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L’équation de Cambridge « la fonction de demande de monnaie »

Chapitre II : Revue de la littérature sur les déterminants de l’inflation

2.1. Revue des grandes théories économiques de l’inflation

2.1.2.2. L’équation de Cambridge « la fonction de demande de monnaie »

« L’équation de Cambridge » a été proposée par Alfred Marshall et Arthur Pigou, deux économistes néoclassiques de l’université de Cambridge. Leur analyse est basée sur des fondements microéconomiques : ils s’intéressent aux comportements des agents pris individuellement et le passage de l’individu au global se fait par l’agrégation des comportements des agents. Ces auteurs mettent en avant, le comportement de choix des individus, notamment en matière d’encaisses monétaires désirées (la quantité de monnaie désirée) par les agents économiques. Selon ces auteurs, les individus désirent détenir de la monnaie sous forme d’encaisses en raison de son côté pratique pour les transactions. Comme pour I. Fisher, la fonction principale de la monnaie est d’être un intermédiaire des échanges : plus l’individu effectue des transactions, plus il désirera détenir de la monnaie. La principale différence entre ce dernier et Marshall-Pigou c’est que dans leur approche ils mettent l’accent sur la volonté de détenir de la monnaie plutôt que sur la nécessité de la détenir comme c’était le cas chez Fisher.

La volonté d’un individu de détenir des encaisses sous forme liquide est motivée par la non-synchronisation temporelle entre revenus et dépenses, c’est-à-dire, il existe un décalage temporel entre les revenus perçus et les dépenses effectuées. Le montant des encaisses monétaires désirées par un individu va dépendre du volume des transactions qu’il projette de réaliser qui lui-même varie en fonction de sa richesse, de son revenu. Dans ces conditions, Marshall et Pigou choisissent pour exprimer le volume des transactions : le niveau du revenu d’un agent.

Cette analyse est faite au niveau individuel et donc, par agrégation, ce qui est supposé vrai au niveau individuel, l’est au niveau global, macroéconomique. Au niveau macroéconomique, la demande de monnaie des agents Md est déterminée ainsi :

99 M × V = P × Y => Md = V 1 × P. Y (Avec k = V 1) => Md = k × P. Y =>Md P = k × Y Avec : Md : la demande de monnaie.

Y : est le (PIB) en volume ou le revenu global réel.

P.Y : est donc le revenu global nominal.

V : indique combien de fois la monnaie doit circuler afin d'acheter la production disponible.

k : le coefficient de proportionnalité, qui se calcule par l’inverse de la vitesse de circulation de la monnaie. Il correspond à la part du revenu que les agents désirent détenir sous forme de monnaie. C’est un paramètre de comportement, encore appelé le coefficient d’utilisation de la monnaie. Il dépend des désirs, de la volonté, des préférences des agents économiques. Donc (k) est la traduction d’une volonté des agents de détenir sous forme monétaire une partie de leur revenu (Jennsenfire, 2014).

Avec une reformulation de la relation quantitative de monnaie en termes de revenu, sous le nom d’ « équation de Cambridge », Marshall et Pigou sont les premiers à proposer une fonction de demande de monnaie. Cette fonction traduit le rapport entre la demande des encaisses monétaires et le revenu nominal. Les encaisses désirées est une fonction directe du revenu nominal; son montant est déterminé par le facteur (k), proportion du revenu que les agents désirent détenir en espèces monétaires afin d’effectuer leurs transactions (Ghitton et Bramoullé, 1983).

Comme pour Fisher, le passage d’une identité comptable, l'équation quantitative, a une théorie de la demande de monnaie suppose :

 La stabilité de la vitesse de circulation de la monnaie et donc du coefficient de comportement (k) à court terme.

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L’équilibre monétaire :

Alors que la demande de monnaie (Md) est traitée en véritable fonction de comportement, l’offre de monnaie (Mo) a le plus souvent été considérée comme une donnée, comme une variable exogène étant donné que sa quantité est souverainement déterminée et directement contrôlée par les autorités monétaires.

Ce qui est vrai pour le marché des biens et services doit être vrai pour le bien monnaie donc si le marché fonctionne bien, l’équilibre sera réalisé lorsque l’offre égale la demande, c’est-à-dire lorsque : Mo = Md= M

Ou encore : M = k × P. Y

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Sur ce graphique, le revenu nominal est porté en ordonnées et la quantité de monnaie en abscisses. La demande de monnaie est une fonction croissante du revenu nominal et l’offre de monnaie est parallèle à l’axe des ordonnées puisqu’elle ne dépend pas de (P.Y). Le point d’équilibre fournit pour une quantité de monnaie donnée, le revenu nominal d’équilibre (PY)e. Tout déplacement de Mo modifiera ce revenu nominal.

Si le revenu réel (Y) est supposé constant, on retrouve la vieille théorie quantitative, le niveau général des prix fluctuant en fonction de la quantité de monnaie existante. On peut d’ailleurs tirer de l’équation d’équilibre la valeur correspondante du niveau général des prix :

𝑃 = 𝑘 × 𝑌 𝑀

(Y) et (k) étant constants, l’offre de monnaie et la demande de monnaie ne s’égalisent que pour une valeur de P.

Nous pouvons également définir les encaisses réelles comme le ratio(MP). M

P = k × Y

Ce ratio correspond au nombre de biens que la monnaie permet d'acheter. Plus généralement, il correspond au pouvoir d'achat de la monnaie.

C’est par les encaisses réelles que les cambridgiens se sont attachés à trouver le lien causal entre la monnaie et les prix. Si les autorités monétaires se lancent dans une politique expansionniste et décident d’augmenter l’offre de monnaie, cela aura pour effet d’accroître les encaisses détenues par les agents économiques au-delà de leurs besoins. Cette modification des encaisses va les inciter à augmenter leurs dépenses en modifiant leur demande sur le marché (la demande va s’accroître). Comme l’offre ne pourra pas s’adapter à cet excès de demande vu qu’elle est déjà fixée au niveau du plein emploi des facteurs de production. La seule conséquence va être une hausse des prix. Cela aura un effet sur les encaisse réelles des consommateurs et donc sur leur pouvoir d’achat. La demande d’encaisses réelles(MP

)

va en effet, diminuer avec la hausse des prix jusqu’à ce que les agents retrouvent entre leurs encaisses réelles et leur revenu réel, la proportion désirée et qui est définie rationnellement par (k). Alors toute variation supposée de l’offre de

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monnaie doit se traduire par une variation proportionnelle du niveau général des prix, toutes choses égales par ailleurs (De Mourgues, 2000, p 296).

L’école de Cambridge arrive « aux mêmes conclusions que l’américain Fisher, mais par une approche en terme d’offre et de demande : l’origine de l’inflation est monétaire. En conséquence, c’est la banque centrale qui en contrôlant l’offre de monnaie contrôle en même temps l’inflation. Si la banque centrale préserve la stabilité d’offre de monnaie, le niveau des prix sera stable. Mais si elle augmente le niveau de la masse monétaire le niveau des prix suivra cette augmentation.