment, elle a frappé le japon pendant les années1990. En effet, l'économie japonaise a connu ce phénomène depuis 1998 à janvier 2006. La cause de cette baisse de prix réside dans le brusque fléchissement et durable des prix à la consommation au japon; ces derniers ont reculé pour le septième mois d'affilée, à une valeur de 2,3% sur une année. Cette baisse généralisée et prolongée des prix trouve son origine dans la situation des entreprises japonaises qui sont en surproduction. L'offre globale demeure excessive face à

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une demande tant nationale qu'internationale relativement stable (Razafimanantena et Rajamarison, 2013, p 40).

 Stagflation : Contraction des mots « stagnation » et « inflation », elle désigne une situation combinant à la fois une faible croissance économique, un chômage élevé et une forte inflation (Maxicours, 2015). La théorie économique a longtemps considéré que cette situation ne pouvait pas se produire en raison de la relation qu'elle supposait inverse entre la croissance et l’inflation: en phase de ralentissement conjoncturel, la politique économique visait à stimuler l'activité via le déficit budgétaire alors que la politique monétaire assouplissait les conditions du crédit. La croissance redémarrait en même temps que les prix progressaient. A l'inverse, si l'inflation était jugée trop forte, la politique économique devenait restrictive et la politique monétaire restreignait les conditions du crédit. L'activité économique ralentissait alors que la hausse des prix était contenue (La finance pour tous, 2017). Ainsi, ces deux concepts, étaient jugés par les économistes comme deux phénomènes incompatibles : le premier est la caractéristique d'un ralentissement de l’activité économique voire une récession et l'autre accompagne un processus d'expansion de la production, donc d'une prospérité économique.

L'expression de « stagflation » a été créée dans les années 1970 pour caractériser une situation économique inédite, lorsque les prix du pétrole et des autres matières premières montant en flèche, ont entrainé à la fois une accélération de l'inflation et un fort ralentissement de la croissance dans les pays industrialisés. Ce n'est qu'à partir du milieu des années 1980 que la stagflation a pris fin avec la mise en place de politiques de désindexation des salaires qui ont permis de faire reculer les taux d'inflation dans les pays occidentaux (La finance pour tous, 2017).