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Les groupements des producteurs de Morne-à-l'Eau : Gwad'Igname et Agrimal

Dynamiques territoriales autour de l’agriculture

PROJET DE TERRITOIRE CANGT 2017-

2/ Encourager le développement de l’agriculture 108 , de l’agro-transformation et de la

4.6. Les groupements des producteurs de Morne-à-l'Eau : Gwad'Igname et Agrimal

4.6.1. La SARL Gwad'Igname

Dans les années 2000, une dizaine d'agriculteurs de Morne-à-l'Eau se sont associés pour créer la SARL Gwad'Igname. Ils sont actuellement 5 producteurs "actifs" dans la société, à cultiver de la canne et de l'igname, sur l'ancien faire valoir direct de Beauport (donc sur la commune voisine de Port-Louis), 25ha de terres du Département sur lesquelles ils ont pu s'installer sans passer par une commission : "On a été très écouté très tôt. On avait une sorte d'aura à un moment, on était reconnus comme de bons agriculteurs, et ça marchait par relations" (MR C., 2018). La société a commencé par la culture de l'igname mais considérant que "l'igname ne rapportait plus comme avant", ils se sont orientés vers les cultures du giraumon, du manioc et de la patate douce. Les producteurs de Gwad'Igname cultivent ces espèces avec l'igname sur près de 3 ha. Le reste est consacré à la canne qui est récoltée par la CUMA du Nord et qui alimente Gardel. 50% des produits maraichers et vivriers sont vendus par le biais de l'OP de la SICAPAG. 30% de cette production va aux grossistes de Bergevin et les 20% restants sont vendus sur le marché et en vente directe à des particuliers. Le choix de la SICAPAG est stratégique : "SICACFEL ou Caraïbes Melonniers, on est dans la même région, on propose les mêmes produits, de la même qualité. Mais la SICAPAG, c'est pas le même terrain, il n'y a pas de concurrence, on arrive facilement à écouler nos produits parce qu'on propose autre chose que les producteur de la Basse- Terre et parce que l'on fait de la qualité" (Mr C., 2018). Notons qu'à titre personnel (6 ha en GFA à Morne-à-l'Eau dont 5 ha en canne et 1 ha en maraichage), le fondateur de la société a choisi de s'affilier à l'OP Caraïbes Melonniers, ayant ouï dire que l'OP sera "privilégiée" par LS. Ce producteur multiplie donc les stratégies de commercialisation.

4.6.2. L'association AGRIMAL

Au cours de l'année 2000, les producteurs de la SARL Gwad'Igname et d'autres agriculteurs de Morne-à-l'Eau ont décidé de se réunir pour créer une association "AGRIMAL". Ils étaient 25 au commencement et sont maintenant une douzaine, tous localisés sur la commune, en propriété ou en GFA (il y a 30 installés en GFA à Morne-à-l'Eau). Ils sont de la même génération, âgés entre 50 et 70 ans. L'association a depuis sa création deux objectifs moteurs :

§ faire en sorte que les producteurs de Morne-à-l'Eau se connaissent, communiquent sur leurs pratiques respectives et échangent de l'information ;

143 Est-ce lié au caractère excentré de la commune d'Anse-Bertrand ? À la personnalité du Président de l'APAA

§ faire en sorte que les producteurs de Morne-à-l'Eau se rapprochent des habitants de la commune pour leur faire savoir qu'il existe une production locale et leur vendre ces produits :" C'est une forme de patriotisme" (Mr C., Président Agrimal, 2018).

Tous les producteurs de l'association ont leurs propres stratégies de commercialisation. Le Président, Mr C., membre de la SARL Gwad'Igname et dont on a souligné les différents modes de commercialisation, vends une partie de ses produits maraichers et vivriers sur le marché aux vivres de Morne-à-l'Eau, il se répartit aussi entre le marché de Bergevin, la vente directe à des particuliers et l'OP Caraïbes Melonniers. Les autres vendent principalement leur production sur les marchés de Bergevin, du Moule, de Saint-François et de Saint-Anne. Ce que les membres de l'association AGRIMAL font en commun consiste à :

- se réunir régulièrement pour discuter et partager des informations ;

- organiser, avec le soutien de la commune, deux grands marchés annuels en mai et en décembre (marché de Noël).

Ce groupement, dont certains membres travaillent aussi à Port-Louis (pour SARL Gwad'Igname) n'entretient pas de liens, ni ne communique avec les autres groupes tels Agrilokal, Les Racines de l'Agriculteur ou APAA. Ils ont cependant participé à plusieurs réunions organisées par la CANGT pour présenter le projet LS. Certains, à titre personnel, se positionnent déjà, comme le Président de l'association qui a adhéré à Caraïbes Melonniers en "sachant" que cette OP serait "privilégiée" par LS. Enfin, s'agissant de la démarche agro-écologique, le Président d'AGRIMAL met en application depuis 3 ans le lombricompostage ; une pratique à laquelle il a été sensibilisé par un groupe d'adhérents de la SICAPAG. Le lombricompostage consiste à utiliser des vers de terre dans le but de décomposer du fumier (notamment de bovin) afin de récolter le lombricompost. Les lombrics, Eisenia foetida appelés communément vers rouges de fumier, mangent leur poids de nourriture par jour. Leurs déjections se révèlent être un compost de haute qualité, un fertilisant naturel, utilisable en Agriculture Biologique. Le lombricompost possède une forte teneur en microorganismes, en humus, enzymes, hormones de croissance et flore bactérienne. Il s'agit donc d'un amendement riche en éléments nutritifs pour les végétaux (azote, phosphore, potassium, calcium et magnésium). Il améliore l’aération, la structure du sol et augmente aussi sa capacité de rétention d’eau. Son pH est relativement neutre. Les plantes et cultures qui reçoivent du lombricompost sont plus productives et généralement plus résistantes aux maladies. De septembre à février, Mr C. prépare son lombricompost dans 4 grandes baignoires (il faut une dizaine de seaux de 20 litres de fumier de bovin pour remplir 1 baignoire), avec le fumier de ses 5 vaches et des vers de terre qu'il récupère tout près de son élevage de porcs, là où l'eau ruisselle. Le temps que le compost se forme, Mr C. garde une attention constante, arrosant régulièrement : "Il faut mettre souvent de l'eau, mais bien doser, faut pas être pressé, faut pas trop d'eau, il faut être régulier, ça prend du temps". Il récupère ensuite "le jus" du lombricompost : "Je fais passer le jus, je mets dans des bidons, je laisse tremper toute une nuit, puis je fais passer par le tuyau et je pulvérise. Et le solide, qui reste au fond du baril, je l'utilise en épandage directement sur le sol". Au fil des ans Mr C. affine sa pratique, tout en observant des résultats très encourageant pour certaines productions : "Sur l'igname, ça marche, ça améliore la production, sur le giraumon aussi, mais sur la pastèque, ça marche au début et ensuite la pastèque meurt quinze jours avant la récolte! J'ai arrêté. Ca marche sur la laitue, le chou…". Mr C. communique sur sa pratique auprès des autres membres de l'association, mais tous ne sont pas forcément réceptifs tant le lombricompostage demande du temps, et Mr C. nuance tout enthousiasme : "C'est innovant mais ce n'est pas l'eldorado ! Il faut du travail pour maitriser, il faut de bonnes conditions pour les vers de terre. Et puis ça marche pour les ignames mais aussi pour l'enherbement! C'est que tout le monde en profite! Donc il faut passer plus souvent,

désherber manuellement, c'est plus de travail, ça comporte des contraintes donc! Mais c'est une philosophie, une stratégie aussi" (Mr C., 2018).

4.7. Le centre de formation de la SICADEG

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