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Type 3 : Systèmes de production en GFA

Une vision actualisée de la situation agricole en Nord Grande-Terre

3.1. Eléments de mesure de la situation agricole en Nord Grande-Terre

3.2.3. Type 3 : Systèmes de production en GFA

Ø Systèmes de production en GFA à dominante cannière

Les systèmes en GFA dans lesquels plus de 75% de la SAU est consacrée à la culture de canne ont été classés dans la catégorie "dominante cannière".

§ Monoculture de canne sur 14 à 20 ha + petit élevage bovin

Ces agriculteurs individuels en GFA ont bénéficié d’un agrandissement et ont pu étendre la surface en canne, qui est leur principale source de revenus. Agriculteurs à temps plein, ils tentent

d’optimiser les rendements par le recours systématique à l’irrigation de la canne et un entretien régulier et précis (plusieurs passages d’herbicide, rattrapage éventuel à la pompe à dos, épandage fractionné d’engrais et parfois d’urée, parcelles replantées tous les 5 ou 6 ans). L’itinéraire technique diffère de celui des systèmes non irrigués puisque l’irrigation permet de s’affranchir des aléas du climat92. Ces planteurs ont investi dans du matériel qu’ils rentabilisent avec des

activités de prestations de service (labour et transport de la canne vers l’usine Gardel). Ils possèdent souvent un petit élevage de bovins, des mères élevées au piquet, qui valorisent les surfaces non cultivables et les bordures de champ, et contribuent au nettoyage des terres avant les labours. L’élevage bovin de petite taille est très présent dans le Nord Grande-Terre. Les zones caillouteuses, aux sols peu profonds, les sommets des mornes et les zones inondables sont souvent dédiées au pâturage. On peut observer des bovins élevés au piquet sur ces zones de prairie mais également en lisières de champ ou en bordure de route. Le système d’élevage bovin le plus fréquent est un élevage au piquet combiné avec la culture de canne. Si la saison sèche est marquée, l’alimentation est complémentée par des cannes entières, des amarres ou de la canne broyée. Les animaux sont majoritairement issus de croisement entre des vaches créoles et une race à viande métropolitaine (blonde, limousine, charolais). Ils sont vendus, mâles comme femelles à 2 ans (2 ans ½), pour un poids carcasse qui varie entre 180 et 250 kg. Pour les cheptels supérieurs à 6 mères les agriculteurs se tournent vers la SICA Cap Viande qui se charge de la commercialisation.

§ Monoculture de canne sur 8 à 12 ha

Ce système est similaire au précédent mais sur des surfaces plus réduites. Le produit brut cannier dégagé y est donc inférieur. Ces planteurs cherchent à obtenir des rendements élevés. Ils tentent de valoriser différemment la canne par la vente de boutures de leur pépinière ou par la fabrication et la vente directe de jus de canne. Ce système peut évoluer soit vers le système précédent, si le planteur bénéficie d’un agrandissement, soit vers le système suivant qui permet de dégager un meilleur revenu sur une même gamme de surface.

§ Culture de canne sur 8 à 12 ha + cultures vivrières

La diversification des cultures par la production d’igname sur une surface d’1 ha au moins permet au planteur de créer une plus forte valeur ajoutée et de compléter le revenu cannier.

La commercialisation des ignames se fait en vente directe. Ce système comprend 1,5 UTA familial et est comparable au système des planteurs propriétaires qui cultivent la canne sur 10 ha avec un complément vivrier. Toutefois, l’irrigation leur permet de générer des rendements supérieurs.

92 Dans presque tous les autres systèmes de production, la canne n’est pas irriguée et doit donc être plantée au

moment des premières pluies, c’est-à-dire à partir de fin juillet et jusqu’en octobre. Les risques climatiques sont plus élevés et la canne risque de ne pas être coupée en fin de campagne sucrière, ce qui peut repousser la coupe à la campagne suivante. Alors que dans un système irrigué, la canne peut être plantée plus tôt, dès avril/mai et la surface peut être récoltée lors de la campagne suivante.

Ø Systèmes de production en GFA orientés vers la diversification végétale

§ Canne + diversification poussée + élevages

Ce système est caractérisé par la grande diversité de ses productions vivrières et maraichères. La stratégie adoptée par ces agriculteurs consiste à rentabiliser au maximum les surfaces disponibles, à créer une forte valeur ajoutée par unité de surface et à conserver cette valeur ajoutée au sein de l’exploitation par la transformation et la vente à domicile. Sur ces exploitations de polycultures/élevage coexistent la culture de la canne, des cultures maraîchères sous serres et en plein champ, des cultures vivrières, un système d’élevage bovin en pâturage, un élevage porcin hors sol, et un élevage caprin. La logique économique vise une alternance de productions à cycle court (maraîchage sous serre, élevage porcin) et de productions à cycle plus long (canne, cultures vivrières, élevage bovin et caprin). La commercialisation en vente directe à domicile, dans la légumerie et la boucherie de l’exploitation, permet de limiter la variabilité des prix et de dégager du temps pour les travaux agricoles. Ce système est très intensif en main d’œuvre et requiert 3 UTA familiaux et deux salariés permanents.

§ Polyculture/élevage

Dans ce système, les agriculteurs diminuent progressivement la surface en canne, pour se consacrer à des cultures plus rentables, comme les cultures maraîchères, sur des surfaces limitées. Les cultures maraîchères permettent de dégager une forte valeur ajoutée par unité de surface. Ce sont des cultures qui gardent un haut potentiel de par l’importance de la demande locale, la trésorerie rapide et sur des cycles courts qu’elles permettent de dégager. L’exploitant travaille seul avec une aide familiale et de la main d’œuvre occasionnelle et cultive principalement des vivres et des cultures maraîchères en suivant un itinéraire technique peu consommateur en intrants. La démarche est plutôt celle d’une production de qualité pour une consommation locale fidélisée. Les modes de commercialisation combinent la vente directe à domicile, sur les marchés ou dans les légumeries. En parallèle de la production végétale, ces exploitants élèvent 3 à 5 bovins qui apportent un revenu supplémentaire et valorisent les surfaces en friche. Le revenu agricole est souvent complété par la réalisation de "job" ou par un emploi extérieur.

Ø Systèmes de production en GFA orientés vers l'élevage

§ Elevage bovin

Ce système est dérivé du système traditionnel associant la culture de canne avec l’élevage bovin au piquet. L’accès à des surfaces plus grandes permis par l’installation en GFA a contribué au développement d’un système plus orienté vers l’élevage bovin. Certains agriculteurs se sont spécialisés vers l’élevage en diminuant la surface en canne pour les consacrer au pâturage. Ces éleveurs vont entretenir les prairies par un apport d’engrais et éventuellement l’irrigation. Il existe différents niveaux de spécialisation et des évolutions sont en train de se mettre en place dans certaines exploitations qui se tournent vers le pâturage libre en enclos, ou encore la stabulation associée à la coupe et le stockage de l’herbe et la complémentation en concentrés et canne broyée toute l’année. Le système d’élevage est naisseur engraisseur avec entre 15 et 20

mères pour un cheptel d’une trentaine de têtes. Les pratiques diffèrent selon les exploitations et leurs ressources93.

§ Elevage porcin

Ce système comporte un atelier d’élevage porcin hors sol d’environ 35 truies de race Large White, un atelier d’élevage bovin au piquet de 10 mères ainsi qu’un système de culture de canne à sucre en monoculture. La culture de canne assure un fonds de roulement pour le fonctionnement de l’élevage porcin et l’élevage bovin est conservé pour le complément de revenu et le temps journalier d’entretien limité qu’il représente. L’élevage porcin contribue pour l’essentiel au revenu agricole de l’exploitation.

§ Elevage caprin associé à l’élevage bovin

L’élevage caprin en Guadeloupe dispose de réels atouts pour se développer : un marché rémunérateur et en croissance, peu de surfaces nécessaires et des races locales adaptées. Cependant une limite forte à l’élevage de cabris est le problème récurrent du vol et de la prédation. Afin de mieux surveiller le troupeau, les éleveurs préfèrent faire pâturer les cabris dans leur jardin ou en bordures de route à proximité des maisons et rentrer les animaux le soir dans des abris derrière la maison. Certains agriculteurs en GFA pratiquent un élevage caprin en semi liberté. Les animaux sont laissés libres la journée et ils sont rentrés dans des boxes le soir. Cet élevage en semi liberté est associé à un élevage bovin qui assure un complément de revenu. L’élevage caprin comprend souvent un atelier d’élevage et d’engraissement de reproducteurs destinés aux cérémonies traditionnelles hindoues. Ce système est assez peu développé dans les GFA du fait des risques importants qu’il comporte. L’association avec l’élevage bovin un moyen de réduire les risques. Plus de la moitié de la SAU est dédié au pâturage, une partie du cheptel bovin est élevée au piquet et l’autre est en liberté avec le cheptel caprin sur de vastes surfaces en pâturage. Généralement, les éleveurs se tournent vers la SICA Cabricoop pour la commercialisation.

§ Elevage avicole, porcin et bovin

Ces systèmes d’élevage à cycle court est un mode de fonctionnement très peu répandu dans la région. La stratégie est d’immobiliser un capital important et de maximiser la valeur ajoutée à l’échelle de l’exploitation par la transformation et la commercialisation sur place. Ces exploitations possèdent donc des bâtiments d’élevage pour les poulets de chair, les pondeuses et les porcs et ont investi dans une tuerie et une boucherie. Ce système est intensif en travail et 2 UTA familiaux y travaillent accompagnés d’un salarié permanent.

Ø Agriculteurs en GFA pluriactifs

Dans ces systèmes de production les agriculteurs sont systématiquement pluriactifs, l’activité agricole est secondaire par rapport à l’activité extérieure (sauf les agriculteurs en contrat avec SCEA banane).

93Généralement, plus l’agriculteur se spécialise et le cheptel augmente et plus il a intérêt à faire évoluer ses

pratiques vers le pâturage tournant en enclos et jusqu’à la stabulation associée à une ration à base d’herbe coupée et de canne broyée (Chabane, 2013).

§ Agriculteurs en contrat avec SCEA banane

Les sociétés bananières venus de Basse-Terre se sont implantées au milieu des années 90 dans le Nord Grande-Terre, attirées par le climat et le foncier disponible. Elles ont pu agrandir leur surface en sous louant des parcelles au sein des GFA. La sous-location est interdite mais dans le cas précis des contrats avec la SCEA bananière, elle est acceptée par la gérance des GFA. Il s’agit donc pour l’agriculteur de louer à la société une surface minimale de 4 ha pour un montant de 45 euros/mois/ha cultivé en banane. Cette somme à l’année couvre le fermage que l’agriculteur doit au GFA. En contrepartie, la société embauche l’agriculteur pour réaliser des prestations (les installés en GFA n’ayant théoriquement pas le droit d’être pluriactifs) sur la plantation de banane (prestations payées 10 euros de l’heure). Les agriculteurs possèdent également des parts sociales dans la société mais ils bénéficient rarement de la redistribution des dividendes. Le reste de la SAU de l’exploitation est occupé par la canne associée à un élevage bovin au piquet.

§ Agriculteurs en contrat avec une société melonnière

La société melonnière dont il est question a été historiquement implantée, dans les années 1985 au sud de la Grande-Terre. Cependant, c’est une culture exigeante en éléments minéraux et qui a tendance à "épuiser" les sols. La société est donc toujours à la recherche de nouvelles parcelles. Le but du groupement est de produire un cycle par an de melon de contre saison pour l’export vers l’Europe. Le système ici consiste en une véritable sous-location de parcelles en GFA. La société paye un fermage de 800 euros/ha qui permet à l’agriculteur de payer le fermage qu’il doit au GFA. Les agriculteurs qui acceptent de sous-louer rencontrent généralement des difficultés financières, ils sont endettés ou pas en mesure de payer leur fermage. Ce sont aussi des installés qui ont des friches sur leur terrain et qui n’ont pas les moyens de réaliser les travaux de défrichage. Les melonniers se chargent de défricher et mettent en culture pendant 2 à 3 ans avant de devoir changer de parcelle. Cela peut donc être une manière de défricher à moindre coût. Les agriculteurs mettent à disposition de la société entre 1 et 6 ha et cultivent le reste en canne (ou laissent en friche). Ils peuvent également posséder quelques bovins

.

§ Agriculteurs ayant une activité extérieure principale

Les exploitations appartenant à ce système pourraient être qualifiées de sous-exploitées voire délaissées par l’installé. Plus de 45% de la SAU est laissée en friche et le reste est cultivé en canne ou exploité en prairie pour un petit élevage bovin au piquet. Ces agriculteurs sont soit en difficulté financière, ce qui les empêche de pouvoir investir dans le processus de production, soit leur activité extérieure est prioritaire et ne leur laisse pas le temps de se consacrer pleinement à leur exploitation.

3.2.4. Type 4 : Systèmes de production bananière

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