• Aucun résultat trouvé

Inflation induite par la demande

1.4. Causes de l’inflation

1.4.2. Inflation induite par la demande

« L’inflation par la demande » est due à un déséquilibre entre l’offre et la demande des biens et services. En effet, si la demande excède l'offre, et que les producteurs ne peuvent ou ne veulent augmenter immédiatement la production, alors l'excès de demande va conduire à l'augmentation des prix afin de rétablir l’équilibre (Dupray, 2017). En d’autres termes, lorsque la demande des biens et services s’accroît mais que l’offre des biens et services n’arrive pas à s’adapter à ce surcroît de demande, les prix sont poussés à la hausse.

Conception d’inspiration keynésienne (John Maynard Keynes, 1940), « l’inflation tirée par la demande » ou « demand-pull inflation » en anglais, stipule que s’il y a plus de demande que l’économie ne peut satisfaire, il y a une tendance à la hausse des prix ce qui conduit à une pression inflationniste (Sawa Deme, 2010, p 11). Selon ce cadre d’analyse, l’inflation par la demande apparaît notamment lorsque la demande globale est supérieure à l’offre globale et que l’économie est proche du plein emploi (Apoteker et al. 2008, p 8). L’inflation s’explique alors par l’inélasticité de l’offre par rapport à la demande, c’est-à-dire, l’incapacité de l’offre à répondre à la demande en raison, entre autres, du plein emploi des facteurs de production (travail, capital).

La thèse keynésienne repose donc sur deux conditions ; il faut, d’une part, qu’un excès de demande des biens et services se manifeste et d’autre part, l’offre des biens et services soit inélastique pour répondre à cet accroissement de la demande. En fait, selon les keynésiens, tout accroissement de la demande globale se traduit par une augmentation de l’offre globale dans le cas où l’économie se trouve encore sous le seuil du plein emploi de ses facteurs de production. A cette situation l’offre est parfaitement élastique et il s’opère un ajustement par les quantités. Dans le cas où les facteurs de production sont en quasi plein emploi, tout accroissement de la demande ne trouve aucune contrepartie du côté de l’offre puisque les entreprises ne peuvent produire davantage. Ainsi, en situation de plein emploi, tout accroissement de la demande provoque de l’inflation (Razafimanantena et Rajamarison, 2013, p 17).

44

L’égalité de l’offre et de la demande :

Dans une économie de marché, le niveau des prix est déterminé par une égalisation de l’offre et de la demande.

Dans cette équation, l’offre globale est égale à (Y + M), c’est-à-dire la somme du PIB et des importations, soit encore la somme de la production nationale et de l’appel à une partie de la production des autres pays. La demande globale, quant à elle, est égale à la somme de la demande des consommateurs (la consommation C), de la demande des entreprises (l’investissement I), de la demande du secteur public (les dépenses de l’état G) et enfin de la demande du reste du monde, c’est-à-dire, les exportations (X).

L’égalité entre l’offre et la demande est le principe de base de l’économie, quand il y a trop de demande, les entreprises augmentent leur production ou leurs prix de façon à égaliser leur offre à la demande et rétablir l’équilibre (Jean-Marc, 2008, p 14).

L’inflation par la demande n’apparaîtra donc que dans la mesure où l’appareil de production manque de flexibilité et ne peut répondre à l’accroissement de la demande, l’ajustement offre-demande s’effectue alors par les prix à défaut de se faire par les quantités (Bezbakh, 2011). L’inflation par la demande peut trouver sa source dans l’augmentation de l’une des composantes de la demande globale. La Demande globale peut s’accroître du fait de :

 L’augmentation de la consommation privée des ménages due à la distribution supplémentaire de revenus ou au développement excessif du crédit.

 L’accroissement des dépenses publiques de l’état (une politique budgétaire expansive).  L’Accroissement des dépenses d’investissement des entreprises grâce à une offre de crédits

bancaires trop dynamique (une politique monétaire expansive). Y + M = C +I +G + X

45

 L’augmentation de la demande des biens nationaux de la part des autres pays du monde (exportations) due à une situation favorable en termes de compétitivité, liée notamment au niveau du taux de change. Un excès des exportations pourrait entraîner un double effet : d’une part, il réduit l’offre intérieure des biens et services et donc, porte atteinte à la demande intérieure et d’autre part, elles sont à l’origine de l’afflux des devises étrangères qui, converties en monnaie locale, accroissent les liquidités monétaires intérieures ce qui contribue à gonfler la demande.

De son côté, l’offre peut être rigide pour différentes raisons :

 Les capacités de production des entreprises sont limitées (les facteurs de production en termes de main d’œuvre, outillage, machines … sont employés à plein) et un investissement dans de nouvelles capacités prend du temps.

 L’insuffisance des infrastructures et techniques de production trop rigides.  L’insuffisance des stocks.

 L’importation ne peut pallier l’insuffisance de l’offre intérieure.  Une productivité insuffisante des facteurs travail et capital.

 Une mauvaise récolte due à des chocs qui perturbent la production tels que les catastrophes naturelles.

46 Illustration graphique : Prix Offre O1 P2 Demande D 2 Inflation par la demande P1 Demande D1 Q1 Production

Figure n° 1 : L'inflation par la demande Source : Bali, 1993, p 71

Dans une économie le niveau des prix est déterminé par l’intersection des courbes d’offre et de demande (voir figure n° 1). Habituellement l’offre est représentée par une courbe dont la pente dépend de son élasticité aux différents points. Dans notre cas, elle est représentée par une droite verticale, afin de rendre compte de la rigidité de l’offre qui caractérise l’économie (c’est, généralement, le cas des pays en voie de développement dont l’appareil productif a des capacités d’adaptation très réduites).

L’inflation par la demande résulte d’un excès de la demande globale qui ne s’accompagne pas d’une croissance de la production. A la suite d’une distribution de revenus, de l’augmentation des investissements ou des dépenses publiques ou encore des exportations ; la demande augmente. Sur la figure n° 1, la courbe de la demande se déplace vers le haut alors que celle de l’offre reste inchangée. Le niveau des prix passe de P1 à P2 tandis que la quantité offerte demeure constante et égale à Q1 (Bali, 1993).

47

La spirale inflationniste ou le cercle vicieux de l’inflation : La spirale inflationniste, c’est la manière dont on exprime l’idée exponentielle, l’idée que la croissance des prix n’a pas de frein. Lorsqu’un excès de demande existe, les prix tendent à la hausse. La hausse des prix engendre la hausse de la production : elle va pousser les entrepreneurs, les producteurs, à augmenter leur production car ils savent qu’avec des prix croissants la prospérité va augmenter (ils anticipent une hausse de leurs bénéfices). La hausse de la production va probablement engendrer la hausse des salaires puisque les salariés voudront participer au partage des fruits (ils revendiquent une augmentation salariale). S’il y aura augmentation des salaires, il y aura augmentation du pouvoir d’achat de la classe salariale ; cette augmentation du pouvoir d’achat va augmenter à nouveau la demande (les dépenses de consommation des ménages augmentent), c’est-à-dire créer une nouvelle demande excédentaire. Nous voyons bien comment on aboutit au cercle vicieux : on part d’une demande excédentaire et on retourne à une demande excédentaire. Si cette demande excédentaire est plus forte que la demande initiale elle va engendrer un deuxième tour de circuit. Cela nous amène à faire ce petit schéma circulaire en flèche (Ghitton et Bramoullé, 1983, p 395):

Hausse des prix

Hausse de la production Demande excédentaire Hausse des salaires Hausse du pouvoir d'achat

Figure n° 2 : La spirale inflationniste par la demande excédentaire

48