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Inflation induite par les coûts

1.4. Causes de l’inflation

1.4.3. Inflation induite par les coûts

D'après certains économistes, la cause motrice de l'inflation ne se trouve pas forcément sur le terrain de la demande mais elle peut être sur le terrain de l'offre, de l'offre, plus précisément, sur le terrain du coût. En effet, l’inflation est dite « par le coût » si la hausse généralisée des prix est déclenchée par une augmentation d’un élément du coût de production des entreprises. En anglais, « l’inflation par les coûts » est connue sous le nom de « Cost-push inflation » (Ghitton et Bramoullé, 1983).

Les entreprises cherchent la quantité optimale de production qui leur permet de maximiser leurs profits. Si les coûts de production augmentent, les entreprises vont les répercuter sur les prix de vente de façon à préserver leurs marges bénéficiaires, ce qui constitue un premier saut inflationniste (la maximisation de profit étant l’objectif de l’entreprise) (Chakendari, 2006). Ensuite, l'inflation se propage dans toute l'économie étant donné que les prix de vente de certaines entreprises constituent les éléments du coût de revient d'autres entreprises. En effet, un produit est en relation avec d'autres. Il peut faire partie des paniers de consommation des ménages et peut aussi entrer dans le processus de production des autres biens et services. Une variation du prix de vente de ce produit entraîne alors une variation des coûts de production des autres produits. Il y aura une pression sur les prix de vente des autres produits. Par exemple, le carburant et l'électricité sont des produits dont les variations des prix engendrent les effets d'entrainement les plus importants. Cela s'explique par la place que détiennent ces produits dans les consommations intermédiaires des autres branches.

Il existe plusieurs facteurs à l’ origine de « l'inflation par les coûts » :

La hausse du coût du facteur travail (augmentation des salaires) : Le taux de salaire n’augmente pas seulement lorsque la demande du travail est supérieure à l’offre du travail. En effet l’apparition des syndicats constitue également une source d’accroissement des salaires (Chakendari, 2006). La création des mouvements syndicalistes a comme objet de défendre les salariés, gérer leurs revendications et de lutter pour une augmentation de salaire, au moins égale à la progression du coût de la vie. Si on limitait l’analyse de l’inflation par le coût à la partie versée sous forme de salaire, on peut considérer que la stabilité du niveau général des prix se maintient si la hausse moyenne générale des taux de salaire est égale à l’augmentation moyenne de la productivité des forces salariales, mais si, pour des raisons diverses, les salaires augmentent au-delà des gains de productivité de la

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masse salariale, l’inflation apparaît. Selon la théorie néoclassique, le travail doit être rémunéré à sa productivité marginale. Si les augmentations de salaire sont supérieures aux gains de productivité c’est-à-dire que, si le salaire augmente plus vite que la productivité, (le coût salarial par unité produite augmente), la répartition des revenus se fait au profit des salariés. Pour conserver leur part de profit, les entrepreneurs sont tentés d’augmenter les prix (Razafimanantena et Rajamarison, 2013, p 16).

De ce qui précède, nous pouvons comprendre qu’à la suite de pressions syndicales, si la demande d’augmentation des salaires est accordée et si elle est supérieure à l’accroissement de la productivité, une hausse des coûts de production se produira dans l’entreprise. Les entrepreneurs ou producteurs peuvent absorber cette hausse des coûts par une amélioration de la productivité (production supérieure obtenue avec les mêmes facteurs de production) ou par une diminution de leurs profits(Économie synthèse, 2011, p 2) :

→ Diminution du profit : Dans l’hypothèse que les entreprises consentent à réduire leur profit, l'inflation par les coûts durerait beaucoup moins puisqu'il y aurait une diminution du profit qui compenserait l'augmentation des salaires. Si les patrons ont une attitude d'adaptation, c'est-dire de réduction du profit, il n'y aura pas « inflation par les coûts ». Mais, généralement, la réaction patronale à cette inflation par les coûts sera rigide, c'est-à-dire que les patrons réalisant un certain profit, voudront le maintenir (rigidité de profit).

→ Amélioration de la productivité du travail : « l’inflation par coûts » est beaucoup moins ressentie si elle s’accompagne d’une amélioration de la productivité. Si dans une période de progrès technique l'augmentation des salaires s'accompagne d'une augmentation de la productivité, cette dernière viendra, si elle est suffisante, neutraliser la hausse des salaires. Quand la productivité devient facteur prédominant, on ne pourra pas du tout parler d'une inflation par la hausse des salaires.

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Toutefois, dans la plupart du temps, les entreprises choisiront une troisième solution, la plus facile, répercuter la hausse des salaires sur leurs prix.

Spirale inflationniste « salaires – prix – salaires » :

Cette forme d’inflation peut s’auto-entretenir puisque, l’augmentation des prix des produits risque de provoquer de nouvelles demandes d’augmentations salariales en vue de maintenir le pouvoir d’achat. On s’engage alors, dans la spirale inflationniste « salaires - prix – salaires ». L’inflation est ici la conséquence d’un conflit entre salariés et chefs d’entreprises pour le partage des richesses (Économie synthèse, 2011, p 2). Cette spirale peut être schématisée comme suit :

Si les salariés revendiquent une hausse de leurs salaires supérieure aux gains de productivité réalisés et si les entreprises cèdent à leurs revendications, leurs profits s’en trouvent compromis. Afin de les rétablir, elles augmentent les prix de vente. Les salariés voient, dès lors, leur pouvoir d’achat amputé (en baisse) et exigent, sans doute une nouvelle hausse des salaires qui sera à nouveau répercutée sur les prix de vente des produits… et une spirale perverse se déclenche : un deuxième circuit identique au premier se met en place puis un troisième…. on part des salaires

Hausse des salaires > gains de productivité Revendications de nouvelles hausses salariales

Hausse des coûts de production

Dégradation du pouvoir d'achat

des salaires

Hausse des prix de vente

Figure n° 3 : La spirale inflationniste Salaiares - prix - Salaires

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en hausse et on retourne à des salaires en hausse. Ainsi se crée et s’entretient le processus inflationniste (Ghitton et Bramoullé, 1983).

Il faut noter que si les négociations salariales aboutissent à une augmentation des salaires, cela entraine une augmentation des charges patronales, un autre élément de coût pour l’entreprise.  Le renchérissement des matières premières : L’inflation peut résulter de l'augmentation

du coût des matières premières et de l’énergie de base, comme ce fut le cas lors du premier et deuxième choc pétrolier de 1973 et 1979. Lorsque les prix des matières premières s'accroissent, cela pèse sur les coûts de production, ce qui incite les entreprises à répercuter cette hausse sur le prix de vente du produit final (La finance pour tous, 2017).

Prenons l'exemple d'un pneu qui est fabriqué à base de pétrole. Si le cours du pétrole augmente, alors l'entreprise créatrice de pneus se retrouvera avec des coûts de fabrication plus importants et devra donc répercuter cette hausse dans le prix de vente de ses pneus. Si les prix de vente des peux augmentent, alors le prix de vente d'une voiture neuve est susceptible d'augmenter lui aussi étant donné que les pneus font partie intégrante des coûts de la voiture.

L’augmentation des charges financières : Le mode de financement des investissements peut être inflationniste dans la mesure où les taux d’intérêt élevés sont systématiquement intégrés dans les prix de vente.

Le coût des interventions publiques : L’état influence les coûts par le biais de la fiscalité ou de sa politique tarifaire ce qui pourrait pousser les prix à la hausse et donc générer l’inflation. La hausse des prélèvements obligatoires comme par exemple, l’impôt sur le bénéfice des sociétés, la taxe sur la valeur ajoutée(TVA), les charges sociales…etc. ; sont autant d’éléments qui pèsent lourdement sur le prix de revient des produits.

L’inflation par les profits : Au côté du coût, on rencontre aussi le profit qui constitue un élément du prix d’un produit. Dans ce contexte, les entreprises ont la possibilité d’augmenter leurs prix afin de maintenir ou d’accroître leurs profits, ce qui influe sur le niveau général des prix. L’inflation peut alors naître d’une augmentation des profits (Newhouse-Cohen, 2008). Il s’agit notamment des entreprises en situation de monopole ou d’oligopole qui ont le pouvoir d’augmenter leurs prix de vente, en dehors de toute croissance de la demande globale, avec pour seul objectif d’augmenter leurs bénéfices.

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