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Les objectifs intermédiaires de la politique monétaire

1.6. Mesures et politiques de lutte contre l’inflation

1.6.1. La politique monétaire

1.6.1.3. Les objectifs intermédiaires de la politique monétaire

Les objectifs intermédiaires sont des variables monétaires sous le contrôle direct de la banque centrale et sur lesquels elle peut agir. Ils peuvent être définis comme des objectifs indirects étroitement liés à l’objectif final, mais se prêtant à un meilleur contrôle de la part de la banque centrale. Ce sont des variables monétaires, qui doivent remplir trois conditions (Plihon, 2003, p87) :

 Etre mesurables et rapidement connus par les autorités monétaires (disponibilité statistique).  Etre liés aux variables retenues comme objectifs finals.

 Etre contrôlés directement ou indirectement par les autorités monétaires au moyen des instruments dont celles-ci disposent.

Les principales cibles intermédiaires généralement retenues par les banques centrales sont :

1.6.1.3.1. La croissance de la masse monétaire

Dans une optique monétariste, la hausse des prix est liée à la croissance disproportionnée de la masse monétaire. La masse monétaire dans une économie doit croître au même rythme que la production réelle. En matière de politique économique les monétaristes recommandent que les autorités monétaires fassent croître la masse monétaire à un taux constant, voisin du taux de croissance de l'activité économique. Pour eux, si la masse monétaire est sous contrôle, alors l’inflation est stable (Aftalion et Poncet, 1984).

Cet objectif porte alors sur le contrôle de l’évolution de la masse monétaire en circulation dans une économie. Il convient pour les autorités monétaires de fixer un taux de croissance annuel de la masse monétaire (par exemple, un taux de croissance de 3% pour un agrégat particulier).

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Durant l’année, les autorités monétaires sont tenues d’utiliser tous les instruments de la politique monétaire qui sont à leur disposition pour que la masse monétaire ne dépasse pas le niveau fixé. L’objectif intermédiaire est dans ce cas-là quantitatif. Il suffit de prendre un agrégat monétaire (indicateur statistique de la masse monétaire) et de suivre son évolution.

Mais quel agrégat monétaire choisir ?

Pour choisir cet agrégat, il faut d’abord s’assurer qu’il mesure l’ensemble des liquidités dont disposent les agents économiques. Aujourd’hui, c’est le rythme de progression de l’agrégat M3 que les banques centrales décident de suivre. Cet agrégat constitue un bon objectif intermédiaire dans le mesure ou l’objectif final « la stabilité des prix » suit de façon satisfaisante le comportement de M3.

La BCE se donne pour objectif intermédiaire une croissance annuelle de 4.5% de l’agrégat monétaire large M3. Cette valeur de référence correspond au taux de croissance de M3 compatible avec la stabilité des prix à moyen terme (Les Echos, 1998).

Il faut noter que la banque centrale ne contrôle pas directement la masse monétaire mais la base monétaire. On sait tout de même qu’il existe un lien entre la base monétaire et la masse monétaire. Par son action sur la variable de base elle est susceptible de déclencher un processus de contraction ou d’expansion de la masse monétaire. Ainsi la banque centrale joue sur la liquidité en alimentant les banques de second rang (commerciales) en monnaie centrale ou en la leur retirant, et en modifiant le taux des réserves obligatoires (De Mourgues, 2000).

Les banques commerciales jouent un rôle de premier plan dans le processus de financement par l'intermédiaire de l'octroi de crédits. En cas de durcissement de la politique monétaire, les banques vont diminuer les crédits offerts à l’économie. Ainsi, la transmission de l’action monétaire à la sphère réelle s'opère par les variations de l'offre de crédit. Sous un autre angle, une politique monétaire expansive contribue à accroître la quantité de prêts bancaires disponibles. Cette augmentation du volume des prêts disponibles conduira à une hausse des dépenses d’investissement et éventuellement de consommation.

Tout accroissement de la quantité de monnaie en circulation entrainera une augmentation de la demande de biens et services. Si la demande excède l’offre et que l’offre n’est pas parfaitement élastique (elle ne s’adapte pas instantanément à la demande), les prix vont inévitablement augmenter et donc l’inflation apparaît. C’est pour cette raison, que la banque centrale doit veiller

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à ce que la masse monétaire s’accroît en concordance avec le volume des biens et services mis à la disposition des agents économiques.

1.6.1.3.2. Le niveau des taux d’intérêt

L'action par les taux consiste pour la banque centrale de jouer sur les trois taux directeurs qu'elle contrôle (taux d’escompte ou de prêt marginal, taux de rémunération des dépôts, taux de refinancement ou des opérations d'open market). En contrôlant les taux d'intérêt à court terme, la banque centrale a une forte influence sur l'offre de liquidité. Les variations de ces taux modifient le comportement des banques de second rang vis-à-vis des opérations de création monétaire et par conséquent, influencent le comportement des agents économiques en matière de consommation, d’épargne et d’investissement.

Il faut noter que la banque centrale ne contrôle que les taux d’intérêt à court terme. Or ce sont les taux longs qui importent pour les décisions d’investissement. On sait tout de même qu’il y a en général un lien entre les taux courts et les taux longs (cf. courbe des taux). Subissant les effets des variations du taux du marché des liquidités, les banques commerciales seront amenées à les répercuter sur les taux appliqués aux crédits qu’elles accordent.

En effet, les banques commerciales ne disposent pas de la totalité des ressources financières qu’elles prêtent. L’activité de crédit crée donc pour celles-ci un besoin de refinancement afin de répondre à la demande de billets de banque émanant de leur clientèle et de constituer des réserves obligatoires, sous la forme de dépôts, auprès de la banque centrale. Les ressources financières dont elles ont besoin s’appellent la « liquidité bancaire » ou la « base monétaire ». Elles la trouvent sur un segment du marché financier appelé le marché monétaire ou interviennent d’autres banques ainsi que la banque centrale. Le taux d’intérêt qui régule au jour le jour ce marché s’appelle « le taux directeur de la banque centrale » ou « le taux de refinancement » car il est contrôlé par cette dernière. C’est le principal outil dont disposent les banques centrales pour influer sur l’octroi de crédits et contrôler la quantité de monnaie en circulation dans une économie. Il permet de réguler l’activité économique par l’apport ou le retrait de liquidités (Direr, 2009).

Le taux directeur de la banque centrale représente un véritable baromètre du coût de crédit. En effet, les banques commerciales qui veulent se refinancer à court terme, peuvent le faire moyennant le paiement d’un intérêt sur la somme qu’elles empruntent auprès des banques centrales et qu’elles répercutent ensuite sur les intérêts des crédits qu’elles accordent à leurs

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propres clients. En relevant et abaissant les taux d’intérêt à court terme, la banque centrale est susceptible d’affecter la sphère réelle (l’activité économique) en modifiant le comportement de dépenses des agents économiques (ménages, entreprises et Etat). C’est principalement les dépenses de consommation, d’épargne et d’investissement qui sont affectées.

En effet, si le taux directeur est bas, le coût du crédit a une probabilité d’être bas, ce qui en théorie favorise la croissance. Une baisse du taux d’intérêt encourage les banques à emprunter auprès de la banque centrale et les unes aux autres, ce qui a pour effet d’accroître la masse monétaire injectée dans l’économie. En retour, les banques accordent davantage de prêts aux entreprises et aux consommateurs, ce qui stimule les dépenses et l’activité économique dans son ensemble. Les agents sont incités à consommer aujourd’hui puisque l’épargne devient moins intéressante en termes de rendement et le crédit moins cher. De même, les dépenses d’investissement sont de ce fait stimulées vu le cout réduit du capital. Résultat : la demande globale augmente. A mesure que la croissance s’accélère, l’inflation tend à augmenter (Gerdesmeier, 2009).

A l’inverse, si ce taux est élevé, les banques vont limiter leurs crédits à l’économie sachant que le refinancement leur sera coûteux et cela en augmentant les taux d’intérêt sur les prêts. Il sera moins intéressant pour les ménages et les entreprises de solliciter un prêt destiné à financer leur consommation ou leur investissement. De même, une telle mesure incite les ménages à épargner et non à dépenser leur revenu du moment. Cette hausse du cout du crédit va théoriquement se traduire par un ralentissement de la demande globale (consommation et investissement), et par conséquent éviter une surchauffe génératrice d’inflation (Busogoro, 2014).

Si l’objectif est la lutte contre l’inflation, les autorités monétaires se fixent comme objectif intermédiaire l’augmentation des taux d’intérêt de manière à faire diminuer la demande des biens et services.

Afin d’atteindre les cibles intermédiaires, la banque centrale dispose d’un arsenal opérationnel appelé «instruments de la politique monétaire ».

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